
La Librairie a son club lecture !
Tout les premiers vendredi du mois.
Venez nous parler du dernier livre qui vous a emporté à chaque page... Chacun des participants pourra parler librement d’un livre qu’il aura lu récemment. Faites le nous connaître, partagez votre avis en essayant de donner envie à d’autres de le lire ♥
Un moment d'échange et de partage, Réservation à la librairie 15/20 places.
Seulement dix présentations de 8 minutes - suivi de discutions autour du verre de l'amitié...
– en partenariat avec Partages Culturels en Provence -
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Animation et compte rendu : Miguel Couralet et Michèle Robinet.
Soirée printanière légère, amicale et enrichissante, comme à l’accoutumée.
Barbara : La vraie vie, d'Adeline Dieudonné
Roman de 2018 qui a obtenu le Prix du roman FNAC 2018, Prix Livre et culture 2020.
L’histoire d’une famille se déroulant dans une banlieue paisible, non localisée qui vit dans un pavillon , en apparence semblable aux autres du lotissement. Chez eux, c’est pourtant glauque : il y a quatre chambres : celle de la narratrice, la petite fille d’une dizaine d’années , celle de son frère cadet Gilles, celle des parents, et la dernière, celle des cadavres ! Dans cette dernière sont entreposés tous les trophées naturalisés du père, chasseur de gros gibier, alcoolique, colérique. La mère est transparente telle une amibe, craintive, soumise aux fluctuations des humeurs de son époux. Les étés se succèdent, jusqu’au jour où un violent accident vient faire dérayer le cours de leur vie.
La jeune narratrice, deviendra guerrière, voudra revenir en arrière, trouver la vraie vie et , excellente élève en physique, cherchera à créer la machine à remonter le temps, pour effacer la tragédie.
Les personnages, sauvages, entiers, sont retracés par le regard incisif de la narratrice. L’atmosphère
est souvent étouffante.
Un roman où les descriptions sont puissantes, réalistes, la noirceur sociale est bien présente, la
poésie, la douceur, la violence, l’énergie et le cauchemardesque se côtoient rendant la lecture forte,
dérangeante mais addictive.
Geneviève :
Elle est revenue rapidement sur le roman qu’elle avait présenté dans le club littéraire précédent L’allègement des vernis, nous offrant, en guise de conclusion, les dernières lignes du roman
qui évoquent la place qu’occupent les œuvres d’art dans nos vies , notamment la célébrissime Joconde. Nous sommes, pour la plupart, entièrement tournées vers les nouvelles technologies, nous transformant, hélas, en de simples spectateurs boulimiques.
Puis elle nous présente son livre du jour :
Les femmes photographes sont dangereuses , de Clara Bouveresse et Laure Adler,
La photographie c’est une activité si simple qu’elle peut être à la portée des femmes et des en-
fants, il suffit d’appuyer sur un bouton !
Le métier de photographe a toujours été ouvert aux femmes car il n’était pas normalisé, c’était une
profession jeune, instable, pas forcément prestigieuse ou excluante. Dès le XIXᵉ siècle, de nom-
breuses femmes s’emparent de la photographie. Présentes dans tous les domaines, de l’art au jour-
nalisme en passant par la mode, la science ou la publicité, elles se heurtent pourtant trop souvent à
un manque de reconnaissance et de visibilité. Laure Adler les met à l’honneur à travers une sélec-
tion de choix personnels, réunissant des pionnières incontournables, de nombreux pays, des figures
oubliées et de jeunes découvertes (Lisette Model, Vivian Meyer, Dorothea Lange, Shirin Neshat,
Zanele Muholi, Sarah Moon ou Martine Franck...) Certaines s’engagent en politique ou dans le mi-
litantisme féministe, d’autres s’aventurent sur les terrains de guerre, comme reporters, rompent
avec les normes et les conventions. Toutes prennent des risques, s’émancipent des cadres conven-
tionnels et inventent des formes inédites, de nouvelles façons d’être, de voir, de montrer à voir et
de travailler. C’est bien en cela qu’elles ont dangereuses !
Et Geneviève de rajouter avec son humour sarcastique : femmes dangereuses, certes, mais elles ne
représentent que 30 % des photographes, et sont payées… 30 % de moins !
Delphine ( 2 livres) :
Deux livres qui évoquent le drame syrien , la poésie en est l’ écho.
- Mahmoud ou la montée des eaux, d'Antoine Wauters
Un livre cher à Delphine : Un vieil homme, un intellectuel qui a sombré dans la folie dérive à bord
d'une barque, seul au milieu d'une immense étendue d'eau. En dessous de lui, sa maison d'enfance
engloutie par le lac el-Assad, né de la construction du barrage de Tabqa, sur l’Euphrate en 1973.
Fermant les yeux sur la guerre qui gronde, muni d'un masque et d'un tuba, il plonge et c'est sa vie
entière qui resurgit, qu'il revit : son village natal, ses enfants au temps où ils n'étaient pas encore
partis se battre, Sarah, sa femme folle amoureuse de poésie, la prison, sa soif de liberté, passé, présent se croisent, se mélangent.
Un texte court, une prose poétique puissante, écrite avec une plume simple mais splendide, à la fois mélancolique et réaliste qui dépeint le chaos syrien, la souffrance de tout un peuple.
- Damas je te salue, d'Omar Youssef Souleimane
Un petit recueil qui retrace le parcours d’Omar Youssef de sa Syrie natale au pays d’adoption choisi pour sa nouvelle vie, la France (Il est devenu citoyen français en 2022, dix ans après son arrivée). Il raconte dans ses poèmes courts mais d’une densité émouvante ( écrits d’abord en français puis traduits en arabe par l’auteur) l’absurdité de la guerre civile, la répression barbare des dictateurs El Assad, père et fils, sa résistance, son exil forcé, il évoque la nostalgie du pays perdu. Ses vers engagés lui permettent de donner corps à son identité plurielle et morcelée, de faire revivre les lieux familiers de son enfance, ses proches, restés sur place ou disparus dans les prisons.
Delphine nous lit un des poèmes pour nous faire apprécier cette écriture talentueuse.
Michèle : Sur les falaises de Marbre, d'Ernst Jünger,
Étrange, très étrange récit, onirique, ésotérique où il faut décrypter les métaphores, les allégories,
les symboles, nombreux, quelques fois sibyllins qui peuvent rester hermétiques.
Les descriptions sont somptueuses, la poésie omniprésente, même quand Jünger raconte les scènes
de massacres et de tortures.
Un lieu énigmatique sert de décor dans une époque indéterminée. La flore et la faune abondent :
Jünger avait fait des études de sciences naturelles, était entomologiste, et ses voyages d’étude lui
avaient fait découvrir le monde de la zoologie.
Les références à la mythologie, à l’Antiquité, au Moyen-Age,- citations latines, bibliques...- , sont
pléthoriques et permettent d’apprécier la grande culture de l’auteur. Si ce roman a été achevé en
1939 et si déjà Jünger avait pu se faire une opinion sur Hitler et Staline, il est difficile de penser que
ce récit répercute uniquement tout ce qui allait effectivement se dérouler tout au long de la Seconde
Guerre mondiale. Jünger a peut être pris plaisir à écrire ces pages descriptives et pleines de poésie ,
pour échapper à la brûlure de l’actualité.
Lecture opportune, notre actualité reflète bien la dictature, la barbarie, les crimes, la violence, la
tyrannie, la décadence de certaines de nos sociétés.
Miguel : La femme de ménage, de Frieda Mc Fadden,
Voilà un livre dont tout le monde ( ou presque) parle. Ne pas s’attendre à une grande œuvre litté-
raire mais à un livre qui vous prend et ne vous lâche plus. C’est le premier roman d'une trilogie
écrite par l'autrice américaine , c’est un thriller psychologique, un succès de librairie, une lecture
finalement addictive et rapide.
On suit les aventures de Millie qui vient de passer des années en prison et qui a enfin trouvé un em-
ploi à durée indéterminée. Elle est femme de ménage dans la belle maison des Winchester, une riche
famille new-yorkaise. Très vite la situation se dégrade car sa patronne se montre de plus en plus ins-
table et toxique. Le mari est gentil, séduisant et la petite fille pire que sa mère….L’intérêt du livre
est que rien ne se passe comme on le suppose rapidement. Les rebondissements sont étonnants. Le
récit est enlevé. Tout est écrit avec précision.
Pas possible bien entendu d’en dire plus sinon on gâche le plaisir de la découverte.
La présentation de ce roman a été l’occasion d’un échange autour de ce que l’on pouvait attendre
de livres à suspense. En tous les cas , parlez-en autour de vous , vous verrez que nombreux se sont
déjà fait happer par cette histoire. Nos libraires nous ont dit aussi que de nombreuses personnes no-
tamment des jeunes viennent acheter le livre car le bouche à oreille fonctionne. Si cela pouvait don-
ner l’envie ensuite de lire d’autres choses !
LES CHOIX DE NOS LIBRAIRES :
Jacky (2 livres) :
- La fin du Sahara, de Saïd Khatibi,
Algérie, septembre 1988. Dans une petite ville aux confins du désert, on retrouve le corps de Zakia
Zaghouani, la chanteuse de l’hôtel Le Sahara. Les soupçons se portent sur son amoureux, qui est
jeté en prison. Un inspecteur de police enquête, l’avocate du principal suspect également. Famille,
amis et proches témoignent et se retrouvent confrontés à leur passé. Secrets, trahisons, rancunes,
mais aussi rêves et espoirs éclairent leurs liens avec la victime : chacun nourrit, pour une raison ou
une autre, le désir de se venger d’elle. Alors, qui a réellement tué Zakia ? Et si, derrière le meurtre
de cette femme, se cachait un secret si insoutenable qu’il pourrait déchirer toute une communauté ?
Saïd Khatibi , avec courage, signe un très bon roman à la fois intrigue policière et saisissante
chronique de l’Algérie d’aujourd’hui : condition féminine, misère de la population, corruption gé-
néralisée, pénuries multiples, poids du passé qui ne peut être oublié...
Ce roman a été couronné par le prix de littérature arabe (Créé en 2013, le Prix de la littérature arabe
est l’une des rares récompenses françaises distinguant la création littéraire issue du monde arabe. Ce
prix promeut l’œuvre d’un écrivain originaire de l’un des pays de la Ligue arabe et auteur d’un ou-
vrage écrit ou traduit de l’arabe vers le français).
- Grindadrap, de Caryl Férey,
Le grindadráp est une tradition de chasse aux cétacés en vigueur dans les îles Féroé qui consiste à
les conduire vers les berges, les hisser à l'aide de crochets (blásturkrókur) enfoncés dans
l'évent avant de les tuer à l'aide de couteaux (grindaknívur).
Au milieu des cadavres d’animaux flotte le corps du vieux chef du Grindadráp, couvert d’étranges
plaies. Les rumeurs les plus folles se propagent. Et que font sur l’île ces deux militants écologistes
de Se Shepherd, l’ennemi juré ?
Un thriller écologique qui dénonce avec force les dérives d'une chasse rituelle insoutenable de nos
jours où des centaines de cétacés sont massacrés avec atrocité. Un huis clos où l’hémoglobine do-
mine qui a pour décor magistral les îles Féroé entre Écosse et Islande. C’est un cri de rage, un cri
militant contre ces pratiques inhumaines.
C’est puissant, bien documenté, mais âmes sensibles s’abstenir !
Marlies ( 2 livres) :
- La Sauvagière, de Corinne Morel-Darieux,
Corinne Morel Darieux est une autrice, essayiste, chroniqueuse et militante éco socialiste française,
elle écrit pour Philosophe magazine.
Après un accident de moto, la narratrice est transportée dans une maison en lisière de forêt, aux cô-
tés de deux mystérieuses compagnes. Elle devra s’adapter à vivre de et dans cette nature en déve-
loppant des rapports nouveaux et nouveau.. C’est une fable onirique, mystérieuse qui excelle à dé-
crire avec précision et poésie la nature et qui nous invite à repenser notre rapport à la nature.
- Adèle Hugo, ses écrits, son histoire, de Laura El Makki, Seghers
L’autrice est une universitaire américaine.
Décembre 1851. Déclaré ennemi public par Louis-Napoléon Bonaparte, Victor Hugo fait cap sur les
îles anglo-normandes, précipitant les siens dans un exil qui va durer vingt ans. À Jersey puis à Guernesey, Hugo veille à occuper ses enfants. Adèle, qui pratique assidûment le piano, est chargée
d'écrire la chronique du quotidien. Le livre rassemble des morceaux choisis du Journal de l'exil
(1852-1856) dans lequel elle égrène le moindre événement d'une vie jadis mondaine, soudain ré-
duite à de rares visites et aux séances de spiritisme, qu’elle n’apprécie pas. Scripte docile, Adèle
écrit la parole des autres, des hommes surtout. Mais dans des carnets secrets, à travers une langue
cryptée, elle fait entendre une voix très différente, pleine d'humour, de désirs et d'excès
José ( 2 livres) :
- Création Lake, Le lac de la création, de Rachel Kushner,
Cette fiction se déroule en France, Sadie Smith, ex-agente du FBI, est envoyée par ses mystérieux
employeurs pour infiltrer une communauté d'éco-activistes radicaux dans un village. Sa mission :
inciter les militants du Moulin à franchir la ligne rouge et permettre ainsi une riposte judiciaire de
l’État. Rien d’insurmontable pour Sadie qui en a vu d’autres. Mais c’est sans compter les exigences
sans limites de ses commanditaires. Un roman qui traite de façon satirique d'un sujet d'actualité : les
mouvements d'activistes écologiques (on y retrouve la trace de l’affaire Tarnac en Corrèze) . Une
lecture lente, exigeante
- L'invention de Tristan, d'Adrien Bosc,
L'auteur et éditeur Adrien Bosc (natif d’Avignon) a enquêté sur la destinée tragique d'un écrivain
maudit, peu connu de son vivant et pourtant promis à une belle carrière, et menacé d'oubli, Tristan
Egolf .
Dans la décennie 90, un américain bohème joue de la guitare sur le pont des Arts, une jeune fille
l’écoute, c’est Marie Modiano, elle confie le manuscrit du jeune à son père, Patrick, qui le transmet
à Gallimard.
Le Seigneur des Porcheries est publié , c’est un succès. Tristan retourne à New York, publie deux
livres ratés, il finira par se suicider.
C’est une belle fiction, bien documentée, sensible qui permet de faire (ou refaire) connaissance avec
cet écrivain maudit en lui redonnant vie.

Delphine : « Une bête au Paradis » de Cécile Coulon,
Delphine a d’abord connu l’écrivaine par ses délicieux poèmes, écrits avec l’encre du terroir. Elle
nous dit « C’est un talent rare ».
Ce roman , paru en 2019, qui a reçu le prix du Monde, raconte une histoire intemporelle, le destin
de cinq personnes vivant, comme dans un huis clos dans cette ferme, le Paradis, qui est loin d’être
un éden : La matriarche, Émilienne a élevé ses petits enfants orphelins, Blanche et Gabriel , Louis le
commis de ferme vit avec eux. Alexandre, le compagnon d’école, va être le premier amour de
Blanche, une passion torride partagée, mais la vie rurale n’intéresse pas le jeune homme, alors, au
grand désespoir de Blanche, il part pour la ville, avant de revenir à la ferme quelques douze ans
plus tard. Chaque court chapitre est introduit par un verbe. C’est une prose poétique, subtile, imaginative,
une écriture prenante, poignante d’une vive énergie. Delphine conseille chaleureusement ce livre.
Olivier : « Le Pacte de Baphomet » de Patrick Bouchet -autoédition PlatformAvignon.
Le cadavre d’un homme est découvert adossé au Palais des Papes. Son corps forme un pentagramme inversé. Des chiffres et une mystérieuse inscription sont scarifiés sur son torse. La capitaine Valentin et le Quai des Orfèvres vont se retrouver impliqués dans une sombre affaire mêlant l’Ordre du Temple et la franc-maçonnerie. Du quartier du Marais à Paris, en passant par la forêt d’Orient, l’enquête conduira les policiers jusque dans le Sud de la France à Rennes-le-Château. Un petit village de l’Aude, célèbre par son abbé Bérenger Saunière, susceptible de détenir le secret des Templiers.
Un polar « classique », plaisant à lire, qui s’appuie sur de très nombreuses recherches historiques et
sur des théories ésotériques, c’est ce qui en fait son intérêt. Avignon, est, par ailleurs, peu évoqué,
Olivier le déplore, et note, à regret, des fautes d’orthographe.
Barbara : « Matrices » de Céline Denjean,
Le cinquième roman de l’autrice.
En plein mois de décembre, une terrible tempête se déchaîne sur les Pyrénées. Sous la pluie bat-
tante, une jeune femme enceinte, d’origine africaine, court à perdre haleine, elle est percutée par
une camionnette. Avant de mourir, elle murmure quelques mots en anglais : « Save the others.
» Qui sont ces autres qu’il faudrait sauver ? Les gendarmes Louise Caumont et Violaine Menou se
lancent alors dans une enquête hors-norme. Au fil de leurs investigations se dessine la piste d’un
trafic extrêmement organisé .
Ici, peu de personnages sont mis en scène, la plupart d'entre eux sont particulièrement bien analy-
sés , présentant nombre de qualités ou défauts propres à l'être humain. L'intérêt de cette lecture ne baisse jamais, elle nous tient en haleine et la thématique de ce polar « la procréation pour les couples infertiles – La GPA (gestion pour autrui) forcée » est prenante.
Une plume incisive, percutante, réaliste.
Barbara a fait la connaissance de cette autrice, originaire de Toulouse, qui a participé à la création
des Louves du polar, un regroupement d’écrivaines spécialisées dans l’écriture de polars.
Denis : « Un roi sans divertissement » de Jean Giono,
Un roman découvert grâce à la rencontre de l’autrice Dominique Barberis, au cours d’une de ses
conférences. C’est du Giono dans toute sa splendeur d’écriture romanesque très noire !. Un livre qui laisse des traces.
Le titre renvoie à la phrase qui clôt le roman, que Giono emprunte aux Pensées de Pascal : un roi
sans divertissement est un homme plein de misères indiquant ainsi l'interrogation moraliste de
l'auteur qui veut montrer que l'homme pour sortir de son ennui existentiel par le divertissement peut
aller jusqu'à la fascination du Mal.
L'action du roman se déroule dans une région que Giono connaît bien, entre les massifs alpins du
Vercors et du Dévoluy. Tout se déroule sur une période d'un peu moins de cinq années, rythmées
par six hivers successifs, de 1843 à 1848. Le capitaine de gendarmerie Langlois s'installe dans l'au-
berge d'un village isolé par la neige pour rechercher un tueur mystérieux qu'il finit par abattre. Ayant
démissionné de la gendarmerie, il revient ensuite au village comme commandant de louveterie et
organise une chasse au loup qui rappelle la poursuite précédente. Il veut s'installer et se marier et
participe aux fêtes locales, mais effrayé de sa fascination pour la beauté du sang d'une oie sur la
neige, omniprésente dans le roman malgré le cycle des saisons, il se suicide en fumant un bâton de
dynamite. Denis a été emballé par cette lecture.
Frédérique : « L’immeuble Yacoubian » de El Aswany Alaa,
Dans le Caire des années 1990 ( l’Égypte est gouvernée par Hosni Moubarak) , l'Immeuble Yacoubian,
construit dans les années 1930 (à l’époque une résidence luxueuse de style Art Déco pour riches) est
le théâtre de destins croisés. Entre corruption, amours interdits et désirs inassouvis, les habitants de cet édifice emblématique voient leurs vies s’entremêler et se déchirer. Ce roman choral, d’une
grande liberté de ton, explore les différentes strates de la société égyptienne, entre tradition et mo-
dernité, dans un contexte politique tumultueux.
L’immeuble est désormais occupé, en grande partie, par des pauvres, notamment la terrasse qui
abrite de nombreuses familles.
Le roman dévoile la corruption du régime, les actes délictueux des politiciens véreux, les harcèle-
ment des femmes, la montée de l’islamisme, l’inégalité liée au statut social, l’homophobie.
Aswany nous offre avec ce roman une vision désabusée, cynique, mais aussi pleine de compassion
et de tendresse sur l’Égypte contemporaine. Les nombreux personnages sont tous représentatifs de
la société égyptienne :Zaki Dessouki , 65 ans, représentante la classe dominante déchue, Taha el
Chazli étudie pour réaliser son rêve être admis à l'Académie de Police. Il réussit brillamment les
examens écrits mais il est refusé à l’ oral, dans une scène humiliante où on lui rappelle le métier dé-
valorisant de son père. Il va évoluer vers un islam intégriste. Boussaïna Sayed , pour garder un
emploi, doit accepter certains compromis. Hatem Rachid, l’homosexuel, Hajj Mohammed Azzam ,
riche homme d'affaires, stéréotype du parvenu...
Un premier roman. Un grand succès littéraire. Alaa Al Aswany, a tenu son cabinet de dentiste pen-
dant plusieurs années dans cette résidence.
Caroline : « Le rêve de Marc Aurèle » de Frédéric Lenoir,
Ce livre, sans complaisance mais avec émotion, raconte la vie et le code de conduite très strict de
l’empereur Marc Aurèle, popularisé par le film « Gladiator », un homme à la fois sensible, in-
flexible, tourmenté .
Il analyse et explique comment Marc Aurèle (121-180) qui fut un souverain puissant en même
temps qu’un philosophe dont les écrits sont tenus en estime, encore aujourd’hui, a pu conserver une
certaine sérénité malgré maintes épreuves : guerres, trahisons, catastrophes naturelles, multiples
épidémies comme le choléra, la peste bubonique, la variole, maladies endémiques, qui secouèrent
son règne de vingt ans. La réponse se trouve dans la philosophie à laquelle il a été formé dans sa
jeunesse et pour laquelle il éprouva une vive passion : le Stoïcisme « Agir avec justice, penser avec
rectitude, accepter avec sérénité ce qui ne dépend pas de nous » « Ce n'est pas la réalité qui nous
rend heureux ou malheureux, mais l'opinion ou la représentation que nous en avons ».
Frédéric Lenoir rend intelligibles les maximes de l’empereur.
Une lecture en écho avec notre actualité.
Daniel : Deux ouvrages d’Amin Maalouf : « Le labyrinthe des Égarés » et « Les croisades vues
par les Arabes »
Le labyrinthe des Égarés qui a déjà été présenté lors d’un club littéraire. Daniel revient sur ce
livre pour nous livrer les idées majeures retenues et ses réflexions.
- la grande complexité de l’exposé historique qui s’appuie sur une connaissance historique, riche,
- une certaine perplexité suite à la lecture des pages 213 et 214 sur le sac du Palais d’Eté. Maalouf
aurait-il évolué au point que ce texte résume l’appréhension de la civilisation occidentale ?
Et bien non ! L’écrivain qui a rédigé Les croisades vues par les Arabes reste identique à lui-même,
avec nuance, certes, il ne craint pas de dire « tous ceux qui combattent l’Occident et contestent sa
suprématie, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, connaissent une faillite encore plus grave que
la sienne » (Le labyrinthe).
Daniel conclut donc que Maalouf est toujours le même ! Un oriental, un arabe, admirateur de la ci-
vilisation occidentale. Il ajoute en point d’orgue « arrêtons en tant que civilisation de nous détester
nous-mêmes"
Catherine : « Un autre m’attend ailleurs- le dernier amour de Marguerite Yourcenar » de Christophe Bigot,
C’est léger, pas très bien rédigé. Catherine pense que cette histoire véridique d’amour sur le tard, sans tabous vécue par une femme extrêmement cultivée et libre est un clin d’œil malicieux voulu
par cette académicienne française. L’auteur de cet essai/roman a emprunté aux carnets de notes de
M. Yourcenar et a inventé des dialogues pour rapporter l’aventure. Est ainsi dévoilé, sans fausse pu-
deur, le dernier amour, ambiguë, entre une femme sur son déclin et un homosexuel, de 46 ans, son
cadet, Jerry Wilson, un jeune photographe américain, séduisant, fantasque, intrigant, peu cultivé,
opportuniste et infidèle de surcroît.
En nous racontant tout cela Catherine était encore toute retournée : « comment cela est-il possible
que cela ait eu lieu ! »….mais oui, tout est possible !
Geneviève: « L’Allègement des vernis » de Paul Saint Bris,
Avec sa facétie habituelle, Geneviève nous présente cette lecture, Prix Orange 2023
Aurélien est directeur du département des Peintures du Louvre. La nouvelle présidente du musée ,
Daphné veut attirer encore plus de visiteurs, elle va donc lui imposer une mission périlleuse : la
restauration de La Joconde.
À contrecœur, Aurélien part à la recherche d’un restaurateur.
Sa quête le mène en Toscane, où il trouve Gaetano, personnalité intense et libre. Face à Monna Lisa,
l’Italien va confronter son propre génie à celui de Vinci, tandis que l’humanité retient son souffle…
En guise de conclusion, Geneviève fait circuler une photocopie montrant les admirateurs des chefs-
d’œuvre du Louvre, c’est à la fois risible, burlesque, mais tristement réaliste. Que font les gens
quand ils trouvent des banquettes en face des chefs-d’œuvre ??? ils consultent leur téléphone !
Laura : « Les enfants sont rois » de Delphine de Vigan,
C’est un roman qui prend la forme d’une enquête sociétale passionnante et inquiétante sur le nar-
cissisme et le voyeurisme contemporain, l’exploitation, l’exhibitionnisme des enfants stars qu’on
met en scène sur les réseaux sociaux, les défilés, les photographies de mode... Deux familles, deux
enfants du même âge qui ont grandi, éduqués différemment.
C’est un très bon livre qui nous pousse à nous questionner sur notre rapport aux écrans et aux vi-
déos que l'on regarde (télé réalité), l’instrumentalisation des enfants . Ça éclaire également sur les
dessous du « métier » d'influenceur.
Un gros coup de cœur, Laura a envie de découvrir d’autres œuvres de cette écrivaine.
Michèle : « Ce rouge incandescent selon Nicolas de Staël » d’ Aurélia Cassigneul-Ojeda ,
Tout d’abord Michèle a exprimé un grand merci à Marlies pour lui avoir proposé ce livre .
Elle ne connaissait pas cette collection « le roman d’un chef-d'œuvre » où chaque auteur se charge
avec sa sensibilité, d’expliquer la genèse d’une œuvre célèbre ( Quand elle disait cela José a ramené
des rayons de la librairie plusieurs ouvrages déjà parus dans la collection !)
À partir du dernier tableau, inachevé, (très grand, 3m50 sur 6m), de Nicolas de Staël le concert,
Aurélia Cassigneul-Ojeda raconte la vie du peintre, d’une façon, à la fois réaliste et romanesque.
Une peinture figurative : le piano noir, la partition, le violoncelle safrané, plongés dans le rouge in-
candescent qui présage le drame à venir. Un rouge qui « avait envahi son esprit » alors qu’il assis-
tait à un concert de Webern le week-end précédent.
En choisissant de commencer par présenter cette œuvre ultime, et le suicide du peintre, l’écrivaine
va remonter le cours de la vie de Nicolas, et pointer tout ce qui va le blesser, l’exil, le deuil de ses
parents, le veuvage, les passions destructrices, cicatrices indélébiles qui se creusent et se rouvrent
au fil du temps.
Michèle a aimé le style d’Aurélia Cassigneul-Ojeda, ses mots colorés, flamboyants, vibrants, atti-
rants, comme la peinture de Staël.
Elle a aussi apprécié que l’auteure fasse le lien entre Nicolas et Albert (Camus), qu’elle trouve des
similitudes qu’elle avait pointé elle-même entre l’écrivain et le peintre : la mère, la mer, le soleil, la lumière, la Provence, Char, les femmes aimées... Un moment de lecture tendre, fort, prenant.
Miguel : « Croix de Cendre » d’ Antoine Sénanque,
Un roman qui prend la forme d’un thriller historique érudit qui se déroule en plein moyen âge où la
fureur de la peste se dispute aux atrocités de l’inquisition.
Un prieur dominicain a longtemps accompagné Maitre ECKART (théologien, philosophe alle-
mand) , principal représentant du courant spirituel catholique appelé la mystique rhénane , mort
probablement à Avignon). Il souhaite écrire ses mémoires à la fin de sa vie ce qui révélerait un se-
cret qui pourrait déstabiliser l’ensemble de l’Église. L’inquisition qui a eu vent de ce projet essaye
de récupérer le document. Il s’ensuit que le roman nous fait vivre le siège de CAFFA et nous en-
traîne dans toute l’Europe, nous fait visiter les béguinages, nous entraîne chez le pape à Avignon
mais aussi dans les geôles de l’inquisition.
On assiste au conflit peu glorieux entre l’ordre des dominicains et celui des franciscains. La pensée
de Maitre ECKART y est exposée et les ambitions de certains côtoient les comportements très fra-
ternels d’autres. On y rencontre de beaux personnages attachants mais aussi de fieffés orgueilleux
avides de pouvoir qui finissent parfois par être retournés. On y apprend une origine possible de la
transmission de la grande peste, autre que celle qui est habituellement décrite, peste qui a fait
jusqu’à 200 millions de victimes à travers le monde.
Une fresque historique passionnante enrichie de philosophie et de théologie et de vérités historiques.
Le livre a été longtemps en lice pour le prix Goncourt 2024
Le choix de notre libraire José
« L’inventaire des rêves » de Chimamanda Ngozi Adichie,
L’histoire de quatre femmes puissantes originaires de l’Afrique de l’Ouest. Quatre amies qui vivent
aux États -Unis et qui passent leur vie au crible, d’aspirations en déceptions. Un formidable nou-
veau roman lumineux. C’est écrit avec beaucoup de finesse, le roman aborde de nombreux thèmes
dont celui de la femme dans le monde actuel, les relations entre hommes et femmes, le mariage, la
réussite, la maternité, les injonctions familiales et sociales.
« Uchronie » d’Emmanuel Carrère,
Une première édition de ce livre est parue aux éditions P.O.L en 1986 sous le titre Le Détroit de Be-
hring. Il n’a jamais été publié en collection de poche ni connu de nouvelle édition depuis. Quarante
ans plus tard, cette enquête narrative sur l’uchronie éclaire plus que jamais notre rapport complexe à
l’Histoire du monde, mais également l’art de l’écrivain
Emmanuel Carrère : "Notre vie peut changer à tout moment, explique-t-il, la réalité n’est qu’un
choix parmi tant d’autres. Ce qui pousse certains d’entre nous à s’intéresser aux possibilités que
nous n’avons pas pu donner aux choses."
« Entrer sans frapper » de Carlo Ossola,
Carlo Ossola revient sur les livres qui l'ont accompagné tout au long
de sa vie. À travers ces maîtres de la littérature, de la peinture et du
cinéma, il questionne les problèmes communs de notre temps, et
initie le lecteur à la beauté de l'essentiel.

Nous étions 12 présents à présenter, chacun, un ou plusieurs livres, dans le timing habituel.
1) Daniel nous a présenté trois œuvres de Pierre Boulle (1912-1994).
« William Conrad », Pocket.
C’est le premier roman de l'écrivain. William Conrad est un jeune homme brillant, originaire de Pologne, qui tente de son mieux de faire évoluer son pays. Il est, en fait, « un espion dormant » à la solde des Allemands, une taupe, dont la mission est de s'infiltrer dans la haute société anglaise avant la Deuxième Guerre mondiale pour percer les méthodes d’encodage ennemies.
Pour ses premiers pas dans la littérature, Pierre Boulle a écrit un récit d'espionnage psychologique
captivant. On retrouve ici de nombreux thèmes chers à l’auteur : la Seconde Guerre mondiale, le conflit britannique en Malaisie contre les Japonais, des personnages héroïques, originaux...
Pierre Boulle nous raconte ce récit dans un style plein d’humour, une lecture passionnante à découvrir.
Puis deux récits à connotation autobiographique :
- « Le sacrilège malais », Pocket
C’est l’expérience professionnelle personnelle de Boulle, qu’on retrouve sous les traits d'un jeune ingénieur, Maille, très vite confronté aux méthodes de la société franco-britannique, la S.O.P.H.IA (filiale du groupe Bolloré) qui l’a embauché dans une immense plantation d'hévéas de la Malaisie : rationalisation des procédés de production, d’administration et taylorisation à outrance sont son quotidien. Il finira par démissionner.
C'est une peinture hardie et dure, réaliste, cernée par l'humour et l’ironie de l’écrivain.
C'est aussi une évocation inoubliable de la Malaisie, du monde des planteurs et des coolies.
- « Aux sources de la Rivière » Pocket
Pierre Boulle retrace ici ses péripéties en Extrême Orient durant la Seconde Guerre mondiale. Ce récit est écrit avec talent, dans un style efficace propulsant le lecteur au cœur des tribulations de l'auteur ( navigation périlleuse, incarcération, évasion...)
Suggestion de choisir, prochainement, un roman de cet auteur natif d’Avignon pour nos soirées « un auteur, un titre ». C’est un bon écrivain, d’une lecture aisée. On vous dira prochainement…
2) Barbara : « Contes pour jeunes-filles intrépides », Praline Gay-Para, Babel
Cette conteuse, auteure, comédienne et traductrice est née au Liban en 1956.
Ce recueil rassemble 24 contes et légendes des quatre coins du monde (Arménie, Arabie Saoudite, Chili, Corée, Écosse, Maroc, Mexique, Palestine, Portugal, Sibérie, Sicile, Soudan, Syrie, Turquie, Yemen...). Mais contrairement aux récits populaires de notre enfance, les héros sont des héroïnes jeunes ou plus âgées, princesses, paysannes, enfants, jeunes filles, épouses, grands-mères qui brillent par leur détermination pour prendre leur destin en main. Leur ingéniosité, leur indépendance, leur courage, leur audace, leur ruse sont mises en exergue.
Deux contes ont plus précisément marqués Barbara : Le bouvier et la tisserande (conte coréen) et l’échange des corvées (Écosse).
C’est une lecture originale, décapante, amusante, la morale « traditionnelle » n’est pas toujours au rendez-vous, mais pour elles, la fin justifie les moyens !
3)Agnès : « Le convoi de l’eau », Akira Yoshimura, Actes Sud
Akira Yoshimura (1927-2006) a laissé une œuvre considérable qui a marqué de son empreinte la période de l'après-guerre au Japon.
Dans ce roman une équipe est chargée de construire un barrage hydroélectrique en haute montagne, au Japon, Ce chantier entraînera la submersion du hameau et l’exil de ses habitants, une population avec laquelle les ouvriers ne se mêlent pas. Les deux camps s'observent, se regardent, les ouvriers sont fascinés par le calme, l'organisation, la persévérance et la discipline de cette communauté humaine malgré le sort qui l’attend.
Les descriptions du paysages (la forêt, l’eau, la brume, la neige, le feu...) sont lyriques, magnifiques et
s’opposent aux mœurs frustes des habitants. Le roman, court, très sombre, poétique, onirique est chargé de symboles.
4) Christian : « Les règles du mikado » Erri de Luca, Gallimard.
Une rencontre qui aurait pu être banale, celle d’un horloger et d’une bohémienne à la frontière italo-slovène, mais il n’en est rien !
Le vieil horloger a pour habitude de camper en montagne en solitaire. Une nuit d’hiver, une jeune tzigane et son ours entrent dans sa tente, elle lui demande de l’abriter car elle a fui sa famille et le mariage forcé qu’on lui imposait de l’autre côté des montagnes. L’homme cache la clandestine de la police aux frontières, de son père, de son clan qui la cherchent pour la punir, peut-être même la tuer.
Ils dialogueront longuement, s’écriront, resteront amis pour toujours, même l’un loin de l’autre, mais
garderont leur secret.
C’est un récit en trois parties, un conte philosophique. Conformément aux règles du Mikado, chacun jouera sa vie en veillant à ne pas ébranler celle de l'autre.
Un style sobre, un roman plein d’humanité comme tous les romans de cet auteur.
Une lecture émouvante qui colle à notre actualité mondiale pour le moins chaotique. Il y a un secret, bien sûr, mais pour le découvrir il faut lire ce roman !
5)Franck : « Un ciel si bleu », T.C Boyle, Grasset.
Nous sommes en Floride où nous faisons connaissance de Cat, une jeune-femme un peu superficielle, de Tom, son fiancé, ambassadeur de la marque Bacardi. Cat se rêve en influenceuse et doit, pour cela, faire l’acquisition d’un n.a.c (nouvel animal de compagnie) : un python birman.
Cet achat, raconté par ce romancier américain est à lui seul une anthologie d’humour décapant.
De l’autre côté du pays, en Californie, c’est un tout autre achat qu’effectue sa mère Ottilie : de plus en plus sensible à son empreinte écologique, elle franchit un pas supplémentaire vers l’autonomie alimentaire et le recyclage des déchets en se dotant d’un réacteur à criquets. Son fils, Cooper, biologiste spécialisé dans les insectes, n’est pas étranger à ce choix. Mais alors que celui-ci accompagne sa petite amie à la recherche de tiques, il se fait piquer (maladie de Lyme ).
Ces choix spontanés émaillés de petits incidents vont entraîner une chaîne d’événements dévastatrice.
La nature s’affole, l’atmosphère devient étouffante, les incendies font rage.
Ce livre, édité en février 2024, présenté comme une dystopie écologique, prend vite une tournure pré-
apocalyptique, doublée de comédie noire (Violence des incendies dévastateurs en Californie qui sévissent toujours).
Franck conclut que « Boyle n’avait probablement pas envisagé le retour à la présidence d’un homme qui non seulement considère le réchauffement climatique comme une fable mais qui participe au démantèlement des fondements de la démocratie américaine.
La réalité dépasse toujours (ou souvent ?) la fiction. »
6)Delphine : « Sa préférée », Sarah Jollien-Fardel, Livre de Poche
C’est l’histoire de l’autrice suisse qui est racontée ici.
Dans un village des montagnes valaisannes, Jeanne grandit en apprenant à éviter et à anticiper la tyrannie de son père alcoolique. Sa mère et sa sœur aînée semblent résignées tandis que les proches se taisent. La peur est là, au quotidien. Après le suicide de sa sœur, Jeanne, parviendra à s’extraire de son milieu familial, quittera sa région natale, se reconstruira, s’ouvrira aux autres, et s’autorisera à tomber amoureuse. Néanmoins, elle restera, à jamais cabossée par la violence vécue, pendant son enfance et son adolescence. Les plaies laissent toujours des cicatrices.
L’écriture est tonique, percutante, elle marque avec une grande force l’urgence de vivre ou de revivre. Un récit qui ne peut laisser indifférent.
Ce roman a reçu le Prix du roman Fnac, et le Goncourt des détenus en 2022.
7) Geneviève : « Le labyrinthe des égarés », Amin Maalouf, Grasset
Geneviève apprécie particulièrement cet auteur libano-français.
En exergue du livre, l’auteur cite cette parole si pertinente de Faulkner : « Le passé ne meurt jamais. Il ne faut même pas le croire passé. »
Un essai qui constitue une formidable révision historique et qui aide à réfléchir, à mieux comprendre la situation internationale actuelle car Amin Maalouf retrace, dans ce livre, les origines de ce nouvel (et éternel) affrontement entre l’Occident et ses adversaires, en retraçant l’itinéraire de quatre grandes nations :
d’abord le Japon de l’ère Meiji (guerre russo-japonaise 1904-1905), qui fut le premier pays d’Asie à défier la suprématie des nations « blanches », et dont la modernisation accélérée fascina l’humanité entière, notamment les autres pays d’Orient, qui tous rêvèrent de l’imiter ; puis la Russie soviétique, qui constitua, pendant trois quarts de siècle, une formidable menace pour l’Occident par son système et ses valeurs, avant de s’effondrer ; ensuite la Chine, qui représente en ce vingt-et-unième siècle, par son développement économique, par son poids démographique et par l’idéologie de ses dirigeants, le principal défi à la suprématie de l’Occident ; et enfin les États-Unis, qui ont tenu tête à chacun des trois « challengers », et qui sont devenus, au fil des guerres, le chef suprême de l’Occident et la première superpuissance planétaire.
Ce soir, comme à l’accoutumée, Geneviève nous a fait la lecture d’un passage de ce livre pour nous plongerdans l’ambiance du récit.
8)Isabelle : « Houris », Kamel Daoud, Gallimard
Prix Goncourt 2024.
« Je suis la véritable trace, le plus solide des indices attestant de tout ce que nous avons vécu en dix ans en Algérie. Je cache l’histoire d’une guerre entière, inscrite sur ma peau depuis que je suis enfant ». Ce sont les paroles d’Aube au début de ce roman.
Tout le roman est articulé autour du drame vécu par cette jeune-femme, enfant, égorgée, sauvée par miracle par le sacrifice de sa sœur, au cours de la décennie noire qui a marqué l’Algérie (1992-2002). Elle en garde d’atroces séquelles, elle est muette, les cordes vocales ont été sectionnées.
Houris est l’enfant qu’elle porte dans son ventre, une fille, de toute évidence pour elle. Mais a-t-elle le droit de garder cette enfant ? Peut-on donner la vie quand on vous l’a presque arrachée
Houris est un roman terriblement réaliste, écrit avec tact et poésie.
L’auteur se montre sans pitié pour ceux qui jouent la comédie de l’intégrisme religieux.
Un récit qui souligne, en particulier, le sort scandaleux réservé aux femmes et celui plus édifiant des
terroristes qui s’en sont tirés en affirmant (quel cynisme !) qu’ils n’étaient que « cuisiniers » !
L’Algérie, un pays qui a voté des lois pour punir quiconque évoque la guerre civile.
A lire absolument.
9) Catherine : « Le Bastion des larmes », Abdellah Taïa, Julliard
Un roman qui a permis à Catherine de retrouver le « vrai » Maroc, celui qu’elle a connu et qu’elle aime. Après la mort de sa mère, Youssef, 46 ans, un professeur marocain exilé en France depuis un quart de siècle, revient à Salé, sa ville natale, à la demande expresse de ses sœurs, pour liquider l'héritage familial. En lui, c'est tout un passé qui ressurgit, où se mêlent inextricablement, souffrances, meurtrissures et bonheur de vivre. Youssef est gay, un Zemel (c’est très fort comme qualificatif), un homosexuel ( ce mot à connotation colonialiste qui ne sera pas repris par l’auteur) dans un pays, qui criminalise ces personnes.
Cet intermède va lui permettre de réentendre les voix du passé, notamment celle de Najib, son ami et amant de jeunesse au destin tragique.
Le Bastion des Larmes, c’est le nom donné aux remparts de la vieille ville (située au bord de l'océan
Atlantique, sur la rive droite de l'embouchure du Bouregreg, en face de la capitale nationale Rabat), à
l'ombre desquels Youssef a jadis fait une promesse à Najib.
Un livre transgressif, douloureux, magnifique cruel, et réaliste.
10) Michèle : « Marseille, Porte du Sud », Albert Londre, Arléa
Nulle doute que Marseille, la cosmopolite, la multiraciale, a impressionné ce grand reporter. Six ans avant sa disparition en mer, il concrétise ce qu’il voulait faire depuis longtemps: décrire la cité phocéenne, son ambiance, et il le fait avec enthousiasme, saisissant avec émotion l’âme et les pulsions, la verve de la belle cité.
C’est un récit, ensoleillé, exotique, poétique, malheureusement les descriptions du port ne correspondent plus à la réalité économique actuelle, il a perdu de sa superbe et même s’il reste le premier port de France, il n'a plus la prépondérance sur l’échiquier européen.
Une belle lecture qui invite à en savoir plus sur ce talentueux journaliste-reporter, avec le projet de lire
prochainement sa biographie.
Le choix des Libraires
Jacky :
- « Je veux regarder longtemps leurs visages », Thomas Vinau - La fosse aux ours
Un texte écrit à partir de la photographie de la colonie d’Izieu dans l’Ain qui reste tragiquement dans nos mémoires : 44 enfants âgés de 5 à 17 ans et 7 adultes ont été arrêtés par la Gestapo et déportés le 6 avril 1944. Pour ne pas les oublier…
Les mots de Thomas Vinau sont « comme un pansement de miel sur l’inacceptable. » Une prose poétique,
un cri d’amour sublime et bouleversant à lire, à offrir.
- « Un chemin entre plusieurs mondes » Jérôme Garcin, plénitude.
C’est celui que suit de Christian Garcin où il tisse des liens d’un continent à l’autre, d’une époque à l’autre, entre introspection et observation. Il trouve dans ses lectures, le cinéma, les rencontres ou la contemplation de la nature les matériaux qui nourrissent sa réflexion et son carnet de route.
Jacky a apprécié certaines chroniques, d’autres moins.
Marlies : « Nives ou les cœurs volatils », Sacha Naspini, Actes Sud
Un livre qui a séduit Marlies, elle nous en parle avec enthousiasme et nous lit quelques passages épiques.
Nives, fermière toscane, a choisi de combler le vide laissé après la mort de son mari par la compagnie d'une poule, Giacomina qui la réconforte. Un soir, inquiète pour cette dernière qui se pétrifie après avoir regardé à la télé une publicité sur Dash, elle contacte par téléphone le vétérinaire, très alcoolique. L'appel d'urgence se mue alors en conversation fleuve aux allures de montagnes russes, à l'image d'une vie.
C’est cocasse, léger, mais piquant, de beaux passages sur la solitude.
Venez nous rejoindre dans les soirées du club littéraire,
c’est ouvert à tous,
parlez-en autour de vous.

