
La Librairie a son club lecture !
Tout les premiers vendredi du mois.
Venez nous parler du dernier livre qui vous a emporté à chaque page... Chacun des participants pourra parler librement d’un livre qu’il aura lu récemment. Faites le nous connaître, partagez votre avis en essayant de donner envie à d’autres de le lire ♥
Un moment d'échange et de partage, Réservation à la librairie 15/20 places.
Seulement dix présentations de 8 minutes - suivi de discutions autour du verre de l'amitié...
– en partenariat avec Partages Culturels en Provence -

Animation et compte rendu : Miguel Couralet et Michèle Robinet.
Delphine : « Une bête au Paradis » de Cécile Coulon,
Delphine a d’abord connu l’écrivaine par ses délicieux poèmes, écrits avec l’encre du terroir. Elle
nous dit « C’est un talent rare ».
Ce roman , paru en 2019, qui a reçu le prix du Monde, raconte une histoire intemporelle, le destin
de cinq personnes vivant, comme dans un huis clos dans cette ferme, le Paradis, qui est loin d’être
un éden : La matriarche, Émilienne a élevé ses petits enfants orphelins, Blanche et Gabriel , Louis le
commis de ferme vit avec eux. Alexandre, le compagnon d’école, va être le premier amour de
Blanche, une passion torride partagée, mais la vie rurale n’intéresse pas le jeune homme, alors, au
grand désespoir de Blanche, il part pour la ville, avant de revenir à la ferme quelques douze ans
plus tard. Chaque court chapitre est introduit par un verbe. C’est une prose poétique, subtile, imaginative,
une écriture prenante, poignante d’une vive énergie. Delphine conseille chaleureusement ce livre.
Olivier : « Le Pacte de Baphomet » de Patrick Bouchet -autoédition PlatformAvignon.
Le cadavre d’un homme est découvert adossé au Palais des Papes. Son corps forme un pentagramme inversé. Des chiffres et une mystérieuse inscription sont scarifiés sur son torse. La capitaine Valentin et le Quai des Orfèvres vont se retrouver impliqués dans une sombre affaire mêlant l’Ordre du Temple et la franc-maçonnerie. Du quartier du Marais à Paris, en passant par la forêt d’Orient, l’enquête conduira les policiers jusque dans le Sud de la France à Rennes-le-Château. Un petit village de l’Aude, célèbre par son abbé Bérenger Saunière, susceptible de détenir le secret des Templiers.
Un polar « classique », plaisant à lire, qui s’appuie sur de très nombreuses recherches historiques et
sur des théories ésotériques, c’est ce qui en fait son intérêt. Avignon, est, par ailleurs, peu évoqué,
Olivier le déplore, et note, à regret, des fautes d’orthographe.
Barbara : « Matrices » de Céline Denjean,
Le cinquième roman de l’autrice.
En plein mois de décembre, une terrible tempête se déchaîne sur les Pyrénées. Sous la pluie bat-
tante, une jeune femme enceinte, d’origine africaine, court à perdre haleine, elle est percutée par
une camionnette. Avant de mourir, elle murmure quelques mots en anglais : « Save the others.
» Qui sont ces autres qu’il faudrait sauver ? Les gendarmes Louise Caumont et Violaine Menou se
lancent alors dans une enquête hors-norme. Au fil de leurs investigations se dessine la piste d’un
trafic extrêmement organisé .
Ici, peu de personnages sont mis en scène, la plupart d'entre eux sont particulièrement bien analy-
sés , présentant nombre de qualités ou défauts propres à l'être humain. L'intérêt de cette lecture ne baisse jamais, elle nous tient en haleine et la thématique de ce polar « la procréation pour les couples infertiles – La GPA (gestion pour autrui) forcée » est prenante.
Une plume incisive, percutante, réaliste.
Barbara a fait la connaissance de cette autrice, originaire de Toulouse, qui a participé à la création
des Louves du polar, un regroupement d’écrivaines spécialisées dans l’écriture de polars.
Denis : « Un roi sans divertissement » de Jean Giono,
Un roman découvert grâce à la rencontre de l’autrice Dominique Barberis, au cours d’une de ses
conférences. C’est du Giono dans toute sa splendeur d’écriture romanesque très noire !. Un livre qui laisse des traces.
