
La Librairie a son club lecture !
Tout les premiers vendredi du mois.
Venez nous parler du dernier livre qui vous a emporté à chaque page... Chacun des participants pourra parler librement d’un livre qu’il aura lu récemment. Faites le nous connaître, partagez votre avis en essayant de donner envie à d’autres de le lire ♥
Un moment d'échange et de partage, Réservation à la librairie 15 places.
– en partenariat avec Partages Culturels en Provence -

Le vendredi 3 juin 2022, nous étions 14 présents pour la troisième rencontre du club littéraire.
Des fidèles au rendez-vous! Tous n’ont pas présenté de livre, mais tous ont été attentifs et intéressés par les livres présentés au cours de cette soirée. Ce qui a donné lieu à des échanges très riches.
Prochain rendez-vous club lecture Vendredi 2 Septembre 2022, bel été !
Livres présentés ( Animation: Miguel, Compte rendu: Michèle):
1- Elisabeth : Celui qui veille, de Louise Erdrich - (éditions Albin Michel 2022 - Prix Pulitzer 2021)
Inspirée par son grand-père maternel, qui a lutté pour préserver les droits de son peuple,
Louise Erdrich,qui par sa mère a du sang amérindien, nous raconte une aventure humaine qui a
pour décor le Dakota Nord – 1953 - , peuplée de personnages inoubliables: Thomas Wazhashk,
président du conseil consultatif de la Bande d'Indiens Chippewas de Turtle Mountain, déterminé à
lutter contre le projet du gouvernement fédéral censé « émanciper » les Indiens, Patrice/Pixie, la
nièce de Thomas qui souhaite reprendre ses études pour être plus libre, Véra, sa sœur partie pour la
grande ville, Wood Mountain et Barnes , ses prétendants…
Un roman biographique de cinq cents pages, riche, foisonnant, réaliste, profondément humain qui
met en lumière la politique inique du Congrès américain envers le peuple Indien.
Une lecture passionnante.
2- Evelyne : Les Huit Montagnes, de Paolo Cognetti – (éditions Grasset 2016 - livre de poche 2018)
(Prix Médicis étranger 2017, Ce roman est devenu un film présenté en compétition au Festival de Cannes 2022.)
Pietro est un jeune milanais, Bruno un enfant des montagnes du Val d’Aoste. Ils ont 11 ans tous
les sépare mais la montagne va les rapprocher et en faire des amis. Le père de Pietro aime les
longues randonnées en montagne où il entraîne son fils malgré son mal des cimes. Pietro et Bruno
deviendront amis. Vingt ans plus tard, c’est dans ces mêmes montagnes et auprès de ce même ami que Pietro tentera de se réconcilier avec son passé – et son avenir.
Un roman autobiographique écrit dans une langue pure et poétique, sans longueur , un livre sur
l’apprentissage de la vie, sur l’amitié , un hommage à la montagne et à la nature, un coup de cœur
qu’Evelyne aime à relire. Un film a découvrir bientôt en salle.
3- Claude: L’infini dans un roseau d’Irène Vallejo - (Editions Belles lettres 2021)
- Prix national de l’essai et prix espagnol de l’Association des Librairies.
Un (imposant) essai que l’on lit comme un roman, qui raconte avec érudition, passion, lyrisme et talent l’invention des livres dans l’Antiquité, un périple historique à l’est de la Méditerranée
(Mésopotamie, Égypte, Grèce) puis à Rome.
Le titre de cet ouvrage évoque le roseau qui a constitué l'une des premières surfaces d'écriture, le
papyrus mais aussi le calame qui sert à écrire… des livres!
Le livre qui libère, qui diffuse des idées et qui devient pour certains, un objet dangereux.
(Un joli écho à Une histoire de la lecture d'Alberto Manguel)
4- Laurence: Just Kids de Patty Smith - (éditions Denoël 1999 - folio 2013)
Un récit autobiographique, intimiste, qui retrace ses années de jeunesse, de sa carrière
chanteuse , guitariste punk rock mais aussi de poète, d’écrivaine, d’artiste peintre et de
photographe, ses joies, ses peines, elle parle de son ami Robert Mapplethorpe, de leur amitié et de
leur liaison fusionnelle, qui durera de 1967 à 1969. C’est aussi la découverte d’endroits mythiques.
C’est un petit bijou, joliment écrit, émouvant passionnant à lire. Voir sur Arte -replay un portrait de
Patty Smith.
5- José : Marchands de mort subite de Max Izambard - (éditions du Rouerge 2021)
Dans le récit de Max Izambard, auteur ayant vécu plusieurs années en Ouganda, on suit un père sur les traces de sa fille, une journaliste disparue en Ouganda, puis ceux qui l'ont côtoyée et ont rêvé avec elle, un médecin et une journaliste Ougandais. Ces héros modernes se trouvent aux prises avec la soif de l'argent et du pouvoir, la corruption, et de l'obligeance pragmatique des pays occidentaux qui la rend possible à une échelle mettant en danger les démocraties et la vie du commun des mortels souhaitant simplement vivre avec honneur et dignité. Lorsque le père rencontre un avocat Ougandais ce dernier explique :
« Votre fille est partie nager, à contre courant, dans un grand fleuve d'or. Elle remonte le fleuve à la recherche de sa source. A l'ouest de la frontière, la terre suinte de l'or. Des milliers de ruisselets se forment, convergent et s'unissent. Très vite la force de l'eau est telle qu'elle peut arracher des arbres, charrier des blocs de pierre, et crever les montagnes. Rien ne peut plus l'arrêter. (…) La volonté d'enrichissement de ces gens-là est semblable à la puissance d'un grand fleuve. J'espère que votre fille sait bien nager. » L'auteur signe ici un thriller humaniste digne du regretté John le Carré et enseigne l'importance à nager à contre courant. Aussi, nageons !
6- Marlies : Blackwater I, La Crue, de Michael McDowell - (éditions Monsieur Toussaint Louverture 2022)
Avant de nous parler du livre choisi, Marlies revient sur les autres présentations, celles de Claude et
Elisabeth, notamment, pour mettre en exergue le pouvoir du livre, la chance d'avoir une loi du livre en France, qui rends accessible la diffusion des idées et les problèmes liés à la surproduction diffusion des idées par le livre et fait un parallèle avec la situation actuelle au Chili avec le peuple Mapuche dont les terres sont spolier pour produire de la pâte à papier internationale.
Une fresque familiale dans le sud des états-unis en 1919, en 6 tommes, le dernier à paraître prochainement: manipulation, rebondissement à foison, c’est romanesque, effrayant, fascinant, joliment illustré et peu onéreux! Michael McDowell a une écriture cinématographique qui nous plonge dans un univers que l'on ne veut plus lâcher, à l'affut des choses étranges à la Edgard Alan Poe.
7- Michèle : Une Française libre : Journal 1939-1945 de Tereska Torrès - (Editions Libretto 2022)
Tereska sort tout juste de l'adolescence quand la Seconde guerre mondiale éclate . Née de parents
polonais émigrés, convertis au catholicisme, son père, Marek Szwarc, est un talentueux sculpteur
qui s'engage dans l'armée polonaise et se retrouve en Angleterre. Il y sera rejoint par son épouse
Guina et sa fille. Tereska va alors s'engager pour toute la durée de la guerre dans le corps féminin
des Forces françaises libres. Elle va y faire son apprentissage de la vie qu'elle va retranscrire dans
son journal intime. Ce récit révèle le portrait d'une jeune diariste aventureuse, courageuse,
passionnée, enthousiaste, sincère, amoureuse, c'est une narration historique intéressante.
8- Miguel%: Inigo, de François Sureau .
Le livre n’a pas pu être présenté, faute de temps. Il le sera en septembre. Il s’agit du récit d’un
épisode majeur de la vie d’Ignace de Loyola.
8- Miguel : Inigo, de François Sureau .
Le livre n’a pas pu être présenté, faute de temps. Il le sera en septembre. Il s’agit du récit d’un
épisode majeur de la vie d’Ignace de Loyola.

merci à Francis, Colette, Claude, Aline, Didier, Miguel et aux libraires Jacky et Marlies.
Petit compte rendu par Miguel Couralet :
1/ « La place » d’Annie Ernaux (Présenté par Francis)
Annie Ernaux a raconté son père issu du monde rural et devenu petit commerçant ainsi que la relation qu’elle a eu avec lui. Elle exprime le décalage entre eux du fait qu’elle a pu faire des études et s’est détachée de son milieu social.
C’est un livre de souvenirs qui a marqué Francis car il y a retrouvé les mots qui expriment ce qu’il a vécu lui-même avec ses parents et son milieu social. Pour nous l’exprimer il a lu des passages du livre et les a commentés.
Un beau moment d’émotion.
2/ « Enfant de salaud » de Sorj Chalandon (Présenté Colette)
Histoire de son père. 2 histoires en parallèle. La sienne journaliste à Libération et au Canard Enchainé et celle de son père dont il découvre le cheminement pendant la guerre où il a collaboré avec l’ennemi. C’est le grand père de l’auteur qui lui révèle : « Ton père portait l’uniforme allemand. Tu es un enfant de salaud ! »
En mai 1987, alors que s’ouvre à Lyon le procès du criminel nazi Klaus Barbie, le fils devenu journaliste apprend que le dossier judiciaire de son père sommeille aux archives départementales du Nord. Trois ans de la vie d’un « collabo », racontée par les procès-verbaux de police, les interrogatoires de justice, son procès et sa condamnation.
Il découvre l’aventure rocambolesque d’un jeune de 18 ans, sans instruction ni conviction, menteur, faussaire et manipulateur, qui a traversé la guerre comme on joue au petit soldat. Un jeune homme inconscient du danger, qui a porté cinq uniformes en quatre ans. Quatre fois déserteur de quatre armées différentes. Traître un jour, portant le brassard à croix gammée, puis patriote le lendemain, arborant fièrement la croix de Lorraine.
Son père a été jugé mais « s’en est bien sorti ». Il est décédé dans un hôpital psychiatrique.
Un livre fort comme tous ceux de Sorj Chalandon.
3/ « Les abeilles grises » - D’Andreï Kourkov (Présenté par Claude)
Nous sommes en pleine actualité : Dans un petit village abandonné de la « zone grise » dans le Donbass, coincé entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte ennemis depuis l’enfance. L’un pactise avec les Russes, Pachka non, tout à s’occuper de ses 6 ruches qu’il va emmener au printemps en Crimée pour qu’elles puissent bénéficier de la nature. Le livre raconte toutes ces scènes de vie et de voyage.
Claude nous a présenté un livre riche, plein d’humanité. Manifestement un livre à lire absolument.
4/ « Reine du réel » De Nancy Houston (Présenté par Marlies)
Nancy Huston écrit une longue lettre à Grisélidis Réal, qu’elle n’a jamais connue mais qu’elle a longtemps désapprouvé.
Grisélidis Réal, artiste, écrivaine et prostituée suisse, a fui le milieu où elle est née, bourgeois, calviniste et rigide, pour mener une vie libre. Une vie marquée par des histoires avec des hommes, des dizaines de milliers de relations tarifées, quatre enfants placés, des fausses couches, mais une vie illuminée par l’art et l’engagement militant pour la reconnaissance et les droits des travailleuses du sexe. Elle décrit la prostitution comme un art, un humanisme et une science.
Marlies nous a expliqué que dans le livre de Nancy Huston, l'autrice avec une plume personnelle et vraie nous présente un texte comme journal intime où se mêle la biographie de la Reine du Réel, au fils de ces recherches la vie qu'elle imaginait chaotique et soumise, apparaît beaucoup plus complexe manifestement l’auteur éprouve une admiration pour son combat de liberté et pour son œuvre. Pour finir c'est une lettre d’amour qu’elle écrit.
5/ « La patience des traces » De Jeanne Benameur (Présenté par Aline)
Un psychanalyste qui part à la retraite. Quelque chose se brise dans ce moment-là en lui. Conseillé par un ami il s’envole pour les îles Yaeyama. Il est hébergé dans une maison d'hôtes tenue par un couple d'artistes, elle, collectionneuse de vêtements anciens, lui, céramiste. Dans le cycle des jours et dans un monde nouveau, avec des hôtes « écoutants » c’est l’occasion pour lui de faire face à son passé et à son histoire. C’est un roman tout en délicatesse et poésie. Un très beau voyage spirituel en quête de la vérité et d'une paix avec soi-même.
6/ « Et quelquefois j’ai comme une grande idée » – De Ken Kesey (Présenté par Didier)
Didier (conforté par Jacky) nous a présenté ce livre comme un chef d’œuvre. Son auteur a aussi écrit " vol au-dessus d'un nid de coucou ".
C’est un roman sur le combat, un combat permanent, celle de deux frères dans un univers de bucherons. C'est aussi le combat de l'homme contre la nature dans cette forêt de l’Oregon. Didier nous a lu quelques passages de magnifiques descriptions qui ponctuent le récit.
Manifestement ce récit a bouleversé Didier et Jacky, ils le qualifient « d’extraordinaire »
7/ « Il n’y a pas d’arc en ciel au paradis » De Noël Néoton Ndjékéry (Présenté par Jacky)
Quel bonheur cet auteur Tchadien, il vous fait renouer avec la littérature et le plaisir de l’évocation rare d’une vérité historique. On est à la fin des années 1890, alors que la traite négrière bat de l’aile en atlantique (la guerre de sécession est passée par là) la trans-saharienne est toujours florissante et ce depuis 13 siècles. Zeïtoun, un adolescent noir s’échappe d’une caravane d’esclaves où progénitures, femelles et mâles sont conduits comme du bétail vers la péninsule arabique. Dans sa fuite vers le Tchad (grande étendue d’eau en langue locale) il va croiser un eunuque et la jeune favorite d’un harem en fuite eux aussi. Ils vont essayer de trouver refuge sur une île du grand lac pour reconstruire une société apaisée ? C’est cent ans de solitude façon Tarentino (c’est un conteur qui déconstruit la fin parce qu’il trouve que c’est mieux !) : des empires négriers jusqu’à Boko Haram, Vous allez apprendre des choses en même temps que découvrir une littérature ciselée d’or :
Plus discrète qu’une épouse infidèle rejoignant son amant, la lune rasait les nuages, impatiente d’aller retrouver le soleil qui l’avait précédée depuis longtemps au couchant. Parvenue au-dessus de la ligne d’horizon, elle parut marquer le pas, ce qui laissa entrevoir les bras tentaculaires des arbres qui essayaient de la retenir. Puis elle plongea dans les entrailles de la terre, privant d’un coup la nature de sa douce clarté. Il ne subsistait plus que la voie lactée pour contester aux ténèbres l’autorité absolue.
8/ « Le Grand Monde » De Pierre Lemaitre (Présenté par Miguel)
Le premier roman de ce qui est annoncé comme une nouvelle trilogie de Pierre Lemaitre après la précédente qui a surtout marqué avec le Livre « Au revoir là-Haut ».
On retrouve dans le « Grand Monde » un personnage de « Au revoir là-haut » qui après l’arnaque sur la construction des monuments aux morts et allé vivre à Beyrouth et a fondé une entreprise industrielle florissante et fondé une famille. On suit le devenir des 4 enfants : Jean, l’ainé qui rate tout ce qu'il entreprend et qui fuit de honte à Paris car il n’a pas été à la hauteur des espoirs de son père pour lui succéder à la tête de l’entreprise. Il y retrouve François, son frère cadet, qui démarre une carrière journalistique dans un journal à la rubrique fait divers après avoir croire à ses parents qu’il était rentré à l’école normale supérieure. Etienne, le dernier frère, qui séjourne à Saïgon pour retrouver son amoureux, légionnaire embarqué dans la guerre d'Indochine et qui au passage découvre le Traffic d’argent des piastres qui finance le vietminh et enrichit trafiquants et personnalités politiques françaises. Tandis que la petite dernière, Hélène, ne rêve que de quitter Beyrouth et ses parents.
Le livre est plein de rebondissements tous surprenants et nous enseigne sur l’après-guerre et les mœurs de l’époque.
A la fin du livre, on veut vite pouvoir lire la suite…

Une soirée fort conviviale d’échanges enrichissants autour des livres choisis par Fred, Christian, Francis, Jo, Angèle, Claude, Raphaël, Laurence, Nicole, Élisabeth, Évelyne, Florian, Michèle, Jacky et Miguel.
Livres présentés (Animation et compte rendu par Miguel et Michèle) :
1/ Nicole : « Anéantir » – Michel Houellebecq (janvier 2022- Flammarion)
Avec son le 8ème roman - 780 pages-, au titre provocateur, et très bien documenté, Houellebecq nous projette dans l’année 2027. Se mêlent, s’entremêlent, les drames de la vie intime, celle de Paul et Prudence, la politique, le quotidien d’une société occidentale, la fuite par le rêve, des attentats... Un grand thriller politique. Le récit ménage de nombreuses surprises, comme celle de l'apparition d'un avatar réaliste de Bruno Le Maire dont le personnage principal du roman est l'un de ses conseillers, Paul Raison, un haut fonctionnaire de 47 ans.
Le livre n’a pas de fin… On sent l’empathie de l’auteur.
Nicole a été emballée par le livre.
2/ Fred : « Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan » - Laurent Perez (Éditions les Escales octobre 2021)
Ce livre dit la puissance de l’amour d’une mère juive séfarade, très protectrice pour aider son fils Roland, handicapé (né avec un pied bot). Avec acharnement, elle parviendra à le faire opérer. L’enfant devra rester alité de longs mois au cours desquels il découvrira le monde et apprendra à lire grâce à la télévision et surtout en écoutant la star préférée de la fratrie familiale : Sylvie Vartan. C’est lumineux, c’est plein d’humour, c’est attachant. Pour Fred c’est une lettre d’amour. Il en a parlé avec grande émotion.
3/ Laurence : « Une éducation » – Tara Westover (Lattès 2019)
Roman autobiographique qui dit le combat de Tara pour échapper à sa famille qui appartient à la secte des Mormons. Comment se construire, comment évoluer , comment devenir docteur en histoire, hors de la famille sans la trahir ? Une expérience singulière, un témoignage édifiant, d’une grande force.
4/ Raphaël : « Les Guerriers nus » - Jean-Marie Lamblard (Imago 2005)
L’auteur, né à Tavel en 1938, devenu inspecteur général du Théâtre nous livre un récit épique qui oppose les Celtes, ancêtres du peuple provençal, ceux qui allaient combattre nus, aux Grecs installés à Massalia, l’antique Marseille.
Quelques colons grecs partis d'Orient fondèrent en terre ligure la ville de Massalia - la Marseille antique. Ces nouveaux venus d'une autre civilisation prospérèrent rapidement, suscitant dans la population environnante attirance et hostilité. Jusqu’au moment où les tribus alentours, gaulois ou celto-ligures ressentent cette présence comme invasive et décident de reprendre la main et de soumette la cité devenue puissante. Les Gaulois, de tradition orale imposent leur puissance par la guerre et le combat physique. Leur richesse se construit sur le pillage et la vénération de l’or. Les Grecs ont une autre approche fondée sur la littérature, le commerce.
Cette évocation romanesque nous est racontée avec une verve poétique et fait revivre avec beaucoup d’humanité ces guerriers redoutés défaits mais invaincus.
5/ Claude : « Je m’appelle Asher Lev »- Chaïm Potok (1994 Buchet Chastel; 2007 10/18 )
Roman autobiographique. Tout jeune Asher est attiré par le dessin, au grand désespoir de son père très croyant qui estime que cette expression artistique est incompatible avec la tradition religieuse juive. Le jeune homme pourra néanmoins poursuivre sa vocation, s’épanouir grâce à son talent, exposer et devenir célèbre.
Un roman magistral sur les affres du génie artistique, bien souvent synonyme de déchirements culturels, spirituels et intimes
6/ Evelyne : « Regarde les lumières mon amour » - Annie Ernaux (2014 Seuil; 2016 Folio)
C’est un journal tenu par l’autrice entre 2012 et 2013, dans lequel elle consigne ses observations quand elle fait ses courses dans un supermarché, elle nous fait part de ses sentiments, de ses interrogations. Une analyse sociétale intéressante, ludique et originale. L’hypermarché est un grand rendez-vous humain, un véritable spectacle. Sa fréquentation est très loin de se résumer à la seule corvée des courses. Dans le journal de ses visites, la romancière livre les sentiments mêlés, attirance mais aussi interrogations, que suscite en elle ce haut lieu de l’abondance. Manifestement le regard d’Evelyne a changé quand elle fait ses courses. Elle a su nous communique sa nouvelle approche.
7/ Florian : Une BD « Le château des animaux » scénarisée par Xavier Dorison et dessinée par Félix Delep, (Casterman 2018 et en cours pour les autres tomes à paraître)
Quelque part dans la France de l’entre-deux guerres, niché au cœur d’une ferme oubliée des hommes, le Château des animaux est dirigé d’un sabot de fer par le président Silvio… Secondé par une milice de chiens, le taureau dictateur exploite les autres animaux, tous contraints à des travaux de peine épuisants pour le bien de la communauté…
Miss Bengalore, chatte craintive qui ne cherche qu’à protéger ses deux petits, et César, un lapin gigolo, vont s’allier au sage et mystérieux Azélar, un rat à lunettes, pour prôner la résistance à l’injustice, la lutte contre les crocs et les griffes par la désobéissance et le rire… Une série de BD fantastique, en contrepoint à La ferme des animaux d’Orwell. Ces fables animalières nous invitent à une multitude de réflexions ... L’ironie est la réponse à la violence, la résistance fait face à l’autoritarisme, à l’injustice … Ludique et très actuel !
Manifestement Florian est un fan !
8/ Jo : « American Dirt » – Jeanine Cummins (2018 Philippe Rey; 2022 10/18)
La fuite d'une mère et de son fils, mexicains, pour fuir un cartel de la drogue d’Acapulco après le massacre de plusieurs membres de leur famille . Ils vont intégrer la horde des migrants voulant passer clandestinement aux États-Unis. American Dirt raconte l’épopée de ces femmes et de ces hommes qui ont pour seul bagage une farouche volonté d’avancer vers la frontière américaine. Un récit marqué par la force et l’instinct de survie de cette mère et de son enfant. C’est violent, réaliste fort en émotion ce que Jo a su nous transmettre avec force relayée par plusieurs participants qui avaient aussi lu le livre.
9/ Elisabeth : « L’évènement » - Annie Ernaux (2000 Gallimard; 2001 Folio)
Deuxième ouvrage de la même écrivaine cette soirée.
Un récit autobiographique. Un épisode douloureux vécu lors de ses études universitaires. Une expérience initiatique de vie et de mort, d’humiliation en cette décennie 60, ou l’avortement constituait encore un délit. Un récit qui dit le traumatisme lié au mépris, aux tabous qu’il faut affronter, aux préjugés de classe.
Elisabeth a lu plusieurs passages du livre pour en montrer le style ciselé et évocateur.
10/ Francis : « A l’orée du Verger » - Tracy Chevalier ( 2016 Table Ronde; 2018 Folio )
Au XIX -ème siècle, la saga de pionniers paysans installés dans l’Ohio, qui tentent de faire pousser des arbres fruitiers dans des terres marécageuses, insalubres, ingrates à souhait. La fiction historique est décrite avec réalisme, humanité, c’est captivant.
Francis nous a raconté qu’il lisait chaque année ce roman et qu’à chaque fois il y puisait de nouvelles choses tant le récit est fort.
11/ Angèle : « L’être et le néon » (2022 Les Editions de Labadié)
Récit plein d’humour et pudeur et d’élégance. Hymne à la vie. Fragilité de la vie, chance d’être sur terre. Combat quotidien à l’hôpital dans une lutte contre le cancer (un lymphome)
12/ Christian : « Les Rouges du Midi »- Félix Gras (1896 épuisé)
Félix Gras, fervent républicain, né à Mallemort du Comtat raconte le cheminement d’un enfant né dans le Vaucluse, Pascalet, qui pour sortir de sa condition de paysan pauvre, va s’engager aux côtés des Marseillais pour renverser « le tyran ». La version du livre présentée par Christian est double : français et provençal Li Rouge dóu Miejour . La république reprendra le chant entonné pas ces hommes valeureux et qui depuis porte leur nom : La Marseillaise. Premier roman historique écrit en langue provençale, cet ouvrage connut un immense succès outre-Atlantique, avant même sa parution en France. A découvrir ou redécouvrir pour mieux comprendre du côté du peuple cette période de l’histoire de France et de notre Provence.
13/ Michèle : « Azincourt par temps de pluie »- Jean Teulé (2022 Mialet Barrault)
Avec sa gouaille habituelle et une langue bien verte mais jamais obscène, Jean Teulé revisite une tragique et sanglante défaite historique en une pasquinade : Azincourt 1415, où la chevalerie française fut décimée. 6000 chevaliers tués ! Une lecture ludique et enrichissante car les faits historiques sont respectés. Avec la verve qu'on lui connaît et son sens du détail qui tue, Jean Teulé nous raconte ces trois jours dantesques où, sous une pluie battante, des milliers d'hommes se sont massacrés dans un affrontement sanglant d'autant plus désastreux que cette bataille était parfaitement inutile.
14/ Jacky : « Marie-Claire » – Marguerite Audoux (2019 Talents hauts)
Il y a peu d’écrivaines qui sont issues du milieu populaire, d’abord parce qu’on est une femme et puis pauvre c’est pas facile, ça semble mais c’est pas facile… il faut donc que vous lisiez Marguerite Audoux. Elle vient de nulle part et on est en 1910 !!! Orpheline, bergère, couturière, elle écrit dans un carnet sa vie… Un miracle d’intelligence et de sobriété, Son premier roman, Anne-Marie, est publié grâce à un ami d’Octave Mirbeau qui l’a présenté au maître es-découvreur de talents. (Les Impressionnistes, c’est lui mais aussi maints auteurs) Ce coup d’essai est un coup de maitresse puisqu’elle obtient le prix Fémina la même année… Vous savez ce que signifie « écrire merveilleusement » ? Ceux qui ont lu Marguerite Audoux le savent. Son biographe l’a comparée à Marguerite Duras, une autre Marguerite, précise-t-il… c’est faux … elle est incomparable. « Sœur Gabrielle était toute petite, vieille, maigre, et courbée ; elle dirigeait le dortoir et le réfectoire. Au dortoir, elle passait un bras sec et dur contre notre chemise et le drap, pour s’assurer de notre propreté, et elle fouettait à heure fixe, et avec des verges, celles dont les draps étaient humides. Au réfectoire, elle faisait la salade dans une immense terrine jaune. Les manches retroussées jusqu’aux épaules, elle plongeait et replongeait dans la salade ses deux bras noirs et noueux, qui sortaient de là tout luisants et gouttelants, et qui me faisaient penser à des branches mortes les jours de pluie » Faîte lui une place dans votre bibliothèque, elle prendra de la valeur…

Des fidèles au rendez-vous! Tous n’ont pas présenté de livre, mais tous ont été attentifs et intéressés par les livres présentés au cours de cette soirée. Ce qui a donné lieu à des échanges très riches.
( Animation: Miguel, Compte rendu: Michèle):
1- Elisabeth : Celui qui veille, de Louise Erdrich - (éditions Albin Michel 2022 - Prix Pulitzer 2021)
Inspirée par son grand-père maternel, qui a lutté pour préserver les droits de son peuple, Louise Erdrich, qui par sa mère a du sang amérindien, nous raconte une aventure humaine qui a pour décor le Dakota Nord – 1953 - , peuplée de personnages inoubliables : Thomas Wazhashk, président du conseil consultatif de la Bande d'Indiens Chippewas de Turtle Mountain, déterminé à lutter contre le projet du gouvernement fédéral censé « émanciper » les Indiens, Patrice/Pixie, la nièce de Thomas qui souhaite reprendre ses études pour être plus libre, Véra, sa sœur partie pour la grande ville, Wood Mountain et Barnes , ses prétendants…
Un roman biographique de cinq cents pages, riche, foisonnant, réaliste, profondément humain qui met en lumière la politique inique du Congrès américain envers le peuple Indien.
Une lecture passionnante.
2- Evelyne : Les Huit Montagnes, de Paolo Cognetti – (éditions Grasset 2016 - livre de poche 2018)
(Prix Médicis étranger 2017, Ce roman est devenu un film présenté en compétition au Festival de Cannes 2022.)
Pietro est un jeune milanais, Bruno un enfant des montagnes du Val d’Aoste. Ils ont 11 ans tous
les sépare mais la montagne va les rapprocher et en faire des amis. Le père de Pietro aime les longues randonnées en montagne où il entraîne son fils malgré son mal des cimes. Pietro et Bruno deviendront amis. Vingt ans plus tard, c’est dans ces mêmes montagnes et auprès de ce même ami que Pietro tentera de se réconcilier avec son passé – et son avenir.
Un roman autobiographique écrit dans une langue pure et poétique, sans longueur, un livre sur l’apprentissage de la vie, sur l’amitié , un hommage à la montagne et à la nature, un coup de cœur qu’Evelyne aime à relire. Un film a découvrir bientôt en salle.
3- Claude: L’infini dans un roseau d’Irène Vallejo - (Editions Belles lettres 2021)
- Prix national de l’essai et prix espagnol de l’Association des Librairies.
Un (imposant) essai que l’on lit comme un roman, qui raconte avec érudition, passion, lyrisme et talent l’invention des livres dans l’Antiquité, un périple historique à l’est de la Méditerranée
(Mésopotamie, Égypte, Grèce) puis à Rome.
Le titre de cet ouvrage évoque le roseau qui a constitué l'une des premières surfaces d'écriture, le papyrus mais aussi le calame qui sert à écrire… des livres! Le livre qui libère, qui diffuse des idées et qui devient pour certains, un objet dangereux.
(Un joli écho à Une histoire de la lecture d'Alberto Manguel)
4- Laurence: Just Kids de Patty Smith - (éditions Denoël 1999 - folio 2013)
Un récit autobiographique, intimiste, qui retrace ses années de jeunesse, de sa carrière chanteuse , guitariste punk rock mais aussi de poète, d’écrivaine, d’artiste peintre et de
photographe, ses joies, ses peines, elle parle de son ami Robert Mapplethorpe, de leur amitié et de leur liaison fusionnelle, qui durera de 1967 à 1969. C’est aussi la découverte d’endroits mythiques. C’est un petit bijou, joliment écrit, émouvant passionnant à lire. Voir sur Arte -replay un portrait de Patty Smith.
5- José : Marchands de mort subite de Max Izambard - (éditions du Rouerge 2021)
C’est un roman noir, une comédie tragique qui commence par un coup de fil: Pierre Marlot, est
informé par le consulat de France en Ouganda que sa fille Anne, journaliste a disparu depuis qu’elle
a passé illégalement la frontière pour se rendre en République démocratique du Congo. Sa fille enquêtait, en fait sur le commerce illégal de l’or entre les deux pays. Les personnages sont nombreux permettant ainsi à l’auteur de multiplier les points de vue de chacun pour donner au lecteur une vue plus large des évènements.
Quand la recherche de la justice, de la vérité, s’affronte à la soif de pouvoir , de richesse, de lucre, un éternel combat...
Roman choral dur, fort mais qui se lit facilement.
6- Marlies : Blackwater I, La Crue, de Michael McDowell - (éditions Monsieur Toussaint Louverture 2022)
Avant de nous parler du livre choisi, Marlies revient sur les autres présentations, celles de Claude et Elisabeth, notamment, pour mettre en exergue le pouvoir du livre, la chance d'avoir une loi du livre en France, qui rends accessible la diffusion des idées et les problèmes liés à la surproduction diffusion des idées par le livre et fait un parallèle avec la situation actuelle au Chili avec le peuple Mapuche dont les terres sont spolier pour produire de la pâte à papier internationale.
Une fresque familiale dans le sud des états-unis en 1919, en 6 tommes, le dernier à paraître prochainement: manipulation, rebondissement à foison, c’est romanesque, effrayant, fascinant, joliment illustré et peu onéreux! Michael McDowell a une écriture cinématographique qui nous plonge dans un univers que l'on ne veut plus lâcher, à l'affut des choses étranges à la Edgard Alan Poe.
7- Michèle : Une Française libre : Journal 1939-1945 de Tereska Torrès - (Editions Libretto 2022)
Tereska sort tout juste de l'adolescence quand la Seconde guerre mondiale éclate . Née de parents polonais émigrés, convertis au catholicisme, son père, Marek Szwarc, est un talentueux sculpteur qui s'engage dans l'armée polonaise et se retrouve en Angleterre. Il y sera rejoint par son épouse
Guina et sa fille. Tereska va alors s'engager pour toute la durée de la guerre dans le corps féminin des Forces françaises libres. Elle va y faire son apprentissage de la vie qu'elle va retranscrire dans son journal intime. Ce récit révèle le portrait d'une jeune diariste aventureuse, courageuse, passionnée, enthousiaste, sincère, amoureuse, c'est une narration historique intéressante.
8- Miguel: Inigo, de François Sureau .
Le livre n’a pas pu être présenté, faute de temps. Il le sera en septembre. Il s’agit du récit d’un épisode majeur de la vie d’Ignace de Loyola.