Nous étions 16 présents, des fidèles et des nouvelles venues.
1/ Laurence : La lumière vacillante de Nino Haratischwili, ed Gallimard,
Très attendu après le succès de La huitième vie, ce nouveau roman confirme les talents littéraires de cette autrice géorgienne, de langue allemande.
Pour Laurence, une découverte « coup de cœur », une lecture addictive. L’histoire, dense - le livre est un gros pavé de plus de 700 pages-, se situe dans un quartier de
Tbilissi, dans les années 90, au moment où l’Union soviétique s’effondre. Elle raconte l’amitié de quatre jeunes-filles, l’évolution de leur vie de femme portée par leurs idéaux . Elle permet aussi de suivre l’histoire politique, sociale, toujours tragique et cruelle de ce pays à travers leurs souvenirs. Le récit débute lors de l’inauguration d’une exposition de photos de l’une d’entre elles, artiste célèbre, absente lors de cette manifestation. Avec de nombreuses analepses, où passé et présent s’entrecroisent (quelques difficultés au début à s’y retrouver), on découvre, pour chacune d’elle, leurs parcours, on s’immerge dans leur expérience de l’amour, de l’espoir, de la déception, de la trahison, on vit la violence exacerbée de la guerre et du chaos, la misère qui sévit dans ce pays.
2/ Claude : Bristol de Jean Echenoz, Éditions de Minuit
Une fiction romanesque qui a passionné Claude. Elle met en scène Robert Bristol, un cinéaste de seconde zone.
L’histoire va alterner entre la vie burlesque des résidents de son immeuble, dans le XVIème parisien, les protagonistes du film une adaptation d’un succès populaire littéraire, le tournage mouvementé au Botswana. Le résultat sera, bien entendu déplorable. Le roman débute par la défenestration d’un homme de son immeuble, totalement nu, une chute qui laisse parfaitement indifférent Robert Bristol.
Une lecture sans prise de tête, qui offre humour, dérision, et aussi un peu de mystère.
Une écriture « cinégénique », ludique où les détails sont pléthoriques, l’hypotypose constante.
3/ Delphine : Ajouter de la vie aux jours d'Anne-Dauphine Julliand, Éditions les Arènes.
C’est l’histoire vraie d’une mère de quatre enfants, trois sont décédés (maladie génétique et suicide).
Comment vivre après de tels deuils , une telle souffrance inextinguible ? Transformer la douleur en résilience. Il faut écrire, en se faisant violence, écrire pour ceux qui sont en vie, pour tous les siens, les autres, ceux qui vivent, ceux qui sont partis mais avec lesquels elle maintient des liens, elle écrit pour la vie, en étant attentive aux autres, un leitmotiv universel.
Le style est intéressant, même si au début de la lecture, Delphine a été mitigée – trop d’égo ? Les chapitres sont courts, le récit est particulièrement émouvant pour tous les parents confrontés à de tels drames. Un beau témoignage, une lecture inoubliable.
4/ Jacky : Du givre sur les épaules de Lorenzo Mediano, Editions Zulma
Paru en 1998, réédité récemment, Du givre sur les épaules est un court roman sous forme de fable. L'action se situe au cœur des années 20, il y a un siècle à peine, dans les Pyrénées espagnoles, près de la frontière française. C’est une photographie d’un pays, resté à l’époque médiévale, avec ses riches, très riches propriétaires terriens, ses pauvres, ses paysans quasi illettrés, le poids du clergé...
C’est une version espagnole de Roméo et Juliette.
Un article paru dans un journal local déclenche la colère des habitants, il y a beaucoup d’erreurs dans ce qui est rapporté, il faut donc écrire au journal pour rectifier ce texte. L’instituteur est alors chargé de recueillir auprès des villageois la vérité, chacun aura la sienne, chargée d’imposture, de contre-vérité, de mensonge.
Avec ce roman, l’auteur nous fait part de sa vision, la fin prochaine d’une société patriarcale, où les inégalités sont trop manifestes, où il est quasi impossible de s’élever socialement. Jacky a adoré !
5/ Barbara : Dans le pays des Miroirs de Liv Strömquist, Éditions Rackham
Un roman graphique engagé et féministe dans lequel l’autrice suédoise analyse l’idéal contemporain de la beauté féminine : celle de la jeune femme, celle de la femme vieillissante. Affranchie des diktats de la société, elle peut alors s’épanouir avec d’autres critères, d’autres enjeux.
C’est une enquête psycho-sociale instructive, bien argumentée, s’appuyant sur une très riche bibliographie.
Les dessins ont surpris Barbara dans un premier temps, ils sont, en fait, le support à l’écriture foisonnante. Ils sont là aussi pour choquer et interpeller et souligner le propos.
Barbara se promet de lire les autres œuvres de cette autrice.
6/ Geneviève : Cabinet de curiosités sociales de Gérard Bronner, Ed PUF
Ici, contrairement aux cabinets de curiosités en vogue à la Renaissance, il n’est pas question d’observer les choses rares, singulières, extraordinaires et complexes comme les rouages d’un automate ou le plumage coloré d’un oiseau empaillé. Les objets exhibés dans cette vitrine virtuelle relèvent de notre vie quotidienne.
Cet essai de Gérard Bronner est très instructif, il met en lumière les diverses croyances collectives, les idéologies fallacieuses, afin d'en extirper la part d'irrationnel.
Les sujets sont variés mais Geneviève a choisi de nous fait lecture d’un extrait dédié à la justice, avec un clin d’œil à Talleyrand.
C’est spirituel, drôle, pertinent.
7/ Simone : Quat’saisons d'Antoine Blondin, Ed Folio
Avec jubilation, Simone nous présente ce recueil de 12 nouvelles, découpées en quatre chapitres, un par saison, complété dans sa réédition par 6 nouvelles complémentaires.
Ce livre a été récompensé par le Prix Goncourt de la nouvelle en 1975 .
Simone a particulièrement apprécié , dans la nouvelle édition, « la petite reine » qui renvoie avec exultation et cocasserie à La Princesse de Clèves.
Une lecture piquante, délirante , pleine d’humour sous-jacent, à la hussarde, comme a été la vie de son auteur. Simone très en verve a su faire vivre tout cela en 6 mn !
8/ Catherine : Mesopotamia d'Olivier Guez, Ed Grasset
Après la lecture de La Disparition de Josef Mengele, Prix Renaudot 2017,Catherine a souhaité découvrir ce roman. C’est un livre qui nous fait connaître, une héroïne inconnue, Gertrude Bell, fille d’un très riche industriel anglais, totalement dévouée à l’impérialisme britannique, aventurière, archéologue, intrigante, espionne, parlant l’arabe et le persan, une héroïne idéaliste, volontaire et tragique qui va évoluer, au lendemain de la Première guerre mondiale, après l’effondrement de l’empire ottoman, dans une contrée mythique entre Tigre et Euphrate, ce qui deviendra le Moyen Orient. C’est une vaste fresque politico-historique passionnante .
9/ Frédérique : Le commissaire dans la truffière de Pierre Magnan, Ed Folio
Troisième volume de cet écrivain régionaliste, ami de Giono. Sans doute, le meilleur de la série Commissaire Laviolette
Une nouvelle mission pour ce commissaire attachant. Il lui faut résoudre le mystère de la disparition de hippies installés dans le joli village de Banon, dans les Alpes de Haute Provence. Il doit collaborer avec la truie Roselyne, la reine du cavage.
Un polar de terroir plein d’humour (noir bien sûr). la description du pays, de ses habitants est joliment restituée, illustrée par des mots du terroirs, par l'évocation réaliste de coutumes locales millénaires et par une étude de caractères qui inclut autant l'histoire culturelle du pays que la psychologie des personnages.
10/ Céline : Mon mari de Maud Ventura, Ed L’Iconoclaste
C'est l'histoire d'une femme la quarantaine , mariée depuis plus de quinze ans, deux enfants, professeure d’anglais, avec une vie, en apparence, parfaite. Pourtant, elle a un problème : elle est amoureuse de son mari, comme aux premiers jours, une passion indéfectible, fusionnelle, obsédante, maladive. Cette épouse se met à épier chacun des gestes de son époux comme autant de signes de désamour. Du lundi au dimanche, elle note méthodiquement ses « fautes », les peines à lui infliger, les pièges à lui tendre. Elle regrette même d’être mère, cela est, pense -t-elle, au détriment de son mari.
Les chapitres se déclinent en jours de la semaine. L’écriture n’est pas particulièrement élaborée, mais ce roman, un premier pour l’autrice, assez dérangeant, fait réfléchir. Pour Céline, l’épilogue est intéressant et vaut, pour lui-même la lecture.
11/ Michèle : Comme un charme de Stéphane Crémer, Ed Denoël.
Stéphane est né le 7 avril 1954. C’est un enfant non désiré, conçu avant le mariage de ses parents. A sa naissance, son père a 30 ans, il fait partie de la promotion 52 du Conservatoire national supérieur d’art dramatique, sa mère 24 ans est aussi comédienne issue du conservatoire.
En 60 courts chapitres, Stéphane qui vient d’avoir 52 ans, livre ses souvenirs, des fragments d’émotion liés à son enfance solitaire, les relations difficiles entretenues avec son père, un acteur de talent, sa mère, une comédienne fantasque et solaire , ses grands-parents franco-belges, sa grand- mère qui l’a vraiment aimé.
Il raconte, avec lucidité, des anecdotes qui l’on marqué, avec une sorte d’humour mélancolique, souvent doux-amer, voire assassin. Dans ce méli-mélo d’évocations percutantes, il y a des blessures douloureuses, liées à l’abandon du père absorbé par sa carrière, de la mère occupée par ses aventures extra conjugales. il y a aussi des réminiscences de bonheur, d’émerveillement.
Les parents divorcent (1964), le père se remarie. Il ne connaît pour famille que celle recomposée avec sa deuxième épouse.
Cependant, a de petits détails, on perçoit que les parents de Stéphane, » l’ont aimé », à leur façon.
Pourtant, Stéphane n’est pas un cas isolé, de nombreux enfants de comédiens , ou de parents divorcés peuvent aussi souffrir de l’absence de leurs parents . En fait, la valeur de ce petit livre, c’est qu’il dit la souffrance de Stéphane qui peut être celle de tout enfant privé d’amour parental.
Avez-vous deviné qui sont les parents de Stéphane ?
Son père :Bruno Crémer, , un excellent acteur qui a pourtant, pour Stéphane, raté son rôle de père,
Sa mère, Chantal Courrier ,1930-1995 , ancienne comédienne du Conservatoire, devenue antiquaire.
12/ Miguel par manque de temps n’a pas pu présenter Croix de Cendre, François Sénanque - Ed Grasset. Ce sera pour la prochaine fois !
( Le choix des Libraires)
13/ José signale de nombreuses rééditions en livre de poche.
Le Tchékiste de Vladimir Zasoubrine, Christian Bourgeois Éditeur,
ZAZOUBRINE est un écrivain russe né en 1895. Ce livre a été écrit en 1922 sous Lénine, interdit de publication , il est publié finalement en 1989.
C’est une fiction très réaliste. Dans une grande ville sibérienne, à la fin de la guerre civile, un responsable de la Tchéka, police du régime bolchevique, accomplit son
"travail " de bourreau. C’est la terreur rouge. Pour servir la Révolution, il participe à l'atroce procédure quotidienne des interrogatoires, des procès sommaires, de l'extermination des bourgeois, intellectuels, toute personne supposée être déviationniste, une boucherie au nom de la Révolution.
14/ Le prisonnier du désert d'Olivier Dubois, Ed Michel Lafon
Avril 2021, Olivier Dubois, correspondant au Mali pour le magazine Le Point et le quotidien Libération, est enlevé à Gao, dans le nord du Mali. Il passera 711 jours aux mains d'un groupe terroriste affilié à Al-Qaïda.
Libéré en mars 2023, il brise aujourd'hui un an de silence et nous raconte comment, prisonnier dans l'une des régions les plus sensibles du monde, il a survécu à la seule force de son mental. En fuyant l'inactivité qui le ronge et consignant par écrit tout ce qu'il observe. Une façon pour lui de résister à l'effroi de savoir chaque jour sa vie menacée. Au-delà du récit d'une captivité, il nous livre le fruit d'une enquête de l'intérieur sur les cellules jihadistes, une incursion dans l'une de ces organisations qui déstabilisent le monde.
15/ Marlies : Admirer de Joëlle Zask, Ed Premier Parallèle
La philosophe Joëlle Zask se penche sur cette capacité à être ébloui par le talent d'autrui, par la nature, par ce qui nous est étranger, source d'épanouissement et de créativité. En effet, selon l’autrice, l’admirateur cherche à comprendre ce qui le frappe, et donc à observer, puis à étudier. Le sentiment qu’il éprouve, loin de le paralyser, le met en mouvement et nourri sa curiosité. Et si ce qu’il admire le dépasse, son ego n’en est pas rabaissé, au contraire, puisqu’il devient agent de son propre désir de savoir.
Venez nous rejoindre.
dans les soirées du club littéraire,
c’est ouvert à tous,
parlez-en autour de vous.

1/ Delphine : « Eden »- Auður Ava Ólafsdóttir – Ed Zulma
Alba rentre d'un colloque de linguistes à l'étranger. Passionnée par les langues minoritaires et par la puissance évocatrice des mots, elle est aussi relectrice-correctrice. Le manuscrit d'un jeune poète l'attend, un ancien étudiant avec lequel elle a eu une aventure. En atterrissant à Reykjavík, elle s'interroge sur tous ses voyages dans les coins les plus reculés du monde. Combien d'arbres lui faudrait-il planter chaque année pour compenser son empreinte carbone ? Des langues sont en voie d'extinction, mais en Islande les arbres ont déjà disparu.
Sur un coup de tête elle achète un terrain de sable noir et de lave, au fin fond de l'Islande aride et désertique, avec une maison délabrée. Rien n'est censé pousser là, mais Alba décide de passer à l'action. Elle change de vie, quitte la ville et les cercles littéraires pour planter des bouleaux, cultiver un potager. Elle se lie aux villageois et accueille Danyel, un jeune réfugié.
Ode à la langue islandaise et au retour à la nature, Éden est un roman plein de fraîcheur, tout en simplicité et en délicatesse.
Delphine grande passionnée des langues nous a avoué qu’elle avait décidé d’apprendre l’Islandais suite à la lecture de ce livre….Nous vérifierons cette résolution de début d’année !!
2/ Daniel : « À quatre voix » - Tagore –
Dans « À quatre voix » (Chaturanga, 1916), classique de la littérature bengalie, nous avons là fascinante méditation sur la foi et le cheminement spirituel, mais aussi une histoire d'un amour, ceci déployant tout le souffle du grand écrivain indien, Prix Nobel en 1913.
Ce fut l’occasion pour Daniel ne rappeler l’importance de la famille TAGORE dans la construction de l’Inde moderne. Passionnant.
3/ Geneviève « Je selfie donc je suis » - Elsa Godart- Ed Albin Michel
Dans ses présentations successives au fil des soirée du club littéraire Geneviève interroge nos manières de vivre ( Geneviève est médecin). La dernière fois il s’agissait de l’histoire de la propreté corporelle. Ce soir elle nous a suggéré le lire « L’intime- de la chambre aux réseaux sociaux » Chez Gallimard.
Ce soir elle a présenté un livre sur les Selfies.
Je selfie donc je suis. Au bout de ma perche, au bord d’une falaise, devant la Joconde ou les chutes du Niagara, auprès de mon acteur préféré… Et sur les clichés que je poste aussitôt sur le net, c’est : moi, et moi, et moi…Crise de narcissisme aigu ? Symptôme d’un égoïsme surdimensionné ? Jeu quelque peu névrotique avec son image ? L’autrice, en philosophe et en psychanalyste, y voit l’indice d’une modification radicale de notre perception du temps et de l’espace. Et surtout de notre rapport à la pensée et au langage au profit de la toute-puissance du virtuel et de l’image. Dans une société totalement bouleversée par le numérique, le selfie est le signe d’une crise d’identité.Que va-t-il ressortir de ce « stade du selfie » qui exprime les doutes existentiels d’un sujet en mal-être ? L’autrice nous incite à nous poser la question et, plus particulièrement, celle de notre rapport au virtuel.
Quand Geneviève explique tout cela elle est à fond !! Nous avons donc fini la soirée en faisant un selfie entre tous les participants !!
4/ Barbara : « Le berger de l’avent » - Gunnar Gunnarsson – Ed Zulma
Un magnifique roman qui a enthousiasmé Barbara.
Comme chaque année début décembre ( tout le temps de l’avent !),Benedikt se met en chemin avec ses deux fidèles compagnons, son chien Léo et son bélier Roc, avant que l'hiver ne s'abatte pour de bon sur les terres d'Islande.
Ce qui compte avant tout pour ces trois arpenteurs au cœur simple, ce sont les moutons égarés qu'il faut ramener au bercail pour Noël. Ils avancent, toujours plus loin, de refuge en abri de fortune, dans ce royaume de neige où la terre et le ciel se confondent, avec pour seuls guides quelques rochers et les étoiles. En égaux ils partagent la couche et les vivres. Mais cette année, le blizzard furieux les prend en embuscade.
5/ Miguel : « Grégory »- Pat Pernat Christophe Gaultier avec Jean Marie Villemin. Ed les Arènes.
Miguel avait déjà présenté l’excellent livre de Laurence LACOUR lors de la soirée littéraire consacrée aux livres de droit et de justice en Juin 2023 pendant la quinzaine anniversaire de la Maison de la Justice et du Droit d’Avignon ( « Le Bûcher des innocents » – Laurence Lacour ED Les arènes).
Les éditions Les Arènes publient maintenant un roman graphique intitulé Grégory . Ce qui rend ce projet d'autant plus poignant, c'est la collaboration directe de Jean-Marie Villemin, le père de l'enfant. Il a rédigé la préface et a participé activement à sa réalisation aux côtés de Pat Perna, le scénariste, pendant deux ans.
Ce livre de 130 pages se concentre sur le point de vue de Jean-Marie, notamment lors de son procès en 1985 pour le meurtre de son cousin Bernard Laroche, qu'il a toujours soupçonné d'être l'assassin de son fils. Cet ouvrage ne se limite pas à un simple témoignage ; il cherche à capturer la profondeur de cette tragédie à travers un récit intime et visuellement saisissant. Les dessins mettent en avant l'expressivité des personnages . On y voit défiler tous les protagonistes de l’affaire : les membres de la famille, le juge Lambert, les Gendarmes, les journalistes….
La BD est construite sur une solide documentation et est complétée par les témoignages du père de l'enfant.
Miguel conseille vivement cette BD pour qui veut toujours mieux approcher cette histoire qui a bouleversé la France et qui continue à le faire. Une suite est annoncée….
6/ Jacky : « Un Safary arctique et autres racontars ». Jorn RIEL- Ed Babel
Jacky a présenté de façon jubilatoire ce petit livre qu’il faut vite se procurer.
De même que Francisco Coloane a sillonné la Terre de Feu en se frottant à tous les métiers, le Danois Jorn Riel s'embarque dans les années 50 pour le nord-est du Groënland. De ce long séjour dans ces déserts arctiques naîtront une vingtaine de livres. Les personnages principaux sont toujours les mêmes trappeurs : Valfred, Mad Madsen, William le Noir... Tout à la fois hâbleurs ou mutiques, farceurs ou philosophes, ils meublent la solitude de la nuit polaire en sirotant un épouvantable tord-boyaux et en idéalisant un être cruellement absent de ces rudes contrées : la femme.
Drôles, insolites et pleines de tendresse, ces histoires ont aussi une valeur ethnologique incontestable. Un hymne au Grand Nord, chaleureux à faire fondre la banquise. "
Les coups de cœur de nos libraires :
7/Marlies : « Qui tu aimes jamais ne perdras » - Nathalie Bauer – Ed Philippe Rey
Marlies nous a appris sa technique pour savoir si elle lirait un livre : elle lit la dernière page ! Et si cela lui plait elle fonce ! c’est ce qu’elle fit pour cet ouvrage…
Le livre présenté ce soir se découpe en 6 épisodes . Chaque chapitre est un journal intime.
Se peut-il que l’amour s’achève avec la mort ? Persuadés qu’il est au contraire infini, les deux amants Chloé et Corvus font le serment, au Ier siècle, de se retrouver dans la succession d’existences que tout individu, veulent-ils croire, est amené à vivre. Mais sauront-ils se reconnaître sous des apparences différentes, tandis que le hasard les réunit du Moyen Âge jusqu’au XXe siècle, dans la bibliothèque d’un couvent dominicain ; au cœur du quartier juif d’Amsterdam ; parmi les forêts des environs de Nijni Novgorod ; sur la lande du Wessex ; ou encore à proximité du front au cours de la Première Guerre mondiale ?
Ce voyage à travers les siècles, qui emporte le lecteur, est aussi un puissant hommage à l’amour tantôt charnel, tantôt spirituel, ou encore fraternel, que connaissent les deux personnages principaux de rencontre en rencontre. Tout en abordant sur le mode romanesque le thème de la transmigration des âmes, Qui tu aimes jamais ne perdras offre, au fil de ces histoires qui n’en forment qu’une, à la fois des variations stylistiques inattendues et un vibrant éloge de la littérature, du rêve et du pouvoir de l’imagination.
8/ José : « Le voleur d’art » Michael Finkel- Ed Marchialy
Un gentleman-cambrioleur agit avec habileté et classe, sans jamais recourir à la violence, guidé par un certain sens de l’honneur. Pendant huit ans, Stéphane Breitwieser, originaire de Mulhouse, a commis avec sa
compagne près de 250 vols dans des musées français, suisses et belges, en plein jour, au nez et à la barbe des gardiens et des visiteurs.
Leurs attributs : un grand manteau et un couteau suisse. Entre 1995 et 2001, la valeur totale de leurs larcins a été estimée à plusieurs millions d’euros. Alors comment les Bonnie et Clyde des musées ont-ils réussi ces vols en série sans se faire prendre pendant si longtemps ? Il leur aura fallu beaucoup de sang-froid, pas mal de créativité et une bonne dose de passion.
« Un magnifique livre » dixit José !
9/ José : « Sommes- nous devenus criminels – vie du Maréchal Paulus »- Lionel DUROY- Ed Mialet Barrault
Servir et obéir. C’est ainsi que les militaires légitiment le droit de tuer impunément. Mais doit-on obéir quand l’ordre reçu est immoral ? Aujourd’hui, les généraux russes sont confrontés à ce dilemme. Doivent-ils continuer d’obéir à Poutine ?
Cette interrogation a conduit Lionel Duroy à s’intéresser au destin du maréchal Friedrich Paulus, commandant de la VIe armée allemande à Stalingrad et, à ce titre, comptable de la mort de milliers d’hommes. Pourquoi a-t-il continué d’obéir à Hitler, pour lequel il n’avait plus aucun respect, avant d’appeler à le renverser ?
10/ José : « Le jardin sur la mer » - Mercé Réodorera- Ed Zulma
Dans ce livre tout en finesse et délicatesse mettant la nature au-devant de toutes choses on entre dans le cerveau du jardinier qui observe. Il raconte le jardin sur la mer, le jeune couple, beau et fortuné, leurs amis toujours plus nombreux, les baignades et les promenades à cheval, une vie d’insouciance et d’oisiveté sous les yeux de l’indomptable cuisinière et de toute une maisonnée.
Survient un nouveau voisin, fortune faite en Amérique avec lui surgit la menace d’un passé enfoui.
Un drame décrit dans un luxe de détails et de non-dits….
11/ José : « Tous passaient sans espoir » - Jean Rollin – Ed P.O.L
Le titre du livre est emprunté à un vers d’un célèbre poème d’Alfred de Vigny (Le Cor) évoquant la Chanson de Roland et le passage des armées de Charlemagne par les cols pyrénéens.
C’est ce franchissement des Pyrénées que raconte Jean Rollin pendant la guerre de 39-45. Résistants, juifs, aviateurs, réfractaires au STO passaient les montagnes pour gagner l’Espagne. Jean Rollin les réunit tous pour en faire un récit très captivant.
Venez nous rejoindre.
dans les soirées du club littéraire,
c’est ouvert à tous,
parlez-en autour de vous.

1/ Claude : L’Italien Arturo Pérez Riverte – Gallimard
Pendant les années 1942-43, des plongeurs de combat italiens, au cours de leurs raids, à Gibraltar et dans la baie d’Algésiras, coulèrent ou endommagèrent plusieurs navires alliés. A partir de ce fait historique Arturo Pérez-Reverte (l’un des plus grands écrivains espagnols contemporains, scénariste, ancien correspondant de guerre) raconte cet épisode et décrit une passion amoureuse qui en découle.
Elena, libraire d’Algésiras, jeune veuve, voit son destin chamboulé par le hasard. Lors d’une promenade sur la plage avec son chien Argos , elle découvre un homme blessé, ramené par la mer. En lui sauvant la vie, elle se retrouve impliquée dans des opérations militaires qui se jouent sous ses yeux, car cet homme, Teseo Lombardo, un italien, fait partie d’un groupe de plongeurs qui s’infiltrent par la mer dans le port de Gibraltar, emplacement stratégique pour les Alliés, pour déposer des charges explosives sous les bateaux ennemis. Elena décide de participer aux raids de sabotage. Elle franchira la frontière jusqu’à Gibraltar, où le danger l’attend.
Beau et fort roman d’amour, de mer, de guerre qui évoque par certains côtés les récits d’Homère. Un livre qui nous maintient en haleine. C’est aussi le récit de l’enquête menée par un journaliste d’investigation qui reconstitue, au gré des témoignages recueillis auprès des survivants, cet épisode oublié par les historiens.
2/ Évelyne : « Blizzard » – Marie Vingtgras – Edition de l’Olivier
Blizzard est un roman choral, le premier roman de l’autrice, original et fort réussi.
Tour à tour, chacun des personnages donne son point de vue : Benedict, Cole, Freeman et Bess s'expriment alors qu’un enfant, « le petit » vient de disparaître, il a lâché la main de la personne qui l’accompagnait tandis qu’une violente tempête de blizzard fait rage en Alaska. Chacun des courts chapitres est consacré à l’un de ces personnages qui émet son point de vue, son ressenti, ses secrets, son passé, ainsi, chacun, tour à tour, se dévoile… et cette rédaction fait progresser l’intrigue .
L’écriture simple, le récit bien rythmé conviennent à l’histoire qui raconte toutes ces vies cabossées , cette course effrénée pour tenter de retrouver et de sauver l’enfant égaré dans la tourmente. On est saisi par la température glaciale du décor et par le froid psychologique ressenti, par le suspens : retrouver vivant le petit, égaré dans la tourmente mortelle.
3/ Olivier : « Lire tue » – Philippe Nicolas – Cohen et Cohen
A lire sans modération !
Pourquoi avoir emprunté ce livre intitulé Lire Tue à la bibliothèque municipale ?
Pourquoi avoir ôté le cellophane formant l’ultime protection contre cet objet dangereux ?
Pourquoi avoir poursuivi cette lecture malgré l’avertissement de la première page : « Lisez plus avant vous êtes mort... » ? Cet avertissement sonne comme une menace… Il faut s’enfermer chez soi pour le lire. Un petit livre, un bel exercice de style , addictif, jouissif, astucieux, amusant , mordant, dangereux en un mot ( oui, beaucoup de qualificatifs!) qui confronte le lecteur à sa propre manière de lire, à l’importance que l’on donne aux détails. D’autres présents dans la soirée ont lu le livre. Ils ont adoré.
Olivier a aussi évoqué le livre : « La taille de nos sein »s- Agnès Jaoui, Editions Grasset
Beau livre, tendre, cocasse, intime, joliment illustré à offrir à une adolescente.
4/ Isabelle : « Jour de Ressac » – Marylis de Kerangal- Gallimard. ( Compte rendu rédigé par Isabelle)
Cette lecture a offert à Isabelle une promenade littéraire mémorielle. « Ce roman m’a été offert parce que l’intrigue se situe dans la ville du Havre, ma ville de naissance.
La narratrice est doubleuse de voix au cinéma. Un matin, elle reçoit un coup de téléphone du commissariat du Havre lui annonçant que le corps d’un homme a été retrouvé sur les galets de la plage du Havre , il avait dans la main un ticket de cinéma sur lequel était noté son N° de téléphone.
Au-delà de la surprise, la voilà projetée dans un espace-temps oublié de son ancienne vie.
Au gré de ses souvenirs, c’est l’occasion d’une déambulation dans cette ville portuaire avec sa Porte Océane, l’Église Saint Joseph et la digue qui protège l'avant-port, se rappelant : « le jour où la mer avait été visible depuis la gare, le jour où on l'avait réellement discernée depuis le bout des rails, telle une strate plus sombre à la base du ciel, c'est au matin du 7 septembre 1944, une fois la ville aplatie, laminée, rasée par les Alliés » et reconstruite selon les plans d'Auguste PERRET dans une architecture austère qui se voulait moderne.
Elle va vivre un véritable « jour de ressac ».
Un ressac émotionnel, va et vient continu entre passé et présent auquel s'ajoutera au cours de cette journée un véritable ressac, le retour brutal d'une énorme vague qui se fracasse sur la digue et l'envoie valdinguer. »
Isabelle ne nous a pas tout dit car il faut aller au bout du livre pour découvrir la chute.
5/ Geneviève : « Le Propre et le Sale » – Georges Vignarello – Editions du Seuil
Une étude historico-sociale de la propreté où l’eau et la toilette tiennent un rôle capital, qui explique et analyse les conditions et les croyances de l'hygiène du Moyen Age à aujourd'hui.
Des conseils, quelques fois douteux qui évoquent pour Geneviève, cette période fatidique du Covid où tout et n’importe quoi était dit en matière de conseil et de prévention.
Geneviève nous fait lecture d’un passage savoureux concernant un bain pris par Sully, éminent conseiller du roi Henri IV. La scène se passe en 1610. Le roi apprend que son compagnon d’arme vient de prendre un bain, il serait donc contagieux, il ne faut donc pas courir le risque de sortir pour être plus exposé car la crasse était censée protéger la peau des microbe ( il aurait dû d’ailleurs rester cloîtré toute l’année, car c’est celle de son assassinat!)
Pour mettre en exergue ses propos, Geneviève évoque les Romains qui attachaient la plus grande importance à la qualité de l’eau qu’ils buvaient et dans laquelle ils se baignaient régulièrement. Ceci les a amenés à construire aqueducs, thermes, système de canalisation perfectionné, égouts, latrines...a.
Livre dense, instructif, bien documenté.
6/ Franck : « Leçons » – Ian McEwan – NRF Gallimard ( Compte rendu rédigé par Franck)
Un gros « pavé » de 600 pages qui raconte l’histoire de la vie et les désillusions de l’aspirant poète, l’antihéros Roland Baines. C’est un roman ambitieux.
Au début du roman, Roland Baines, apprenti poète, se retrouve seul avec son fils âgé de 6 ans. Sa femme a décidé de consacrer sa vie à l’écriture et pour cela abandonne sa famille.
Miroir inversé de ces histoires où des femmes seules avec enfant doivent lutter dans des conditions économiques difficiles, c’est ici la vie de Roland et ses désillusions que nous allons retrouver tout au long de ce roman d’une incroyable richesse.
Il y a d'abord ces étranges leçons de piano au pensionnat où Roland devient le jouet sexuel de sa professeure, Miriam Cornell qu’il retrouvera 40 ans plus tard. Il ne manquera pas alors de rappeler à cette femme le trauma que lui a occasionné ces leçons toutes particulières dans sa future vie sentimentale.
Ensuite, alors que sa femme, devenue une auteure allemande de premier plan, réapparaît en filigrane dans le roman et, d’une certaine manière, le clôturera, Roland nous emmène dans tous les travers de sa vie, ses petits boulots pour subsister, pianiste de bar, poète de slogans publicitaires, jusqu’à son mariage avec Daphné, son dernier amour, la mort de celle-ci et ce moment assez fou où, rejoint au bord d'une rivière par l'ex de Daphné, les deux vieillards règlent à coup de poing le privilège de répandre les cendres de celle-ci.
Cette scène tragi-comique comme beaucoup d’autres dans le livre écrivent l’histoire d’une vie faite de petits riens, mais, et c’est là grand talent de Ian Mac Ewan, toujours inscrite dans la Grande Histoire qui agit en toile de fond indispensable de cette véritable fresque de la société britannique de ces soixante dernières années avec ses baby-boomers.
Ian Mac Ewan n’a certainement pas de Leçons de vie à donner à quiconque, mais nous rappelle, avec son incroyable talent, toutes celles que nous pouvons retirer de nos propres existences et comment nous y trouvons notre compte... ou pas.
7/ Catherine : « Des mille et une façons de quitter la Moldavie »-Vladimir Lortchenkov -Pocket.
Livre édité en 2006, traduit en français en 2014 . Intéressant de le relire, dans le contexte actuel.
Il est rédigé sous forme de sketchs où l’absurde déjanté et caustique est poussé au paroxysme . Il raconte le rêve des habitants d’un petit village moldave, Larga - la Moldavie un des pays les plus pauvres d’Europe- Ses habitants n’ont qu’un rêve, un besoin impérieux, vital, celui d’ aller vivre en Italie, l’Eldorado où il fait bon vivre et où chacun connaît la prospérité. Tous les moyens, stratagèmes, subterfuges sont bons pour tenter d’accéder à ce paradis, et l’imagination de certains est flamboyante ! Toutes ces tentatives avortent , mais la détermination de chacun reste vive.
Pourtant l’Italie, par l’écrivain, est tour à tour diabolisée, mystifiée, stigmatisée.
8/ Daniel : « Rue de la Sardine »-John Steinbeck- Folio
Steinbeck est né en Californie, pas très loin du quartier de Monterey, pauvre, sale, puant, malfamé où se déroule cette histoire , une fresque sociale rocambolesque qui dépeint et explore avec ironie la vie quotidienne ordinaire de la société américaine au cours des années de la grande Dépression.
Le quotidien de ce quartier est rythmé par l’industrie de la pêche à la sardine et sa conserverie. Une communauté y vit malgré les conditions de vie difficiles dans la bonne entente.
Les descriptions sont luxuriantes, réalistes, les situations absurdes, souvent, terribles, mais toujours teintées d’humour noir et d’humanisme, sans misérabilisme
Il faut relire Steinbeck, il est toujours d’actualité !
9/ Jacky : « Le bourreau affable » – Ramon José Sender- Le nouvel Attila
Ramon José Sender (1901-1982), un peu oublié aujourd’hui, est un écrivain, dramaturge, essayiste et poète espagnol. Il reçoit en 1935 le Prix National de Littérature .
Ce libre épuisé depuis plusieurs années, reparaît aujourd'hui dans un bel écrin rouge grâce au Nouvel Attila, précieuse maison d'édition qui a entrepris de rééditer toute l'œuvre de ce grand écrivain.
C’est un des romans emblématiques de cet auteur. Le picaresque espagnol est à l’honneur.
C’est lors d’une exécution capitale que Ramiro, le héros, un bâtard, se raconte. Brillant, insolent, philosophe, « potentiellement amoureux de toutes les femmes » et doué pour tous les métiers, il a vécu, de couvent en prison, de maison close en cirque ambulant, une série d’aventures et de rencontres qui rappellent de près le propre parcours de Sender.
10/ Michèle : « Oradour sur-Glane » – Nicolas Bernard – Tallandier/Ministère des Armées.
Michèle a été marquée par un événement récent ; Elle raconte : « Lors d’une conférence j’ai été confrontée à un auditeur et j’ai été sidérée par ses divers propos interpellatifs et négationnistes parmi lesquels, je cite : « Oradour -sur-Glane, n’est pas le terrifiant massacre qu’on raconte et la Division SS Das Reich n’y était pour rien ». Aussi dès que j’ai vu dans notre chère librairie le récent ouvrage de Nicolas Bernard Oradour sur-Glane 10 juin 1944, Histoire d’un massacre dans l’Europe nazie , je l’ai acheté , pour mieux analyser les nombreux détails de ce drame, confortés par de nouveaux documents mis à disposition par les archives de l’Armée ».
Ce début juin, quatre jours après le débarquement des Alliés en Normandie, cette petite bourgade située près de Limoges va être livrée au pillage, entièrement brûlée et rayée de la carte - 643 victimes sont dénombrées dont 222 femmes, 147 écoliers âgés de 6 à 14 ans, 68 enfants de moins de 6 ans.
Ce même jour, en Grèce à Distomo, la 4ème division SS subit le même sort : 218 victimes dont 53 enfants de moins de 16 ans. ( La date du 10 juin semble être fatidique dans l’éradication de villages)
Depuis les ruines du village martyr constituent l’un des symboles les plus poignants de la barbarie nazie. Qui est à l’origine de cette horreur, pour quels motifs, pourquoi les principaux responsables ont-ils échappé à la Justice après la fin du conflit ? Et surtout pourquoi ce carnage a-t-il d’avantage frappé les esprits que bien d’autres atrocités ?
Ce livre répond complètement à ces questions et met en exergue l’histoire même du Troisième Reich , de ses stratégies de domination et clarifie les causes de ces drames.
Ici, tout est affaire d’apologie et de représentations : les nazis ont voulu faire d’Oradour un symbole de leur tout puissance meurtrière .
Pour les négationnistes, éradiquer le souvenir d’Oradour revient à éliminer un symbole de la barbarie hitlérienne. S’ y mêle aussi une accusation xénophobe, à savoir que les maquis étaient aussi constitués d’ Espagnols républicains qui , selon eux, pillèrent, violèrent et massacrèrent dans la région de Limoges. L’allusion s’inspire de la propagande vichyste, ciblant ces réfugiés ayant fui la guerre civile d’Espagne . Pourtant dans ce village 19 femmes et enfants espagnols seront assassinés le 10 juin 44.
Denise Bardet institutrice qui périra dans l’église d’Oradour écrivait dans ses carnets : « le signe de l’amitié c’est de dire la vérité et de l’entendre. »
Le choix de nos libraires :
11/ Marlies : Deux livres qui pourront faire d’excellents petits cadeaux pour Noël.
« Journal d’Edward, Hamster nihiliste (1990-1990) » – Myriam et Elia Ezra – Flammarion.
C’est le journal intime d’un hamster philosophe incompris, à la brève existence qui s’interroge sur le sens de la vie. C’est hilarant, mais les réflexions d’Edward sont aussi un état d’esprit.
« L’Étoile de Mo Aventures forestières »– Yeonju Choi -Hélium – Actes Sud
Un roman graphique pour les jeunes enfants, (que les adultes aimant particulièrement les chats pourront aussi apprécier) joliment illustré, délicatement présenté, qui raconte l’histoire du chat Mo, insomniaque, qui part à la recherche d’une étoile, il trouvera au bout de son périple un ami particulier.
12/ José : « L’alphabet du silence »- Delphine Minoui- Collection Proche
La Mémoire du Monde accueillera cette écrivaine-journaliste le 12 décembre.
Ce livre est sélectionné pour le Prix littéraire des lycéens et apprentis de la Région Paca.
C’est l'histoire, inspirée de faits réels, d'un couple de jeunes intellectuels aux prises avec le pouvoir en Turquie suite à la simple signature d'une pétition qui mènera le mari et père en prison.
De la même autrice José rappelle aussi l’admirable livre « Badjens » qui évoque la réalité du quotidien des femmes iraniennes, fliquées jusqu’à en mourir, leur besoin de rébellion, leur cri de liberté.
13/ Miguel : « Grégory »- Pat Pernat Christophe Gaultier avec Jean Marie Villemin. Editions les Arènes.
Une Bd sur l’affaire Grégory qui sera présentée, faute de temps lors de la prochaine séance.
Venez nous rejoindre dans les soirées du club littéraire,
c’est ouvert à tous,
parlez-en autour de vous.