Le titre renvoie à la phrase qui clôt le roman, que Giono emprunte aux Pensées de Pascal : un roi
sans divertissement est un homme plein de misères indiquant ainsi l'interrogation moraliste de
l'auteur qui veut montrer que l'homme pour sortir de son ennui existentiel par le divertissement peut
aller jusqu'à la fascination du Mal.
L'action du roman se déroule dans une région que Giono connaît bien, entre les massifs alpins du
Vercors et du Dévoluy. Tout se déroule sur une période d'un peu moins de cinq années, rythmées
par six hivers successifs, de 1843 à 1848. Le capitaine de gendarmerie Langlois s'installe dans l'au-
berge d'un village isolé par la neige pour rechercher un tueur mystérieux qu'il finit par abattre. Ayant
démissionné de la gendarmerie, il revient ensuite au village comme commandant de louveterie et
organise une chasse au loup qui rappelle la poursuite précédente. Il veut s'installer et se marier et
participe aux fêtes locales, mais effrayé de sa fascination pour la beauté du sang d'une oie sur la
neige, omniprésente dans le roman malgré le cycle des saisons, il se suicide en fumant un bâton de
dynamite. Denis a été emballé par cette lecture.
Frédérique : « L’immeuble Yacoubian » de El Aswany Alaa,
Dans le Caire des années 1990 ( l’Égypte est gouvernée par Hosni Moubarak) , l'Immeuble Yacoubian,
construit dans les années 1930 (à l’époque une résidence luxueuse de style Art Déco pour riches) est
le théâtre de destins croisés. Entre corruption, amours interdits et désirs inassouvis, les habitants de cet édifice emblématique voient leurs vies s’entremêler et se déchirer. Ce roman choral, d’une
grande liberté de ton, explore les différentes strates de la société égyptienne, entre tradition et mo-
dernité, dans un contexte politique tumultueux.
L’immeuble est désormais occupé, en grande partie, par des pauvres, notamment la terrasse qui
abrite de nombreuses familles.
Le roman dévoile la corruption du régime, les actes délictueux des politiciens véreux, les harcèle-
ment des femmes, la montée de l’islamisme, l’inégalité liée au statut social, l’homophobie.
Aswany nous offre avec ce roman une vision désabusée, cynique, mais aussi pleine de compassion
et de tendresse sur l’Égypte contemporaine. Les nombreux personnages sont tous représentatifs de
la société égyptienne :Zaki Dessouki , 65 ans, représentante la classe dominante déchue, Taha el
Chazli étudie pour réaliser son rêve être admis à l'Académie de Police. Il réussit brillamment les
examens écrits mais il est refusé à l’ oral, dans une scène humiliante où on lui rappelle le métier dé-
valorisant de son père. Il va évoluer vers un islam intégriste. Boussaïna Sayed , pour garder un
emploi, doit accepter certains compromis. Hatem Rachid, l’homosexuel, Hajj Mohammed Azzam ,
riche homme d'affaires, stéréotype du parvenu...
Un premier roman. Un grand succès littéraire. Alaa Al Aswany, a tenu son cabinet de dentiste pen-
dant plusieurs années dans cette résidence.
Caroline : « Le rêve de Marc Aurèle » de Frédéric Lenoir,
Ce livre, sans complaisance mais avec émotion, raconte la vie et le code de conduite très strict de
l’empereur Marc Aurèle, popularisé par le film « Gladiator », un homme à la fois sensible, in-
flexible, tourmenté .
Il analyse et explique comment Marc Aurèle (121-180) qui fut un souverain puissant en même
temps qu’un philosophe dont les écrits sont tenus en estime, encore aujourd’hui, a pu conserver une
certaine sérénité malgré maintes épreuves : guerres, trahisons, catastrophes naturelles, multiples
épidémies comme le choléra, la peste bubonique, la variole, maladies endémiques, qui secouèrent
son règne de vingt ans. La réponse se trouve dans la philosophie à laquelle il a été formé dans sa
jeunesse et pour laquelle il éprouva une vive passion : le Stoïcisme « Agir avec justice, penser avec
rectitude, accepter avec sérénité ce qui ne dépend pas de nous » « Ce n'est pas la réalité qui nous
rend heureux ou malheureux, mais l'opinion ou la représentation que nous en avons ».
Frédéric Lenoir rend intelligibles les maximes de l’empereur.
Une lecture en écho avec notre actualité.
Daniel : Deux ouvrages d’Amin Maalouf : « Le labyrinthe des Égarés » et « Les croisades vues
par les Arabes »
Le labyrinthe des Égarés qui a déjà été présenté lors d’un club littéraire. Daniel revient sur ce
livre pour nous livrer les idées majeures retenues et ses réflexions.
