
La Librairie a son club lecture !
Tout les premiers vendredi du mois.
Venez nous parler du dernier livre qui vous a emporté à chaque page... Chacun des participants pourra parler librement d’un livre qu’il aura lu récemment. Faites le nous connaître, partagez votre avis en essayant de donner envie à d’autres de le lire ♥
Un moment d'échange et de partage, Réservation à la librairie 15/20 places.
Seulement dix présentations de 8 minutes - suivi de discutions autour du verre de l'amitié...
– en partenariat avec Partages Culturels en Provence -

Le 5 mai nous étions en petit comité, sept livres ont été présenté :
Prochaine rencontre le 2 juin.
Daniel :« BOTAFOGO » de Aluizio de Azevedo – H O
João Romão est un émigré portugais prêt à tout pour faire fortune dans l’Eldorado brésilien du
XIXe siècle. Il règne sans partage sur la petite cité ouvrière de Botafogo, dans la banlieue sud de
Rio de Janeiro, bidonville fait de bric et de broc qu’ il a lui-même contribué à édifier grâce à de
nombreux larcins et à l’exploitation la plus cynique de ses contemporains. C'est lui qui décide qui vit
là et qui part. Travailleur infatigable, boutiquier sans scrupule, il s’acharne jour après jour à amasser
une fortune dont il ne tire aucun plaisir. Sa vie est rythmée par les petits drames et scandales qui se-
couent régulièrement la favela : querelles de voisinage, jalousies de couple, sanglants règlements de
compte ou descentes de police. Il doit surtout veiller, dans ce petit monde de passion et de jeunesse,
à ce que les intrigues amoureuses et sexuelles qui éclatent régulièrement comme pluies d’orage ne
nuisent pas à sa réussite. Avec un humour tout à la fois féroce et bienveillant, Aluizio Azevedo2
porte un regard sans concession sur les grands et les petits travers de ses compatriotes et, plus géné-
ralement, de l’humanité tout entière.
Ce livre est considéré au Brésil comme un classique de la littérature, il est sans aucun doute, au-
jourd’hui encore, l’un des témoignages les plus marquants et les plus vivants de l’identité de ce
pays hors-norme.
Robert : « Les médias contre la gauche » de Pauline Perrenot- Ed AGONE
Voici un livre militant présenté avec enthousiasme par Robert !
Cet essai est le procès d’une absence, celle de la gauche, reléguée au second plan dans la presse de-
puis 2017. L’autrice analyse la façon dont le débat public a été verrouillé par les médias dominants,
qui ont redoublé d’efforts pour bipolariser les champs politique et journalistique. Basé sur une do-
cumentation précise, ce livre retrace l’effondrement intellectuel du « journalisme politique », qui a
perdu tant en substance qu’en consistance, laissant le storytelling remplacer l’information. Pauline
Perrenot s’appuie sur le traitement des thèmes qui ont « fait » l’actualité : maintien de l’ordre, son-
dages, loi sécurité globale, gilets jaunes, violences policières, émergence de Zemmour. Elle a écrit
ce livre pour que la disparition de la gauche ne passe plus inaperçue.
Manifestement Robert a été convaincu par la démonstration !
Pierre : « Le léopard des neiges » de Peter Matthiessen GALLIMARD
En septembre 1973, Peter Matthiessen part pour le Dolpo, une région du Népal située à la frontière
du Tibet, avec le zoologiste George Schaller. Il veut faire un comparatif entre les chèvres bleues et
les chèvres américaine. Schaller lui veut observer des léopards des neiges qui est un prédateur des
chèvres. Jamais ils ne verront de léopard des neiges, seulement des traces.
Dans ce journal de route, il apparaît très vite que Matthiessen vit cette expédition comme une aven-
ture plus spirituelle que véritablement scientifique. Pour lui, adepte du bouddhisme zen, ce sera sur-
tout un pèlerinage à l'ancien monastère de Shey Gompa et, enfin, un voyage hors de la " civilisation
" du XXe siècle.
Pierre a présenté un parallèle avec le livre de Sylvain Tesson « La panthère des neiges » montrant
comment Tesson, d’une certaine manière, s’est inspiré de Matthiessen.
Claude « Un Anthropologue en déroute » Nigel Barley- Ed PAYOT ET RIVAGES
Le titre " un anthropologue en déroute" est a priori incongru !
Pour sa thèse, il avait choisi les Anglo-Saxons, mais tout plan de carrière impliquant une mission
d'étude, c'est finalement dans une modeste tribu montagnarde du Nord-Cameroun, les Dowayos
qu’il va atterrir.
Son récit est un voyage initiatique dans lequel il enchaîne les galères, les maladies, il se fait prome-
ner, rouler dans la farine.
Non que les Dowayos se montrent hostiles, mais insaisissables plutôt, et imprévisibles. Tarley se
voit transformé tour à tour en infirmier, banquier, chauffeur de taxi, vidé, exploité jusqu'à l'os par
une tribu hilare !3
Il finira par comprendre que l'objet d'observation, en fait, c'est lui. Il voulait une étude sur le terrain
? Eh bien en voici une, mais sur l'anthropologue lui-même, en campagne - disons plutôt en déroute
...
Grâce à son style, Nigel Barley a su créer de l'empathie du lecteur.
Sous la drôlerie du propos, Nigel Barley conduit une réflexion singulièrement aiguë sur la compré-
hension entre les cultures
Son récit montre comment ses idées (ses découvertes) se sont peu à peu mises en place.
Ce n'est pas une thèse, c'est un journal revisité, c'est une initiation à d'autres cultures et à la mission
d'anthropologue.
Dans la discussion Claude fera le lien avec le livre présenté plus loin « L’établi ».
Jacky : « Le héros de Berlin »- Maxim Leo- ACTES SUD
Michael Hartung, qui tient un des derniers vidéo-clubs de Berlin, reçoit la visite d'un journaliste.
Des dossiers exhumés de la Stasi montreraient qu'un jour de juillet 1983 Hartung, à l'époque aiguil-
leur, aurait organisé l'évasion de 127 personnes vers l'Ouest dans un train de banlieue. L'intéressé
nie d'abord catégoriquement mais la tentation d'être un héros est trop belle... Et puis il est payé pour
raconter son histoire dont il cache la part de secret. Les médias s'emparent de l'histoire, un livre et
un film sont en préparation, Hartung est célèbre ! Mais lorsqu'il rencontre Paula, une jeune femme
qui était à bord du train détourné, et tombe amoureux d'elle, il comprend qu'il va devoir trouver un
moyen de s'extirper du mensonge dans lequel il s'est enferré.
On ne peut qu’inviter à lire le livre car l’enquête est passionnante et va révéler une vérité in-
croyable..
Josée : « La frontière des oubliés »- Aliyeh Ataei- GALLIMARD
Neuf récits composent « La frontière des oubliés » et retracent le parcours de l’écrivaine, depuis sa
fuite, enfant, de la frontière afghane pour se bâtir une vie à Téhéran.
Dans chacune de ces parts de vie qui se font écho, elle brosse le portrait de ses compatriotes exilés,
des « frontaliers », souvent des femmes, qui portent tous des traces de la guerre, des plaies pro-
fondes marquées par des balles invisibles. À chaque rencontre, elle s’interroge sur la violence, l’exil
et l’identité. Et en s’imprégnant de son propre vécu, Aliyeh Ataei embrasse ici plus largement le
sort de tous ceux qui ont hérité des « chromosomes-douleurs », se faisant l’écho de leurs voix si peu
audibles.
« La frontière des oubliés » révèle une nouvelle plume puissante venue d’Iran. C’est un livre qui se-
coue.
Miguel : « L’établi » de Robert Linhart- EDITIONS DE MINUIT
L’Établi est un livre qui raconte l’expérience de l’auteur qui, professeur de philosophie à l’univer-
sité, a quitté fin 1968 son travail et son statut pour aller travailler comme OS2 dans une usine Ci-
troën de la porte de Choisy.
Il voulait vivre, comme des centaines d’autres intellectuels, avec la classe ouvrière afin de préparer
la véritable révolution a peine commencée par les événements de 68.
Il raconte la chaîne, les méthodes de surveillance et de répression, il raconte aussi la résistance et la
grève dont il est l’instigateur. Il raconte ce que c'est, pour un Français ou un immigré, d'être ouvrier
dans une grande entreprise parisienne organisée de façon tayloriste.4
L’expérience est douloureuse physiquement et moralement. S’il arrive à nouer de véritables amitiés
avec ses compagnons de l’usine, il se heurte aussi à la violence des rapports sociaux et fait
l’épreuve que l’on ne peut impunément traverser les classes sociales. Il sera écarté par la hiérarchie
de l’usine puis licencié.
Après une année de dépression il retrouvera son poste de professeur d’Université.
Le livre a donné lieu a un film récent qui retrace bien la condition ouvrière de l’époque sans pou-
voir reprendre tous les détails du récit écrit.

( Animation : José Compte rendu : Michèle)
Claude : La petite fille de Bernhard Schlink – Gallimard.
Ce livre se divise en trois parties.
À la mort par overdose de son épouse Birgit, qui vivait dans un profond mal-être, Kaspar, libraire, découvre un pan de la vie de celle qu’il a tant aimé et qu’il avait toujours ignoré : Avant qu’il ne fasse passer sa future épouse à l’Ouest, Birgit, en RDA, a connu un autre homme avec qui elle a conçu un enfant, abandonné à sa naissance. C’est son amie Paula qui a pris en charge cette démarche. Il décide d’aller à la rencontre de cette belle-fille inconnue.
Kaspar retrouve Svenja, qui a connu une vie très mouvementée avec de mauvaises fréquentations. Elle a épousé un néo-nazi et élève sa fille Sigrun dans cette mouvance « Völkisch ».
Faisant miroiter l’héritage de Birgit , il demande à ce que sa belle-petite fille passe des moments avec lui. Mais Sigrun, adolescente, endoctrinée n’adhère pas aux idéologies de cette Allemagne où le racisme fait souvent loi.
La petite- fille repart chez les siens.
Le grand-père retrouvera sa petite -fille plus tard pour partager dans l’affection de beaux moments culturels.
A travers ce roman émouvant , intéressant et bien mené, Bernhard Schlink nous immerge dans l’histoire de l’Allemagne de 1960 à nos jours, un pays scindé en deux pendant plus de trente ans, un pays où l’extrême droite refait surface .
Michèle : Les partisans Kessel et Druon, une histoire de famille Dominique Bona - Gallimard
Une triple biographie consacrée à Joseph Kessel, Maurice Druon et Germaine Sablon à travers le prisme de la création du chant des Partisans, l’hymne de la Résistance, écrit à Londres en 1943 par l’oncle et le neveu et enregistré par Germaine Sablon, chanteuse de music-hall, maîtresse de Kessel.
La paix revenue Kessel, le baroudeur, voyagera beaucoup , signant de nombreux reportages qui font exploser les ventes de France soir, il publiera de grands livres l’armée des ombres, le Lion, les Cavaliers..., Druon, passionné de mythologie et d’histoire, se consacrera aussi à la littérature : les Grandes familles, les Rois maudits ...et deviendra ministre de la culture. Tous deux seront élus , à quatre ans d’intervalle, à l’Académie française (Druon en sera le secrétaire perpétuel)
Germaine Sablon terminera la guerre, engagée dans le corps des infirmières de l’armée, ne reverra plus Kessel, et quittera la scène pour laisser place à son frère Jean, chanteur de charme aux grands succès.
Une biographie vibrante , bien documentée, agréable à lire.
JOSE : Sur le méridien de Greenwich de Shady Lewis - Sindbad
Le narrateur, un Égyptien de la communauté copte installé à Londres, est sollicité par un cousin pour gérer les obsèques d'un jeune réfugié syrien musulman Ghiyath totalement inconnu, dont la famille est restée au Caire avec toujours l’espoir d’en partir . Dans les trois jours qui séparent le moment où il accepte cette grande responsabilité de la date de l'enterrement, il sera amené à faire face aux contradictions religieuses , administratives, philosophiques et aux absurdités des autorités égyptiennes et de l'administration anglaise, à confronter les deux mondes, à revisiter le passé et à se remémorer d'autres êtres et d’autres pans de vie à jamais disparus.
L’échange téléphonique du narrateur avec son cousin est un vrai grand moment réjouissant de loufoquerie et d’humour.
Le méridien de Greenwich est la métaphore de deux mondes différents , roman rafraîchissant sur le thème de l’exil.
Jacky : Le testament caché de Sébastien Barry -Folio
L’histoire qui couvre la période allant de 1925 aux années 2000 est racontée par une centenaire ,
Roseanne Mc Nulty, de confession protestante, enfermée dans un hôpital psychiatrique depuis de très longues années.
L’institution doit fermer et un psychiatre doit évaluer si la vieille femme est en capacité de réintégrer la société. Pour cela il lui faudra découvrir les raisons de cet internement si long.
A travers l’histoire tourmentée de Roseanne et de son père c’est le pouvoir plénipotent de la religion catholique qui est mis en exergue, une société corsetée, la condition douloureuse et tragique des femmes à cette époque , l’histoire politique de l’Irlande . Les deux protagonistes du roman sont attachants, un roman émouvant, vrai.