1/ Delphine : « l’Opoponax » - Monique WITTING- Editions de minuit
L’Opoponax, c'est peut-être, c'est même à peu près sûrement le premier livre moderne qui ait été fait sur l'enfance. Le livre raconte l’histoire d’une petite fille, de la maternelle à la fin de sa scolarité. Un livre à hauteur d’enfant. L’autrice utilise le pronom indéfini « on » comme instance narrative ce qui lui permet de dénoncer la domination masculine mais aussi de voir l’enfance dans son universalité. Delphine a été captivée par ce récit.
2/ Franck : « Bien être » - Nathan HILL- Gallimard
À l’aube des années 1990 à Chicago, en pleine bohème artistique, un homme et une femme vivent l’un en face de l’autre et s’épient en cachette. Rien ne semble les relier — elle est étudiante en psychologie, lui photographe rebelle. Mais lorsqu’ils se rencontrent enfin, le charme opère et l’histoire d’amour démarre aussitôt entre Elizabeth et Jack. On retrouvera ce couple a des dates différentes. Un livre avec beaucoup d’humour et très documenté. Un livre que Franck n’a pas lâché du début à la fin.
3/ Frédérique : « Les vaisseaux du cœur »- Benoite GROULT- Livre de poche
Un amour à fleur de peau, de cœur entre 2 êtres que tout sépare. Qui saura, entre homme et femme, inventer une passion qui ne s'use pas ? Qui saura, malgré le temps qui passe, préserver les belles amours de leurs disgrâces quotidiennes ?
Tel est, au fond, le secret de ces deux êtres que tout sépare, mais que d'intenses ferveurs rapprochent. Lui, c'est un marin breton, elle est une intellectuelle parisienne. Ils ne se ressemblent guère, un monde d'usages ou de convenances. Un livre vibrant que Frédérique a donné envie de lire ou de relire.
4/ Mikaela : « Alma » – Timothée de FOMBELLE ( trilogie ) Gallimard Jeunesse
1786. Le jour où son petit frère disparaît, Alma part sur ses traces, loin de sa famille et de la vallée d'Afrique qui les protégeait du reste du monde. Au même moment, dans le port de Lisbonne, Joseph Mars se glisse clandestinement à bord d'un navire de traite, La Douce Amélie. Il est à la recherche d'un immense trésor. Dans le tourbillon de l'Atlantique, entre l'Afrique, l'Europe et les Caraïbes, leurs quêtes et leurs destins les mènent irrésistiblement l'un vers l’autre.
Mikaela avec détermination nous a raconté sa passion pour la saga ALMA, qui manifestement la fait rêver tant il y a des émotions, des rebondissements, avec des personnages attachants qui possèdent des dons. Certes un livre dans une collection jeunesse mais qui enchanter les adultes.
5/ Jacky : La barque de Masao- Antoine CHOPLAIN- Ed Buchet-Chastel ( Compte rendu écrit transmis par Jacky)
Masao est ouvrier sur l'île de Naoshima (Japon). Ce soir-là, en quittant l'usine, il découvre Harumi venue l'attendre plus de dix ans après leur dernière entrevue. Des rendez-vous, emplis de pudeur et d'humanité, vont ponctuer leurs retrouvailles. Ce face à face ravive les souvenirs... Remonte à la mémoire de Masao, cette histoire d'amour superbe et dramatique avec Kazue, la mère d'Harumi. Les années passées comme gardien du phare d'Ogijima.
Antoine Choplin nous embarque au Japon sur une de ses nombreuses îles (14125). Masao un ouvrier rectifieur retrouve sa fille Harakumi jeune adulte qu’il avait confié à ses grands-parents à la mort de sa mère. Elle est assistante architecte et elle vient présenter à son père son projet de musée. Outre les retrouvailles qui se font dans la simplicité et un amour réciproque, Choplin explore les différents niveaux de perception d’un art-isan (Masao passe le peu de temps qu’il a à construire une barque) et d’une art-chitecte qui s’est hissée hors du monde populaire grâce à l’abnégation des grands-parents et au sacrifice de son père qui a vendu sa barque magnifique pour financer une partie des études de sa fille. Masao est un homme seul, avant l’usine il a été gardien de phare où il a éprouvé et aimé la solitude et la poésie …
Saura-t-il partager avec sa fille une compréhension du monde marquée par la condition ouvrière et combler l’écart de connaissances ? Tout en délicatesse et respect pour l’autre, la réponse est oui, oui, oui. Magnifique…
6/ Miguel : Tsunami – Marc DUGAIN- Le livre de poche
Ce roman nous fait un président de la république qui gouverne une France de plus en plus agitée. Sollicité à chaque seconde, menacé par des affaires compromettantes dont lui seul a la clé, on découvre, dans ce roman vrai, au-delà des apparences, sa vie quotidienne chaotique, et c’est fascinant. Il veut réformer mais hésite souvent.
Marc Dugain nous ouvre les portes de l’Élysée, palais byzantin, plongé dans une ambiance fébrile. Il dévoile avec une férocité lucide, les secrets du pouvoir, la manière dont les décision sont prises. On alterne les rôles publics avec les scènes privées. Beaucoup de rebondissements. C’est passionnant à lire et nous fait voir l’actualité avec un autre regard.
7/ Catherine : Histoire d’un fils -Marie -Hélène LAFON – Buchet-Chastel
Le fils, c’est André. La mère, c’est Gabrielle. Le père est inconnu. André est élevé par Hélène, la sœur de Gabrielle, et son mari. Il grandit au milieu de ses cousines. Chaque été, il retrouve Gabrielle qui vient passer ses vacances en famille. Entre Figeac, dans le Lot, Chanterelle ou Aurillac, dans le Cantal, et Paris, Histoire du fils sonde le cœur d’une famille, ses bonheurs ordinaires et ses vertiges les plus profonds, ceux qui creusent. Le roman se présente comme un scénario. Les chapitres sont des dates. Beaucoup d’ampleur dans le récit ,un style très enlevé. Il est question du déterminisme social
8/ Isabelle : Jacaranda - Gaël FAYE- Grasset. ( Compte rendu écrit transmis par Isabelle)
Ce qui m’a accroché tout d’abord c’est la couverture du livre et son titre JACARANDA. En effet, cet arbre ou flamboyant bleu, espèce subtropicale, m’a enchantée durant mon long séjour en Afrique du Sud. Ses fleurs violettes transformaient les rues en un paradis dans un pays qui n’en était pas vraiment un. Dans ce roman, le Jacaranda joue un rôle important pour l’un des personnages, Stella. L’histoire se déploie sur 4 générations : Entre celle de Rosalie qui a vécu dans un Rwanda pré-ethnique et celle de Stella, dans un Rwanda post-ethnique, qui a enregistré les souvenirs de Rosalie pour garder la mémoire de ce passé révolu. Entre elles deux, 3 générations vont vivre la racialisation de la société rwandaise. Tutsi et Hutu désignaient un statut social en fonction de ce que les gens possédaient, entre ceux qui possédaient du bétail et ceux qui travaillaient la terre. C’est ainsi que dans une même famille il pouvait y avoir des Tutsis et des Hutus. La colonisation belge et bien sûr l’église ont construit une hiérarchie des races notamment sur des critères morphologiques. C’est un long processus qui s’est construit sur une idéologie et la marginalisation d’un groupe en l’occurrence les Tutsis. Sans dévoiler l’histoire, Gaël FAYE, par la voix de son personnage principal Milan qui cherche à comprendre les silences de sa mère et à exhumer les secrets familiaux, tente de retracer l’histoire des victimes et des bourreaux. Comme une mise en perspective où chacun s’essaie au dialogue et au pardon.
Et pour conclure, comme Gaël FAYE a dit lui-même dans une interview : « Quoi de mieux qu’un arbre pour raconter une histoire de racine et de mémoire »
9/ Geneviève :Samarcande- Amin MAALOUF- Livre de poche
Samarcande , c'est la Perse d'Omar Khayyam, poète du vin, libre penseur, astronome de génie, mais aussi celle de Hassan Sabbah, fondateur de l'ordre des Assassins, la secte la plus redoutable de l'Histoire.
Samarcande, c'est l'Orient du XIX siècle et du début du XX .le voyage dans un univers où les rêves de liberté ont toujours su défier les fanatismes.
Samarcande, c'est l'aventure d'un manuscrit qui, né au Xie siècle, égaré lors des invasions mongoles, est retrouvé des siècles plus tard.
Une fois encore, nous conduisant sur la route de la soie à travers les plus envoûtantes cités d'Asie, Amin Maalouf, l'auteur de Léon l'Africain, nous ravit par son extraordinaire talent de conteur. Geneviève a été passionnée par ce livre que beaucoup avaient lu, ce qui a donné de beaux échanges.
10/ Marlies : Boucher- Joyce Carol OATES- Ed Philippe Rey
Le terrifiant récit d'un médecin, créateur de la gynécologie prêt à toutes les expérimentations dans un asile pour femmes au XIXe siècle pour se faire un nom dans la recherche médicale.
Un livre manifestement à découvrir.
11/ Josée : L’Amérique et ses prophètes – Greil MARCUS – Editions Galaade
Au lendemain du 11 septembre 2001, le New York Times titrait sa une: "Les États-Unis attaqués". Il avait compris combien, plus qu'ailleurs, l'Amérique pouvait être mise en péril à travers ses symboles. La nation américaine: une invention qui pouvait être détruite comme elle avait été construite.
12/ Josée : Intermezzo – Sally RONNEY- Gallimard
Ivan et Peter, deux frères que les années ont éloignés, se retrouvent à la mort de leur père. Ivan, vingt-deux ans, est un brillant joueur d’échecs, ultrasensible et solitaire. Peter, juriste renommé de Dublin, est un trentenaire aux multiples conquêtes. Tous deux vivent des amours périlleuses pendant ce moment délicat du deuil, intermède de vie où la fragilité n’exclut pas l’aventure.
Venez nous rejoindre dans les soirées du club littéraire,
c’est ouvert à tous,
parlez-en autour de vous.

(Prochaine rencontre le vendredi 8 novembre)
17 participants : des fidèles du club-lecture et des nouveaux venus « pour voir ». 11 livres présentés.
1/ Delphine : « Trust » – Hernan Diaz
Wall Street traverse l'une des pires crises de son histoire. Nous sommes dans les années 1930, la Grande Dépression frappe l'Amérique de plein fouet. Un homme, néanmoins, a su faire fortune là où tous se sont effondrés. Héritier d'une famille d'industriels devenu magnat de la finance, il est l'époux aimant d'une fille d'aristocrates. Ils forment un couple que la haute société new-yorkaise rêve de côtoyer, mais préfèrent vivre à l'écart et se consacrer, lui à ses affaires, elle à sa maison et à ses œuvres de bienfaisance.
Tout semble si parfait chez les heureux du monde... Pourtant, le vernis s'écaille, et le lecteur est pris dans un jeu de piste. Et si cette illustre figure n'était qu'une fiction ? Et si derrière les légendes américaines se cachaient d'autres destinées plus sombres et plus mystérieuses ?
Le procédé narratif très original, en quatre parties qui s’emboîtent parfaitement qui racontent les épreuves et les ennuis d’un magna de la finance . L’auteur nous balade allègrement, joue avec les ellipses, des ruptures de style.
Un livre que Delphine n’a pas lâché !
2/ Isabelle : « Lettre au père » – Franz Kafka
Kafka a grandi dans une famille juive allemande de la classe moyenne, où son père était un homme autoritaire et violent. Hermann Kafka a souvent critiqué son fils et a eu des attentes élevées pour lui, ce qui a créé une tension entre eux.
Cette lettre est particulièrement touchante comme témoignage des conséquences que peut engendrer une relation toxique entre un parent et son enfant.
Le récit se découpe en deux parties :
La 1ère témoigne de la tyrannie du père sur le fils.
La description des abus et humiliations subis par Kafka est éclairante sur ce que ce genre de comportement peut engendrer comme sentiment de peur et d’insécurité chez un enfant.
Les descriptions , par la force de l’écriture, révèle l’intensité de la douleur subie et son cortège d’émotions.
La 2ème partie est tout aussi émouvante même si le récit est plus analytique. En effet, Kafka tente de justifier ses choix de vie en décrivant comment l’emprise de ce père a pu influencer ses décisions. Pour exemple la rupture de ses fiançailles avec Julie en 1919.
Même son choix d’une vie d’artiste et d’écrivain, comme une échappatoire à cette emprise, a montré ses limites.
En résumé ce texte très personnel et émouvant, au-delà de la rencontre avec l’auteur, est une remarquable analyse psychologique de ce phénomène d’emprise dont il est bien difficile de s’extraire.
3/ Hélène : « Naufrage de Venise » - Isabelle Autissier
L'histoire commence alors que la catastrophe a déjà eu lieu : Venise s'est effondrée. Une vague, une seule, gigantesque et mortifère, a suffi à l’engloutir tout entière et à réduire sa magnificence à néant. Le système MOSE (Moïse), savante et impérieuse combinaison de soixante-dix-huit écluses installées à grands frais et supposées – comme le prophète – apprivoiser les eaux capricieuses de la lagune, a bel et bien failli. La ville est détruite, les victimes innombrables. Tout cela a fait de nombreuses victimes dont Guido, gravement blessé, architecte, entrepreneur ambitieux, qui ne jure que par le développement économique et le tourisme de masse de sa ville . Son épouse, descendante d’une noble lignée, est passéiste. Quant à leur fille Léa, dix-sept ans , ses convictions écologistes sont incompatibles avec les intérêts paternels.
C’est un roman qui offre une description attachante de Venise qui met en exergue le conflit des générations , et le déni environnemental.
Hélène le recommande chaudement.
4/ Laura : « L’aveuglement » – José Saramago
Le livre de José Saramago, Prix Nobel en 1998, raconte qu’il faut parfois devenir aveugle pour réussir à voir la face cachée et essentielle des choses. La cécité blanche ravage tout un pays en proie au chaos et se propage à une vitesse fulgurante. Les victimes sont mises en quarantaine. Parmi eux, un ophtalmologiste contaminé par un de ses malades, un groupe de patients et sa femme, qui n’est pas contaminée, mais qui, par solidarité suit son époux.
Ce roman d'anticipation est brillant, entraînant et addictif. Oppressant et nauséabond à souhait. Fourmillant de messages existentiels à la pelle.
L'écriture est intelligente et sait nous tenir en haleine.
5/ Jacky : Qu’est- ce qu’un homme sans moustache ? Anté Tomic
"Un homme sans moustache est un homme sans âme"(Confucius)
Jacky est un fan de cet auteur dont il nous a présenté le dernier roman lors de la précédente soirée littéraire. Le roman se déroule dans l’arrière-pays dalmate, en Croatie, à Smiljevo et met en scène de nombreux personnages, savant mélange où l’on retrouve une veuve joyeuse, un prêtre très alcoolique, un épicier, un poète… tous haut en couleurs. Du Pagnol à la sauce dalmatienne, à la saveur irrésistible . Jacky nous donne lecture d’un extrait qui met bien en évidence la vie mouvementée de ce petit village, c’est plein d’humour.
A lire d’urgence pour être de bonne humeur !
6/ Michèle : « Camus chez les Justes – Le Chambon-sur-Lignon »
Au cours du mois de mai 1942, alors qu’il réside à Oran avec son épouse Francine, Albert Camus est confronté à une rechute de la tuberculose. Sur les conseils express de médecins, il doit aller se reposer en altitude. Il séjournera au Panelier, près de Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire, d’août 42 à novembre 43, chez Sarah Oettly, une parente de sa femme.
Cette pause contraignante sera prolifique pour son œuvre (remaniement de Caligula, rédaction du Malentendu, Premières Lettres à un Ami allemand…). Cette retraite dans ce petit hameau a nourri la seconde version de La Peste (lieux, personnages, attitudes…) Chambon-sur-Lignon sera aussi, peu à peu, l’entrée en résistance de Camus.
Au Panelier, Camus vit en exil, dans la précarité, l’insécurité, le silence, l’austérité mais il a rapidement perçu la solidarité qui imprègne ces lieux.
Ce livre rédigé collectivement sous la direction d’Anne Prouteau, présidente de la Société des Études Camusiennes , illustré par l’algérois Jacques Ferrandez rappelle l’importance de ce séjour dans l’œuvre de Camus et donne un éclairage plus vibrant sur la vie de l’écrivain.
Ce livre rappelle à Michèle ( grande admiratrice et connaisseuse de l’œuvre de Camus) les bons souvenirs des deux jours de rencontres, d’échanges amicaux enthousiastes et de balades bucoliques en juillet 2021 organisés par la SEC et l’Association pour la mémoire des enfants cachés et des Justes (Vice-Présidente Eliane Wauquiez).
Un livre à détenir dans sa bibliothèque pour tous les camusiens !
7/ Stéphanie : « Cueilleur d’essences » – Dominique Roques
Depuis trente ans, Dominique Roques approvisionne la palette des parfumeurs en extraits de plus de 150 matières premières, venues de près de 50 pays.
Il parcourt les continents pour trouver les extraits de fleurs, feuilles, fruits ou bois, senteurs d’exception que les « nez » assemblent dans leurs formules. Au fil de ses voyages, il nous entraîne à la rencontre d’hommes et de femmes aux savoir-faire immémoriaux. Cueilleurs de fleurs en Bulgarie ou en Inde, bouilleurs de gomme en Andalousie, gemmeurs au Salvador ou au Laos, cultivateurs de patchouli ou de lavande, planteurs de santal, distillateurs de vétiver ou de bergamote… Tous participent d’une histoire de trois mille ans qui offre aux parfumeurs la rose et le jasmin, le oud et l’encens, le benjoin et la vanille.
Avec humanité, passion et poésie, Dominique Roques nous raconte cet héritage fascinant et fragile.
Stéphanie, nouvelle venue dans le club littéraire a su nous passionner en présentant ce livre qui nous offre voluptueusement un voyage géographique, ethnologique autour de la terre, voyage à travers les odeurs qui vont devenir senteurs dans les parfums.
8/Miguel : « Et la lumière fut » – Jacques Lusseyran
Voilà un livre formidable dans lequel l’auteur raconte comment à l’âge de 8 ans il est devenu aveugle lors d’un accident survenu dans son école. Il y a 3 grandes parties dans son livre . D’abord l’enfance et sa résilience suite à l’accident. Puis sa période d’ engagement dans la résistance à l’ennemi à Paris. Il devient un chef important d’un réseau de jeunes gens. Enfin son arrestation et sa déportation au camp de Buchenwald. L'acceptation de son handicap très jeune a forgé une capacité d'adaptation et une force intérieure peu communes, qui se sont révélées être indispensables pour vivre dans un premier temps, puis survivre afin de sortir de l'enfer de Buchenwald.
« On me disait qu'être aveugle, cela consistait à ne pas voir. Je ne pouvais pas croire les gens, car moi je voyais. »
Le récit de Jacques Lusseyran est d’une force incroyable. Il y décrit les moments de sa vie , si riche avec une poésie, une justesse et une grande humanité. Voilà un livre qui nous donne un sentiment que tout est possible si l’on fait confiance. Dans la suite de sa vie il aura une belle carrière d’universitaire aux USA. Il trouvera la mort dans un accident de voiture à 47 ans.
/ Les coups de cœur des libraires :
Très en forme José nous a présenté ses 3 coups de cœur de libraire parmi tous les livres parus dans cette période . Elle annonce que le lien entre les 3 ouvrages présentés peut se résumer ainsi : « être juste dans un monde de plus en plus chamboulé ».
9/ José : « La mission » - Richard Morgiève
Jean-Paul, adolescent, rejoint la résistance dans la campagne de l'Ardèche en juin 1944. Il fuit aussi l'Assistance Publique qui le place dans les fermes où il est exploité. Il découvre une résistance avec des membres sincères et d'autres qui profitent du contexte pour exercer leurs désirs de violence et régler des comptes. Lui-même, doit fuir non pas les Allemands, mais ce réseau. À un moment, il rencontre un déserteur alsacien allemand blessé dont il tombe amoureux. Avant de mourir, l'alsacien lui donne la mission de rejoindre le territoire d'un ancêtre aux USA, dans l'Idaho. Jean-Paul décide d'assumer cette mission qui prend pour lui un caractère sacré. Son parcours pour y arriver suit des chemins inattendus…
10/ José : « Fort Alamo » - Fabrice Caro
Devant la caisse du supermarché, Cyril maudit en silence le type qui l’a doublé l’air de rien. Quelques minutes plus tard, le resquilleur s’effondre sur le carrelage, foudroyé. Une série de faits similaires se produisent : les personnages dont il pense du mal meurent d’un coup ! Tout cela le plonge évidement dans une angoisse existentielle. Mêlant l’humour et la mélancolie, l’acidité et la tendresse, Fabrice Caro excelle dans l’art du gag métaphysique.
11/ José : « Aurais-je été sans peur et sans reproche ? » - Pierre Bayard
L’ancêtre du Chevalier Bayard (qui était , dit-on sans peur et sans reproche) se pose des questions ! Finalement il décide d’enquêter sur l’illustre chevalier et de dialoguer avec lui …
« Je me suis souvent demandé comment mon ancêtre le chevalier Bayard – réputé sans peur et sans reproche – avait pu sereinement, au fil de ses batailles, tuer des centaines de personnes innocentes.
Afin d’expliquer ce mystère et de savoir comment je me serais moi-même comporté si j’avais vécu à son époque, je ne vois qu’une solution : voyager dans le passé à sa rencontre, discuter avec lui et ses contemporains en tentant de comprendre leur mentalité et, s’il accepte de m’écouter, lui faire entendre raison ».

17 présents.
Ce fut une soirée festival de livres avec en plus de la présentation par chacun d’un livre, l’exposition par nos libraires de leurs coups de cœur des livres de la rentrée. Encore une bien belle soirée d’échange.
1/ Laurence "Qui se souviendra de Phil-Joe Marcus Malte- Zulma
Il y a toujours des inventeurs géniaux dont la découverte reste à jamais inconnue, empêchée ou censurée ? Phily-Jo est de ceux-là. Sa machine à énergie libre, la FreePow, est révolutionnaire. Elle permet l’accès de tous à l’électricité gratuitement. Aussi la mort brutale de Phily-Jo demeure un mystère pour ses proches. Meurtre ou suicide ? Une conspiration du grand capital prompt à freiner tous les progrès humanistes ? Les héritiers et disciples de Phily-Jo se lancent tour à tour dans une quête de vérité qui les mène au cœur du Texas, ses couloirs de la mort et ses champs pétrolifères. Toutes les hypothèses sont exposées. Mais qui croire, à la fin ? C’est un roman à l’ humour décapant. Toutes les manipulations apparaissent crédibles : emprise du capitalisme, mensonge, complot, ou pouvoir du récit... Vertigineux et époustouflant !
Laurence nous dit avoir vacillé dans ses certitudes à la lecture de ce livre très surprenant qui rend hommage à la littérature avec un question de fond : qu’est-ce que la vérité ?
2/ Miguel : « Spinoza l’homme qui a tué Dieu » de J.R Dos Santos- Editions Herve Chopin – Sortira en format poche ( Pocket) le 17 octobre 2024.
J.R. Dos Santos nous livre sous forme romanesque un ouvrage ( 570 pages) très agréable à lire qui éclaire et met en scène de façon très vivante le jeune Spinoza puis l’étudiant qu’il est devenu et le philosophe accompli qui va révolutionner la façon de penser.
Comme à son habitude JR.Dos Santos nous propose un livre très documenté qui expose les grandes idées de Spinoza exprimées dans leur cheminement. On le voit se poser des questions, hésiter, cheminer avec ses amis, dialoguer avec la pensée de Descartes , débattre avec Leibnitz, s’affronter avec ses contradicteurs et ses ennemis, exposer clairement les grandes thèses contenues dans ses livres majeurs : l’Ethique, le Traité théologico-politique ou le traité de la réforme de l’entendement..
A la suite de J.R Dos Santos on accède à ce qu’a voulu exposer Spinoza en établissant que Dieu = la nature, que l’homme n’est pas un empire. On approche ce que sont les affects et passions tristes, ce que veut dire que d’être déterminé et conditionné, ce que sont les façons de raisonner pour être libre, ce que procure la Joie de la connaissance.
Après avoir lu le livre on peut plus facilement revenir à des ouvrages plus savants ou aux textes du philosophe lui-même.
3/ Evelyne : « La Goûteuse d'Hitler » de Rosella Postorino
L’autrice raconte l’histoire vraie de Margot Wôlk, dans le roman elle s’appelle Rosa.
1943. Terrorisé à l’idée que l’on attente à sa vie, Hitler a fait recruter des goûteuses. Avant chaque repas et collation que doit prendre Hitler une goûteuse doit suivre le protocole. Quand les S.S. lui ordonnent de porter une cuillerée à sa bouche, Rosa s’exécute, la peur au ventre : chaque bouchée est peut-être la dernière. Mais elle doit affronter une autre guerre entre les murs de ce réfectoire : considérée comme « l’étrangère », Rosa, qui vient de Berlin, est en butte à l’hostilité de ses compagnes, dont Elfriede, personnalité aussi charismatique qu’autoritaire. Pourtant, la réalité est la même pour toutes : consentir à leur rôle, c’est à la fois vouloir survivre, pouvoir se sustenter , obtenir un petit pécule et accepter l’idée de mourir.
Évelyne a exposé avec émotion ce roman saisissant et envoûtant qui, en explorant l’ambiguïté , interroge ce que signifie être et rester humain.
4/Jules « Six philosophies dans le salon » de Ilaria Gaspari -Flammarion, collection Champs
De façon jubilatoire Jules nous a raconté une de ses lectures estivales : la rencontre avec 6 philosophies antiques qu’il a mises en application dans son quotidien.
L’histoire : Au cours d'un déménagement, Ilaria Gaspari, docteur en philosophie, a une révélation. Et si les philosophes grecs pouvaient vraiment nous apprendre à mieux vivre ? La voilà qui se lance le défi de prendre au mot les penseurs de l'Antiquité, histoire de remettre de l'ordre dans son appartement et dans sa tête. A travers une chronique de six semaines, chacune suivant les préceptes d'une école philosophique différente, la jeune femme nous entraîne dans une expérience existentielle étonnante, tantôt grave, tantôt désopilante, et toujours empreinte de sagesse.
Jules a suivi scrupuleusement le programme puisqu’un semaine il était septique, l’autre cynique, l’autre pythagoricien, puis élatique, stoïcien et épicurien. Une belle façon de voir différemment la vie et d’apprendre beaucoup de choses philosophiques. Qu’en a dit son entourage ??
5/ Delphine : « Le prince des marées » de Pat Conroy.
Le Prince des marées, paru en 1986 est aujourd'hui réédité dans une traduction révisée.
Au cœur des somptueux paysages maritimes de la Caroline du Sud, cette « histoire d'eau salée, de bateaux et de crevettes, de larmes et de tempêtes » fouille la mémoire d'une famille dysfonctionnelle, dans un Sud profond encore marqué par la ségrégation raciale.
Tom, Luke et Savannah Wingo ont été élevés à la dure, entre joies et tragédies, par un père pêcheur de crevettes, alcoolique et violent, et une mère fantasque et mythomane. C'est cette vie-là que va raconter Tom à la psychiatre Susan Lowenstein après la énième tentative de suicide de sa sœur, désormais installée à New York. Pour aider la thérapeute à sauver Savannah, Tom accepte de se replonger dans les souvenirs d'une enfance marquée par un terrible secret.. Ses confessions, empreintes d'humour et d'émotion, vont faire revivre la bouleversante saga du clan.
Delphine a été passionnée par l’écriture précise et poétique de cette œuvre, par ces personnages attachants qui habitent les plus de 1000 pages du roman.
6/ Michaëlla : « Derniers fragments d’un long voyage » de Christiane Singer-Albin Michel
C’est avec une émotion bien palpable que Michaëlla nous a parlé du dernier livre de Christiane Singer dont elle connaît la plupart des ouvrages.
Atteinte d’une grave maladie, le médecin lui a annoncé qu’il lui restait 6 mois à vivre. Ainsi, du 1er septembre 2006 au 1er mars 2007, elle a tenu le journal de l'épreuve qu'elle traversait.
Au fil des jours, elle a évoqué le corps qui souffre puis s'apaise, l'amour des siens, les visites, les prières (qu'elles relèvent du christianisme, du judaïsme, du bouddhisme, de l'hindouisme, du soufisme), les descentes dans l'abîme et les montées de lumière. Elle a exprimé cette force de disponibilité qui l'habite, cette allégresse profonde à magnifier la vie, à en recueillir la sève dans l'instant le plus infime.
C’est un texte transparent, ardent, délicat. Elle a tout vécu en conscience. Une sorte de testament poignant dédié à l’humanité.
Plusieurs dans le groupe avaient lu le livre et ont confirmé cette grande leçon de vie donnée ici.
7/ Daniel : « Les Derniers rois mages - Chez les Tutsi du Rwanda : chronique d'un royaume oublié » de Paul Del Perugia- Phébus.
Les Derniers rois mages (Gallimard, 1968; Phébus, 1978) se veulent la fidèle peinture de l'antique civilisation du Rwanda. Aucun Blanc ne pénétra dans le pays avant 1894. L'auteur nous expose la splendeur d'une civilisation où les familles, les hommes, les villages vivaient en harmonie avec la nature, au milieu d'immenses troupeaux quasi bibliques, sous un ciel où les astres s'associaient au bonheur humain. Suivant des recettes éprouvées depuis des siècles, la sagesse des hommes rencontrait ici la beauté du monde. Un système de gouvernance très particulier nous a été décrit par Daniel avec un roi, une constitution orale formée de 18 poèmes et 9 mages qui possédaient chacun un bout le constitution ce qui imposait qu’ils soient tous présents pour que cela fonctionne. Et cela a bien fonctionné avec les différentes ethnies.
Tout s’est effondré en 1961 et on sait ce qu'il en est advenu depuis…
La richesse du livre faisait dire à Daniel qu’il lui aurait fallu au moins 30 mn pour bien tout expliquer ! Un véritable coup de cœur.
8/ Isabelle a présenté 2 livres :
« Les tourmentés » Lucas Belvaux- Folio
Isabelle a adoré le livre :« Ça vaut quoi la vie d’un homme ? » pourrait résumer ce roman.
3 personnages :
Skander, ancien légionnaire pour qui la vie n’a plus grand prix.
Séparé de sa femme et de ses enfants, il vit en errance, Sdf.
Madame, riche veuve, qui habite dans une grande demeure avec 2 chiens redoutables et
entraînés à la chasse, sa passion.
Elle aussi, dans son désœuvrement, s’interroge sur le prix de la vie d’un homme et
conçoit un stratagème diabolique.
Elle en confie l’exécution à son majordome, Max.
Max n’est autre qu’un ancien camarade de Skander à qui il va proposer d’être le
protagoniste du scénario écrit par Madame.
Lecture haletante où chacun est comme un pion sur un échiquier.
Partie d’échec où chaque personnage peut à tout moment faire tomber les autres
pour garder sa position.
« Prière aux vivants pour leur pardonner d’être vivants et autres poèmes » de Charlotte Delbo- Livre de Poche ( Présenté au Festival d’Avignon 2024)
Dans des poèmes en vers libres, au contenu saisissant Charlotte Delbo, ancienne déportée évoque tour à tour le portrait de l'homme qu'elle aimait, la jeunesse brisée, les espoirs devenus de profonds regrets, le retour des camps, le silence étrange qui l'entoure, l'étrange culpabilité d'être revenue sauve, et puis les indicibles souvenirs, tous les visages et les prénoms des êtres aimés et disparus, les corps éprouvés jusque dans la mort, et puis parfois aussi, le ressentiment envers les « vivants », ceux qui ne veulent pas savoir, qui préfèrent oublier.
Elle nous a lu 2 poèmes. Nous avons tous été saisis par la force des textes.
9/Anne Marie : « Ultimes paroles » de Jiddu Krishnamurti – Albin Michel
Krishnamurti (1895-1986), l'un des plus grands maîtres du XXe siècle, a marqué du sceau de sa personnalité hors du commun l'histoire du rapprochement de l'Orient et de l'Occident.
A l'encontre de tout sectarisme et de tout dogmatisme, il refuse d'être affilié à une quelconque tendance religieuse. Héritier de la maïeutique chère à Socrate, son enseignement appelant chacun à une "révolution du silence" a fait le tour du monde.
Ce livre rassemble six entretiens conduits entre janvier 1981 et décembre 1985 par Lakshmi Prasad, un de ses proches, dont les questions originales permettent d'éclairer d'une lumière nouvelle sa démarche et ses enseignements sur la science, l'éducation, les valeurs morales ou encore la religion. Toujours d’actualité selon Anne-Marie.
10/ Michèle : « L’horizon de la nuit » de Camilla Grebe- Le Livre de Poche
Michèle a beaucoup lu cet été dont plusieurs « polars » de cette autrice.
Dans les années 2000, dans une grande maison près de Stockholm, vit une famille recomposée. Maria, institutrice avec son nouveau mari Samir, français d’origine marocaine, oncologue, son adorable petit Vincent trisomique, et sa splendide belle-fille Yasmin, 18 ans qui fréquente les garçons , qui s’habille court, qui se maquille avec outrance.
Par une nuit d’hiver, Yasmin disparaît près de la falaise. On retrouve dans ses bottes un message de suicide. Un témoin affirme avoir vu quelqu’un pousser Yasmin en bas de la falaise, mais aucun corps n’est jamais retrouvé. Suicide ou assassinat ?
Bientôt, tout accuse Samir. Est-ce un crime d’honneur .
La vérité se révélera vingt ans plus tard. Le suspense reste entier jusqu’à la fin de la lecture.
C’est un roman psychologique , captivant, assez crédible, bouleversant, chacun des protagoniste se confie, donnant sa version du drame.
Beaucoup de thèmes y sont développés : Religion, racisme, famille recomposée, classes sociales, violence familiale, violence faite aux femmes, handicap...
Nos amis libraires, très en forme nous ont présenté quelques ouvrages marquants de la rentrée dans une rubrique « les choix du libraire ! »
11/ Marlies : « Ilaria » de Gabriella Zalapì - Editions Zoé
Un jour de mai 1980, Ilaria, huit ans, monte dans la voiture de son père à la sortie de l’école. De petits hôtels en aires d’autoroute, l’errance dans le nord de l’Italie se prolonge. En pensant à sa mère, l’enfant se promet de ne plus pleurer. Elle apprend à conduire et à mentir, découvre Trieste, Bologne, l’internat à Rome, une vie paysanne et solaire en Sicile. Grâce aux jeux, aux tubes que les deux chantent à tue-tête dans la voiture, grâce à Claudia, Isabella ou Vito, l’enlèvement ressemble à une enfance presque normale. Mais le père boit trop, il est un « guépard nerveux » dans un nuage de nicotine pense la petite. S’il la prend par la main, mieux vaut ne pas la retirer, ni reculer son visage quand il lui pince la joue. Ilaria observe et ressent tout.
Dans une langue saisissante, rapide et précise, ce roman relate de l’intérieur l’écroulement d’une petite fille qui doit accomplir seule l'apprentissage de la vie.
12/ Jacky
« Les guerriers de l’hiver » d’Olivier Norek - Marcel Lafon
On connaît Olivier Norek par la puissance de ses romans policiers ( A lire avec grand intérêt !). Ici il nous plonge dans le froid mortifère de la Finlande en 1939, alors que Staline convoite ce petit pays limitrophe. Les gens de ce pays ne se laissent pas faire et engagent le combat face aux envahisseurs. Norek nous décrit la personnalité d'un sniper de génie, qui a réellement existé.
C’est un roman de guerre qui de l’avis de tous les premiers lecteurs est tout simplement extraordinaire,
chaque phrase, chaque mot, chaque situation vous entraîne dans cet univers sinistre, et vous fait ressentir comme jamais l'injustice de cette guerre absurde commanditée en haut lieu. Olivier Norek dans une grande qualité d’écriture fait comprendre les enjeux, les moyens et les résultats d'un tel conflit.
« Les enfants de sainte marguerite » Ante Tomic -Noir sur blanc :
Un roman qui décrit finement la population insulaire adriatique. Une histoire rocambolesque et drolatique émaillée de rebondissements improbables, hommage à sainte Marguerite, dernier recours des couples infertiles, mais en premier lieu merveilleux roman d’amour qui réconcilie le lecteur avec l’humanité.
« Le rêve du jaguar » de Miguel Bonnefoy - Payot et Rivages
Une saga vibrante aux personnages inoubliables d’une extraordinaire famille dont la destinée s’entrelace à celle du Venezuela
« Jacaranda » de Gaël Faye - Grasset
Chacun a beaucoup aimé « Petit pays ».
Gaël Faye livre ici un nouveau magnifique roman Sur quatre générations, avec sa douceur unique, Gaël Faye nous raconte l’histoire terrible d’un pays qui s’essaie malgré tout au dialogue et au pardon. Comme un arbre se dresse entre ténèbres et lumière, Jacaranda célèbre l’humanité, paradoxale, aimante, vivante.
13/ Josée :
« Houris » de Karim Daoud- Gallimard
Il est question dans ce superbe roman du silence qui recouvre les années de plomb en Algérie, une guerre plus barbare que civile qui a fait plus de 200 000 morts.
Une loi interdit depuis 2005 d'évoquer la décennie noire et rend l'oubli obligatoire. Mais Kamel Daoud s’oppose à ce silence. L'héroïne de son roman, qui s'appelle Aube, porte la marque indélébile sur sa gorge d'une nuit où, petite fille âgée de cinq ans, des djihadistes tentèrent de l'égorger. Sa cicatrice, sa canule et son souffle de voix rappellent à tous ceux qui la croisent les crimes impunis et ravivent les consciences.
Elle mène un combat. C’est un livre contre l'oubli, une puissance d'évocation absolue, un courage transgressif, une page d'histoire mal connue, un avertissement contre l’intégrisme. Pour Josée c’est le prochain prix Goncourt !
« Les présences imparfaites » de Youness Bousenna - Payot et Rivages
Au crépuscule de sa cinquantaine, Marc fait le bilan de son existence.
Dans ce roman intimiste au ton percutant et à l’écriture acérée, Youness Bousenna brosse le portrait sans complaisance d’un antihéros de notre siècle.
Youness Bousenna, journaliste est né en 1990 à Avignon. Les présences imparfaites est son premier roman.
« Cabane » de Abel Quentin – Éditions de l’observatoire
Berkeley, 1973. Département de dynamique des systèmes. Quatre jeunes chercheurs mettent les dernières touches au rapport qui va changer leur vie. Les résultats de l'IBM 360, alias « Gros Bébé », sont sans appel : si la croissance industrielle et démographique ne ralentit pas, le monde tel qu'on le connaît s'effondrera au cours du XXIe siècle. Un livre passionnant qui suit le parcours de ces chercheurs mais aussi alerte et informe. De la tiède insouciance des seventies à la gueule de bois des années 2020, Cabane est le récit d'une traque, et la satire féroce d'une humanité qui danse au bord de l'abime.