merci à Francis, Colette, Claude, Aline, Didier, Miguel et aux libraires Jacky et Marlies.
Petit compte rendu par Miguel Couralet :
1/ « La place » d’Annie Ernaux (Présenté par Francis)
Annie Ernaux a raconté son père issu du monde rural et devenu petit commerçant ainsi que la relation qu’elle a eu avec lui. Elle exprime le décalage entre eux du fait qu’elle a pu faire des études et s’est détachée de son milieu social.
C’est un livre de souvenirs qui a marqué Francis car il y a retrouvé les mots qui expriment ce qu’il a vécu lui-même avec ses parents et son milieu social. Pour nous l’exprimer il a lu des passages du livre et les a commentés.
Un beau moment d’émotion.
2/ « Enfant de salaud » de Sorj Chalandon (Présenté Colette)
Histoire de son père. 2 histoires en parallèle. La sienne journaliste à Libération et au Canard Enchainé et celle de son père dont il découvre le cheminement pendant la guerre où il a collaboré avec l’ennemi. C’est le grand père de l’auteur qui lui révèle : « Ton père portait l’uniforme allemand. Tu es un enfant de salaud ! »
En mai 1987, alors que s’ouvre à Lyon le procès du criminel nazi Klaus Barbie, le fils devenu journaliste apprend que le dossier judiciaire de son père sommeille aux archives départementales du Nord. Trois ans de la vie d’un « collabo », racontée par les procès-verbaux de police, les interrogatoires de justice, son procès et sa condamnation.
Il découvre l’aventure rocambolesque d’un jeune de 18 ans, sans instruction ni conviction, menteur, faussaire et manipulateur, qui a traversé la guerre comme on joue au petit soldat. Un jeune homme inconscient du danger, qui a porté cinq uniformes en quatre ans. Quatre fois déserteur de quatre armées différentes. Traître un jour, portant le brassard à croix gammée, puis patriote le lendemain, arborant fièrement la croix de Lorraine.
Son père a été jugé mais « s’en est bien sorti ». Il est décédé dans un hôpital psychiatrique.
Un livre fort comme tous ceux de Sorj Chalandon.
3/ « Les abeilles grises » - D’Andreï Kourkov (Présenté par Claude)
Nous sommes en pleine actualité : Dans un petit village abandonné de la « zone grise » dans le Donbass, coincé entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte ennemis depuis l’enfance. L’un pactise avec les Russes, Pachka non, tout à s’occuper de ses 6 ruches qu’il va emmener au printemps en Crimée pour qu’elles puissent bénéficier de la nature. Le livre raconte toutes ces scènes de vie et de voyage.
Claude nous a présenté un livre riche, plein d’humanité. Manifestement un livre à lire absolument.
4/ « Reine du réel » De Nancy Houston (Présenté par Marlies)
Nancy Huston écrit une longue lettre à Grisélidis Réal, qu’elle n’a jamais connue mais qu’elle a longtemps désapprouvé.
Grisélidis Réal, artiste, écrivaine et prostituée suisse, a fui le milieu où elle est née, bourgeois, calviniste et rigide, pour mener une vie libre. Une vie marquée par des histoires avec des hommes, des dizaines de milliers de relations tarifées, quatre enfants placés, des fausses couches, mais une vie illuminée par l’art et l’engagement militant pour la reconnaissance et les droits des travailleuses du sexe. Elle décrit la prostitution comme un art, un humanisme et une science.
Marlies nous a expliqué que dans le livre de Nancy Huston, l'autrice avec une plume personnelle et vraie nous présente un texte comme journal intime où se mêle la biographie de la Reine du Réel, au fils de ces recherches la vie qu'elle imaginait chaotique et soumise, apparaît beaucoup plus complexe manifestement l’auteur éprouve une admiration pour son combat de liberté et pour son œuvre. Pour finir c'est une lettre d’amour qu’elle écrit.
5/ « La patience des traces » De Jeanne Benameur (Présenté par Aline)
Un psychanalyste qui part à la retraite. Quelque chose se brise dans ce moment-là en lui. Conseillé par un ami il s’envole pour les îles Yaeyama. Il est hébergé dans une maison d'hôtes tenue par un couple d'artistes, elle, collectionneuse de vêtements anciens, lui, céramiste. Dans le cycle des jours et dans un monde nouveau, avec des hôtes « écoutants » c’est l’occasion pour lui de faire face à son passé et à son histoire. C’est un roman tout en délicatesse et poésie. Un très beau voyage spirituel en quête de la vérité et d'une paix avec soi-même.
6/ « Et quelquefois j’ai comme une grande idée » – De Ken Kesey (Présenté par Didier)
Didier (conforté par Jacky) nous a présenté ce livre comme un chef d’œuvre. Son auteur a aussi écrit " vol au-dessus d'un nid de coucou ".
C’est un roman sur le combat, un combat permanent, celle de deux frères dans un univers de bucherons. C'est aussi le combat de l'homme contre la nature dans cette forêt de l’Oregon. Didier nous a lu quelques passages de magnifiques descriptions qui ponctuent le récit.
Manifestement ce récit a bouleversé Didier et Jacky, ils le qualifient « d’extraordinaire »
7/ « Il n’y a pas d’arc en ciel au paradis » De Noël Néoton Ndjékéry (Présenté par Jacky)
Quel bonheur cet auteur Tchadien, il vous fait renouer avec la littérature et le plaisir de l’évocation rare d’une vérité historique. On est à la fin des années 1890, alors que la traite négrière bat de l’aile en atlantique (la guerre de sécession est passée par là) la trans-saharienne est toujours florissante et ce depuis 13 siècles. Zeïtoun, un adolescent noir s’échappe d’une caravane d’esclaves où progénitures, femelles et mâles sont conduits comme du bétail vers la péninsule arabique. Dans sa fuite vers le Tchad (grande étendue d’eau en langue locale) il va croiser un eunuque et la jeune favorite d’un harem en fuite eux aussi. Ils vont essayer de trouver refuge sur une île du grand lac pour reconstruire une société apaisée ? C’est cent ans de solitude façon Tarentino (c’est un conteur qui déconstruit la fin parce qu’il trouve que c’est mieux !) : des empires négriers jusqu’à Boko Haram, Vous allez apprendre des choses en même temps que découvrir une littérature ciselée d’or :
Plus discrète qu’une épouse infidèle rejoignant son amant, la lune rasait les nuages, impatiente d’aller retrouver le soleil qui l’avait précédée depuis longtemps au couchant. Parvenue au-dessus de la ligne d’horizon, elle parut marquer le pas, ce qui laissa entrevoir les bras tentaculaires des arbres qui essayaient de la retenir. Puis elle plongea dans les entrailles de la terre, privant d’un coup la nature de sa douce clarté. Il ne subsistait plus que la voie lactée pour contester aux ténèbres l’autorité absolue.
8/ « Le Grand Monde » De Pierre Lemaitre (Présenté par Miguel)
Le premier roman de ce qui est annoncé comme une nouvelle trilogie de Pierre Lemaitre après la précédente qui a surtout marqué avec le Livre « Au revoir là-Haut ».
On retrouve dans le « Grand Monde » un personnage de « Au revoir là-haut » qui après l’arnaque sur la construction des monuments aux morts et allé vivre à Beyrouth et a fondé une entreprise industrielle florissante et fondé une famille. On suit le devenir des 4 enfants : Jean, l’ainé qui rate tout ce qu'il entreprend et qui fuit de honte à Paris car il n’a pas été à la hauteur des espoirs de son père pour lui succéder à la tête de l’entreprise. Il y retrouve François, son frère cadet, qui démarre une carrière journalistique dans un journal à la rubrique fait divers après avoir croire à ses parents qu’il était rentré à l’école normale supérieure. Etienne, le dernier frère, qui séjourne à Saïgon pour retrouver son amoureux, légionnaire embarqué dans la guerre d'Indochine et qui au passage découvre le Traffic d’argent des piastres qui finance le vietminh et enrichit trafiquants et personnalités politiques françaises. Tandis que la petite dernière, Hélène, ne rêve que de quitter Beyrouth et ses parents.
Le livre est plein de rebondissements tous surprenants et nous enseigne sur l’après-guerre et les mœurs de l’époque.
A la fin du livre, on veut vite pouvoir lire la suite…

Une soirée fort conviviale d’échanges enrichissants autour des livres choisis par Fred, Christian, Francis, Jo, Angèle, Claude, Raphaël, Laurence, Nicole, Élisabeth, Évelyne, Florian, Michèle, Jacky et Miguel.
Livres présentés (Animation et compte rendu par Miguel et Michèle) :
1/ Nicole : « Anéantir » – Michel Houellebecq (janvier 2022- Flammarion)
Avec son le 8ème roman - 780 pages-, au titre provocateur, et très bien documenté, Houellebecq nous projette dans l’année 2027. Se mêlent, s’entremêlent, les drames de la vie intime, celle de Paul et Prudence, la politique, le quotidien d’une société occidentale, la fuite par le rêve, des attentats... Un grand thriller politique. Le récit ménage de nombreuses surprises, comme celle de l'apparition d'un avatar réaliste de Bruno Le Maire dont le personnage principal du roman est l'un de ses conseillers, Paul Raison, un haut fonctionnaire de 47 ans.
Le livre n’a pas de fin… On sent l’empathie de l’auteur.
Nicole a été emballée par le livre.
2/ Fred : « Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan » - Laurent Perez (Éditions les Escales octobre 2021)
Ce livre dit la puissance de l’amour d’une mère juive séfarade, très protectrice pour aider son fils Roland, handicapé (né avec un pied bot). Avec acharnement, elle parviendra à le faire opérer. L’enfant devra rester alité de longs mois au cours desquels il découvrira le monde et apprendra à lire grâce à la télévision et surtout en écoutant la star préférée de la fratrie familiale : Sylvie Vartan. C’est lumineux, c’est plein d’humour, c’est attachant. Pour Fred c’est une lettre d’amour. Il en a parlé avec grande émotion.
3/ Laurence : « Une éducation » – Tara Westover (Lattès 2019)
Roman autobiographique qui dit le combat de Tara pour échapper à sa famille qui appartient à la secte des Mormons. Comment se construire, comment évoluer , comment devenir docteur en histoire, hors de la famille sans la trahir ? Une expérience singulière, un témoignage édifiant, d’une grande force.
4/ Raphaël : « Les Guerriers nus » - Jean-Marie Lamblard (Imago 2005)
L’auteur, né à Tavel en 1938, devenu inspecteur général du Théâtre nous livre un récit épique qui oppose les Celtes, ancêtres du peuple provençal, ceux qui allaient combattre nus, aux Grecs installés à Massalia, l’antique Marseille.
Quelques colons grecs partis d'Orient fondèrent en terre ligure la ville de Massalia - la Marseille antique. Ces nouveaux venus d'une autre civilisation prospérèrent rapidement, suscitant dans la population environnante attirance et hostilité. Jusqu’au moment où les tribus alentours, gaulois ou celto-ligures ressentent cette présence comme invasive et décident de reprendre la main et de soumette la cité devenue puissante. Les Gaulois, de tradition orale imposent leur puissance par la guerre et le combat physique. Leur richesse se construit sur le pillage et la vénération de l’or. Les Grecs ont une autre approche fondée sur la littérature, le commerce.
Cette évocation romanesque nous est racontée avec une verve poétique et fait revivre avec beaucoup d’humanité ces guerriers redoutés défaits mais invaincus.
5/ Claude : « Je m’appelle Asher Lev »- Chaïm Potok (1994 Buchet Chastel; 2007 10/18 )
Roman autobiographique. Tout jeune Asher est attiré par le dessin, au grand désespoir de son père très croyant qui estime que cette expression artistique est incompatible avec la tradition religieuse juive. Le jeune homme pourra néanmoins poursuivre sa vocation, s’épanouir grâce à son talent, exposer et devenir célèbre.
Un roman magistral sur les affres du génie artistique, bien souvent synonyme de déchirements culturels, spirituels et intimes
6/ Evelyne : « Regarde les lumières mon amour » - Annie Ernaux (2014 Seuil; 2016 Folio)
C’est un journal tenu par l’autrice entre 2012 et 2013, dans lequel elle consigne ses observations quand elle fait ses courses dans un supermarché, elle nous fait part de ses sentiments, de ses interrogations. Une analyse sociétale intéressante, ludique et originale. L’hypermarché est un grand rendez-vous humain, un véritable spectacle. Sa fréquentation est très loin de se résumer à la seule corvée des courses. Dans le journal de ses visites, la romancière livre les sentiments mêlés, attirance mais aussi interrogations, que suscite en elle ce haut lieu de l’abondance. Manifestement le regard d’Evelyne a changé quand elle fait ses courses. Elle a su nous communique sa nouvelle approche.
7/ Florian : Une BD « Le château des animaux » scénarisée par Xavier Dorison et dessinée par Félix Delep, (Casterman 2018 et en cours pour les autres tomes à paraître)
Quelque part dans la France de l’entre-deux guerres, niché au cœur d’une ferme oubliée des hommes, le Château des animaux est dirigé d’un sabot de fer par le président Silvio… Secondé par une milice de chiens, le taureau dictateur exploite les autres animaux, tous contraints à des travaux de peine épuisants pour le bien de la communauté…
Miss Bengalore, chatte craintive qui ne cherche qu’à protéger ses deux petits, et César, un lapin gigolo, vont s’allier au sage et mystérieux Azélar, un rat à lunettes, pour prôner la résistance à l’injustice, la lutte contre les crocs et les griffes par la désobéissance et le rire… Une série de BD fantastique, en contrepoint à La ferme des animaux d’Orwell. Ces fables animalières nous invitent à une multitude de réflexions ... L’ironie est la réponse à la violence, la résistance fait face à l’autoritarisme, à l’injustice … Ludique et très actuel !
Manifestement Florian est un fan !
8/ Jo : « American Dirt » – Jeanine Cummins (2018 Philippe Rey; 2022 10/18)
La fuite d'une mère et de son fils, mexicains, pour fuir un cartel de la drogue d’Acapulco après le massacre de plusieurs membres de leur famille . Ils vont intégrer la horde des migrants voulant passer clandestinement aux États-Unis. American Dirt raconte l’épopée de ces femmes et de ces hommes qui ont pour seul bagage une farouche volonté d’avancer vers la frontière américaine. Un récit marqué par la force et l’instinct de survie de cette mère et de son enfant. C’est violent, réaliste fort en émotion ce que Jo a su nous transmettre avec force relayée par plusieurs participants qui avaient aussi lu le livre.
9/ Elisabeth : « L’évènement » - Annie Ernaux (2000 Gallimard; 2001 Folio)
Deuxième ouvrage de la même écrivaine cette soirée.
Un récit autobiographique. Un épisode douloureux vécu lors de ses études universitaires. Une expérience initiatique de vie et de mort, d’humiliation en cette décennie 60, ou l’avortement constituait encore un délit. Un récit qui dit le traumatisme lié au mépris, aux tabous qu’il faut affronter, aux préjugés de classe.
Elisabeth a lu plusieurs passages du livre pour en montrer le style ciselé et évocateur.
10/ Francis : « A l’orée du Verger » - Tracy Chevalier ( 2016 Table Ronde; 2018 Folio )
Au XIX -ème siècle, la saga de pionniers paysans installés dans l’Ohio, qui tentent de faire pousser des arbres fruitiers dans des terres marécageuses, insalubres, ingrates à souhait. La fiction historique est décrite avec réalisme, humanité, c’est captivant.
Francis nous a raconté qu’il lisait chaque année ce roman et qu’à chaque fois il y puisait de nouvelles choses tant le récit est fort.
11/ Angèle : « L’être et le néon » (2022 Les Editions de Labadié)
Récit plein d’humour et pudeur et d’élégance. Hymne à la vie. Fragilité de la vie, chance d’être sur terre. Combat quotidien à l’hôpital dans une lutte contre le cancer (un lymphome)
12/ Christian : « Les Rouges du Midi »- Félix Gras (1896 épuisé)
Félix Gras, fervent républicain, né à Mallemort du Comtat raconte le cheminement d’un enfant né dans le Vaucluse, Pascalet, qui pour sortir de sa condition de paysan pauvre, va s’engager aux côtés des Marseillais pour renverser « le tyran ». La version du livre présentée par Christian est double : français et provençal Li Rouge dóu Miejour . La république reprendra le chant entonné pas ces hommes valeureux et qui depuis porte leur nom : La Marseillaise. Premier roman historique écrit en langue provençale, cet ouvrage connut un immense succès outre-Atlantique, avant même sa parution en France. A découvrir ou redécouvrir pour mieux comprendre du côté du peuple cette période de l’histoire de France et de notre Provence.
13/ Michèle : « Azincourt par temps de pluie »- Jean Teulé (2022 Mialet Barrault)
Avec sa gouaille habituelle et une langue bien verte mais jamais obscène, Jean Teulé revisite une tragique et sanglante défaite historique en une pasquinade : Azincourt 1415, où la chevalerie française fut décimée. 6000 chevaliers tués ! Une lecture ludique et enrichissante car les faits historiques sont respectés. Avec la verve qu'on lui connaît et son sens du détail qui tue, Jean Teulé nous raconte ces trois jours dantesques où, sous une pluie battante, des milliers d'hommes se sont massacrés dans un affrontement sanglant d'autant plus désastreux que cette bataille était parfaitement inutile.
14/ Jacky : « Marie-Claire » – Marguerite Audoux (2019 Talents hauts)
Il y a peu d’écrivaines qui sont issues du milieu populaire, d’abord parce qu’on est une femme et puis pauvre c’est pas facile, ça semble mais c’est pas facile… il faut donc que vous lisiez Marguerite Audoux. Elle vient de nulle part et on est en 1910 !!! Orpheline, bergère, couturière, elle écrit dans un carnet sa vie… Un miracle d’intelligence et de sobriété, Son premier roman, Anne-Marie, est publié grâce à un ami d’Octave Mirbeau qui l’a présenté au maître es-découvreur de talents. (Les Impressionnistes, c’est lui mais aussi maints auteurs) Ce coup d’essai est un coup de maitresse puisqu’elle obtient le prix Fémina la même année… Vous savez ce que signifie « écrire merveilleusement » ? Ceux qui ont lu Marguerite Audoux le savent. Son biographe l’a comparée à Marguerite Duras, une autre Marguerite, précise-t-il… c’est faux … elle est incomparable. « Sœur Gabrielle était toute petite, vieille, maigre, et courbée ; elle dirigeait le dortoir et le réfectoire. Au dortoir, elle passait un bras sec et dur contre notre chemise et le drap, pour s’assurer de notre propreté, et elle fouettait à heure fixe, et avec des verges, celles dont les draps étaient humides. Au réfectoire, elle faisait la salade dans une immense terrine jaune. Les manches retroussées jusqu’aux épaules, elle plongeait et replongeait dans la salade ses deux bras noirs et noueux, qui sortaient de là tout luisants et gouttelants, et qui me faisaient penser à des branches mortes les jours de pluie » Faîte lui une place dans votre bibliothèque, elle prendra de la valeur…

Des fidèles au rendez-vous! Tous n’ont pas présenté de livre, mais tous ont été attentifs et intéressés par les livres présentés au cours de cette soirée. Ce qui a donné lieu à des échanges très riches.
( Animation: Miguel, Compte rendu: Michèle):
1- Elisabeth : Celui qui veille, de Louise Erdrich - (éditions Albin Michel 2022 - Prix Pulitzer 2021)
Inspirée par son grand-père maternel, qui a lutté pour préserver les droits de son peuple, Louise Erdrich, qui par sa mère a du sang amérindien, nous raconte une aventure humaine qui a pour décor le Dakota Nord – 1953 - , peuplée de personnages inoubliables : Thomas Wazhashk, président du conseil consultatif de la Bande d'Indiens Chippewas de Turtle Mountain, déterminé à lutter contre le projet du gouvernement fédéral censé « émanciper » les Indiens, Patrice/Pixie, la nièce de Thomas qui souhaite reprendre ses études pour être plus libre, Véra, sa sœur partie pour la grande ville, Wood Mountain et Barnes , ses prétendants…
Un roman biographique de cinq cents pages, riche, foisonnant, réaliste, profondément humain qui met en lumière la politique inique du Congrès américain envers le peuple Indien.
Une lecture passionnante.
2- Evelyne : Les Huit Montagnes, de Paolo Cognetti – (éditions Grasset 2016 - livre de poche 2018)
(Prix Médicis étranger 2017, Ce roman est devenu un film présenté en compétition au Festival de Cannes 2022.)
Pietro est un jeune milanais, Bruno un enfant des montagnes du Val d’Aoste. Ils ont 11 ans tous
les sépare mais la montagne va les rapprocher et en faire des amis. Le père de Pietro aime les longues randonnées en montagne où il entraîne son fils malgré son mal des cimes. Pietro et Bruno deviendront amis. Vingt ans plus tard, c’est dans ces mêmes montagnes et auprès de ce même ami que Pietro tentera de se réconcilier avec son passé – et son avenir.
Un roman autobiographique écrit dans une langue pure et poétique, sans longueur, un livre sur l’apprentissage de la vie, sur l’amitié , un hommage à la montagne et à la nature, un coup de cœur qu’Evelyne aime à relire. Un film a découvrir bientôt en salle.
3- Claude: L’infini dans un roseau d’Irène Vallejo - (Editions Belles lettres 2021)
- Prix national de l’essai et prix espagnol de l’Association des Librairies.
Un (imposant) essai que l’on lit comme un roman, qui raconte avec érudition, passion, lyrisme et talent l’invention des livres dans l’Antiquité, un périple historique à l’est de la Méditerranée
(Mésopotamie, Égypte, Grèce) puis à Rome.
Le titre de cet ouvrage évoque le roseau qui a constitué l'une des premières surfaces d'écriture, le papyrus mais aussi le calame qui sert à écrire… des livres! Le livre qui libère, qui diffuse des idées et qui devient pour certains, un objet dangereux.
(Un joli écho à Une histoire de la lecture d'Alberto Manguel)
4- Laurence: Just Kids de Patty Smith - (éditions Denoël 1999 - folio 2013)
Un récit autobiographique, intimiste, qui retrace ses années de jeunesse, de sa carrière chanteuse , guitariste punk rock mais aussi de poète, d’écrivaine, d’artiste peintre et de
photographe, ses joies, ses peines, elle parle de son ami Robert Mapplethorpe, de leur amitié et de leur liaison fusionnelle, qui durera de 1967 à 1969. C’est aussi la découverte d’endroits mythiques. C’est un petit bijou, joliment écrit, émouvant passionnant à lire. Voir sur Arte -replay un portrait de Patty Smith.
5- José : Marchands de mort subite de Max Izambard - (éditions du Rouerge 2021)
C’est un roman noir, une comédie tragique qui commence par un coup de fil: Pierre Marlot, est
informé par le consulat de France en Ouganda que sa fille Anne, journaliste a disparu depuis qu’elle
a passé illégalement la frontière pour se rendre en République démocratique du Congo. Sa fille enquêtait, en fait sur le commerce illégal de l’or entre les deux pays. Les personnages sont nombreux permettant ainsi à l’auteur de multiplier les points de vue de chacun pour donner au lecteur une vue plus large des évènements.
Quand la recherche de la justice, de la vérité, s’affronte à la soif de pouvoir , de richesse, de lucre, un éternel combat...
Roman choral dur, fort mais qui se lit facilement.
6- Marlies : Blackwater I, La Crue, de Michael McDowell - (éditions Monsieur Toussaint Louverture 2022)
Avant de nous parler du livre choisi, Marlies revient sur les autres présentations, celles de Claude et Elisabeth, notamment, pour mettre en exergue le pouvoir du livre, la chance d'avoir une loi du livre en France, qui rends accessible la diffusion des idées et les problèmes liés à la surproduction diffusion des idées par le livre et fait un parallèle avec la situation actuelle au Chili avec le peuple Mapuche dont les terres sont spolier pour produire de la pâte à papier internationale.
Une fresque familiale dans le sud des états-unis en 1919, en 6 tommes, le dernier à paraître prochainement: manipulation, rebondissement à foison, c’est romanesque, effrayant, fascinant, joliment illustré et peu onéreux! Michael McDowell a une écriture cinématographique qui nous plonge dans un univers que l'on ne veut plus lâcher, à l'affut des choses étranges à la Edgard Alan Poe.
7- Michèle : Une Française libre : Journal 1939-1945 de Tereska Torrès - (Editions Libretto 2022)
Tereska sort tout juste de l'adolescence quand la Seconde guerre mondiale éclate . Née de parents polonais émigrés, convertis au catholicisme, son père, Marek Szwarc, est un talentueux sculpteur qui s'engage dans l'armée polonaise et se retrouve en Angleterre. Il y sera rejoint par son épouse
Guina et sa fille. Tereska va alors s'engager pour toute la durée de la guerre dans le corps féminin des Forces françaises libres. Elle va y faire son apprentissage de la vie qu'elle va retranscrire dans son journal intime. Ce récit révèle le portrait d'une jeune diariste aventureuse, courageuse, passionnée, enthousiaste, sincère, amoureuse, c'est une narration historique intéressante.
8- Miguel: Inigo, de François Sureau .
Le livre n’a pas pu être présenté, faute de temps. Il le sera en septembre. Il s’agit du récit d’un épisode majeur de la vie d’Ignace de Loyola.

merci à Francis, Colette, Claude, Aline, Didier, Miguel et aux libraires Jacky et Marlies.
Petit compte rendu par Miguel Couralet :
1/ « La place » d’Annie Ernaux (Présenté par Francis)
Annie Ernaux a raconté son père issu du monde rural et devenu petit commerçant ainsi que la relation qu’elle a eu avec lui. Elle exprime le décalage entre eux du fait qu’elle a pu faire des études et s’est détachée de son milieu social.
C’est un livre de souvenirs qui a marqué Francis car il y a retrouvé les mots qui expriment ce qu’il a vécu lui-même avec ses parents et son milieu social. Pour nous l’exprimer il a lu des passages du livre et les a commentés.
Un beau moment d’émotion.
2/ « Enfant de salaud » de Sorj Chalandon (Présenté Colette)
Histoire de son père. 2 histoires en parallèle. La sienne journaliste à Libération et au Canard Enchainé et celle de son père dont il découvre le cheminement pendant la guerre où il a collaboré avec l’ennemi. C’est le grand père de l’auteur qui lui révèle : « Ton père portait l’uniforme allemand. Tu es un enfant de salaud ! »
En mai 1987, alors que s’ouvre à Lyon le procès du criminel nazi Klaus Barbie, le fils devenu journaliste apprend que le dossier judiciaire de son père sommeille aux archives départementales du Nord. Trois ans de la vie d’un « collabo », racontée par les procès-verbaux de police, les interrogatoires de justice, son procès et sa condamnation.
Il découvre l’aventure rocambolesque d’un jeune de 18 ans, sans instruction ni conviction, menteur, faussaire et manipulateur, qui a traversé la guerre comme on joue au petit soldat. Un jeune homme inconscient du danger, qui a porté cinq uniformes en quatre ans. Quatre fois déserteur de quatre armées différentes. Traître un jour, portant le brassard à croix gammée, puis patriote le lendemain, arborant fièrement la croix de Lorraine.
Son père a été jugé mais « s’en est bien sorti ». Il est décédé dans un hôpital psychiatrique.
Un livre fort comme tous ceux de Sorj Chalandon.
3/ « Les abeilles grises » - D’Andreï Kourkov (Présenté par Claude)
Nous sommes en pleine actualité : Dans un petit village abandonné de la « zone grise » dans le Donbass, coincé entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte ennemis depuis l’enfance. L’un pactise avec les Russes, Pachka non, tout à s’occuper de ses 6 ruches qu’il va emmener au printemps en Crimée pour qu’elles puissent bénéficier de la nature. Le livre raconte toutes ces scènes de vie et de voyage.
Claude nous a présenté un livre riche, plein d’humanité. Manifestement un livre à lire absolument.
4/ « Reine du réel » De Nancy Houston (Présenté par Marlies)
Nancy Huston écrit une longue lettre à Grisélidis Réal, qu’elle n’a jamais connue mais qu’elle a longtemps désapprouvé.
Grisélidis Réal, artiste, écrivaine et prostituée suisse, a fui le milieu où elle est née, bourgeois, calviniste et rigide, pour mener une vie libre. Une vie marquée par des histoires avec des hommes, des dizaines de milliers de relations tarifées, quatre enfants placés, des fausses couches, mais une vie illuminée par l’art et l’engagement militant pour la reconnaissance et les droits des travailleuses du sexe. Elle décrit la prostitution comme un art, un humanisme et une science.
Marlies nous a expliqué que dans le livre de Nancy Huston, l'autrice avec une plume personnelle et vraie nous présente un texte comme journal intime où se mêle la biographie de la Reine du Réel, au fils de ces recherches la vie qu'elle imaginait chaotique et soumise, apparaît beaucoup plus complexe manifestement l’auteur éprouve une admiration pour son combat de liberté et pour son œuvre. Pour finir c'est une lettre d’amour qu’elle écrit.
5/ « La patience des traces » De Jeanne Benameur (Présenté par Aline)
Un psychanalyste qui part à la retraite. Quelque chose se brise dans ce moment-là en lui. Conseillé par un ami il s’envole pour les îles Yaeyama. Il est hébergé dans une maison d'hôtes tenue par un couple d'artistes, elle, collectionneuse de vêtements anciens, lui, céramiste. Dans le cycle des jours et dans un monde nouveau, avec des hôtes « écoutants » c’est l’occasion pour lui de faire face à son passé et à son histoire. C’est un roman tout en délicatesse et poésie. Un très beau voyage spirituel en quête de la vérité et d'une paix avec soi-même.
6/ « Et quelquefois j’ai comme une grande idée » – De Ken Kesey (Présenté par Didier)
Didier (conforté par Jacky) nous a présenté ce livre comme un chef d’œuvre. Son auteur a aussi écrit " vol au-dessus d'un nid de coucou ".
C’est un roman sur le combat, un combat permanent, celle de deux frères dans un univers de bucherons. C'est aussi le combat de l'homme contre la nature dans cette forêt de l’Oregon. Didier nous a lu quelques passages de magnifiques descriptions qui ponctuent le récit.
Manifestement ce récit a bouleversé Didier et Jacky, ils le qualifient « d’extraordinaire »
7/ « Il n’y a pas d’arc en ciel au paradis » De Noël Néoton Ndjékéry (Présenté par Jacky)
Quel bonheur cet auteur Tchadien, il vous fait renouer avec la littérature et le plaisir de l’évocation rare d’une vérité historique. On est à la fin des années 1890, alors que la traite négrière bat de l’aile en atlantique (la guerre de sécession est passée par là) la trans-saharienne est toujours florissante et ce depuis 13 siècles. Zeïtoun, un adolescent noir s’échappe d’une caravane d’esclaves où progénitures, femelles et mâles sont conduits comme du bétail vers la péninsule arabique. Dans sa fuite vers le Tchad (grande étendue d’eau en langue locale) il va croiser un eunuque et la jeune favorite d’un harem en fuite eux aussi. Ils vont essayer de trouver refuge sur une île du grand lac pour reconstruire une société apaisée ? C’est cent ans de solitude façon Tarentino (c’est un conteur qui déconstruit la fin parce qu’il trouve que c’est mieux !) : des empires négriers jusqu’à Boko Haram, Vous allez apprendre des choses en même temps que découvrir une littérature ciselée d’or :
Plus discrète qu’une épouse infidèle rejoignant son amant, la lune rasait les nuages, impatiente d’aller retrouver le soleil qui l’avait précédée depuis longtemps au couchant. Parvenue au-dessus de la ligne d’horizon, elle parut marquer le pas, ce qui laissa entrevoir les bras tentaculaires des arbres qui essayaient de la retenir. Puis elle plongea dans les entrailles de la terre, privant d’un coup la nature de sa douce clarté. Il ne subsistait plus que la voie lactée pour contester aux ténèbres l’autorité absolue.
8/ « Le Grand Monde » De Pierre Lemaitre (Présenté par Miguel)
Le premier roman de ce qui est annoncé comme une nouvelle trilogie de Pierre Lemaitre après la précédente qui a surtout marqué avec le Livre « Au revoir là-Haut ».
On retrouve dans le « Grand Monde » un personnage de « Au revoir là-haut » qui après l’arnaque sur la construction des monuments aux morts et allé vivre à Beyrouth et a fondé une entreprise industrielle florissante et fondé une famille. On suit le devenir des 4 enfants : Jean, l’ainé qui rate tout ce qu'il entreprend et qui fuit de honte à Paris car il n’a pas été à la hauteur des espoirs de son père pour lui succéder à la tête de l’entreprise. Il y retrouve François, son frère cadet, qui démarre une carrière journalistique dans un journal à la rubrique fait divers après avoir croire à ses parents qu’il était rentré à l’école normale supérieure. Etienne, le dernier frère, qui séjourne à Saïgon pour retrouver son amoureux, légionnaire embarqué dans la guerre d'Indochine et qui au passage découvre le Traffic d’argent des piastres qui finance le vietminh et enrichit trafiquants et personnalités politiques françaises. Tandis que la petite dernière, Hélène, ne rêve que de quitter Beyrouth et ses parents.
Le livre est plein de rebondissements tous surprenants et nous enseigne sur l’après-guerre et les mœurs de l’époque.
A la fin du livre, on veut vite pouvoir lire la suite…