Marlies : Suzuran (le muguet) de Aki shimazaki - Actes sud
Roman - 1er tome d’un nouveau cycle - écrit en français au Canada et racontant dans un style ciselé l’histoire d’une famille japonaise.
Ce premier tome est consacrée à Anzu, la cadette , femme célibataire, potière, effacée qui vit seule avec son fils. Sa vie consacrée à son art, va être chamboulée par le retour de sa sœur aînée, une femme moderne, séduisante, ambitieuse , son époux l’accompagne et la cadette va tomber sous le charme de son beau-frère.
C’est une histoire pleine de sensibilité , toute en douceur et en émotions.
Le roman est émaillé de mots japonais , plongeant plus avant le lecteur dans cette ambiance japonaise si particulière.(un lexique figure en fin de livre)

( Animation : Miguel/ Compte rendu : Miguel/Michèle)
Miguel: « Le silence et la colère » Pierre Lemaitre- Editions Calman Levy.
Après une première trilogie « Les enfants du désastre » (Au revoir là-haut , Miroir de nos peines, Couleurs de l'incendie, tous en poche) Lemaître a entrepris l’ écriture d’une nouvelles trilogie : Les années glorieuses. Le premier tome est déjà sorti en livre de poche et le Silence et la colère nous fait retrouver la famille Pelletier et ses trois enfants, Jean, François, Hélène ( L’ainé Etienne est décédé dans le premier tome). Le roman bien documenté est cadencé, les intrigues s’entremêlent. Les événements narrés sont foisonnants et abordent des thèmes divers : le progrès, la création de grandes surfaces commerciales, les avortements clandestins, le travail des femmes en usine, la création d’un barrage qui fait disparaitre un village le tout accompagné d’une intrigue policière glaçante. Bref un grand roman populaire.
Le style est un peu lourd, il faut dire que cette lecture vient après celles des livres de Giono où les phrases sont ciselées, pleines de poésie et d’humanité. On ne joue pas dans la même cour…
Michèle : « Camus, La Peste, et le coronavirus » de Jean-Yves Guérin. Editions Honoré Champion.
Jean-Yves Guérin, émérite camusien, s'attache à mettre en exergue, à décortiquer les analogies et les différences entre le coronavirus et les autres fléaux, dont La Peste d’Albert Camus : solidarité, solitude, trafics en tous genres, prophylaxie, statistiques, décompte des décès, stratégies des autorités, urgences et priorités (confinement, séparation, exil...), controverse du corps médical., prise en charge en fonction du niveau social ..
Cet ouvrage complet, excellemment documenté et annoté permet de comprendre encore mieux toutes les subtilités de La Peste (roman métaphorique et métonymique) et à qui le veut, d'engager une réflexion personnelle parce que chacun la porte en soi (la peste) , parce que personne au monde, non personne n'en est indemne.
Laurence : « Les enfants endormis » de Anthony Passeron. Globe
C’est un premier roman à succès couronné par le Prix Wepler, Fondation de la poste. Anthony Passeron , pendant le confinement lié au covid, décide d'interroger le passé familial. Il évoque l'ascension sociale de ses grands-parents devenus bouchers pendant les Trente Glorieuses, puis le fossé grandissant apparu entre eux et la génération de leurs enfants qui découvrent l'urbanité. Il croise deux histoires qui se font écho : celle de l'apparition du sida dans cette famille de l'arrière-pays niçois - la sienne (l'oncle Désiré toxicomane décédera du sida, on en parlera qu'à demi-mots, c'est le secret honteux de la famille ) - et celle de la lutte contre la maladie dans les hôpitaux français et américains.
C'est une lecture forte, passionnante, la partie sociale est émouvante, celle dédiée à la recherche médicale est particulièrement bien documentée, on y apprend plein de choses.
Claude : « L'autre nom du bonheur était français » De Shumona Sinha. Gallimard
Shumona, fille d'une famille d'intellectuels, originaire de l'Inde (Calcutta) , verra son enfance et son adolescence bercées par la littérature.. Elle dévore la littérature bengali, indienne, mais aussi, à travers les traductions, la littérature américaine, l’espagnole, l’anglaise et la française. A vingt-deux ans, elle découvre le français, en fera l'apprentissage et tombera amoureuse de cette langue « vitale et libératrice » . Elle en aime sa polysémie, et pour mieux s'approprier l'idiome , elle s’expatriera en France à l'âge de 28 ans. C'est son parcours , ses tribulations tantôt savoureuses, tantôt douloureuses qu'elle raconte dans cette autobiographie , puissante , vibrante , sincère. Elle décrit des expériences et un vécu souvent difficiles pour une femme qui restera malgré tout une française « étrangère ». Claude nous a lu de magnifiques extraits du livre dont un paragraphe sur « langagement » ( le langage qui se met en route dés le matin…) illustrant ainsi la façon de l’autrice de jouer avec les mots.
Évelyne : « Sans jamais atteindre le sommet, (Voyage dans l'Himalaya) » de Paolo Cognetti. Stock
Deuxième livre de Paolo Cognetti présenté par Evelyne, c'est le carnet de bord tenu par l'auteur lors de son expédition dans le Dolpo, région reculée au nord-ouest du Népal, entre hauts plateaux et vallées.
Outre les 22 membres de la caravane, le livre culte « Le Léopard des neiges » de Peter Matthiessen lui tiendra compagnie. C'est d'ailleurs cet ouvrage qui l'a incité à entreprendre ce trek - 300 kilomètres, huit cols- et à le préparer en suivant les conseils de l'écrivain.
Ici Paolo ne cherche pas à se dépasser, mais fait l'apprentissage du temps qui passe. De très belles méditations et observations.
Robert : « Le Fétiche et la plume » de Hélène Ling et Ines Sol Salas. Rivages
Robert nous a présenté avec un grand enthousiasme un « gros pavé » qui vise à analyser la place occupée aujourd'hui par la littérature à l'ère du capitalisme.
Il y est dit que la profusion de publications se fait au détriment de la qualité littéraire. Le livre très bien documenté permet de comprendre les ressorts des auteurs et comment ils écrivent ainsi que les impératifs auxquels il sont soumis. La présentation de Robert a donné lieu a un riche échange tendant à montrer qu’il y aurait un appauvrissement et un nivellement tant des styles que des productions.
José : « La vierge Néerlandaise » de Marente Moor. Les Argonautes.
Ces éditions s'attachent à publier des auteurs européens.
Dans ce roman, on suit une jeune femme de 18 ans qui quitte sa famille pour suivre des cours d'escrime.
José emploiera plusieurs fois le mot « étrange » pour dépeindre l'atmosphère, la fascination de Janna pour son maître d'arme, la maison d'Egon von Bötticher qui organise de vrais duels . Ce livre évoque aussi « Hélène Mayer » d'Hélène Mayer fleurettiste qui participa à plusieurs jeux olympiques. Sa photographie figure sur la couverture du livre.
Daniel : « Voyage au Congo, retour du Tchad » de André Gide. La pléiade.
André Gide fait un voyage en Afrique de juillet 1926 à mai 1927 accompagné de Marc Allegret . Il est aussi mandaté par le Ministère des colonies pour faire un rapport sur ce qui se passe dans les colonies. Ceci a donné lieu à la tenue d’un carnet de voyage.
Lors de ce voyage Gide découvre les méfaits de l'administration coloniale et s’en indigne. Il dénonce les conditions de vie des populations visitées. Son rapport aura de profondes répercussions dans la classe politique française. Son carnet de voyage décrit aussi les paysages et les atmosphères des régions visitées.
Daniel a su nous transmettre le plaisir qu’il a eu lors de cette lecture captivante et dépaysante.
Jacky : « On ne se baigne pas dans la Loire » de Guillaume Nail. Denoël
Jacky a vivement apprécié ce livre qui fait écho à sa propre expérience comme directeur de colonie itinérante.
Pour écrire ce roman, Guillaume Nail, s'est inspiré d'un fait divers dramatique survenu en juillet 1969 à Juigné sur Loire où 19 adolescents périrent noyés lors d’une colonie de vacances.
Le récit décrit tous les types de personnages que Jacky a lui aussi rencontré dans ces séjours qui font se côtoyer des adolescent des fois fantasques et des moniteurs parfois trop jeunes et peu expérimentés.
C'est un roman très prenant.

1O livres nous ont été présentés.
( Animation : Miguel/ Compte rendu : Miguel/Michèle)
Didier : « Le chemin des Estives » de Charles Wright – Flammarion (et j’ai lu)
L’auteur est à l’époque novice Jésuite. Pendant ce temps d’apprentissage et de discernement de la vocation religieuse qui dure 2 ans, il a été invité à vivre avec un de ses compagnon, lui aussi novice l’expérience de devoir pendant 4 semaines entreprendre une longue pérégrination de quelques 700 km dans le centre de la France sans le moindre argent en poche.
Les 2 apprentis jésuites n’ont pu miser, pour vivre, que sur les rencontres généreuses qu'ils ont faites tout au long de leur périple (sans portable, sans carte de crédit, sans bagage…)
C'est une ode à la liberté, à la désertion, au dépouillement et à l’aventure spirituelle.
Didier a été conquis par ce livre qu’il a eu du mal a quitter tellement il a été pris par la richesse du récit de cette aventure riche en rencontres et surprises.
Claude : « Le royaume désuni » de Jonathan Coe – Gallimard
Nous suivons de 1945 à 2021, sur 3 générations, la famille Lamb originaire de Bournville, une petite localité proche de Birmingham, célèbre pour sa chocolaterie. Nous suivons l'évolution de cette famille, du bonheur d'être ensemble, aux ruptures successives, avec en filigrane l'évolution d'une société qui adopte presque sans s’en rendre compte de nouveaux modes de pensées, d'autres regards sur le couple, ou des habitudes différentes au quotidien.
Tout cela est raconté en traversant 7 événements marquants qui font communion et donnent le sentiment d'appartenir à une nation commune : La Seconde guerre mondiale et les discours de Churchill ; le 27 juin 53 le couronnement d’Élisabeth II ; l'investiture du Prince de Galles ; le mariage de Charles et Diana en 1981 ; la mort de Diana en 1997 ; le sacre de l'équipe anglaise à la coupe du monde le 30 juin 1966 ...
Jonathan Coe décrit avec finesse la société anglaise , les dialogues sont justes, l'humour britannique si caractéristique illumine le roman.
Nathalie : « Un an dans la forêt » de François Sureau – Gallimard
En 1938, Blaise Cendrars qui a Cinquante et un an est en mal d’inspiration et n’arrive plus à écrire. Il rejoint Elisabeth Prévost , rencontrée quelque temps avant dans la forêt des Ardennes où elle élève des chevaux. Auprès d’elle, il puise l’enthousiasme et se remet à l’œuvre. Ils forment le projet d’un tour du monde à la voile, s’organisent. Mais c’est la guerre : Cendrars la quitte presque sans un mot, pour s’engager à nouveau. Ils ne se reverront pas. Nul ne sait ce qu’il y a eu entre eux pendant cette année hors du temps, mais cette rencontre fugace, magique, fut importante pour tous deux. Dans des notes trouvées après sa disparition, Élisabeth Prévost écrit : « Blaise Cendrars est l’homme qui a le plus marqué mon cœur et mon esprit. »
Nathalie nous confie avoir été quelque peu déçue par cette lecture, car elle trouve que François Sureau mêle trop des considérations sur sa propre vie au détriment de Cendrars . Mais l'écriture simple reste belle.
Josée : « Oiseaux de passage » de Fernando Aramburu - Actes Sud
Ce sont les chroniques sur 365 jours d'un suicide annoncé consigné dans un journal ,du 1er août au 31 juillet de l'année suivante, par un professeur de philosophie sous le coup des vicissitudes quotidiennes . Ce diaire est le miroir de nos propres tourments et turpitudes. C'est aussi un prétexte pour nous livrer une fresque de l'Espagne contemporaine .
On a droit aux les yeux pétillants de sa chienne Pépa, aux bons mots cinglants de son ami Pattarsouille, au retour des martinets dans le ciel madrilène, à d'innombrables raisons de réenchanter sa vie.
C'est à la fois nostalgique, plein d’humour décalé. Au final, envers et contre tout reste l'amour envers et contre tout, l'amitié, la liberté.
Un très grand roman.
Daniel : « Le quatuor d'Alexandrie » de Lawrence Durrel - Buchet Chastel
Roman choral qui prend la forme de quatre tomes qui ont été publiés entre 1957 et 1960 . Les quatre tomes constituent un seul et même roman qu'il est indispensable de lire intégralement pour apprécier toute la subtilité et l'ambition du projet littéraire. Ils relatent la même histoire racontée par des personnages différents ( Justine, Balthazar, Mountolive et Cléa)
et avec des perspectives différentes qui s’enrichissent mutuellement.
L'action se situe à Alexandrie, avant et pendant la Seconde guerre mondiale.
C'est une épopée majestueuse, opulente et sensorielle, captivante. Daniel nous a fait part de son enthousiasme pour ce livre qu’il a adoré.
Et malgré ces quatre versions qui se complètent , le fin mot de l'histoire que nous délivre Daniel est que malgré ces 4 regards « on ne connaît pas tout de la vérité ».
Marlies : « Mes désirs futiles » de Bernardo Zannoni - Edition de la Table ronde
Ce roman a été honoré par deux prix italiens.