12 présents, des fidèles du club-lecture.
Miguel , « Narcisse et Goldmund » - Hermann Hesse -Livre de poche,
Hermann Hesse est un immense auteur, prix Nobel de littérature que Miguel s’est attaché à nous faire découvrir ou redécouvrir. Courrez vite lire « Narcisse et Goldmund » mais aussi « Siddhartha », « le Loup des Steppes » , « le voyage en orient » , « Damian » et peut être, bien qu’un peu plus difficile car ésotérique, « Le jeu des perles de verre » ….
« Narcisse et Goldmund » se déroule au Moyen Age.
Goldmund a perdu sa mère très jeune. Il est conduit par son père au monastère de Mariabronn pour y faire sa scolarité et espère-t-il devenir moine. Il est pris en charge par son brillant professeur qui deviendra plus tard Abbé du monastère. Une grande amitié naît entre eux. De longues conversations entre Narcisse et Golmund fondent une conviction qui conduit ce dernier à quitter le monastère pour parcourir campagnes , villes et villages dans une vie vagabonde pleine de rebondissements, d’amours féminines et de découvertes sur ce qu’est l’art.
Si les rencontres sont riches d’enseignements et de joie pour Goldmund elles sont aussi parfois rudes. Il est amené à tuer un autre vagabond qui l’a trahi. Il rentre dans des familles et crée parfois la confusion. Lui-même se lasse de cette vie et s’interroge sur le sens des choses remettant en question sa façon de vivre .
Il apprend le métier de sculpteur sur bois et réalise des chefs d’œuvre. Il ravit la compagne d’un comte et est condamné à mort.
Sauvé par Narcisse venu le rechercher il revient se réfugier au monastère et reprend ses conversations avec son ami devenu abbé, tous les deux forts des expériences qui les ont mûris. Deux opposés qui s’attirent et se complètent. Ceci tout en réalisant un nouveau chef d’œuvre dans la chapelle du lieu.
Puis il repart vagabonder jusqu’à l’épuisement de lui-même et revient mourir au monastère prés de Narcisse qui le veillera jusqu’au dernier souffle.
Ce livre est d’une incroyable densité. Toutes les situations, toutes les rencontres sont porteuses de valeurs. Toutes les facettes de l’humain sont mobilisées : la raison, les sens. Sont interrogés les rapports à la vie, à la mort, à l’amour, à l’amitié , à la maladie aux croyances, à l’art. Le tout dans une finesse d’écriture qui enchante et bouscule.
Nous traversons le Moyen Age mais d’une certaine façon nous sommes hors du temps.
Narcisse et Goldmund, c’est un récit initiatique, une lecture bouleversante, profonde, puissante, une ode à la vie fugitive à travers la quête du beau. C’est un livre qui a été beaucoup lu dans les années 1970 et qui est à redécouvrir.
Laurence : « Terrasses ou notre long baiser si longtemps retardé » – Laurent Gaudé -Actes Sud-
C’est le 13ème roman de l’auteur
Vendredi 13 novembre 2015. Une date qui restera à jamais gravée dans nos mémoires. Douceur automnale : ce soir a un goût de fête. Chacun rêve à ce que sera cette nuit.
Deux amoureuses savourent leur impatience de se retrouver ; des jumelles s’interrogent sur le lieu où elles pourront fêter leur anniversaire, une infirmière se promet le repos mérité. Un mari s’agace de devoir garder seul bébé, sa femme ayant décidé d’aller au Bataclan où les Eagles of Death metal donnent un concert.
Partout dans Paris, on va bavarder, trinquer, rire, danser, s’attarder pour savourer la nuit. Et du
côté des forces de secours et de l’ordre, rien n’annonce l’horreur imminente.
C’est un récit choral où les voix polyphoniques s’entremêlent, celles qui ont vécu la douleur de cet évènement, avant, pendant, après. C’est le basculement dans l’horreur. C’est la sidération
partagée, par tous, témoins, lecteurs. C’est un hommage, à la fois doux et terrible, poétique, empathique, sans pathos offert à toutes les victimes tuées, blessées ainsi que celles détruites psychologiquement.
Laurence a eu bien du mal à mettre fin à cette lecture tant elle était liée au récit. Un livre très fort et plein d’humanité.
Daniel : « L’anneau du pêcheur » - Jean Raspail- Le Livre de Poche
En préambule, Daniel nous rappelle quelques éléments biographiques concernant Jean Raspail (1925-2020), à la fois écrivain et explorateur. Ses romans racontent essentiellement de personnages historiques, des explorations, des reportages sur des peuplades autochtones : « Pêcheurs de lune », « Le camp des Saints », « Le roi de Patagonie- Moi Antoine de Tounens, roi de Patagonie », « Adios, tierra del Fuego »...Il fut parfois très critiqué pour ses prises de position ou sa vision du monde ( cf. le camp des saints) mais il reste un grand auteur à découvrir.
Dans le livre présenté nous naviguons entre le Moyen Age et aujourd’hui :
Qui est ce vieux prélat vagabond qui, demande l’aumône en ce Noël à Rodez et qui lorsqu’on l’interroge, répond simplement : Je suis Benoît. Un usurpateur ? Un illuminé ? C’est le descendant de la lignée des papes avignonnais, rebelles, six siècles plus tôt. Pourquoi les Services secrets du Vatican lancent-ils sur ses traces leur meilleur agent ? Le Saint-Siège se sentirait-il menacé ? Nous sommes pourtant en 1993. L’autorité de Rome n’est plus contestée depuis le concile de Constance qui déposa Benoît XIII, le dernier des antipapes d’Avignon, en 1417. L’ anneau du pêcheur (c’est l’insigne que reçoit le pape lors de l’inauguration solennelle du pontificat) est une œuvre troublante et visionnaire tenant à la fois de la fable mystique, du récit d’aventures et du roman d’espionnage.
C’est un roman magnifique qui envoûte par la beauté de son style et la richesse de son écriture. Beaucoup de séquences se déroulent à Avignon.
Plus que jamais, avec ce livre, un chef d’œuvre, Jean Raspail, assoiffé de justice, défenseur passionné des causes perdues et des traditions oubliées, s’ affirme comme un écrivain au talent souverain.
Une présentation belle et émouvante qui a donné à plusieurs d’entre nous l’envie de lire ce livre.
Micaela : « L’inconnue du portait »– Camille de Peretti - Calmann-Lévy
Peint à Vienne en 1910, le petit tableau de Gustav Klimt Portrait d’une dame représente une femme en buste, à l’expression langoureuse, bouche entrouverte, pommettes enfiévrées. Il est acheté par un collectionneur
anonyme en 1916, retouché par le maître un an plus tard, puis volé en 1997, avant de réapparaître en 2019, cachée dans un sac poubelle dans les jardins d’un musée d’art moderne en Italie.
Aucun expert en art, aucun conservateur de musée, aucun enquêteur de police ne sait qui était la jeune
femme représentée sur le tableau, ni quels mystères entourent l’histoire mouvementée de son portrait. L’escapade de la femme sans nom et étrangement repeinte reste un mystère…
Des rues de Vienne en 1900 au Texas des années 1980, du Manhattan de la Grande Dépression à l’Italie
contemporaine, Camille de Peretti imagine la destinée de cette jeune femme, ainsi que celles de ses
descendants. Une fresque magistrale qui couvre trois générations, une enquête où se mêlent des évènements historiques, des secrets de familles, des succès éclatants, des amours contrariées, des disparitions et drames retentissants.
Micaela a pris plaisir à cette saga rocambolesque composée comme un puzzle tout en douceur et en suspens à partir d’un fait divers bien réel.
Jules : « Chemin faisant»- Jacques Lacarrière- Fayard-
Ce livre n'est pas un guide pédestre de la France. Il est une invitation au vrai voyage. C’est le partage d’un journal d'un errant heureux, des Vosges jusqu'aux Corbières, improvisant les étapes de sa randonnée à la fin des années soixante-dix, loin des autoroutes, des grands axes, sans GPS bien sûr. Un cheminement à l’échelle humaine où le temps se mesure par les pas du marcheur (sans podomètre) .
Jacques Lacarrière ne se contente pas de dévoiler le monde à travers son regard nu de marcheur : il nous raconte les saisons, insectes, animaux, vallées, falaises, écluses, moulins à vent, carrières, églises, calvaires, dolmens et autres trésors découverts au cours de son parcours . Il dit également les conversations avec des cafetiers, aubergistes, villageois, garde-forestiers et autres habitants de ces régions secrètes de France.
C’est un livre empreint d’humanité, qui renvoie à d’autres ouvrages comme celui de Gaspard Koenig, de Sylvain Tesson (un été avec Rimbaud) …Jacques Lacarrière, passeur idéal, convie ses lecteurs à un cheminement initiatique au pays de la connaissance des êtres et de soi.
Le style est savant, poétique.
Jules a beaucoup aimé ce livre et a su en parler avec passion.
Isabelle : « J’ai péché, péché dans le plaisir »-Abnousse Shalmani – Grasset-
« J’ai péché, péché dans le plaisir, dans des bras chauds et enflammés. J’ai péché, péché dans des bras brûlants et rancuniers. »
Phrase extraite d’un poème de Forough FARROKHZAD, poétesse iranienne, née à Téhéran en 1935 et morte en 1967.
Abnousse SHALMANI, elle aussi iranienne, en a tiré le titre de son roman.
Abnousse va faire se rencontrer deux femmes remarquables, deux portraits féminins inoubliables, qui relient deux mondes opposés : Forough et Marie de Hérédia (fille du poète José Maria Hérédia) .
Forough a marqué son époque grâce à une poésie qui dépassait les cadres trop rigides de la littérature iranienne des années 50, en abordant des sujets tels que la religion, l’amour et le sexe. Elle s’est attirée la foudre des autorités et ses recueils ont été interdits après la révolution islamique de 1979.
Marie de Hérédia, ensuite, née en 1875, pouvait profiter, elle, de certains privilèges. Bien que les mariages fussent souvent arrangés, cette jeune femme pouvait profiter des plaisirs de la Belle Époque, empreints de légèreté et d’une certaine propension à la fête.
Mariée à Henri de Régnier pour éponger les dettes de son père, elle se fait la promesse de ne connaître sa 1ère fois qu’avec l’homme qu’elle aime vraiment, Pierre Louys, poète lui-aussi.
Familiarisée avec les plaisirs sensuels, Marie se trouve souvent plongée dans des célébrations où les normes sociales sont bien souvent dépassées.
La rencontre, fictive, de ces deux femmes se passe par l’intermédiaire de Cyrus, le traducteur iranien des poèmes de Louys. C’est lui qui fait découvrir Marie de Hérédia à Forough. Grâce aux traductions, la poétesse plonge dans l’univers de Marie et va vivre par procuration cette vie de plaisir qu’elle n’ose imaginer vivre en Iran. Au fur et à mesure de ses rencontres avec Cyrus, devenu son amant, celui-ci lui raconte les dessous de cette histoire d’amour et les parallèles avec sa poésie. Forough, comme fascinée par Marie, attend que son amant lui décrive toujours plus précisément cette vie-là comme pour échapper à sa réalité iranienne.
Un livre puissant, sensuel qui parle de liberté. Il met en exergue les difficultés de vivre libre, même aujourd’hui, particulièrement en Iran.
Frédérique : « La délicatesse » – David Foenkinos- Gallimard
Beaucoup d’entre nous ont lu ce roman ou vu le film avec Audrey Tautou mais la présentation de Frédérique nous a permis d’en avoir une vision renouvelée.
Nathalie est belle, attirante, intelligente. Elle est mariée à François, ils sont heureux, ils s’aiment et semblent avoir la vie devant eux... mais, un jour, la belle mécanique s’enraye. François décède brutalement. Nathalie est anéantie par ce décès et va se plonger dans le travail avec outrance pour oublier sa peine. Elle travaille dans une entreprise suédoise. Le cœur de Nathalie devient une forteresse où même les plus grands séducteurs vont se heurter. Sauf un : Markus, un collègue terne et maladroit, sans séduction apparente. Pourtant il est émouvant., intuitif. Sur un malentendu, il obtient de la belle un baiser volé. Pour cet outsider de l’amour, c’est un signe du destin : il se lance à sa conquête... tout en délicatesse.
Deux thèmes principaux sont développés dans ce roman : comment se reconstruire après un drame, comment construire des relations délicates entre deux êtres.
C’est le roman du sentiment délicat, bienveillant un hymne à la vie lumineux , qui traite de la banalité du quotidien avec délicatesse.
Paul : Présentation de la pièce Paysages/Visages – Textes de Giono
Nous avons droit, en avant-première à la présentation de cette pièce qui sera donnée lors du Festival d’Avignon au théâtre de l’Isle, place des Trois Pilats .
C’est un triptyque pour une randonnée à travers les paysages et les visages dans l' œuvre de Jean Giono :
Paul Fructus a adapté trois romans de Jean Giono : Un de Baumugnes, Prélude de Pan, Le chant du Monde.
Un spectacle qui respecte les textes de Jean Giono en faisant passer la puissance et la force des mots.
« Ouvrir un livre de Jean Giono, c’est ouvrir une porte sur des paysage tourmentés et une humanité emportée dans la danse folle des saisons. Il n’y a pas que de l’émerveillement, il y a aussi du vertige. Le même vertige qu’à la contemplation d’un paysage de Van Gogh. Les arbres se tordent sous les mêmes vents froids, sous les mêmes soleils fous. C’est avec l’appétit de faire entendre à haute voix les mots et le monde de Giono »
L’occasion de relire ces trois romans avant d’aller voir avec plus d’émotion cette pièce.
Michèle : « Le Nom sur le mur »- Hervé Le Tellier- Gallimard-
Le héros de ce livre, est André Chaix, dont le patronyme est gravé sur le mur de la maison acquise par l'auteur qu’il voulait « maison natale ». Un ancien relais de poste situé dans la Drôme provençale à La Paillette, un hameau près de Dieulefit. Une demeure pour s’inventer des racines, dans un village vivant. La maison fut occupée quelque temps par un céramiste qui avait apposé sur la façade des plaques émaillées. C’est en retirant l’ une d’entre elles que le nom fut révélé.
( voir *)
Hervé Le Tellier va trouver ce graffiti , s’en intéresser vraiment quand un nom accroche son regard sur le monument aux morts du village.
Mêmes patronyme et prénom que ceux figurant sur la façade de sa maison. Il va se documenter, recueillir des fragments de mémoire. On lui confie une petite boîte dans laquelle sont conservés quelques vestiges de la vie d’André Chaix : des photographies des lettres, celles adressées notamment à Simone Reynier, sa fiancée, qu’il aima « follement », des extraits de journaux…
Il est né en 1924. Il vivra 20 ans, 2 mois et 30 jours. Le 23 mai 2024. Sa jeunesse resta figée à jamais.
Ce récit permet de rendre hommage à ce jeune drômois, résistant, maquisard, disparu tragiquement. Il meurt des suite de ses blessures le 23 août 1944 à Dieulefit.
Mais Hervé Le Tellier digresse, il pousse beaucoup de portes qui s'ouvrent largement donnant à voir la vie quotidienne durant ces années de guerre. Il explore cette époque « où la générosité et le courage ont côtoyé comme rarement l'égoïsme et l'abject ». Il rencontre d'autres Résistants, des artistes et des écrivains ( et oui, Camus est encore évoqué !) et fait résonner d'autres drames. Il nous livre ses réflexions, ses propres souvenirs liés à cette période de l'histoire qu’il n’a pas connue directement mais qu’il a découvert par des visites de musée, films et des lectures... Ce livre hybride nous fait réfléchir. Il nous donne des clés pour démonter des mécanismes qui loin d’être grippés se remettent en mouvement périodiquement.
*Michèle a voulu vérifier si ce jeune homme à la vie brève était apparenté à une autre famille Chaix, qui s'impliqua, elle aussi dans la Résistance, résidant dans le Vercors et dont une fille épousa un autre maquisard venu de Lyon , qui fut l'ami de son père. A priori non, le nom de famille Chaix est courant en France (cinq mille, selon l'auteur plus de 50 Chaix figurent au fichier administratif de résistantes et résistantes du musée de la Résistance).
Marlies: « Belette » – Mye – Le Tripode,
Belette 13 ans, évite comme elle peut les baffes de son père. Un jour elle fugue et se réfugie dans un bunker abandonné face à la mer avec sa meilleure amie Babine sa bicyclette ! Ce premier roman, plein de folies et de tendresse, est un coup de cœur de toute l’équipe du Tripode.
Elle dérobe les croissants à la boulangerie et peut compter, pour survivre, sur l’ami Bruno, le vieux Léon et une femme de passage, qui se prend d’affection pour elle. Et quand les larmes menacent, Belette brave encore la défaite du monde, avec sa joie légère et son battant au cœur.
Libre et intense, le personnage de Belette, rappelle la fougue de la Zazie de Queneau, l’ambiance des plages du nord en plus. Avec ce premier roman, à la langue, brute, poétique et entêtante, parfois enfantine et vulgaire, l’écrivaine Mye réussit son entrée dans la littérature.
Rubrique : L’actualité du libraire par José
« La vie de ma mère » - Magyd Cherfi- Actes Sud-
Porté par une plume alerte, pleine d’autodérision et de tendresse, l’ex-parolier du groupe Zebda ( chanson Tomber la chemise !) livre ici avec brio le récit ficelé d’une émancipation tardive, celle d’une mère algérienne immigrée qui, au seuil de sa fin de vie, décide de goûter enfin aux plaisirs de l’existence.
En filigrane, ce roman résonne comme un vibrant hommage à toutes ces mères sacrifiées sur l’autel de la famille, du devoir, des traditions, et un appel à leur nécessaire émancipation.
C’est à la fois tendre, cruel, drôle, bouleversant.
« Le triomphe des imbéciles » - Samir Kacimi- Sindbad-
Le président algérien a fait un cauchemar. L’ensemble des habitants est immédiatement convoqué pour que soient identifiés – et mis hors d’état de nuire – les premiers rôles de ce songe menaçant. Commence alors un jeu de massacre jubilatoire, qui fait la part belle aux personnages les plus burlesques d’un quartier historique de la capitale, déterminés à profiter de la bêtise ambiante pour s’adonner aux pires combines. Jusqu’à un revers magistral : une étrange épidémie touche le pays et tous, des plus puissants aux plus démunis, perdent leur capacité à lire et à écrire. Qui faudra-t-il hisser au pouvoir pour les gouverner ?
Inertie politique, réseaux sociaux aussi abrutissants que dangereux, organes étatiques gangrénés, corruption à tous les étages, population qui a perdu le sens de l’insoumission – l’auteur livre ici une radiographie saisissante, ravageuse, d’une société qui semble avoir basculé de l’autre côté du miroir, à l’image, peut-être, de notre monde tout entier.
« Ma cabane sans peine »- Alain Guyard- Le Dilettante,
Alain Guyard est professeur de philosophie. Mais il est aussi et surtout un philosophe forain qui veut faire sortir la philosophie du carcan académique .
Le mythe de l'écrivain qui se retire dans sa cabane au fond des bois pour y philosopher sur la nature, faire le point sur sa vie et couper des bûches à la hache, voilà le bon plan pour assurer un succès littéraire et éventuellement s'acheter un appartement en centre-ville grâce à l'artiche raflé dans la combine. Car voilà, les librairies sont saturés par les livres publiés à foison sur des créneaux et des thèmes porteurs d’un moment. Aujourd'hui, c'est Guyard qui se frotte au truc, élit domicile dans un minuscule mazet cévenol, au milieu des chevreuils, des grands chênes et des bergers mutiques et libidineux. De brefs chapitres, autant d'instants saisis dans la forêt, de fragments de sagesse brindezingue, de conseils de littérature frelatée.
C’est un livre jouissif sur le filon éditorial.

Donc, ce 3 mai 2024, nous étions 16 présents, et parmi nous , pour plus de plaisir partagé, un auteur-
réalisateur à la fois dramatique et humoristique, une écrivaine, une éditrice-comédienne- chanteuse.
Christian : Souvenirs du futur radieux, José Vieira- Éditions Chandeigne-
Christian qui nous présente souvent des auteurs italiens a choisi cette fois ci un auteur portugais.
José raconte son arrivée en France dans un bidonville à Massy dans les années 65, il a 7 ans. Ses parents se sont exilés pour fuir tout autant l’oppression de la « ditatura nacional », celle instaurée par Antonio Salazar que la misère et le risque de partir à la guerre pour tenter de sauver les dernières colonies portugaises.
L’auteur se remémore les souvenirs de son enfance, une autre forme de misère, mais aussi une liberté
retrouvée et l’entraide entre communautés... Il retrace avec sensibilité l'expérience de l'exil d'hier, celle que vivent d’autres émigrés aujourd’hui. Et après un voyage sur les traces de son enfance en Lusitanie avec sa fille, il s’interroge à propos des problèmes liés à la double culture, ici franco-portugaise, de ce qui reste de nos racines, gravées à tout jamais dans nos cœurs et nos esprits, de ce qui se perd au cours du temps comme parler correctement la langue natale et comment transmettre un patrimoine mémoriel.
Court mais intense plaidoyer contre les préjugés liés aux émigrés, message d’espoir et de tolérance, car « nous tous venons de quelque part et ensemble nous participons à un futur qui se veut radieux. »
Une écriture sensible, poétique douce-amère, un témoignage émouvant.
Olivier : Les Yeux de Mona, Thomas Schlesser – Albin Michel -
Mona est une petite fille de 10/11 ans, la cécité la gagne. Avant qu’elle ne perde définitivement la vue, son grand-père veut lui faire découvrir la beauté du monde à travers l’art. C’est ainsi qu’ils vont mettre à profit tout leur temps disponible pour arpenter, en un long cheminement solaire, initiatique et artistique, les musées parisiens : Le Louvre, Orsay, Beaubourg et découvrir les plus beaux tableaux, les plus belles sculptures…
52 chapitres, 52 semaines de vie partagée qui permettent de découvrir plus en détail 52 œuvres.
A travers cette histoire pathétique, l’auteur, historien de l’art qui a soutenu en 2006 un doctorat en histoire et civilisation, nous livre un roman qui est une « ode à la beauté. » qui permet une présentation technique des œuvres citées (Botticelli, Vermeer, Goya, Courbet, Claudel, Kahlo...)
La jaquette du livre qui se déplie est magnifique, une invitation à se plonger dans cette lecture facile et sympathique , un phénomène littéraire qui remporte un grand succès.
Isabelle : Penser contre soi-même, Nathan Devers – Albin Michel -
Après une enfance marquée par un judaïsme zélé, et avoir envisagé de consacrer sa vie à la religion en devenant rabbin, l’auteur s’en éloigne brutalement à la fin de l’adolescence pour entreprendre des études de philosophie. Il devient professeur.
Pourquoi la philosophie ? C’est la question qu’il pose à ses élèves, interrogation universelle, lui-même
cherche à y répondre de manière personnelle.
C’est une lecture qui demande un investissement sérieux car elle n’est pas aisée, elle est intense, puissante,
passionnante, violente mais permet, aussi, de s’interroger sur sa propre façon de penser, d’aller au-delà de l’identité déterminée par sa naissance, d’exister avec soi-même.
On peut lire, en complément les œuvres d’Alain Guyard, celui qui a la volonté de faire sortir la philosophie du carcan académique.
Marie-Pierre : Des nouvelles de la famille , Benoîte, Flora Groult, Paul Guimard, Blandine, Lison De Caunes, Bernard Ledwidge – Livre de Poche -
La présentation faite par Marie Pierre a été l’occasion, dans le groupe, de rappeler l’intérêt et la beauté de l’écriture sous forme de nouvelles. Nouvelle littéraire : bref récit fictif qui fait appel à la réalité et qui, la plupart du temps, ne comporte pas de situation finale. Généralement, elle se termine avec un dénouement inattendu qu'on appelle la chute.
Benoîte est la sœur de Flora, Paul est le mari de Benoîte, Flora est la femme de Bernard, Blandine et Lison sont les filles de Benoîte, une famille hors du commun.
Ces auteurs ont mis en commun leur passion de l’écriture pour raconter quelques aventures familiales.
Longue ou courte, gaie, mélancolique ou humoristique, chacune de ces histoires singulières est édifiante, racontée avec sensibilité et profondeur.
Jules : Et pourtant ils existent, Thierry Froger – Actes Sud-
Jules nous confie avoir découvert récemment cet auteur, écrivain, poète et plasticien, une belle rencontre.
Le roman se construit de ville en ville (Paris, Ibiza…), d’époque en époque, mais sans chronologie, de
chapitre en chapitre, courts, avec des personnages, un par chapitre, certains célèbres, d’autres inconnus, tous intéressants. Le livre raconte les destins croisés, les exploits de Florentin Borde, avec un fil conducteur , la Grande et la petite Histoire, la Guerre d’Espagne y tient une place centrale .
Jules parle de cette lecture avec émotion et invite chacun à s’y plonger car c’est un roman choral talentueux, une lecture addictive, quelque peu jubilatoire.
Daniel : Bourougnan Speaks Molière, Daniel Villanova- Éditions Un jour, une nuit-
Daniel, avec une verve très moliéresque nous présente sa pièce écrite avec un plaisir intense, il
l’ interprète actuellement au Théâtre des vents, 63, rue Guillaume Puy, Avignon. 5 actes en prose et en vers.
L’intrigue : Afin de célébrer les 400 ans de la naissance du grand Molière (1622-1673), le gouvernement français décide d’imposer à la population l’injection d’un mystérieux produit issu des laboratoires Pferzaï-Maderno, le « Speaking Molière »
Ce dopage va permettre à tous les français de s’exprimer en vers tout au long de l’année, « à la façon de Molière », en hommage au génial auteur. Cependant À Bourougnan, la résistance à cette obligation
s’organise. C’est une caricature du monde actuel dans laquelle l’auteur dénonce les aberrations et les
errements qui « enrichissent » notre quotidien. Daniel nous a offert « en live » une scénette, celle où l’équipe municipale de ce village résistant expérimente, pour une première fois l’usage du GPS qui lui aussi a été vacciné et édicte des instructions en vers ce qui fait perdre le nord !!. Un régal.
Marlies : Un jeudi saveur chocolat, Michiko Aoyama – J’ai lu
Marlies avait choisi de présenter un ouvrage sombre, compte tenu de l’ambiance climatique particulièrement morose pour un début mai , elle a préféré changer pour nous offrir un nouveau « feel good ».
De Tokyo à Sydney, le roman entremêle 12 nouvelles. 12 tranches de vie qui invitent le lecteur à trouver le bonheur dans les petites choses du quotidien et dans des instants de vie qui réchauffent délicatement le cœur comme le fait cette boisson chaude cacaotée.
À Tokyo, un petit café accueille toutes les semaines une mystérieuse habituée, surnommée Madame chocolat chaud. Rituellement, elle commande un chocolat chaud avant de s’installer à la même table en bois proche de la baie-vitrée. Et chaque jeudi, elle sort un délicat papier à lettre et se lance dans la rédaction d’une longue missive en anglais. Une routine immuable qui ne manque pas d’éveiller la curiosité du serveur zélé. Au rythmes des rencontres les nouvelles se croisent et se tissent.
C’est délicat, savoureux, réconfortant, gourmand.
Jacky : Le Silence, Dennis Lehane – Gallmeister
Un roman fort sur l'Amérique ségrégationniste des années 70, couronné par le grand prix de la littérature policière étrangère en 2023.
Été 1974, dans la banlieue irlandaise de South Boston, Mary Pat Fennessey, une femme charismatique
blessée par la vie mène une existence routinière. Un soir, Jules, sa fille, dix-sept ans, ne rentre pas à la
maison, on perd sa trace. La même nuit, un jeune Noir se fait mortellement percuter par un train dans des circonstances suspectes. Ces deux événements sont-ils liés ?
Un contexte explosif : la récente politique de déségrégation préconisée par le juge fédéral Garrity
provoque des tensions raciales, une grande manifestation se prépare. Dans sa recherche effrénée de sa fille, Mary Pat, qui croyait appartenir à une communauté unie, voit les portes claquer devant elle. Face à ce mur de silence, cette femme en colère devra lutter seule pour faire éclater la vérité, si dévastatrice soit-elle.
Roman noir, un final extraordinaire. Jacky a été dithyrambique dans sa présentation !
Michèle : Les guerres secrètes du Mossad – Yvonnick Denoël- Nouveau monde.
Denoël est un historien, grand spécialiste des services du renseignement. Son livre publié en 2012, puis 2022 est une nouvelle fois réédité avec actualisation en 2024. L’ouvrage est très bien documenté sur les réalités de la géopolitique du Proche-Orient impactant, bien évidemment, le monde occidental. Le travail d’investigation de l’auteur est sérieux. Il raconte avec preuves factuelles de nombreuses interventions du Mossad comparé à un « couteau suisse » aux multiples fonctions intuitives et efficaces. Ce service passe pour être l’un des meilleurs services de renseignement au monde, grâce à son savoir-faire, en termes de renseignement humain, à celui de pouvoir recruter des informateurs de qualité dans le monde arabe, d’établir des liens occultes avec des structures dites « ennemies ». Ici, des affaires très sensibles sont mises en exergue qui dépassent la fiction. Des commentaires mettent en évidence des informations majeures permettant de comprendre la réaction pas toujours compréhensible de certains pays dont la France.
Le Mossad connaît des succès mais aussi des échecs parfois retentissants, lourds de conséquence sur le plan politique et souvent générateurs de conflits majeurs. Un livre fort intéressant, d’une actualité brûlante. On est pris dans le tournis de l’espionnite.
Anne-Marie : Titrit, L’Étoile du Sud, Mariana - Vox Scriba
Mariana, c’est le pseudo d’Anne-Marie Schieber, plasticienne-poète, elle nous présente son livre, une sorte de carnet de voyage sur son retour au Maroc dans les années 2000, pays, qu’elle a connu dans la décennie 70. Un périple spirituel, sensuel, et philosophique.
Mariana nous a fait lecture d’un de ses passages préférés, poétique et inspiré, qui évoque son retour à
Essaouira (l’ancienne Mogador). Elle y rend hommage au peuple Berbère et à sa culture (désormais
reconnue par la Constitution marocaine.)
José : Tosca, Murielle Szac- Éditions Emmanuelle Colas.
Le nouveau roman de Murielle Szac est la première lauréate à avoir reçu le Prix littéraire des
Avignonnais en 2022. Ce huis clos s’inspire de faits historiques.
Lyon, 28 juin 1944. Sept Juifs et deux résistants raflés par la milice de Paul Touvier attendent la mort dans un réduit inconfortable. Pourtant les langues se délient, chacun confie aux murs de leur geôle tout ce qu'ils sont, tout ce qu'ils souhaitent, tout ce qu'ils auraient rêvé être. Parmi eux se trouve un prisonnier que le résistant P'tit Louis désigne comme un ange - celui qui, cette nuit-là, va chanter Tosca, l'opéra de Puccini, l'air de celui qui va mourir à l'aube. Les 7 juifs vont être fusillés, A côté de chaque cadavre a été posé un carton avec le nom, sauf pour un dont on ne connaît toujours pas l'identité. A travers ce roman historique, qui parle de résistance, de liberté, qui ne laisse pas indifférent, l’autrice a voulu rendre hommage à cet inconnu.
Un livre qui résonne fort avec notre actualité.
Françoise : Gaston Couté , la chanson d’un gâs qui a mal tourné, Préface et notes de Michel Desproges. Editions Wallada
Françoise Mingot-Tauran est docteur en littérature comparée, comédienne, metteuse en scène, poète
chanteuse et éditrice !
Gaston Couté (1880,-1911) est un poète libertaire, et chansonnier français, connu pour ses textes
antimilitaristes, féministes et anarchistes
Elle nous le fait découvrir à travers ce livre édité à l’automne 2023. Une anthologie qui a demandé un
travail important, coordonnée par Michel Desproges, mise en page par Gérard Gaillaguet, intégrant les corrections et ajouts de l’auteur en 1906, retrouvées et jamais publiées .
Françoise ne s’est pas contentée de nous en lire quelques extraits, elle nous les a chanté. !
Miguel : Faute de temps Miguel n’a pas pu nous présenter Narcisse et Goldmund le chef d’œuvre
d’Hermann Hesse ( Prix Nobel de littérature en 1946). Ce sera pour la prochaine fois !