Une soirée fort conviviale d’échanges enrichissants autour des livres choisis par Fred, Christian, Francis, Jo, Angèle, Claude, Raphaël, Laurence, Nicole, Élisabeth, Évelyne, Florian, Michèle, Jacky et Miguel.
Livres présentés (Animation et compte rendu par Miguel et Michèle) :
1/ Nicole : « Anéantir » – Michel Houellebecq (janvier 2022- Flammarion)
Avec son le 8ème roman - 780 pages-, au titre provocateur, et très bien documenté, Houellebecq nous projette dans l’année 2027. Se mêlent, s’entremêlent, les drames de la vie intime, celle de Paul et Prudence, la politique, le quotidien d’une société occidentale, la fuite par le rêve, des attentats... Un grand thriller politique. Le récit ménage de nombreuses surprises, comme celle de l'apparition d'un avatar réaliste de Bruno Le Maire dont le personnage principal du roman est l'un de ses conseillers, Paul Raison, un haut fonctionnaire de 47 ans.
Le livre n’a pas de fin… On sent l’empathie de l’auteur.
Nicole a été emballée par le livre.
2/ Fred : « Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan » - Laurent Perez (Éditions les Escales octobre 2021)
Ce livre dit la puissance de l’amour d’une mère juive séfarade, très protectrice pour aider son fils Roland, handicapé (né avec un pied bot). Avec acharnement, elle parviendra à le faire opérer. L’enfant devra rester alité de longs mois au cours desquels il découvrira le monde et apprendra à lire grâce à la télévision et surtout en écoutant la star préférée de la fratrie familiale : Sylvie Vartan. C’est lumineux, c’est plein d’humour, c’est attachant. Pour Fred c’est une lettre d’amour. Il en a parlé avec grande émotion.
3/ Laurence : « Une éducation » – Tara Westover (Lattès 2019)
Roman autobiographique qui dit le combat de Tara pour échapper à sa famille qui appartient à la secte des Mormons. Comment se construire, comment évoluer , comment devenir docteur en histoire, hors de la famille sans la trahir ? Une expérience singulière, un témoignage édifiant, d’une grande force.
4/ Raphaël : « Les Guerriers nus » - Jean-Marie Lamblard (Imago 2005)
L’auteur, né à Tavel en 1938, devenu inspecteur général du Théâtre nous livre un récit épique qui oppose les Celtes, ancêtres du peuple provençal, ceux qui allaient combattre nus, aux Grecs installés à Massalia, l’antique Marseille.
Quelques colons grecs partis d'Orient fondèrent en terre ligure la ville de Massalia - la Marseille antique. Ces nouveaux venus d'une autre civilisation prospérèrent rapidement, suscitant dans la population environnante attirance et hostilité. Jusqu’au moment où les tribus alentours, gaulois ou celto-ligures ressentent cette présence comme invasive et décident de reprendre la main et de soumette la cité devenue puissante. Les Gaulois, de tradition orale imposent leur puissance par la guerre et le combat physique. Leur richesse se construit sur le pillage et la vénération de l’or. Les Grecs ont une autre approche fondée sur la littérature, le commerce.
Cette évocation romanesque nous est racontée avec une verve poétique et fait revivre avec beaucoup d’humanité ces guerriers redoutés défaits mais invaincus.
5/ Claude : « Je m’appelle Asher Lev »- Chaïm Potok (1994 Buchet Chastel; 2007 10/18 )
Roman autobiographique. Tout jeune Asher est attiré par le dessin, au grand désespoir de son père très croyant qui estime que cette expression artistique est incompatible avec la tradition religieuse juive. Le jeune homme pourra néanmoins poursuivre sa vocation, s’épanouir grâce à son talent, exposer et devenir célèbre.
Un roman magistral sur les affres du génie artistique, bien souvent synonyme de déchirements culturels, spirituels et intimes
6/ Evelyne : « Regarde les lumières mon amour » - Annie Ernaux (2014 Seuil; 2016 Folio)
C’est un journal tenu par l’autrice entre 2012 et 2013, dans lequel elle consigne ses observations quand elle fait ses courses dans un supermarché, elle nous fait part de ses sentiments, de ses interrogations. Une analyse sociétale intéressante, ludique et originale. L’hypermarché est un grand rendez-vous humain, un véritable spectacle. Sa fréquentation est très loin de se résumer à la seule corvée des courses. Dans le journal de ses visites, la romancière livre les sentiments mêlés, attirance mais aussi interrogations, que suscite en elle ce haut lieu de l’abondance. Manifestement le regard d’Evelyne a changé quand elle fait ses courses. Elle a su nous communique sa nouvelle approche.
7/ Florian : Une BD « Le château des animaux » scénarisée par Xavier Dorison et dessinée par Félix Delep, (Casterman 2018 et en cours pour les autres tomes à paraître)
Quelque part dans la France de l’entre-deux guerres, niché au cœur d’une ferme oubliée des hommes, le Château des animaux est dirigé d’un sabot de fer par le président Silvio… Secondé par une milice de chiens, le taureau dictateur exploite les autres animaux, tous contraints à des travaux de peine épuisants pour le bien de la communauté…
Miss Bengalore, chatte craintive qui ne cherche qu’à protéger ses deux petits, et César, un lapin gigolo, vont s’allier au sage et mystérieux Azélar, un rat à lunettes, pour prôner la résistance à l’injustice, la lutte contre les crocs et les griffes par la désobéissance et le rire… Une série de BD fantastique, en contrepoint à La ferme des animaux d’Orwell. Ces fables animalières nous invitent à une multitude de réflexions ... L’ironie est la réponse à la violence, la résistance fait face à l’autoritarisme, à l’injustice … Ludique et très actuel !
Manifestement Florian est un fan !
8/ Jo : « American Dirt » – Jeanine Cummins (2018 Philippe Rey; 2022 10/18)
La fuite d'une mère et de son fils, mexicains, pour fuir un cartel de la drogue d’Acapulco après le massacre de plusieurs membres de leur famille . Ils vont intégrer la horde des migrants voulant passer clandestinement aux États-Unis. American Dirt raconte l’épopée de ces femmes et de ces hommes qui ont pour seul bagage une farouche volonté d’avancer vers la frontière américaine. Un récit marqué par la force et l’instinct de survie de cette mère et de son enfant. C’est violent, réaliste fort en émotion ce que Jo a su nous transmettre avec force relayée par plusieurs participants qui avaient aussi lu le livre.
9/ Elisabeth : « L’évènement » - Annie Ernaux (2000 Gallimard; 2001 Folio)
Deuxième ouvrage de la même écrivaine cette soirée.
Un récit autobiographique. Un épisode douloureux vécu lors de ses études universitaires. Une expérience initiatique de vie et de mort, d’humiliation en cette décennie 60, ou l’avortement constituait encore un délit. Un récit qui dit le traumatisme lié au mépris, aux tabous qu’il faut affronter, aux préjugés de classe.
Elisabeth a lu plusieurs passages du livre pour en montrer le style ciselé et évocateur.
10/ Francis : « A l’orée du Verger » - Tracy Chevalier ( 2016 Table Ronde; 2018 Folio )
Au XIX -ème siècle, la saga de pionniers paysans installés dans l’Ohio, qui tentent de faire pousser des arbres fruitiers dans des terres marécageuses, insalubres, ingrates à souhait. La fiction historique est décrite avec réalisme, humanité, c’est captivant.
Francis nous a raconté qu’il lisait chaque année ce roman et qu’à chaque fois il y puisait de nouvelles choses tant le récit est fort.
11/ Angèle : « L’être et le néon » (2022 Les Editions de Labadié)
Récit plein d’humour et pudeur et d’élégance. Hymne à la vie. Fragilité de la vie, chance d’être sur terre. Combat quotidien à l’hôpital dans une lutte contre le cancer (un lymphome)
12/ Christian : « Les Rouges du Midi »- Félix Gras (1896 épuisé)
Félix Gras, fervent républicain, né à Mallemort du Comtat raconte le cheminement d’un enfant né dans le Vaucluse, Pascalet, qui pour sortir de sa condition de paysan pauvre, va s’engager aux côtés des Marseillais pour renverser « le tyran ». La version du livre présentée par Christian est double : français et provençal Li Rouge dóu Miejour . La république reprendra le chant entonné pas ces hommes valeureux et qui depuis porte leur nom : La Marseillaise. Premier roman historique écrit en langue provençale, cet ouvrage connut un immense succès outre-Atlantique, avant même sa parution en France. A découvrir ou redécouvrir pour mieux comprendre du côté du peuple cette période de l’histoire de France et de notre Provence.
13/ Michèle : « Azincourt par temps de pluie »- Jean Teulé (2022 Mialet Barrault)
Avec sa gouaille habituelle et une langue bien verte mais jamais obscène, Jean Teulé revisite une tragique et sanglante défaite historique en une pasquinade : Azincourt 1415, où la chevalerie française fut décimée. 6000 chevaliers tués ! Une lecture ludique et enrichissante car les faits historiques sont respectés. Avec la verve qu'on lui connaît et son sens du détail qui tue, Jean Teulé nous raconte ces trois jours dantesques où, sous une pluie battante, des milliers d'hommes se sont massacrés dans un affrontement sanglant d'autant plus désastreux que cette bataille était parfaitement inutile.
14/ Jacky : « Marie-Claire » – Marguerite Audoux (2019 Talents hauts)
Il y a peu d’écrivaines qui sont issues du milieu populaire, d’abord parce qu’on est une femme et puis pauvre c’est pas facile, ça semble mais c’est pas facile… il faut donc que vous lisiez Marguerite Audoux. Elle vient de nulle part et on est en 1910 !!! Orpheline, bergère, couturière, elle écrit dans un carnet sa vie… Un miracle d’intelligence et de sobriété, Son premier roman, Anne-Marie, est publié grâce à un ami d’Octave Mirbeau qui l’a présenté au maître es-découvreur de talents. (Les Impressionnistes, c’est lui mais aussi maints auteurs) Ce coup d’essai est un coup de maitresse puisqu’elle obtient le prix Fémina la même année… Vous savez ce que signifie « écrire merveilleusement » ? Ceux qui ont lu Marguerite Audoux le savent. Son biographe l’a comparée à Marguerite Duras, une autre Marguerite, précise-t-il… c’est faux … elle est incomparable. « Sœur Gabrielle était toute petite, vieille, maigre, et courbée ; elle dirigeait le dortoir et le réfectoire. Au dortoir, elle passait un bras sec et dur contre notre chemise et le drap, pour s’assurer de notre propreté, et elle fouettait à heure fixe, et avec des verges, celles dont les draps étaient humides. Au réfectoire, elle faisait la salade dans une immense terrine jaune. Les manches retroussées jusqu’aux épaules, elle plongeait et replongeait dans la salade ses deux bras noirs et noueux, qui sortaient de là tout luisants et gouttelants, et qui me faisaient penser à des branches mortes les jours de pluie » Faîte lui une place dans votre bibliothèque, elle prendra de la valeur…

Des fidèles au rendez-vous! Tous n’ont pas présenté de livre, mais tous ont été attentifs et intéressés par les livres présentés au cours de cette soirée. Ce qui a donné lieu à des échanges très riches.
( Animation: Miguel, Compte rendu: Michèle):
1- Elisabeth : Celui qui veille, de Louise Erdrich - (éditions Albin Michel 2022 - Prix Pulitzer 2021)
Inspirée par son grand-père maternel, qui a lutté pour préserver les droits de son peuple, Louise Erdrich, qui par sa mère a du sang amérindien, nous raconte une aventure humaine qui a pour décor le Dakota Nord – 1953 - , peuplée de personnages inoubliables : Thomas Wazhashk, président du conseil consultatif de la Bande d'Indiens Chippewas de Turtle Mountain, déterminé à lutter contre le projet du gouvernement fédéral censé « émanciper » les Indiens, Patrice/Pixie, la nièce de Thomas qui souhaite reprendre ses études pour être plus libre, Véra, sa sœur partie pour la grande ville, Wood Mountain et Barnes , ses prétendants…
Un roman biographique de cinq cents pages, riche, foisonnant, réaliste, profondément humain qui met en lumière la politique inique du Congrès américain envers le peuple Indien.
Une lecture passionnante.
2- Evelyne : Les Huit Montagnes, de Paolo Cognetti – (éditions Grasset 2016 - livre de poche 2018)
(Prix Médicis étranger 2017, Ce roman est devenu un film présenté en compétition au Festival de Cannes 2022.)
Pietro est un jeune milanais, Bruno un enfant des montagnes du Val d’Aoste. Ils ont 11 ans tous
les sépare mais la montagne va les rapprocher et en faire des amis. Le père de Pietro aime les longues randonnées en montagne où il entraîne son fils malgré son mal des cimes. Pietro et Bruno deviendront amis. Vingt ans plus tard, c’est dans ces mêmes montagnes et auprès de ce même ami que Pietro tentera de se réconcilier avec son passé – et son avenir.
Un roman autobiographique écrit dans une langue pure et poétique, sans longueur, un livre sur l’apprentissage de la vie, sur l’amitié , un hommage à la montagne et à la nature, un coup de cœur qu’Evelyne aime à relire. Un film a découvrir bientôt en salle.
3- Claude: L’infini dans un roseau d’Irène Vallejo - (Editions Belles lettres 2021)
- Prix national de l’essai et prix espagnol de l’Association des Librairies.
Un (imposant) essai que l’on lit comme un roman, qui raconte avec érudition, passion, lyrisme et talent l’invention des livres dans l’Antiquité, un périple historique à l’est de la Méditerranée
(Mésopotamie, Égypte, Grèce) puis à Rome.
Le titre de cet ouvrage évoque le roseau qui a constitué l'une des premières surfaces d'écriture, le papyrus mais aussi le calame qui sert à écrire… des livres! Le livre qui libère, qui diffuse des idées et qui devient pour certains, un objet dangereux.
(Un joli écho à Une histoire de la lecture d'Alberto Manguel)
4- Laurence: Just Kids de Patty Smith - (éditions Denoël 1999 - folio 2013)
Un récit autobiographique, intimiste, qui retrace ses années de jeunesse, de sa carrière chanteuse , guitariste punk rock mais aussi de poète, d’écrivaine, d’artiste peintre et de
photographe, ses joies, ses peines, elle parle de son ami Robert Mapplethorpe, de leur amitié et de leur liaison fusionnelle, qui durera de 1967 à 1969. C’est aussi la découverte d’endroits mythiques. C’est un petit bijou, joliment écrit, émouvant passionnant à lire. Voir sur Arte -replay un portrait de Patty Smith.
5- José : Marchands de mort subite de Max Izambard - (éditions du Rouerge 2021)
C’est un roman noir, une comédie tragique qui commence par un coup de fil: Pierre Marlot, est
informé par le consulat de France en Ouganda que sa fille Anne, journaliste a disparu depuis qu’elle
a passé illégalement la frontière pour se rendre en République démocratique du Congo. Sa fille enquêtait, en fait sur le commerce illégal de l’or entre les deux pays. Les personnages sont nombreux permettant ainsi à l’auteur de multiplier les points de vue de chacun pour donner au lecteur une vue plus large des évènements.
Quand la recherche de la justice, de la vérité, s’affronte à la soif de pouvoir , de richesse, de lucre, un éternel combat...
Roman choral dur, fort mais qui se lit facilement.
6- Marlies : Blackwater I, La Crue, de Michael McDowell - (éditions Monsieur Toussaint Louverture 2022)
Avant de nous parler du livre choisi, Marlies revient sur les autres présentations, celles de Claude et Elisabeth, notamment, pour mettre en exergue le pouvoir du livre, la chance d'avoir une loi du livre en France, qui rends accessible la diffusion des idées et les problèmes liés à la surproduction diffusion des idées par le livre et fait un parallèle avec la situation actuelle au Chili avec le peuple Mapuche dont les terres sont spolier pour produire de la pâte à papier internationale.
Une fresque familiale dans le sud des états-unis en 1919, en 6 tommes, le dernier à paraître prochainement: manipulation, rebondissement à foison, c’est romanesque, effrayant, fascinant, joliment illustré et peu onéreux! Michael McDowell a une écriture cinématographique qui nous plonge dans un univers que l'on ne veut plus lâcher, à l'affut des choses étranges à la Edgard Alan Poe.
7- Michèle : Une Française libre : Journal 1939-1945 de Tereska Torrès - (Editions Libretto 2022)
Tereska sort tout juste de l'adolescence quand la Seconde guerre mondiale éclate . Née de parents polonais émigrés, convertis au catholicisme, son père, Marek Szwarc, est un talentueux sculpteur qui s'engage dans l'armée polonaise et se retrouve en Angleterre. Il y sera rejoint par son épouse
Guina et sa fille. Tereska va alors s'engager pour toute la durée de la guerre dans le corps féminin des Forces françaises libres. Elle va y faire son apprentissage de la vie qu'elle va retranscrire dans son journal intime. Ce récit révèle le portrait d'une jeune diariste aventureuse, courageuse, passionnée, enthousiaste, sincère, amoureuse, c'est une narration historique intéressante.
8- Miguel: Inigo, de François Sureau .
Le livre n’a pas pu être présenté, faute de temps. Il le sera en septembre. Il s’agit du récit d’un épisode majeur de la vie d’Ignace de Loyola.

merci à Francis, Colette, Claude, Aline, Didier, Miguel et aux libraires Jacky et Marlies.
Petit compte rendu par Miguel Couralet :
1/ « La place » d’Annie Ernaux (Présenté par Francis)
Annie Ernaux a raconté son père issu du monde rural et devenu petit commerçant ainsi que la relation qu’elle a eu avec lui. Elle exprime le décalage entre eux du fait qu’elle a pu faire des études et s’est détachée de son milieu social.
C’est un livre de souvenirs qui a marqué Francis car il y a retrouvé les mots qui expriment ce qu’il a vécu lui-même avec ses parents et son milieu social. Pour nous l’exprimer il a lu des passages du livre et les a commentés.
Un beau moment d’émotion.
2/ « Enfant de salaud » de Sorj Chalandon (Présenté Colette)
Histoire de son père. 2 histoires en parallèle. La sienne journaliste à Libération et au Canard Enchainé et celle de son père dont il découvre le cheminement pendant la guerre où il a collaboré avec l’ennemi. C’est le grand père de l’auteur qui lui révèle : « Ton père portait l’uniforme allemand. Tu es un enfant de salaud ! »
En mai 1987, alors que s’ouvre à Lyon le procès du criminel nazi Klaus Barbie, le fils devenu journaliste apprend que le dossier judiciaire de son père sommeille aux archives départementales du Nord. Trois ans de la vie d’un « collabo », racontée par les procès-verbaux de police, les interrogatoires de justice, son procès et sa condamnation.
Il découvre l’aventure rocambolesque d’un jeune de 18 ans, sans instruction ni conviction, menteur, faussaire et manipulateur, qui a traversé la guerre comme on joue au petit soldat. Un jeune homme inconscient du danger, qui a porté cinq uniformes en quatre ans. Quatre fois déserteur de quatre armées différentes. Traître un jour, portant le brassard à croix gammée, puis patriote le lendemain, arborant fièrement la croix de Lorraine.
Son père a été jugé mais « s’en est bien sorti ». Il est décédé dans un hôpital psychiatrique.
Un livre fort comme tous ceux de Sorj Chalandon.
3/ « Les abeilles grises » - D’Andreï Kourkov (Présenté par Claude)
Nous sommes en pleine actualité : Dans un petit village abandonné de la « zone grise » dans le Donbass, coincé entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte ennemis depuis l’enfance. L’un pactise avec les Russes, Pachka non, tout à s’occuper de ses 6 ruches qu’il va emmener au printemps en Crimée pour qu’elles puissent bénéficier de la nature. Le livre raconte toutes ces scènes de vie et de voyage.
Claude nous a présenté un livre riche, plein d’humanité. Manifestement un livre à lire absolument.
4/ « Reine du réel » De Nancy Houston (Présenté par Marlies)
Nancy Huston écrit une longue lettre à Grisélidis Réal, qu’elle n’a jamais connue mais qu’elle a longtemps désapprouvé.
Grisélidis Réal, artiste, écrivaine et prostituée suisse, a fui le milieu où elle est née, bourgeois, calviniste et rigide, pour mener une vie libre. Une vie marquée par des histoires avec des hommes, des dizaines de milliers de relations tarifées, quatre enfants placés, des fausses couches, mais une vie illuminée par l’art et l’engagement militant pour la reconnaissance et les droits des travailleuses du sexe. Elle décrit la prostitution comme un art, un humanisme et une science.
Marlies nous a expliqué que dans le livre de Nancy Huston, l'autrice avec une plume personnelle et vraie nous présente un texte comme journal intime où se mêle la biographie de la Reine du Réel, au fils de ces recherches la vie qu'elle imaginait chaotique et soumise, apparaît beaucoup plus complexe manifestement l’auteur éprouve une admiration pour son combat de liberté et pour son œuvre. Pour finir c'est une lettre d’amour qu’elle écrit.
5/ « La patience des traces » De Jeanne Benameur (Présenté par Aline)
Un psychanalyste qui part à la retraite. Quelque chose se brise dans ce moment-là en lui. Conseillé par un ami il s’envole pour les îles Yaeyama. Il est hébergé dans une maison d'hôtes tenue par un couple d'artistes, elle, collectionneuse de vêtements anciens, lui, céramiste. Dans le cycle des jours et dans un monde nouveau, avec des hôtes « écoutants » c’est l’occasion pour lui de faire face à son passé et à son histoire. C’est un roman tout en délicatesse et poésie. Un très beau voyage spirituel en quête de la vérité et d'une paix avec soi-même.
6/ « Et quelquefois j’ai comme une grande idée » – De Ken Kesey (Présenté par Didier)
Didier (conforté par Jacky) nous a présenté ce livre comme un chef d’œuvre. Son auteur a aussi écrit " vol au-dessus d'un nid de coucou ".
C’est un roman sur le combat, un combat permanent, celle de deux frères dans un univers de bucherons. C'est aussi le combat de l'homme contre la nature dans cette forêt de l’Oregon. Didier nous a lu quelques passages de magnifiques descriptions qui ponctuent le récit.
Manifestement ce récit a bouleversé Didier et Jacky, ils le qualifient « d’extraordinaire »
7/ « Il n’y a pas d’arc en ciel au paradis » De Noël Néoton Ndjékéry (Présenté par Jacky)
Quel bonheur cet auteur Tchadien, il vous fait renouer avec la littérature et le plaisir de l’évocation rare d’une vérité historique. On est à la fin des années 1890, alors que la traite négrière bat de l’aile en atlantique (la guerre de sécession est passée par là) la trans-saharienne est toujours florissante et ce depuis 13 siècles. Zeïtoun, un adolescent noir s’échappe d’une caravane d’esclaves où progénitures, femelles et mâles sont conduits comme du bétail vers la péninsule arabique. Dans sa fuite vers le Tchad (grande étendue d’eau en langue locale) il va croiser un eunuque et la jeune favorite d’un harem en fuite eux aussi. Ils vont essayer de trouver refuge sur une île du grand lac pour reconstruire une société apaisée ? C’est cent ans de solitude façon Tarentino (c’est un conteur qui déconstruit la fin parce qu’il trouve que c’est mieux !) : des empires négriers jusqu’à Boko Haram, Vous allez apprendre des choses en même temps que découvrir une littérature ciselée d’or :
Plus discrète qu’une épouse infidèle rejoignant son amant, la lune rasait les nuages, impatiente d’aller retrouver le soleil qui l’avait précédée depuis longtemps au couchant. Parvenue au-dessus de la ligne d’horizon, elle parut marquer le pas, ce qui laissa entrevoir les bras tentaculaires des arbres qui essayaient de la retenir. Puis elle plongea dans les entrailles de la terre, privant d’un coup la nature de sa douce clarté. Il ne subsistait plus que la voie lactée pour contester aux ténèbres l’autorité absolue.
8/ « Le Grand Monde » De Pierre Lemaitre (Présenté par Miguel)
Le premier roman de ce qui est annoncé comme une nouvelle trilogie de Pierre Lemaitre après la précédente qui a surtout marqué avec le Livre « Au revoir là-Haut ».
On retrouve dans le « Grand Monde » un personnage de « Au revoir là-haut » qui après l’arnaque sur la construction des monuments aux morts et allé vivre à Beyrouth et a fondé une entreprise industrielle florissante et fondé une famille. On suit le devenir des 4 enfants : Jean, l’ainé qui rate tout ce qu'il entreprend et qui fuit de honte à Paris car il n’a pas été à la hauteur des espoirs de son père pour lui succéder à la tête de l’entreprise. Il y retrouve François, son frère cadet, qui démarre une carrière journalistique dans un journal à la rubrique fait divers après avoir croire à ses parents qu’il était rentré à l’école normale supérieure. Etienne, le dernier frère, qui séjourne à Saïgon pour retrouver son amoureux, légionnaire embarqué dans la guerre d'Indochine et qui au passage découvre le Traffic d’argent des piastres qui finance le vietminh et enrichit trafiquants et personnalités politiques françaises. Tandis que la petite dernière, Hélène, ne rêve que de quitter Beyrouth et ses parents.
Le livre est plein de rebondissements tous surprenants et nous enseigne sur l’après-guerre et les mœurs de l’époque.
A la fin du livre, on veut vite pouvoir lire la suite…

Une soirée fort conviviale d’échanges enrichissants autour des livres choisis par Fred, Christian, Francis, Jo, Angèle, Claude, Raphaël, Laurence, Nicole, Élisabeth, Évelyne, Florian, Michèle, Jacky et Miguel.
Livres présentés (Animation et compte rendu par Miguel et Michèle) :
1/ Nicole : « Anéantir » – Michel Houellebecq (janvier 2022- Flammarion)
Avec son le 8ème roman - 780 pages-, au titre provocateur, et très bien documenté, Houellebecq nous projette dans l’année 2027. Se mêlent, s’entremêlent, les drames de la vie intime, celle de Paul et Prudence, la politique, le quotidien d’une société occidentale, la fuite par le rêve, des attentats... Un grand thriller politique. Le récit ménage de nombreuses surprises, comme celle de l'apparition d'un avatar réaliste de Bruno Le Maire dont le personnage principal du roman est l'un de ses conseillers, Paul Raison, un haut fonctionnaire de 47 ans.
Le livre n’a pas de fin… On sent l’empathie de l’auteur.
Nicole a été emballée par le livre.
2/ Fred : « Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan » - Laurent Perez (Éditions les Escales octobre 2021)
Ce livre dit la puissance de l’amour d’une mère juive séfarade, très protectrice pour aider son fils Roland, handicapé (né avec un pied bot). Avec acharnement, elle parviendra à le faire opérer. L’enfant devra rester alité de longs mois au cours desquels il découvrira le monde et apprendra à lire grâce à la télévision et surtout en écoutant la star préférée de la fratrie familiale : Sylvie Vartan. C’est lumineux, c’est plein d’humour, c’est attachant. Pour Fred c’est une lettre d’amour. Il en a parlé avec grande émotion.
3/ Laurence : « Une éducation » – Tara Westover (Lattès 2019)
Roman autobiographique qui dit le combat de Tara pour échapper à sa famille qui appartient à la secte des Mormons. Comment se construire, comment évoluer , comment devenir docteur en histoire, hors de la famille sans la trahir ? Une expérience singulière, un témoignage édifiant, d’une grande force.
4/ Raphaël : « Les Guerriers nus » - Jean-Marie Lamblard (Imago 2005)
L’auteur, né à Tavel en 1938, devenu inspecteur général du Théâtre nous livre un récit épique qui oppose les Celtes, ancêtres du peuple provençal, ceux qui allaient combattre nus, aux Grecs installés à Massalia, l’antique Marseille.
Quelques colons grecs partis d'Orient fondèrent en terre ligure la ville de Massalia - la Marseille antique. Ces nouveaux venus d'une autre civilisation prospérèrent rapidement, suscitant dans la population environnante attirance et hostilité. Jusqu’au moment où les tribus alentours, gaulois ou celto-ligures ressentent cette présence comme invasive et décident de reprendre la main et de soumette la cité devenue puissante. Les Gaulois, de tradition orale imposent leur puissance par la guerre et le combat physique. Leur richesse se construit sur le pillage et la vénération de l’or. Les Grecs ont une autre approche fondée sur la littérature, le commerce.
Cette évocation romanesque nous est racontée avec une verve poétique et fait revivre avec beaucoup d’humanité ces guerriers redoutés défaits mais invaincus.
5/ Claude : « Je m’appelle Asher Lev »- Chaïm Potok (1994 Buchet Chastel; 2007 10/18 )
Roman autobiographique. Tout jeune Asher est attiré par le dessin, au grand désespoir de son père très croyant qui estime que cette expression artistique est incompatible avec la tradition religieuse juive. Le jeune homme pourra néanmoins poursuivre sa vocation, s’épanouir grâce à son talent, exposer et devenir célèbre.
Un roman magistral sur les affres du génie artistique, bien souvent synonyme de déchirements culturels, spirituels et intimes
6/ Evelyne : « Regarde les lumières mon amour » - Annie Ernaux (2014 Seuil; 2016 Folio)
C’est un journal tenu par l’autrice entre 2012 et 2013, dans lequel elle consigne ses observations quand elle fait ses courses dans un supermarché, elle nous fait part de ses sentiments, de ses interrogations. Une analyse sociétale intéressante, ludique et originale. L’hypermarché est un grand rendez-vous humain, un véritable spectacle. Sa fréquentation est très loin de se résumer à la seule corvée des courses. Dans le journal de ses visites, la romancière livre les sentiments mêlés, attirance mais aussi interrogations, que suscite en elle ce haut lieu de l’abondance. Manifestement le regard d’Evelyne a changé quand elle fait ses courses. Elle a su nous communique sa nouvelle approche.
7/ Florian : Une BD « Le château des animaux » scénarisée par Xavier Dorison et dessinée par Félix Delep, (Casterman 2018 et en cours pour les autres tomes à paraître)
Quelque part dans la France de l’entre-deux guerres, niché au cœur d’une ferme oubliée des hommes, le Château des animaux est dirigé d’un sabot de fer par le président Silvio… Secondé par une milice de chiens, le taureau dictateur exploite les autres animaux, tous contraints à des travaux de peine épuisants pour le bien de la communauté…
Miss Bengalore, chatte craintive qui ne cherche qu’à protéger ses deux petits, et César, un lapin gigolo, vont s’allier au sage et mystérieux Azélar, un rat à lunettes, pour prôner la résistance à l’injustice, la lutte contre les crocs et les griffes par la désobéissance et le rire… Une série de BD fantastique, en contrepoint à La ferme des animaux d’Orwell. Ces fables animalières nous invitent à une multitude de réflexions ... L’ironie est la réponse à la violence, la résistance fait face à l’autoritarisme, à l’injustice … Ludique et très actuel !
Manifestement Florian est un fan !
8/ Jo : « American Dirt » – Jeanine Cummins (2018 Philippe Rey; 2022 10/18)
La fuite d'une mère et de son fils, mexicains, pour fuir un cartel de la drogue d’Acapulco après le massacre de plusieurs membres de leur famille . Ils vont intégrer la horde des migrants voulant passer clandestinement aux États-Unis. American Dirt raconte l’épopée de ces femmes et de ces hommes qui ont pour seul bagage une farouche volonté d’avancer vers la frontière américaine. Un récit marqué par la force et l’instinct de survie de cette mère et de son enfant. C’est violent, réaliste fort en émotion ce que Jo a su nous transmettre avec force relayée par plusieurs participants qui avaient aussi lu le livre.
9/ Elisabeth : « L’évènement » - Annie Ernaux (2000 Gallimard; 2001 Folio)
Deuxième ouvrage de la même écrivaine cette soirée.
Un récit autobiographique. Un épisode douloureux vécu lors de ses études universitaires. Une expérience initiatique de vie et de mort, d’humiliation en cette décennie 60, ou l’avortement constituait encore un délit. Un récit qui dit le traumatisme lié au mépris, aux tabous qu’il faut affronter, aux préjugés de classe.
Elisabeth a lu plusieurs passages du livre pour en montrer le style ciselé et évocateur.
10/ Francis : « A l’orée du Verger » - Tracy Chevalier ( 2016 Table Ronde; 2018 Folio )
Au XIX -ème siècle, la saga de pionniers paysans installés dans l’Ohio, qui tentent de faire pousser des arbres fruitiers dans des terres marécageuses, insalubres, ingrates à souhait. La fiction historique est décrite avec réalisme, humanité, c’est captivant.
Francis nous a raconté qu’il lisait chaque année ce roman et qu’à chaque fois il y puisait de nouvelles choses tant le récit est fort.
11/ Angèle : « L’être et le néon » (2022 Les Editions de Labadié)
Récit plein d’humour et pudeur et d’élégance. Hymne à la vie. Fragilité de la vie, chance d’être sur terre. Combat quotidien à l’hôpital dans une lutte contre le cancer (un lymphome)
12/ Christian : « Les Rouges du Midi »- Félix Gras (1896 épuisé)
Félix Gras, fervent républicain, né à Mallemort du Comtat raconte le cheminement d’un enfant né dans le Vaucluse, Pascalet, qui pour sortir de sa condition de paysan pauvre, va s’engager aux côtés des Marseillais pour renverser « le tyran ». La version du livre présentée par Christian est double : français et provençal Li Rouge dóu Miejour . La république reprendra le chant entonné pas ces hommes valeureux et qui depuis porte leur nom : La Marseillaise. Premier roman historique écrit en langue provençale, cet ouvrage connut un immense succès outre-Atlantique, avant même sa parution en France. A découvrir ou redécouvrir pour mieux comprendre du côté du peuple cette période de l’histoire de France et de notre Provence.
13/ Michèle : « Azincourt par temps de pluie »- Jean Teulé (2022 Mialet Barrault)
Avec sa gouaille habituelle et une langue bien verte mais jamais obscène, Jean Teulé revisite une tragique et sanglante défaite historique en une pasquinade : Azincourt 1415, où la chevalerie française fut décimée. 6000 chevaliers tués ! Une lecture ludique et enrichissante car les faits historiques sont respectés. Avec la verve qu'on lui connaît et son sens du détail qui tue, Jean Teulé nous raconte ces trois jours dantesques où, sous une pluie battante, des milliers d'hommes se sont massacrés dans un affrontement sanglant d'autant plus désastreux que cette bataille était parfaitement inutile.
14/ Jacky : « Marie-Claire » – Marguerite Audoux (2019 Talents hauts)
Il y a peu d’écrivaines qui sont issues du milieu populaire, d’abord parce qu’on est une femme et puis pauvre c’est pas facile, ça semble mais c’est pas facile… il faut donc que vous lisiez Marguerite Audoux. Elle vient de nulle part et on est en 1910 !!! Orpheline, bergère, couturière, elle écrit dans un carnet sa vie… Un miracle d’intelligence et de sobriété, Son premier roman, Anne-Marie, est publié grâce à un ami d’Octave Mirbeau qui l’a présenté au maître es-découvreur de talents. (Les Impressionnistes, c’est lui mais aussi maints auteurs) Ce coup d’essai est un coup de maitresse puisqu’elle obtient le prix Fémina la même année… Vous savez ce que signifie « écrire merveilleusement » ? Ceux qui ont lu Marguerite Audoux le savent. Son biographe l’a comparée à Marguerite Duras, une autre Marguerite, précise-t-il… c’est faux … elle est incomparable. « Sœur Gabrielle était toute petite, vieille, maigre, et courbée ; elle dirigeait le dortoir et le réfectoire. Au dortoir, elle passait un bras sec et dur contre notre chemise et le drap, pour s’assurer de notre propreté, et elle fouettait à heure fixe, et avec des verges, celles dont les draps étaient humides. Au réfectoire, elle faisait la salade dans une immense terrine jaune. Les manches retroussées jusqu’aux épaules, elle plongeait et replongeait dans la salade ses deux bras noirs et noueux, qui sortaient de là tout luisants et gouttelants, et qui me faisaient penser à des branches mortes les jours de pluie » Faîte lui une place dans votre bibliothèque, elle prendra de la valeur…