- la grande complexité de l’exposé historique qui s’appuie sur une connaissance historique, riche,
- une certaine perplexité suite à la lecture des pages 213 et 214 sur le sac du Palais d’Eté. Maalouf
aurait-il évolué au point que ce texte résume l’appréhension de la civilisation occidentale ?
Et bien non ! L’écrivain qui a rédigé Les croisades vues par les Arabes reste identique à lui-même,
avec nuance, certes, il ne craint pas de dire « tous ceux qui combattent l’Occident et contestent sa
suprématie, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, connaissent une faillite encore plus grave que
la sienne » (Le labyrinthe).
Daniel conclut donc que Maalouf est toujours le même ! Un oriental, un arabe, admirateur de la ci-
vilisation occidentale. Il ajoute en point d’orgue « arrêtons en tant que civilisation de nous détester
nous-mêmes"
Catherine : « Un autre m’attend ailleurs- le dernier amour de Marguerite Yourcenar » de Christophe Bigot,
C’est léger, pas très bien rédigé. Catherine pense que cette histoire véridique d’amour sur le tard, sans tabous vécue par une femme extrêmement cultivée et libre est un clin d’œil malicieux voulu
par cette académicienne française. L’auteur de cet essai/roman a emprunté aux carnets de notes de
M. Yourcenar et a inventé des dialogues pour rapporter l’aventure. Est ainsi dévoilé, sans fausse pu-
deur, le dernier amour, ambiguë, entre une femme sur son déclin et un homosexuel, de 46 ans, son
cadet, Jerry Wilson, un jeune photographe américain, séduisant, fantasque, intrigant, peu cultivé,
opportuniste et infidèle de surcroît.
En nous racontant tout cela Catherine était encore toute retournée : « comment cela est-il possible
que cela ait eu lieu ! »….mais oui, tout est possible !
Geneviève: « L’Allègement des vernis » de Paul Saint Bris,
Avec sa facétie habituelle, Geneviève nous présente cette lecture, Prix Orange 2023
Aurélien est directeur du département des Peintures du Louvre. La nouvelle présidente du musée ,
Daphné veut attirer encore plus de visiteurs, elle va donc lui imposer une mission périlleuse : la
restauration de La Joconde.
À contrecœur, Aurélien part à la recherche d’un restaurateur.
Sa quête le mène en Toscane, où il trouve Gaetano, personnalité intense et libre. Face à Monna Lisa,
l’Italien va confronter son propre génie à celui de Vinci, tandis que l’humanité retient son souffle…
En guise de conclusion, Geneviève fait circuler une photocopie montrant les admirateurs des chefs-
d’œuvre du Louvre, c’est à la fois risible, burlesque, mais tristement réaliste. Que font les gens
quand ils trouvent des banquettes en face des chefs-d’œuvre ??? ils consultent leur téléphone !
Laura : « Les enfants sont rois » de Delphine de Vigan,
C’est un roman qui prend la forme d’une enquête sociétale passionnante et inquiétante sur le nar-
cissisme et le voyeurisme contemporain, l’exploitation, l’exhibitionnisme des enfants stars qu’on
met en scène sur les réseaux sociaux, les défilés, les photographies de mode... Deux familles, deux
enfants du même âge qui ont grandi, éduqués différemment.
C’est un très bon livre qui nous pousse à nous questionner sur notre rapport aux écrans et aux vi-
déos que l'on regarde (télé réalité), l’instrumentalisation des enfants . Ça éclaire également sur les
dessous du « métier » d'influenceur.
Un gros coup de cœur, Laura a envie de découvrir d’autres œuvres de cette écrivaine.
Michèle : « Ce rouge incandescent selon Nicolas de Staël » d’ Aurélia Cassigneul-Ojeda ,
Tout d’abord Michèle a exprimé un grand merci à Marlies pour lui avoir proposé ce livre .
Elle ne connaissait pas cette collection « le roman d’un chef-d'œuvre » où chaque auteur se charge
avec sa sensibilité, d’expliquer la genèse d’une œuvre célèbre ( Quand elle disait cela José a ramené
des rayons de la librairie plusieurs ouvrages déjà parus dans la collection !)
À partir du dernier tableau, inachevé, (très grand, 3m50 sur 6m), de Nicolas de Staël le concert,
Aurélia Cassigneul-Ojeda raconte la vie du peintre, d’une façon, à la fois réaliste et romanesque.