Animation : Miguel , Compte rendu : Michèle Robinet, Miguel Couralet,
Nous étions dix pour ce nouveau club de lecture printanier, nous avons accueilli deux nouveaux venus Myriam et Loïc. Nous avons tous présenté un livre.
Jacky : Le rêve du pêcheur - Hemley Boum- Gallimard
Jacky lit depuis de nombreuses années de la littérature d’auteurs africains, il en est devenu spécialiste. Ce roman retrace quelque peu une situation vécue par un de ses amis originaire de ce continent où la famille est avant tout un clan avec de grandes valeurs communautaires.
Zacharias, pêcheur comme ses ancêtres, vit dans le petit village de Campo, une vie tranquille avec sa femme Yalana et ses enfants. Du jour au lendemain, il voit son mode de vie traditionnel bouleversé par l'arrivée d'une compagnie d’exploitation forestière qui crée une coopérative de pêcheurs. Alors tout cela est riche de belles promesses et le père de famille se prend à rêver d’un autre avenir pour les siens. Mais les illusions s’effritent, les dettes s’accumulent et l’équilibre familial va être irrémédiablement rompu. Sa fille Dorothée perd son mari dans des circonstances troubles , son petit-fils devient orphelin de père … Quelques décennies plus tard, Zachary, le petit fils, dix-huit ans, après « une grosse bêtise », fuit le Cameroun abandonnant sa mère à son sort et à ses secrets. Devenu psychologue clinicien à Paris, marié, père de famille, il a cru au miracle, mais son passé le rattrape. Avec ces deux histoires savamment entrelacées, la romancière camerounaise Hemley Boum signe magistralement une fresque familiale puissante, poétique qui se poursuit sur plusieurs générations, qui aborde de nombreux thèmes : les traumatismes de l’expatriation, l’intégration, le racisme, la recherche identitaire, les effets pervers de la mondialisation... éclairant à la fois les replis de la conscience et les mystères de la transmission. Le roman, une alternance de chapitres évoquant le présent et le passé, commence et finit à l’extrême sud du pays, à l’embouchure du fleuve Ntem, cadre ambivalent et métaphore de l’intrigue.
Un très beau roman lumineux, bouleversant, authentique qui fait sens.
Christian : Une fleur qui ne fleurit pas- Maria Messina - Cambourakis
Encore un roman d’une autrice italienne dont Christian, nous donne quelques éléments biographiques : Maria Messina est née à Palerme en 188, elle décède à Pistoia en 1944. A travers ses nouvelles et ses romans elle s’est attachée à mettre en scène l’oppression des femmes italiennes, plus particulièrement celles de Sicile, sa région natale. Atteinte d’une sclérose en plaque, elle cesse d’écrire en 1928, à 41 ans, seize ans avant sa mort. Maria Messina connaît une certaine notoriété de son vivant mais sa renommée commence à faiblir dès qu'elle cesse de publier. Elle sort de l’ombre dans la décennie 80, depuis lors, plusieurs de ses œuvres sont rééditées.
Une fleur qui ne fleurit pas – un fiori non fiori, a été édité en Italie 1923, réédité en France en 2022.
Aux alentours des années 1920, Franca rencontre Stefano à Florence. Franca, une jeune fille en fleur pétillante, ose la modernité sociale et vestimentaire qu’elle affiche dans son indépendance, sa coupe de cheveux, ses habits. Mais cet avant-gardisme n’est pas apprécié par la société conservatrice de l’Italie du début du XXème siècle. Il faut choisir de se fondre, d’ accepter le poids de la tradition, se soumettre ou devoir renoncer au mariage, à l’amour, à une vie de famille différente de celle vécue par ses aïeules. Franca renoncera progressivement à son amour, elle se sacrifiera, se flétrira.
L’histoire tragique et bouleversante de Franca est attachante, l’écriture est fine, élégante, ce roman traduit parfaitement les choix impossibles pour les femmes en Italie, à cette époque, le poids de la société, un sujet, hélas, d’une actualité brûlante ces derniers jours.
Isabelle : Comment ça va pas ?Conversations après le 7 octobre- Delphine Horvilleur – Grasset
Après les attentats perpétrés par le Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, Delphine Horvilleur voit son monde s’effondrer ( Elle est rabbin). Elle dont la mission consiste à porter la souffrance des autres sur ses épaules, à la rendre moins lourde par ses mots, à consoler, se retrouve piégée, traumatisée par les fantômes ressuscités de la Shoah, ravagée, en état de sidération, impuissante, insomniaque et aphasique. Pour tenter de reprendre pied, elle rédige dix conversations réelles ou imaginaires où elle convoque la petite fille qu’elle était, la femme qu’elle est devenue, la mère, la juive qu’elle est. Par cette écriture, parce que la littérature nous aide souvent à traverser les périodes dramatiques, pour atténuer son mal être, elle tente de trouver des réponses, du sens au non-sens. Aussi pour soulager le traumatisme transgénérationnels amplifié par des siècles et des siècles de douleurs, elle s’interroge sur les ressorts de la haine, les difficultés à gérer les « mais ». Elle s’exprime avec la sincérité qui la caractérise, la gravité de ses propos se teinte d’un léger humour nécessaire ici pour tenter d’édulcorer la douleur.
Myriam : L’attente du soir – Tatiana Arfel- Corti
Dans ce livre, l’autrice donne la parole à ceux qui ne l’ont pas. Elle met en scène trois marginaux, trois atypiques, cabossés par la vie dont elle raconte le parcours :
-Giacomo, le vieux clown blanc, directeur d’un petit cirque, dresseur de caniches, dont la vocation est de faire rêver, c’est un compositeur de symphonies parfumées, épris de liberté,
- Une dame grise « hors normes » mal aimée par sa famille, mal aimée par la vie, qui s’épanche dans les chiffres, les tables de multiplication ,
-Un enfant sauvage, sans langage, abandonné au milieu des détritus d’ordures, fasciné par les couleurs. Il dessine faute de savoir écrire.
Le destin va faire se rencontrer ces trois solitaires, ils vont s’écouter , et ainsi s’aider à se reconstruire.
L’autrice, psychologue de formation, s’intériorise dans ses personnages.
L’écriture est poétique, vibrante, le récit magistral, prenant, sensible, magique.
Daniel : Shakespeare , Le Guépard - Giuseppe Tomasi di Lampedusa.
Giuseppe Tomasi, prince de Lampedusa, duc de Palma, baron de Montechiaro et de la Torretta, grand d'Espagne de première classe, est un gentilhomme sicilien et un écrivain italien.
Il est l'auteur d'un roman unique "Le Guépard, publié à titre posthume (1958).
Tomasi di Lampedusa, ne fut jamais un universitaire, mais sa grande culture et sa parfaite connaissance du français et de l'anglais l'amenèrent à donner des causeries devant un cercle d'intimes, principalement sur la littérature anglaise. Ce recueil consacré à Shakespeare en est tiré.
Dans une présentation originale, Daniel, qui nous a lu quelques passages du Guépard et du livret Shakespeare, qui mettent en évidence les similitudes de l’écriture de Guiseppe Tomas dans ces deux œuvres, sa grande culture, une plume spirituelle qui raconte avec une liberté de ton, humour, et sensibilité, drames et comédies en observant avec beaucoup d’acuité la société et les rituels sociaux. Manifestement l’auteur du Guépard avait une grande sensibilité à la thématique et à la poésie shakespearienne.
Loïc : Les enfants oubliés d’Hitler -Ingrid Von Oelhafen – Fayard
Durant la Seconde Guerre mondiale, plusieurs dizaines de milliers d'enfants dont les caractéristiques physiques correspondaient au type aryen pour fabriquer les maîtres de demain : blond, yeux bleus, teint clair, furent arrachés, kidnappés à leurs parents dans les pays et territoires conquis et occupés pour être placés dans un Lebensborn (fontaine de vie) ou confiés à des familles nazis. C’est ce qui est arrivé à Ingrid von Oelhafen. victime de cette atrocité. Plus tard, quand elle découvrira qu’elle est une enfant adoptée, elle partira à la quête de ses origines. Une démarche, une enquête de plus de trente ans, qui tentera de lui permettre de comprendre les mauvaises relations avec ses parents adoptifs, notamment sa mère de substitution, mal aimante, ses difficultés personnelles, ses traumatismes, ses choix de vie, ses attirances avec d’autres adultes qui connurent le même sort.
Quand Ingrid retrouve enfin le village où elle est née, une révélation plus dure encore l’attend.
Un récit personnel émouvant, un témoignage historique saisissant sur ce programme nazi terrifiant qui reste encore peu connu.
Solange : Le ciel ouvert – Nicolas Mathieu – Actes Sud
Un recueil de textes publiés au fil des années sur Instagram, illustré par Aline Zalko, graphisme et couleurs qui donnent du sens au récit. Trois parties qui égrènent un kaléidoscope de vie intime : joies, détresse, des fragments de vie où chacun peut se retrouver :
- Une partie consacrée à une histoire d’amour fou, passion clandestine partagée avec la femme aimée qui n’est pas libre,
- Celle de l’amour du père pour son enfant, un père célibataire qui élève son fils
- Celle où l’écrivain est spectateur de la déchéance de son vieux père.
Ce livre magnifique est un petit chef d’œuvre de délicatesse, de tendresse, de poésie. Pour Solange un grand moment de bonheur.
Béatrice : En vérité – Typhanie Tavernier- Sabine Wespieser
C'est d’une femme ( Alice) totalement sous l’emprise d’un époux très toxique. Une femme complètement perdue mais qui ne perçoit pas la maltraitance de son mari. Le lecteur est percuté par cette situation, s’en révolte, a envie de secouer Alice, la faire réagir.
Sa vie changera-t-elle quand elle répond à une offre d’emploi ? : « L'association diocésaine de Paris recrute un(e) assistant(e) pour le promotorat des causes des saints. », Sans aucune qualification, elle est pourtant recrutée. Entourée de collègues bienveillants, elle va alors être confrontée à la complexité sidérante de la procédure de canonisation bien compliquée.
Un roman déconcertant, qui a laissé Béatrice sur sa faim mais qui vaut , quand même assure-t-elle, d’être lu.
Michèle : Si le soleil s’en souvient Jean-Paul Enthoven – Grasset
Ce récit est en quelque sorte la confession d’un homme qui retrouve ses racines, les vraies, loin des contraintes germanopratines. A 75 ans, Jean-Paul Enthoven tombe le masque sur ses origines, une jeunesse sculptée par le soleil et la mer de son pays natal, sur fonds de guerre, dans les derniers soubresauts de l’Algérie française. Ici, les souvenirs lumineux, quelques peu enjolivés, douloureux, émouvants osent enfin se dévoiler, pour composer une autobiographique où vérité solaire et fiction ténébreuse se croisent. Voilà ce qu’en dit l'auteur :
- « Quel sera le taux de menteries dans les affirmations, insinuations, divagations ici contenues…
- Tout est ici, et sera vrai… C'est à dire presque vrai, très vraisemblablement, nuancé, historiquement avéré, hypothétique, à peine rectifié à la marge… Au départ, j'envisageais un tiers d'exactitudes, un tiers d'exactitudes malmenées par le temps, un tiers de mensonges rigoureusement véridiques [...] mais, à chacun de ces tiers, se sont ajoutées des sous-divisions réservées à l'imagination, à l'énergie narrative, à la nostalgie, à l'accentuation dramatique, à la mémoire vaniteuse ou volontairement dépréciative, à la volonté de prendre une revanche sur une réalité insuffisante. »
Le père, Edmond, grand propriétaire terrien, décide, en 1960 de construire un cinéma d'avant-garde dans sa petite ville Mascara, à quelques cent kilomètres de la préfecture Oran. Pour l'inauguration c'est Moby Dick de John Huston, film de 1956, d'après le roman éponyme d'Herman Melville qui sera projeté. Ce choix n'est pas anodin, l'acteur principal qui incarne le capitaine Achab est interprété par Gregory Peck, Edmond en est un sosie presque parfait. La lutte entre le capitaine Achab et le cachalot blanc, symbolise celle du Bien contre le Mal, l'absurde et la révolte, et après tout, aussi, quelque part, l'histoire de l'Algérie.
Le drame qui marque l'inauguration de cette salle de spectacle n'est qu'un évènement de plus dans cette guerre pour l'Indépendance de l'Algérie, un parmi tant d'autres qui poussera la famille
Enthoven à l'exil. Ce film distingué par Jean-Paul Enthoven l' était aussi par le fait de vouloir rendre hommage à Albert Camus, dont le fantôme sympathique vient hanter quelques passages du livre.
Lecture émouvante , une nostalgie se dégage de ces lignes avec un l'humour acéré qui cache bien des choses : la part de courage de l'écrivain pour affronter de façon romancée ses souvenirs, pour « assumer cette part de moi que j'ai vainement tenté d'expulser, me réconciliant avec tout le tintamarre d'une enfance […]"
Miguel : Le mage du Kremlin – Giuliano da Empoli – Gallimard
Voilà un livre choc que la presque totalité des participants au club lecture avaient déjà lu. Tous ont indiqué combien ce livre était important pour comprendre ce qui nous arrive dans un contexte de montée des tensions extrêmes sur notre continent.
Ce livre parfaitement bien écrit et très documenté raconte de façon romanesque la rencontre de l’auteur avec Vadim Baranov ( en réalité Vladislav Sourkov) qui homme de spectacle et de télévision va devenir pendant plus de 10 ans le conseiller le plus proche de Vladimir Poutine.
Baranov se livre totalement et raconte comment il a accompagné Poutine dans la prise de pouvoir et la volonté de celui-ci de remettre de l’ordre et de l’autorité ( verticalité dit-il) dans une Russie en déshérence après les années Boris Eltsine.
On vit au fil des pages , de l’intérieur la façon dont Poutine a construit avec grand cynisme son personnage puis son autorité de fer avec sa volonté de déstabiliser l’occident. Pour rendre l’honneur à la Russie.
C’est glaçant de réalisme et éclaire tous les événements actuels ( guerre en Ukraine, agressions sur les réseaux sociaux, désinformation , liquidation des opposants…)
Écrit avant l’invasion de l’Ukraine, tout dans ce roman est prémonitoire et invite à une profonde réflexion sur la nature du pouvoir et de l’autorité. Démocratie, dictature, risques d’affrontements, rôle des nouvelles technologies…tout y est . Après avoir lu le livre on ne voit plus les choses comme avant.
Les membres du club littéraire auraient aimé que le prix Goncourt 2022 soit attribué à ce roman ( il a tout de même eu le prix de l’Académie française). Cela n’a pas empêché que ce livre soit en tête des ventes dans les librairies.
Vite si vous n’avez pas lu le livre, lisez-le, on en reparle !
José : Différends - Frans de Waal- Les liens qui libèrent
Ce livre, paru en 2022, a été choisi par José pour rendre hommage à Franciscus Bernardus Maria de Waal, plus connu sous le nom de Frans de Waal, un primatologue et éthologue néerlandais né le 29 octobre 1948 à Bois-le-Duc, qui vient de décéder à 75 ans, le 14 mars 2024 à Atlanta.
Ce livre est un vibrant manifeste pour l’égalité des genres. Pour établir si les préférences et les comportements humains que nous qualifions parfois de genrés ont une origine biologique, Frans de Waal les compare avec ceux d’autres primates, non affectés par nos biais culturels.
C’est un récit passionnant, riche, complet sur la vie sociale des singes, Chimpanzés, Bonobos et Gorilles, qui ébranle certaines vérités sur la masculinité et la féminité, l’autorité, le pouvoir, la coopération, la compétition, les liens filiaux et les comportements sexuels. De nombreuses questions donc, assorties de réponses pertinentes, claires, argumentées, nuancées et s'il ne conteste pas l'existence de différences entre les sexes, le scientifique affirme qu'il n'y a rien de «naturel» à ce que les hommes exercent une domination et que la biologie ne permet pas de les expliquer.

Les onze livres présentés ont mis en évidence, chacun a leur manière, le combat des femmes pour
plus de liberté, de justice, d’égalité ainsi que leur rôle dans la société.
Livres présentés
Animation : Marlies / Compte rendu : Miguel Couralet et Michèle Robinet.
Miguel : Une farouche liberté, Gisèle Halimi, la cause des femmes - Annick Cojean - Steinkis
Cette biographique graphique raconte la vie et les multiples combats de Zeiza Gisele Elise Taï eb qui
deviendra la célèbre avocate féministe Gisèle Halimi (1927-2020).
Elle naït en Tunisie a La Goulette dans une famille juive séfarade. Sa mère ne l’aime pas alors que le
père éprouve une grande affection pour sa fille. Très tôt, elle se rebelle pour une juste cause : ne plus
être dans l’obligation servile de servir ses frères et pouvoir lire a sa guise. Premiers combats gagnes
grâce a une grève de la faim.
Elle devient bachelière, refuse a quinze ans un mariage arrange, obtient l'autorisation de poursuivre
ses études en France. Ce sera le droit, pour réaliser sa vocation, être avocate. Quand elle doit prêter
serment en déclarant qu’elle défendra les bonnes mœurs selon la formule consacrée, elle annonce
refuser de prononcer ces mots mais doit se plier a cette obligation bien a regret. Elle en fera un cheval
de bataille, plus tard, cette mention sera supprimée.
Un premier mariage de courte durée, un second dont elle conservera le patronyme de son époux
Halimi. Elle se remarie une troisième fois avec Claude Faux, secrétaire de Jean-Paul Sartre. Il sera son
grand soutien.
Gisele Halimi, c’est soixante-dix ans de lutte acharnée, de combats indéfectibles, de passions,
d’engagements au service de la justice, pour faire évoluer les droits, pour les femmes, les faibles, les
opprimes : elle défendra les indépendantistes tunisiens et algériens (militants du FLN), elle
combattra, souvent aux cotes de Robert Badinter, pour la liberté sexuelle, celle des femmes (droit aux
contraceptifs, a l’avortement et pour une répression du viol plus forte…), celle des homosexuels (Loi
Forni ), la partie politique, la dépénalisation de la peine de mort...
Une BD instructive qui a du sens. A lire et a offrir sans modération…
Isabelle : Le mythe de la virilité- Olivia Gazalé - Robert Laffont
Avec une forte détermination Isabelle a présente un livre choc : Le malaise masculin ressenti par
certains, pour réel qu’il soit, ne vient pas de la révolution féministe, si récente dans l’histoire de
l’humanité, mais de celle qu’Olivia Gazalé (philosophe, essayiste) appelle « la révolution viriarcale »
Cette révolution a mis fin au monde mixte qui a débute entre le 3eme et le 1er millénaire avant J.C.,
un monde tant oublie, ou les femmes avaient des droits et des libertés et ou le féminin était respecte
et même divinise.
Pour asseoir sa domination sur le sexe féminin, l'homme a alors théorise sa supériorité en
construisant le mythe de la virilité qui a ainsi légitime la minoration de la femme et l'oppression de
l'homme par l'homme. L’idée centrale de cette domination est que la nature a crée deux pôles
diamétralement opposes : la femme par nature fragile, passive, irrationnelle, soumise et l’homme
naturellement fort, courageux, volontaire, dominateur. Le mythe de la supériorite mâle est devenu le
fondement de l'ordre social, politique, religieux, économique et sexuel, en valorisant la force, le gout
du pouvoir, l’appétit de conquête et l'instinct guerrier. Les injonctions sexistes telles « Sois un homme,
mon fils » (Rudyard Kipling), « Arrête de pleurer »..., qui entourent la virilité montrent que celle-ci
n'est pas innée, mais construite, elles asservissent les femmes, mais condamnent aussi l’homme a
réprimer ses émotions, a redouter l'impuissance et a honnir l'effemination, tout en cultivant le gout
de la violence et de la mort héroïque. Ainsi, l'homme s'est piège lui-même en devant sans cesse
prouver sa puissance, sa réussite sous peine d’être méprisé ou moqué en raison de son manque de
virilité. Pas de supériorité possible sans un autre inférieur a mépriser ou humilier.
Olivia Gazalé conclut que le modèle traditionnel de virilité est un modèle d’exclusion et de ségrégation.
La solution ? Elle ne peut venir que d’un changement de regard et plus radicalement de la
déconstruction des stéréotypes de ce système de domination tant du cote du dominant que du
domine car tous deux y sont intimement lies.
Un travail a mener conjointement entre les deux sexes.
C’est un essai, dense, foisonnant avec de nombreuses références étymologiques intéressantes,
superbement présente par Isabelle.
Olivier : Le Blé en herbe - Colette- Flammarion
Colette est une écrivaine très prisée par Olivier. Une femme moderne qui a su acquérir son
indépendance financière, sa liberté de vie par son travail d’écriture et ses différents métiers.
Publie en 1923, ce roman s’impose par son audace et son anticonformisme. Philippe, Phil, 16 ans,
et Vinca, 15 ans, sont amis depuis l’enfance, ils se retrouvent tous les ans, lors des vacances en
Bretagne dans une maison qui abritait jusqu’alors leurs jeux, leur insouciance, leur complicité.
Mais, cette année, l’enfance disparait laissant place a l’adolescence et a la découverte de la
sexualité et de la sensualité.
Phil va avoir une première expérience charnelle avec une femme séduisante bien plus âgée que
lui. Vinca devinera tout et pour sauver Phil, tente par le suicide, se donnera a lui. Elle deviendra
femme.
A partir de 1921, Colette, la quarantaine, va vivre une relation jugée scandaleuse avec son beau-
fils, Bertrand de Jouvenel, seize ans, l’age de Phil, alors que de son cote, son mari la trompe sans
complexe. Cette relation qui dure cinq années lui inspire le roman, en nourrit les thèmes et les
situations.
Le Blé en herbe c’est un hymne a la femme, celle que devient Vinca, a sa sensibilité délicate, a sa
générosité. C’est écrit avec pudeur, nuance, subtilité.
Olivier nous invite aussi a lire ou relire La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne
d’Olympe de Gouges, l’une des pionnieres françaises du féminisme.
Sarah : On arrive dans la nuit - Marceline Loridan-Ivens – Flammarion
Le 13 fevrier 1944, Marceline, nee en 1928, adolescente, frondeuse, une tornade rousse, est
arrêtée avec son père, dans leur maison du Vaucluse a Bollene. Emprisonnée ( elle le sera dans
un premier temps a Avignon dans la prison Ste Anne) elle sera deportee d’abord a Auschwitz,
puis a Bergen-Belsen et Theresienstadt. Arrivee dans la nuit par le meme convoi que Simone Veil,
dont elle devient l’amie, elle connaît la barbarie, la faim, l’angoisse, les travaux forces, les cadavres
qui s’entassent... Dans ce témoignage recueilli a l’initiative de la Fondation pour la Mémoire de la
Shoah et de l’INA, en 2005, Marceline Loridan-Ivens raconte son quotidien inhumain dans les
camps, les souffrances individuelles, collectives ou chaque journée passée est un jour vole a la
mort. Un petit bout de femme, mais au caractère bien trempe qui fera tout pour paraître plus
grande et plus âgée afin d’échapper a la chambre a gaz.
Libérée a la fin de la guerre elle ne cessera de temoigner sur les événements vécus, dire l’indicible
horreur, combattre l’antisémitisme toujours vivace. Elle refusera d’être mère ne voulant pas que
ses futurs enfants revivent le drame qu’elle vécut et qu’elle estime devoir inexorablement se
reproduire.
C’est un récit sincère, un témoignage poignant sans langue de bois, c’est une lecture émouvante.
Laurence : Trencadis - Caroline Deyns- Quidam
Une biographie romancee, une sorte de documentaire original de Niki de Saint Phalle. Le livre est
fait d’eclats de vie, de fragments assembles racontes par Caroline Deyns, avec un style percutant
et foisonnant avec ses amours, ses failles, son art, comme un trencadis (espagnol trencar : briser,
du catalan facile a briser), un type de mosaïque a base d’éclats de ceramique, souvent recycle,
typique de l’architecture moderniste catalane, cher a Antonio Gaudi et Joseph Maria Jujol.
Des morceaux de vie, des tesselles de chaos et de bonheur, celles d’une femme ardente, d’une
artiste remarquable, iconoclaste, complexe, insoumise, originale, marginale féminine et féministe.
Un recit qui permet de mieux comprendre, dans le désordre, son talent colore, ses gigantesques
nanas callipyges, ses traumatismes venus de l’enfance (le viol par son père a 11 ans), sa profonde
dépression, ses tentatives de suicide, ses prises de risque, ses engagements pour le droit des noirs
americains, la libération des femmes du patriarcat, son militantisme au sein de l’association
AIDES.
Une présentation puissante, atypique, une plume ciselée. Une belle réussite parfaitement
racontée par Laurence très enthousiaste.
Didier : L ‘œuvre de dieu, la part du diable - John Irving- Seuil
En préambule, Didier tient a remercier Christian de lui avoir fait connaitre l’écrivain italien
Erri de Luca dont il avait ete question lors du club de lecture précédent.
Avec John Irving, nous nous trouvons immerges dans le Maine, dans les années 1930/1950.
Wilbur Larch, gynécologue gère un orphelinat et doit se livrer a une double mission : mettre au
monde des enfants qui seront abandonnes, de futurs orphelins, c’est " l'œuvre de Dieu " et
interrompre, en toute illégalité, des grossesses non desirees, c’est " la part du Diable ». Il se
prendra d’affection pour un jeune orphelin, Homer, qui grandira dans ce centre, faute de trouver
une famille d'accueil. Il deviendra médecin accoucheur, oppose a l’avortement. Pour lui, les
femmes devraient avoir le choix d'avorter ou non, mais lui a le choix de refuser de le faire lui-
même.
Didier nous lit un passage mettant en exergue ce dilemme :
« Si l'avortement était légal, tu pourrais te permettre de refuser - en fait, étant donné tes convictions,
tu devrais refuser. Mais tant que l'avortement est illégal, comment peux-tu dire non ? Comment
peux-tu te permettre un choix en la matière, alors que tant de femmes n'ont pas la liberté de choisir
elles-mêmes ? Les femmes n'ont aucun choix. Je sais que tu estimes cela injuste, mais comment peux-
tu - surtout toi, avec ton expérience -, comment peux-tu te sentir libre de refuser d'aider des êtres
humains qui ne sont pas eux-mêmes libres d'obtenir d'autre aide que la tienne ? Il faut que tu les
aides parce que tu sais comment les aider. Demande-toi qui les aidera si tu refuses. »
John irving, sans prendre parti pour ou contre l'avortement, nous invite a reflechir sur les
positions des deux camps. D'un cote, le Docteur Larch incarne le docteur désirant avant tout
respecter son serment : protéger, soigner, ce qui pour lui revient également a mettre fin a des
grossesses non desirees... de l'autre, Homer Wells, pour qui fœtus rime avec etre vivant.
Un gros roman, plus de 800 pages, qui parle d'amour, raconte avec émotion, humour. Un sujet
d’une brulante actualité. Un livre qui a passionne Didier.
Claude : les cellules buissonnières- Lise Barnéoud - PREMIER PARALLÈLE
Claude nous a présente un livre surprenant que lui avaient conseille nos libraires.
Lise Barneoud est une journaliste scientifique qui collabore régulièrement au Monde, a Science
vie... Nous sommes tous des chimères ! (en biologie, organisme constitue de deux ou plus rarement de
plusieurs variétés de cellules ayant des origines genetiques différentes)
Lorsque nous étions, fœtus, dans le ventre de notre mère, a une échelle plus ou moins importante,
se sont echangees des cellules entières entre elle et nous. Si elle a reçu de notre part des cellules
elle nous a potentiellement transmis non seulement les siennes, mais aussi celles qu'elle avait
peut-être reçues de sa mère, grand-mère, aïeule plus lointaine ou d'un fœtus précédemment. Ce
phénomène biologique révolutionnaire est appelé microchimerisme et vient bousculer les
limites de l’individu.
Dans certains cas, ces cellules « étrangères » qui passent de la mère au fœtus, peuvent venir
constituer tout ou partie d’un de nos organes, dont elles participent pleinement au
fonctionnement. Pour le meilleur (possibilités de greffes, de dons d’organes) ou pour le pire
(maladies orphelines...)
Une enquête riche et minutieuse, un excellent livre de vulgarisation scientifique qui offre une
lecture passionnante, de haut vol, mais qui devrait rester accessible et compréhensible pour le
commun des lecteurs. Avec toute sa pédagogie habituelle Claude a su parfaitement nous captiver.
Solange : Françoise - Laure Adler- Grasset
Une excellente et passionnante biographie de Françoise Giroud, une femme de tous les combats, pour
Solange un récit, nous dit en commençant Solange, bien meilleur que celle de Christine Ockrent
Françoise Giroud, une ambition française.
Le livre, bien documente, sans concession, raconte la vie de cette femme engagée qui sut se battre
dans un monde masculin celui du journalisme et du cinema, et imposer ses convictions, une vie faite
de bonheur et de drames (décès de son fils), de lumière, d’ombres, de failles (tentative de suicide
apres la rupture avec JJSS, envoi de lettres anonymes antisemites a son épouse...)
Un récit qui nous livre un éclairage particulier sur sa vie, femme de fer, pionnière dans le féminisme,
femme engagée (Action contre la faim, droit pour mourir dans la dignité…), femme fragile et complexe par bien des cotes, une femme qui a vécu tous les evenements de son epoque : L'Occupation allemande, la guerre d'Algerie, la fin de la IVe Republique, Mai 68, le gouvernement Giscard, celui de Mitterrand, les mouvements humanitaires, feministes, culturels. Elle fut nommee, la première, secretaire d’Etat a la condition feminine, puis secretaire d’Etat a la culture.
Jeannine : 7 femmes – Lydie Salvayre- Perrin
Jeannine nous livre la quatrieme de couverture de ce livre qui resume bien le livre.
« Sept femmes. Sept figures emblématiques de la littérature qui ont follement investi leur vie. Leur
relation à l'écriture est passionnelle, et, pour certaines d'entre elles, les a conduites au suicide.
Singulières et exigeantes, elles transcendent leur douleur personnelle dans l’œuvre. Leur rapport au
quotidien, qu'elles considèrent médiocre et sans intérêt, est vécu comme tragique. Mais ce "quotidien"
n'est-il pas aujourd'hui celui qui a marqué l'Histoire ? Celui du Paris d'avant-guerre, des Années folles,
de la Russie stalinienne… Comment retranscrire une œuvre au travers de la vie même de son auteur ?
Lydie Salvayre s'adonne à cet exercice de portraitiste en choisissant celles dont la lecture a marqué sa
vie et par là-même fécondé son œuvre : Emily Brönte (1818-1848), Colette (1873-1954), Virginia Woolf
(1882-1941), Djuna Barnes (1892-1982), Marina Tsvetaeva (1892-1941), Ingeborg Bachmann (1926-
1973) et Sylvia Plath (1932-1963).
Dérangeantes, scandaleuses, elles ont témoigné à leur façon du monde dont elles ont autant souffert
qu'elles ont contribué à la façonner… Leurs œuvres sont désormais des monuments littéraires. Lydie
Salvayre les fait revivre en écrivant leur histoire, leur beauté, leur démesure, leur rébellion mais aussi
leur côté sombre et leur désespérance. »
Ces sept femmes passionnees, sept ecrivaines combattantes, ont marque chacune leur temps de
façon indelebile, elles sont, et certains de leurs personnages aussi, pour Lydie Salvayre des modeles
et des inspirateurs / inspiratrices.
Marlies : Le portrait de mariage – Maggie O’ Farrell – Belfond
Cette britannique est l’une des auteures la plus traduite dans le monde qui met l’accent, dans ses
œuvres sur la psychologie de ses personnages.
Ce roman, fait d’analeptses et de prolepses, nous entraine dans la Renaissance italienne aux cotes de
Lucrece de Medicis, troisieme fille du duc de Toscane, Come 1er. Il raconte la naissance de Lucrece
jusqu'à son mariage avec le duc Alfonso II d’Este et ces moments que la toute jeune femme pense etre ses dernières heures.
Lucrece a pose pour le portrait de mariage, une image figée pour l’eternite. Maintenant, elle doit
donner un héritier a son époux polymorphe, aimable, avenant, autoritaire et cruel, sa vie en dépend.
Des les premieres pages, Lucrece, femme fragile et sensible, un tres beau personnage nous confie ses
craintes : son mari veut la tuer, voila deux ans qu’elle est mariée, elle n’est toujours pas mère. Cela se
fera quand, comment, ou ? Elle s’interroge et attend, car tel est son destin. Elle laisse parler son cœur.
Dans une note finale, l’auteure explique qu’elle a pris quelques libertés avec la réalité historique, mélangeant l'histoire de plusieurs jeunes femmes de l'époque.
Le portrait de mariage reste une histoire bien construite, aux accents féministes, qui raconte le
destin d’une femme opprimée, instrumentalisée des sa naissance, puisque sa seule utilité sera de
procréer. Une histoire romancée qui évoque elle aussi le mythe de la virilité.
Michèle : - La fille de l’ennemi public – Lelia Dimitriu. Grasset
C’est un livre écrit par une femme, Lelia Dimitriu, qui témoigne de sa vie de jeune femme, de son
ardente ambition de liberté, un récit qui se déploie comme une grande fresque historique.
Une autobiographie rédigée a 84 ans. Une entrée dans le monde des écrivains tardive qui n’est
pas anodine. Elle en prend l’initiative le 24 février 2022 le jour ou l’armée russe envahit l’Ukraine,
il lui faut rédiger ses souvenirs tous imprescriptibles, qu’elle gardait au tréfonds de sa mémoire,
car ressurgissent colère et dégout, deux sentiments ressentis lors de l’invasion russe de son pays
natal, la Roumanie.
Après les accords de Yalta de février 1945, la Roumanie subit le joug du régime stalinien. La
prospère societe de fabrique de meubles de son père Costa Cristu est nationalisée, la famille au
ban de la société devient miséreuse. Les gouvernements successifs d’Ana Pauker, de Gheorghe
Gheorghiu-Dej, Nicolae Ceausescu seront nefastes pour le pays mene a la baguette, voir a la
kalachnikov. Les conditions déplorables de la vie quotidienne, la privation de liberte et les
menaces constantes de la Securitate. L’emergence d’une nomemklatura maffieuse, les
apparatchiks incultes et incompétents, le renouveau de l’antisemitisme, donneront, tres tot a
Lelia l’envie de s’exiler pour la France et vivre a Paris.
Dans ce recit, elle deroule son enfance, sa jeunesse avec réalisme, humour, poésie, ses premiers
amours, dramatiques avec Milo Dragu, la confrontation a l’épreuve douloureuse de l’avortement,
ses choix de vie, son combat pour pouvoir quitter son pays natal asphyxie par la dictature. Enfin
a 28 ans, le 15 juin 1967, elle peut recommencer une nouvelle vie a Paris, obtenir un DEA,
travailler pour l’Institut national de recherche pédagogique. Etre LIBRE.
Un témoignage intéressant d’un point de vue humain et historique malgré quelques passages un
peu trop romances, l’écriture est alerte agréable, sincère.