Des fidèles au rendez-vous! Tous n’ont pas présenté de livre, mais tous ont été attentifs et intéressés par les livres présentés au cours de cette soirée. Ce qui a donné lieu à des échanges très riches.
( Animation: Miguel, Compte rendu: Michèle):
1- Elisabeth : Celui qui veille, de Louise Erdrich - (éditions Albin Michel 2022 - Prix Pulitzer 2021)
Inspirée par son grand-père maternel, qui a lutté pour préserver les droits de son peuple, Louise Erdrich, qui par sa mère a du sang amérindien, nous raconte une aventure humaine qui a pour décor le Dakota Nord – 1953 - , peuplée de personnages inoubliables : Thomas Wazhashk, président du conseil consultatif de la Bande d'Indiens Chippewas de Turtle Mountain, déterminé à lutter contre le projet du gouvernement fédéral censé « émanciper » les Indiens, Patrice/Pixie, la nièce de Thomas qui souhaite reprendre ses études pour être plus libre, Véra, sa sœur partie pour la grande ville, Wood Mountain et Barnes , ses prétendants…
Un roman biographique de cinq cents pages, riche, foisonnant, réaliste, profondément humain qui met en lumière la politique inique du Congrès américain envers le peuple Indien.
Une lecture passionnante.
2- Evelyne : Les Huit Montagnes, de Paolo Cognetti – (éditions Grasset 2016 - livre de poche 2018)
(Prix Médicis étranger 2017, Ce roman est devenu un film présenté en compétition au Festival de Cannes 2022.)
Pietro est un jeune milanais, Bruno un enfant des montagnes du Val d’Aoste. Ils ont 11 ans tous
les sépare mais la montagne va les rapprocher et en faire des amis. Le père de Pietro aime les longues randonnées en montagne où il entraîne son fils malgré son mal des cimes. Pietro et Bruno deviendront amis. Vingt ans plus tard, c’est dans ces mêmes montagnes et auprès de ce même ami que Pietro tentera de se réconcilier avec son passé – et son avenir.
Un roman autobiographique écrit dans une langue pure et poétique, sans longueur, un livre sur l’apprentissage de la vie, sur l’amitié , un hommage à la montagne et à la nature, un coup de cœur qu’Evelyne aime à relire. Un film a découvrir bientôt en salle.
3- Claude: L’infini dans un roseau d’Irène Vallejo - (Editions Belles lettres 2021)
- Prix national de l’essai et prix espagnol de l’Association des Librairies.
Un (imposant) essai que l’on lit comme un roman, qui raconte avec érudition, passion, lyrisme et talent l’invention des livres dans l’Antiquité, un périple historique à l’est de la Méditerranée
(Mésopotamie, Égypte, Grèce) puis à Rome.
Le titre de cet ouvrage évoque le roseau qui a constitué l'une des premières surfaces d'écriture, le papyrus mais aussi le calame qui sert à écrire… des livres! Le livre qui libère, qui diffuse des idées et qui devient pour certains, un objet dangereux.
(Un joli écho à Une histoire de la lecture d'Alberto Manguel)
4- Laurence: Just Kids de Patty Smith - (éditions Denoël 1999 - folio 2013)
Un récit autobiographique, intimiste, qui retrace ses années de jeunesse, de sa carrière chanteuse , guitariste punk rock mais aussi de poète, d’écrivaine, d’artiste peintre et de
photographe, ses joies, ses peines, elle parle de son ami Robert Mapplethorpe, de leur amitié et de leur liaison fusionnelle, qui durera de 1967 à 1969. C’est aussi la découverte d’endroits mythiques. C’est un petit bijou, joliment écrit, émouvant passionnant à lire. Voir sur Arte -replay un portrait de Patty Smith.
5- José : Marchands de mort subite de Max Izambard - (éditions du Rouerge 2021)
C’est un roman noir, une comédie tragique qui commence par un coup de fil: Pierre Marlot, est
informé par le consulat de France en Ouganda que sa fille Anne, journaliste a disparu depuis qu’elle
a passé illégalement la frontière pour se rendre en République démocratique du Congo. Sa fille enquêtait, en fait sur le commerce illégal de l’or entre les deux pays. Les personnages sont nombreux permettant ainsi à l’auteur de multiplier les points de vue de chacun pour donner au lecteur une vue plus large des évènements.
Quand la recherche de la justice, de la vérité, s’affronte à la soif de pouvoir , de richesse, de lucre, un éternel combat...
Roman choral dur, fort mais qui se lit facilement.
6- Marlies : Blackwater I, La Crue, de Michael McDowell - (éditions Monsieur Toussaint Louverture 2022)
Avant de nous parler du livre choisi, Marlies revient sur les autres présentations, celles de Claude et Elisabeth, notamment, pour mettre en exergue le pouvoir du livre, la chance d'avoir une loi du livre en France, qui rends accessible la diffusion des idées et les problèmes liés à la surproduction diffusion des idées par le livre et fait un parallèle avec la situation actuelle au Chili avec le peuple Mapuche dont les terres sont spolier pour produire de la pâte à papier internationale.
Une fresque familiale dans le sud des états-unis en 1919, en 6 tommes, le dernier à paraître prochainement: manipulation, rebondissement à foison, c’est romanesque, effrayant, fascinant, joliment illustré et peu onéreux! Michael McDowell a une écriture cinématographique qui nous plonge dans un univers que l'on ne veut plus lâcher, à l'affut des choses étranges à la Edgard Alan Poe.
7- Michèle : Une Française libre : Journal 1939-1945 de Tereska Torrès - (Editions Libretto 2022)
Tereska sort tout juste de l'adolescence quand la Seconde guerre mondiale éclate . Née de parents polonais émigrés, convertis au catholicisme, son père, Marek Szwarc, est un talentueux sculpteur qui s'engage dans l'armée polonaise et se retrouve en Angleterre. Il y sera rejoint par son épouse
Guina et sa fille. Tereska va alors s'engager pour toute la durée de la guerre dans le corps féminin des Forces françaises libres. Elle va y faire son apprentissage de la vie qu'elle va retranscrire dans son journal intime. Ce récit révèle le portrait d'une jeune diariste aventureuse, courageuse, passionnée, enthousiaste, sincère, amoureuse, c'est une narration historique intéressante.
8- Miguel: Inigo, de François Sureau .
Le livre n’a pas pu être présenté, faute de temps. Il le sera en septembre. Il s’agit du récit d’un épisode majeur de la vie d’Ignace de Loyola.

merci à Francis, Colette, Claude, Aline, Didier, Miguel et aux libraires Jacky et Marlies.
Petit compte rendu par Miguel Couralet :
1/ « La place » d’Annie Ernaux (Présenté par Francis)
Annie Ernaux a raconté son père issu du monde rural et devenu petit commerçant ainsi que la relation qu’elle a eu avec lui. Elle exprime le décalage entre eux du fait qu’elle a pu faire des études et s’est détachée de son milieu social.
C’est un livre de souvenirs qui a marqué Francis car il y a retrouvé les mots qui expriment ce qu’il a vécu lui-même avec ses parents et son milieu social. Pour nous l’exprimer il a lu des passages du livre et les a commentés.
Un beau moment d’émotion.
2/ « Enfant de salaud » de Sorj Chalandon (Présenté Colette)
Histoire de son père. 2 histoires en parallèle. La sienne journaliste à Libération et au Canard Enchainé et celle de son père dont il découvre le cheminement pendant la guerre où il a collaboré avec l’ennemi. C’est le grand père de l’auteur qui lui révèle : « Ton père portait l’uniforme allemand. Tu es un enfant de salaud ! »
En mai 1987, alors que s’ouvre à Lyon le procès du criminel nazi Klaus Barbie, le fils devenu journaliste apprend que le dossier judiciaire de son père sommeille aux archives départementales du Nord. Trois ans de la vie d’un « collabo », racontée par les procès-verbaux de police, les interrogatoires de justice, son procès et sa condamnation.
Il découvre l’aventure rocambolesque d’un jeune de 18 ans, sans instruction ni conviction, menteur, faussaire et manipulateur, qui a traversé la guerre comme on joue au petit soldat. Un jeune homme inconscient du danger, qui a porté cinq uniformes en quatre ans. Quatre fois déserteur de quatre armées différentes. Traître un jour, portant le brassard à croix gammée, puis patriote le lendemain, arborant fièrement la croix de Lorraine.
Son père a été jugé mais « s’en est bien sorti ». Il est décédé dans un hôpital psychiatrique.
Un livre fort comme tous ceux de Sorj Chalandon.
3/ « Les abeilles grises » - D’Andreï Kourkov (Présenté par Claude)
Nous sommes en pleine actualité : Dans un petit village abandonné de la « zone grise » dans le Donbass, coincé entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte ennemis depuis l’enfance. L’un pactise avec les Russes, Pachka non, tout à s’occuper de ses 6 ruches qu’il va emmener au printemps en Crimée pour qu’elles puissent bénéficier de la nature. Le livre raconte toutes ces scènes de vie et de voyage.
Claude nous a présenté un livre riche, plein d’humanité. Manifestement un livre à lire absolument.
4/ « Reine du réel » De Nancy Houston (Présenté par Marlies)
Nancy Huston écrit une longue lettre à Grisélidis Réal, qu’elle n’a jamais connue mais qu’elle a longtemps désapprouvé.
Grisélidis Réal, artiste, écrivaine et prostituée suisse, a fui le milieu où elle est née, bourgeois, calviniste et rigide, pour mener une vie libre. Une vie marquée par des histoires avec des hommes, des dizaines de milliers de relations tarifées, quatre enfants placés, des fausses couches, mais une vie illuminée par l’art et l’engagement militant pour la reconnaissance et les droits des travailleuses du sexe. Elle décrit la prostitution comme un art, un humanisme et une science.
Marlies nous a expliqué que dans le livre de Nancy Huston, l'autrice avec une plume personnelle et vraie nous présente un texte comme journal intime où se mêle la biographie de la Reine du Réel, au fils de ces recherches la vie qu'elle imaginait chaotique et soumise, apparaît beaucoup plus complexe manifestement l’auteur éprouve une admiration pour son combat de liberté et pour son œuvre. Pour finir c'est une lettre d’amour qu’elle écrit.
5/ « La patience des traces » De Jeanne Benameur (Présenté par Aline)
Un psychanalyste qui part à la retraite. Quelque chose se brise dans ce moment-là en lui. Conseillé par un ami il s’envole pour les îles Yaeyama. Il est hébergé dans une maison d'hôtes tenue par un couple d'artistes, elle, collectionneuse de vêtements anciens, lui, céramiste. Dans le cycle des jours et dans un monde nouveau, avec des hôtes « écoutants » c’est l’occasion pour lui de faire face à son passé et à son histoire. C’est un roman tout en délicatesse et poésie. Un très beau voyage spirituel en quête de la vérité et d'une paix avec soi-même.
6/ « Et quelquefois j’ai comme une grande idée » – De Ken Kesey (Présenté par Didier)
Didier (conforté par Jacky) nous a présenté ce livre comme un chef d’œuvre. Son auteur a aussi écrit " vol au-dessus d'un nid de coucou ".
C’est un roman sur le combat, un combat permanent, celle de deux frères dans un univers de bucherons. C'est aussi le combat de l'homme contre la nature dans cette forêt de l’Oregon. Didier nous a lu quelques passages de magnifiques descriptions qui ponctuent le récit.
Manifestement ce récit a bouleversé Didier et Jacky, ils le qualifient « d’extraordinaire »
7/ « Il n’y a pas d’arc en ciel au paradis » De Noël Néoton Ndjékéry (Présenté par Jacky)
Quel bonheur cet auteur Tchadien, il vous fait renouer avec la littérature et le plaisir de l’évocation rare d’une vérité historique. On est à la fin des années 1890, alors que la traite négrière bat de l’aile en atlantique (la guerre de sécession est passée par là) la trans-saharienne est toujours florissante et ce depuis 13 siècles. Zeïtoun, un adolescent noir s’échappe d’une caravane d’esclaves où progénitures, femelles et mâles sont conduits comme du bétail vers la péninsule arabique. Dans sa fuite vers le Tchad (grande étendue d’eau en langue locale) il va croiser un eunuque et la jeune favorite d’un harem en fuite eux aussi. Ils vont essayer de trouver refuge sur une île du grand lac pour reconstruire une société apaisée ? C’est cent ans de solitude façon Tarentino (c’est un conteur qui déconstruit la fin parce qu’il trouve que c’est mieux !) : des empires négriers jusqu’à Boko Haram, Vous allez apprendre des choses en même temps que découvrir une littérature ciselée d’or :
Plus discrète qu’une épouse infidèle rejoignant son amant, la lune rasait les nuages, impatiente d’aller retrouver le soleil qui l’avait précédée depuis longtemps au couchant. Parvenue au-dessus de la ligne d’horizon, elle parut marquer le pas, ce qui laissa entrevoir les bras tentaculaires des arbres qui essayaient de la retenir. Puis elle plongea dans les entrailles de la terre, privant d’un coup la nature de sa douce clarté. Il ne subsistait plus que la voie lactée pour contester aux ténèbres l’autorité absolue.
8/ « Le Grand Monde » De Pierre Lemaitre (Présenté par Miguel)
Le premier roman de ce qui est annoncé comme une nouvelle trilogie de Pierre Lemaitre après la précédente qui a surtout marqué avec le Livre « Au revoir là-Haut ».
On retrouve dans le « Grand Monde » un personnage de « Au revoir là-haut » qui après l’arnaque sur la construction des monuments aux morts et allé vivre à Beyrouth et a fondé une entreprise industrielle florissante et fondé une famille. On suit le devenir des 4 enfants : Jean, l’ainé qui rate tout ce qu'il entreprend et qui fuit de honte à Paris car il n’a pas été à la hauteur des espoirs de son père pour lui succéder à la tête de l’entreprise. Il y retrouve François, son frère cadet, qui démarre une carrière journalistique dans un journal à la rubrique fait divers après avoir croire à ses parents qu’il était rentré à l’école normale supérieure. Etienne, le dernier frère, qui séjourne à Saïgon pour retrouver son amoureux, légionnaire embarqué dans la guerre d'Indochine et qui au passage découvre le Traffic d’argent des piastres qui finance le vietminh et enrichit trafiquants et personnalités politiques françaises. Tandis que la petite dernière, Hélène, ne rêve que de quitter Beyrouth et ses parents.
Le livre est plein de rebondissements tous surprenants et nous enseigne sur l’après-guerre et les mœurs de l’époque.
A la fin du livre, on veut vite pouvoir lire la suite…

Une soirée fort conviviale d’échanges enrichissants autour des livres choisis par Fred, Christian, Francis, Jo, Angèle, Claude, Raphaël, Laurence, Nicole, Élisabeth, Évelyne, Florian, Michèle, Jacky et Miguel.
Livres présentés (Animation et compte rendu par Miguel et Michèle) :
1/ Nicole : « Anéantir » – Michel Houellebecq (janvier 2022- Flammarion)
Avec son le 8ème roman - 780 pages-, au titre provocateur, et très bien documenté, Houellebecq nous projette dans l’année 2027. Se mêlent, s’entremêlent, les drames de la vie intime, celle de Paul et Prudence, la politique, le quotidien d’une société occidentale, la fuite par le rêve, des attentats... Un grand thriller politique. Le récit ménage de nombreuses surprises, comme celle de l'apparition d'un avatar réaliste de Bruno Le Maire dont le personnage principal du roman est l'un de ses conseillers, Paul Raison, un haut fonctionnaire de 47 ans.
Le livre n’a pas de fin… On sent l’empathie de l’auteur.
Nicole a été emballée par le livre.
2/ Fred : « Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan » - Laurent Perez (Éditions les Escales octobre 2021)
Ce livre dit la puissance de l’amour d’une mère juive séfarade, très protectrice pour aider son fils Roland, handicapé (né avec un pied bot). Avec acharnement, elle parviendra à le faire opérer. L’enfant devra rester alité de longs mois au cours desquels il découvrira le monde et apprendra à lire grâce à la télévision et surtout en écoutant la star préférée de la fratrie familiale : Sylvie Vartan. C’est lumineux, c’est plein d’humour, c’est attachant. Pour Fred c’est une lettre d’amour. Il en a parlé avec grande émotion.
3/ Laurence : « Une éducation » – Tara Westover (Lattès 2019)
Roman autobiographique qui dit le combat de Tara pour échapper à sa famille qui appartient à la secte des Mormons. Comment se construire, comment évoluer , comment devenir docteur en histoire, hors de la famille sans la trahir ? Une expérience singulière, un témoignage édifiant, d’une grande force.
4/ Raphaël : « Les Guerriers nus » - Jean-Marie Lamblard (Imago 2005)
L’auteur, né à Tavel en 1938, devenu inspecteur général du Théâtre nous livre un récit épique qui oppose les Celtes, ancêtres du peuple provençal, ceux qui allaient combattre nus, aux Grecs installés à Massalia, l’antique Marseille.
Quelques colons grecs partis d'Orient fondèrent en terre ligure la ville de Massalia - la Marseille antique. Ces nouveaux venus d'une autre civilisation prospérèrent rapidement, suscitant dans la population environnante attirance et hostilité. Jusqu’au moment où les tribus alentours, gaulois ou celto-ligures ressentent cette présence comme invasive et décident de reprendre la main et de soumette la cité devenue puissante. Les Gaulois, de tradition orale imposent leur puissance par la guerre et le combat physique. Leur richesse se construit sur le pillage et la vénération de l’or. Les Grecs ont une autre approche fondée sur la littérature, le commerce.
Cette évocation romanesque nous est racontée avec une verve poétique et fait revivre avec beaucoup d’humanité ces guerriers redoutés défaits mais invaincus.
5/ Claude : « Je m’appelle Asher Lev »- Chaïm Potok (1994 Buchet Chastel; 2007 10/18 )
Roman autobiographique. Tout jeune Asher est attiré par le dessin, au grand désespoir de son père très croyant qui estime que cette expression artistique est incompatible avec la tradition religieuse juive. Le jeune homme pourra néanmoins poursuivre sa vocation, s’épanouir grâce à son talent, exposer et devenir célèbre.
Un roman magistral sur les affres du génie artistique, bien souvent synonyme de déchirements culturels, spirituels et intimes
6/ Evelyne : « Regarde les lumières mon amour » - Annie Ernaux (2014 Seuil; 2016 Folio)
C’est un journal tenu par l’autrice entre 2012 et 2013, dans lequel elle consigne ses observations quand elle fait ses courses dans un supermarché, elle nous fait part de ses sentiments, de ses interrogations. Une analyse sociétale intéressante, ludique et originale. L’hypermarché est un grand rendez-vous humain, un véritable spectacle. Sa fréquentation est très loin de se résumer à la seule corvée des courses. Dans le journal de ses visites, la romancière livre les sentiments mêlés, attirance mais aussi interrogations, que suscite en elle ce haut lieu de l’abondance. Manifestement le regard d’Evelyne a changé quand elle fait ses courses. Elle a su nous communique sa nouvelle approche.
7/ Florian : Une BD « Le château des animaux » scénarisée par Xavier Dorison et dessinée par Félix Delep, (Casterman 2018 et en cours pour les autres tomes à paraître)
Quelque part dans la France de l’entre-deux guerres, niché au cœur d’une ferme oubliée des hommes, le Château des animaux est dirigé d’un sabot de fer par le président Silvio… Secondé par une milice de chiens, le taureau dictateur exploite les autres animaux, tous contraints à des travaux de peine épuisants pour le bien de la communauté…
Miss Bengalore, chatte craintive qui ne cherche qu’à protéger ses deux petits, et César, un lapin gigolo, vont s’allier au sage et mystérieux Azélar, un rat à lunettes, pour prôner la résistance à l’injustice, la lutte contre les crocs et les griffes par la désobéissance et le rire… Une série de BD fantastique, en contrepoint à La ferme des animaux d’Orwell. Ces fables animalières nous invitent à une multitude de réflexions ... L’ironie est la réponse à la violence, la résistance fait face à l’autoritarisme, à l’injustice … Ludique et très actuel !
Manifestement Florian est un fan !
8/ Jo : « American Dirt » – Jeanine Cummins (2018 Philippe Rey; 2022 10/18)
La fuite d'une mère et de son fils, mexicains, pour fuir un cartel de la drogue d’Acapulco après le massacre de plusieurs membres de leur famille . Ils vont intégrer la horde des migrants voulant passer clandestinement aux États-Unis. American Dirt raconte l’épopée de ces femmes et de ces hommes qui ont pour seul bagage une farouche volonté d’avancer vers la frontière américaine. Un récit marqué par la force et l’instinct de survie de cette mère et de son enfant. C’est violent, réaliste fort en émotion ce que Jo a su nous transmettre avec force relayée par plusieurs participants qui avaient aussi lu le livre.
9/ Elisabeth : « L’évènement » - Annie Ernaux (2000 Gallimard; 2001 Folio)
Deuxième ouvrage de la même écrivaine cette soirée.
Un récit autobiographique. Un épisode douloureux vécu lors de ses études universitaires. Une expérience initiatique de vie et de mort, d’humiliation en cette décennie 60, ou l’avortement constituait encore un délit. Un récit qui dit le traumatisme lié au mépris, aux tabous qu’il faut affronter, aux préjugés de classe.
Elisabeth a lu plusieurs passages du livre pour en montrer le style ciselé et évocateur.
10/ Francis : « A l’orée du Verger » - Tracy Chevalier ( 2016 Table Ronde; 2018 Folio )
Au XIX -ème siècle, la saga de pionniers paysans installés dans l’Ohio, qui tentent de faire pousser des arbres fruitiers dans des terres marécageuses, insalubres, ingrates à souhait. La fiction historique est décrite avec réalisme, humanité, c’est captivant.
Francis nous a raconté qu’il lisait chaque année ce roman et qu’à chaque fois il y puisait de nouvelles choses tant le récit est fort.
11/ Angèle : « L’être et le néon » (2022 Les Editions de Labadié)
Récit plein d’humour et pudeur et d’élégance. Hymne à la vie. Fragilité de la vie, chance d’être sur terre. Combat quotidien à l’hôpital dans une lutte contre le cancer (un lymphome)
12/ Christian : « Les Rouges du Midi »- Félix Gras (1896 épuisé)
Félix Gras, fervent républicain, né à Mallemort du Comtat raconte le cheminement d’un enfant né dans le Vaucluse, Pascalet, qui pour sortir de sa condition de paysan pauvre, va s’engager aux côtés des Marseillais pour renverser « le tyran ». La version du livre présentée par Christian est double : français et provençal Li Rouge dóu Miejour . La république reprendra le chant entonné pas ces hommes valeureux et qui depuis porte leur nom : La Marseillaise. Premier roman historique écrit en langue provençale, cet ouvrage connut un immense succès outre-Atlantique, avant même sa parution en France. A découvrir ou redécouvrir pour mieux comprendre du côté du peuple cette période de l’histoire de France et de notre Provence.
13/ Michèle : « Azincourt par temps de pluie »- Jean Teulé (2022 Mialet Barrault)
Avec sa gouaille habituelle et une langue bien verte mais jamais obscène, Jean Teulé revisite une tragique et sanglante défaite historique en une pasquinade : Azincourt 1415, où la chevalerie française fut décimée. 6000 chevaliers tués ! Une lecture ludique et enrichissante car les faits historiques sont respectés. Avec la verve qu'on lui connaît et son sens du détail qui tue, Jean Teulé nous raconte ces trois jours dantesques où, sous une pluie battante, des milliers d'hommes se sont massacrés dans un affrontement sanglant d'autant plus désastreux que cette bataille était parfaitement inutile.
14/ Jacky : « Marie-Claire » – Marguerite Audoux (2019 Talents hauts)
Il y a peu d’écrivaines qui sont issues du milieu populaire, d’abord parce qu’on est une femme et puis pauvre c’est pas facile, ça semble mais c’est pas facile… il faut donc que vous lisiez Marguerite Audoux. Elle vient de nulle part et on est en 1910 !!! Orpheline, bergère, couturière, elle écrit dans un carnet sa vie… Un miracle d’intelligence et de sobriété, Son premier roman, Anne-Marie, est publié grâce à un ami d’Octave Mirbeau qui l’a présenté au maître es-découvreur de talents. (Les Impressionnistes, c’est lui mais aussi maints auteurs) Ce coup d’essai est un coup de maitresse puisqu’elle obtient le prix Fémina la même année… Vous savez ce que signifie « écrire merveilleusement » ? Ceux qui ont lu Marguerite Audoux le savent. Son biographe l’a comparée à Marguerite Duras, une autre Marguerite, précise-t-il… c’est faux … elle est incomparable. « Sœur Gabrielle était toute petite, vieille, maigre, et courbée ; elle dirigeait le dortoir et le réfectoire. Au dortoir, elle passait un bras sec et dur contre notre chemise et le drap, pour s’assurer de notre propreté, et elle fouettait à heure fixe, et avec des verges, celles dont les draps étaient humides. Au réfectoire, elle faisait la salade dans une immense terrine jaune. Les manches retroussées jusqu’aux épaules, elle plongeait et replongeait dans la salade ses deux bras noirs et noueux, qui sortaient de là tout luisants et gouttelants, et qui me faisaient penser à des branches mortes les jours de pluie » Faîte lui une place dans votre bibliothèque, elle prendra de la valeur…