Marlies a été attirée par le graphisme de la couverture (profil d'une fouine) et le titre.
C'est une fable philosophique , un brin mystique, pour adultes, conte initiatique ayant pour personnage principal , Archy, une fouine.
Des animaux qui vivent comme des animaux dans la forêt mais qui sont mis en scène , qui se comportent comme des humains, surtout quand ils s'agit de mettre en exergue leurs défauts (cruauté, vénalité, égoïsme...). À mi-chemin entre fable et roman d'initiation, « Mes désirs futiles » mêle aventure et philosophie pour mieux interroger la nature humaine et la force de nos désirs.
C'est violent, curieux, surprenant, déconcertant parfois .
Christian : « Montedidio » de Erri De Luca - Gallimard
Un adolescent de treize ans qui habite et travaille dans un quartier populaire de Naples au début des années soixante raconte la misère, les épreuves de la vie . Mais l'amour , sous toutes ses formes, impulse, malgré tout l'envie et la joie de vivre.
Le jeune garçon deviendra jeune homme par l'entremise d'un boomerang que son père lui a offert qui sera un peu comme un objet lui permettant de franchir cette étape qu'est l'adolescence. Ce boomerang qu'il ne quitte pas est le symbole de ce passage de l'enfance à l'adolescence.
L'histoire est un mélange de tranches de vie, de fable, de moments oniriques mais aussi parfois sordides. Des chapitres courts qui rendent aisé cette lecture et impulsent le mouvement de la vie.
Erri De Luca nous livre ici encore une fois un grand roman.
Ludovic : « Inversion » de Ludovic Deblois - Édition des Offray
Ludovic Deblois est l'auteur de ce thriller d'anticipation.
Début de la décennie 2040 : dans les rues de Shenzhen, deux chercheurs chinois s’enfuient d’un laboratoire sécurisé. À Bruxelles, un fonctionnaire européen investigue sur les algorithmes du réseau social Thot, soupçonné de manipuler les citoyens à leur insu. En Sicile, une journaliste française enquête sur le devenir de migrants disparus. À Amsterdam, un entrepreneur néerlandais déploie une intelligence artificielle pour libérer les Européens du joug de leur administration. Leur combat commun : défendre leur vision de la liberté. Face à eux, l’Agence européenne de sécurité et du renseignement intérieur mobilise ses forces pour les contrer.
L'intrigue, s'articule autour de personnages, confrontés à la gestion très cadrée des individus.
Ce roman cherche à montrer les limites et les dérives d'une société excessivement contrôlée par le numérique omniprésent En dessinant un futur possible et réaliste, Ludovic nous interroge sur la portée de nos choix présents.
Jacky : « Les Sources » de Marie -Hélène Lafon- Buchet-Chastel
Livre publié à la mort du père de l'autrice.
Un récit en trois parties , bref mais intense, tout en nuances :
Nous entrons, tour à tour, dans la tête de la mère, du père et de la fille . Une famille de paysans dans le Cantal, département qui n'est toujours pas à la pointe de la modernité, à la fin des années 6O. Une ferme isolée.
Neurasthénie de la mère qui vit dans un climat d'humiliation de peur, vie à jamais saccagée, violence du père pas toujours larvée, traumatisme des enfants, souvenirs vivaces où tout est dit, avec une écriture acérée.
Cette autobiographie romancée met en exergue la condition féminine, les violences conjugales et familiales, les aléas et déclin du monde rural. « Sources » bien mieux que « Racines » pour Marie-Hélène Lafon, car l’espoir demeure et fait vivre. La racine reste en terre, la source s'écoule et ondule...
Micaela : « Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre » de Ruta Sepetys Scripto -Gallimard
Lituanie - juin 1941 - juste avant que les Allemands n'envahissent les pays baltes . Les soviétique se livrent à une épuration planifiée par Staline : on arrête les écrivains, les artistes, les enseignants, les intellectuels, enfin, toute personne qui serait susceptible d’œuvrer contre le pouvoir central. C'est dans ce contexte que Lina, jeune lituanienne de 16 ans est condamnée à être déportée avec sa famille, eux aussi dans des wagons à bestiaux, 6 semaines de voyage infernal.
C'est un très beau roman qui rend compte des conditions effroyables de vie de tous ces déportés
dont Héléna, la mère de Lina grâce à son talent de dessinatrice et à ses crayons va témoigner. C'est un beau roman bouleversant, tout en émotion qui dénonce la tragédie de cette histoire qui reste insuffisamment connue.

Étaient présents à cette soirée : André, Catherine, Claude, Christophe, Daniel, Florian, Françoise, Frédérique, Jacky, José, Marlies, Michèle, Miguel, Robert. Onze livres nous ont été présentés ( dont deux évoqués en complément). A notre tour, de les apprécier , en profitant de ces longues soirées hivernales... au coin du feu ou sous la couette en cas de coupure intempestive.
De gaz ou d'électricité .. !
( Animation : Miguel/ Compte rendu : Miguel/Michèle)
Claude : L'ombre de l'aigle - Arturo Perez-Reverte.
Arturo Perez-Reverte fut correspondant de guerre. Il nous raconte dans un court roman, un épisode de la campagne napoléonienne de Russie à Borodino (bataille de la Moskova) vue par un bataillon d'Espagnols enrôlés de force, qui cherchent par tous les moyens à déserter le champ de bataille, afin d' échapper au massacre.et à revenir au pays. Mais le commandement français se méprend sur leurs intentions, croyant à un acte de bravoure , déclenche une charge de cavalerie qui réussit à faire reculer les Russes détruisant ainsi les espoirs des Espagnols. C'est savoureux, intéressant d'un point de vue historique et ce roman fait penser à Un Jour de colère du même auteur, qui relate la révolte des Madrilènes (2 mai 18O8) qui se soulevèrent contre les troupes napoléoniennes , un récit instructif puissant , admirablement documenté.
Florian : Le magasin des suicides – Jean Teulé (adapté aussi en BD)
Dans un monde où l' homme a perdu le goût de vivre où tout est morose, les Tuvache sont des commerçants prospères mais névrosés: Ils vendent tous les ingrédients permettant de se suicider: bonbons empoisonnés, sabre pour se faire hara kiri, corde solide pour se pendre... Tout se passe pour le mieux, jusqu'à l'arrivée d'Alan, le petit dernier qui incarne la joie de vivre...
C'est une fiction originale, grinçante, à l'humour noire , c'est drôle et décalé.
Robert : La révolte à perpétuité - Notarnicola Sante (1938-2021) (Préfacé par Erri. De Luca)
Ce sont les mémoires retraçant le parcours chaotique de ce révolutionnaire, militant, poète, criminel, mais attachant.
C'est son chemin de vie, de sa terre natale la Calabre à Turin où il s' inscrit à la FGCI puis au PCI . Il s'éloigne très vite de la gauche institutionnelle pour rejoindre des groupes révolutionnaires et anarchistes En 1963, il rencontre Pietro Cavallero. De cette rencontre naîtra le groupe de braqueurs qui entrera dans l’histoire sous le nom de Banda Cavallero. Avec les braquages, la Banda Cavallero s’attaquait au pouvoir bourgeois et capitaliste. Pour Sante et les autres, c’était une façon de combattre et de saboter un système injuste, de se réapproprier la richesse que ce système volait au prolétariat et aux pauvres, sans se faire exploiter à l’usine, sur le chantier ou d’autres lieux de travail.
André : La Peste écarlate - Jack London
Récit d'anticipation. ( écrit en 1912) mais d'une actualité prégnante. Nous sommes en 2073. Une pandémie, la peste écarlate (ainsi nommée car elle provoque une coloration rouge de la peau, et une mort quasi immédiate), sévit et ravage la planète. Le fléau a totalement bouleversé l'ordre naturel, le monde est revenu à l'état sauvage. Les rares survivants se sont réunis en tribus sans passé ni culture : les mots lire, écrire, compter, parler ont disparu du vocabulaire.
Une fable qui démontre que si la nature change, l'Homme, lui, ne change pas, ne changera jamais et provoque les problèmes auxquels nous sommes confrontés, hier comme aujourd'hui ou comme demain. Un livre lu et relu, et offert, maintes fois.
Daniel : Au-dessous du volcan – Malcolm Lowry
Un cycle sans fin : L'action se situe au Mexique dans une ville dominée par deux volcans. Le roman raconte l'histoire de Geoffrey Firmin, un consul britannique toujours sous l'emprise de l'alcool ,un homme rongé par la faute commise : officier dans l'armée britannique, durant la première guerre mondiale, à bord d’un cargo dont il était le commandant, il a laissé enfourner des prisonniers allemands dans la chaudière du navire. Il a été acquitté par la justice de son pays, mais sa conscience le ronge et ne lui permet pas d'oublier. Le roman s'achèvera par la mort du consul.
C'est le chef d'œuvre de l'auteur mais ce livre a connu de nombreuses épreuves et déboires avant son édition (manuscrit perdu, en partie dévoré par un incendie, censure, détracteurs)... Ce roman, magistralement bien écrit, connaîtra enfin un plein succès et a fait l'objet d'une adaptation cinématographique.
Josée : Le dernier des siens – Sybille Grimbert
1835. Gus, un jeune zoologiste, est envoyé par le musée d’histoire naturelle de Lille pour étudier la faune du nord de l’Europe. Lors d’une traversée, il assiste au massacre d’une colonie de grands pingouins ( ils servent d'aliments ou de totems...) et sauve l’un d’eux blessé. Il le ramène chez lui aux Orcades et le nomme Prosp. Sans le savoir, Gus vient de récupérer le dernier spécimen sur terre de l’oiseau.. Roman introspectif richement documenté qui raconte la relation touchante qui s’instaure entre l’homme et l’animal et qui s'apprivoise mutuellement.
Une belle et émouvante histoire à découvrir .
Jacky : L'odyssée de Swen - Ian Miller
Un roman passionnant, d'une bouleversante humanité qui met en scène un looser , Swen, l'incompris, un jeune suédois qui se morfond dans sa vie étriquée et son travail sans intérêt. Il part en Norvège où il s'engage dans une entreprise minière. A la suite d'un accident provoqué par un glissement de neige, il est grièvement blessé, perd un œil , il est défiguré. Pour cacher cet handicap il deviendra trappeur et ermite dans le grand nord , une vie éprouvante, dans la solitude, le dénuement, dans une nature grandiose mais particulièrement hostile. trappeur, tant bien que mal. le choix d'une vie difficile, dans la solitude et le dénuement, dans une Nature aussi grandiose qu'hostile . Il vivra alors une aventure humaine exaltante truffée de nombreuses épreuves. Il aura pour compagnon, un chien, mais aussi, un bébé...
Michèle : La Baignoire de Staline - Renaud Lyautey
L'histoire se déroule en Géorgie où Renaud Salins ( qui a choisi un nom de plume : Lyautey) a été ambassadeur pendant trois ans (2012-2016). Il connait donc parfaitement le pays et ses enjeux géopolitiques : un territoire convoité par la Russie, où les services secrets russes sont omniprésents dans la province natale de Staline.
Un étudiant français Sébastien Rouvre est retrouvé mort dans des conditions suspectes à l’hôtel Marriot. Il travaillait sur une thèse. Pourquoi faisait-il de fréquents voyages dans l'ouest du pays et en Russie ? Avant qu'un scandale n'éclate, René Turpin, conseiller à l’ambassade de France , est mandaté pour assister les inspecteurs locaux et notamment Nougo Shenguelia, personnage atypique et attachant .Turpin et Shenguelia vont sympathiser et unir leurs forces, leur matière grise et leurs réseaux pour découvrir qui était ce Français et surtout quels intérêts il avait bien pu gêner pour finir étranglé. Ce roman policier a une double intrigue et de nombreux atouts. - Il nous fait découvrir cette ex-république soviétique et relate des faits historiques méconnus . Ce qui fait entre autres l'intérêt de cette enquête, c’est l’évocation d'un des personnages dont l'ombre inquiétante plane sur cette histoire. Son nom ne sera pas révélé.
Miguel : L'opticien de Lampedusa – Emma Jane Kirby
La narration d'une histoire vraie, un drame qui se répète, actuellement, à l'infini.
Nous sommes à la fin de la saison estivale, à Lampedusa, où l'opticien et sa femme vivent toute l'année.
Avec leurs amis, ils organisent une promenade en mer sur un bateau appartenant à un de leurs amis., une parenthèse pour oublier les soucis du quotidien. Cette balade va virer au cauchemar quand ils vont découvrir des migrants ayant fait naufrage et se noyant. Ils pourront n'en sauver que 47 sur les 35O qui étaient à bord de l'embarcation. Cet épisode va bouleverser leur vie, ils se sentiront coupables ne n'avoir pas pu faire plus.
C'est une lecture qui tétanise, une description très réaliste qui met en exergue la culpabilité face à cette tragédie.
Lire aussi « Eldorado » le magnifique livre de Laurent Gaudé qui porte sur ce même thème.