Treize fidèles et une nouvelle venue ont participé à cette soirée du club lecture du 2 Février :
Béatrice, Christian, Claude, Daniel, Isabelle, Jacky, José, Jules, Marlies, Micaela, Michèle, Miguel, Olivier, Pascale.
Douze livres ont été présentés, plusieurs « feel good » pour positiver et voir la vie plus lumineuse, d’autres pour voyager, au gré des récits, dans le temps et l’espace en Corée, Espagne, Irlande, Grèce, Russie, à Jérusalem, sur les hauts sommets himalayens.
Prochaine rencontre le vendredi 8 Mars
Daniel : - La misère et la gloire- André Ropert (Armand Colin, réédition 2018)
L’auteur raconte de façon chronologique mille ans d’histoire, celle du monde de la Russie qui a fortement contribué à faire ce qu’est devenue l’Europe. Cet ouvrage de plus de quatre cents pages donne de nombreuses pistes pour mieux comprendre la situation actuelle de la Russie, ses ambitions, ses prétentions, ses illusions mais aussi saisir ses désillusions. Elles résultent de la spécificité même de ce vaste pays composite qui n’a pu se doter d’une identité commune à cause des caractéristiques qu’il porte : religions, mosaïque de peuples, culture opposant l’élite et le peuple ...
Les rêves de gloire et d’hégémonie ne peuvent se concrétiser, le dépit de ses dirigeants grandit et s’accélère.
Daniel se dit stupéfait de voir comment l’actualité est façonnée et heurtée par cette histoire millénaire. Elle se reproduit de siècle en siècle et de régime en régime.
Il recommande vivement ce livre indispensable pour comprendre la façon de penser russe, les réactions de ce pays et de ses dirigeants, …, et in fine, de mieux saisir et interpréter les évènements présents.
Jules : 1 - Histoire de Jérusalem - Vincent Lemire, Christophe Gaultier (Les arènes)
2 - Triste Tigre - Neige Sinno ( Editions P.O.L.)
1- Histoire de Jérusalem, un cadeau de Noël apprécié, une BD addictive, vivante, dense, excellemment documentée, écrite par Vincent Lemire, historien, directeur du Centre de recherche française de Jérusalem, et illustrée par Christophe Gaultier. C’est le résultat de 20 ans de recherches, de 6 ans de rédaction et d’illustration.
En dix chapitres classés par ordre chronologique, il raconte 4 000 ans d’une histoire universelle, celle de Jérusalem qui à l’origine était une petite bourgade isolée, perchée sur une ligne de crête entre Méditerranée et désert et qui aujourd’hui est une agglomération de presque un million d’habitants, focalisant l’actualité.
Scènes et dialogues proviennent de plus de 200 sources publiées et d’archives inédites. Le tout donne chair à ce récit choral.
4 000 ans d’une histoire universelle pour la première fois racontés dans une BD exceptionnelle.
2- Triste Tigre- Suite à la présentation de ce livre lors d’une soirée précédente, Jules a éprouvé le besoin de s’approprier cette lecture. C’est un témoignage personnel qui prend la forme d’un essai sur le viol, c’est ce qui rend ce livre particulièrement intéressant car il fait aussi un tour complet sur cette douloureuse situation. L’écriture est puissante et Jules recommande fortement cet ouvrage.
Isabelle : - Stupeur - Zeruya Shalev (Gallimard)
Nous restons en Israël.
Deux familles, liées par un homme, un ex-époux et un père d’une grande sévérité, voire violent. Deux femmes, Rachel, qui fut il y a 70 ans son épouse, une très vieille dame qui a participé, les armes à la main à la fondation de l’état d’Israël et Atara, cinquantenaire, sa fille qui, dans les premières pages du roman assiste son père agonisant. Dans les vies de ces deux familles, ces destins chaotiques et ces trajectoires, s’entrelacent la genèse et l’histoire douloureuse de ce pays.
Le titre peut s’expliquer par les thèmes développés dans le récit : l’amour, la filiation, la mort, le deuil, la religion, la guerre, les désillusions,…
L’écriture est forte, sombre, souvent tragique. Elle met en évidence les convulsions et les fractures de la société israélienne.
Une lecture qui ne peut laisser indifférent, un roman puissant qui fait écho à cette prégnante et tragique actualité.
Micaela : - Ensemble c’est tout - Anna Gavalda (J’ai lu)
L’histoire de Paulette, Camille, Franck et Philibert. Paulette, âgée, vit seule et n’est plus apte à rester chez elle ; elle va se retrouver en maison de retraite. Franck, son petit-fils cuisinier, lui rend régulièrement visite. Celui-ci cohabite dans un grand appartement avec Philibert, l’aristocrate. Camille, jeune femme à la fibre artistique, vit misérablement dans une chambre de bonne sous les toits dans le même immeuble. Ces personnages, un peu paumés et solitaires, poursuivent leur vie. Mais le destin va s’emmêler joyeusement pour les rendre solidaires .
Un livre de 600 pages. Il faut parfois se concentrer sur la lecture pour avancer dans l’histoire et ne pas en perdre le fil, mais c’est une belle découverte (l’adaptation cinématographique réalisée par Claude Berri est aussi une réussite). L’amitié, la tendresse, la solidarité, l’humour sont des valeurs mises en exergue dans ce roman.
Didier : - Les douleurs fantômes - Mélissa Da Costa (Le Livre de Poche)
Les douleurs fantômes fait suite à Je revenais des autres, mais peut se lire seul.
Rosalie, Gabriel, Tim, Anton et Ambre furent amis. Après un drame, ils se sont éloignés les uns des autres. Ils vont se retrouver cinq ans après. Ces retrouvailles vont permettre de faire le point sur la vie de chacun d’entre eux, raviver leurs souvenirs, leurs douleurs, mais aussi leurs certitudes.
Les nombreux dialogues qui jalonnent le récit ont permis à Didier d’être étroitement et émotionnellement aux côtés des protagonistes, touchants.
Les thèmes développés sont nombreux : la violence faite aux femmes, le handicap et son accompagnement, l’attitude et la responsabilité des aidants, la résilience, l’enfance, le deuil ...
Béatrice : - La vie heureuse - David Foenkinos (Gallimard)
Eric et Amélie étaient scolarisés dans le même lycée. Par le biais de Facebook, il se retrouvent. Lui est cadre dans une enseigne commerciale d’équipements sportifs , elle est directrice de cabinet du secrétaire d'Etat au Commerce extérieur. Amélie sollicite Eric pour travailler au sein du gouvernement. Las de sa vie actuelle, il accepte et ils partent donc ensemble à Séoul pour une mission professionnelle. C'est là qu’Éric va faire une expérience étonnante : suivre un stage permettant de mettre en scène sa propre mort, de simuler ses funérailles, pratique thérapeutique coréenne courante. Cette expérience va lui permettre, en portant une réflexion sur sa propre mort, de l’amener à une nouvelle vie.
La fin du roman a cependant laissé Béatrice un peu sur sa faim !
Christian : - Sur les traces de Nives - Erri de Luca (Gallimard)
Erri De Luca accompagne la célèbre alpiniste italienne Nives Meroi dans l'une de ses expéditions himalayennes. Réfugiés sous la tente en pleine tempête, à 8000 mètres d’altitude, ils engagent, par une nuit d’insomnie une longue conversation. Les récits d'altitude de la jeune femme sont une trame sur laquelle Erri de Luca va appuyer ses réflexions sur son parcours de vie à la fois humain et littéraire, et sur ses souvenirs. C’est un livre qui permet de s’interroger sur le dépassement de soi, sur la solitude qui permet de mieux se retrouver et sur le rôle effectif des sherpas souvent oubliés dans la conquête et la victoire des sommets.
A la fois vivifiant, poétique, et philosophique, d’une lecture aisée, cet ouvrage a renvoyé Christian à un livre lu dans sa jeunesse, écrit par Edmund Hillary, l’alpiniste néo-zélandais ayant vaincu le premier l’Everest en 1953 : Au sommet de l’Everest.
Marlies : - La bonne chance - Rosa Montero (Métailié)
Qu’est-ce qui pousse un cinquantenaire, architecte de renom international, à descendre d’un train, à rebrousser chemin, au lieu de poursuivre sa route pour donner la conférence où il est attendu et de vouloir avec acharnement acheter un appartement sordide dans un village minier lugubre ? Dans ce lieu sinistre, Pozzonegro, cet homme, Pablo, fait la connaissance de différentes personnes, dont un notaire un peu filou, et une femme d’origine roumaine, Raluca, un peu déglinguée. Peu à peu, se dévoile le secret de cet homme qui fuit (mais que fuit-il ?).
Ce livre est un fin thriller à la fois policier et psychologique, une histoire d’amour rafraîchissante, un bon moment de lecture addictive.
Claude :1 - Le roi Amoureux - Philippe Casassus (L’Harmattan)
2 - Le crime c’est l’argent - Petros Markaris (Cambourakis)
1 - Le roi amoureux
Philippe Casassus, professeur émérite de Thérapeutique et docteur en Histoire, nous offre une biographie historique romancée, et bien documentée, du roi Philippe 1er, arrière-petit-fils d’Hugues Capet, un monarque relativement peu connu, malgré l'un des plus longs règnes de l'histoire de France (48 ans). Cet ouvrage raconte les dernières années de sa vie, notamment après qu’il ait répudié sa femme, et volé la femme de l’un de ses vassaux. Le récit est émaillé, comme un roman d’aventures, d’enlèvements, de tentatives d’assassinat, de conflits avec la papauté, de guerre avec les Anglais.
2 - Le crime c’est l’argent
Claude, une fois de plus, nous fait voyager avec des romans policiers ; après Cuba, nous voilà en Grèce.
Nous sommes à Athènes, et la Grèce est toujours confrontée à une crise économique de grande ampleur. Deux investisseurs (un chinois et un arabe du Golfe - ils sont bien présents en Grèce) sont assassinés. Politiques et financiers s’affolent. Le célèbre commissaire Charitos est chargé de l’enquête.
Avec ce nouveau roman, loin des clichés touristiques, l’auteur évoque la vie quotidienne de la capitale plongée dans ce marasme qui perdure, même si les médias en parlent peu ou plus du tout.
Michèle : - Mon traître - Sorj Chalandon (Le livre de poche)
C’est grâce à Isabelle qui nous avait présenté en décembre le Quatrième mur que Michèle s’est intéressée à ce roman.
Sorj Chalandon se saisit de faits réels qui l’ont gravement impacté et affecté dans sa vie professionnelle de journaliste et qu'il travestit dans un roman. Il raconte son amitié avec Denis Donaldson qu'il met en scène de façon originale.
Le traître, dans la fiction, c’est Tyrone Meehan. Le narrateur Antoine ( Tony) est un luthier qui s’éprend, de façon irrationnelle et inconditionnelle, de la cause des catholiques irlandais opprimés et humiliés par les royalistes et l'armée britannique. Il s’immerge lentement, irrésistiblement, dans leur monde, adopte leurs rites. Tyrone Meehan un officier héros de l'IRA, emprisonné plusieurs fois et libéré, devient dans un premier temps son mentor, son guide, jusqu’à ce que celui-ci soit démasqué comme traître à la solde des anglais.
C'est un roman puissant, magistral, qui nous transporte en Irlande, dans l’humanité des misérables ghettos catholiques. Il dit la force de la fraternité, de l’amitié vibrante et de la confiance. Tout ceci cependant se fracasse soudainement : foudroiement de la déloyauté, honte de la trahison, tragédie de la guerre.
Michèle a pour ce livre un coup de cœur intense, douloureux . Sentiments partagés par plusieurs participants de la soirée qui ont aussi lu ce récit.
Miguel : - L’art de la guerre- Une aventure de Blake et Mortimer – Floc ’h , Fromental et Bocquet.
Par manque de temps le livre n’a pas pu être présenté, il le sera une prochaine fois.
Olivier :- L’éloge de la lenteur- Carl Honoré.
Par manque de temps le livre n’a pas pu être présenté, il le sera une prochaine fois.

Prochaine rencontre similaire le vendredi 2 février.
Animation : Miguel Couralet, Compte rendu : Michèle Robinet et Miguel Couralet,
1/ Christian : « La dernière partie de cartes » , Mario Rigoni Stern.
L’ultime livre de l’auteur décédé en 2008, une des meilleures ventes en Italie lors de sa parution en 2002.
Mario Rignoni Stern s’enrôle en 1938 à 17 ans, par amour de la montagne, dans les chasseurs alpins et durant la Seconde Guerre mondiale participe aux côtés des Allemands aux campagnes meurtrières en Grèce, Albanie et en Russie face à l’Armée rouge. Il se remémore sa vie de soldat, décrit le vécu d’un quotidien difficile, prend peu à peu conscience des atrocités de la guerre , de son engagement et de sa responsabilité de soldat dans une armée fasciste. Il se dessille, ses illusions s’envolent peu à peu. Il n’était rien qu’un homme qui, parmi des millions d’autres hommes, combattait très loin de chez lui dans la guerre la plus horrible que les étoiles aient vue depuis qu’elles existent. Il raconte, se raconte, avec des mots justes et sobres. Petit recueil de souvenirs poignants et sans complaisance, d’une forte portée, qui fait écho à notre sombre actualité.
2/ Olivier : « Traité d’ athéologie », Michel Onfray.
Olivier qui avait annoncé lors de la dernière séance qu’il était en train de lire le livre de Michel
Onfray « Traité d’athéologie » a souhaité nous le présenter rapidement. Cet essai philosophique de 315 pages, publié en 2005 est constitué de quatre parties : (1) Athéologie (2) Monothéismes (3) Christianisme (4) Théocratie. Le très médiatique Michel Onfray, avec sa verve particulière, féroce et provocante dresse, en les déconstruisant, le portrait des religions depuis leur genèse jusqu’à nos jours. Elles sont, selon lui, génératrices d’illusions.
Olivier nous a expliqué que comme tous les livres d’Onfray l’ouvrage est bien documenté, accessible, les exemples sont nombreux. Pour Olivier c’est une « bonne » analyse qui invite et stimule chacun à la réflexion, quelques soient ses convictions.
3/ Béatrice : « L’ami arménien », Andreï Makine.
C’est l’histoire nostalgique, puissante et tragique d’une amitié adolescente entre un jeune russe orphelin (Makine, de toute évidence) et Vardan si fragile et si mature porteur de la maladie arménienne. Le narrateur est accueilli chaleureusement au sein de cette petite communauté arménienne du « bout du diable » aux confins de la Sibérie, venue du Caucase pour être plus proche et soutenir les membres de leurs familles arrêtés et incarcérés pour subversion séparatiste et anti-soviétique.. Il y rencontrera de merveilleuses personnes. Un livre qui ne peut laisser indifférent.
Au départ Béatrice a rencontré quelques difficultés pour s’adapter au style académique de Makine. Mais cette autofiction publiée en 2021 reste pour elle un coup de cœur par ses passages poétiques, l’émotion qui s’en dégage et cette leçon de vie magique. D’autres participants de la soirée littéraire qui avaient lu le livre ont dit leur admiration pour l’œuvre.
4/ Jules : « La Comédie d’automne », Jean Rouaud
Dans ce livre, une chronique douce- amer, Rouaud revient en détail avec un humour atypique et une ironie piquante sur la publication de son premier roman qui contre toute attente de son éditeur rafle en 1990 le Prix Goncourt Les Champs d’honneur. Ceci alors qu’il n’était qu’un modeste kiosquier, issu d’un milieu populaire, n’ayant rien de l’aura d’une plume germano-pratine. Pour Jean Roubaud c’est un prix prestigieux qui ne récompense pas toujours les talents scripturaux de l’auteur, mais qui est surtout une bataille économique, une compétition de pouvoir, de rivalité entre éditeurs les plus puissants. La Comédie d’automne est un témoignage intéressant, émouvant, drôle, qui relate le parcours de Rouaud qui en dit plus sur les coulisses du monde de l’Édition, qui dénonce notre société de consommation. Une belle référence pour ceux qui aiment la « vraie » littérature.
5/ Isabelle : « Le 4ème mur », Sorj Chalandon
Ce roman auto fictionnel retrace des évènements que S.Chalandon n’a pas pu écrire en tant que reporter quand il couvrait la guerre du Liban et qu’il traduit longtemps après sous forme de roman. C’est une histoire qui raconte l’amitié entre Georges, (Sorj) metteur en scène et Samuel, un grec pacifiste, atteint d’un cancer. Ce qui va les lie c’est l’amour du théâtre. Ils doivent adapter pour une seule représentation Antigone de Jean Anouilh. Une trêve fragile, chimérique lors d’une journée à Beyrouth meurtrie en pleine guerre du Liban, en 1982, avec des comédiens issus de chaque camp belligérant impliqué dans le conflit.
C’est un livre qui révèle un peu plus la complexité du conflit israélo-palestinien, de toutes les guerres d’ailleurs. C’est une ode à la fraternité, à l’espoir, au désespoir aussi et à l’amour.
Le titre ? Le « quatrième mur » est un terme qui désigne, au théâtre, le « mur » invisible que construit inconsciemment l'acteur qui joue entre la scène et le public, et qui le protège. L’'acteur brise ainsi le quatrième mur et l'illusion théâtrale lorsqu'il s'adresse au public.
6/ Claude : « Ouragans tropicaux », Leonardo Padura
L.Padura est un journaliste, scénariste et écrivain devenu citoyen espagnol, vivant à Cuba, lieu de vie qui lui est indispensable pour pouvoir écrire.
L’histoire se passe en 2016. La Havane reçoit le président Barack Obama, les Rolling Stones et accessoirement… un défilé Chanel. C’est beaucoup d’un coup pour la capitale surexcitée qui va être prise d’assaut par les touristes. Mario Conde, personnage récurrent d’autres romans de Padura (dix enquêtes!) est un flic à la retraite, sceptique et ironique. Il pense que, comme tous les ouragans tropicaux qui traversent périodiquement l’île, ce déferlement va s’en aller sans que rien n’ait changé, juste quelques « poussières dans le vent ». Pourtant, la police débordée par ces évènements va faire appel à ses compétences pour qu’il participe à la résolution d’un meurtre, celui d’un haut fonctionnaire œuvrant dans le monde de la culture, un des « salopards » des plus corrompus du pays. Parallèlement Condé a entrepris d’écrire sur les évènements survenus en l’an 1910, année de la comète Halley et sur Alberto Yarini, un fils de bonne famille tenancier de bordel prêt à devenir président de la toute nouvelle République de Cuba. Les liens, les similitudes entre passé et présent se croisent, s’entrecroisent, et comme sur un miroir se réfléchissent. Tout renvoie à l’histoire complexe de Cuba. C’est un vrai roman policier, complexe, plein d’humour et de mélancolie.
7/ Marlies : « Ce que je sais de toi » , Eric Chacour
Écris à la deuxième personne du singulière Ce que je sais de toi est comme une longue lettre qui nous fait découvrir le Caire des années 1970-80. Tarek, jeune médecin, vient de reprendre le cabinet médical de son père, médecin. Il a un destin tout tracé.
Il partage son existence entre un métier prenant et passionnant et le quotidien familial où se côtoient une discrète femme aimante, une matriarche autoritaire follement éprise de la France, une sœur confidente et la domestique, gardienne des secrets familiaux. L’ouverture par Tarek d’un dispensaire dans le quartier défavorisé du Moqattam lui offre une bouffée d’oxygène et une reconnexion nécessaire au sens de son travail. Jusqu’au jour où une surprenante amitié naît entre lui et un habitant du lieu, Ali, qu’il va prendre sous son aile. Un vent de liberté ne tarde pas à ébranler les certitudes de Tarek et bouleverse sa vie.
La critique littéraire est dithyrambique, : écriture subtile, sensible, pudique, éblouissante…, les ventes confirment et confirmeront largement ces appréciations. Le bandeau du livre indique que c’est « Un premier roman impressionnant de maîtrise et d’émotion ». Pour Augustin Trapenard ( La Grande Librairie) c’est une révélation. Ce que confirme Marlies.
8/ Michèle : « Cyrano de Bergerac », Edmond Rostand
Michèle très en forme nous exprime un billet d’humeur très drôle et très animé autour de sa relecture de Cyrano de Bergerac. Nous citons intégralement :
« On peut avoir des pulsions alimentaires irréfragables, liées souvent à une carence spécifique, qu’elles soient déficiences en vitamines, en nutriment minéral, ou autres. Il m’est arrivé récemment après être restée plusieurs jours sans rien pouvoir avaler, d’avoir eu la même sensation avec le besoin de lire plus substantiellement. Une grande envie de me nourrir de belle littérature classique, de vocabulaire riche, de figures de style élégantes et fleuries, de tournures appétissantes… ( Candide, Noces ou Cyrano?)
Ce fut Cyrano aux auxèses abondantes, aux métaphores subtiles, aux néologismes joyeux. Je me suis une fois de plus intéressée d’un peu plus près au tableau social de cette France du XVII ème, à la Guerre de Trente ans, au siège d’Arras (acte 4) , et surtout au personnage éponyme qui a inspiré ce héros de théâtre, Savinien de Bergerac. Celui-ci n’avait rien de Gascon, poète, polémiste, philosophe, homme d’armes. Je me suis intéressée aussi au Trio amoureux formé par Roxanne, Christian et Cyrano en notant, ce que je n’avais jamais perçu avant, un possible duo amoureux entre Christian et Cyrano.
J’ai pensé après coup, mon estomac rétif revenant enfin à la raison, que cette lecture fut aussi inspirée par une fringale trouvant sa source au souvenir des succulents mets cuisinés avec tant de poésie par Ragueneau : roinsoles , tartelettes amandines, darioles , et bien autres gourmandises salées ou sucrées alléchantes, tout autant que les rafraîchissements appétants proposés au premier acte à l ’Hôtel de Bourgogne : eau de framboise, aigre de cèdre, citronnée… »
9/ Miguel : « J’accuse l’URSSAF… ! », Philippe Pascal
Dans ce livre, l’auteur, qui fut inspecteur à l’URSSAF de Vaucluse, secrétaire du CODAF ( comité opérationnel anti-fraude départemental) raconte ces sept longues années de procédures, de doutes, de menaces, d’humiliation, d’agressions, physiques et verbales, de combat épuisant , de résistance contre sa hiérarchie alors qu’il ne faisait que son métier celui d’instruire une affaire de travail « au noir » au cœur de laquelle était impliqué un notable vauclusien qui s’était vu notifier un redressement important lié à du travail dissimulé. Il raconte en détail la genèse de cette histoire, les trahisons vécues mais aussi les appuis amicaux qui l’aidèrent à tenir bon malgré cette terrible épreuve, celle « du pot de terre contre le pot de fer » Pourtant en citant Albert Camus « Et vivre, ce n’est pas se résigner, Noces » Philippe Pascal confirme que malgré cette terrible épreuve, il a pu et su faire son « métier d’homme » (toujours Camus qu’il affectionne) , avec conviction, en gardant, quoiqu’il en coûte la tête haute. Un témoignage édifiant et émouvant.
10/ José : « Love, Histoire d’un sentiment », Barbara H. Rosenwein
«L'histoire de l'amour, comme l'amour lui-même, ne cesse d'obéir à un processus de mutation, de fabrication et de réélaboration de nouveaux fantasmes. B. H. R. »
Barbara Rosenwein, historienne médiéviste américaine, explore et retrace l'histoire passionnante des différentes représentations que les hommes et les femmes ont pu se faire des relations amoureuses au cours de l'histoire de l'Occident. Cinq chapitres qui traitent du même sujet, sous des angles très différents.
L’ambition de l'autrice est de «comprendre comment nous pensons l'amour aujourd'hui et comment il était pensé dans le passé», en restituant non pas tant ce que les amoureux ont pu dire de leur propre état, que «les fictions qui servent si souvent d'échafaudage aux fantasmes amoureux que nous élaborons et auxquels nous nous accrochons».
Dans le premier chapitre, Barbara Rosenwein explore la fantaisie de l’amour comme accord parfait de cœur et d’esprit, l’amour comme « recherche de l’âme sœur ». Le deuxième chapitre est consacré à la transcendance amoureuse. Le troisième chapitre aborde l’amour comme obligation et non plus comme liberté. Les quatrième et le cinquième chapitres traitent des formes obsessionnelles et instables de l’amour.
José a exposé tout cela avec passion donnant envie de lire ce beau livre de 300 pages, abondamment illustré… peut être à retrouver, prochainement au pied du sapin !
Faites connaître autour de vous ces soirées de la librairie
La Mémoire du Monde.
C’est ouvert à tous !

Déjà la quatorzième soirée !
Avec quatorze personnes au départ, des arrivées quelques minutes après le début ( petit retard fort pardonnable, le temps n’était pas de la partie!), et nous nous sommes retrouvés à seize !
Frédérique : Le temps des gens ordinaires – Christophe Guilluy
Elle nous a présenté un essai dont l’auteur est chercheur, géographe et inventeur du concept « de France périphérique »
Il s’agit d’une analyse en trois parties pour traiter de l’accès à la culture par le prisme de la territorialité. Dans cette géographie périurbaine , 60 % de la population y réside, leur lien avec la culture n’est pas évidente, cela crée des inégalités voir une vraie marginalisation . Cependant , ceux qui sont nommés les déplorables, qui appartiennent à la classe populaire, par le biais, notamment des cinéastes, musiciens (rappeurs), auteurs,… deviennent des « héros ». L’attachement à leur territoire, leur solidarité, permettent de relever le challenge, de regagner le terrain de la culture, celle dite populaire, de s’affranchir de la domination des élites culturelles, de passer de l’ombre à la lumière.
Cet ouvrage a le mérite de mettre en évidence les vraies questions sur l’évolution de nos sociétés , il nous faire réfléchir , nous donne des clés pour mieux comprendre et décrypter ces problématiques politiques, sociales , culturelles et les enjeux que cela représente.
Isabelle : Nous l’Europe - Laurent Gaudé
Un auteur qu’ affectionne particulièrement Isabelle.
Le choix de ce livre, ce soir, résulte de la situation mondiale dramatique actuelle. Il nous est donné de réfléchir sur les leçons de l’histoire. Seulement 182 pages mais quelle puissance et quelle passion contiennent-elles !
C’est un poème en prose, une source ardente d’inspiration pour vivre et survivre, pour continuer à croire en l’avenir, en une Europe vraiment humaniste. Chaque phrase est à méditer.
Ce texte, magnifique, a fait l’objet d’une adaptation au Festival d’Avignon 2019.
Isabelle, pour conclure cite Christian Bobin : « J’attends d’un poème qu’il me tranche la gorge et me ressuscite ». C’est le mérite de cet ouvrage à la poésie à la fois turbulente et fragile.
Jules : Alpinistes de Staline - Cédric Gras – Prix Albert Londres -
Ce livre raconte l’épopée héroïque des frère Abalakovy, deux alpinistes russes qui traversent avec bien des aléas, l’époque de Staline.
Après avoir compulsé les archives russes, l’auteur a découvert que cette fratrie avait été victime des terribles purges staliniennes alors qu’ils n’avaient aucune intention de nuire au régime. Passionné par cette découverte, il décide de raconter leur histoire.
Orphelins, nés en Sibérie, ils pratiquent très tôt l’escalade, avant de devenir , parmi les tous premiers en URSS, des alpinistes aguerris pour la gloire de leur pays. Entre Caucase et Asie centrale, ils multiplient les expéditions jusqu’à gravir, dans les années 1930, les vertigineux pic Staline et de Lénine, au nom du pouvoir. Malgré cela ils furent victimes comme tant d’autres du climat de délation et de dénonciation qui pour un oui et pour un non vous vouait à la punition.
C’est fort bien rédigé, cela se lit à la fois comme un roman d’aventure et un policier.
Béatrice : La fête des mères – Richard Morgiève- Joëlle Losfeld éditions-
Béatrice a entrepris la lecture de ce livre après une interview de l’auteur par Pierre Lescure (La 5). Elle a été impressionnée par le personnage créé par Richard Morgiève. Il n'y a pas d'éternité pour l'amour mais des romans pour le raconter .
Un livre réécrit qui prend rang pour être primé par un des Prix de la rentrée littéraire.
Une famille aisée, un père banquier, absent, (à sa décharge il fut prisonnier dans un camp de concentration) , une mère particulière qui éduque ses quatre enfants avec des principes d’un autre temps : ne pas se laver à l’eau chaude, rester avec un creux à l’estomac car manger à sa faim n’est pas bon… La fratrie, à la fois se déteste et s’aime. C’est l’un des enfants qui raconte, Jacques Bauchot.
C’est un roman triste, poignant où l’humour affleure souvent, plein de poésie, d’émotions, où la recherche des mots prend une grande valeur, un style époustouflant, pour Béatrice, un livre culte, un des meilleurs livres lus depuis longtemps.
Olivier , deux livres présentés: L’amour – François Bégaudeau-
Un petit roman qui raconte la vie d’un couple, le quotidien de celui de Jeanne et Jacques.
Olivier nous confie : « j’ai lu ce petit livre, 80 pages, d’un bout à l’autre, sans pause. Je me suis retrouvé, et chacun peut s’y retrouver, dans cette lecture.
C’est plaisant à lire, même jouissif, c’est écrit sans chapitre, sans transition, mais on s’adapte très vite et on se prend au jeu de cette écriture. Il le recommande chaudement.
Tout le ciel bleu – Melissa Da Costa
Olivier nous parle de ce livre très différent de plus de 800 pages qui raconte le voyage, le dernier d’un jeune homme avant qu’il ne sombre dans les tourments d’Alzheimer. Il passe une petite annonce pour trouver le compagnon ou la compagne de cette ultime aventure. Ce sera une femme…
La lecture est agréable, plein d’humanité, un feel- good qui permet l’évasion.
Olivier nous dit lire en ce moment le Traité d’athéologie de Michel Onfray, peut-être une prochaine présentation ?
Natalia : Sarah, Susanne et l'écrivain - Eric Reinhardt – Gallimard
Sarah a confié l’histoire de sa vie à un écrivain qu’elle admire, afin qu’il en fasse un roman. Dans le livre Sarah devient Suzanne. Un jeu de miroir.
Suzanne ne se sent plus aimée comme autrefois. Chaque soir, son mari se retire dans sa cave, qu’y fait-il? Il reste y de plus en plus longtemps, pour finir par ne plus regagner l’appartement, la laissant seule avec leurs enfants. Dans le même temps, elle s’aperçoit qu’il possède soixante-quinze pour cent de parts dans leur domicile conjugal. Elle demande à son époux de discuter sur leur situation lors d’un déjeuner dans un restaurant. Elle lui déclare vouloir faire un break. Ce sera le début d’un enchaînement d’évènements imprévisibles, bouleversants, vertigineux. L’écriture est puissante, magistrale. En lice pour le Goncourt 2023.
Daniel : Alamut – Vladimir Bartol -
Daniel a lu ce livre publié, pour la première fois, en 1938, il y a quelques années , il en garde un vif souvenir. Depuis il en reprend des passages ou se documente à propos.
C’est un roman d’aventure, basé sur des faits historiques qui se déroulent dans les montagnes, au nord de l’Iran dans la forteresse inexpugnable d’Alamut. Les Haschichins ( étymologie probable du mot Assassin), mènent une lutte religieuse effrénée contre leurs voisins religieux, le sultan de Turquie, seldjoukid. Un des intérêts de cette lecture est la mise en évidence des techniques de manipulations (notamment celles de se sacrifier) , qui font tristement écho à l’actualité du Proche Orient , Iran, Irak… Finalement, hélas, une lecture atemporelle.
Giana: Saga : L'amie prodigieuse d’Elena Ferrante –
Giana a été passionnée par cette suite littéraire . Elle rappelle que l’auteur (re) est toujours à ce jour sans identité précise . Ce qui a plu à Giana dans cette saga ce sont les thèmes développés : l’amitié entre femmes, qui peut dégénérer en haine, les paysages sublimes de Naples, ville ancrée dans les romans, la violence des sentiments, la solidarité, les souvenirs de jeunesse, que l’on garde éternellement.
Quatre tomes, une histoire inachevée. Elle attend le 5eme…..
Solange : La disparition de Joseph Mengele – Olivier Guez -
Venue pour la première fois au club littéraire, Solange nous a présenté avec conviction l’intérêt qu’elle eu à lire ce livre.
Un roman historique très documenté qui nous entraîne à la poursuite du sinistre médecin criminel Joseph Mengele surnommé l’ange de la mort. Le récit se déroule de 1949 quand commence véritablement sa longue cavale jusqu’à sa mort en 1979 sur une plage du Mexique, une errance sans répit, soutenue par sa famille, les SS, le président argentin Juan Péron et de nombreux réseaux. Cette traque décrite sous forme de roman qui se lit comme un roman policier reste une chronique de l’inhumanité qui est glaçante.
Michèle : J’ai capturé Eichmann- Rafael Eitan
Un livre commencé avant les douloureux évènements vécus par Israël et Gaza et achevé le 7 octobre, terrible jour où le Proche Orient va se trouver sous les feux d’une actualité dramatique.
Le titre laissait à penser que la capture d’Eichmann L'homme de la Solution finale
serait plus détaillée. En fait il y a juste une vingtaine de pages sur ce fait.
C’ est l’autobiographie de Rafi Eitan (1926 -2019) , ancien maître espion au service du Mossad qui se raconte avec un peu trop de fatuité et qui présente quelques longueurs.
Ce qui reste intéressant dans ce livre c’est l’exposé des diverses institutions israélites, noms fréquemment cités par les médias ces jours-ci :
le Aman : direction du renseignement militaire israélien.
le Mossad :chargé du renseignement extérieur et des opérations spéciales en dehors des frontières de l’État d’Israël.
Shin Bet : service de renseignement intérieur israélien.
Aujourd’hui décédé, l’auteur livre son opinion sur le devenir de son pays, pour comprendre ce qui est possible, ce qui ne l'est pas, ce qui est nécessaire pour garantir qu'Israël reste un état juif démocratique…
Marlies : Triste Tigre – Neige Sinno - P.O.L
Un livre qui dit encore l’inceste, en très bonne position dans de nombreuses listes de prix.
Un grand texte, un récit puissant, terrible que Neige Sinno a mûri pendant une vingtaine d’années, le temps de trouver le ton juste pour parler des sévices qu'elle a vécu dans son enfance. Si la littérature ne l'a pas sauvée, elle ne peut réécrire le passé, elle l'a aussi construite et donné des armes pour porter une réflexion sur notre société.
Miguel : Le défi de Jérusalem - Eric-Emmanuel Schmitt – Albin Michel
Eric Emmanuel Schmitt raconte, de façon très personnelle, le pèlerinage qu’il a fait récemment en terre Sainte à la demande du Vatican. Il se livre beaucoup dans ce live où il raconte sa découverte des lieux où, selon les évangiles, Jésus a vécu. ( Bethléem , Nazareth, Césarée, le lac de Tibériade, le Mont Tabor, Béthanie, le mont des oliviers, le cénacle, Emmaüs, Jérusalem…). Il décrit les ambiances, les rencontres toujours hautes en couleur, les émotions et les interrogations. Il nous fait part de son propre cheminement depuis la scène mystique qu’il a décrite dans son livre « La nuit de feu », qui a été suivie d’ une soif d’étudier pendant des milliers d’heures des livres qui traitent du christianisme et de religion jusqu’à ce moment du pèlerinage qui le bouleverse dans sa foi alors qu’il est au Saint Sépulcre à Jérusalem.
Il décrit les tensions fortes entre les 3 religions qui devraient être pensées comme des fratries. Nous voyons avec les événements dramatiques actuels que ce « défi de Jérusalem » n’est pas prêt d’être relevé.
De tout cela il en a donc écrit un livre qui n’est pas un sommet de littérature mais qui donne à réfléchir. Il a rencontré le Pape François pour en parler et celui-ci a écrit une postface très émouvante qui recadre bien l’expérience vécue, sans doute le moment le plus fort du livre.

Animation : Miguel Couralet, Compte rendu : Miguel Couralet, Michèle Robinet.
Pour cette reprise, nous étions quinze :
Bernadette, Christian, Claire, Claude, Denis, Évelyne, Jacky, Jules, José, Laurent, Marlies,
deux Michèle, Miguel, Nicole.
Nous avons été heureux d’accueillir de nouveaux participants.
10 livres ont été présentés.
Denis :Le Club des incorrigibles optimistes – Jean-Michel Guenassia – Le Livre de Poche
Albin Michel
C’est avec un grand enthousiasme que Denis a présenté le livre qu’il a dévoré. Un livre qu’il a
prêté moult fois, toujours apprécié. Un roman qui parle de « nous », c’est à dire, les
participants de cette soirée, du moins les plus âgés d’entre nous !
Le jeune Michel, scolarisé au lycée Henri IV à Paris, raconte ce qui se trame dans l’arrière-
salle d’un café parisien qu’il fréquente. On y rencontre Kessel, Sartre et bien d’autres jouant
aux échecs. Avec eux , des Russes, des Roumains, des Polonais, des Tchèques...qui sont
passés à l’ouest, pour fuir les exactions du régime communiste et la privation de liberté…
Des exilés, des déracinés qui malgré leur tragédie, leur précarité, les nombreuses difficultés
qu’ils vivent au quotidien, restent, « d’indécrottables » optimistes.
Une fiction foisonnante où la petite histoire se mêle à l’Histoire , drôle, plaisante, qui fait
revivre avec nostalgie ces années sixties et son ambiance : baby-foot, Rock’n Roll...
Jules : Mr Vertigo Paul Auster - Babel
Le Cadre : l’Amérique, fin des années 20.
Walt, orphelin mal aimé, est vendu par son oncle, un être malfaisant, à Maître Yehudi. Il
confie au jeune enfant qu’il lui apprendra à voler. Il tiendra effectivement sa promesse. Au
prix d’efforts incessants, d’un impitoyable apprentissage, Walt, ainsi, deviendra célèbre par
ses lévitations .
L’intrigue qui met en scène de nombreux personnages, où les péripéties sont multiples, où les
évènements s’enchaînent fougueusement, permet de faire revivre les mythes et l’Histoire des
décennies 20/30 dans une Amérique portée par la violence, la haine, le racisme, dans un
climat de prohibition.
Une histoire magique, un conte à la fois étrange et terriblement captivant.
C’est du très grand Auster. Du coup Jules a entrepris de relire tout Paul Auster !
Micaela : Marie d’en haut Agnès Leding – J’ai lu
Premier roman de cette autrice féconde qui connaît, dès cette parution, un beau succès, non
démenti à ce jour
L’histoire d’un trio d’âmes esseulées à la vie cabossée: Marie, trentenaire, une agricultrice
installée en montagne, au caractère bien trempé, Olivier, le gendarme, Antoine, l’ami fidèle,
et la petite fille de Marie qui amène beaucoup d’humanité au récit. Des personnages
attachants et touchants.
Un “feelgood” (un livre qui fait du bien !) qui parle d’amour, d’amitié, de solidarité mais
aussi de solitude et de maladie le tout en riant beaucoup tout au long du livre.
Une écriture séduisante, tendre, poétique, pudique, émouvante. Une belle leçon de vie.
Laurence : Connemara Nicolas Mathieu– Actes Sud
Hélène, mère de famille, originaire des Vosges, a réussi sa vie professionnelle , en
s’arrachant à sa condition, c’est maintenant une transfuge sociale. Elle vit une crise
existentielle, au mitant de sa vie.
Elle revient sur les lieux de son enfance et revoit Christophe, ancien beau gosse, qui n’a
jamais quitté son bled, un bon vivant, simple.
Ces deux quadragénaires vont se rencontrer une nouvelle fois. Ils vont avoir une liaison.
Pourront-ils réussir cette histoire alors que beaucoup de choses les opposent ?
Ce qui a plu à Laurence c’est l’écriture émouvante de l’auteur, les flash-back (analepses)
entre deux époques, c’est le portrait social hyperréaliste et cynique de la France , ses écarts,
ses fractures sociales.
Connemara, c’est la référence à la France qui fredonne à l’époque la chanson de Michel
Sardou qu’on entend en boucle dans tous les milieux sociaux et qui fait socle commun.
Évelyne : Impossible Erri De Luca – Folio Gallimard
Évelyne est une fan de cet écrivain.
Ce roman est court mais dense.
L'événement central et dramatique se fonde sur un accident d’alpinisme dans les Dolomites.
Un alpiniste gravit la montagne. Il est suivi plus loin par un autre, ils ne se connaissent pas
( apparemment !) . Le premier fait une chute et se tue. Le second arrive tente de le secourir et
appelle les secours. IL sera suspecté de cette mort qui donne lieu à une enquête.
Le récit prend la forme d’un interrogatoire, un dialogue, une joute verbale entre un jeune
magistrat, qui prétend déjà savoir tout de l’affaire, alors qu’il a une vision partielle de la
situation (il ne connaît pas la montagne, ses dangers, il ne connaît qu’indirectement la lutte
révolutionnaire dont le souvenir resurgit, il ne connaît pas la vie …) et le prévenu beaucoup
plus âgé. On apprend que la victime ( un repenti) avait dénoncé lors des années de plomb en
Italie celui-là même qui est maintenant auditionné car ils militaient ensemble au sein d’un
groupuscule révolutionnaire. Dénoncé l’homme a fait de la prison. Dans ce roman, De Luca reste fidèle à tous les grands thèmes qui lui sont chers : justice, liberté, combat politique, amour, montagne.
Claude Suite inoubliable Akira Mizubayashi - Gallimard
Claude, en préambule, nous fait écouter quelques notes de la suite N° 1 pour violoncelle de
Bach car ce roman est imprégné de cette magnifique musique et en reprend la progression
émotionnelle.
L’histoire se déroule en deux époques.
Un jeune japonais, musicien prodige, est envoyé en France pour se perfectionner, il va
rencontrer Pablo Casals qui lui donnera des cours . Lauréat d’un concours à Lausanne, il a le
privilège de se voir remettre en prêt pour 5 ans un Gofriller ( l’équivalent du Stradivarius pour
le violon) . En 1945, il doit retourner dans son pays, puis il est envoyé au front. En partant il
confie son prestigieux instrument à Hortense une luthière française installée au Japon avec qui
il a une liaison, un enfant naîtra de cette relation . Lui, ne reviendra pas.
Plus tard, ce glorieux violoncelle, revenu en France, sera confié à une jeune luthière pour y
subir une restauration. Elle découvrira au cœur de l’instrument une lettre et s’attachera à
mettre à jour son secret…
C’est un roman rythmé, émouvant, qui fait vibrer, qui dénonce le totalitarisme, les
traumatismes des guerres, la musique rédemptrice .
Jacky : Les Dragons Jérôme Colin – Allary Éditions
Jérôme, un adolescent révolté, se heurte à des problèmes récurrents : drogue, alcool,
exclusion scolaire. Il est interné, en Belgique, dans un centre psychiatrique pour jeunes.
Il intègre les Dragons , un groupe de jeunes portés par un mal être violent, qui se mutilent,
tentent de se suicider. Il tombe bientôt amoureux d’une jeune-fille, plus âgée que lui,
Colette, lectrice assidue, qui va amener Jérôme à lire aussi. Il va découvrir le poids et le choc
des mots, la littérature qui permet la liberté, l’évasion. Ils rêvent de s’évader, de s’ouvrir à une
autre vie, mais Colette n’a qu’une seule obsession : mourir.
C’est un récit bien écrit empathique, basé sur des faits réels, c’est poignant, percutant .
Michèle Une Brève rencontre Félicité Herzog - Stock
C’est une biographie romancée dans laquelle l’écrivaine, fille du célèbre alpiniste, raconte
l’enfance, l’adolescence et l’éclosion d’une jeune femme, Marie Pierre, la mère de l’écrivaine
. Une jeune fille intelligente, cultivée qui transgresse les règles de sa famille au patronyme à
particule : Cosse Brissac.
Un des intérêts du roman, c’est la description d’une société divisée dans la France occupée
par les Allemands. Ce sont aussi les personnages qui peuplent le récit, le tout Paris de la
collaboration qui est invité de façon fastueuse dans les salons des Cosse Brissac. On y
retrouve des collaborateurs notoires : Paul Morand, Pierre Drieu de la Rochelle, Josée Laval,
Chanel, Arletty, Sacha Guitry...
L’épilogue du récit c’est la rencontre, le coup de foudre et l’idylle, l’union des contraires
entre Marie Pierre et Simon Nora (frère de Pierre), deux jeunes de milieux sociaux différents,
de religions différentes (catholique /Juive) et de formes d'engagements au départ opposées
( collaboration/résistance).
Le livre nous parle de la Libération du pays, bien sûr avec toutes les vicissitudes qui vont
suivre mais aussi de la libération d’une jeune fille singulière, intrépide, attachante, bravache,
qui n’hésite pas à renoncer à son héritage par amour.
Ce récit a été couronné en 2023 par le prix Simone Veil.
Marlies :Comment supporter sa liberté Chantal Thomas - Rivages
Ce livre a été compagnon de son été. Il déclame l’appétit d’être libre. Le livre lui a fait penser
aux livres de Kundera. Les hommes ont et expriment le besoin de liberté qu’ils semblent
pouvoir vivre plus facilement que les femmes. Pour les femmes c’est plus compliqué. Marlies
a imagé les propos de Chantal Thomas en citant des situations où la femme ne peut pas
marcher librement sans être accostée, interpellée. Pour l’homme il parait incongru qu’une
femme soit seule au cinéma ou aime entrer seule dans un bar sans créer des réactions
masculines encombrantes auxquelles il faut porter des parades : « Etes-vous libre ? oui et
permettez-moi de le rester »
Un petit essai « philosophique » stimulant, d’une lecture aisée qui dit qu’il faut apprendre à
être libre, à savourer sa liberté, en saisissant, au vol toutes les occasions, en trouvant les
activités libératrices, notamment en sortant de chez soi, en se promenant, en se donnant du
temps libre , en sachant dire non, en s’échappant de sa condition.
Un livre subtil qui manifestement a enchanté Marlies.
José :Veiller sur elle Jean-Baptiste Andrea – L’Iconoclaste
Le roman s’ouvre dans une abbaye où les moines veillent un agonisant.
Mimo, l’orphelin, est confié à un sculpteur peu talentueux. Pourtant, lui deviendra un artiste
de génie. Il va rencontrer Viola, héritière d’une prestigieuse famille italienne. Tous deux sont
nés au début du XXème siècle. A défaut d’amour, c ’est une amitié indéfectible qui va les
réunir sans qu’ils puissent vivre cette fusion côte à côte. Ils ne pourront cependant pas vivre
longtemps loin de l’autre. Une émulation réciproque les portera.
Ce récit romanesque à l’écriture flamboyante retrace la vie de ces deux âmes sœurs
confrontées aux tourments et soubresauts de leur époque : première guerre mondiale, montée
du fascisme, condition de la femme.. C’est un souffle épique qui rappelle l’œuvre de Dickens