Des fidèles au rendez-vous! Tous n’ont pas présenté de livre, mais tous ont été attentifs et intéressés par les livres présentés au cours de cette soirée. Ce qui a donné lieu à des échanges très riches.
( Animation: Miguel, Compte rendu: Michèle):
1- Elisabeth : Celui qui veille, de Louise Erdrich - (éditions Albin Michel 2022 - Prix Pulitzer 2021)
Inspirée par son grand-père maternel, qui a lutté pour préserver les droits de son peuple, Louise Erdrich, qui par sa mère a du sang amérindien, nous raconte une aventure humaine qui a pour décor le Dakota Nord – 1953 - , peuplée de personnages inoubliables : Thomas Wazhashk, président du conseil consultatif de la Bande d'Indiens Chippewas de Turtle Mountain, déterminé à lutter contre le projet du gouvernement fédéral censé « émanciper » les Indiens, Patrice/Pixie, la nièce de Thomas qui souhaite reprendre ses études pour être plus libre, Véra, sa sœur partie pour la grande ville, Wood Mountain et Barnes , ses prétendants…
Un roman biographique de cinq cents pages, riche, foisonnant, réaliste, profondément humain qui met en lumière la politique inique du Congrès américain envers le peuple Indien.
Une lecture passionnante.
2- Evelyne : Les Huit Montagnes, de Paolo Cognetti – (éditions Grasset 2016 - livre de poche 2018)
(Prix Médicis étranger 2017, Ce roman est devenu un film présenté en compétition au Festival de Cannes 2022.)
Pietro est un jeune milanais, Bruno un enfant des montagnes du Val d’Aoste. Ils ont 11 ans tous
les sépare mais la montagne va les rapprocher et en faire des amis. Le père de Pietro aime les longues randonnées en montagne où il entraîne son fils malgré son mal des cimes. Pietro et Bruno deviendront amis. Vingt ans plus tard, c’est dans ces mêmes montagnes et auprès de ce même ami que Pietro tentera de se réconcilier avec son passé – et son avenir.
Un roman autobiographique écrit dans une langue pure et poétique, sans longueur, un livre sur l’apprentissage de la vie, sur l’amitié , un hommage à la montagne et à la nature, un coup de cœur qu’Evelyne aime à relire. Un film a découvrir bientôt en salle.
3- Claude: L’infini dans un roseau d’Irène Vallejo - (Editions Belles lettres 2021)
- Prix national de l’essai et prix espagnol de l’Association des Librairies.
Un (imposant) essai que l’on lit comme un roman, qui raconte avec érudition, passion, lyrisme et talent l’invention des livres dans l’Antiquité, un périple historique à l’est de la Méditerranée
(Mésopotamie, Égypte, Grèce) puis à Rome.
Le titre de cet ouvrage évoque le roseau qui a constitué l'une des premières surfaces d'écriture, le papyrus mais aussi le calame qui sert à écrire… des livres! Le livre qui libère, qui diffuse des idées et qui devient pour certains, un objet dangereux.
(Un joli écho à Une histoire de la lecture d'Alberto Manguel)
4- Laurence: Just Kids de Patty Smith - (éditions Denoël 1999 - folio 2013)
Un récit autobiographique, intimiste, qui retrace ses années de jeunesse, de sa carrière chanteuse , guitariste punk rock mais aussi de poète, d’écrivaine, d’artiste peintre et de
photographe, ses joies, ses peines, elle parle de son ami Robert Mapplethorpe, de leur amitié et de leur liaison fusionnelle, qui durera de 1967 à 1969. C’est aussi la découverte d’endroits mythiques. C’est un petit bijou, joliment écrit, émouvant passionnant à lire. Voir sur Arte -replay un portrait de Patty Smith.
5- José : Marchands de mort subite de Max Izambard - (éditions du Rouerge 2021)
C’est un roman noir, une comédie tragique qui commence par un coup de fil: Pierre Marlot, est
informé par le consulat de France en Ouganda que sa fille Anne, journaliste a disparu depuis qu’elle
a passé illégalement la frontière pour se rendre en République démocratique du Congo. Sa fille enquêtait, en fait sur le commerce illégal de l’or entre les deux pays. Les personnages sont nombreux permettant ainsi à l’auteur de multiplier les points de vue de chacun pour donner au lecteur une vue plus large des évènements.
Quand la recherche de la justice, de la vérité, s’affronte à la soif de pouvoir , de richesse, de lucre, un éternel combat...
Roman choral dur, fort mais qui se lit facilement.
6- Marlies : Blackwater I, La Crue, de Michael McDowell - (éditions Monsieur Toussaint Louverture 2022)
Avant de nous parler du livre choisi, Marlies revient sur les autres présentations, celles de Claude et Elisabeth, notamment, pour mettre en exergue le pouvoir du livre, la chance d'avoir une loi du livre en France, qui rends accessible la diffusion des idées et les problèmes liés à la surproduction diffusion des idées par le livre et fait un parallèle avec la situation actuelle au Chili avec le peuple Mapuche dont les terres sont spolier pour produire de la pâte à papier internationale.
Une fresque familiale dans le sud des états-unis en 1919, en 6 tommes, le dernier à paraître prochainement: manipulation, rebondissement à foison, c’est romanesque, effrayant, fascinant, joliment illustré et peu onéreux! Michael McDowell a une écriture cinématographique qui nous plonge dans un univers que l'on ne veut plus lâcher, à l'affut des choses étranges à la Edgard Alan Poe.
7- Michèle : Une Française libre : Journal 1939-1945 de Tereska Torrès - (Editions Libretto 2022)
Tereska sort tout juste de l'adolescence quand la Seconde guerre mondiale éclate . Née de parents polonais émigrés, convertis au catholicisme, son père, Marek Szwarc, est un talentueux sculpteur qui s'engage dans l'armée polonaise et se retrouve en Angleterre. Il y sera rejoint par son épouse
Guina et sa fille. Tereska va alors s'engager pour toute la durée de la guerre dans le corps féminin des Forces françaises libres. Elle va y faire son apprentissage de la vie qu'elle va retranscrire dans son journal intime. Ce récit révèle le portrait d'une jeune diariste aventureuse, courageuse, passionnée, enthousiaste, sincère, amoureuse, c'est une narration historique intéressante.
8- Miguel: Inigo, de François Sureau .
Le livre n’a pas pu être présenté, faute de temps. Il le sera en septembre. Il s’agit du récit d’un épisode majeur de la vie d’Ignace de Loyola.

merci à Francis, Colette, Claude, Aline, Didier, Miguel et aux libraires Jacky et Marlies.
Petit compte rendu par Miguel Couralet :
1/ « La place » d’Annie Ernaux (Présenté par Francis)
Annie Ernaux a raconté son père issu du monde rural et devenu petit commerçant ainsi que la relation qu’elle a eu avec lui. Elle exprime le décalage entre eux du fait qu’elle a pu faire des études et s’est détachée de son milieu social.
C’est un livre de souvenirs qui a marqué Francis car il y a retrouvé les mots qui expriment ce qu’il a vécu lui-même avec ses parents et son milieu social. Pour nous l’exprimer il a lu des passages du livre et les a commentés.
Un beau moment d’émotion.
2/ « Enfant de salaud » de Sorj Chalandon (Présenté Colette)
Histoire de son père. 2 histoires en parallèle. La sienne journaliste à Libération et au Canard Enchainé et celle de son père dont il découvre le cheminement pendant la guerre où il a collaboré avec l’ennemi. C’est le grand père de l’auteur qui lui révèle : « Ton père portait l’uniforme allemand. Tu es un enfant de salaud ! »
En mai 1987, alors que s’ouvre à Lyon le procès du criminel nazi Klaus Barbie, le fils devenu journaliste apprend que le dossier judiciaire de son père sommeille aux archives départementales du Nord. Trois ans de la vie d’un « collabo », racontée par les procès-verbaux de police, les interrogatoires de justice, son procès et sa condamnation.
Il découvre l’aventure rocambolesque d’un jeune de 18 ans, sans instruction ni conviction, menteur, faussaire et manipulateur, qui a traversé la guerre comme on joue au petit soldat. Un jeune homme inconscient du danger, qui a porté cinq uniformes en quatre ans. Quatre fois déserteur de quatre armées différentes. Traître un jour, portant le brassard à croix gammée, puis patriote le lendemain, arborant fièrement la croix de Lorraine.
Son père a été jugé mais « s’en est bien sorti ». Il est décédé dans un hôpital psychiatrique.
Un livre fort comme tous ceux de Sorj Chalandon.
3/ « Les abeilles grises » - D’Andreï Kourkov (Présenté par Claude)
Nous sommes en pleine actualité : Dans un petit village abandonné de la « zone grise » dans le Donbass, coincé entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte ennemis depuis l’enfance. L’un pactise avec les Russes, Pachka non, tout à s’occuper de ses 6 ruches qu’il va emmener au printemps en Crimée pour qu’elles puissent bénéficier de la nature. Le livre raconte toutes ces scènes de vie et de voyage.
Claude nous a présenté un livre riche, plein d’humanité. Manifestement un livre à lire absolument.
4/ « Reine du réel » De Nancy Houston (Présenté par Marlies)
Nancy Huston écrit une longue lettre à Grisélidis Réal, qu’elle n’a jamais connue mais qu’elle a longtemps désapprouvé.
Grisélidis Réal, artiste, écrivaine et prostituée suisse, a fui le milieu où elle est née, bourgeois, calviniste et rigide, pour mener une vie libre. Une vie marquée par des histoires avec des hommes, des dizaines de milliers de relations tarifées, quatre enfants placés, des fausses couches, mais une vie illuminée par l’art et l’engagement militant pour la reconnaissance et les droits des travailleuses du sexe. Elle décrit la prostitution comme un art, un humanisme et une science.
Marlies nous a expliqué que dans le livre de Nancy Huston, l'autrice avec une plume personnelle et vraie nous présente un texte comme journal intime où se mêle la biographie de la Reine du Réel, au fils de ces recherches la vie qu'elle imaginait chaotique et soumise, apparaît beaucoup plus complexe manifestement l’auteur éprouve une admiration pour son combat de liberté et pour son œuvre. Pour finir c'est une lettre d’amour qu’elle écrit.
5/ « La patience des traces » De Jeanne Benameur (Présenté par Aline)
Un psychanalyste qui part à la retraite. Quelque chose se brise dans ce moment-là en lui. Conseillé par un ami il s’envole pour les îles Yaeyama. Il est hébergé dans une maison d'hôtes tenue par un couple d'artistes, elle, collectionneuse de vêtements anciens, lui, céramiste. Dans le cycle des jours et dans un monde nouveau, avec des hôtes « écoutants » c’est l’occasion pour lui de faire face à son passé et à son histoire. C’est un roman tout en délicatesse et poésie. Un très beau voyage spirituel en quête de la vérité et d'une paix avec soi-même.
6/ « Et quelquefois j’ai comme une grande idée » – De Ken Kesey (Présenté par Didier)
Didier (conforté par Jacky) nous a présenté ce livre comme un chef d’œuvre. Son auteur a aussi écrit " vol au-dessus d'un nid de coucou ".
C’est un roman sur le combat, un combat permanent, celle de deux frères dans un univers de bucherons. C'est aussi le combat de l'homme contre la nature dans cette forêt de l’Oregon. Didier nous a lu quelques passages de magnifiques descriptions qui ponctuent le récit.
Manifestement ce récit a bouleversé Didier et Jacky, ils le qualifient « d’extraordinaire »
7/ « Il n’y a pas d’arc en ciel au paradis » De Noël Néoton Ndjékéry (Présenté par Jacky)
Quel bonheur cet auteur Tchadien, il vous fait renouer avec la littérature et le plaisir de l’évocation rare d’une vérité historique. On est à la fin des années 1890, alors que la traite négrière bat de l’aile en atlantique (la guerre de sécession est passée par là) la trans-saharienne est toujours florissante et ce depuis 13 siècles. Zeïtoun, un adolescent noir s’échappe d’une caravane d’esclaves où progénitures, femelles et mâles sont conduits comme du bétail vers la péninsule arabique. Dans sa fuite vers le Tchad (grande étendue d’eau en langue locale) il va croiser un eunuque et la jeune favorite d’un harem en fuite eux aussi. Ils vont essayer de trouver refuge sur une île du grand lac pour reconstruire une société apaisée ? C’est cent ans de solitude façon Tarentino (c’est un conteur qui déconstruit la fin parce qu’il trouve que c’est mieux !) : des empires négriers jusqu’à Boko Haram, Vous allez apprendre des choses en même temps que découvrir une littérature ciselée d’or :
Plus discrète qu’une épouse infidèle rejoignant son amant, la lune rasait les nuages, impatiente d’aller retrouver le soleil qui l’avait précédée depuis longtemps au couchant. Parvenue au-dessus de la ligne d’horizon, elle parut marquer le pas, ce qui laissa entrevoir les bras tentaculaires des arbres qui essayaient de la retenir. Puis elle plongea dans les entrailles de la terre, privant d’un coup la nature de sa douce clarté. Il ne subsistait plus que la voie lactée pour contester aux ténèbres l’autorité absolue.
8/ « Le Grand Monde » De Pierre Lemaitre (Présenté par Miguel)
Le premier roman de ce qui est annoncé comme une nouvelle trilogie de Pierre Lemaitre après la précédente qui a surtout marqué avec le Livre « Au revoir là-Haut ».
On retrouve dans le « Grand Monde » un personnage de « Au revoir là-haut » qui après l’arnaque sur la construction des monuments aux morts et allé vivre à Beyrouth et a fondé une entreprise industrielle florissante et fondé une famille. On suit le devenir des 4 enfants : Jean, l’ainé qui rate tout ce qu'il entreprend et qui fuit de honte à Paris car il n’a pas été à la hauteur des espoirs de son père pour lui succéder à la tête de l’entreprise. Il y retrouve François, son frère cadet, qui démarre une carrière journalistique dans un journal à la rubrique fait divers après avoir croire à ses parents qu’il était rentré à l’école normale supérieure. Etienne, le dernier frère, qui séjourne à Saïgon pour retrouver son amoureux, légionnaire embarqué dans la guerre d'Indochine et qui au passage découvre le Traffic d’argent des piastres qui finance le vietminh et enrichit trafiquants et personnalités politiques françaises. Tandis que la petite dernière, Hélène, ne rêve que de quitter Beyrouth et ses parents.
Le livre est plein de rebondissements tous surprenants et nous enseigne sur l’après-guerre et les mœurs de l’époque.
A la fin du livre, on veut vite pouvoir lire la suite…

Une soirée fort conviviale d’échanges enrichissants autour des livres choisis par Fred, Christian, Francis, Jo, Angèle, Claude, Raphaël, Laurence, Nicole, Élisabeth, Évelyne, Florian, Michèle, Jacky et Miguel.
Livres présentés (Animation et compte rendu par Miguel et Michèle) :
1/ Nicole : « Anéantir » – Michel Houellebecq (janvier 2022- Flammarion)
Avec son le 8ème roman - 780 pages-, au titre provocateur, et très bien documenté, Houellebecq nous projette dans l’année 2027. Se mêlent, s’entremêlent, les drames de la vie intime, celle de Paul et Prudence, la politique, le quotidien d’une société occidentale, la fuite par le rêve, des attentats... Un grand thriller politique. Le récit ménage de nombreuses surprises, comme celle de l'apparition d'un avatar réaliste de Bruno Le Maire dont le personnage principal du roman est l'un de ses conseillers, Paul Raison, un haut fonctionnaire de 47 ans.
Le livre n’a pas de fin… On sent l’empathie de l’auteur.
Nicole a été emballée par le livre.
2/ Fred : « Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan » - Laurent Perez (Éditions les Escales octobre 2021)
Ce livre dit la puissance de l’amour d’une mère juive séfarade, très protectrice pour aider son fils Roland, handicapé (né avec un pied bot). Avec acharnement, elle parviendra à le faire opérer. L’enfant devra rester alité de longs mois au cours desquels il découvrira le monde et apprendra à lire grâce à la télévision et surtout en écoutant la star préférée de la fratrie familiale : Sylvie Vartan. C’est lumineux, c’est plein d’humour, c’est attachant. Pour Fred c’est une lettre d’amour. Il en a parlé avec grande émotion.
3/ Laurence : « Une éducation » – Tara Westover (Lattès 2019)
Roman autobiographique qui dit le combat de Tara pour échapper à sa famille qui appartient à la secte des Mormons. Comment se construire, comment évoluer , comment devenir docteur en histoire, hors de la famille sans la trahir ? Une expérience singulière, un témoignage édifiant, d’une grande force.
4/ Raphaël : « Les Guerriers nus » - Jean-Marie Lamblard (Imago 2005)
L’auteur, né à Tavel en 1938, devenu inspecteur général du Théâtre nous livre un récit épique qui oppose les Celtes, ancêtres du peuple provençal, ceux qui allaient combattre nus, aux Grecs installés à Massalia, l’antique Marseille.
Quelques colons grecs partis d'Orient fondèrent en terre ligure la ville de Massalia - la Marseille antique. Ces nouveaux venus d'une autre civilisation prospérèrent rapidement, suscitant dans la population environnante attirance et hostilité. Jusqu’au moment où les tribus alentours, gaulois ou celto-ligures ressentent cette présence comme invasive et décident de reprendre la main et de soumette la cité devenue puissante. Les Gaulois, de tradition orale imposent leur puissance par la guerre et le combat physique. Leur richesse se construit sur le pillage et la vénération de l’or. Les Grecs ont une autre approche fondée sur la littérature, le commerce.
Cette évocation romanesque nous est racontée avec une verve poétique et fait revivre avec beaucoup d’humanité ces guerriers redoutés défaits mais invaincus.
5/ Claude : « Je m’appelle Asher Lev »- Chaïm Potok (1994 Buchet Chastel; 2007 10/18 )
Roman autobiographique. Tout jeune Asher est attiré par le dessin, au grand désespoir de son père très croyant qui estime que cette expression artistique est incompatible avec la tradition religieuse juive. Le jeune homme pourra néanmoins poursuivre sa vocation, s’épanouir grâce à son talent, exposer et devenir célèbre.
Un roman magistral sur les affres du génie artistique, bien souvent synonyme de déchirements culturels, spirituels et intimes
6/ Evelyne : « Regarde les lumières mon amour » - Annie Ernaux (2014 Seuil; 2016 Folio)
C’est un journal tenu par l’autrice entre 2012 et 2013, dans lequel elle consigne ses observations quand elle fait ses courses dans un supermarché, elle nous fait part de ses sentiments, de ses interrogations. Une analyse sociétale intéressante, ludique et originale. L’hypermarché est un grand rendez-vous humain, un véritable spectacle. Sa fréquentation est très loin de se résumer à la seule corvée des courses. Dans le journal de ses visites, la romancière livre les sentiments mêlés, attirance mais aussi interrogations, que suscite en elle ce haut lieu de l’abondance. Manifestement le regard d’Evelyne a changé quand elle fait ses courses. Elle a su nous communique sa nouvelle approche.
7/ Florian : Une BD « Le château des animaux » scénarisée par Xavier Dorison et dessinée par Félix Delep, (Casterman 2018 et en cours pour les autres tomes à paraître)
Quelque part dans la France de l’entre-deux guerres, niché au cœur d’une ferme oubliée des hommes, le Château des animaux est dirigé d’un sabot de fer par le président Silvio… Secondé par une milice de chiens, le taureau dictateur exploite les autres animaux, tous contraints à des travaux de peine épuisants pour le bien de la communauté…
Miss Bengalore, chatte craintive qui ne cherche qu’à protéger ses deux petits, et César, un lapin gigolo, vont s’allier au sage et mystérieux Azélar, un rat à lunettes, pour prôner la résistance à l’injustice, la lutte contre les crocs et les griffes par la désobéissance et le rire… Une série de BD fantastique, en contrepoint à La ferme des animaux d’Orwell. Ces fables animalières nous invitent à une multitude de réflexions ... L’ironie est la réponse à la violence, la résistance fait face à l’autoritarisme, à l’injustice … Ludique et très actuel !
Manifestement Florian est un fan !
8/ Jo : « American Dirt » – Jeanine Cummins (2018 Philippe Rey; 2022 10/18)
La fuite d'une mère et de son fils, mexicains, pour fuir un cartel de la drogue d’Acapulco après le massacre de plusieurs membres de leur famille . Ils vont intégrer la horde des migrants voulant passer clandestinement aux États-Unis. American Dirt raconte l’épopée de ces femmes et de ces hommes qui ont pour seul bagage une farouche volonté d’avancer vers la frontière américaine. Un récit marqué par la force et l’instinct de survie de cette mère et de son enfant. C’est violent, réaliste fort en émotion ce que Jo a su nous transmettre avec force relayée par plusieurs participants qui avaient aussi lu le livre.
9/ Elisabeth : « L’évènement » - Annie Ernaux (2000 Gallimard; 2001 Folio)
Deuxième ouvrage de la même écrivaine cette soirée.
Un récit autobiographique. Un épisode douloureux vécu lors de ses études universitaires. Une expérience initiatique de vie et de mort, d’humiliation en cette décennie 60, ou l’avortement constituait encore un délit. Un récit qui dit le traumatisme lié au mépris, aux tabous qu’il faut affronter, aux préjugés de classe.
Elisabeth a lu plusieurs passages du livre pour en montrer le style ciselé et évocateur.
10/ Francis : « A l’orée du Verger » - Tracy Chevalier ( 2016 Table Ronde; 2018 Folio )
Au XIX -ème siècle, la saga de pionniers paysans installés dans l’Ohio, qui tentent de faire pousser des arbres fruitiers dans des terres marécageuses, insalubres, ingrates à souhait. La fiction historique est décrite avec réalisme, humanité, c’est captivant.
Francis nous a raconté qu’il lisait chaque année ce roman et qu’à chaque fois il y puisait de nouvelles choses tant le récit est fort.
11/ Angèle : « L’être et le néon » (2022 Les Editions de Labadié)
Récit plein d’humour et pudeur et d’élégance. Hymne à la vie. Fragilité de la vie, chance d’être sur terre. Combat quotidien à l’hôpital dans une lutte contre le cancer (un lymphome)
12/ Christian : « Les Rouges du Midi »- Félix Gras (1896 épuisé)
Félix Gras, fervent républicain, né à Mallemort du Comtat raconte le cheminement d’un enfant né dans le Vaucluse, Pascalet, qui pour sortir de sa condition de paysan pauvre, va s’engager aux côtés des Marseillais pour renverser « le tyran ». La version du livre présentée par Christian est double : français et provençal Li Rouge dóu Miejour . La république reprendra le chant entonné pas ces hommes valeureux et qui depuis porte leur nom : La Marseillaise. Premier roman historique écrit en langue provençale, cet ouvrage connut un immense succès outre-Atlantique, avant même sa parution en France. A découvrir ou redécouvrir pour mieux comprendre du côté du peuple cette période de l’histoire de France et de notre Provence.
13/ Michèle : « Azincourt par temps de pluie »- Jean Teulé (2022 Mialet Barrault)
Avec sa gouaille habituelle et une langue bien verte mais jamais obscène, Jean Teulé revisite une tragique et sanglante défaite historique en une pasquinade : Azincourt 1415, où la chevalerie française fut décimée. 6000 chevaliers tués ! Une lecture ludique et enrichissante car les faits historiques sont respectés. Avec la verve qu'on lui connaît et son sens du détail qui tue, Jean Teulé nous raconte ces trois jours dantesques où, sous une pluie battante, des milliers d'hommes se sont massacrés dans un affrontement sanglant d'autant plus désastreux que cette bataille était parfaitement inutile.
14/ Jacky : « Marie-Claire » – Marguerite Audoux (2019 Talents hauts)
Il y a peu d’écrivaines qui sont issues du milieu populaire, d’abord parce qu’on est une femme et puis pauvre c’est pas facile, ça semble mais c’est pas facile… il faut donc que vous lisiez Marguerite Audoux. Elle vient de nulle part et on est en 1910 !!! Orpheline, bergère, couturière, elle écrit dans un carnet sa vie… Un miracle d’intelligence et de sobriété, Son premier roman, Anne-Marie, est publié grâce à un ami d’Octave Mirbeau qui l’a présenté au maître es-découvreur de talents. (Les Impressionnistes, c’est lui mais aussi maints auteurs) Ce coup d’essai est un coup de maitresse puisqu’elle obtient le prix Fémina la même année… Vous savez ce que signifie « écrire merveilleusement » ? Ceux qui ont lu Marguerite Audoux le savent. Son biographe l’a comparée à Marguerite Duras, une autre Marguerite, précise-t-il… c’est faux … elle est incomparable. « Sœur Gabrielle était toute petite, vieille, maigre, et courbée ; elle dirigeait le dortoir et le réfectoire. Au dortoir, elle passait un bras sec et dur contre notre chemise et le drap, pour s’assurer de notre propreté, et elle fouettait à heure fixe, et avec des verges, celles dont les draps étaient humides. Au réfectoire, elle faisait la salade dans une immense terrine jaune. Les manches retroussées jusqu’aux épaules, elle plongeait et replongeait dans la salade ses deux bras noirs et noueux, qui sortaient de là tout luisants et gouttelants, et qui me faisaient penser à des branches mortes les jours de pluie » Faîte lui une place dans votre bibliothèque, elle prendra de la valeur…

Des fidèles au rendez-vous! Tous n’ont pas présenté de livre, mais tous ont été attentifs et intéressés par les livres présentés au cours de cette soirée. Ce qui a donné lieu à des échanges très riches.
( Animation: Miguel, Compte rendu: Michèle):
1- Elisabeth : Celui qui veille, de Louise Erdrich - (éditions Albin Michel 2022 - Prix Pulitzer 2021)
Inspirée par son grand-père maternel, qui a lutté pour préserver les droits de son peuple, Louise Erdrich, qui par sa mère a du sang amérindien, nous raconte une aventure humaine qui a pour décor le Dakota Nord – 1953 - , peuplée de personnages inoubliables : Thomas Wazhashk, président du conseil consultatif de la Bande d'Indiens Chippewas de Turtle Mountain, déterminé à lutter contre le projet du gouvernement fédéral censé « émanciper » les Indiens, Patrice/Pixie, la nièce de Thomas qui souhaite reprendre ses études pour être plus libre, Véra, sa sœur partie pour la grande ville, Wood Mountain et Barnes , ses prétendants…
Un roman biographique de cinq cents pages, riche, foisonnant, réaliste, profondément humain qui met en lumière la politique inique du Congrès américain envers le peuple Indien.
Une lecture passionnante.
2- Evelyne : Les Huit Montagnes, de Paolo Cognetti – (éditions Grasset 2016 - livre de poche 2018)
(Prix Médicis étranger 2017, Ce roman est devenu un film présenté en compétition au Festival de Cannes 2022.)
Pietro est un jeune milanais, Bruno un enfant des montagnes du Val d’Aoste. Ils ont 11 ans tous
les sépare mais la montagne va les rapprocher et en faire des amis. Le père de Pietro aime les longues randonnées en montagne où il entraîne son fils malgré son mal des cimes. Pietro et Bruno deviendront amis. Vingt ans plus tard, c’est dans ces mêmes montagnes et auprès de ce même ami que Pietro tentera de se réconcilier avec son passé – et son avenir.
Un roman autobiographique écrit dans une langue pure et poétique, sans longueur, un livre sur l’apprentissage de la vie, sur l’amitié , un hommage à la montagne et à la nature, un coup de cœur qu’Evelyne aime à relire. Un film a découvrir bientôt en salle.
3- Claude: L’infini dans un roseau d’Irène Vallejo - (Editions Belles lettres 2021)
- Prix national de l’essai et prix espagnol de l’Association des Librairies.
Un (imposant) essai que l’on lit comme un roman, qui raconte avec érudition, passion, lyrisme et talent l’invention des livres dans l’Antiquité, un périple historique à l’est de la Méditerranée
(Mésopotamie, Égypte, Grèce) puis à Rome.
Le titre de cet ouvrage évoque le roseau qui a constitué l'une des premières surfaces d'écriture, le papyrus mais aussi le calame qui sert à écrire… des livres! Le livre qui libère, qui diffuse des idées et qui devient pour certains, un objet dangereux.
(Un joli écho à Une histoire de la lecture d'Alberto Manguel)
4- Laurence: Just Kids de Patty Smith - (éditions Denoël 1999 - folio 2013)
Un récit autobiographique, intimiste, qui retrace ses années de jeunesse, de sa carrière chanteuse , guitariste punk rock mais aussi de poète, d’écrivaine, d’artiste peintre et de
photographe, ses joies, ses peines, elle parle de son ami Robert Mapplethorpe, de leur amitié et de leur liaison fusionnelle, qui durera de 1967 à 1969. C’est aussi la découverte d’endroits mythiques. C’est un petit bijou, joliment écrit, émouvant passionnant à lire. Voir sur Arte -replay un portrait de Patty Smith.
5- José : Marchands de mort subite de Max Izambard - (éditions du Rouerge 2021)
C’est un roman noir, une comédie tragique qui commence par un coup de fil: Pierre Marlot, est
informé par le consulat de France en Ouganda que sa fille Anne, journaliste a disparu depuis qu’elle
a passé illégalement la frontière pour se rendre en République démocratique du Congo. Sa fille enquêtait, en fait sur le commerce illégal de l’or entre les deux pays. Les personnages sont nombreux permettant ainsi à l’auteur de multiplier les points de vue de chacun pour donner au lecteur une vue plus large des évènements.
Quand la recherche de la justice, de la vérité, s’affronte à la soif de pouvoir , de richesse, de lucre, un éternel combat...
Roman choral dur, fort mais qui se lit facilement.
6- Marlies : Blackwater I, La Crue, de Michael McDowell - (éditions Monsieur Toussaint Louverture 2022)
Avant de nous parler du livre choisi, Marlies revient sur les autres présentations, celles de Claude et Elisabeth, notamment, pour mettre en exergue le pouvoir du livre, la chance d'avoir une loi du livre en France, qui rends accessible la diffusion des idées et les problèmes liés à la surproduction diffusion des idées par le livre et fait un parallèle avec la situation actuelle au Chili avec le peuple Mapuche dont les terres sont spolier pour produire de la pâte à papier internationale.
Une fresque familiale dans le sud des états-unis en 1919, en 6 tommes, le dernier à paraître prochainement: manipulation, rebondissement à foison, c’est romanesque, effrayant, fascinant, joliment illustré et peu onéreux! Michael McDowell a une écriture cinématographique qui nous plonge dans un univers que l'on ne veut plus lâcher, à l'affut des choses étranges à la Edgard Alan Poe.
7- Michèle : Une Française libre : Journal 1939-1945 de Tereska Torrès - (Editions Libretto 2022)
Tereska sort tout juste de l'adolescence quand la Seconde guerre mondiale éclate . Née de parents polonais émigrés, convertis au catholicisme, son père, Marek Szwarc, est un talentueux sculpteur qui s'engage dans l'armée polonaise et se retrouve en Angleterre. Il y sera rejoint par son épouse
Guina et sa fille. Tereska va alors s'engager pour toute la durée de la guerre dans le corps féminin des Forces françaises libres. Elle va y faire son apprentissage de la vie qu'elle va retranscrire dans son journal intime. Ce récit révèle le portrait d'une jeune diariste aventureuse, courageuse, passionnée, enthousiaste, sincère, amoureuse, c'est une narration historique intéressante.
8- Miguel: Inigo, de François Sureau .
Le livre n’a pas pu être présenté, faute de temps. Il le sera en septembre. Il s’agit du récit d’un épisode majeur de la vie d’Ignace de Loyola.