Livres présentés (Animation et compte rendu par Miguel) :
Claude : Nous sommes ce que nous lisons Georges ORWELL
Quatre savoureux et courts articles rédigés entre 1936 et 1946 par Georges Orwell sur la relation au(x) livre(s) et à la lecture : en tant que libraire, critique littéraire ou simple lecteur. le dernier article va même jusqu'à évaluer le coût horaire d'un loisir comme la lecture en le comparant à celui de l'achat de cigarettes. Le lecteur goûte à l'humour d'Orwell et à son sens fin de l'observation lorsqu'il décrit celles et ceux qui se rendent dans les librairies (sans toujours s'intéresser à la qualité des livres) ou ceux qui rédigent des critiques sur des livres qu'ils n'ont pas lus.
Didier : La décision Karine TUIL.
Didier nous exposé son émotion suite à la lecture et à l’écoute en audio de ce livre. Une double expérience qu’il a hautement appréciée . Nous sommes en mai 2016. La juge d’instruction doit se prononcer sur le sort d'un jeune homme suspecté d'avoir rejoint l'État islamique en Syrie. À ce dilemme professionnel s'en ajoute un autre, plus intime : ma- 2 riée, la juge entretient une liaison avec l'avocat qui représente le mis en examen. Entre raison et déraison, ses choix risquent de bouleverser sa vie et celle du pays... L’autrice nous entraîne dans le quotidien de juges d'instruction antiterroristes, au cœur de l'âme humaine, dont les replis les plus sombres n'empêchent ni l'espoir ni la beauté
Béatrice : Roman Fleuve Philibert HUMM
Béatrice nous a parlé avec enthousiasme de ce livre le plus léger, le plus drôle, le plus malicieux, de la rentrée littéraire 2022. Elle nous a décrit l’auteur comme un peu allumé, foufou qui sur le plateau TV de la Grande librairie a fait son show. L’histoire : 3 amis ont descendu la Seine de Paris à Honfleur au mois d'août 2018 dans un canoë à pagaies. À peine larguée l'amarre et quitté le quai les trois marins d'eau douce perdent l'ancre du canot ! Peu importe : la débrouille, l'improvisation, et les muscles, feront office d'expertise et de préparation. Il y aura deux chavirements, des bivouacs au milieu des immondices sous des ouvrages d'art, une mutinerie, et beaucoup de mauvaise foi, de moqueries et de drôleries. Béatrice a ri, beaucoup ri tout au long du livre et est ébahie devant cet exploit de tenir la longueur avec de l'esprit, de l'humour, et l'envie avant tout de donner du plaisir au lecteur. Un vrai bonheur dit-elle.
Catherine : La nuit des pères Gaëlle JOSSE
Appelée par son frère Olivier, Isabelle rejoint le village des Alpes où ils sont nés. La santé de leur père, ancien guide de montagne, décline, il entre dans les brumes de l'oubli. Après de longues années d'absence, elle appréhende ce retour. C’est l'ultime possibilité, peut-être, de comprendre qui était ce père si destructeur, si difficile à aimer. Entre eux trois, pendant quelques jours, l'histoire familiale va se nouer et se dénouer. C’est l’histoire d’un père très dur. Les enfants ne se sont pas sentis aimés. Dans une conversation le père se livre et ils comprennent pourquoi il a été dur. Les voix de cette famille meurtrie se succèdent pour dire l’ambivalence des sentiments filiaux et les violences invisibles, ces déchirures qui poursuivent un homme jusqu'à son crépuscule. Gaëlle Josse livre ici un roman d'une rare intensité, qui interroge nos choix, nos fragilités, et le cours de nos vies.
José : Le Pion Paco CERDA
Un livre qui emprunte au jeu d’échecs. Structurée par les 77 mouvements de la partie Fischer/ Pomar, se trame au fil de cette confrontation une histoire à la forme originale offrant une réflexion quant à l’engagement personnel et, plus largement, sur la façon dont les deux joueurs ont été instrumentalisés par leurs gouvernements respectifs. Aux portraits des deux joueurs d’échec s’ajoutent ceux de nombreux autres « pions » voués à une cause politique durant cette année 1962 faite de turbulence où, lors de la Crise des missiles de Cuba, la guerre nucléaire a failli éclater. Ils sont tous évoqués : phalangistes, Afro-Américains, pacifistes, indigènes, militants antinucléaires, gauchistes ou militaires à l’obéissance aveugle communistes, maquisards, ouvriers, socialistes, membres de l’ETA, chrétiens, républicains, étudiants, … Ils jalonnent ce texte comme autant de « mythes » fabriqués et utilisés à des fins politiques, des personnes sacrifiées et payant le prix fort ; celui de la mort, de la prison, de l’exil ou de la solitude. Ce livre fait partie de la sélection pour le prix de la ville d’AVIGNON.
Marlies : Des rêves d’or et d’acier Émilie TON
Un premier roman autobiographique puissant et intime, dans lequel l’autrice nous raconte l'histoire de son père balloté par la grande Histoire depuis le Viet Nam, le Cambodge jusqu'en Lorraine où il est devenu ouvrier dans l'acier. Émilie Tôn enquête curieuse du vécu de son père, il offre à sa fille Émilie son histoire, son identité plurielle, riche, irréductible, à cheval entre deux cultures, ce qui provoque parfois des tensions et des incompréhensions au sein de la famille. Émilie vit cela comme une chance. Rares sont les romans qui font percevoir avec une telle acuité ce que c'est que de sentir le poids de l'Histoire collective sur la destinée d'une personne. Marlies a su nous partager son émotion en présentant le livre. Ce livre fait aussi partie de la sélection pour le prix de la ville d’AVIGNON.
Jacky : Tibi la blanche Adrien BELS
C’est un livre sur la vie d’une banlieue à DAKAR , ville que connait bien Jacky pour y être allé tant de fois. Trois lycéens attendent les résultats du bac. Malgré leurs différences sociales et ethniques, ces trois-là sont amis. Il y a Tibilé, surnommée Tibi la blanche parce qu'elle a de la famille en France où elle pourra aller étudier. Puis Rigobert, surnommé Neurone, le bon élève de la bande dont le père qui a réussi vend de grosses voitures. Puis Issa, de père inconnu et de famille pauvre, il rêve de devenir styliste et gagne déjà sa vie en cousant des boubous et des pagnes en wax. Ces trois amis font des projets d'avenir, inquiets quant à leur réussite à l'examen qui conditionne la suite de leurs études. Leur vie est un mélange d'exubérance adolescente et de respect ancestral. Un livre aux chapitres courts et au récit rythmé par les dialogues. Un roman attachant qui a emballé Jacky. Jacky nous a rapidement présenté au passage le livre qu’il a écrit avec son ami Habib Kane : « Hauteurs africaines » et nous a relaté cette folle et riche aventure d’avoir édité des bandes dessinées africaines pour les enfants de DAKAR à partir des contes qui se racontent là-bas.
Miguel : Le lion d’Alexandrie Jean Philippe FABRE
C’est l’histoire romancée de Saint marc l’auteur du 2eme évangile ( dans le corpus du NT). L’auteur, spécialiste en exégèse, nous raconte dans un livre plein de rebondissements le monde méditerranéen à l’époque de l’occupation romaine. On suit la déroute des apôtres après la mort du Christ, les conflits dans la communauté, les disputes autour des choix a faire et surtout la lente élaboration de l’écriture du 1er évangile des dizaines d’années après les événements. Ce qui est raconté , certes de manière littéraire et romanesque repose sur les références aux écritures mais aussi sur les recherches historiques. Pour qui veut un peu comprendre ce qui s’est passé ce livre donne quelques clefs de compréhension.
José : Eleftheria Murielle Szac
Dans son premier roman pour adulte l’autrice met en lumière un évènement méconnu de la seconde guerre mondiale en Crête. Lors du naufrage du cargo Tanaïs en octobre 1944 meurent des centaines de juifs raflés sur l’ile, des résistants crétois et des prisonniers de guerre italiens. Le livre va redonner vie aux disparus en imaginant leurs histoires et leurs choix de vie pendant le conflit. On apprend beaucoup de choses sur l’occupation allemande en Crête. Un magnifique livre qui aide à réfléchir aux notions de liberté et de destinée choisie ou subie. Ce livre fait aussi partie de la sélection pour le prix de la ville d’AVIGNON.

Comme toujours, une soirée fort conviviale d’échanges enrichissants autour des 9 livres choisis par Claude, Évelyne, Françoise, Jacky, Josée, Marlies, Michèle, Miguel, Simone.
Livres présentés (Animation et compte rendu par Miguel et Michèle) :
Claude : Partie italienne Antoine Chapelin (Buchet-Chastel 2022)
Gaspard est un artiste sculpteur renommé. Nécessitant une pause , il se rend dans la capitale italienne. . A la terrasse de l’hôtel Campo de’ Fiori , il installe son échiquier, et propose des parties avec les passants. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Marya, une hongroise, petite-fille d’un grand maître d’échec, mort à Auschwitz . Sur cette place est érigée la statue de Giordano Bruno, un philosophe dominicain, brûlé en place publique pour hérésie. Balades romaines, idylle, parties d’échec endiablées , intrigues et suspens, émaillent ce beau roman poétique et délicat.
Evelyne : Une étincelle de vie Jody Picoul (Babel 2018)
Alors qu'il célèbre son quarantième anniversaire au poste de police, Hugh McElroy, un négociateur de crise, est appelé sur le site d'une prise d'otages. C’est un établissement gynécologique, le dernier centre pratiquant l’avortement au Mississippi.
C’est un compte à rebours qui permet de mieux comprendre la trajectoire des deux personnages, Hugh et le preneur d’otage.
C’est une belle réflexion sur la relation père-fille, une écoute sans parti pris sur les femmes en situation difficile, un policier qui traite d’une actualité socio-politique brûlante.
Françoise : Les années Annie Ernaux (Gallimard 2008)
Un roman choisi bien avant le Nobel qui honore l’écrivaine, un prix qui couronne « le courage et l’acuité clinique avec laquelle elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle ».
C’est une biographie , la vie de l’autrice, mais aussi soixante ans d’histoire commune, une analyse sociologique intéressante sans effet stylistique, écrite avec une distance empathique.
Françoise est une inconditionnelle d’ Annie, nous l’avions compris !
Simone : Margot ou le puy des illusions Marie-Noëlle Touzery-Peurière, (Nombre 7- 2021)
C’ est son premier roman édité.
Parmi les multiples productions confiées à Simone, professeur de lettres, pour qu’elle donne son avis, celle-ci , pour elle, est unique pour au moins trois raisons , l’histoire d’une petite fille, son initiation à la vie, jusqu’à sa retraite d’enseignante, la belle histoire d’amour avec l’elfe bondissant , l’hymne à une région, l’Auvergne. Il faut lire cette belle et sincère autobiographie pour en découvrir toutes les subtilités. Simone nous a transmis l’émotion qu’elle a eue à la lecture de ce livre.
Laurence : Mohican Eric Fottorino (Gallimard 2021)
Brun va mourir. Il laissera bientôt ses terres à son fils Mo. Mais avant de disparaître, pour éviter la faillite du vaste domaine agricole et tenter de corriger son image de pollueur, il décide de couvrir ses champs d’ éoliennes. Son fils est opposé à cette décision.
Un roman qui fait le portrait d’un monde agricole, celui du Jura, une description sociologique du devenir de l’agriculture qui met en exergue l’affrontement des générations.
Marlies : L’évaporée de Fanny Charello, Wendy Delorme, ( Cambourakis 2022)
C'est un roman écrit à quatre mains, avec un même écho.
Deux femmes Jenny et Eve s'aiment mais l'une d'elle décide de partir subitement, le roman s'organise alors alternativement autour des deux personnages. Celle qui est quittée qui reste, et celle qui s'est évaporée. C’est une interrogation sur la possibilité d’une relation durable, la compatibilité de modes de vie a priori opposés, la nécessité d’affronter les fantômes du passé afin de rendre le présent possible, c’est aussi la mise en exergue des pouvoirs et des limites de la création littéraire.
Elles apprendront qu’on peut vivre une même histoire de façons différentes.
Ce roman fait partie des cinq livres sélectionnés pour Le Prix littéraire des avignonnais 2022 (vous pouvez voter jusqu'au 12 novembre, remise des prix le 3 décembre), c’est le favori de notre libraire, c’est un roman très sensoriel, une belle histoire d’idylle au féminin.
José : L’invention du diable Hubert Haddad (Zulma 2022)
Un livre foisonnant, on dira même diabolique. Il faut prendre son temps et s'accrocher pour le découvrir. Mais si l’on fait cet effort c’est une immense joie qui advient lorsqu'on saisit les subtilités de cette fresque historique : le pacte faustien, celui de Papillon de Lasphrise, une écriture qui s’adapte aux différentes époques traversées par le héros de cette histoire : rabelaisienne, baroque, fleurie, classique... José, avec sa fougue a su nous faire vivre cette épopée littéraire.
Ce roman fait partie des cinq livres sélectionnés pour Le Prix littéraire des avignonnais 2022 (vous pouvez voter jusqu'au 12 novembre, remise des prix le 3 décembre) c’est le favori de notre seconde libraire.
Michèle : Le livre des chagrins - Traductions de poèmes de Florbela Espanca ( L’Escampette 2022)
Le Livre des chagrins, Sœur Saudade, Bruyère en fleur, Reliquae.
Florbela Espanca (1884-1930) est une poétesse portugaise qui a traduit son mal-être, ses désillusions, les drames multiples auxquels elle a été confrontée en écrivant des sonnets «parce que la forme est plus contraignante, l’idée jaillit plus intense » (Baudelaire).