Une peinture figurative : le piano noir, la partition, le violoncelle safrané, plongés dans le rouge in-
candescent qui présage le drame à venir. Un rouge qui « avait envahi son esprit » alors qu’il assis-
tait à un concert de Webern le week-end précédent.
En choisissant de commencer par présenter cette œuvre ultime, et le suicide du peintre, l’écrivaine
va remonter le cours de la vie de Nicolas, et pointer tout ce qui va le blesser, l’exil, le deuil de ses
parents, le veuvage, les passions destructrices, cicatrices indélébiles qui se creusent et se rouvrent
au fil du temps.
Michèle a aimé le style d’Aurélia Cassigneul-Ojeda, ses mots colorés, flamboyants, vibrants, atti-
rants, comme la peinture de Staël.
Elle a aussi apprécié que l’auteure fasse le lien entre Nicolas et Albert (Camus), qu’elle trouve des
similitudes qu’elle avait pointé elle-même entre l’écrivain et le peintre : la mère, la mer, le soleil, la lumière, la Provence, Char, les femmes aimées... Un moment de lecture tendre, fort, prenant.
Miguel : « Croix de Cendre » d’ Antoine Sénanque,
Un roman qui prend la forme d’un thriller historique érudit qui se déroule en plein moyen âge où la
fureur de la peste se dispute aux atrocités de l’inquisition.
Un prieur dominicain a longtemps accompagné Maitre ECKART (théologien, philosophe alle-
mand) , principal représentant du courant spirituel catholique appelé la mystique rhénane , mort
probablement à Avignon). Il souhaite écrire ses mémoires à la fin de sa vie ce qui révélerait un se-
cret qui pourrait déstabiliser l’ensemble de l’Église. L’inquisition qui a eu vent de ce projet essaye
de récupérer le document. Il s’ensuit que le roman nous fait vivre le siège de CAFFA et nous en-
traîne dans toute l’Europe, nous fait visiter les béguinages, nous entraîne chez le pape à Avignon
mais aussi dans les geôles de l’inquisition.
On assiste au conflit peu glorieux entre l’ordre des dominicains et celui des franciscains. La pensée
de Maitre ECKART y est exposée et les ambitions de certains côtoient les comportements très fra-
ternels d’autres. On y rencontre de beaux personnages attachants mais aussi de fieffés orgueilleux
avides de pouvoir qui finissent parfois par être retournés. On y apprend une origine possible de la
transmission de la grande peste, autre que celle qui est habituellement décrite, peste qui a fait
jusqu’à 200 millions de victimes à travers le monde.
Une fresque historique passionnante enrichie de philosophie et de théologie et de vérités historiques.
Le livre a été longtemps en lice pour le prix Goncourt 2024
Le choix de notre libraire José
« L’inventaire des rêves » de Chimamanda Ngozi Adichie,
L’histoire de quatre femmes puissantes originaires de l’Afrique de l’Ouest. Quatre amies qui vivent
aux États -Unis et qui passent leur vie au crible, d’aspirations en déceptions. Un formidable nou-
veau roman lumineux. C’est écrit avec beaucoup de finesse, le roman aborde de nombreux thèmes
dont celui de la femme dans le monde actuel, les relations entre hommes et femmes, le mariage, la
réussite, la maternité, les injonctions familiales et sociales.
« Uchronie » d’Emmanuel Carrère,
Une première édition de ce livre est parue aux éditions P.O.L en 1986 sous le titre Le Détroit de Be-
hring. Il n’a jamais été publié en collection de poche ni connu de nouvelle édition depuis. Quarante
ans plus tard, cette enquête narrative sur l’uchronie éclaire plus que jamais notre rapport complexe à
l’Histoire du monde, mais également l’art de l’écrivain
Emmanuel Carrère : "Notre vie peut changer à tout moment, explique-t-il, la réalité n’est qu’un
choix parmi tant d’autres. Ce qui pousse certains d’entre nous à s’intéresser aux possibilités que
nous n’avons pas pu donner aux choses."
« Entrer sans frapper » de Carlo Ossola,
Carlo Ossola revient sur les livres qui l'ont accompagné tout au long
de sa vie. À travers ces maîtres de la littérature, de la peinture et du
cinéma, il questionne les problèmes communs de notre temps, et
initie le lecteur à la beauté de l'essentiel.