merci à Francis, Colette, Claude, Aline, Didier, Miguel et aux libraires Jacky et Marlies.
Petit compte rendu par Miguel Couralet :
1/ « La place » d’Annie Ernaux (Présenté par Francis)
Annie Ernaux a raconté son père issu du monde rural et devenu petit commerçant ainsi que la relation qu’elle a eu avec lui. Elle exprime le décalage entre eux du fait qu’elle a pu faire des études et s’est détachée de son milieu social.
C’est un livre de souvenirs qui a marqué Francis car il y a retrouvé les mots qui expriment ce qu’il a vécu lui-même avec ses parents et son milieu social. Pour nous l’exprimer il a lu des passages du livre et les a commentés.
Un beau moment d’émotion.
2/ « Enfant de salaud » de Sorj Chalandon (Présenté Colette)
Histoire de son père. 2 histoires en parallèle. La sienne journaliste à Libération et au Canard Enchainé et celle de son père dont il découvre le cheminement pendant la guerre où il a collaboré avec l’ennemi. C’est le grand père de l’auteur qui lui révèle : « Ton père portait l’uniforme allemand. Tu es un enfant de salaud ! »
En mai 1987, alors que s’ouvre à Lyon le procès du criminel nazi Klaus Barbie, le fils devenu journaliste apprend que le dossier judiciaire de son père sommeille aux archives départementales du Nord. Trois ans de la vie d’un « collabo », racontée par les procès-verbaux de police, les interrogatoires de justice, son procès et sa condamnation.
Il découvre l’aventure rocambolesque d’un jeune de 18 ans, sans instruction ni conviction, menteur, faussaire et manipulateur, qui a traversé la guerre comme on joue au petit soldat. Un jeune homme inconscient du danger, qui a porté cinq uniformes en quatre ans. Quatre fois déserteur de quatre armées différentes. Traître un jour, portant le brassard à croix gammée, puis patriote le lendemain, arborant fièrement la croix de Lorraine.
Son père a été jugé mais « s’en est bien sorti ». Il est décédé dans un hôpital psychiatrique.
Un livre fort comme tous ceux de Sorj Chalandon.
3/ « Les abeilles grises » - D’Andreï Kourkov (Présenté par Claude)
Nous sommes en pleine actualité : Dans un petit village abandonné de la « zone grise » dans le Donbass, coincé entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte ennemis depuis l’enfance. L’un pactise avec les Russes, Pachka non, tout à s’occuper de ses 6 ruches qu’il va emmener au printemps en Crimée pour qu’elles puissent bénéficier de la nature. Le livre raconte toutes ces scènes de vie et de voyage.
Claude nous a présenté un livre riche, plein d’humanité. Manifestement un livre à lire absolument.
4/ « Reine du réel » De Nancy Houston (Présenté par Marlies)
Nancy Huston écrit une longue lettre à Grisélidis Réal, qu’elle n’a jamais connue mais qu’elle a longtemps désapprouvé.
Grisélidis Réal, artiste, écrivaine et prostituée suisse, a fui le milieu où elle est née, bourgeois, calviniste et rigide, pour mener une vie libre. Une vie marquée par des histoires avec des hommes, des dizaines de milliers de relations tarifées, quatre enfants placés, des fausses couches, mais une vie illuminée par l’art et l’engagement militant pour la reconnaissance et les droits des travailleuses du sexe. Elle décrit la prostitution comme un art, un humanisme et une science.
Marlies nous a expliqué que dans le livre de Nancy Huston, l'autrice avec une plume personnelle et vraie nous présente un texte comme journal intime où se mêle la biographie de la Reine du Réel, au fils de ces recherches la vie qu'elle imaginait chaotique et soumise, apparaît beaucoup plus complexe manifestement l’auteur éprouve une admiration pour son combat de liberté et pour son œuvre. Pour finir c'est une lettre d’amour qu’elle écrit.
5/ « La patience des traces » De Jeanne Benameur (Présenté par Aline)
Un psychanalyste qui part à la retraite. Quelque chose se brise dans ce moment-là en lui. Conseillé par un ami il s’envole pour les îles Yaeyama. Il est hébergé dans une maison d'hôtes tenue par un couple d'artistes, elle, collectionneuse de vêtements anciens, lui, céramiste. Dans le cycle des jours et dans un monde nouveau, avec des hôtes « écoutants » c’est l’occasion pour lui de faire face à son passé et à son histoire. C’est un roman tout en délicatesse et poésie. Un très beau voyage spirituel en quête de la vérité et d'une paix avec soi-même.
6/ « Et quelquefois j’ai comme une grande idée » – De Ken Kesey (Présenté par Didier)
Didier (conforté par Jacky) nous a présenté ce livre comme un chef d’œuvre. Son auteur a aussi écrit " vol au-dessus d'un nid de coucou ".
C’est un roman sur le combat, un combat permanent, celle de deux frères dans un univers de bucherons. C'est aussi le combat de l'homme contre la nature dans cette forêt de l’Oregon. Didier nous a lu quelques passages de magnifiques descriptions qui ponctuent le récit.
Manifestement ce récit a bouleversé Didier et Jacky, ils le qualifient « d’extraordinaire »
7/ « Il n’y a pas d’arc en ciel au paradis » De Noël Néoton Ndjékéry (Présenté par Jacky)
Quel bonheur cet auteur Tchadien, il vous fait renouer avec la littérature et le plaisir de l’évocation rare d’une vérité historique. On est à la fin des années 1890, alors que la traite négrière bat de l’aile en atlantique (la guerre de sécession est passée par là) la trans-saharienne est toujours florissante et ce depuis 13 siècles. Zeïtoun, un adolescent noir s’échappe d’une caravane d’esclaves où progénitures, femelles et mâles sont conduits comme du bétail vers la péninsule arabique. Dans sa fuite vers le Tchad (grande étendue d’eau en langue locale) il va croiser un eunuque et la jeune favorite d’un harem en fuite eux aussi. Ils vont essayer de trouver refuge sur une île du grand lac pour reconstruire une société apaisée ? C’est cent ans de solitude façon Tarentino (c’est un conteur qui déconstruit la fin parce qu’il trouve que c’est mieux !) : des empires négriers jusqu’à Boko Haram, Vous allez apprendre des choses en même temps que découvrir une littérature ciselée d’or :
Plus discrète qu’une épouse infidèle rejoignant son amant, la lune rasait les nuages, impatiente d’aller retrouver le soleil qui l’avait précédée depuis longtemps au couchant. Parvenue au-dessus de la ligne d’horizon, elle parut marquer le pas, ce qui laissa entrevoir les bras tentaculaires des arbres qui essayaient de la retenir. Puis elle plongea dans les entrailles de la terre, privant d’un coup la nature de sa douce clarté. Il ne subsistait plus que la voie lactée pour contester aux ténèbres l’autorité absolue.
8/ « Le Grand Monde » De Pierre Lemaitre (Présenté par Miguel)
Le premier roman de ce qui est annoncé comme une nouvelle trilogie de Pierre Lemaitre après la précédente qui a surtout marqué avec le Livre « Au revoir là-Haut ».
On retrouve dans le « Grand Monde » un personnage de « Au revoir là-haut » qui après l’arnaque sur la construction des monuments aux morts et allé vivre à Beyrouth et a fondé une entreprise industrielle florissante et fondé une famille. On suit le devenir des 4 enfants : Jean, l’ainé qui rate tout ce qu'il entreprend et qui fuit de honte à Paris car il n’a pas été à la hauteur des espoirs de son père pour lui succéder à la tête de l’entreprise. Il y retrouve François, son frère cadet, qui démarre une carrière journalistique dans un journal à la rubrique fait divers après avoir croire à ses parents qu’il était rentré à l’école normale supérieure. Etienne, le dernier frère, qui séjourne à Saïgon pour retrouver son amoureux, légionnaire embarqué dans la guerre d'Indochine et qui au passage découvre le Traffic d’argent des piastres qui finance le vietminh et enrichit trafiquants et personnalités politiques françaises. Tandis que la petite dernière, Hélène, ne rêve que de quitter Beyrouth et ses parents.
Le livre est plein de rebondissements tous surprenants et nous enseigne sur l’après-guerre et les mœurs de l’époque.
A la fin du livre, on veut vite pouvoir lire la suite…

Une soirée fort conviviale d’échanges enrichissants autour des livres choisis par Fred, Christian, Francis, Jo, Angèle, Claude, Raphaël, Laurence, Nicole, Élisabeth, Évelyne, Florian, Michèle, Jacky et Miguel.
Livres présentés (Animation et compte rendu par Miguel et Michèle) :
1/ Nicole : « Anéantir » – Michel Houellebecq (janvier 2022- Flammarion)
Avec son le 8ème roman - 780 pages-, au titre provocateur, et très bien documenté, Houellebecq nous projette dans l’année 2027. Se mêlent, s’entremêlent, les drames de la vie intime, celle de Paul et Prudence, la politique, le quotidien d’une société occidentale, la fuite par le rêve, des attentats... Un grand thriller politique. Le récit ménage de nombreuses surprises, comme celle de l'apparition d'un avatar réaliste de Bruno Le Maire dont le personnage principal du roman est l'un de ses conseillers, Paul Raison, un haut fonctionnaire de 47 ans.
Le livre n’a pas de fin… On sent l’empathie de l’auteur.
Nicole a été emballée par le livre.
2/ Fred : « Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan » - Laurent Perez (Éditions les Escales octobre 2021)
Ce livre dit la puissance de l’amour d’une mère juive séfarade, très protectrice pour aider son fils Roland, handicapé (né avec un pied bot). Avec acharnement, elle parviendra à le faire opérer. L’enfant devra rester alité de longs mois au cours desquels il découvrira le monde et apprendra à lire grâce à la télévision et surtout en écoutant la star préférée de la fratrie familiale : Sylvie Vartan. C’est lumineux, c’est plein d’humour, c’est attachant. Pour Fred c’est une lettre d’amour. Il en a parlé avec grande émotion.
3/ Laurence : « Une éducation » – Tara Westover (Lattès 2019)
Roman autobiographique qui dit le combat de Tara pour échapper à sa famille qui appartient à la secte des Mormons. Comment se construire, comment évoluer , comment devenir docteur en histoire, hors de la famille sans la trahir ? Une expérience singulière, un témoignage édifiant, d’une grande force.
4/ Raphaël : « Les Guerriers nus » - Jean-Marie Lamblard (Imago 2005)
L’auteur, né à Tavel en 1938, devenu inspecteur général du Théâtre nous livre un récit épique qui oppose les Celtes, ancêtres du peuple provençal, ceux qui allaient combattre nus, aux Grecs installés à Massalia, l’antique Marseille.
Quelques colons grecs partis d'Orient fondèrent en terre ligure la ville de Massalia - la Marseille antique. Ces nouveaux venus d'une autre civilisation prospérèrent rapidement, suscitant dans la population environnante attirance et hostilité. Jusqu’au moment où les tribus alentours, gaulois ou celto-ligures ressentent cette présence comme invasive et décident de reprendre la main et de soumette la cité devenue puissante. Les Gaulois, de tradition orale imposent leur puissance par la guerre et le combat physique. Leur richesse se construit sur le pillage et la vénération de l’or. Les Grecs ont une autre approche fondée sur la littérature, le commerce.
Cette évocation romanesque nous est racontée avec une verve poétique et fait revivre avec beaucoup d’humanité ces guerriers redoutés défaits mais invaincus.
5/ Claude : « Je m’appelle Asher Lev »- Chaïm Potok (1994 Buchet Chastel; 2007 10/18 )
Roman autobiographique. Tout jeune Asher est attiré par le dessin, au grand désespoir de son père très croyant qui estime que cette expression artistique est incompatible avec la tradition religieuse juive. Le jeune homme pourra néanmoins poursuivre sa vocation, s’épanouir grâce à son talent, exposer et devenir célèbre.
Un roman magistral sur les affres du génie artistique, bien souvent synonyme de déchirements culturels, spirituels et intimes
6/ Evelyne : « Regarde les lumières mon amour » - Annie Ernaux (2014 Seuil; 2016 Folio)
C’est un journal tenu par l’autrice entre 2012 et 2013, dans lequel elle consigne ses observations quand elle fait ses courses dans un supermarché, elle nous fait part de ses sentiments, de ses interrogations. Une analyse sociétale intéressante, ludique et originale. L’hypermarché est un grand rendez-vous humain, un véritable spectacle. Sa fréquentation est très loin de se résumer à la seule corvée des courses. Dans le journal de ses visites, la romancière livre les sentiments mêlés, attirance mais aussi interrogations, que suscite en elle ce haut lieu de l’abondance. Manifestement le regard d’Evelyne a changé quand elle fait ses courses. Elle a su nous communique sa nouvelle approche.
7/ Florian : Une BD « Le château des animaux » scénarisée par Xavier Dorison et dessinée par Félix Delep, (Casterman 2018 et en cours pour les autres tomes à paraître)
Quelque part dans la France de l’entre-deux guerres, niché au cœur d’une ferme oubliée des hommes, le Château des animaux est dirigé d’un sabot de fer par le président Silvio… Secondé par une milice de chiens, le taureau dictateur exploite les autres animaux, tous contraints à des travaux de peine épuisants pour le bien de la communauté…
Miss Bengalore, chatte craintive qui ne cherche qu’à protéger ses deux petits, et César, un lapin gigolo, vont s’allier au sage et mystérieux Azélar, un rat à lunettes, pour prôner la résistance à l’injustice, la lutte contre les crocs et les griffes par la désobéissance et le rire… Une série de BD fantastique, en contrepoint à La ferme des animaux d’Orwell. Ces fables animalières nous invitent à une multitude de réflexions ... L’ironie est la réponse à la violence, la résistance fait face à l’autoritarisme, à l’injustice … Ludique et très actuel !
Manifestement Florian est un fan !
8/ Jo : « American Dirt » – Jeanine Cummins (2018 Philippe Rey; 2022 10/18)
La fuite d'une mère et de son fils, mexicains, pour fuir un cartel de la drogue d’Acapulco après le massacre de plusieurs membres de leur famille . Ils vont intégrer la horde des migrants voulant passer clandestinement aux États-Unis. American Dirt raconte l’épopée de ces femmes et de ces hommes qui ont pour seul bagage une farouche volonté d’avancer vers la frontière américaine. Un récit marqué par la force et l’instinct de survie de cette mère et de son enfant. C’est violent, réaliste fort en émotion ce que Jo a su nous transmettre avec force relayée par plusieurs participants qui avaient aussi lu le livre.
9/ Elisabeth : « L’évènement » - Annie Ernaux (2000 Gallimard; 2001 Folio)
Deuxième ouvrage de la même écrivaine cette soirée.
Un récit autobiographique. Un épisode douloureux vécu lors de ses études universitaires. Une expérience initiatique de vie et de mort, d’humiliation en cette décennie 60, ou l’avortement constituait encore un délit. Un récit qui dit le traumatisme lié au mépris, aux tabous qu’il faut affronter, aux préjugés de classe.
Elisabeth a lu plusieurs passages du livre pour en montrer le style ciselé et évocateur.
10/ Francis : « A l’orée du Verger » - Tracy Chevalier ( 2016 Table Ronde; 2018 Folio )
Au XIX -ème siècle, la saga de pionniers paysans installés dans l’Ohio, qui tentent de faire pousser des arbres fruitiers dans des terres marécageuses, insalubres, ingrates à souhait. La fiction historique est décrite avec réalisme, humanité, c’est captivant.
Francis nous a raconté qu’il lisait chaque année ce roman et qu’à chaque fois il y puisait de nouvelles choses tant le récit est fort.
11/ Angèle : « L’être et le néon » (2022 Les Editions de Labadié)
Récit plein d’humour et pudeur et d’élégance. Hymne à la vie. Fragilité de la vie, chance d’être sur terre. Combat quotidien à l’hôpital dans une lutte contre le cancer (un lymphome)
12/ Christian : « Les Rouges du Midi »- Félix Gras (1896 épuisé)
Félix Gras, fervent républicain, né à Mallemort du Comtat raconte le cheminement d’un enfant né dans le Vaucluse, Pascalet, qui pour sortir de sa condition de paysan pauvre, va s’engager aux côtés des Marseillais pour renverser « le tyran ». La version du livre présentée par Christian est double : français et provençal Li Rouge dóu Miejour . La république reprendra le chant entonné pas ces hommes valeureux et qui depuis porte leur nom : La Marseillaise. Premier roman historique écrit en langue provençale, cet ouvrage connut un immense succès outre-Atlantique, avant même sa parution en France. A découvrir ou redécouvrir pour mieux comprendre du côté du peuple cette période de l’histoire de France et de notre Provence.
13/ Michèle : « Azincourt par temps de pluie »- Jean Teulé (2022 Mialet Barrault)
Avec sa gouaille habituelle et une langue bien verte mais jamais obscène, Jean Teulé revisite une tragique et sanglante défaite historique en une pasquinade : Azincourt 1415, où la chevalerie française fut décimée. 6000 chevaliers tués ! Une lecture ludique et enrichissante car les faits historiques sont respectés. Avec la verve qu'on lui connaît et son sens du détail qui tue, Jean Teulé nous raconte ces trois jours dantesques où, sous une pluie battante, des milliers d'hommes se sont massacrés dans un affrontement sanglant d'autant plus désastreux que cette bataille était parfaitement inutile.
14/ Jacky : « Marie-Claire » – Marguerite Audoux (2019 Talents hauts)
Il y a peu d’écrivaines qui sont issues du milieu populaire, d’abord parce qu’on est une femme et puis pauvre c’est pas facile, ça semble mais c’est pas facile… il faut donc que vous lisiez Marguerite Audoux. Elle vient de nulle part et on est en 1910 !!! Orpheline, bergère, couturière, elle écrit dans un carnet sa vie… Un miracle d’intelligence et de sobriété, Son premier roman, Anne-Marie, est publié grâce à un ami d’Octave Mirbeau qui l’a présenté au maître es-découvreur de talents. (Les Impressionnistes, c’est lui mais aussi maints auteurs) Ce coup d’essai est un coup de maitresse puisqu’elle obtient le prix Fémina la même année… Vous savez ce que signifie « écrire merveilleusement » ? Ceux qui ont lu Marguerite Audoux le savent. Son biographe l’a comparée à Marguerite Duras, une autre Marguerite, précise-t-il… c’est faux … elle est incomparable. « Sœur Gabrielle était toute petite, vieille, maigre, et courbée ; elle dirigeait le dortoir et le réfectoire. Au dortoir, elle passait un bras sec et dur contre notre chemise et le drap, pour s’assurer de notre propreté, et elle fouettait à heure fixe, et avec des verges, celles dont les draps étaient humides. Au réfectoire, elle faisait la salade dans une immense terrine jaune. Les manches retroussées jusqu’aux épaules, elle plongeait et replongeait dans la salade ses deux bras noirs et noueux, qui sortaient de là tout luisants et gouttelants, et qui me faisaient penser à des branches mortes les jours de pluie » Faîte lui une place dans votre bibliothèque, elle prendra de la valeur…

Des fidèles au rendez-vous! Tous n’ont pas présenté de livre, mais tous ont été attentifs et intéressés par les livres présentés au cours de cette soirée. Ce qui a donné lieu à des échanges très riches.
( Animation: Miguel, Compte rendu: Michèle):
1- Elisabeth : Celui qui veille, de Louise Erdrich - (éditions Albin Michel 2022 - Prix Pulitzer 2021)
Inspirée par son grand-père maternel, qui a lutté pour préserver les droits de son peuple, Louise Erdrich, qui par sa mère a du sang amérindien, nous raconte une aventure humaine qui a pour décor le Dakota Nord – 1953 - , peuplée de personnages inoubliables : Thomas Wazhashk, président du conseil consultatif de la Bande d'Indiens Chippewas de Turtle Mountain, déterminé à lutter contre le projet du gouvernement fédéral censé « émanciper » les Indiens, Patrice/Pixie, la nièce de Thomas qui souhaite reprendre ses études pour être plus libre, Véra, sa sœur partie pour la grande ville, Wood Mountain et Barnes , ses prétendants…
Un roman biographique de cinq cents pages, riche, foisonnant, réaliste, profondément humain qui met en lumière la politique inique du Congrès américain envers le peuple Indien.
Une lecture passionnante.
2- Evelyne : Les Huit Montagnes, de Paolo Cognetti – (éditions Grasset 2016 - livre de poche 2018)
(Prix Médicis étranger 2017, Ce roman est devenu un film présenté en compétition au Festival de Cannes 2022.)
Pietro est un jeune milanais, Bruno un enfant des montagnes du Val d’Aoste. Ils ont 11 ans tous
les sépare mais la montagne va les rapprocher et en faire des amis. Le père de Pietro aime les longues randonnées en montagne où il entraîne son fils malgré son mal des cimes. Pietro et Bruno deviendront amis. Vingt ans plus tard, c’est dans ces mêmes montagnes et auprès de ce même ami que Pietro tentera de se réconcilier avec son passé – et son avenir.
Un roman autobiographique écrit dans une langue pure et poétique, sans longueur, un livre sur l’apprentissage de la vie, sur l’amitié , un hommage à la montagne et à la nature, un coup de cœur qu’Evelyne aime à relire. Un film a découvrir bientôt en salle.
3- Claude: L’infini dans un roseau d’Irène Vallejo - (Editions Belles lettres 2021)
- Prix national de l’essai et prix espagnol de l’Association des Librairies.
Un (imposant) essai que l’on lit comme un roman, qui raconte avec érudition, passion, lyrisme et talent l’invention des livres dans l’Antiquité, un périple historique à l’est de la Méditerranée
(Mésopotamie, Égypte, Grèce) puis à Rome.
Le titre de cet ouvrage évoque le roseau qui a constitué l'une des premières surfaces d'écriture, le papyrus mais aussi le calame qui sert à écrire… des livres! Le livre qui libère, qui diffuse des idées et qui devient pour certains, un objet dangereux.
(Un joli écho à Une histoire de la lecture d'Alberto Manguel)
4- Laurence: Just Kids de Patty Smith - (éditions Denoël 1999 - folio 2013)
Un récit autobiographique, intimiste, qui retrace ses années de jeunesse, de sa carrière chanteuse , guitariste punk rock mais aussi de poète, d’écrivaine, d’artiste peintre et de
photographe, ses joies, ses peines, elle parle de son ami Robert Mapplethorpe, de leur amitié et de leur liaison fusionnelle, qui durera de 1967 à 1969. C’est aussi la découverte d’endroits mythiques. C’est un petit bijou, joliment écrit, émouvant passionnant à lire. Voir sur Arte -replay un portrait de Patty Smith.
5- José : Marchands de mort subite de Max Izambard - (éditions du Rouerge 2021)
C’est un roman noir, une comédie tragique qui commence par un coup de fil: Pierre Marlot, est
informé par le consulat de France en Ouganda que sa fille Anne, journaliste a disparu depuis qu’elle
a passé illégalement la frontière pour se rendre en République démocratique du Congo. Sa fille enquêtait, en fait sur le commerce illégal de l’or entre les deux pays. Les personnages sont nombreux permettant ainsi à l’auteur de multiplier les points de vue de chacun pour donner au lecteur une vue plus large des évènements.
Quand la recherche de la justice, de la vérité, s’affronte à la soif de pouvoir , de richesse, de lucre, un éternel combat...
Roman choral dur, fort mais qui se lit facilement.
6- Marlies : Blackwater I, La Crue, de Michael McDowell - (éditions Monsieur Toussaint Louverture 2022)
Avant de nous parler du livre choisi, Marlies revient sur les autres présentations, celles de Claude et Elisabeth, notamment, pour mettre en exergue le pouvoir du livre, la chance d'avoir une loi du livre en France, qui rends accessible la diffusion des idées et les problèmes liés à la surproduction diffusion des idées par le livre et fait un parallèle avec la situation actuelle au Chili avec le peuple Mapuche dont les terres sont spolier pour produire de la pâte à papier internationale.
Une fresque familiale dans le sud des états-unis en 1919, en 6 tommes, le dernier à paraître prochainement: manipulation, rebondissement à foison, c’est romanesque, effrayant, fascinant, joliment illustré et peu onéreux! Michael McDowell a une écriture cinématographique qui nous plonge dans un univers que l'on ne veut plus lâcher, à l'affut des choses étranges à la Edgard Alan Poe.
7- Michèle : Une Française libre : Journal 1939-1945 de Tereska Torrès - (Editions Libretto 2022)
Tereska sort tout juste de l'adolescence quand la Seconde guerre mondiale éclate . Née de parents polonais émigrés, convertis au catholicisme, son père, Marek Szwarc, est un talentueux sculpteur qui s'engage dans l'armée polonaise et se retrouve en Angleterre. Il y sera rejoint par son épouse
Guina et sa fille. Tereska va alors s'engager pour toute la durée de la guerre dans le corps féminin des Forces françaises libres. Elle va y faire son apprentissage de la vie qu'elle va retranscrire dans son journal intime. Ce récit révèle le portrait d'une jeune diariste aventureuse, courageuse, passionnée, enthousiaste, sincère, amoureuse, c'est une narration historique intéressante.
8- Miguel: Inigo, de François Sureau .
Le livre n’a pas pu être présenté, faute de temps. Il le sera en septembre. Il s’agit du récit d’un épisode majeur de la vie d’Ignace de Loyola.

merci à Francis, Colette, Claude, Aline, Didier, Miguel et aux libraires Jacky et Marlies.
Petit compte rendu par Miguel Couralet :
1/ « La place » d’Annie Ernaux (Présenté par Francis)
Annie Ernaux a raconté son père issu du monde rural et devenu petit commerçant ainsi que la relation qu’elle a eu avec lui. Elle exprime le décalage entre eux du fait qu’elle a pu faire des études et s’est détachée de son milieu social.
C’est un livre de souvenirs qui a marqué Francis car il y a retrouvé les mots qui expriment ce qu’il a vécu lui-même avec ses parents et son milieu social. Pour nous l’exprimer il a lu des passages du livre et les a commentés.
Un beau moment d’émotion.
2/ « Enfant de salaud » de Sorj Chalandon (Présenté Colette)
Histoire de son père. 2 histoires en parallèle. La sienne journaliste à Libération et au Canard Enchainé et celle de son père dont il découvre le cheminement pendant la guerre où il a collaboré avec l’ennemi. C’est le grand père de l’auteur qui lui révèle : « Ton père portait l’uniforme allemand. Tu es un enfant de salaud ! »
En mai 1987, alors que s’ouvre à Lyon le procès du criminel nazi Klaus Barbie, le fils devenu journaliste apprend que le dossier judiciaire de son père sommeille aux archives départementales du Nord. Trois ans de la vie d’un « collabo », racontée par les procès-verbaux de police, les interrogatoires de justice, son procès et sa condamnation.
Il découvre l’aventure rocambolesque d’un jeune de 18 ans, sans instruction ni conviction, menteur, faussaire et manipulateur, qui a traversé la guerre comme on joue au petit soldat. Un jeune homme inconscient du danger, qui a porté cinq uniformes en quatre ans. Quatre fois déserteur de quatre armées différentes. Traître un jour, portant le brassard à croix gammée, puis patriote le lendemain, arborant fièrement la croix de Lorraine.
Son père a été jugé mais « s’en est bien sorti ». Il est décédé dans un hôpital psychiatrique.
Un livre fort comme tous ceux de Sorj Chalandon.
3/ « Les abeilles grises » - D’Andreï Kourkov (Présenté par Claude)
Nous sommes en pleine actualité : Dans un petit village abandonné de la « zone grise » dans le Donbass, coincé entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte ennemis depuis l’enfance. L’un pactise avec les Russes, Pachka non, tout à s’occuper de ses 6 ruches qu’il va emmener au printemps en Crimée pour qu’elles puissent bénéficier de la nature. Le livre raconte toutes ces scènes de vie et de voyage.
Claude nous a présenté un livre riche, plein d’humanité. Manifestement un livre à lire absolument.
4/ « Reine du réel » De Nancy Houston (Présenté par Marlies)
Nancy Huston écrit une longue lettre à Grisélidis Réal, qu’elle n’a jamais connue mais qu’elle a longtemps désapprouvé.
Grisélidis Réal, artiste, écrivaine et prostituée suisse, a fui le milieu où elle est née, bourgeois, calviniste et rigide, pour mener une vie libre. Une vie marquée par des histoires avec des hommes, des dizaines de milliers de relations tarifées, quatre enfants placés, des fausses couches, mais une vie illuminée par l’art et l’engagement militant pour la reconnaissance et les droits des travailleuses du sexe. Elle décrit la prostitution comme un art, un humanisme et une science.
Marlies nous a expliqué que dans le livre de Nancy Huston, l'autrice avec une plume personnelle et vraie nous présente un texte comme journal intime où se mêle la biographie de la Reine du Réel, au fils de ces recherches la vie qu'elle imaginait chaotique et soumise, apparaît beaucoup plus complexe manifestement l’auteur éprouve une admiration pour son combat de liberté et pour son œuvre. Pour finir c'est une lettre d’amour qu’elle écrit.
5/ « La patience des traces » De Jeanne Benameur (Présenté par Aline)
Un psychanalyste qui part à la retraite. Quelque chose se brise dans ce moment-là en lui. Conseillé par un ami il s’envole pour les îles Yaeyama. Il est hébergé dans une maison d'hôtes tenue par un couple d'artistes, elle, collectionneuse de vêtements anciens, lui, céramiste. Dans le cycle des jours et dans un monde nouveau, avec des hôtes « écoutants » c’est l’occasion pour lui de faire face à son passé et à son histoire. C’est un roman tout en délicatesse et poésie. Un très beau voyage spirituel en quête de la vérité et d'une paix avec soi-même.
6/ « Et quelquefois j’ai comme une grande idée » – De Ken Kesey (Présenté par Didier)
Didier (conforté par Jacky) nous a présenté ce livre comme un chef d’œuvre. Son auteur a aussi écrit " vol au-dessus d'un nid de coucou ".
C’est un roman sur le combat, un combat permanent, celle de deux frères dans un univers de bucherons. C'est aussi le combat de l'homme contre la nature dans cette forêt de l’Oregon. Didier nous a lu quelques passages de magnifiques descriptions qui ponctuent le récit.
Manifestement ce récit a bouleversé Didier et Jacky, ils le qualifient « d’extraordinaire »
7/ « Il n’y a pas d’arc en ciel au paradis » De Noël Néoton Ndjékéry (Présenté par Jacky)
Quel bonheur cet auteur Tchadien, il vous fait renouer avec la littérature et le plaisir de l’évocation rare d’une vérité historique. On est à la fin des années 1890, alors que la traite négrière bat de l’aile en atlantique (la guerre de sécession est passée par là) la trans-saharienne est toujours florissante et ce depuis 13 siècles. Zeïtoun, un adolescent noir s’échappe d’une caravane d’esclaves où progénitures, femelles et mâles sont conduits comme du bétail vers la péninsule arabique. Dans sa fuite vers le Tchad (grande étendue d’eau en langue locale) il va croiser un eunuque et la jeune favorite d’un harem en fuite eux aussi. Ils vont essayer de trouver refuge sur une île du grand lac pour reconstruire une société apaisée ? C’est cent ans de solitude façon Tarentino (c’est un conteur qui déconstruit la fin parce qu’il trouve que c’est mieux !) : des empires négriers jusqu’à Boko Haram, Vous allez apprendre des choses en même temps que découvrir une littérature ciselée d’or :
Plus discrète qu’une épouse infidèle rejoignant son amant, la lune rasait les nuages, impatiente d’aller retrouver le soleil qui l’avait précédée depuis longtemps au couchant. Parvenue au-dessus de la ligne d’horizon, elle parut marquer le pas, ce qui laissa entrevoir les bras tentaculaires des arbres qui essayaient de la retenir. Puis elle plongea dans les entrailles de la terre, privant d’un coup la nature de sa douce clarté. Il ne subsistait plus que la voie lactée pour contester aux ténèbres l’autorité absolue.
8/ « Le Grand Monde » De Pierre Lemaitre (Présenté par Miguel)
Le premier roman de ce qui est annoncé comme une nouvelle trilogie de Pierre Lemaitre après la précédente qui a surtout marqué avec le Livre « Au revoir là-Haut ».
On retrouve dans le « Grand Monde » un personnage de « Au revoir là-haut » qui après l’arnaque sur la construction des monuments aux morts et allé vivre à Beyrouth et a fondé une entreprise industrielle florissante et fondé une famille. On suit le devenir des 4 enfants : Jean, l’ainé qui rate tout ce qu'il entreprend et qui fuit de honte à Paris car il n’a pas été à la hauteur des espoirs de son père pour lui succéder à la tête de l’entreprise. Il y retrouve François, son frère cadet, qui démarre une carrière journalistique dans un journal à la rubrique fait divers après avoir croire à ses parents qu’il était rentré à l’école normale supérieure. Etienne, le dernier frère, qui séjourne à Saïgon pour retrouver son amoureux, légionnaire embarqué dans la guerre d'Indochine et qui au passage découvre le Traffic d’argent des piastres qui finance le vietminh et enrichit trafiquants et personnalités politiques françaises. Tandis que la petite dernière, Hélène, ne rêve que de quitter Beyrouth et ses parents.
Le livre est plein de rebondissements tous surprenants et nous enseigne sur l’après-guerre et les mœurs de l’époque.
A la fin du livre, on veut vite pouvoir lire la suite…