Une féministe confrontée, heurtée par un monde machiste , dans un pays, alors, dirigé par un dictateur. « [...] et j’ai mordu les roses blanches d’Ispahan[...] avec, au fond du cœur, la même plaie béante. »
Miguel et Jacky : Un Jour sans fin Sébastien Barry ( Joëlle Losfeld éditeurs 2018)
Pour rendre un hommage paternel à son fils, Barry écrit ce roman.
Un western littéraire qui met en scène un jeune Irlandais Thomas Mc Nulty, qui s'est exilé pour échapper à la famine et qui va rencontrer John Cole , un amérindien . Ils vont traverser une époque héroïque de l’histoire des États Unis en participant aux guerres menées contre les Indiens et à la Guerre de sécession.
Couple gay sympathique et plein de vie , ils adopteront Winona, la nièce du chef indien " celui qui domptait les chevaux".
Ce roman captivant, plein de rebondissements, démontre de façon originale tout un pan de l’histoire américaine sans faire aucune impasse sur la beauté des paysages et les qualités humaines mais aussi les atrocités, les boucheries de ces guerres fratricides.
Jacky avait conseillé ce livre à Miguel et celui-ci en a acheté 7 tellement il a voulu faire partager à ses amis le bonheur de le lire.
Ps : Le mot de Simone qui tenait à faire honneur à sa lecture :
Je vous recommande la lecture de l’ouvrage écrit par Marie-Noëlle Touzery-Peurière intitulé : "Margot ou le puy des illusions".
Je lis beaucoup, par goût et par métier, des auteurs français et étrangers, anciens, modernes, et contemporains - et il m’arrive (encore) d’avoir le plaisir de la découverte – ce livre en est une, de qualité, que j’assume pleinement.
C’est un roman qui vous entraîne pendant trois cents pages (qu’on ne voit pas passer) dans la vie d’une jeune personne nommée Margot, laquelle raconte sa vie depuis la petite enfance jusqu’à l’âge des bilans, à travers une autobiographie mâtinée d’autofiction. Les événements y sont à la fois « vrais » et revisités par une plume douée, en verve, inspirée. De l’authenticité devenue littérature, avec les accommodements nécessaires du genre romanesque. Une écriture forte, charnue, drôle, qui s’engage. Et un alliage (comme au 18ème siècle) de genres différents : il y a là un roman d’apprentissage (où les vicissitudes font peu à peu l’éducation de Margot) ; une saga familiale, qui ne manque ni de pittoresque, ni de réalisme, ni de coups de patte ; un roman social (l’évolution d’une certaine bourgeoisie aisée qui garde ses codes en perdant sa fortune) ; une histoire d’amour (transgressive) ; un roman régional (enraciné dans l’Auvergne chevillée au corps et la maison familiale) ; une satire cocasse et navrante à la fois de ce qu’est devenu l’enseignement dans les collèges ; une évasion/réflexion sur le conflit des cultures, à travers le récit (très enlevé) des aventures africaines…
Dernière remarque : j’ai personnellement apprécié la maîtrise des jeux d’écriture. A côté de la narration chronologique traditionnelle, dominante, se rencontrent des « variations » qui incrustent des tons différents : on a par exemple ici la truculente chanson du grand couillon (devant le viaduc de Garabit enjambant la Truyère), et plus loin la sérieuse « Histoire de Clarisse » ; il y a l’épopée amusante de ‘Margot la Parisienne chez les cathos’ (version : « Les fioretti » !) mais aussi, ailleurs, le « Dit du Père Lambert », sobre et documentaire ; on adore la scène de genre humoristique (l’aveu crucifiant du fiancé en voiture : « Chez nous, on mange de la soupe… ») et on admire la transposition dramatique des suites de la mort du frère résistant, où la mère de l’héroïne devient une émule de Clytemnestre, réécriture saisissante et passionnée de la douleur.
A vous donc, si vous voulez, la magique « Font Dorée », et la fantastique pêche au mérou en Tunisie (où l’Éducation Nationale envoie aimablement ses enseignants se reposer), la farce du départ à la retraite au collège de C*******, et l’atelier d’écriture de la mystérieuse Eduarda… etc. !
Bref, bienvenue au Puy des Illusions.
Simone Grava-Jouve
Avignon
NB : Le seul défaut que j’ai à signaler, pour cette édition, se situe dans le fait qu’elle comporte quelques coquilles, qui n’ont pas été corrigées à la relecture.

Comme toujours, une soirée fort conviviale d’échanges enrichissants autour des livres choisis par Miguel, Claude, Françoise, Mathieu, Chantal, Denis, Christian, Michèle, José.
Livres présentés (Animation et compte rendu par Miguel et Michèle) :
1- Miguel : L’inconnu de la poste - Florence Aubenas (Points 2022)
Florence Aubenas met tout son talent de journaliste pour reprendre, à son compte, une investigation minutieuse sur cette affaire criminelle qui défraya en 2008 toute la région de l’Ain à la suite de l’assassinat de Catherine Burgot, la sympathique postière de Montréal-la-Cluse, tuée de vingt-huit coups de couteau. C’est une enquête approfondie, faite de rebondissements. L’écriture empathique met en scène un des supposés protagonistes de ce meurtre, Gérald Thomassin, ex-espoir du cinéma français ( Le petit criminel de Doillon, César du meilleur espoir en 1991 ) , devenu marginal, longtemps soupçonné, avant de bénéficier d’un non-lieu, les deux ADN retrouvés sur le lieu du crime ne correspondant pas au sien. Lui a définitivement disparu.
C’est un récit humaniste, une enquête approfondie, une affaire qui conserve, en partie, son mystère.
Miguel nous invite à découvrir les autres ouvrages de Florence Aubenas, notamment Le Quai de Ouistreham.
2- Claude : Entre toutes les femmes - John Mc Gahern ( 1934-2006) (Sabine Wespieser 2022)
Un livre qui nous plonge au cœur de l’Irlande rurale dans la famille de Michael Moran, le pater familias - deux fils, trois filles - veuf, encore bel homme, remarié à Rose douce, enjouée, bienveillante. C’est un homme autoritaire, aigri, violent, vindicatif , frustré, marqué à jamais par son implication dans les rangs de l’IRA.
Un roman magistral, réaliste qui décrit dans une atmosphère lourde , oppressante , rugueuse, les relations complexes, houleuses, les sentiments d’amour et de haine entre le père et ses enfants, les journées de labeur cadencées par les prières... Une analyse intelligente, fouillée qui met en exergue cette époque difficile (après la guerre d’Indépendance 1919-1921 et la guerre civile 1922-1923 ). Un auteur majeur de la littérature irlandaise.
3- Françoise : Profession du père - Sorj Chalandon (Le Livre De Poche 2016)
Sorj Chalandon raconte son père. Un mythomane violent qui disait qu'il avait été chanteur, footballeur, professeur de judo, parachutiste, espion, pasteur d'une Église pentecôtiste américaine et conseiller personnel du général de Gaulle jusqu’en 1958. Il disait qu’il avait été trahi par De Gaulle et qu’il voulait le tuer.
En fait Sorj ( dont le prénom est Georges mais que sa mère appelait Sorj) raconte le quotidien du jeune obéissant contraint aux folies paternelles. Une ambiance familiale sur le fil du rasoir, où la peur domine, où l'enfant somatise entre asthme et incurie scolaire. Puis devenu adulte, Sorj tente la compréhension et la découverte de vérités sur son père qui s’était fait passer pour un résistant alors qu’il a été un nazi.
Le livre fait des allers - retours entre les différents moments de cette vie compliquée. Il parle de la relation enfants-parents avec un père qui, à la fois, fascine et fait peur . L’autobiographie est forte, émouvante, dans un style d’écriture très fluide.
4- Mathieu : Patria - Fernando Aramburu (Babel 2020)
Un immense succès en Espagne, couronné par plusieurs prix. Adapté à la télévision « Patria ».
Le roman a pour cadre un village rural du Pays basque, dans la province de Guipuscoa.
Le récit se décline en analepses et prolepses (retour en arrière et en avant - au cinéma flash-back) , et raconte le quotidien des familles endeuillées durant les années de plomb, les drames familiaux (assassinat del Txato -le bavard , le garagiste…) après la mort de Franco, jusqu’en 2011 quand l’ETA (Euskadi Ta Askatasuna – Pays Basque et Liberté) annonce la fin de la lutte armée. Le retour dela veuve, Bittori va déstabiliser, un peu plus le village.
Dans un style incisif, avec de courts chapitres facilitant la lecture de cet ouvrage de plus de 600 pages , cette fresque romanesque évoque le deuil, la souffrance, le conflit des classes, la mémoire, le pardon, la rédemption.
5- Chantal : Fahrenheit 451 -Ray Bradbury (Folio 2000)
Adapté au cinéma en 1966 par François Truffaut.
Le titre fait référence au point d'auto-inflammation, en degrés Fahrenheit, du papier. Cette température équivaut à 232,8 °C .
Dans cette société totalitaire, les livres sont interdits car dangereux et doivent être brûlés car toute activité culturelle, artistique est considérée pour l’ordre social pernicieuse .Les pompiers deviennent des pyromanes. Montag en est leur chef, mais il va rencontrer Clarisse…
C’est un roman visionnaire, de nombreux parallèles peuvent être faits avec l’actualité
brûlante d’aujourd’hui, comme celle d’hier. La littérature peut être salvatrice.
Un roman culte, qu’il faut avoir lu.
6- Denis : La vie des Elfes - Mireille Barbery (Folio 2019)
Une lecture recommandée par une amie qui a été un moment de ravissement.
Un conte lent, poétique, lyrique, fantastique, drôle, philosophique, original, écrit dans le langage des elfes.
Clara est musicienne et Maria sait parler à la flore et à la faune , deux orphelines adoptées l’une en Bourgogne, l’autre dans les Abruzzes, ces fillettes dotées de nombreuses qualités, vont être initiées à rencontrer ces petits êtres à des fins perverses mais elles parviendront à être plus fortes que les forces du mal.
Il faut se laisser aller au fil des pages...
7 – Christian : Un été dans la Sierra - Jean Muir (1838-1914) (folio 2022)
Jean Muir : tout à la fois :Botaniste, géologue, explorateur, ingénieur, inventeur, essayiste, écrivain, préservationniste, alpiniste, glaciologue, écologue, philosophe, naturaliste, conservationniste... C’est un carnet de bord , une narration , jour après jour , celle de l’auteur durant l’été 1869 alors qu’il est engagé pour accompagner une transhumance vers la Yosemite Valley, aux États-Unis.
Après un début lent consacré à la botanique, l’écriture se libère, se colore, s’anime , les paysages sont sublimes. C’est une ode jubilatoire, enthousiaste à la nature sauvage . Jean Muir nous fait partager ses émotions, ses sensations, son émerveillement. Une lecture exotique, dépaysante.
8- Michèle : L’abolition des privilèges – Bertrand Guillot (Les avrils 2022)
La nuit du 4 août 1789 reste une date historique.
Cette fameuse nuit est mise en scène comme une pièce de théâtre, à la fois, tragi-comédie et farce, et respecte les trois unités : le temps : une nuit chaude au cœur de l'été 1789 , du crépuscule au petit matin, un lieu , l'Hôtel des Menus Plaisirs à Versailles , une action : L’abolition des privilèges. Nous sommes spectateurs privilégiés, assis au milieu des quelques 1000 députés membres du clergé, nobles et députés du Tiers et des gazetiers, nous allons suivre les débats et être aussi portés par l'émotion générale surexcitée de tous , les assauts de surenchère de générosité pour demander l'égalité devant l'impôt, l'admission de tous aux fonctions publiques, supprimer les abus, renoncer à certains privilèges, monopoles .Un ouvrage instructif dans les parallèles à peine déguisés avec notre époque.
9- José : Marcel Proust
José nous rappelle que cette année nous commémorons le centième anniversaire de la disparition de Marcel Proust. ( Paris- 10 juillet 1871 - 18 novembre 1922 )
A cette occasion plusieurs ouvrages ont été édités ou réédités, et la Mémoire du monde a mis à l’honneur cet écrivain avec une table qui lui est dédiée. Elle nous recommande, plus particulièrement deux nouveautés de cette rentrée littéraire Clara lit Proust de Stéphane Carlier , un roman qui raconte la découverte de Proust par une jeune coiffeuse et l'onde choc que cela produit dans sa vie. En parallèle d'Une Saison avec Luce d'Henri Raczymow, une pastiche d'Albertine disparue.
Et d’autres ouvrages sont attirants. A lire aussi Vladimir Jankélévitch (1903-1985).

Des fidèles au rendez-vous! Tous n’ont pas présenté de livre, mais tous ont été attentifs et intéressés par les livres présentés au cours de cette soirée. Ce qui a donné lieu à des échanges très riches.