I-En effet la librairie était à cette occasion partenaire de la MAISON DE LA JUSTICE ET DU DROIT d’AVIGNON (MJD)* qui pendant 15 jours a fêté son 5eme anniversaire en multipliant les événements :
⦁ Exposition du Défenseur des Droits « dessine-moi le droit » dans les locaux du palais de justice ;
⦁ Concours d’éloquence au tribunal pour les collégiens, lycéens, jeunes de la mission locale et étudiants au palais de justice ;
⦁ Conférence débat sur « la preuve en droit » animée par le Cercle des juristes en droit social dans les locaux de la mairie ;
⦁ Jeux juridiques pour les jeunes et habitants à la MJD,
⦁ Journée portes ouvertes à la MJD ;
⦁ Programmation spéciale de 6 films à Utopia avec des débats portant sur des problématiques juridiques.
* La MJD est un formidable lieu de présence judicaire de proximité qui permet à quiconque de bénéficier d’informations, de conseils et de prises en charge de difficultés liées à l’accès au droit ( Tout est gratuit !). Le tout est assuré par des permanences de divers professionnels et acteurs du droit : avocats, notaires, Défenseur des Droits, Conciliateurs de Judiciaires, AMAV, Rhéso, ADIL,CIDFF, UFC que Choisir, planning familial….
II- Donc le vendredi 2 juin le thème de la soirée de la librairie La Mémoire du Monde avait trait à la justice, au droit, aux enquêtes…
La soirée fut très animée avec des controverses, des débats et explications sur le fonctionnement de la justice, sur le rôle des personnels de justice….bref un très bon moment qui a enchanté chacun avec des découvertes et des renvois à d’autres auteurs et autres lectures
Les livres présentés :
1/ Michèle . « Les Justes » Albert Camus- Folio poche
Camus a bâti cette pièce (1949) en transposant un évènement historique, l’attentat contre le grand- duc Serge de Russie, oncle du tsar Nicolas II en février 1905.
Le thème de la justice est omniprésent (nombreuses occurrences) , de façon obsédante, polysémique et contradictoire, comme d’ailleurs, tout au long de l’œuvre camusienne.
Les personnages sont des êtres d’existence, partagés entre la nécessité du devoir, le droit de tuer, le caractère inexcusable du meurtre.
Faut-il tuer pour plus de justice ?
Faut-il tuer pour plus de liberté ?
Faut-il , quoiqu’il en coûte, tuer des innocents ?
« Je n’aime pas la vie, mais la justice qui est au-dessus de la vie » (Stépan)
2/ Nathalie . « La décision » Karine Tuil – Folio Gallimard
Un roman de 2022, excellemment documenté qui entraîne le lecteur dans la vie personnelle, dans et le quotidien professionnel d’une juge antiterroriste. Un sujet d’une actualité brûlante. Le récit réaliste est mené avec une acuité sidérante, il nous permet d’entrer dans la psychologie de l’héroïne, d’être confronté à ses dilemmes . La lecture et les argumentations développées nous font réfléchir aux nombreuses questions sur l’État de droit.
Les descriptions sont intéressantes et réalistes.
Un livre à relire, une référence en la matière.
On souligne que ce livre avait déjà fait l’objet d’une présentation lors d’un précédent club littéraire. Ici Nathalie l’a présenté de manière différente, elle y a vu d’autres choses.
Manifestement on ne peut qu’inviter chacun à lire ce livre qui fera date.
3/ Christian. « L’exécution » Robert Badinter - Livre de poche
Un roman de 1973 de , qui nous plonge dans le procès de Claude Buffet et Roger
Bontemps qui les mena tous à la guillotine. Ce récit est autant le manifeste de Robert Badinter sur son combat contre la peine de mort que ses réflexions sur le métier d’avocat.
Le récit évoque toutes les facettes de l’avocat, son rôle primordial dans la défense de l’accusé.
Le vocabulaire judiciaire est riche , toutes les instances, tous les acteurs d’un procès sont mis en scène dans ce livre.
Cette présentation a donné lieu a de beaux échanges entre les participants à la soirée pour se rappeler que l’avocat n’est pas là pour dire le droit mais pour défendre l’accusé, c’est la force de ce roman.
4/ Françoise. « La force d’une idée » Alain Supiot- Les liens qui libèrent
Alain Supiot une sommité dans le domaine du droit du travail, de la sécurité sociale et de la philosophie du droit. Des générations d’inspecteurs du travail et de syndicalistes se sont nourris de son livre « critique du droit du travail » !
Françoise qui a suivi les cours d’A. Supiot au collège de France a présenté ce livre pour nous livrer les idées essentielles sur la justice sociale en relatant les apports d’une précédent auteur Alfred Fouillée ( 1838-1912). Supiot reprend l’histoire de cette idée et en montre la force inentamée. Un bon moment de réflexion.
5/ Suzie. « L’innocence et la loi » Michael Connelly - Le livre de poche
Ce thriller « politico-juridique » nous fait pénétrer dans le système pénal américain. Dans ce pays, un avocat accusé peut assurer, lui- même, sa défense. C’est ce que fera le principal personnage de ce livre au rythme soutenu. Il ne s’agira pas pour lui de développer ses arguments pour convaincre de son innocence ( il sait qu’en la circonstance cela n’emportera pas l’adhésion du jury) , mais de se servir des failles de la justice et de ses procédures pour s’innocenter. Une écriture finement ciselée, une intrigue palpitante.
Une fois de plus, ce roman met en scène le rôle de l’avocat : savoir se servir de la loi pour défendre, envers et contre tout, l’accusé.
On rappelle le côté prolifique de Michael Connelly qui romans après romans expose avec succès les rouages du système américain bien différent du nôtre.
6/ Régine. « Le droit d’emmerder Dieu » Richard Malka – Grasset – Paru en format poche
Avocat de Charlie Hebdo , lors des attentats de 2015, l’auteur nous livre le contenu de sa plaidoirie prononcé pendant le procès. Il y évoque le cheminement des idées malfaisantes portées par les islamistes. C’est un plaidoyer , un éloge à la liberté d’expression, une condamnation de la lâcheté.
Un livre puissant.
Plusieurs participants à la soirée du club littéraire avaient aussi lu ce livre ce qui a donné lieu a de beaux moments d’échange.
7/ José . « V 13 » Emmanuel Carrère- P.O.L.
Ici, l’écrivain se met dans la peau d’un chroniqueur judiciaire qui suit le procès fleuve , jour après jour, des attentats du 13 novembre 2015, qui s’est tenu de septembre 2021 à juin 2022.
Ce livre révèle que la justice est faite de gens, de leur humanité, de leurs qualités et de leurs défauts et que le contexte culturel explique bien des faits et méfaits de la société actuelle.
Josée a présenté avec passion ce livre puissant qui lui aussi fera date.
8/ Isabelle Templer *. « Une vie arrêtée » –MVO Edition
Isabelle est l’autrice de ces faits réels, racontés, ici, de façon romancée en puisant dans son expérience professionnelle passée.
Le roman raconte la lente descente aux enfers d’une jeune marocaine qui a cru aux promesses d’une vie meilleure en Europe et qui finalement découvre une autre réalité.
Un livre coup de poing.
*Isabelle est présidente de l’association vauclusienne Rhéso qui a pour vocation d’accompagner des personnes en situation d’isolement, de fragilité sociale, économique, de santé, ayant besoin d’un soutien ponctuel dans la durée.
9/ Jacky . « Le siège de Caderousse » (Lou siégé dé Cadarôussa)
Jean Baptiste Fabre – La librairie des Fables
C’est une épopée burlesque écrite en langue occitane en 1774 par l’abbé Fabre , un curé de Montpellier. Est raconté un fait historique ayant opposé les caderoussiens ( Habitants de Caderousse) et les soldats du vice-légat du Pape avant que Louis XIV ne s’en mêle et menace d’envoyer la troupe française afin de remettre de l’ordre dans les démêlés locaux liés à la pénurie de céréale et à la vente de blé aux autrichiens.
Le livre est écrit en provençal avec la traduction française. C’est débridé, plein d’humour surtout raconté par Jacky qui nous l’a présenté pour nous montrer comment le droit s’appliquait à l’époque ( ou pas !)
10/ Miguel « Le bûcher des innocents » Laurence Lacour. Edition des arènes
Le livre n’a pas pu être présenté ce soir-là par manque de temps.
Mais il convient de le citer pour son grand intérêt par rapport au thème de la soirée. Il raconte en plus de 600 pages tous les événements liés à la mort du petit Grégory Villemin. Laurence Lacour journaliste à l’époque à Europe 1 est partie pour couvrir l’événement. Elle pensait y rester 8 jours, elle y est restée 5 ans. Devenue amie des époux Villemin elle a suivi de bout en bout toute l’enquête et a eu accès à toutes les sources d’information. Son livre est imposant et poignant. Il décrit le travail des enquêteurs et des magistrats qui se sont succédés ainsi que les différents rebondissements. On y apprend plein de choses sur le fonctionnement de la justice et de ses failles. L’ écriture est fluide et traduit une grande humanité de l’autrice. C’est un livre qui fait référence.

Prochaine rencontre le 2 juin.
Daniel :« BOTAFOGO » de Aluizio de Azevedo – H O
João Romão est un émigré portugais prêt à tout pour faire fortune dans l’Eldorado brésilien du
XIXe siècle. Il règne sans partage sur la petite cité ouvrière de Botafogo, dans la banlieue sud de
Rio de Janeiro, bidonville fait de bric et de broc qu’ il a lui-même contribué à édifier grâce à de
nombreux larcins et à l’exploitation la plus cynique de ses contemporains. C'est lui qui décide qui vit
là et qui part. Travailleur infatigable, boutiquier sans scrupule, il s’acharne jour après jour à amasser
une fortune dont il ne tire aucun plaisir. Sa vie est rythmée par les petits drames et scandales qui se-
couent régulièrement la favela : querelles de voisinage, jalousies de couple, sanglants règlements de
compte ou descentes de police. Il doit surtout veiller, dans ce petit monde de passion et de jeunesse,
à ce que les intrigues amoureuses et sexuelles qui éclatent régulièrement comme pluies d’orage ne
nuisent pas à sa réussite. Avec un humour tout à la fois féroce et bienveillant, Aluizio Azevedo2
porte un regard sans concession sur les grands et les petits travers de ses compatriotes et, plus géné-
ralement, de l’humanité tout entière.
Ce livre est considéré au Brésil comme un classique de la littérature, il est sans aucun doute, au-
jourd’hui encore, l’un des témoignages les plus marquants et les plus vivants de l’identité de ce
pays hors-norme.
Robert : « Les médias contre la gauche » de Pauline Perrenot- Ed AGONE
Voici un livre militant présenté avec enthousiasme par Robert !
Cet essai est le procès d’une absence, celle de la gauche, reléguée au second plan dans la presse de-
puis 2017. L’autrice analyse la façon dont le débat public a été verrouillé par les médias dominants,
qui ont redoublé d’efforts pour bipolariser les champs politique et journalistique. Basé sur une do-
cumentation précise, ce livre retrace l’effondrement intellectuel du « journalisme politique », qui a
perdu tant en substance qu’en consistance, laissant le storytelling remplacer l’information. Pauline
Perrenot s’appuie sur le traitement des thèmes qui ont « fait » l’actualité : maintien de l’ordre, son-
dages, loi sécurité globale, gilets jaunes, violences policières, émergence de Zemmour. Elle a écrit
ce livre pour que la disparition de la gauche ne passe plus inaperçue.
Manifestement Robert a été convaincu par la démonstration !
Pierre : « Le léopard des neiges » de Peter Matthiessen GALLIMARD
En septembre 1973, Peter Matthiessen part pour le Dolpo, une région du Népal située à la frontière
du Tibet, avec le zoologiste George Schaller. Il veut faire un comparatif entre les chèvres bleues et
les chèvres américaine. Schaller lui veut observer des léopards des neiges qui est un prédateur des
chèvres. Jamais ils ne verront de léopard des neiges, seulement des traces.
Dans ce journal de route, il apparaît très vite que Matthiessen vit cette expédition comme une aven-
ture plus spirituelle que véritablement scientifique. Pour lui, adepte du bouddhisme zen, ce sera sur-
tout un pèlerinage à l'ancien monastère de Shey Gompa et, enfin, un voyage hors de la " civilisation
" du XXe siècle.
Pierre a présenté un parallèle avec le livre de Sylvain Tesson « La panthère des neiges » montrant
comment Tesson, d’une certaine manière, s’est inspiré de Matthiessen.
Claude « Un Anthropologue en déroute » Nigel Barley- Ed PAYOT ET RIVAGES
Le titre " un anthropologue en déroute" est a priori incongru !
Pour sa thèse, il avait choisi les Anglo-Saxons, mais tout plan de carrière impliquant une mission
d'étude, c'est finalement dans une modeste tribu montagnarde du Nord-Cameroun, les Dowayos
qu’il va atterrir.
Son récit est un voyage initiatique dans lequel il enchaîne les galères, les maladies, il se fait prome-
ner, rouler dans la farine.
Non que les Dowayos se montrent hostiles, mais insaisissables plutôt, et imprévisibles. Tarley se
voit transformé tour à tour en infirmier, banquier, chauffeur de taxi, vidé, exploité jusqu'à l'os par
une tribu hilare !3
Il finira par comprendre que l'objet d'observation, en fait, c'est lui. Il voulait une étude sur le terrain
? Eh bien en voici une, mais sur l'anthropologue lui-même, en campagne - disons plutôt en déroute
...
Grâce à son style, Nigel Barley a su créer de l'empathie du lecteur.
Sous la drôlerie du propos, Nigel Barley conduit une réflexion singulièrement aiguë sur la compré-
hension entre les cultures
Son récit montre comment ses idées (ses découvertes) se sont peu à peu mises en place.
Ce n'est pas une thèse, c'est un journal revisité, c'est une initiation à d'autres cultures et à la mission
d'anthropologue.
Dans la discussion Claude fera le lien avec le livre présenté plus loin « L’établi ».
Jacky : « Le héros de Berlin »- Maxim Leo- ACTES SUD
Michael Hartung, qui tient un des derniers vidéo-clubs de Berlin, reçoit la visite d'un journaliste.
Des dossiers exhumés de la Stasi montreraient qu'un jour de juillet 1983 Hartung, à l'époque aiguil-
leur, aurait organisé l'évasion de 127 personnes vers l'Ouest dans un train de banlieue. L'intéressé
nie d'abord catégoriquement mais la tentation d'être un héros est trop belle... Et puis il est payé pour
raconter son histoire dont il cache la part de secret. Les médias s'emparent de l'histoire, un livre et
un film sont en préparation, Hartung est célèbre ! Mais lorsqu'il rencontre Paula, une jeune femme
qui était à bord du train détourné, et tombe amoureux d'elle, il comprend qu'il va devoir trouver un
moyen de s'extirper du mensonge dans lequel il s'est enferré.
On ne peut qu’inviter à lire le livre car l’enquête est passionnante et va révéler une vérité in-
croyable..
Josée : « La frontière des oubliés »- Aliyeh Ataei- GALLIMARD
Neuf récits composent « La frontière des oubliés » et retracent le parcours de l’écrivaine, depuis sa
fuite, enfant, de la frontière afghane pour se bâtir une vie à Téhéran.
Dans chacune de ces parts de vie qui se font écho, elle brosse le portrait de ses compatriotes exilés,
des « frontaliers », souvent des femmes, qui portent tous des traces de la guerre, des plaies pro-
fondes marquées par des balles invisibles. À chaque rencontre, elle s’interroge sur la violence, l’exil
et l’identité. Et en s’imprégnant de son propre vécu, Aliyeh Ataei embrasse ici plus largement le
sort de tous ceux qui ont hérité des « chromosomes-douleurs », se faisant l’écho de leurs voix si peu
audibles.
« La frontière des oubliés » révèle une nouvelle plume puissante venue d’Iran. C’est un livre qui se-
coue.
Miguel : « L’établi » de Robert Linhart- EDITIONS DE MINUIT
L’Établi est un livre qui raconte l’expérience de l’auteur qui, professeur de philosophie à l’univer-
sité, a quitté fin 1968 son travail et son statut pour aller travailler comme OS2 dans une usine Ci-
troën de la porte de Choisy.
Il voulait vivre, comme des centaines d’autres intellectuels, avec la classe ouvrière afin de préparer
la véritable révolution a peine commencée par les événements de 68.
Il raconte la chaîne, les méthodes de surveillance et de répression, il raconte aussi la résistance et la
grève dont il est l’instigateur. Il raconte ce que c'est, pour un Français ou un immigré, d'être ouvrier
dans une grande entreprise parisienne organisée de façon tayloriste.4
L’expérience est douloureuse physiquement et moralement. S’il arrive à nouer de véritables amitiés
avec ses compagnons de l’usine, il se heurte aussi à la violence des rapports sociaux et fait
l’épreuve que l’on ne peut impunément traverser les classes sociales. Il sera écarté par la hiérarchie
de l’usine puis licencié.
Après une année de dépression il retrouvera son poste de professeur d’Université.
Le livre a donné lieu a un film récent qui retrace bien la condition ouvrière de l’époque sans pou-
voir reprendre tous les détails du récit écrit.

( Animation : José Compte rendu : Michèle)
Claude : La petite fille de Bernhard Schlink – Gallimard.
Ce livre se divise en trois parties.
À la mort par overdose de son épouse Birgit, qui vivait dans un profond mal-être, Kaspar, libraire, découvre un pan de la vie de celle qu’il a tant aimé et qu’il avait toujours ignoré : Avant qu’il ne fasse passer sa future épouse à l’Ouest, Birgit, en RDA, a connu un autre homme avec qui elle a conçu un enfant, abandonné à sa naissance. C’est son amie Paula qui a pris en charge cette démarche. Il décide d’aller à la rencontre de cette belle-fille inconnue.
Kaspar retrouve Svenja, qui a connu une vie très mouvementée avec de mauvaises fréquentations. Elle a épousé un néo-nazi et élève sa fille Sigrun dans cette mouvance « Völkisch ».
Faisant miroiter l’héritage de Birgit , il demande à ce que sa belle-petite fille passe des moments avec lui. Mais Sigrun, adolescente, endoctrinée n’adhère pas aux idéologies de cette Allemagne où le racisme fait souvent loi.
La petite- fille repart chez les siens.
Le grand-père retrouvera sa petite -fille plus tard pour partager dans l’affection de beaux moments culturels.
A travers ce roman émouvant , intéressant et bien mené, Bernhard Schlink nous immerge dans l’histoire de l’Allemagne de 1960 à nos jours, un pays scindé en deux pendant plus de trente ans, un pays où l’extrême droite refait surface .
Michèle : Les partisans Kessel et Druon, une histoire de famille Dominique Bona - Gallimard
Une triple biographie consacrée à Joseph Kessel, Maurice Druon et Germaine Sablon à travers le prisme de la création du chant des Partisans, l’hymne de la Résistance, écrit à Londres en 1943 par l’oncle et le neveu et enregistré par Germaine Sablon, chanteuse de music-hall, maîtresse de Kessel.
La paix revenue Kessel, le baroudeur, voyagera beaucoup , signant de nombreux reportages qui font exploser les ventes de France soir, il publiera de grands livres l’armée des ombres, le Lion, les Cavaliers..., Druon, passionné de mythologie et d’histoire, se consacrera aussi à la littérature : les Grandes familles, les Rois maudits ...et deviendra ministre de la culture. Tous deux seront élus , à quatre ans d’intervalle, à l’Académie française (Druon en sera le secrétaire perpétuel)
Germaine Sablon terminera la guerre, engagée dans le corps des infirmières de l’armée, ne reverra plus Kessel, et quittera la scène pour laisser place à son frère Jean, chanteur de charme aux grands succès.
Une biographie vibrante , bien documentée, agréable à lire.
JOSE : Sur le méridien de Greenwich de Shady Lewis - Sindbad
Le narrateur, un Égyptien de la communauté copte installé à Londres, est sollicité par un cousin pour gérer les obsèques d'un jeune réfugié syrien musulman Ghiyath totalement inconnu, dont la famille est restée au Caire avec toujours l’espoir d’en partir . Dans les trois jours qui séparent le moment où il accepte cette grande responsabilité de la date de l'enterrement, il sera amené à faire face aux contradictions religieuses , administratives, philosophiques et aux absurdités des autorités égyptiennes et de l'administration anglaise, à confronter les deux mondes, à revisiter le passé et à se remémorer d'autres êtres et d’autres pans de vie à jamais disparus.
L’échange téléphonique du narrateur avec son cousin est un vrai grand moment réjouissant de loufoquerie et d’humour.
Le méridien de Greenwich est la métaphore de deux mondes différents , roman rafraîchissant sur le thème de l’exil.
Jacky : Le testament caché de Sébastien Barry -Folio
L’histoire qui couvre la période allant de 1925 aux années 2000 est racontée par une centenaire ,
Roseanne Mc Nulty, de confession protestante, enfermée dans un hôpital psychiatrique depuis de très longues années.
L’institution doit fermer et un psychiatre doit évaluer si la vieille femme est en capacité de réintégrer la société. Pour cela il lui faudra découvrir les raisons de cet internement si long.
A travers l’histoire tourmentée de Roseanne et de son père c’est le pouvoir plénipotent de la religion catholique qui est mis en exergue, une société corsetée, la condition douloureuse et tragique des femmes à cette époque , l’histoire politique de l’Irlande . Les deux protagonistes du roman sont attachants, un roman émouvant, vrai.
Marlies : Suzuran (le muguet) de Aki shimazaki - Actes sud
Roman - 1er tome d’un nouveau cycle - écrit en français au Canada et racontant dans un style ciselé l’histoire d’une famille japonaise.
Ce premier tome est consacrée à Anzu, la cadette , femme célibataire, potière, effacée qui vit seule avec son fils. Sa vie consacrée à son art, va être chamboulée par le retour de sa sœur aînée, une femme moderne, séduisante, ambitieuse , son époux l’accompagne et la cadette va tomber sous le charme de son beau-frère.
C’est une histoire pleine de sensibilité , toute en douceur et en émotions.
Le roman est émaillé de mots japonais , plongeant plus avant le lecteur dans cette ambiance japonaise si particulière.(un lexique figure en fin de livre)

( Animation : Miguel/ Compte rendu : Miguel/Michèle)
Miguel: « Le silence et la colère » Pierre Lemaitre- Editions Calman Levy.
Après une première trilogie « Les enfants du désastre » (Au revoir là-haut , Miroir de nos peines, Couleurs de l'incendie, tous en poche) Lemaître a entrepris l’ écriture d’une nouvelles trilogie : Les années glorieuses. Le premier tome est déjà sorti en livre de poche et le Silence et la colère nous fait retrouver la famille Pelletier et ses trois enfants, Jean, François, Hélène ( L’ainé Etienne est décédé dans le premier tome). Le roman bien documenté est cadencé, les intrigues s’entremêlent. Les événements narrés sont foisonnants et abordent des thèmes divers : le progrès, la création de grandes surfaces commerciales, les avortements clandestins, le travail des femmes en usine, la création d’un barrage qui fait disparaitre un village le tout accompagné d’une intrigue policière glaçante. Bref un grand roman populaire.
Le style est un peu lourd, il faut dire que cette lecture vient après celles des livres de Giono où les phrases sont ciselées, pleines de poésie et d’humanité. On ne joue pas dans la même cour…
Michèle : « Camus, La Peste, et le coronavirus » de Jean-Yves Guérin. Editions Honoré Champion.
Jean-Yves Guérin, émérite camusien, s'attache à mettre en exergue, à décortiquer les analogies et les différences entre le coronavirus et les autres fléaux, dont La Peste d’Albert Camus : solidarité, solitude, trafics en tous genres, prophylaxie, statistiques, décompte des décès, stratégies des autorités, urgences et priorités (confinement, séparation, exil...), controverse du corps médical., prise en charge en fonction du niveau social ..
Cet ouvrage complet, excellemment documenté et annoté permet de comprendre encore mieux toutes les subtilités de La Peste (roman métaphorique et métonymique) et à qui le veut, d'engager une réflexion personnelle parce que chacun la porte en soi (la peste) , parce que personne au monde, non personne n'en est indemne.
Laurence : « Les enfants endormis » de Anthony Passeron. Globe
C’est un premier roman à succès couronné par le Prix Wepler, Fondation de la poste. Anthony Passeron , pendant le confinement lié au covid, décide d'interroger le passé familial. Il évoque l'ascension sociale de ses grands-parents devenus bouchers pendant les Trente Glorieuses, puis le fossé grandissant apparu entre eux et la génération de leurs enfants qui découvrent l'urbanité. Il croise deux histoires qui se font écho : celle de l'apparition du sida dans cette famille de l'arrière-pays niçois - la sienne (l'oncle Désiré toxicomane décédera du sida, on en parlera qu'à demi-mots, c'est le secret honteux de la famille ) - et celle de la lutte contre la maladie dans les hôpitaux français et américains.
C'est une lecture forte, passionnante, la partie sociale est émouvante, celle dédiée à la recherche médicale est particulièrement bien documentée, on y apprend plein de choses.
Claude : « L'autre nom du bonheur était français » De Shumona Sinha. Gallimard
Shumona, fille d'une famille d'intellectuels, originaire de l'Inde (Calcutta) , verra son enfance et son adolescence bercées par la littérature.. Elle dévore la littérature bengali, indienne, mais aussi, à travers les traductions, la littérature américaine, l’espagnole, l’anglaise et la française. A vingt-deux ans, elle découvre le français, en fera l'apprentissage et tombera amoureuse de cette langue « vitale et libératrice » . Elle en aime sa polysémie, et pour mieux s'approprier l'idiome , elle s’expatriera en France à l'âge de 28 ans. C'est son parcours , ses tribulations tantôt savoureuses, tantôt douloureuses qu'elle raconte dans cette autobiographie , puissante , vibrante , sincère. Elle décrit des expériences et un vécu souvent difficiles pour une femme qui restera malgré tout une française « étrangère ». Claude nous a lu de magnifiques extraits du livre dont un paragraphe sur « langagement » ( le langage qui se met en route dés le matin…) illustrant ainsi la façon de l’autrice de jouer avec les mots.
Évelyne : « Sans jamais atteindre le sommet, (Voyage dans l'Himalaya) » de Paolo Cognetti. Stock
Deuxième livre de Paolo Cognetti présenté par Evelyne, c'est le carnet de bord tenu par l'auteur lors de son expédition dans le Dolpo, région reculée au nord-ouest du Népal, entre hauts plateaux et vallées.
Outre les 22 membres de la caravane, le livre culte « Le Léopard des neiges » de Peter Matthiessen lui tiendra compagnie. C'est d'ailleurs cet ouvrage qui l'a incité à entreprendre ce trek - 300 kilomètres, huit cols- et à le préparer en suivant les conseils de l'écrivain.
Ici Paolo ne cherche pas à se dépasser, mais fait l'apprentissage du temps qui passe. De très belles méditations et observations.
Robert : « Le Fétiche et la plume » de Hélène Ling et Ines Sol Salas. Rivages
Robert nous a présenté avec un grand enthousiasme un « gros pavé » qui vise à analyser la place occupée aujourd'hui par la littérature à l'ère du capitalisme.
Il y est dit que la profusion de publications se fait au détriment de la qualité littéraire. Le livre très bien documenté permet de comprendre les ressorts des auteurs et comment ils écrivent ainsi que les impératifs auxquels il sont soumis. La présentation de Robert a donné lieu a un riche échange tendant à montrer qu’il y aurait un appauvrissement et un nivellement tant des styles que des productions.
José : « La vierge Néerlandaise » de Marente Moor. Les Argonautes.
Ces éditions s'attachent à publier des auteurs européens.
Dans ce roman, on suit une jeune femme de 18 ans qui quitte sa famille pour suivre des cours d'escrime.
José emploiera plusieurs fois le mot « étrange » pour dépeindre l'atmosphère, la fascination de Janna pour son maître d'arme, la maison d'Egon von Bötticher qui organise de vrais duels . Ce livre évoque aussi « Hélène Mayer » d'Hélène Mayer fleurettiste qui participa à plusieurs jeux olympiques. Sa photographie figure sur la couverture du livre.
Daniel : « Voyage au Congo, retour du Tchad » de André Gide. La pléiade.
André Gide fait un voyage en Afrique de juillet 1926 à mai 1927 accompagné de Marc Allegret . Il est aussi mandaté par le Ministère des colonies pour faire un rapport sur ce qui se passe dans les colonies. Ceci a donné lieu à la tenue d’un carnet de voyage.
Lors de ce voyage Gide découvre les méfaits de l'administration coloniale et s’en indigne. Il dénonce les conditions de vie des populations visitées. Son rapport aura de profondes répercussions dans la classe politique française. Son carnet de voyage décrit aussi les paysages et les atmosphères des régions visitées.
Daniel a su nous transmettre le plaisir qu’il a eu lors de cette lecture captivante et dépaysante.
Jacky : « On ne se baigne pas dans la Loire » de Guillaume Nail. Denoël
Jacky a vivement apprécié ce livre qui fait écho à sa propre expérience comme directeur de colonie itinérante.
Pour écrire ce roman, Guillaume Nail, s'est inspiré d'un fait divers dramatique survenu en juillet 1969 à Juigné sur Loire où 19 adolescents périrent noyés lors d’une colonie de vacances.
Le récit décrit tous les types de personnages que Jacky a lui aussi rencontré dans ces séjours qui font se côtoyer des adolescent des fois fantasques et des moniteurs parfois trop jeunes et peu expérimentés.
C'est un roman très prenant.

1O livres nous ont été présentés.
( Animation : Miguel/ Compte rendu : Miguel/Michèle)
Didier : « Le chemin des Estives » de Charles Wright – Flammarion (et j’ai lu)
L’auteur est à l’époque novice Jésuite. Pendant ce temps d’apprentissage et de discernement de la vocation religieuse qui dure 2 ans, il a été invité à vivre avec un de ses compagnon, lui aussi novice l’expérience de devoir pendant 4 semaines entreprendre une longue pérégrination de quelques 700 km dans le centre de la France sans le moindre argent en poche.
Les 2 apprentis jésuites n’ont pu miser, pour vivre, que sur les rencontres généreuses qu'ils ont faites tout au long de leur périple (sans portable, sans carte de crédit, sans bagage…)
C'est une ode à la liberté, à la désertion, au dépouillement et à l’aventure spirituelle.
Didier a été conquis par ce livre qu’il a eu du mal a quitter tellement il a été pris par la richesse du récit de cette aventure riche en rencontres et surprises.
Claude : « Le royaume désuni » de Jonathan Coe – Gallimard
Nous suivons de 1945 à 2021, sur 3 générations, la famille Lamb originaire de Bournville, une petite localité proche de Birmingham, célèbre pour sa chocolaterie. Nous suivons l'évolution de cette famille, du bonheur d'être ensemble, aux ruptures successives, avec en filigrane l'évolution d'une société qui adopte presque sans s’en rendre compte de nouveaux modes de pensées, d'autres regards sur le couple, ou des habitudes différentes au quotidien.
Tout cela est raconté en traversant 7 événements marquants qui font communion et donnent le sentiment d'appartenir à une nation commune : La Seconde guerre mondiale et les discours de Churchill ; le 27 juin 53 le couronnement d’Élisabeth II ; l'investiture du Prince de Galles ; le mariage de Charles et Diana en 1981 ; la mort de Diana en 1997 ; le sacre de l'équipe anglaise à la coupe du monde le 30 juin 1966 ...
Jonathan Coe décrit avec finesse la société anglaise , les dialogues sont justes, l'humour britannique si caractéristique illumine le roman.
Nathalie : « Un an dans la forêt » de François Sureau – Gallimard
En 1938, Blaise Cendrars qui a Cinquante et un an est en mal d’inspiration et n’arrive plus à écrire. Il rejoint Elisabeth Prévost , rencontrée quelque temps avant dans la forêt des Ardennes où elle élève des chevaux. Auprès d’elle, il puise l’enthousiasme et se remet à l’œuvre. Ils forment le projet d’un tour du monde à la voile, s’organisent. Mais c’est la guerre : Cendrars la quitte presque sans un mot, pour s’engager à nouveau. Ils ne se reverront pas. Nul ne sait ce qu’il y a eu entre eux pendant cette année hors du temps, mais cette rencontre fugace, magique, fut importante pour tous deux. Dans des notes trouvées après sa disparition, Élisabeth Prévost écrit : « Blaise Cendrars est l’homme qui a le plus marqué mon cœur et mon esprit. »
Nathalie nous confie avoir été quelque peu déçue par cette lecture, car elle trouve que François Sureau mêle trop des considérations sur sa propre vie au détriment de Cendrars . Mais l'écriture simple reste belle.
Josée : « Oiseaux de passage » de Fernando Aramburu - Actes Sud
Ce sont les chroniques sur 365 jours d'un suicide annoncé consigné dans un journal ,du 1er août au 31 juillet de l'année suivante, par un professeur de philosophie sous le coup des vicissitudes quotidiennes . Ce diaire est le miroir de nos propres tourments et turpitudes. C'est aussi un prétexte pour nous livrer une fresque de l'Espagne contemporaine .
On a droit aux les yeux pétillants de sa chienne Pépa, aux bons mots cinglants de son ami Pattarsouille, au retour des martinets dans le ciel madrilène, à d'innombrables raisons de réenchanter sa vie.
C'est à la fois nostalgique, plein d’humour décalé. Au final, envers et contre tout reste l'amour envers et contre tout, l'amitié, la liberté.
Un très grand roman.
Daniel : « Le quatuor d'Alexandrie » de Lawrence Durrel - Buchet Chastel
Roman choral qui prend la forme de quatre tomes qui ont été publiés entre 1957 et 1960 . Les quatre tomes constituent un seul et même roman qu'il est indispensable de lire intégralement pour apprécier toute la subtilité et l'ambition du projet littéraire. Ils relatent la même histoire racontée par des personnages différents ( Justine, Balthazar, Mountolive et Cléa)
et avec des perspectives différentes qui s’enrichissent mutuellement.
L'action se situe à Alexandrie, avant et pendant la Seconde guerre mondiale.
C'est une épopée majestueuse, opulente et sensorielle, captivante. Daniel nous a fait part de son enthousiasme pour ce livre qu’il a adoré.
Et malgré ces quatre versions qui se complètent , le fin mot de l'histoire que nous délivre Daniel est que malgré ces 4 regards « on ne connaît pas tout de la vérité ».
Marlies : « Mes désirs futiles » de Bernardo Zannoni - Edition de la Table ronde
Ce roman a été honoré par deux prix italiens.
Marlies a été attirée par le graphisme de la couverture (profil d'une fouine) et le titre.
C'est une fable philosophique , un brin mystique, pour adultes, conte initiatique ayant pour personnage principal , Archy, une fouine.
Des animaux qui vivent comme des animaux dans la forêt mais qui sont mis en scène , qui se comportent comme des humains, surtout quand ils s'agit de mettre en exergue leurs défauts (cruauté, vénalité, égoïsme...). À mi-chemin entre fable et roman d'initiation, « Mes désirs futiles » mêle aventure et philosophie pour mieux interroger la nature humaine et la force de nos désirs.
C'est violent, curieux, surprenant, déconcertant parfois .
Christian : « Montedidio » de Erri De Luca - Gallimard
Un adolescent de treize ans qui habite et travaille dans un quartier populaire de Naples au début des années soixante raconte la misère, les épreuves de la vie . Mais l'amour , sous toutes ses formes, impulse, malgré tout l'envie et la joie de vivre.
Le jeune garçon deviendra jeune homme par l'entremise d'un boomerang que son père lui a offert qui sera un peu comme un objet lui permettant de franchir cette étape qu'est l'adolescence. Ce boomerang qu'il ne quitte pas est le symbole de ce passage de l'enfance à l'adolescence.
L'histoire est un mélange de tranches de vie, de fable, de moments oniriques mais aussi parfois sordides. Des chapitres courts qui rendent aisé cette lecture et impulsent le mouvement de la vie.
Erri De Luca nous livre ici encore une fois un grand roman.
Ludovic : « Inversion » de Ludovic Deblois - Édition des Offray
Ludovic Deblois est l'auteur de ce thriller d'anticipation.
Début de la décennie 2040 : dans les rues de Shenzhen, deux chercheurs chinois s’enfuient d’un laboratoire sécurisé. À Bruxelles, un fonctionnaire européen investigue sur les algorithmes du réseau social Thot, soupçonné de manipuler les citoyens à leur insu. En Sicile, une journaliste française enquête sur le devenir de migrants disparus. À Amsterdam, un entrepreneur néerlandais déploie une intelligence artificielle pour libérer les Européens du joug de leur administration. Leur combat commun : défendre leur vision de la liberté. Face à eux, l’Agence européenne de sécurité et du renseignement intérieur mobilise ses forces pour les contrer.
L'intrigue, s'articule autour de personnages, confrontés à la gestion très cadrée des individus.
Ce roman cherche à montrer les limites et les dérives d'une société excessivement contrôlée par le numérique omniprésent En dessinant un futur possible et réaliste, Ludovic nous interroge sur la portée de nos choix présents.
Jacky : « Les Sources » de Marie -Hélène Lafon- Buchet-Chastel
Livre publié à la mort du père de l'autrice.
Un récit en trois parties , bref mais intense, tout en nuances :
Nous entrons, tour à tour, dans la tête de la mère, du père et de la fille . Une famille de paysans dans le Cantal, département qui n'est toujours pas à la pointe de la modernité, à la fin des années 6O. Une ferme isolée.
Neurasthénie de la mère qui vit dans un climat d'humiliation de peur, vie à jamais saccagée, violence du père pas toujours larvée, traumatisme des enfants, souvenirs vivaces où tout est dit, avec une écriture acérée.
Cette autobiographie romancée met en exergue la condition féminine, les violences conjugales et familiales, les aléas et déclin du monde rural. « Sources » bien mieux que « Racines » pour Marie-Hélène Lafon, car l’espoir demeure et fait vivre. La racine reste en terre, la source s'écoule et ondule...
Micaela : « Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre » de Ruta Sepetys Scripto -Gallimard
Lituanie - juin 1941 - juste avant que les Allemands n'envahissent les pays baltes . Les soviétique se livrent à une épuration planifiée par Staline : on arrête les écrivains, les artistes, les enseignants, les intellectuels, enfin, toute personne qui serait susceptible d’œuvrer contre le pouvoir central. C'est dans ce contexte que Lina, jeune lituanienne de 16 ans est condamnée à être déportée avec sa famille, eux aussi dans des wagons à bestiaux, 6 semaines de voyage infernal.
C'est un très beau roman qui rend compte des conditions effroyables de vie de tous ces déportés
dont Héléna, la mère de Lina grâce à son talent de dessinatrice et à ses crayons va témoigner. C'est un beau roman bouleversant, tout en émotion qui dénonce la tragédie de cette histoire qui reste insuffisamment connue.