Une soirée fort conviviale d’échanges enrichissants autour des livres choisis par Fred, Christian, Francis, Jo, Angèle, Claude, Raphaël, Laurence, Nicole, Élisabeth, Évelyne, Florian, Michèle, Jacky et Miguel.
Livres présentés (Animation et compte rendu par Miguel et Michèle) :
1/ Nicole : « Anéantir » – Michel Houellebecq (janvier 2022- Flammarion)
Avec son le 8ème roman - 780 pages-, au titre provocateur, et très bien documenté, Houellebecq nous projette dans l’année 2027. Se mêlent, s’entremêlent, les drames de la vie intime, celle de Paul et Prudence, la politique, le quotidien d’une société occidentale, la fuite par le rêve, des attentats... Un grand thriller politique. Le récit ménage de nombreuses surprises, comme celle de l'apparition d'un avatar réaliste de Bruno Le Maire dont le personnage principal du roman est l'un de ses conseillers, Paul Raison, un haut fonctionnaire de 47 ans.
Le livre n’a pas de fin… On sent l’empathie de l’auteur.
Nicole a été emballée par le livre.
2/ Fred : « Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan » - Laurent Perez (Éditions les Escales octobre 2021)
Ce livre dit la puissance de l’amour d’une mère juive séfarade, très protectrice pour aider son fils Roland, handicapé (né avec un pied bot). Avec acharnement, elle parviendra à le faire opérer. L’enfant devra rester alité de longs mois au cours desquels il découvrira le monde et apprendra à lire grâce à la télévision et surtout en écoutant la star préférée de la fratrie familiale : Sylvie Vartan. C’est lumineux, c’est plein d’humour, c’est attachant. Pour Fred c’est une lettre d’amour. Il en a parlé avec grande émotion.
3/ Laurence : « Une éducation » – Tara Westover (Lattès 2019)
Roman autobiographique qui dit le combat de Tara pour échapper à sa famille qui appartient à la secte des Mormons. Comment se construire, comment évoluer , comment devenir docteur en histoire, hors de la famille sans la trahir ? Une expérience singulière, un témoignage édifiant, d’une grande force.
4/ Raphaël : « Les Guerriers nus » - Jean-Marie Lamblard (Imago 2005)
L’auteur, né à Tavel en 1938, devenu inspecteur général du Théâtre nous livre un récit épique qui oppose les Celtes, ancêtres du peuple provençal, ceux qui allaient combattre nus, aux Grecs installés à Massalia, l’antique Marseille.
Quelques colons grecs partis d'Orient fondèrent en terre ligure la ville de Massalia - la Marseille antique. Ces nouveaux venus d'une autre civilisation prospérèrent rapidement, suscitant dans la population environnante attirance et hostilité. Jusqu’au moment où les tribus alentours, gaulois ou celto-ligures ressentent cette présence comme invasive et décident de reprendre la main et de soumette la cité devenue puissante. Les Gaulois, de tradition orale imposent leur puissance par la guerre et le combat physique. Leur richesse se construit sur le pillage et la vénération de l’or. Les Grecs ont une autre approche fondée sur la littérature, le commerce.
Cette évocation romanesque nous est racontée avec une verve poétique et fait revivre avec beaucoup d’humanité ces guerriers redoutés défaits mais invaincus.
5/ Claude : « Je m’appelle Asher Lev »- Chaïm Potok (1994 Buchet Chastel; 2007 10/18 )
Roman autobiographique. Tout jeune Asher est attiré par le dessin, au grand désespoir de son père très croyant qui estime que cette expression artistique est incompatible avec la tradition religieuse juive. Le jeune homme pourra néanmoins poursuivre sa vocation, s’épanouir grâce à son talent, exposer et devenir célèbre.
Un roman magistral sur les affres du génie artistique, bien souvent synonyme de déchirements culturels, spirituels et intimes
6/ Evelyne : « Regarde les lumières mon amour » - Annie Ernaux (2014 Seuil; 2016 Folio)
C’est un journal tenu par l’autrice entre 2012 et 2013, dans lequel elle consigne ses observations quand elle fait ses courses dans un supermarché, elle nous fait part de ses sentiments, de ses interrogations. Une analyse sociétale intéressante, ludique et originale. L’hypermarché est un grand rendez-vous humain, un véritable spectacle. Sa fréquentation est très loin de se résumer à la seule corvée des courses. Dans le journal de ses visites, la romancière livre les sentiments mêlés, attirance mais aussi interrogations, que suscite en elle ce haut lieu de l’abondance. Manifestement le regard d’Evelyne a changé quand elle fait ses courses. Elle a su nous communique sa nouvelle approche.
7/ Florian : Une BD « Le château des animaux » scénarisée par Xavier Dorison et dessinée par Félix Delep, (Casterman 2018 et en cours pour les autres tomes à paraître)
Quelque part dans la France de l’entre-deux guerres, niché au cœur d’une ferme oubliée des hommes, le Château des animaux est dirigé d’un sabot de fer par le président Silvio… Secondé par une milice de chiens, le taureau dictateur exploite les autres animaux, tous contraints à des travaux de peine épuisants pour le bien de la communauté…
Miss Bengalore, chatte craintive qui ne cherche qu’à protéger ses deux petits, et César, un lapin gigolo, vont s’allier au sage et mystérieux Azélar, un rat à lunettes, pour prôner la résistance à l’injustice, la lutte contre les crocs et les griffes par la désobéissance et le rire… Une série de BD fantastique, en contrepoint à La ferme des animaux d’Orwell. Ces fables animalières nous invitent à une multitude de réflexions ... L’ironie est la réponse à la violence, la résistance fait face à l’autoritarisme, à l’injustice … Ludique et très actuel !
Manifestement Florian est un fan !
8/ Jo : « American Dirt » – Jeanine Cummins (2018 Philippe Rey; 2022 10/18)
La fuite d'une mère et de son fils, mexicains, pour fuir un cartel de la drogue d’Acapulco après le massacre de plusieurs membres de leur famille . Ils vont intégrer la horde des migrants voulant passer clandestinement aux États-Unis. American Dirt raconte l’épopée de ces femmes et de ces hommes qui ont pour seul bagage une farouche volonté d’avancer vers la frontière américaine. Un récit marqué par la force et l’instinct de survie de cette mère et de son enfant. C’est violent, réaliste fort en émotion ce que Jo a su nous transmettre avec force relayée par plusieurs participants qui avaient aussi lu le livre.
9/ Elisabeth : « L’évènement » - Annie Ernaux (2000 Gallimard; 2001 Folio)
Deuxième ouvrage de la même écrivaine cette soirée.
Un récit autobiographique. Un épisode douloureux vécu lors de ses études universitaires. Une expérience initiatique de vie et de mort, d’humiliation en cette décennie 60, ou l’avortement constituait encore un délit. Un récit qui dit le traumatisme lié au mépris, aux tabous qu’il faut affronter, aux préjugés de classe.
Elisabeth a lu plusieurs passages du livre pour en montrer le style ciselé et évocateur.
10/ Francis : « A l’orée du Verger » - Tracy Chevalier ( 2016 Table Ronde; 2018 Folio )
Au XIX -ème siècle, la saga de pionniers paysans installés dans l’Ohio, qui tentent de faire pousser des arbres fruitiers dans des terres marécageuses, insalubres, ingrates à souhait. La fiction historique est décrite avec réalisme, humanité, c’est captivant.
Francis nous a raconté qu’il lisait chaque année ce roman et qu’à chaque fois il y puisait de nouvelles choses tant le récit est fort.
11/ Angèle : « L’être et le néon » (2022 Les Editions de Labadié)
Récit plein d’humour et pudeur et d’élégance. Hymne à la vie. Fragilité de la vie, chance d’être sur terre. Combat quotidien à l’hôpital dans une lutte contre le cancer (un lymphome)
12/ Christian : « Les Rouges du Midi »- Félix Gras (1896 épuisé)
Félix Gras, fervent républicain, né à Mallemort du Comtat raconte le cheminement d’un enfant né dans le Vaucluse, Pascalet, qui pour sortir de sa condition de paysan pauvre, va s’engager aux côtés des Marseillais pour renverser « le tyran ». La version du livre présentée par Christian est double : français et provençal Li Rouge dóu Miejour . La république reprendra le chant entonné pas ces hommes valeureux et qui depuis porte leur nom : La Marseillaise. Premier roman historique écrit en langue provençale, cet ouvrage connut un immense succès outre-Atlantique, avant même sa parution en France. A découvrir ou redécouvrir pour mieux comprendre du côté du peuple cette période de l’histoire de France et de notre Provence.
13/ Michèle : « Azincourt par temps de pluie »- Jean Teulé (2022 Mialet Barrault)
Avec sa gouaille habituelle et une langue bien verte mais jamais obscène, Jean Teulé revisite une tragique et sanglante défaite historique en une pasquinade : Azincourt 1415, où la chevalerie française fut décimée. 6000 chevaliers tués ! Une lecture ludique et enrichissante car les faits historiques sont respectés. Avec la verve qu'on lui connaît et son sens du détail qui tue, Jean Teulé nous raconte ces trois jours dantesques où, sous une pluie battante, des milliers d'hommes se sont massacrés dans un affrontement sanglant d'autant plus désastreux que cette bataille était parfaitement inutile.
14/ Jacky : « Marie-Claire » – Marguerite Audoux (2019 Talents hauts)
Il y a peu d’écrivaines qui sont issues du milieu populaire, d’abord parce qu’on est une femme et puis pauvre c’est pas facile, ça semble mais c’est pas facile… il faut donc que vous lisiez Marguerite Audoux. Elle vient de nulle part et on est en 1910 !!! Orpheline, bergère, couturière, elle écrit dans un carnet sa vie… Un miracle d’intelligence et de sobriété, Son premier roman, Anne-Marie, est publié grâce à un ami d’Octave Mirbeau qui l’a présenté au maître es-découvreur de talents. (Les Impressionnistes, c’est lui mais aussi maints auteurs) Ce coup d’essai est un coup de maitresse puisqu’elle obtient le prix Fémina la même année… Vous savez ce que signifie « écrire merveilleusement » ? Ceux qui ont lu Marguerite Audoux le savent. Son biographe l’a comparée à Marguerite Duras, une autre Marguerite, précise-t-il… c’est faux … elle est incomparable. « Sœur Gabrielle était toute petite, vieille, maigre, et courbée ; elle dirigeait le dortoir et le réfectoire. Au dortoir, elle passait un bras sec et dur contre notre chemise et le drap, pour s’assurer de notre propreté, et elle fouettait à heure fixe, et avec des verges, celles dont les draps étaient humides. Au réfectoire, elle faisait la salade dans une immense terrine jaune. Les manches retroussées jusqu’aux épaules, elle plongeait et replongeait dans la salade ses deux bras noirs et noueux, qui sortaient de là tout luisants et gouttelants, et qui me faisaient penser à des branches mortes les jours de pluie » Faîte lui une place dans votre bibliothèque, elle prendra de la valeur…

Des fidèles au rendez-vous! Tous n’ont pas présenté de livre, mais tous ont été attentifs et intéressés par les livres présentés au cours de cette soirée. Ce qui a donné lieu à des échanges très riches.
( Animation: Miguel, Compte rendu: Michèle):
1- Elisabeth : Celui qui veille, de Louise Erdrich - (éditions Albin Michel 2022 - Prix Pulitzer 2021)
Inspirée par son grand-père maternel, qui a lutté pour préserver les droits de son peuple, Louise Erdrich, qui par sa mère a du sang amérindien, nous raconte une aventure humaine qui a pour décor le Dakota Nord – 1953 - , peuplée de personnages inoubliables : Thomas Wazhashk, président du conseil consultatif de la Bande d'Indiens Chippewas de Turtle Mountain, déterminé à lutter contre le projet du gouvernement fédéral censé « émanciper » les Indiens, Patrice/Pixie, la nièce de Thomas qui souhaite reprendre ses études pour être plus libre, Véra, sa sœur partie pour la grande ville, Wood Mountain et Barnes , ses prétendants…
Un roman biographique de cinq cents pages, riche, foisonnant, réaliste, profondément humain qui met en lumière la politique inique du Congrès américain envers le peuple Indien.
Une lecture passionnante.
2- Evelyne : Les Huit Montagnes, de Paolo Cognetti – (éditions Grasset 2016 - livre de poche 2018)
(Prix Médicis étranger 2017, Ce roman est devenu un film présenté en compétition au Festival de Cannes 2022.)
Pietro est un jeune milanais, Bruno un enfant des montagnes du Val d’Aoste. Ils ont 11 ans tous
les sépare mais la montagne va les rapprocher et en faire des amis. Le père de Pietro aime les longues randonnées en montagne où il entraîne son fils malgré son mal des cimes. Pietro et Bruno deviendront amis. Vingt ans plus tard, c’est dans ces mêmes montagnes et auprès de ce même ami que Pietro tentera de se réconcilier avec son passé – et son avenir.
Un roman autobiographique écrit dans une langue pure et poétique, sans longueur, un livre sur l’apprentissage de la vie, sur l’amitié , un hommage à la montagne et à la nature, un coup de cœur qu’Evelyne aime à relire. Un film a découvrir bientôt en salle.
3- Claude: L’infini dans un roseau d’Irène Vallejo - (Editions Belles lettres 2021)
- Prix national de l’essai et prix espagnol de l’Association des Librairies.
Un (imposant) essai que l’on lit comme un roman, qui raconte avec érudition, passion, lyrisme et talent l’invention des livres dans l’Antiquité, un périple historique à l’est de la Méditerranée
(Mésopotamie, Égypte, Grèce) puis à Rome.
Le titre de cet ouvrage évoque le roseau qui a constitué l'une des premières surfaces d'écriture, le papyrus mais aussi le calame qui sert à écrire… des livres! Le livre qui libère, qui diffuse des idées et qui devient pour certains, un objet dangereux.
(Un joli écho à Une histoire de la lecture d'Alberto Manguel)
4- Laurence: Just Kids de Patty Smith - (éditions Denoël 1999 - folio 2013)
Un récit autobiographique, intimiste, qui retrace ses années de jeunesse, de sa carrière chanteuse , guitariste punk rock mais aussi de poète, d’écrivaine, d’artiste peintre et de
photographe, ses joies, ses peines, elle parle de son ami Robert Mapplethorpe, de leur amitié et de leur liaison fusionnelle, qui durera de 1967 à 1969. C’est aussi la découverte d’endroits mythiques. C’est un petit bijou, joliment écrit, émouvant passionnant à lire. Voir sur Arte -replay un portrait de Patty Smith.
5- José : Marchands de mort subite de Max Izambard - (éditions du Rouerge 2021)
C’est un roman noir, une comédie tragique qui commence par un coup de fil: Pierre Marlot, est
informé par le consulat de France en Ouganda que sa fille Anne, journaliste a disparu depuis qu’elle
a passé illégalement la frontière pour se rendre en République démocratique du Congo. Sa fille enquêtait, en fait sur le commerce illégal de l’or entre les deux pays. Les personnages sont nombreux permettant ainsi à l’auteur de multiplier les points de vue de chacun pour donner au lecteur une vue plus large des évènements.
Quand la recherche de la justice, de la vérité, s’affronte à la soif de pouvoir , de richesse, de lucre, un éternel combat...
Roman choral dur, fort mais qui se lit facilement.
6- Marlies : Blackwater I, La Crue, de Michael McDowell - (éditions Monsieur Toussaint Louverture 2022)
Avant de nous parler du livre choisi, Marlies revient sur les autres présentations, celles de Claude et Elisabeth, notamment, pour mettre en exergue le pouvoir du livre, la chance d'avoir une loi du livre en France, qui rends accessible la diffusion des idées et les problèmes liés à la surproduction diffusion des idées par le livre et fait un parallèle avec la situation actuelle au Chili avec le peuple Mapuche dont les terres sont spolier pour produire de la pâte à papier internationale.
Une fresque familiale dans le sud des états-unis en 1919, en 6 tommes, le dernier à paraître prochainement: manipulation, rebondissement à foison, c’est romanesque, effrayant, fascinant, joliment illustré et peu onéreux! Michael McDowell a une écriture cinématographique qui nous plonge dans un univers que l'on ne veut plus lâcher, à l'affut des choses étranges à la Edgard Alan Poe.
7- Michèle : Une Française libre : Journal 1939-1945 de Tereska Torrès - (Editions Libretto 2022)
Tereska sort tout juste de l'adolescence quand la Seconde guerre mondiale éclate . Née de parents polonais émigrés, convertis au catholicisme, son père, Marek Szwarc, est un talentueux sculpteur qui s'engage dans l'armée polonaise et se retrouve en Angleterre. Il y sera rejoint par son épouse
Guina et sa fille. Tereska va alors s'engager pour toute la durée de la guerre dans le corps féminin des Forces françaises libres. Elle va y faire son apprentissage de la vie qu'elle va retranscrire dans son journal intime. Ce récit révèle le portrait d'une jeune diariste aventureuse, courageuse, passionnée, enthousiaste, sincère, amoureuse, c'est une narration historique intéressante.
8- Miguel: Inigo, de François Sureau .
Le livre n’a pas pu être présenté, faute de temps. Il le sera en septembre. Il s’agit du récit d’un épisode majeur de la vie d’Ignace de Loyola.

merci à Francis, Colette, Claude, Aline, Didier, Miguel et aux libraires Jacky et Marlies.
Petit compte rendu par Miguel Couralet :
1/ « La place » d’Annie Ernaux (Présenté par Francis)
Annie Ernaux a raconté son père issu du monde rural et devenu petit commerçant ainsi que la relation qu’elle a eu avec lui. Elle exprime le décalage entre eux du fait qu’elle a pu faire des études et s’est détachée de son milieu social.
C’est un livre de souvenirs qui a marqué Francis car il y a retrouvé les mots qui expriment ce qu’il a vécu lui-même avec ses parents et son milieu social. Pour nous l’exprimer il a lu des passages du livre et les a commentés.
Un beau moment d’émotion.
2/ « Enfant de salaud » de Sorj Chalandon (Présenté Colette)
Histoire de son père. 2 histoires en parallèle. La sienne journaliste à Libération et au Canard Enchainé et celle de son père dont il découvre le cheminement pendant la guerre où il a collaboré avec l’ennemi. C’est le grand père de l’auteur qui lui révèle : « Ton père portait l’uniforme allemand. Tu es un enfant de salaud ! »
En mai 1987, alors que s’ouvre à Lyon le procès du criminel nazi Klaus Barbie, le fils devenu journaliste apprend que le dossier judiciaire de son père sommeille aux archives départementales du Nord. Trois ans de la vie d’un « collabo », racontée par les procès-verbaux de police, les interrogatoires de justice, son procès et sa condamnation.
Il découvre l’aventure rocambolesque d’un jeune de 18 ans, sans instruction ni conviction, menteur, faussaire et manipulateur, qui a traversé la guerre comme on joue au petit soldat. Un jeune homme inconscient du danger, qui a porté cinq uniformes en quatre ans. Quatre fois déserteur de quatre armées différentes. Traître un jour, portant le brassard à croix gammée, puis patriote le lendemain, arborant fièrement la croix de Lorraine.
Son père a été jugé mais « s’en est bien sorti ». Il est décédé dans un hôpital psychiatrique.
Un livre fort comme tous ceux de Sorj Chalandon.
3/ « Les abeilles grises » - D’Andreï Kourkov (Présenté par Claude)
Nous sommes en pleine actualité : Dans un petit village abandonné de la « zone grise » dans le Donbass, coincé entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte ennemis depuis l’enfance. L’un pactise avec les Russes, Pachka non, tout à s’occuper de ses 6 ruches qu’il va emmener au printemps en Crimée pour qu’elles puissent bénéficier de la nature. Le livre raconte toutes ces scènes de vie et de voyage.
Claude nous a présenté un livre riche, plein d’humanité. Manifestement un livre à lire absolument.
4/ « Reine du réel » De Nancy Houston (Présenté par Marlies)
Nancy Huston écrit une longue lettre à Grisélidis Réal, qu’elle n’a jamais connue mais qu’elle a longtemps désapprouvé.
Grisélidis Réal, artiste, écrivaine et prostituée suisse, a fui le milieu où elle est née, bourgeois, calviniste et rigide, pour mener une vie libre. Une vie marquée par des histoires avec des hommes, des dizaines de milliers de relations tarifées, quatre enfants placés, des fausses couches, mais une vie illuminée par l’art et l’engagement militant pour la reconnaissance et les droits des travailleuses du sexe. Elle décrit la prostitution comme un art, un humanisme et une science.
Marlies nous a expliqué que dans le livre de Nancy Huston, l'autrice avec une plume personnelle et vraie nous présente un texte comme journal intime où se mêle la biographie de la Reine du Réel, au fils de ces recherches la vie qu'elle imaginait chaotique et soumise, apparaît beaucoup plus complexe manifestement l’auteur éprouve une admiration pour son combat de liberté et pour son œuvre. Pour finir c'est une lettre d’amour qu’elle écrit.
5/ « La patience des traces » De Jeanne Benameur (Présenté par Aline)
Un psychanalyste qui part à la retraite. Quelque chose se brise dans ce moment-là en lui. Conseillé par un ami il s’envole pour les îles Yaeyama. Il est hébergé dans une maison d'hôtes tenue par un couple d'artistes, elle, collectionneuse de vêtements anciens, lui, céramiste. Dans le cycle des jours et dans un monde nouveau, avec des hôtes « écoutants » c’est l’occasion pour lui de faire face à son passé et à son histoire. C’est un roman tout en délicatesse et poésie. Un très beau voyage spirituel en quête de la vérité et d'une paix avec soi-même.
6/ « Et quelquefois j’ai comme une grande idée » – De Ken Kesey (Présenté par Didier)
Didier (conforté par Jacky) nous a présenté ce livre comme un chef d’œuvre. Son auteur a aussi écrit " vol au-dessus d'un nid de coucou ".
C’est un roman sur le combat, un combat permanent, celle de deux frères dans un univers de bucherons. C'est aussi le combat de l'homme contre la nature dans cette forêt de l’Oregon. Didier nous a lu quelques passages de magnifiques descriptions qui ponctuent le récit.
Manifestement ce récit a bouleversé Didier et Jacky, ils le qualifient « d’extraordinaire »
7/ « Il n’y a pas d’arc en ciel au paradis » De Noël Néoton Ndjékéry (Présenté par Jacky)
Quel bonheur cet auteur Tchadien, il vous fait renouer avec la littérature et le plaisir de l’évocation rare d’une vérité historique. On est à la fin des années 1890, alors que la traite négrière bat de l’aile en atlantique (la guerre de sécession est passée par là) la trans-saharienne est toujours florissante et ce depuis 13 siècles. Zeïtoun, un adolescent noir s’échappe d’une caravane d’esclaves où progénitures, femelles et mâles sont conduits comme du bétail vers la péninsule arabique. Dans sa fuite vers le Tchad (grande étendue d’eau en langue locale) il va croiser un eunuque et la jeune favorite d’un harem en fuite eux aussi. Ils vont essayer de trouver refuge sur une île du grand lac pour reconstruire une société apaisée ? C’est cent ans de solitude façon Tarentino (c’est un conteur qui déconstruit la fin parce qu’il trouve que c’est mieux !) : des empires négriers jusqu’à Boko Haram, Vous allez apprendre des choses en même temps que découvrir une littérature ciselée d’or :
Plus discrète qu’une épouse infidèle rejoignant son amant, la lune rasait les nuages, impatiente d’aller retrouver le soleil qui l’avait précédée depuis longtemps au couchant. Parvenue au-dessus de la ligne d’horizon, elle parut marquer le pas, ce qui laissa entrevoir les bras tentaculaires des arbres qui essayaient de la retenir. Puis elle plongea dans les entrailles de la terre, privant d’un coup la nature de sa douce clarté. Il ne subsistait plus que la voie lactée pour contester aux ténèbres l’autorité absolue.
8/ « Le Grand Monde » De Pierre Lemaitre (Présenté par Miguel)
Le premier roman de ce qui est annoncé comme une nouvelle trilogie de Pierre Lemaitre après la précédente qui a surtout marqué avec le Livre « Au revoir là-Haut ».
On retrouve dans le « Grand Monde » un personnage de « Au revoir là-haut » qui après l’arnaque sur la construction des monuments aux morts et allé vivre à Beyrouth et a fondé une entreprise industrielle florissante et fondé une famille. On suit le devenir des 4 enfants : Jean, l’ainé qui rate tout ce qu'il entreprend et qui fuit de honte à Paris car il n’a pas été à la hauteur des espoirs de son père pour lui succéder à la tête de l’entreprise. Il y retrouve François, son frère cadet, qui démarre une carrière journalistique dans un journal à la rubrique fait divers après avoir croire à ses parents qu’il était rentré à l’école normale supérieure. Etienne, le dernier frère, qui séjourne à Saïgon pour retrouver son amoureux, légionnaire embarqué dans la guerre d'Indochine et qui au passage découvre le Traffic d’argent des piastres qui finance le vietminh et enrichit trafiquants et personnalités politiques françaises. Tandis que la petite dernière, Hélène, ne rêve que de quitter Beyrouth et ses parents.
Le livre est plein de rebondissements tous surprenants et nous enseigne sur l’après-guerre et les mœurs de l’époque.
A la fin du livre, on veut vite pouvoir lire la suite…

Une soirée fort conviviale d’échanges enrichissants autour des livres choisis par Fred, Christian, Francis, Jo, Angèle, Claude, Raphaël, Laurence, Nicole, Élisabeth, Évelyne, Florian, Michèle, Jacky et Miguel.
Livres présentés (Animation et compte rendu par Miguel et Michèle) :
1/ Nicole : « Anéantir » – Michel Houellebecq (janvier 2022- Flammarion)
Avec son le 8ème roman - 780 pages-, au titre provocateur, et très bien documenté, Houellebecq nous projette dans l’année 2027. Se mêlent, s’entremêlent, les drames de la vie intime, celle de Paul et Prudence, la politique, le quotidien d’une société occidentale, la fuite par le rêve, des attentats... Un grand thriller politique. Le récit ménage de nombreuses surprises, comme celle de l'apparition d'un avatar réaliste de Bruno Le Maire dont le personnage principal du roman est l'un de ses conseillers, Paul Raison, un haut fonctionnaire de 47 ans.
Le livre n’a pas de fin… On sent l’empathie de l’auteur.
Nicole a été emballée par le livre.
2/ Fred : « Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan » - Laurent Perez (Éditions les Escales octobre 2021)
Ce livre dit la puissance de l’amour d’une mère juive séfarade, très protectrice pour aider son fils Roland, handicapé (né avec un pied bot). Avec acharnement, elle parviendra à le faire opérer. L’enfant devra rester alité de longs mois au cours desquels il découvrira le monde et apprendra à lire grâce à la télévision et surtout en écoutant la star préférée de la fratrie familiale : Sylvie Vartan. C’est lumineux, c’est plein d’humour, c’est attachant. Pour Fred c’est une lettre d’amour. Il en a parlé avec grande émotion.
3/ Laurence : « Une éducation » – Tara Westover (Lattès 2019)
Roman autobiographique qui dit le combat de Tara pour échapper à sa famille qui appartient à la secte des Mormons. Comment se construire, comment évoluer , comment devenir docteur en histoire, hors de la famille sans la trahir ? Une expérience singulière, un témoignage édifiant, d’une grande force.
4/ Raphaël : « Les Guerriers nus » - Jean-Marie Lamblard (Imago 2005)
L’auteur, né à Tavel en 1938, devenu inspecteur général du Théâtre nous livre un récit épique qui oppose les Celtes, ancêtres du peuple provençal, ceux qui allaient combattre nus, aux Grecs installés à Massalia, l’antique Marseille.
Quelques colons grecs partis d'Orient fondèrent en terre ligure la ville de Massalia - la Marseille antique. Ces nouveaux venus d'une autre civilisation prospérèrent rapidement, suscitant dans la population environnante attirance et hostilité. Jusqu’au moment où les tribus alentours, gaulois ou celto-ligures ressentent cette présence comme invasive et décident de reprendre la main et de soumette la cité devenue puissante. Les Gaulois, de tradition orale imposent leur puissance par la guerre et le combat physique. Leur richesse se construit sur le pillage et la vénération de l’or. Les Grecs ont une autre approche fondée sur la littérature, le commerce.
Cette évocation romanesque nous est racontée avec une verve poétique et fait revivre avec beaucoup d’humanité ces guerriers redoutés défaits mais invaincus.
5/ Claude : « Je m’appelle Asher Lev »- Chaïm Potok (1994 Buchet Chastel; 2007 10/18 )
Roman autobiographique. Tout jeune Asher est attiré par le dessin, au grand désespoir de son père très croyant qui estime que cette expression artistique est incompatible avec la tradition religieuse juive. Le jeune homme pourra néanmoins poursuivre sa vocation, s’épanouir grâce à son talent, exposer et devenir célèbre.
Un roman magistral sur les affres du génie artistique, bien souvent synonyme de déchirements culturels, spirituels et intimes
6/ Evelyne : « Regarde les lumières mon amour » - Annie Ernaux (2014 Seuil; 2016 Folio)
C’est un journal tenu par l’autrice entre 2012 et 2013, dans lequel elle consigne ses observations quand elle fait ses courses dans un supermarché, elle nous fait part de ses sentiments, de ses interrogations. Une analyse sociétale intéressante, ludique et originale. L’hypermarché est un grand rendez-vous humain, un véritable spectacle. Sa fréquentation est très loin de se résumer à la seule corvée des courses. Dans le journal de ses visites, la romancière livre les sentiments mêlés, attirance mais aussi interrogations, que suscite en elle ce haut lieu de l’abondance. Manifestement le regard d’Evelyne a changé quand elle fait ses courses. Elle a su nous communique sa nouvelle approche.
7/ Florian : Une BD « Le château des animaux » scénarisée par Xavier Dorison et dessinée par Félix Delep, (Casterman 2018 et en cours pour les autres tomes à paraître)
Quelque part dans la France de l’entre-deux guerres, niché au cœur d’une ferme oubliée des hommes, le Château des animaux est dirigé d’un sabot de fer par le président Silvio… Secondé par une milice de chiens, le taureau dictateur exploite les autres animaux, tous contraints à des travaux de peine épuisants pour le bien de la communauté…
Miss Bengalore, chatte craintive qui ne cherche qu’à protéger ses deux petits, et César, un lapin gigolo, vont s’allier au sage et mystérieux Azélar, un rat à lunettes, pour prôner la résistance à l’injustice, la lutte contre les crocs et les griffes par la désobéissance et le rire… Une série de BD fantastique, en contrepoint à La ferme des animaux d’Orwell. Ces fables animalières nous invitent à une multitude de réflexions ... L’ironie est la réponse à la violence, la résistance fait face à l’autoritarisme, à l’injustice … Ludique et très actuel !
Manifestement Florian est un fan !
8/ Jo : « American Dirt » – Jeanine Cummins (2018 Philippe Rey; 2022 10/18)
La fuite d'une mère et de son fils, mexicains, pour fuir un cartel de la drogue d’Acapulco après le massacre de plusieurs membres de leur famille . Ils vont intégrer la horde des migrants voulant passer clandestinement aux États-Unis. American Dirt raconte l’épopée de ces femmes et de ces hommes qui ont pour seul bagage une farouche volonté d’avancer vers la frontière américaine. Un récit marqué par la force et l’instinct de survie de cette mère et de son enfant. C’est violent, réaliste fort en émotion ce que Jo a su nous transmettre avec force relayée par plusieurs participants qui avaient aussi lu le livre.
9/ Elisabeth : « L’évènement » - Annie Ernaux (2000 Gallimard; 2001 Folio)
Deuxième ouvrage de la même écrivaine cette soirée.
Un récit autobiographique. Un épisode douloureux vécu lors de ses études universitaires. Une expérience initiatique de vie et de mort, d’humiliation en cette décennie 60, ou l’avortement constituait encore un délit. Un récit qui dit le traumatisme lié au mépris, aux tabous qu’il faut affronter, aux préjugés de classe.
Elisabeth a lu plusieurs passages du livre pour en montrer le style ciselé et évocateur.
10/ Francis : « A l’orée du Verger » - Tracy Chevalier ( 2016 Table Ronde; 2018 Folio )
Au XIX -ème siècle, la saga de pionniers paysans installés dans l’Ohio, qui tentent de faire pousser des arbres fruitiers dans des terres marécageuses, insalubres, ingrates à souhait. La fiction historique est décrite avec réalisme, humanité, c’est captivant.
Francis nous a raconté qu’il lisait chaque année ce roman et qu’à chaque fois il y puisait de nouvelles choses tant le récit est fort.
11/ Angèle : « L’être et le néon » (2022 Les Editions de Labadié)
Récit plein d’humour et pudeur et d’élégance. Hymne à la vie. Fragilité de la vie, chance d’être sur terre. Combat quotidien à l’hôpital dans une lutte contre le cancer (un lymphome)
12/ Christian : « Les Rouges du Midi »- Félix Gras (1896 épuisé)
Félix Gras, fervent républicain, né à Mallemort du Comtat raconte le cheminement d’un enfant né dans le Vaucluse, Pascalet, qui pour sortir de sa condition de paysan pauvre, va s’engager aux côtés des Marseillais pour renverser « le tyran ». La version du livre présentée par Christian est double : français et provençal Li Rouge dóu Miejour . La république reprendra le chant entonné pas ces hommes valeureux et qui depuis porte leur nom : La Marseillaise. Premier roman historique écrit en langue provençale, cet ouvrage connut un immense succès outre-Atlantique, avant même sa parution en France. A découvrir ou redécouvrir pour mieux comprendre du côté du peuple cette période de l’histoire de France et de notre Provence.
13/ Michèle : « Azincourt par temps de pluie »- Jean Teulé (2022 Mialet Barrault)
Avec sa gouaille habituelle et une langue bien verte mais jamais obscène, Jean Teulé revisite une tragique et sanglante défaite historique en une pasquinade : Azincourt 1415, où la chevalerie française fut décimée. 6000 chevaliers tués ! Une lecture ludique et enrichissante car les faits historiques sont respectés. Avec la verve qu'on lui connaît et son sens du détail qui tue, Jean Teulé nous raconte ces trois jours dantesques où, sous une pluie battante, des milliers d'hommes se sont massacrés dans un affrontement sanglant d'autant plus désastreux que cette bataille était parfaitement inutile.
14/ Jacky : « Marie-Claire » – Marguerite Audoux (2019 Talents hauts)
Il y a peu d’écrivaines qui sont issues du milieu populaire, d’abord parce qu’on est une femme et puis pauvre c’est pas facile, ça semble mais c’est pas facile… il faut donc que vous lisiez Marguerite Audoux. Elle vient de nulle part et on est en 1910 !!! Orpheline, bergère, couturière, elle écrit dans un carnet sa vie… Un miracle d’intelligence et de sobriété, Son premier roman, Anne-Marie, est publié grâce à un ami d’Octave Mirbeau qui l’a présenté au maître es-découvreur de talents. (Les Impressionnistes, c’est lui mais aussi maints auteurs) Ce coup d’essai est un coup de maitresse puisqu’elle obtient le prix Fémina la même année… Vous savez ce que signifie « écrire merveilleusement » ? Ceux qui ont lu Marguerite Audoux le savent. Son biographe l’a comparée à Marguerite Duras, une autre Marguerite, précise-t-il… c’est faux … elle est incomparable. « Sœur Gabrielle était toute petite, vieille, maigre, et courbée ; elle dirigeait le dortoir et le réfectoire. Au dortoir, elle passait un bras sec et dur contre notre chemise et le drap, pour s’assurer de notre propreté, et elle fouettait à heure fixe, et avec des verges, celles dont les draps étaient humides. Au réfectoire, elle faisait la salade dans une immense terrine jaune. Les manches retroussées jusqu’aux épaules, elle plongeait et replongeait dans la salade ses deux bras noirs et noueux, qui sortaient de là tout luisants et gouttelants, et qui me faisaient penser à des branches mortes les jours de pluie » Faîte lui une place dans votre bibliothèque, elle prendra de la valeur…