( Animation: Miguel, Compte rendu: Michèle):
1- Elisabeth : Celui qui veille, de Louise Erdrich - (éditions Albin Michel 2022 - Prix Pulitzer 2021)
Inspirée par son grand-père maternel, qui a lutté pour préserver les droits de son peuple, Louise Erdrich, qui par sa mère a du sang amérindien, nous raconte une aventure humaine qui a pour décor le Dakota Nord – 1953 - , peuplée de personnages inoubliables : Thomas Wazhashk, président du conseil consultatif de la Bande d'Indiens Chippewas de Turtle Mountain, déterminé à lutter contre le projet du gouvernement fédéral censé « émanciper » les Indiens, Patrice/Pixie, la nièce de Thomas qui souhaite reprendre ses études pour être plus libre, Véra, sa sœur partie pour la grande ville, Wood Mountain et Barnes , ses prétendants…
Un roman biographique de cinq cents pages, riche, foisonnant, réaliste, profondément humain qui met en lumière la politique inique du Congrès américain envers le peuple Indien.
Une lecture passionnante.
2- Evelyne : Les Huit Montagnes, de Paolo Cognetti – (éditions Grasset 2016 - livre de poche 2018)
(Prix Médicis étranger 2017, Ce roman est devenu un film présenté en compétition au Festival de Cannes 2022.)
Pietro est un jeune milanais, Bruno un enfant des montagnes du Val d’Aoste. Ils ont 11 ans tous
les sépare mais la montagne va les rapprocher et en faire des amis. Le père de Pietro aime les longues randonnées en montagne où il entraîne son fils malgré son mal des cimes. Pietro et Bruno deviendront amis. Vingt ans plus tard, c’est dans ces mêmes montagnes et auprès de ce même ami que Pietro tentera de se réconcilier avec son passé – et son avenir.
Un roman autobiographique écrit dans une langue pure et poétique, sans longueur, un livre sur l’apprentissage de la vie, sur l’amitié , un hommage à la montagne et à la nature, un coup de cœur qu’Evelyne aime à relire. Un film a découvrir bientôt en salle.
3- Claude: L’infini dans un roseau d’Irène Vallejo - (Editions Belles lettres 2021)
- Prix national de l’essai et prix espagnol de l’Association des Librairies.
Un (imposant) essai que l’on lit comme un roman, qui raconte avec érudition, passion, lyrisme et talent l’invention des livres dans l’Antiquité, un périple historique à l’est de la Méditerranée
(Mésopotamie, Égypte, Grèce) puis à Rome.
Le titre de cet ouvrage évoque le roseau qui a constitué l'une des premières surfaces d'écriture, le papyrus mais aussi le calame qui sert à écrire… des livres! Le livre qui libère, qui diffuse des idées et qui devient pour certains, un objet dangereux.
(Un joli écho à Une histoire de la lecture d'Alberto Manguel)
4- Laurence: Just Kids de Patty Smith - (éditions Denoël 1999 - folio 2013)
Un récit autobiographique, intimiste, qui retrace ses années de jeunesse, de sa carrière chanteuse , guitariste punk rock mais aussi de poète, d’écrivaine, d’artiste peintre et de
photographe, ses joies, ses peines, elle parle de son ami Robert Mapplethorpe, de leur amitié et de leur liaison fusionnelle, qui durera de 1967 à 1969. C’est aussi la découverte d’endroits mythiques. C’est un petit bijou, joliment écrit, émouvant passionnant à lire. Voir sur Arte -replay un portrait de Patty Smith.
5- José : Marchands de mort subite de Max Izambard - (éditions du Rouerge 2021)
C’est un roman noir, une comédie tragique qui commence par un coup de fil: Pierre Marlot, est
informé par le consulat de France en Ouganda que sa fille Anne, journaliste a disparu depuis qu’elle
a passé illégalement la frontière pour se rendre en République démocratique du Congo. Sa fille enquêtait, en fait sur le commerce illégal de l’or entre les deux pays. Les personnages sont nombreux permettant ainsi à l’auteur de multiplier les points de vue de chacun pour donner au lecteur une vue plus large des évènements.
Quand la recherche de la justice, de la vérité, s’affronte à la soif de pouvoir , de richesse, de lucre, un éternel combat...
Roman choral dur, fort mais qui se lit facilement.
6- Marlies : Blackwater I, La Crue, de Michael McDowell - (éditions Monsieur Toussaint Louverture 2022)
Avant de nous parler du livre choisi, Marlies revient sur les autres présentations, celles de Claude et Elisabeth, notamment, pour mettre en exergue le pouvoir du livre, la chance d'avoir une loi du livre en France, qui rends accessible la diffusion des idées et les problèmes liés à la surproduction diffusion des idées par le livre et fait un parallèle avec la situation actuelle au Chili avec le peuple Mapuche dont les terres sont spolier pour produire de la pâte à papier internationale.
Une fresque familiale dans le sud des états-unis en 1919, en 6 tommes, le dernier à paraître prochainement: manipulation, rebondissement à foison, c’est romanesque, effrayant, fascinant, joliment illustré et peu onéreux! Michael McDowell a une écriture cinématographique qui nous plonge dans un univers que l'on ne veut plus lâcher, à l'affut des choses étranges à la Edgard Alan Poe.
7- Michèle : Une Française libre : Journal 1939-1945 de Tereska Torrès - (Editions Libretto 2022)
Tereska sort tout juste de l'adolescence quand la Seconde guerre mondiale éclate . Née de parents polonais émigrés, convertis au catholicisme, son père, Marek Szwarc, est un talentueux sculpteur qui s'engage dans l'armée polonaise et se retrouve en Angleterre. Il y sera rejoint par son épouse
Guina et sa fille. Tereska va alors s'engager pour toute la durée de la guerre dans le corps féminin des Forces françaises libres. Elle va y faire son apprentissage de la vie qu'elle va retranscrire dans son journal intime. Ce récit révèle le portrait d'une jeune diariste aventureuse, courageuse, passionnée, enthousiaste, sincère, amoureuse, c'est une narration historique intéressante.
8- Miguel: Inigo, de François Sureau .
Le livre n’a pas pu être présenté, faute de temps. Il le sera en septembre. Il s’agit du récit d’un épisode majeur de la vie d’Ignace de Loyola.

Une soirée fort conviviale d’échanges enrichissants autour des livres choisis par Fred, Christian, Francis, Jo, Angèle, Claude, Raphaël, Laurence, Nicole, Élisabeth, Évelyne, Florian, Michèle, Jacky et Miguel.
Livres présentés (Animation et compte rendu par Miguel et Michèle) :
1/ Nicole : « Anéantir » – Michel Houellebecq (janvier 2022- Flammarion)
Avec son le 8ème roman - 780 pages-, au titre provocateur, et très bien documenté, Houellebecq nous projette dans l’année 2027. Se mêlent, s’entremêlent, les drames de la vie intime, celle de Paul et Prudence, la politique, le quotidien d’une société occidentale, la fuite par le rêve, des attentats... Un grand thriller politique. Le récit ménage de nombreuses surprises, comme celle de l'apparition d'un avatar réaliste de Bruno Le Maire dont le personnage principal du roman est l'un de ses conseillers, Paul Raison, un haut fonctionnaire de 47 ans.
Le livre n’a pas de fin… On sent l’empathie de l’auteur.
Nicole a été emballée par le livre.
2/ Fred : « Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan » - Laurent Perez (Éditions les Escales octobre 2021)
Ce livre dit la puissance de l’amour d’une mère juive séfarade, très protectrice pour aider son fils Roland, handicapé (né avec un pied bot). Avec acharnement, elle parviendra à le faire opérer. L’enfant devra rester alité de longs mois au cours desquels il découvrira le monde et apprendra à lire grâce à la télévision et surtout en écoutant la star préférée de la fratrie familiale : Sylvie Vartan. C’est lumineux, c’est plein d’humour, c’est attachant. Pour Fred c’est une lettre d’amour. Il en a parlé avec grande émotion.
3/ Laurence : « Une éducation » – Tara Westover (Lattès 2019)
Roman autobiographique qui dit le combat de Tara pour échapper à sa famille qui appartient à la secte des Mormons. Comment se construire, comment évoluer , comment devenir docteur en histoire, hors de la famille sans la trahir ? Une expérience singulière, un témoignage édifiant, d’une grande force.
4/ Raphaël : « Les Guerriers nus » - Jean-Marie Lamblard (Imago 2005)
L’auteur, né à Tavel en 1938, devenu inspecteur général du Théâtre nous livre un récit épique qui oppose les Celtes, ancêtres du peuple provençal, ceux qui allaient combattre nus, aux Grecs installés à Massalia, l’antique Marseille.
Quelques colons grecs partis d'Orient fondèrent en terre ligure la ville de Massalia - la Marseille antique. Ces nouveaux venus d'une autre civilisation prospérèrent rapidement, suscitant dans la population environnante attirance et hostilité. Jusqu’au moment où les tribus alentours, gaulois ou celto-ligures ressentent cette présence comme invasive et décident de reprendre la main et de soumette la cité devenue puissante. Les Gaulois, de tradition orale imposent leur puissance par la guerre et le combat physique. Leur richesse se construit sur le pillage et la vénération de l’or. Les Grecs ont une autre approche fondée sur la littérature, le commerce.
Cette évocation romanesque nous est racontée avec une verve poétique et fait revivre avec beaucoup d’humanité ces guerriers redoutés défaits mais invaincus.
5/ Claude : « Je m’appelle Asher Lev »- Chaïm Potok (1994 Buchet Chastel; 2007 10/18 )
Roman autobiographique. Tout jeune Asher est attiré par le dessin, au grand désespoir de son père très croyant qui estime que cette expression artistique est incompatible avec la tradition religieuse juive. Le jeune homme pourra néanmoins poursuivre sa vocation, s’épanouir grâce à son talent, exposer et devenir célèbre.
Un roman magistral sur les affres du génie artistique, bien souvent synonyme de déchirements culturels, spirituels et intimes
6/ Evelyne : « Regarde les lumières mon amour » - Annie Ernaux (2014 Seuil; 2016 Folio)
C’est un journal tenu par l’autrice entre 2012 et 2013, dans lequel elle consigne ses observations quand elle fait ses courses dans un supermarché, elle nous fait part de ses sentiments, de ses interrogations. Une analyse sociétale intéressante, ludique et originale. L’hypermarché est un grand rendez-vous humain, un véritable spectacle. Sa fréquentation est très loin de se résumer à la seule corvée des courses. Dans le journal de ses visites, la romancière livre les sentiments mêlés, attirance mais aussi interrogations, que suscite en elle ce haut lieu de l’abondance. Manifestement le regard d’Evelyne a changé quand elle fait ses courses. Elle a su nous communique sa nouvelle approche.
7/ Florian : Une BD « Le château des animaux » scénarisée par Xavier Dorison et dessinée par Félix Delep, (Casterman 2018 et en cours pour les autres tomes à paraître)
Quelque part dans la France de l’entre-deux guerres, niché au cœur d’une ferme oubliée des hommes, le Château des animaux est dirigé d’un sabot de fer par le président Silvio… Secondé par une milice de chiens, le taureau dictateur exploite les autres animaux, tous contraints à des travaux de peine épuisants pour le bien de la communauté…
Miss Bengalore, chatte craintive qui ne cherche qu’à protéger ses deux petits, et César, un lapin gigolo, vont s’allier au sage et mystérieux Azélar, un rat à lunettes, pour prôner la résistance à l’injustice, la lutte contre les crocs et les griffes par la désobéissance et le rire… Une série de BD fantastique, en contrepoint à La ferme des animaux d’Orwell. Ces fables animalières nous invitent à une multitude de réflexions ... L’ironie est la réponse à la violence, la résistance fait face à l’autoritarisme, à l’injustice … Ludique et très actuel !
Manifestement Florian est un fan !
8/ Jo : « American Dirt » – Jeanine Cummins (2018 Philippe Rey; 2022 10/18)
La fuite d'une mère et de son fils, mexicains, pour fuir un cartel de la drogue d’Acapulco après le massacre de plusieurs membres de leur famille . Ils vont intégrer la horde des migrants voulant passer clandestinement aux États-Unis. American Dirt raconte l’épopée de ces femmes et de ces hommes qui ont pour seul bagage une farouche volonté d’avancer vers la frontière américaine. Un récit marqué par la force et l’instinct de survie de cette mère et de son enfant. C’est violent, réaliste fort en émotion ce que Jo a su nous transmettre avec force relayée par plusieurs participants qui avaient aussi lu le livre.
9/ Elisabeth : « L’évènement » - Annie Ernaux (2000 Gallimard; 2001 Folio)
Deuxième ouvrage de la même écrivaine cette soirée.
Un récit autobiographique. Un épisode douloureux vécu lors de ses études universitaires. Une expérience initiatique de vie et de mort, d’humiliation en cette décennie 60, ou l’avortement constituait encore un délit. Un récit qui dit le traumatisme lié au mépris, aux tabous qu’il faut affronter, aux préjugés de classe.
Elisabeth a lu plusieurs passages du livre pour en montrer le style ciselé et évocateur.
10/ Francis : « A l’orée du Verger » - Tracy Chevalier ( 2016 Table Ronde; 2018 Folio )
Au XIX -ème siècle, la saga de pionniers paysans installés dans l’Ohio, qui tentent de faire pousser des arbres fruitiers dans des terres marécageuses, insalubres, ingrates à souhait. La fiction historique est décrite avec réalisme, humanité, c’est captivant.
Francis nous a raconté qu’il lisait chaque année ce roman et qu’à chaque fois il y puisait de nouvelles choses tant le récit est fort.