Étaient présents à cette soirée : André, Catherine, Claude, Christophe, Daniel, Florian, Françoise, Frédérique, Jacky, José, Marlies, Michèle, Miguel, Robert. Onze livres nous ont été présentés ( dont deux évoqués en complément). A notre tour, de les apprécier , en profitant de ces longues soirées hivernales... au coin du feu ou sous la couette en cas de coupure intempestive.
De gaz ou d'électricité .. !
( Animation : Miguel/ Compte rendu : Miguel/Michèle)
Claude : L'ombre de l'aigle - Arturo Perez-Reverte.
Arturo Perez-Reverte fut correspondant de guerre. Il nous raconte dans un court roman, un épisode de la campagne napoléonienne de Russie à Borodino (bataille de la Moskova) vue par un bataillon d'Espagnols enrôlés de force, qui cherchent par tous les moyens à déserter le champ de bataille, afin d' échapper au massacre.et à revenir au pays. Mais le commandement français se méprend sur leurs intentions, croyant à un acte de bravoure , déclenche une charge de cavalerie qui réussit à faire reculer les Russes détruisant ainsi les espoirs des Espagnols. C'est savoureux, intéressant d'un point de vue historique et ce roman fait penser à Un Jour de colère du même auteur, qui relate la révolte des Madrilènes (2 mai 18O8) qui se soulevèrent contre les troupes napoléoniennes , un récit instructif puissant , admirablement documenté.
Florian : Le magasin des suicides – Jean Teulé (adapté aussi en BD)
Dans un monde où l' homme a perdu le goût de vivre où tout est morose, les Tuvache sont des commerçants prospères mais névrosés: Ils vendent tous les ingrédients permettant de se suicider: bonbons empoisonnés, sabre pour se faire hara kiri, corde solide pour se pendre... Tout se passe pour le mieux, jusqu'à l'arrivée d'Alan, le petit dernier qui incarne la joie de vivre...
C'est une fiction originale, grinçante, à l'humour noire , c'est drôle et décalé.
Robert : La révolte à perpétuité - Notarnicola Sante (1938-2021) (Préfacé par Erri. De Luca)
Ce sont les mémoires retraçant le parcours chaotique de ce révolutionnaire, militant, poète, criminel, mais attachant.
C'est son chemin de vie, de sa terre natale la Calabre à Turin où il s' inscrit à la FGCI puis au PCI . Il s'éloigne très vite de la gauche institutionnelle pour rejoindre des groupes révolutionnaires et anarchistes En 1963, il rencontre Pietro Cavallero. De cette rencontre naîtra le groupe de braqueurs qui entrera dans l’histoire sous le nom de Banda Cavallero. Avec les braquages, la Banda Cavallero s’attaquait au pouvoir bourgeois et capitaliste. Pour Sante et les autres, c’était une façon de combattre et de saboter un système injuste, de se réapproprier la richesse que ce système volait au prolétariat et aux pauvres, sans se faire exploiter à l’usine, sur le chantier ou d’autres lieux de travail.
André : La Peste écarlate - Jack London
Récit d'anticipation. ( écrit en 1912) mais d'une actualité prégnante. Nous sommes en 2073. Une pandémie, la peste écarlate (ainsi nommée car elle provoque une coloration rouge de la peau, et une mort quasi immédiate), sévit et ravage la planète. Le fléau a totalement bouleversé l'ordre naturel, le monde est revenu à l'état sauvage. Les rares survivants se sont réunis en tribus sans passé ni culture : les mots lire, écrire, compter, parler ont disparu du vocabulaire.
Une fable qui démontre que si la nature change, l'Homme, lui, ne change pas, ne changera jamais et provoque les problèmes auxquels nous sommes confrontés, hier comme aujourd'hui ou comme demain. Un livre lu et relu, et offert, maintes fois.
Daniel : Au-dessous du volcan – Malcolm Lowry
Un cycle sans fin : L'action se situe au Mexique dans une ville dominée par deux volcans. Le roman raconte l'histoire de Geoffrey Firmin, un consul britannique toujours sous l'emprise de l'alcool ,un homme rongé par la faute commise : officier dans l'armée britannique, durant la première guerre mondiale, à bord d’un cargo dont il était le commandant, il a laissé enfourner des prisonniers allemands dans la chaudière du navire. Il a été acquitté par la justice de son pays, mais sa conscience le ronge et ne lui permet pas d'oublier. Le roman s'achèvera par la mort du consul.
C'est le chef d'œuvre de l'auteur mais ce livre a connu de nombreuses épreuves et déboires avant son édition (manuscrit perdu, en partie dévoré par un incendie, censure, détracteurs)... Ce roman, magistralement bien écrit, connaîtra enfin un plein succès et a fait l'objet d'une adaptation cinématographique.
Josée : Le dernier des siens – Sybille Grimbert
1835. Gus, un jeune zoologiste, est envoyé par le musée d’histoire naturelle de Lille pour étudier la faune du nord de l’Europe. Lors d’une traversée, il assiste au massacre d’une colonie de grands pingouins ( ils servent d'aliments ou de totems...) et sauve l’un d’eux blessé. Il le ramène chez lui aux Orcades et le nomme Prosp. Sans le savoir, Gus vient de récupérer le dernier spécimen sur terre de l’oiseau.. Roman introspectif richement documenté qui raconte la relation touchante qui s’instaure entre l’homme et l’animal et qui s'apprivoise mutuellement.
Une belle et émouvante histoire à découvrir .
Jacky : L'odyssée de Swen - Ian Miller
Un roman passionnant, d'une bouleversante humanité qui met en scène un looser , Swen, l'incompris, un jeune suédois qui se morfond dans sa vie étriquée et son travail sans intérêt. Il part en Norvège où il s'engage dans une entreprise minière. A la suite d'un accident provoqué par un glissement de neige, il est grièvement blessé, perd un œil , il est défiguré. Pour cacher cet handicap il deviendra trappeur et ermite dans le grand nord , une vie éprouvante, dans la solitude, le dénuement, dans une nature grandiose mais particulièrement hostile. trappeur, tant bien que mal. le choix d'une vie difficile, dans la solitude et le dénuement, dans une Nature aussi grandiose qu'hostile . Il vivra alors une aventure humaine exaltante truffée de nombreuses épreuves. Il aura pour compagnon, un chien, mais aussi, un bébé...
Michèle : La Baignoire de Staline - Renaud Lyautey
L'histoire se déroule en Géorgie où Renaud Salins ( qui a choisi un nom de plume : Lyautey) a été ambassadeur pendant trois ans (2012-2016). Il connait donc parfaitement le pays et ses enjeux géopolitiques : un territoire convoité par la Russie, où les services secrets russes sont omniprésents dans la province natale de Staline.
Un étudiant français Sébastien Rouvre est retrouvé mort dans des conditions suspectes à l’hôtel Marriot. Il travaillait sur une thèse. Pourquoi faisait-il de fréquents voyages dans l'ouest du pays et en Russie ? Avant qu'un scandale n'éclate, René Turpin, conseiller à l’ambassade de France , est mandaté pour assister les inspecteurs locaux et notamment Nougo Shenguelia, personnage atypique et attachant .Turpin et Shenguelia vont sympathiser et unir leurs forces, leur matière grise et leurs réseaux pour découvrir qui était ce Français et surtout quels intérêts il avait bien pu gêner pour finir étranglé. Ce roman policier a une double intrigue et de nombreux atouts. - Il nous fait découvrir cette ex-république soviétique et relate des faits historiques méconnus . Ce qui fait entre autres l'intérêt de cette enquête, c’est l’évocation d'un des personnages dont l'ombre inquiétante plane sur cette histoire. Son nom ne sera pas révélé.
Miguel : L'opticien de Lampedusa – Emma Jane Kirby
La narration d'une histoire vraie, un drame qui se répète, actuellement, à l'infini.
Nous sommes à la fin de la saison estivale, à Lampedusa, où l'opticien et sa femme vivent toute l'année.
Avec leurs amis, ils organisent une promenade en mer sur un bateau appartenant à un de leurs amis., une parenthèse pour oublier les soucis du quotidien. Cette balade va virer au cauchemar quand ils vont découvrir des migrants ayant fait naufrage et se noyant. Ils pourront n'en sauver que 47 sur les 35O qui étaient à bord de l'embarcation. Cet épisode va bouleverser leur vie, ils se sentiront coupables ne n'avoir pas pu faire plus.
C'est une lecture qui tétanise, une description très réaliste qui met en exergue la culpabilité face à cette tragédie.
Lire aussi « Eldorado » le magnifique livre de Laurent Gaudé qui porte sur ce même thème.

Livres présentés (Animation et compte rendu par Miguel) :
Claude : Nous sommes ce que nous lisons Georges ORWELL
Quatre savoureux et courts articles rédigés entre 1936 et 1946 par Georges Orwell sur la relation au(x) livre(s) et à la lecture : en tant que libraire, critique littéraire ou simple lecteur. le dernier article va même jusqu'à évaluer le coût horaire d'un loisir comme la lecture en le comparant à celui de l'achat de cigarettes. Le lecteur goûte à l'humour d'Orwell et à son sens fin de l'observation lorsqu'il décrit celles et ceux qui se rendent dans les librairies (sans toujours s'intéresser à la qualité des livres) ou ceux qui rédigent des critiques sur des livres qu'ils n'ont pas lus.
Didier : La décision Karine TUIL.
Didier nous exposé son émotion suite à la lecture et à l’écoute en audio de ce livre. Une double expérience qu’il a hautement appréciée . Nous sommes en mai 2016. La juge d’instruction doit se prononcer sur le sort d'un jeune homme suspecté d'avoir rejoint l'État islamique en Syrie. À ce dilemme professionnel s'en ajoute un autre, plus intime : ma- 2 riée, la juge entretient une liaison avec l'avocat qui représente le mis en examen. Entre raison et déraison, ses choix risquent de bouleverser sa vie et celle du pays... L’autrice nous entraîne dans le quotidien de juges d'instruction antiterroristes, au cœur de l'âme humaine, dont les replis les plus sombres n'empêchent ni l'espoir ni la beauté
Béatrice : Roman Fleuve Philibert HUMM
Béatrice nous a parlé avec enthousiasme de ce livre le plus léger, le plus drôle, le plus malicieux, de la rentrée littéraire 2022. Elle nous a décrit l’auteur comme un peu allumé, foufou qui sur le plateau TV de la Grande librairie a fait son show. L’histoire : 3 amis ont descendu la Seine de Paris à Honfleur au mois d'août 2018 dans un canoë à pagaies. À peine larguée l'amarre et quitté le quai les trois marins d'eau douce perdent l'ancre du canot ! Peu importe : la débrouille, l'improvisation, et les muscles, feront office d'expertise et de préparation. Il y aura deux chavirements, des bivouacs au milieu des immondices sous des ouvrages d'art, une mutinerie, et beaucoup de mauvaise foi, de moqueries et de drôleries. Béatrice a ri, beaucoup ri tout au long du livre et est ébahie devant cet exploit de tenir la longueur avec de l'esprit, de l'humour, et l'envie avant tout de donner du plaisir au lecteur. Un vrai bonheur dit-elle.
Catherine : La nuit des pères Gaëlle JOSSE
Appelée par son frère Olivier, Isabelle rejoint le village des Alpes où ils sont nés. La santé de leur père, ancien guide de montagne, décline, il entre dans les brumes de l'oubli. Après de longues années d'absence, elle appréhende ce retour. C’est l'ultime possibilité, peut-être, de comprendre qui était ce père si destructeur, si difficile à aimer. Entre eux trois, pendant quelques jours, l'histoire familiale va se nouer et se dénouer. C’est l’histoire d’un père très dur. Les enfants ne se sont pas sentis aimés. Dans une conversation le père se livre et ils comprennent pourquoi il a été dur. Les voix de cette famille meurtrie se succèdent pour dire l’ambivalence des sentiments filiaux et les violences invisibles, ces déchirures qui poursuivent un homme jusqu'à son crépuscule. Gaëlle Josse livre ici un roman d'une rare intensité, qui interroge nos choix, nos fragilités, et le cours de nos vies.
José : Le Pion Paco CERDA
Un livre qui emprunte au jeu d’échecs. Structurée par les 77 mouvements de la partie Fischer/ Pomar, se trame au fil de cette confrontation une histoire à la forme originale offrant une réflexion quant à l’engagement personnel et, plus largement, sur la façon dont les deux joueurs ont été instrumentalisés par leurs gouvernements respectifs. Aux portraits des deux joueurs d’échec s’ajoutent ceux de nombreux autres « pions » voués à une cause politique durant cette année 1962 faite de turbulence où, lors de la Crise des missiles de Cuba, la guerre nucléaire a failli éclater. Ils sont tous évoqués : phalangistes, Afro-Américains, pacifistes, indigènes, militants antinucléaires, gauchistes ou militaires à l’obéissance aveugle communistes, maquisards, ouvriers, socialistes, membres de l’ETA, chrétiens, républicains, étudiants, … Ils jalonnent ce texte comme autant de « mythes » fabriqués et utilisés à des fins politiques, des personnes sacrifiées et payant le prix fort ; celui de la mort, de la prison, de l’exil ou de la solitude. Ce livre fait partie de la sélection pour le prix de la ville d’AVIGNON.
Marlies : Des rêves d’or et d’acier Émilie TON
Un premier roman autobiographique puissant et intime, dans lequel l’autrice nous raconte l'histoire de son père balloté par la grande Histoire depuis le Viet Nam, le Cambodge jusqu'en Lorraine où il est devenu ouvrier dans l'acier. Émilie Tôn enquête curieuse du vécu de son père, il offre à sa fille Émilie son histoire, son identité plurielle, riche, irréductible, à cheval entre deux cultures, ce qui provoque parfois des tensions et des incompréhensions au sein de la famille. Émilie vit cela comme une chance. Rares sont les romans qui font percevoir avec une telle acuité ce que c'est que de sentir le poids de l'Histoire collective sur la destinée d'une personne. Marlies a su nous partager son émotion en présentant le livre. Ce livre fait aussi partie de la sélection pour le prix de la ville d’AVIGNON.
Jacky : Tibi la blanche Adrien BELS
C’est un livre sur la vie d’une banlieue à DAKAR , ville que connait bien Jacky pour y être allé tant de fois. Trois lycéens attendent les résultats du bac. Malgré leurs différences sociales et ethniques, ces trois-là sont amis. Il y a Tibilé, surnommée Tibi la blanche parce qu'elle a de la famille en France où elle pourra aller étudier. Puis Rigobert, surnommé Neurone, le bon élève de la bande dont le père qui a réussi vend de grosses voitures. Puis Issa, de père inconnu et de famille pauvre, il rêve de devenir styliste et gagne déjà sa vie en cousant des boubous et des pagnes en wax. Ces trois amis font des projets d'avenir, inquiets quant à leur réussite à l'examen qui conditionne la suite de leurs études. Leur vie est un mélange d'exubérance adolescente et de respect ancestral. Un livre aux chapitres courts et au récit rythmé par les dialogues. Un roman attachant qui a emballé Jacky. Jacky nous a rapidement présenté au passage le livre qu’il a écrit avec son ami Habib Kane : « Hauteurs africaines » et nous a relaté cette folle et riche aventure d’avoir édité des bandes dessinées africaines pour les enfants de DAKAR à partir des contes qui se racontent là-bas.
Miguel : Le lion d’Alexandrie Jean Philippe FABRE
C’est l’histoire romancée de Saint marc l’auteur du 2eme évangile ( dans le corpus du NT). L’auteur, spécialiste en exégèse, nous raconte dans un livre plein de rebondissements le monde méditerranéen à l’époque de l’occupation romaine. On suit la déroute des apôtres après la mort du Christ, les conflits dans la communauté, les disputes autour des choix a faire et surtout la lente élaboration de l’écriture du 1er évangile des dizaines d’années après les événements. Ce qui est raconté , certes de manière littéraire et romanesque repose sur les références aux écritures mais aussi sur les recherches historiques. Pour qui veut un peu comprendre ce qui s’est passé ce livre donne quelques clefs de compréhension.
José : Eleftheria Murielle Szac
Dans son premier roman pour adulte l’autrice met en lumière un évènement méconnu de la seconde guerre mondiale en Crête. Lors du naufrage du cargo Tanaïs en octobre 1944 meurent des centaines de juifs raflés sur l’ile, des résistants crétois et des prisonniers de guerre italiens. Le livre va redonner vie aux disparus en imaginant leurs histoires et leurs choix de vie pendant le conflit. On apprend beaucoup de choses sur l’occupation allemande en Crête. Un magnifique livre qui aide à réfléchir aux notions de liberté et de destinée choisie ou subie. Ce livre fait aussi partie de la sélection pour le prix de la ville d’AVIGNON.

Comme toujours, une soirée fort conviviale d’échanges enrichissants autour des 9 livres choisis par Claude, Évelyne, Françoise, Jacky, Josée, Marlies, Michèle, Miguel, Simone.
Livres présentés (Animation et compte rendu par Miguel et Michèle) :
Claude : Partie italienne Antoine Chapelin (Buchet-Chastel 2022)
Gaspard est un artiste sculpteur renommé. Nécessitant une pause , il se rend dans la capitale italienne. . A la terrasse de l’hôtel Campo de’ Fiori , il installe son échiquier, et propose des parties avec les passants. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Marya, une hongroise, petite-fille d’un grand maître d’échec, mort à Auschwitz . Sur cette place est érigée la statue de Giordano Bruno, un philosophe dominicain, brûlé en place publique pour hérésie. Balades romaines, idylle, parties d’échec endiablées , intrigues et suspens, émaillent ce beau roman poétique et délicat.
Evelyne : Une étincelle de vie Jody Picoul (Babel 2018)
Alors qu'il célèbre son quarantième anniversaire au poste de police, Hugh McElroy, un négociateur de crise, est appelé sur le site d'une prise d'otages. C’est un établissement gynécologique, le dernier centre pratiquant l’avortement au Mississippi.
C’est un compte à rebours qui permet de mieux comprendre la trajectoire des deux personnages, Hugh et le preneur d’otage.
C’est une belle réflexion sur la relation père-fille, une écoute sans parti pris sur les femmes en situation difficile, un policier qui traite d’une actualité socio-politique brûlante.
Françoise : Les années Annie Ernaux (Gallimard 2008)
Un roman choisi bien avant le Nobel qui honore l’écrivaine, un prix qui couronne « le courage et l’acuité clinique avec laquelle elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle ».
C’est une biographie , la vie de l’autrice, mais aussi soixante ans d’histoire commune, une analyse sociologique intéressante sans effet stylistique, écrite avec une distance empathique.
Françoise est une inconditionnelle d’ Annie, nous l’avions compris !
Simone : Margot ou le puy des illusions Marie-Noëlle Touzery-Peurière, (Nombre 7- 2021)
C’ est son premier roman édité.
Parmi les multiples productions confiées à Simone, professeur de lettres, pour qu’elle donne son avis, celle-ci , pour elle, est unique pour au moins trois raisons , l’histoire d’une petite fille, son initiation à la vie, jusqu’à sa retraite d’enseignante, la belle histoire d’amour avec l’elfe bondissant , l’hymne à une région, l’Auvergne. Il faut lire cette belle et sincère autobiographie pour en découvrir toutes les subtilités. Simone nous a transmis l’émotion qu’elle a eue à la lecture de ce livre.
Laurence : Mohican Eric Fottorino (Gallimard 2021)
Brun va mourir. Il laissera bientôt ses terres à son fils Mo. Mais avant de disparaître, pour éviter la faillite du vaste domaine agricole et tenter de corriger son image de pollueur, il décide de couvrir ses champs d’ éoliennes. Son fils est opposé à cette décision.
Un roman qui fait le portrait d’un monde agricole, celui du Jura, une description sociologique du devenir de l’agriculture qui met en exergue l’affrontement des générations.
Marlies : L’évaporée de Fanny Charello, Wendy Delorme, ( Cambourakis 2022)
C'est un roman écrit à quatre mains, avec un même écho.
Deux femmes Jenny et Eve s'aiment mais l'une d'elle décide de partir subitement, le roman s'organise alors alternativement autour des deux personnages. Celle qui est quittée qui reste, et celle qui s'est évaporée. C’est une interrogation sur la possibilité d’une relation durable, la compatibilité de modes de vie a priori opposés, la nécessité d’affronter les fantômes du passé afin de rendre le présent possible, c’est aussi la mise en exergue des pouvoirs et des limites de la création littéraire.
Elles apprendront qu’on peut vivre une même histoire de façons différentes.
Ce roman fait partie des cinq livres sélectionnés pour Le Prix littéraire des avignonnais 2022 (vous pouvez voter jusqu'au 12 novembre, remise des prix le 3 décembre), c’est le favori de notre libraire, c’est un roman très sensoriel, une belle histoire d’idylle au féminin.
José : L’invention du diable Hubert Haddad (Zulma 2022)
Un livre foisonnant, on dira même diabolique. Il faut prendre son temps et s'accrocher pour le découvrir. Mais si l’on fait cet effort c’est une immense joie qui advient lorsqu'on saisit les subtilités de cette fresque historique : le pacte faustien, celui de Papillon de Lasphrise, une écriture qui s’adapte aux différentes époques traversées par le héros de cette histoire : rabelaisienne, baroque, fleurie, classique... José, avec sa fougue a su nous faire vivre cette épopée littéraire.
Ce roman fait partie des cinq livres sélectionnés pour Le Prix littéraire des avignonnais 2022 (vous pouvez voter jusqu'au 12 novembre, remise des prix le 3 décembre) c’est le favori de notre seconde libraire.
Michèle : Le livre des chagrins - Traductions de poèmes de Florbela Espanca ( L’Escampette 2022)
Le Livre des chagrins, Sœur Saudade, Bruyère en fleur, Reliquae.
Florbela Espanca (1884-1930) est une poétesse portugaise qui a traduit son mal-être, ses désillusions, les drames multiples auxquels elle a été confrontée en écrivant des sonnets «parce que la forme est plus contraignante, l’idée jaillit plus intense » (Baudelaire).
Une féministe confrontée, heurtée par un monde machiste , dans un pays, alors, dirigé par un dictateur. « [...] et j’ai mordu les roses blanches d’Ispahan[...] avec, au fond du cœur, la même plaie béante. »
Miguel et Jacky : Un Jour sans fin Sébastien Barry ( Joëlle Losfeld éditeurs 2018)
Pour rendre un hommage paternel à son fils, Barry écrit ce roman.
Un western littéraire qui met en scène un jeune Irlandais Thomas Mc Nulty, qui s'est exilé pour échapper à la famine et qui va rencontrer John Cole , un amérindien . Ils vont traverser une époque héroïque de l’histoire des États Unis en participant aux guerres menées contre les Indiens et à la Guerre de sécession.
Couple gay sympathique et plein de vie , ils adopteront Winona, la nièce du chef indien " celui qui domptait les chevaux".
Ce roman captivant, plein de rebondissements, démontre de façon originale tout un pan de l’histoire américaine sans faire aucune impasse sur la beauté des paysages et les qualités humaines mais aussi les atrocités, les boucheries de ces guerres fratricides.
Jacky avait conseillé ce livre à Miguel et celui-ci en a acheté 7 tellement il a voulu faire partager à ses amis le bonheur de le lire.
Ps : Le mot de Simone qui tenait à faire honneur à sa lecture :
Je vous recommande la lecture de l’ouvrage écrit par Marie-Noëlle Touzery-Peurière intitulé : "Margot ou le puy des illusions".
Je lis beaucoup, par goût et par métier, des auteurs français et étrangers, anciens, modernes, et contemporains - et il m’arrive (encore) d’avoir le plaisir de la découverte – ce livre en est une, de qualité, que j’assume pleinement.
C’est un roman qui vous entraîne pendant trois cents pages (qu’on ne voit pas passer) dans la vie d’une jeune personne nommée Margot, laquelle raconte sa vie depuis la petite enfance jusqu’à l’âge des bilans, à travers une autobiographie mâtinée d’autofiction. Les événements y sont à la fois « vrais » et revisités par une plume douée, en verve, inspirée. De l’authenticité devenue littérature, avec les accommodements nécessaires du genre romanesque. Une écriture forte, charnue, drôle, qui s’engage. Et un alliage (comme au 18ème siècle) de genres différents : il y a là un roman d’apprentissage (où les vicissitudes font peu à peu l’éducation de Margot) ; une saga familiale, qui ne manque ni de pittoresque, ni de réalisme, ni de coups de patte ; un roman social (l’évolution d’une certaine bourgeoisie aisée qui garde ses codes en perdant sa fortune) ; une histoire d’amour (transgressive) ; un roman régional (enraciné dans l’Auvergne chevillée au corps et la maison familiale) ; une satire cocasse et navrante à la fois de ce qu’est devenu l’enseignement dans les collèges ; une évasion/réflexion sur le conflit des cultures, à travers le récit (très enlevé) des aventures africaines…
Dernière remarque : j’ai personnellement apprécié la maîtrise des jeux d’écriture. A côté de la narration chronologique traditionnelle, dominante, se rencontrent des « variations » qui incrustent des tons différents : on a par exemple ici la truculente chanson du grand couillon (devant le viaduc de Garabit enjambant la Truyère), et plus loin la sérieuse « Histoire de Clarisse » ; il y a l’épopée amusante de ‘Margot la Parisienne chez les cathos’ (version : « Les fioretti » !) mais aussi, ailleurs, le « Dit du Père Lambert », sobre et documentaire ; on adore la scène de genre humoristique (l’aveu crucifiant du fiancé en voiture : « Chez nous, on mange de la soupe… ») et on admire la transposition dramatique des suites de la mort du frère résistant, où la mère de l’héroïne devient une émule de Clytemnestre, réécriture saisissante et passionnée de la douleur.
A vous donc, si vous voulez, la magique « Font Dorée », et la fantastique pêche au mérou en Tunisie (où l’Éducation Nationale envoie aimablement ses enseignants se reposer), la farce du départ à la retraite au collège de C*******, et l’atelier d’écriture de la mystérieuse Eduarda… etc. !
Bref, bienvenue au Puy des Illusions.
Simone Grava-Jouve
Avignon
NB : Le seul défaut que j’ai à signaler, pour cette édition, se situe dans le fait qu’elle comporte quelques coquilles, qui n’ont pas été corrigées à la relecture.

Comme toujours, une soirée fort conviviale d’échanges enrichissants autour des livres choisis par Miguel, Claude, Françoise, Mathieu, Chantal, Denis, Christian, Michèle, José.
Livres présentés (Animation et compte rendu par Miguel et Michèle) :
1- Miguel : L’inconnu de la poste - Florence Aubenas (Points 2022)
Florence Aubenas met tout son talent de journaliste pour reprendre, à son compte, une investigation minutieuse sur cette affaire criminelle qui défraya en 2008 toute la région de l’Ain à la suite de l’assassinat de Catherine Burgot, la sympathique postière de Montréal-la-Cluse, tuée de vingt-huit coups de couteau. C’est une enquête approfondie, faite de rebondissements. L’écriture empathique met en scène un des supposés protagonistes de ce meurtre, Gérald Thomassin, ex-espoir du cinéma français ( Le petit criminel de Doillon, César du meilleur espoir en 1991 ) , devenu marginal, longtemps soupçonné, avant de bénéficier d’un non-lieu, les deux ADN retrouvés sur le lieu du crime ne correspondant pas au sien. Lui a définitivement disparu.
C’est un récit humaniste, une enquête approfondie, une affaire qui conserve, en partie, son mystère.
Miguel nous invite à découvrir les autres ouvrages de Florence Aubenas, notamment Le Quai de Ouistreham.
2- Claude : Entre toutes les femmes - John Mc Gahern ( 1934-2006) (Sabine Wespieser 2022)
Un livre qui nous plonge au cœur de l’Irlande rurale dans la famille de Michael Moran, le pater familias - deux fils, trois filles - veuf, encore bel homme, remarié à Rose douce, enjouée, bienveillante. C’est un homme autoritaire, aigri, violent, vindicatif , frustré, marqué à jamais par son implication dans les rangs de l’IRA.
Un roman magistral, réaliste qui décrit dans une atmosphère lourde , oppressante , rugueuse, les relations complexes, houleuses, les sentiments d’amour et de haine entre le père et ses enfants, les journées de labeur cadencées par les prières... Une analyse intelligente, fouillée qui met en exergue cette époque difficile (après la guerre d’Indépendance 1919-1921 et la guerre civile 1922-1923 ). Un auteur majeur de la littérature irlandaise.
3- Françoise : Profession du père - Sorj Chalandon (Le Livre De Poche 2016)
Sorj Chalandon raconte son père. Un mythomane violent qui disait qu'il avait été chanteur, footballeur, professeur de judo, parachutiste, espion, pasteur d'une Église pentecôtiste américaine et conseiller personnel du général de Gaulle jusqu’en 1958. Il disait qu’il avait été trahi par De Gaulle et qu’il voulait le tuer.
En fait Sorj ( dont le prénom est Georges mais que sa mère appelait Sorj) raconte le quotidien du jeune obéissant contraint aux folies paternelles. Une ambiance familiale sur le fil du rasoir, où la peur domine, où l'enfant somatise entre asthme et incurie scolaire. Puis devenu adulte, Sorj tente la compréhension et la découverte de vérités sur son père qui s’était fait passer pour un résistant alors qu’il a été un nazi.
Le livre fait des allers - retours entre les différents moments de cette vie compliquée. Il parle de la relation enfants-parents avec un père qui, à la fois, fascine et fait peur . L’autobiographie est forte, émouvante, dans un style d’écriture très fluide.
4- Mathieu : Patria - Fernando Aramburu (Babel 2020)
Un immense succès en Espagne, couronné par plusieurs prix. Adapté à la télévision « Patria ».
Le roman a pour cadre un village rural du Pays basque, dans la province de Guipuscoa.
Le récit se décline en analepses et prolepses (retour en arrière et en avant - au cinéma flash-back) , et raconte le quotidien des familles endeuillées durant les années de plomb, les drames familiaux (assassinat del Txato -le bavard , le garagiste…) après la mort de Franco, jusqu’en 2011 quand l’ETA (Euskadi Ta Askatasuna – Pays Basque et Liberté) annonce la fin de la lutte armée. Le retour dela veuve, Bittori va déstabiliser, un peu plus le village.
Dans un style incisif, avec de courts chapitres facilitant la lecture de cet ouvrage de plus de 600 pages , cette fresque romanesque évoque le deuil, la souffrance, le conflit des classes, la mémoire, le pardon, la rédemption.
5- Chantal : Fahrenheit 451 -Ray Bradbury (Folio 2000)
Adapté au cinéma en 1966 par François Truffaut.
Le titre fait référence au point d'auto-inflammation, en degrés Fahrenheit, du papier. Cette température équivaut à 232,8 °C .
Dans cette société totalitaire, les livres sont interdits car dangereux et doivent être brûlés car toute activité culturelle, artistique est considérée pour l’ordre social pernicieuse .Les pompiers deviennent des pyromanes. Montag en est leur chef, mais il va rencontrer Clarisse…
C’est un roman visionnaire, de nombreux parallèles peuvent être faits avec l’actualité
brûlante d’aujourd’hui, comme celle d’hier. La littérature peut être salvatrice.
Un roman culte, qu’il faut avoir lu.
6- Denis : La vie des Elfes - Mireille Barbery (Folio 2019)
Une lecture recommandée par une amie qui a été un moment de ravissement.
Un conte lent, poétique, lyrique, fantastique, drôle, philosophique, original, écrit dans le langage des elfes.
Clara est musicienne et Maria sait parler à la flore et à la faune , deux orphelines adoptées l’une en Bourgogne, l’autre dans les Abruzzes, ces fillettes dotées de nombreuses qualités, vont être initiées à rencontrer ces petits êtres à des fins perverses mais elles parviendront à être plus fortes que les forces du mal.
Il faut se laisser aller au fil des pages...
7 – Christian : Un été dans la Sierra - Jean Muir (1838-1914) (folio 2022)
Jean Muir : tout à la fois :Botaniste, géologue, explorateur, ingénieur, inventeur, essayiste, écrivain, préservationniste, alpiniste, glaciologue, écologue, philosophe, naturaliste, conservationniste... C’est un carnet de bord , une narration , jour après jour , celle de l’auteur durant l’été 1869 alors qu’il est engagé pour accompagner une transhumance vers la Yosemite Valley, aux États-Unis.
Après un début lent consacré à la botanique, l’écriture se libère, se colore, s’anime , les paysages sont sublimes. C’est une ode jubilatoire, enthousiaste à la nature sauvage . Jean Muir nous fait partager ses émotions, ses sensations, son émerveillement. Une lecture exotique, dépaysante.
8- Michèle : L’abolition des privilèges – Bertrand Guillot (Les avrils 2022)
La nuit du 4 août 1789 reste une date historique.
Cette fameuse nuit est mise en scène comme une pièce de théâtre, à la fois, tragi-comédie et farce, et respecte les trois unités : le temps : une nuit chaude au cœur de l'été 1789 , du crépuscule au petit matin, un lieu , l'Hôtel des Menus Plaisirs à Versailles , une action : L’abolition des privilèges. Nous sommes spectateurs privilégiés, assis au milieu des quelques 1000 députés membres du clergé, nobles et députés du Tiers et des gazetiers, nous allons suivre les débats et être aussi portés par l'émotion générale surexcitée de tous , les assauts de surenchère de générosité pour demander l'égalité devant l'impôt, l'admission de tous aux fonctions publiques, supprimer les abus, renoncer à certains privilèges, monopoles .Un ouvrage instructif dans les parallèles à peine déguisés avec notre époque.
9- José : Marcel Proust
José nous rappelle que cette année nous commémorons le centième anniversaire de la disparition de Marcel Proust. ( Paris- 10 juillet 1871 - 18 novembre 1922 )
A cette occasion plusieurs ouvrages ont été édités ou réédités, et la Mémoire du monde a mis à l’honneur cet écrivain avec une table qui lui est dédiée. Elle nous recommande, plus particulièrement deux nouveautés de cette rentrée littéraire Clara lit Proust de Stéphane Carlier , un roman qui raconte la découverte de Proust par une jeune coiffeuse et l'onde choc que cela produit dans sa vie. En parallèle d'Une Saison avec Luce d'Henri Raczymow, une pastiche d'Albertine disparue.
Et d’autres ouvrages sont attirants. A lire aussi Vladimir Jankélévitch (1903-1985).