Des fidèles au rendez-vous! Tous n’ont pas présenté de livre, mais tous ont été attentifs et intéressés par les livres présentés au cours de cette soirée. Ce qui a donné lieu à des échanges très riches.
( Animation: Miguel, Compte rendu: Michèle):
1- Elisabeth : Celui qui veille, de Louise Erdrich - (éditions Albin Michel 2022 - Prix Pulitzer 2021)
Inspirée par son grand-père maternel, qui a lutté pour préserver les droits de son peuple, Louise Erdrich, qui par sa mère a du sang amérindien, nous raconte une aventure humaine qui a pour décor le Dakota Nord – 1953 - , peuplée de personnages inoubliables : Thomas Wazhashk, président du conseil consultatif de la Bande d'Indiens Chippewas de Turtle Mountain, déterminé à lutter contre le projet du gouvernement fédéral censé « émanciper » les Indiens, Patrice/Pixie, la nièce de Thomas qui souhaite reprendre ses études pour être plus libre, Véra, sa sœur partie pour la grande ville, Wood Mountain et Barnes , ses prétendants…
Un roman biographique de cinq cents pages, riche, foisonnant, réaliste, profondément humain qui met en lumière la politique inique du Congrès américain envers le peuple Indien.
Une lecture passionnante.
2- Evelyne : Les Huit Montagnes, de Paolo Cognetti – (éditions Grasset 2016 - livre de poche 2018)
(Prix Médicis étranger 2017, Ce roman est devenu un film présenté en compétition au Festival de Cannes 2022.)
Pietro est un jeune milanais, Bruno un enfant des montagnes du Val d’Aoste. Ils ont 11 ans tous
les sépare mais la montagne va les rapprocher et en faire des amis. Le père de Pietro aime les longues randonnées en montagne où il entraîne son fils malgré son mal des cimes. Pietro et Bruno deviendront amis. Vingt ans plus tard, c’est dans ces mêmes montagnes et auprès de ce même ami que Pietro tentera de se réconcilier avec son passé – et son avenir.
Un roman autobiographique écrit dans une langue pure et poétique, sans longueur, un livre sur l’apprentissage de la vie, sur l’amitié , un hommage à la montagne et à la nature, un coup de cœur qu’Evelyne aime à relire. Un film a découvrir bientôt en salle.
3- Claude: L’infini dans un roseau d’Irène Vallejo - (Editions Belles lettres 2021)
- Prix national de l’essai et prix espagnol de l’Association des Librairies.
Un (imposant) essai que l’on lit comme un roman, qui raconte avec érudition, passion, lyrisme et talent l’invention des livres dans l’Antiquité, un périple historique à l’est de la Méditerranée
(Mésopotamie, Égypte, Grèce) puis à Rome.
Le titre de cet ouvrage évoque le roseau qui a constitué l'une des premières surfaces d'écriture, le papyrus mais aussi le calame qui sert à écrire… des livres! Le livre qui libère, qui diffuse des idées et qui devient pour certains, un objet dangereux.
(Un joli écho à Une histoire de la lecture d'Alberto Manguel)
4- Laurence: Just Kids de Patty Smith - (éditions Denoël 1999 - folio 2013)
Un récit autobiographique, intimiste, qui retrace ses années de jeunesse, de sa carrière chanteuse , guitariste punk rock mais aussi de poète, d’écrivaine, d’artiste peintre et de
photographe, ses joies, ses peines, elle parle de son ami Robert Mapplethorpe, de leur amitié et de leur liaison fusionnelle, qui durera de 1967 à 1969. C’est aussi la découverte d’endroits mythiques. C’est un petit bijou, joliment écrit, émouvant passionnant à lire. Voir sur Arte -replay un portrait de Patty Smith.
5- José : Marchands de mort subite de Max Izambard - (éditions du Rouerge 2021)
C’est un roman noir, une comédie tragique qui commence par un coup de fil: Pierre Marlot, est
informé par le consulat de France en Ouganda que sa fille Anne, journaliste a disparu depuis qu’elle
a passé illégalement la frontière pour se rendre en République démocratique du Congo. Sa fille enquêtait, en fait sur le commerce illégal de l’or entre les deux pays. Les personnages sont nombreux permettant ainsi à l’auteur de multiplier les points de vue de chacun pour donner au lecteur une vue plus large des évènements.
Quand la recherche de la justice, de la vérité, s’affronte à la soif de pouvoir , de richesse, de lucre, un éternel combat...
Roman choral dur, fort mais qui se lit facilement.
6- Marlies : Blackwater I, La Crue, de Michael McDowell - (éditions Monsieur Toussaint Louverture 2022)
Avant de nous parler du livre choisi, Marlies revient sur les autres présentations, celles de Claude et Elisabeth, notamment, pour mettre en exergue le pouvoir du livre, la chance d'avoir une loi du livre en France, qui rends accessible la diffusion des idées et les problèmes liés à la surproduction diffusion des idées par le livre et fait un parallèle avec la situation actuelle au Chili avec le peuple Mapuche dont les terres sont spolier pour produire de la pâte à papier internationale.
Une fresque familiale dans le sud des états-unis en 1919, en 6 tommes, le dernier à paraître prochainement: manipulation, rebondissement à foison, c’est romanesque, effrayant, fascinant, joliment illustré et peu onéreux! Michael McDowell a une écriture cinématographique qui nous plonge dans un univers que l'on ne veut plus lâcher, à l'affut des choses étranges à la Edgard Alan Poe.
7- Michèle : Une Française libre : Journal 1939-1945 de Tereska Torrès - (Editions Libretto 2022)
Tereska sort tout juste de l'adolescence quand la Seconde guerre mondiale éclate . Née de parents polonais émigrés, convertis au catholicisme, son père, Marek Szwarc, est un talentueux sculpteur qui s'engage dans l'armée polonaise et se retrouve en Angleterre. Il y sera rejoint par son épouse
Guina et sa fille. Tereska va alors s'engager pour toute la durée de la guerre dans le corps féminin des Forces françaises libres. Elle va y faire son apprentissage de la vie qu'elle va retranscrire dans son journal intime. Ce récit révèle le portrait d'une jeune diariste aventureuse, courageuse, passionnée, enthousiaste, sincère, amoureuse, c'est une narration historique intéressante.
8- Miguel: Inigo, de François Sureau .
Le livre n’a pas pu être présenté, faute de temps. Il le sera en septembre. Il s’agit du récit d’un épisode majeur de la vie d’Ignace de Loyola.

merci à Francis, Colette, Claude, Aline, Didier, Miguel et aux libraires Jacky et Marlies.
Petit compte rendu par Miguel Couralet :
1/ « La place » d’Annie Ernaux (Présenté par Francis)
Annie Ernaux a raconté son père issu du monde rural et devenu petit commerçant ainsi que la relation qu’elle a eu avec lui. Elle exprime le décalage entre eux du fait qu’elle a pu faire des études et s’est détachée de son milieu social.
C’est un livre de souvenirs qui a marqué Francis car il y a retrouvé les mots qui expriment ce qu’il a vécu lui-même avec ses parents et son milieu social. Pour nous l’exprimer il a lu des passages du livre et les a commentés.
Un beau moment d’émotion.
2/ « Enfant de salaud » de Sorj Chalandon (Présenté Colette)
Histoire de son père. 2 histoires en parallèle. La sienne journaliste à Libération et au Canard Enchainé et celle de son père dont il découvre le cheminement pendant la guerre où il a collaboré avec l’ennemi. C’est le grand père de l’auteur qui lui révèle : « Ton père portait l’uniforme allemand. Tu es un enfant de salaud ! »
En mai 1987, alors que s’ouvre à Lyon le procès du criminel nazi Klaus Barbie, le fils devenu journaliste apprend que le dossier judiciaire de son père sommeille aux archives départementales du Nord. Trois ans de la vie d’un « collabo », racontée par les procès-verbaux de police, les interrogatoires de justice, son procès et sa condamnation.
Il découvre l’aventure rocambolesque d’un jeune de 18 ans, sans instruction ni conviction, menteur, faussaire et manipulateur, qui a traversé la guerre comme on joue au petit soldat. Un jeune homme inconscient du danger, qui a porté cinq uniformes en quatre ans. Quatre fois déserteur de quatre armées différentes. Traître un jour, portant le brassard à croix gammée, puis patriote le lendemain, arborant fièrement la croix de Lorraine.
Son père a été jugé mais « s’en est bien sorti ». Il est décédé dans un hôpital psychiatrique.
Un livre fort comme tous ceux de Sorj Chalandon.
3/ « Les abeilles grises » - D’Andreï Kourkov (Présenté par Claude)
Nous sommes en pleine actualité : Dans un petit village abandonné de la « zone grise » dans le Donbass, coincé entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte ennemis depuis l’enfance. L’un pactise avec les Russes, Pachka non, tout à s’occuper de ses 6 ruches qu’il va emmener au printemps en Crimée pour qu’elles puissent bénéficier de la nature. Le livre raconte toutes ces scènes de vie et de voyage.
Claude nous a présenté un livre riche, plein d’humanité. Manifestement un livre à lire absolument.
4/ « Reine du réel » De Nancy Houston (Présenté par Marlies)
Nancy Huston écrit une longue lettre à Grisélidis Réal, qu’elle n’a jamais connue mais qu’elle a longtemps désapprouvé.
Grisélidis Réal, artiste, écrivaine et prostituée suisse, a fui le milieu où elle est née, bourgeois, calviniste et rigide, pour mener une vie libre. Une vie marquée par des histoires avec des hommes, des dizaines de milliers de relations tarifées, quatre enfants placés, des fausses couches, mais une vie illuminée par l’art et l’engagement militant pour la reconnaissance et les droits des travailleuses du sexe. Elle décrit la prostitution comme un art, un humanisme et une science.
Marlies nous a expliqué que dans le livre de Nancy Huston, l'autrice avec une plume personnelle et vraie nous présente un texte comme journal intime où se mêle la biographie de la Reine du Réel, au fils de ces recherches la vie qu'elle imaginait chaotique et soumise, apparaît beaucoup plus complexe manifestement l’auteur éprouve une admiration pour son combat de liberté et pour son œuvre. Pour finir c'est une lettre d’amour qu’elle écrit.
5/ « La patience des traces » De Jeanne Benameur (Présenté par Aline)
Un psychanalyste qui part à la retraite. Quelque chose se brise dans ce moment-là en lui. Conseillé par un ami il s’envole pour les îles Yaeyama. Il est hébergé dans une maison d'hôtes tenue par un couple d'artistes, elle, collectionneuse de vêtements anciens, lui, céramiste. Dans le cycle des jours et dans un monde nouveau, avec des hôtes « écoutants » c’est l’occasion pour lui de faire face à son passé et à son histoire. C’est un roman tout en délicatesse et poésie. Un très beau voyage spirituel en quête de la vérité et d'une paix avec soi-même.
6/ « Et quelquefois j’ai comme une grande idée » – De Ken Kesey (Présenté par Didier)
Didier (conforté par Jacky) nous a présenté ce livre comme un chef d’œuvre. Son auteur a aussi écrit " vol au-dessus d'un nid de coucou ".
C’est un roman sur le combat, un combat permanent, celle de deux frères dans un univers de bucherons. C'est aussi le combat de l'homme contre la nature dans cette forêt de l’Oregon. Didier nous a lu quelques passages de magnifiques descriptions qui ponctuent le récit.
Manifestement ce récit a bouleversé Didier et Jacky, ils le qualifient « d’extraordinaire »
7/ « Il n’y a pas d’arc en ciel au paradis » De Noël Néoton Ndjékéry (Présenté par Jacky)
Quel bonheur cet auteur Tchadien, il vous fait renouer avec la littérature et le plaisir de l’évocation rare d’une vérité historique. On est à la fin des années 1890, alors que la traite négrière bat de l’aile en atlantique (la guerre de sécession est passée par là) la trans-saharienne est toujours florissante et ce depuis 13 siècles. Zeïtoun, un adolescent noir s’échappe d’une caravane d’esclaves où progénitures, femelles et mâles sont conduits comme du bétail vers la péninsule arabique. Dans sa fuite vers le Tchad (grande étendue d’eau en langue locale) il va croiser un eunuque et la jeune favorite d’un harem en fuite eux aussi. Ils vont essayer de trouver refuge sur une île du grand lac pour reconstruire une société apaisée ? C’est cent ans de solitude façon Tarentino (c’est un conteur qui déconstruit la fin parce qu’il trouve que c’est mieux !) : des empires négriers jusqu’à Boko Haram, Vous allez apprendre des choses en même temps que découvrir une littérature ciselée d’or :
Plus discrète qu’une épouse infidèle rejoignant son amant, la lune rasait les nuages, impatiente d’aller retrouver le soleil qui l’avait précédée depuis longtemps au couchant. Parvenue au-dessus de la ligne d’horizon, elle parut marquer le pas, ce qui laissa entrevoir les bras tentaculaires des arbres qui essayaient de la retenir. Puis elle plongea dans les entrailles de la terre, privant d’un coup la nature de sa douce clarté. Il ne subsistait plus que la voie lactée pour contester aux ténèbres l’autorité absolue.
8/ « Le Grand Monde » De Pierre Lemaitre (Présenté par Miguel)
Le premier roman de ce qui est annoncé comme une nouvelle trilogie de Pierre Lemaitre après la précédente qui a surtout marqué avec le Livre « Au revoir là-Haut ».
On retrouve dans le « Grand Monde » un personnage de « Au revoir là-haut » qui après l’arnaque sur la construction des monuments aux morts et allé vivre à Beyrouth et a fondé une entreprise industrielle florissante et fondé une famille. On suit le devenir des 4 enfants : Jean, l’ainé qui rate tout ce qu'il entreprend et qui fuit de honte à Paris car il n’a pas été à la hauteur des espoirs de son père pour lui succéder à la tête de l’entreprise. Il y retrouve François, son frère cadet, qui démarre une carrière journalistique dans un journal à la rubrique fait divers après avoir croire à ses parents qu’il était rentré à l’école normale supérieure. Etienne, le dernier frère, qui séjourne à Saïgon pour retrouver son amoureux, légionnaire embarqué dans la guerre d'Indochine et qui au passage découvre le Traffic d’argent des piastres qui finance le vietminh et enrichit trafiquants et personnalités politiques françaises. Tandis que la petite dernière, Hélène, ne rêve que de quitter Beyrouth et ses parents.
Le livre est plein de rebondissements tous surprenants et nous enseigne sur l’après-guerre et les mœurs de l’époque.
A la fin du livre, on veut vite pouvoir lire la suite…

Une soirée fort conviviale d’échanges enrichissants autour des livres choisis par Fred, Christian, Francis, Jo, Angèle, Claude, Raphaël, Laurence, Nicole, Élisabeth, Évelyne, Florian, Michèle, Jacky et Miguel.
Livres présentés (Animation et compte rendu par Miguel et Michèle) :
1/ Nicole : « Anéantir » – Michel Houellebecq (janvier 2022- Flammarion)
Avec son le 8ème roman - 780 pages-, au titre provocateur, et très bien documenté, Houellebecq nous projette dans l’année 2027. Se mêlent, s’entremêlent, les drames de la vie intime, celle de Paul et Prudence, la politique, le quotidien d’une société occidentale, la fuite par le rêve, des attentats... Un grand thriller politique. Le récit ménage de nombreuses surprises, comme celle de l'apparition d'un avatar réaliste de Bruno Le Maire dont le personnage principal du roman est l'un de ses conseillers, Paul Raison, un haut fonctionnaire de 47 ans.
Le livre n’a pas de fin… On sent l’empathie de l’auteur.
Nicole a été emballée par le livre.
2/ Fred : « Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan » - Laurent Perez (Éditions les Escales octobre 2021)
Ce livre dit la puissance de l’amour d’une mère juive séfarade, très protectrice pour aider son fils Roland, handicapé (né avec un pied bot). Avec acharnement, elle parviendra à le faire opérer. L’enfant devra rester alité de longs mois au cours desquels il découvrira le monde et apprendra à lire grâce à la télévision et surtout en écoutant la star préférée de la fratrie familiale : Sylvie Vartan. C’est lumineux, c’est plein d’humour, c’est attachant. Pour Fred c’est une lettre d’amour. Il en a parlé avec grande émotion.
3/ Laurence : « Une éducation » – Tara Westover (Lattès 2019)
Roman autobiographique qui dit le combat de Tara pour échapper à sa famille qui appartient à la secte des Mormons. Comment se construire, comment évoluer , comment devenir docteur en histoire, hors de la famille sans la trahir ? Une expérience singulière, un témoignage édifiant, d’une grande force.
4/ Raphaël : « Les Guerriers nus » - Jean-Marie Lamblard (Imago 2005)
L’auteur, né à Tavel en 1938, devenu inspecteur général du Théâtre nous livre un récit épique qui oppose les Celtes, ancêtres du peuple provençal, ceux qui allaient combattre nus, aux Grecs installés à Massalia, l’antique Marseille.
Quelques colons grecs partis d'Orient fondèrent en terre ligure la ville de Massalia - la Marseille antique. Ces nouveaux venus d'une autre civilisation prospérèrent rapidement, suscitant dans la population environnante attirance et hostilité. Jusqu’au moment où les tribus alentours, gaulois ou celto-ligures ressentent cette présence comme invasive et décident de reprendre la main et de soumette la cité devenue puissante. Les Gaulois, de tradition orale imposent leur puissance par la guerre et le combat physique. Leur richesse se construit sur le pillage et la vénération de l’or. Les Grecs ont une autre approche fondée sur la littérature, le commerce.
Cette évocation romanesque nous est racontée avec une verve poétique et fait revivre avec beaucoup d’humanité ces guerriers redoutés défaits mais invaincus.
5/ Claude : « Je m’appelle Asher Lev »- Chaïm Potok (1994 Buchet Chastel; 2007 10/18 )
Roman autobiographique. Tout jeune Asher est attiré par le dessin, au grand désespoir de son père très croyant qui estime que cette expression artistique est incompatible avec la tradition religieuse juive. Le jeune homme pourra néanmoins poursuivre sa vocation, s’épanouir grâce à son talent, exposer et devenir célèbre.
Un roman magistral sur les affres du génie artistique, bien souvent synonyme de déchirements culturels, spirituels et intimes
6/ Evelyne : « Regarde les lumières mon amour » - Annie Ernaux (2014 Seuil; 2016 Folio)
C’est un journal tenu par l’autrice entre 2012 et 2013, dans lequel elle consigne ses observations quand elle fait ses courses dans un supermarché, elle nous fait part de ses sentiments, de ses interrogations. Une analyse sociétale intéressante, ludique et originale. L’hypermarché est un grand rendez-vous humain, un véritable spectacle. Sa fréquentation est très loin de se résumer à la seule corvée des courses. Dans le journal de ses visites, la romancière livre les sentiments mêlés, attirance mais aussi interrogations, que suscite en elle ce haut lieu de l’abondance. Manifestement le regard d’Evelyne a changé quand elle fait ses courses. Elle a su nous communique sa nouvelle approche.
7/ Florian : Une BD « Le château des animaux » scénarisée par Xavier Dorison et dessinée par Félix Delep, (Casterman 2018 et en cours pour les autres tomes à paraître)
Quelque part dans la France de l’entre-deux guerres, niché au cœur d’une ferme oubliée des hommes, le Château des animaux est dirigé d’un sabot de fer par le président Silvio… Secondé par une milice de chiens, le taureau dictateur exploite les autres animaux, tous contraints à des travaux de peine épuisants pour le bien de la communauté…
Miss Bengalore, chatte craintive qui ne cherche qu’à protéger ses deux petits, et César, un lapin gigolo, vont s’allier au sage et mystérieux Azélar, un rat à lunettes, pour prôner la résistance à l’injustice, la lutte contre les crocs et les griffes par la désobéissance et le rire… Une série de BD fantastique, en contrepoint à La ferme des animaux d’Orwell. Ces fables animalières nous invitent à une multitude de réflexions ... L’ironie est la réponse à la violence, la résistance fait face à l’autoritarisme, à l’injustice … Ludique et très actuel !
Manifestement Florian est un fan !
8/ Jo : « American Dirt » – Jeanine Cummins (2018 Philippe Rey; 2022 10/18)
La fuite d'une mère et de son fils, mexicains, pour fuir un cartel de la drogue d’Acapulco après le massacre de plusieurs membres de leur famille . Ils vont intégrer la horde des migrants voulant passer clandestinement aux États-Unis. American Dirt raconte l’épopée de ces femmes et de ces hommes qui ont pour seul bagage une farouche volonté d’avancer vers la frontière américaine. Un récit marqué par la force et l’instinct de survie de cette mère et de son enfant. C’est violent, réaliste fort en émotion ce que Jo a su nous transmettre avec force relayée par plusieurs participants qui avaient aussi lu le livre.
9/ Elisabeth : « L’évènement » - Annie Ernaux (2000 Gallimard; 2001 Folio)
Deuxième ouvrage de la même écrivaine cette soirée.
Un récit autobiographique. Un épisode douloureux vécu lors de ses études universitaires. Une expérience initiatique de vie et de mort, d’humiliation en cette décennie 60, ou l’avortement constituait encore un délit. Un récit qui dit le traumatisme lié au mépris, aux tabous qu’il faut affronter, aux préjugés de classe.
Elisabeth a lu plusieurs passages du livre pour en montrer le style ciselé et évocateur.
10/ Francis : « A l’orée du Verger » - Tracy Chevalier ( 2016 Table Ronde; 2018 Folio )
Au XIX -ème siècle, la saga de pionniers paysans installés dans l’Ohio, qui tentent de faire pousser des arbres fruitiers dans des terres marécageuses, insalubres, ingrates à souhait. La fiction historique est décrite avec réalisme, humanité, c’est captivant.
Francis nous a raconté qu’il lisait chaque année ce roman et qu’à chaque fois il y puisait de nouvelles choses tant le récit est fort.
11/ Angèle : « L’être et le néon » (2022 Les Editions de Labadié)
Récit plein d’humour et pudeur et d’élégance. Hymne à la vie. Fragilité de la vie, chance d’être sur terre. Combat quotidien à l’hôpital dans une lutte contre le cancer (un lymphome)
12/ Christian : « Les Rouges du Midi »- Félix Gras (1896 épuisé)
Félix Gras, fervent républicain, né à Mallemort du Comtat raconte le cheminement d’un enfant né dans le Vaucluse, Pascalet, qui pour sortir de sa condition de paysan pauvre, va s’engager aux côtés des Marseillais pour renverser « le tyran ». La version du livre présentée par Christian est double : français et provençal Li Rouge dóu Miejour . La république reprendra le chant entonné pas ces hommes valeureux et qui depuis porte leur nom : La Marseillaise. Premier roman historique écrit en langue provençale, cet ouvrage connut un immense succès outre-Atlantique, avant même sa parution en France. A découvrir ou redécouvrir pour mieux comprendre du côté du peuple cette période de l’histoire de France et de notre Provence.
13/ Michèle : « Azincourt par temps de pluie »- Jean Teulé (2022 Mialet Barrault)
Avec sa gouaille habituelle et une langue bien verte mais jamais obscène, Jean Teulé revisite une tragique et sanglante défaite historique en une pasquinade : Azincourt 1415, où la chevalerie française fut décimée. 6000 chevaliers tués ! Une lecture ludique et enrichissante car les faits historiques sont respectés. Avec la verve qu'on lui connaît et son sens du détail qui tue, Jean Teulé nous raconte ces trois jours dantesques où, sous une pluie battante, des milliers d'hommes se sont massacrés dans un affrontement sanglant d'autant plus désastreux que cette bataille était parfaitement inutile.
14/ Jacky : « Marie-Claire » – Marguerite Audoux (2019 Talents hauts)
Il y a peu d’écrivaines qui sont issues du milieu populaire, d’abord parce qu’on est une femme et puis pauvre c’est pas facile, ça semble mais c’est pas facile… il faut donc que vous lisiez Marguerite Audoux. Elle vient de nulle part et on est en 1910 !!! Orpheline, bergère, couturière, elle écrit dans un carnet sa vie… Un miracle d’intelligence et de sobriété, Son premier roman, Anne-Marie, est publié grâce à un ami d’Octave Mirbeau qui l’a présenté au maître es-découvreur de talents. (Les Impressionnistes, c’est lui mais aussi maints auteurs) Ce coup d’essai est un coup de maitresse puisqu’elle obtient le prix Fémina la même année… Vous savez ce que signifie « écrire merveilleusement » ? Ceux qui ont lu Marguerite Audoux le savent. Son biographe l’a comparée à Marguerite Duras, une autre Marguerite, précise-t-il… c’est faux … elle est incomparable. « Sœur Gabrielle était toute petite, vieille, maigre, et courbée ; elle dirigeait le dortoir et le réfectoire. Au dortoir, elle passait un bras sec et dur contre notre chemise et le drap, pour s’assurer de notre propreté, et elle fouettait à heure fixe, et avec des verges, celles dont les draps étaient humides. Au réfectoire, elle faisait la salade dans une immense terrine jaune. Les manches retroussées jusqu’aux épaules, elle plongeait et replongeait dans la salade ses deux bras noirs et noueux, qui sortaient de là tout luisants et gouttelants, et qui me faisaient penser à des branches mortes les jours de pluie » Faîte lui une place dans votre bibliothèque, elle prendra de la valeur…

Des fidèles au rendez-vous! Tous n’ont pas présenté de livre, mais tous ont été attentifs et intéressés par les livres présentés au cours de cette soirée. Ce qui a donné lieu à des échanges très riches.
( Animation: Miguel, Compte rendu: Michèle):
1- Elisabeth : Celui qui veille, de Louise Erdrich - (éditions Albin Michel 2022 - Prix Pulitzer 2021)
Inspirée par son grand-père maternel, qui a lutté pour préserver les droits de son peuple, Louise Erdrich, qui par sa mère a du sang amérindien, nous raconte une aventure humaine qui a pour décor le Dakota Nord – 1953 - , peuplée de personnages inoubliables : Thomas Wazhashk, président du conseil consultatif de la Bande d'Indiens Chippewas de Turtle Mountain, déterminé à lutter contre le projet du gouvernement fédéral censé « émanciper » les Indiens, Patrice/Pixie, la nièce de Thomas qui souhaite reprendre ses études pour être plus libre, Véra, sa sœur partie pour la grande ville, Wood Mountain et Barnes , ses prétendants…
Un roman biographique de cinq cents pages, riche, foisonnant, réaliste, profondément humain qui met en lumière la politique inique du Congrès américain envers le peuple Indien.
Une lecture passionnante.
2- Evelyne : Les Huit Montagnes, de Paolo Cognetti – (éditions Grasset 2016 - livre de poche 2018)
(Prix Médicis étranger 2017, Ce roman est devenu un film présenté en compétition au Festival de Cannes 2022.)
Pietro est un jeune milanais, Bruno un enfant des montagnes du Val d’Aoste. Ils ont 11 ans tous
les sépare mais la montagne va les rapprocher et en faire des amis. Le père de Pietro aime les longues randonnées en montagne où il entraîne son fils malgré son mal des cimes. Pietro et Bruno deviendront amis. Vingt ans plus tard, c’est dans ces mêmes montagnes et auprès de ce même ami que Pietro tentera de se réconcilier avec son passé – et son avenir.
Un roman autobiographique écrit dans une langue pure et poétique, sans longueur, un livre sur l’apprentissage de la vie, sur l’amitié , un hommage à la montagne et à la nature, un coup de cœur qu’Evelyne aime à relire. Un film a découvrir bientôt en salle.
3- Claude: L’infini dans un roseau d’Irène Vallejo - (Editions Belles lettres 2021)
- Prix national de l’essai et prix espagnol de l’Association des Librairies.
Un (imposant) essai que l’on lit comme un roman, qui raconte avec érudition, passion, lyrisme et talent l’invention des livres dans l’Antiquité, un périple historique à l’est de la Méditerranée
(Mésopotamie, Égypte, Grèce) puis à Rome.
Le titre de cet ouvrage évoque le roseau qui a constitué l'une des premières surfaces d'écriture, le papyrus mais aussi le calame qui sert à écrire… des livres! Le livre qui libère, qui diffuse des idées et qui devient pour certains, un objet dangereux.
(Un joli écho à Une histoire de la lecture d'Alberto Manguel)
4- Laurence: Just Kids de Patty Smith - (éditions Denoël 1999 - folio 2013)
Un récit autobiographique, intimiste, qui retrace ses années de jeunesse, de sa carrière chanteuse , guitariste punk rock mais aussi de poète, d’écrivaine, d’artiste peintre et de
photographe, ses joies, ses peines, elle parle de son ami Robert Mapplethorpe, de leur amitié et de leur liaison fusionnelle, qui durera de 1967 à 1969. C’est aussi la découverte d’endroits mythiques. C’est un petit bijou, joliment écrit, émouvant passionnant à lire. Voir sur Arte -replay un portrait de Patty Smith.
5- José : Marchands de mort subite de Max Izambard - (éditions du Rouerge 2021)
C’est un roman noir, une comédie tragique qui commence par un coup de fil: Pierre Marlot, est
informé par le consulat de France en Ouganda que sa fille Anne, journaliste a disparu depuis qu’elle
a passé illégalement la frontière pour se rendre en République démocratique du Congo. Sa fille enquêtait, en fait sur le commerce illégal de l’or entre les deux pays. Les personnages sont nombreux permettant ainsi à l’auteur de multiplier les points de vue de chacun pour donner au lecteur une vue plus large des évènements.
Quand la recherche de la justice, de la vérité, s’affronte à la soif de pouvoir , de richesse, de lucre, un éternel combat...
Roman choral dur, fort mais qui se lit facilement.
6- Marlies : Blackwater I, La Crue, de Michael McDowell - (éditions Monsieur Toussaint Louverture 2022)
Avant de nous parler du livre choisi, Marlies revient sur les autres présentations, celles de Claude et Elisabeth, notamment, pour mettre en exergue le pouvoir du livre, la chance d'avoir une loi du livre en France, qui rends accessible la diffusion des idées et les problèmes liés à la surproduction diffusion des idées par le livre et fait un parallèle avec la situation actuelle au Chili avec le peuple Mapuche dont les terres sont spolier pour produire de la pâte à papier internationale.
Une fresque familiale dans le sud des états-unis en 1919, en 6 tommes, le dernier à paraître prochainement: manipulation, rebondissement à foison, c’est romanesque, effrayant, fascinant, joliment illustré et peu onéreux! Michael McDowell a une écriture cinématographique qui nous plonge dans un univers que l'on ne veut plus lâcher, à l'affut des choses étranges à la Edgard Alan Poe.
7- Michèle : Une Française libre : Journal 1939-1945 de Tereska Torrès - (Editions Libretto 2022)
Tereska sort tout juste de l'adolescence quand la Seconde guerre mondiale éclate . Née de parents polonais émigrés, convertis au catholicisme, son père, Marek Szwarc, est un talentueux sculpteur qui s'engage dans l'armée polonaise et se retrouve en Angleterre. Il y sera rejoint par son épouse
Guina et sa fille. Tereska va alors s'engager pour toute la durée de la guerre dans le corps féminin des Forces françaises libres. Elle va y faire son apprentissage de la vie qu'elle va retranscrire dans son journal intime. Ce récit révèle le portrait d'une jeune diariste aventureuse, courageuse, passionnée, enthousiaste, sincère, amoureuse, c'est une narration historique intéressante.
8- Miguel: Inigo, de François Sureau .
Le livre n’a pas pu être présenté, faute de temps. Il le sera en septembre. Il s’agit du récit d’un épisode majeur de la vie d’Ignace de Loyola.