11/ Angèle : « L’être et le néon » (2022 Les Editions de Labadié)
Récit plein d’humour et pudeur et d’élégance. Hymne à la vie. Fragilité de la vie, chance d’être sur terre. Combat quotidien à l’hôpital dans une lutte contre le cancer (un lymphome)
12/ Christian : « Les Rouges du Midi »- Félix Gras (1896 épuisé)
Félix Gras, fervent républicain, né à Mallemort du Comtat raconte le cheminement d’un enfant né dans le Vaucluse, Pascalet, qui pour sortir de sa condition de paysan pauvre, va s’engager aux côtés des Marseillais pour renverser « le tyran ». La version du livre présentée par Christian est double : français et provençal Li Rouge dóu Miejour . La république reprendra le chant entonné pas ces hommes valeureux et qui depuis porte leur nom : La Marseillaise. Premier roman historique écrit en langue provençale, cet ouvrage connut un immense succès outre-Atlantique, avant même sa parution en France. A découvrir ou redécouvrir pour mieux comprendre du côté du peuple cette période de l’histoire de France et de notre Provence.
13/ Michèle : « Azincourt par temps de pluie »- Jean Teulé (2022 Mialet Barrault)
Avec sa gouaille habituelle et une langue bien verte mais jamais obscène, Jean Teulé revisite une tragique et sanglante défaite historique en une pasquinade : Azincourt 1415, où la chevalerie française fut décimée. 6000 chevaliers tués ! Une lecture ludique et enrichissante car les faits historiques sont respectés. Avec la verve qu'on lui connaît et son sens du détail qui tue, Jean Teulé nous raconte ces trois jours dantesques où, sous une pluie battante, des milliers d'hommes se sont massacrés dans un affrontement sanglant d'autant plus désastreux que cette bataille était parfaitement inutile.
14/ Jacky : « Marie-Claire » – Marguerite Audoux (2019 Talents hauts)
Il y a peu d’écrivaines qui sont issues du milieu populaire, d’abord parce qu’on est une femme et puis pauvre c’est pas facile, ça semble mais c’est pas facile… il faut donc que vous lisiez Marguerite Audoux. Elle vient de nulle part et on est en 1910 !!! Orpheline, bergère, couturière, elle écrit dans un carnet sa vie… Un miracle d’intelligence et de sobriété, Son premier roman, Anne-Marie, est publié grâce à un ami d’Octave Mirbeau qui l’a présenté au maître es-découvreur de talents. (Les Impressionnistes, c’est lui mais aussi maints auteurs) Ce coup d’essai est un coup de maitresse puisqu’elle obtient le prix Fémina la même année… Vous savez ce que signifie « écrire merveilleusement » ? Ceux qui ont lu Marguerite Audoux le savent. Son biographe l’a comparée à Marguerite Duras, une autre Marguerite, précise-t-il… c’est faux … elle est incomparable. « Sœur Gabrielle était toute petite, vieille, maigre, et courbée ; elle dirigeait le dortoir et le réfectoire. Au dortoir, elle passait un bras sec et dur contre notre chemise et le drap, pour s’assurer de notre propreté, et elle fouettait à heure fixe, et avec des verges, celles dont les draps étaient humides. Au réfectoire, elle faisait la salade dans une immense terrine jaune. Les manches retroussées jusqu’aux épaules, elle plongeait et replongeait dans la salade ses deux bras noirs et noueux, qui sortaient de là tout luisants et gouttelants, et qui me faisaient penser à des branches mortes les jours de pluie » Faîte lui une place dans votre bibliothèque, elle prendra de la valeur…

merci à Francis, Colette, Claude, Aline, Didier, Miguel et aux libraires Jacky et Marlies.
Petit compte rendu par Miguel Couralet :
1/ « La place » d’Annie Ernaux (Présenté par Francis)
Annie Ernaux a raconté son père issu du monde rural et devenu petit commerçant ainsi que la relation qu’elle a eu avec lui. Elle exprime le décalage entre eux du fait qu’elle a pu faire des études et s’est détachée de son milieu social.
C’est un livre de souvenirs qui a marqué Francis car il y a retrouvé les mots qui expriment ce qu’il a vécu lui-même avec ses parents et son milieu social. Pour nous l’exprimer il a lu des passages du livre et les a commentés.
Un beau moment d’émotion.
2/ « Enfant de salaud » de Sorj Chalandon (Présenté Colette)
Histoire de son père. 2 histoires en parallèle. La sienne journaliste à Libération et au Canard Enchainé et celle de son père dont il découvre le cheminement pendant la guerre où il a collaboré avec l’ennemi. C’est le grand père de l’auteur qui lui révèle : « Ton père portait l’uniforme allemand. Tu es un enfant de salaud ! »
En mai 1987, alors que s’ouvre à Lyon le procès du criminel nazi Klaus Barbie, le fils devenu journaliste apprend que le dossier judiciaire de son père sommeille aux archives départementales du Nord. Trois ans de la vie d’un « collabo », racontée par les procès-verbaux de police, les interrogatoires de justice, son procès et sa condamnation.
Il découvre l’aventure rocambolesque d’un jeune de 18 ans, sans instruction ni conviction, menteur, faussaire et manipulateur, qui a traversé la guerre comme on joue au petit soldat. Un jeune homme inconscient du danger, qui a porté cinq uniformes en quatre ans. Quatre fois déserteur de quatre armées différentes. Traître un jour, portant le brassard à croix gammée, puis patriote le lendemain, arborant fièrement la croix de Lorraine.
Son père a été jugé mais « s’en est bien sorti ». Il est décédé dans un hôpital psychiatrique.
Un livre fort comme tous ceux de Sorj Chalandon.
3/ « Les abeilles grises » - D’Andreï Kourkov (Présenté par Claude)
Nous sommes en pleine actualité : Dans un petit village abandonné de la « zone grise » dans le Donbass, coincé entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte ennemis depuis l’enfance. L’un pactise avec les Russes, Pachka non, tout à s’occuper de ses 6 ruches qu’il va emmener au printemps en Crimée pour qu’elles puissent bénéficier de la nature. Le livre raconte toutes ces scènes de vie et de voyage.
Claude nous a présenté un livre riche, plein d’humanité. Manifestement un livre à lire absolument.
4/ « Reine du réel » De Nancy Houston (Présenté par Marlies)
Nancy Huston écrit une longue lettre à Grisélidis Réal, qu’elle n’a jamais connue mais qu’elle a longtemps désapprouvé.
Grisélidis Réal, artiste, écrivaine et prostituée suisse, a fui le milieu où elle est née, bourgeois, calviniste et rigide, pour mener une vie libre. Une vie marquée par des histoires avec des hommes, des dizaines de milliers de relations tarifées, quatre enfants placés, des fausses couches, mais une vie illuminée par l’art et l’engagement militant pour la reconnaissance et les droits des travailleuses du sexe. Elle décrit la prostitution comme un art, un humanisme et une science.
Marlies nous a expliqué que dans le livre de Nancy Huston, l'autrice avec une plume personnelle et vraie nous présente un texte comme journal intime où se mêle la biographie de la Reine du Réel, au fils de ces recherches la vie qu'elle imaginait chaotique et soumise, apparaît beaucoup plus complexe manifestement l’auteur éprouve une admiration pour son combat de liberté et pour son œuvre. Pour finir c'est une lettre d’amour qu’elle écrit.
5/ « La patience des traces » De Jeanne Benameur (Présenté par Aline)
Un psychanalyste qui part à la retraite. Quelque chose se brise dans ce moment-là en lui. Conseillé par un ami il s’envole pour les îles Yaeyama. Il est hébergé dans une maison d'hôtes tenue par un couple d'artistes, elle, collectionneuse de vêtements anciens, lui, céramiste. Dans le cycle des jours et dans un monde nouveau, avec des hôtes « écoutants » c’est l’occasion pour lui de faire face à son passé et à son histoire. C’est un roman tout en délicatesse et poésie. Un très beau voyage spirituel en quête de la vérité et d'une paix avec soi-même.
6/ « Et quelquefois j’ai comme une grande idée » – De Ken Kesey (Présenté par Didier)
Didier (conforté par Jacky) nous a présenté ce livre comme un chef d’œuvre. Son auteur a aussi écrit " vol au-dessus d'un nid de coucou ".
C’est un roman sur le combat, un combat permanent, celle de deux frères dans un univers de bucherons. C'est aussi le combat de l'homme contre la nature dans cette forêt de l’Oregon. Didier nous a lu quelques passages de magnifiques descriptions qui ponctuent le récit.
Manifestement ce récit a bouleversé Didier et Jacky, ils le qualifient « d’extraordinaire »
7/ « Il n’y a pas d’arc en ciel au paradis » De Noël Néoton Ndjékéry (Présenté par Jacky)
Quel bonheur cet auteur Tchadien, il vous fait renouer avec la littérature et le plaisir de l’évocation rare d’une vérité historique. On est à la fin des années 1890, alors que la traite négrière bat de l’aile en atlantique (la guerre de sécession est passée par là) la trans-saharienne est toujours florissante et ce depuis 13 siècles. Zeïtoun, un adolescent noir s’échappe d’une caravane d’esclaves où progénitures, femelles et mâles sont conduits comme du bétail vers la péninsule arabique. Dans sa fuite vers le Tchad (grande étendue d’eau en langue locale) il va croiser un eunuque et la jeune favorite d’un harem en fuite eux aussi. Ils vont essayer de trouver refuge sur une île du grand lac pour reconstruire une société apaisée ? C’est cent ans de solitude façon Tarentino (c’est un conteur qui déconstruit la fin parce qu’il trouve que c’est mieux !) : des empires négriers jusqu’à Boko Haram, Vous allez apprendre des choses en même temps que découvrir une littérature ciselée d’or :
Plus discrète qu’une épouse infidèle rejoignant son amant, la lune rasait les nuages, impatiente d’aller retrouver le soleil qui l’avait précédée depuis longtemps au couchant. Parvenue au-dessus de la ligne d’horizon, elle parut marquer le pas, ce qui laissa entrevoir les bras tentaculaires des arbres qui essayaient de la retenir. Puis elle plongea dans les entrailles de la terre, privant d’un coup la nature de sa douce clarté. Il ne subsistait plus que la voie lactée pour contester aux ténèbres l’autorité absolue.
8/ « Le Grand Monde » De Pierre Lemaitre (Présenté par Miguel)
Le premier roman de ce qui est annoncé comme une nouvelle trilogie de Pierre Lemaitre après la précédente qui a surtout marqué avec le Livre « Au revoir là-Haut ».
On retrouve dans le « Grand Monde » un personnage de « Au revoir là-haut » qui après l’arnaque sur la construction des monuments aux morts et allé vivre à Beyrouth et a fondé une entreprise industrielle florissante et fondé une famille. On suit le devenir des 4 enfants : Jean, l’ainé qui rate tout ce qu'il entreprend et qui fuit de honte à Paris car il n’a pas été à la hauteur des espoirs de son père pour lui succéder à la tête de l’entreprise. Il y retrouve François, son frère cadet, qui démarre une carrière journalistique dans un journal à la rubrique fait divers après avoir croire à ses parents qu’il était rentré à l’école normale supérieure. Etienne, le dernier frère, qui séjourne à Saïgon pour retrouver son amoureux, légionnaire embarqué dans la guerre d'Indochine et qui au passage découvre le Traffic d’argent des piastres qui finance le vietminh et enrichit trafiquants et personnalités politiques françaises. Tandis que la petite dernière, Hélène, ne rêve que de quitter Beyrouth et ses parents.
Le livre est plein de rebondissements tous surprenants et nous enseigne sur l’après-guerre et les mœurs de l’époque.
A la fin du livre, on veut vite pouvoir lire la suite…

( Animation : José Compte rendu : Michèle)
Claude : La petite fille de Bernhard Schlink – Gallimard.
Ce livre se divise en trois parties.
À la mort par overdose de son épouse Birgit, qui vivait dans un profond mal-être, Kaspar, libraire, découvre un pan de la vie de celle qu’il a tant aimé et qu’il avait toujours ignoré : Avant qu’il ne fasse passer sa future épouse à l’Ouest, Birgit, en RDA, a connu un autre homme avec qui elle a conçu un enfant, abandonné à sa naissance. C’est son amie Paula qui a pris en charge cette démarche. Il décide d’aller à la rencontre de cette belle-fille inconnue.
Kaspar retrouve Svenja, qui a connu une vie très mouvementée avec de mauvaises fréquentations. Elle a épousé un néo-nazi et élève sa fille Sigrun dans cette mouvance « Völkisch ».
Faisant miroiter l’héritage de Birgit , il demande à ce que sa belle-petite fille passe des moments avec lui. Mais Sigrun, adolescente, endoctrinée n’adhère pas aux idéologies de cette Allemagne où le racisme fait souvent loi.
La petite- fille repart chez les siens.
Le grand-père retrouvera sa petite -fille plus tard pour partager dans l’affection de beaux moments culturels.
A travers ce roman émouvant , intéressant et bien mené, Bernhard Schlink nous immerge dans l’histoire de l’Allemagne de 1960 à nos jours, un pays scindé en deux pendant plus de trente ans, un pays où l’extrême droite refait surface .
Michèle : Les partisans Kessel et Druon, une histoire de famille Dominique Bona - Gallimard
Une triple biographie consacrée à Joseph Kessel, Maurice Druon et Germaine Sablon à travers le prisme de la création du chant des Partisans, l’hymne de la Résistance, écrit à Londres en 1943 par l’oncle et le neveu et enregistré par Germaine Sablon, chanteuse de music-hall, maîtresse de Kessel.
La paix revenue Kessel, le baroudeur, voyagera beaucoup , signant de nombreux reportages qui font exploser les ventes de France soir, il publiera de grands livres l’armée des ombres, le Lion, les Cavaliers..., Druon, passionné de mythologie et d’histoire, se consacrera aussi à la littérature : les Grandes familles, les Rois maudits ...et deviendra ministre de la culture. Tous deux seront élus , à quatre ans d’intervalle, à l’Académie française (Druon en sera le secrétaire perpétuel)
Germaine Sablon terminera la guerre, engagée dans le corps des infirmières de l’armée, ne reverra plus Kessel, et quittera la scène pour laisser place à son frère Jean, chanteur de charme aux grands succès.
Une biographie vibrante , bien documentée, agréable à lire.
JOSE : Sur le méridien de Greenwich de Shady Lewis - Sindbad
Le narrateur, un Égyptien de la communauté copte installé à Londres, est sollicité par un cousin pour gérer les obsèques d'un jeune réfugié syrien musulman Ghiyath totalement inconnu, dont la famille est restée au Caire avec toujours l’espoir d’en partir . Dans les trois jours qui séparent le moment où il accepte cette grande responsabilité de la date de l'enterrement, il sera amené à faire face aux contradictions religieuses , administratives, philosophiques et aux absurdités des autorités égyptiennes et de l'administration anglaise, à confronter les deux mondes, à revisiter le passé et à se remémorer d'autres êtres et d’autres pans de vie à jamais disparus.
L’échange téléphonique du narrateur avec son cousin est un vrai grand moment réjouissant de loufoquerie et d’humour.
Le méridien de Greenwich est la métaphore de deux mondes différents , roman rafraîchissant sur le thème de l’exil.
Jacky : Le testament caché de Sébastien Barry -Folio
L’histoire qui couvre la période allant de 1925 aux années 2000 est racontée par une centenaire ,
Roseanne Mc Nulty, de confession protestante, enfermée dans un hôpital psychiatrique depuis de très longues années.
L’institution doit fermer et un psychiatre doit évaluer si la vieille femme est en capacité de réintégrer la société. Pour cela il lui faudra découvrir les raisons de cet internement si long.
A travers l’histoire tourmentée de Roseanne et de son père c’est le pouvoir plénipotent de la religion catholique qui est mis en exergue, une société corsetée, la condition douloureuse et tragique des femmes à cette époque , l’histoire politique de l’Irlande . Les deux protagonistes du roman sont attachants, un roman émouvant, vrai.
Marlies : Suzuran (le muguet) de Aki shimazaki - Actes sud
Roman - 1er tome d’un nouveau cycle - écrit en français au Canada et racontant dans un style ciselé l’histoire d’une famille japonaise.
Ce premier tome est consacrée à Anzu, la cadette , femme célibataire, potière, effacée qui vit seule avec son fils. Sa vie consacrée à son art, va être chamboulée par le retour de sa sœur aînée, une femme moderne, séduisante, ambitieuse , son époux l’accompagne et la cadette va tomber sous le charme de son beau-frère.
C’est une histoire pleine de sensibilité , toute en douceur et en émotions.
Le roman est émaillé de mots japonais , plongeant plus avant le lecteur dans cette ambiance japonaise si particulière.(un lexique figure en fin de livre)

( Animation : Miguel/ Compte rendu : Miguel/Michèle)
Miguel: « Le silence et la colère » Pierre Lemaitre- Editions Calman Levy.
Après une première trilogie « Les enfants du désastre » (Au revoir là-haut , Miroir de nos peines, Couleurs de l'incendie, tous en poche) Lemaître a entrepris l’ écriture d’une nouvelles trilogie : Les années glorieuses. Le premier tome est déjà sorti en livre de poche et le Silence et la colère nous fait retrouver la famille Pelletier et ses trois enfants, Jean, François, Hélène ( L’ainé Etienne est décédé dans le premier tome). Le roman bien documenté est cadencé, les intrigues s’entremêlent. Les événements narrés sont foisonnants et abordent des thèmes divers : le progrès, la création de grandes surfaces commerciales, les avortements clandestins, le travail des femmes en usine, la création d’un barrage qui fait disparaitre un village le tout accompagné d’une intrigue policière glaçante. Bref un grand roman populaire.
Le style est un peu lourd, il faut dire que cette lecture vient après celles des livres de Giono où les phrases sont ciselées, pleines de poésie et d’humanité. On ne joue pas dans la même cour…
Michèle : « Camus, La Peste, et le coronavirus » de Jean-Yves Guérin. Editions Honoré Champion.
Jean-Yves Guérin, émérite camusien, s'attache à mettre en exergue, à décortiquer les analogies et les différences entre le coronavirus et les autres fléaux, dont La Peste d’Albert Camus : solidarité, solitude, trafics en tous genres, prophylaxie, statistiques, décompte des décès, stratégies des autorités, urgences et priorités (confinement, séparation, exil...), controverse du corps médical., prise en charge en fonction du niveau social ..
Cet ouvrage complet, excellemment documenté et annoté permet de comprendre encore mieux toutes les subtilités de La Peste (roman métaphorique et métonymique) et à qui le veut, d'engager une réflexion personnelle parce que chacun la porte en soi (la peste) , parce que personne au monde, non personne n'en est indemne.
Laurence : « Les enfants endormis » de Anthony Passeron. Globe
C’est un premier roman à succès couronné par le Prix Wepler, Fondation de la poste. Anthony Passeron , pendant le confinement lié au covid, décide d'interroger le passé familial. Il évoque l'ascension sociale de ses grands-parents devenus bouchers pendant les Trente Glorieuses, puis le fossé grandissant apparu entre eux et la génération de leurs enfants qui découvrent l'urbanité. Il croise deux histoires qui se font écho : celle de l'apparition du sida dans cette famille de l'arrière-pays niçois - la sienne (l'oncle Désiré toxicomane décédera du sida, on en parlera qu'à demi-mots, c'est le secret honteux de la famille ) - et celle de la lutte contre la maladie dans les hôpitaux français et américains.
C'est une lecture forte, passionnante, la partie sociale est émouvante, celle dédiée à la recherche médicale est particulièrement bien documentée, on y apprend plein de choses.
Claude : « L'autre nom du bonheur était français » De Shumona Sinha. Gallimard
Shumona, fille d'une famille d'intellectuels, originaire de l'Inde (Calcutta) , verra son enfance et son adolescence bercées par la littérature.. Elle dévore la littérature bengali, indienne, mais aussi, à travers les traductions, la littérature américaine, l’espagnole, l’anglaise et la française. A vingt-deux ans, elle découvre le français, en fera l'apprentissage et tombera amoureuse de cette langue « vitale et libératrice » . Elle en aime sa polysémie, et pour mieux s'approprier l'idiome , elle s’expatriera en France à l'âge de 28 ans. C'est son parcours , ses tribulations tantôt savoureuses, tantôt douloureuses qu'elle raconte dans cette autobiographie , puissante , vibrante , sincère. Elle décrit des expériences et un vécu souvent difficiles pour une femme qui restera malgré tout une française « étrangère ». Claude nous a lu de magnifiques extraits du livre dont un paragraphe sur « langagement » ( le langage qui se met en route dés le matin…) illustrant ainsi la façon de l’autrice de jouer avec les mots.
Évelyne : « Sans jamais atteindre le sommet, (Voyage dans l'Himalaya) » de Paolo Cognetti. Stock
Deuxième livre de Paolo Cognetti présenté par Evelyne, c'est le carnet de bord tenu par l'auteur lors de son expédition dans le Dolpo, région reculée au nord-ouest du Népal, entre hauts plateaux et vallées.
Outre les 22 membres de la caravane, le livre culte « Le Léopard des neiges » de Peter Matthiessen lui tiendra compagnie. C'est d'ailleurs cet ouvrage qui l'a incité à entreprendre ce trek - 300 kilomètres, huit cols- et à le préparer en suivant les conseils de l'écrivain.
Ici Paolo ne cherche pas à se dépasser, mais fait l'apprentissage du temps qui passe. De très belles méditations et observations.
Robert : « Le Fétiche et la plume » de Hélène Ling et Ines Sol Salas. Rivages
Robert nous a présenté avec un grand enthousiasme un « gros pavé » qui vise à analyser la place occupée aujourd'hui par la littérature à l'ère du capitalisme.
Il y est dit que la profusion de publications se fait au détriment de la qualité littéraire. Le livre très bien documenté permet de comprendre les ressorts des auteurs et comment ils écrivent ainsi que les impératifs auxquels il sont soumis. La présentation de Robert a donné lieu a un riche échange tendant à montrer qu’il y aurait un appauvrissement et un nivellement tant des styles que des productions.
José : « La vierge Néerlandaise » de Marente Moor. Les Argonautes.
Ces éditions s'attachent à publier des auteurs européens.
Dans ce roman, on suit une jeune femme de 18 ans qui quitte sa famille pour suivre des cours d'escrime.
José emploiera plusieurs fois le mot « étrange » pour dépeindre l'atmosphère, la fascination de Janna pour son maître d'arme, la maison d'Egon von Bötticher qui organise de vrais duels . Ce livre évoque aussi « Hélène Mayer » d'Hélène Mayer fleurettiste qui participa à plusieurs jeux olympiques. Sa photographie figure sur la couverture du livre.
Daniel : « Voyage au Congo, retour du Tchad » de André Gide. La pléiade.
André Gide fait un voyage en Afrique de juillet 1926 à mai 1927 accompagné de Marc Allegret . Il est aussi mandaté par le Ministère des colonies pour faire un rapport sur ce qui se passe dans les colonies. Ceci a donné lieu à la tenue d’un carnet de voyage.
Lors de ce voyage Gide découvre les méfaits de l'administration coloniale et s’en indigne. Il dénonce les conditions de vie des populations visitées. Son rapport aura de profondes répercussions dans la classe politique française. Son carnet de voyage décrit aussi les paysages et les atmosphères des régions visitées.
Daniel a su nous transmettre le plaisir qu’il a eu lors de cette lecture captivante et dépaysante.
Jacky : « On ne se baigne pas dans la Loire » de Guillaume Nail. Denoël
Jacky a vivement apprécié ce livre qui fait écho à sa propre expérience comme directeur de colonie itinérante.
Pour écrire ce roman, Guillaume Nail, s'est inspiré d'un fait divers dramatique survenu en juillet 1969 à Juigné sur Loire où 19 adolescents périrent noyés lors d’une colonie de vacances.
Le récit décrit tous les types de personnages que Jacky a lui aussi rencontré dans ces séjours qui font se côtoyer des adolescent des fois fantasques et des moniteurs parfois trop jeunes et peu expérimentés.
C'est un roman très prenant.

1O livres nous ont été présentés.
( Animation : Miguel/ Compte rendu : Miguel/Michèle)
Didier : « Le chemin des Estives » de Charles Wright – Flammarion (et j’ai lu)
L’auteur est à l’époque novice Jésuite. Pendant ce temps d’apprentissage et de discernement de la vocation religieuse qui dure 2 ans, il a été invité à vivre avec un de ses compagnon, lui aussi novice l’expérience de devoir pendant 4 semaines entreprendre une longue pérégrination de quelques 700 km dans le centre de la France sans le moindre argent en poche.
Les 2 apprentis jésuites n’ont pu miser, pour vivre, que sur les rencontres généreuses qu'ils ont faites tout au long de leur périple (sans portable, sans carte de crédit, sans bagage…)
C'est une ode à la liberté, à la désertion, au dépouillement et à l’aventure spirituelle.
Didier a été conquis par ce livre qu’il a eu du mal a quitter tellement il a été pris par la richesse du récit de cette aventure riche en rencontres et surprises.
Claude : « Le royaume désuni » de Jonathan Coe – Gallimard
Nous suivons de 1945 à 2021, sur 3 générations, la famille Lamb originaire de Bournville, une petite localité proche de Birmingham, célèbre pour sa chocolaterie. Nous suivons l'évolution de cette famille, du bonheur d'être ensemble, aux ruptures successives, avec en filigrane l'évolution d'une société qui adopte presque sans s’en rendre compte de nouveaux modes de pensées, d'autres regards sur le couple, ou des habitudes différentes au quotidien.
Tout cela est raconté en traversant 7 événements marquants qui font communion et donnent le sentiment d'appartenir à une nation commune : La Seconde guerre mondiale et les discours de Churchill ; le 27 juin 53 le couronnement d’Élisabeth II ; l'investiture du Prince de Galles ; le mariage de Charles et Diana en 1981 ; la mort de Diana en 1997 ; le sacre de l'équipe anglaise à la coupe du monde le 30 juin 1966 ...
Jonathan Coe décrit avec finesse la société anglaise , les dialogues sont justes, l'humour britannique si caractéristique illumine le roman.
Nathalie : « Un an dans la forêt » de François Sureau – Gallimard
En 1938, Blaise Cendrars qui a Cinquante et un an est en mal d’inspiration et n’arrive plus à écrire. Il rejoint Elisabeth Prévost , rencontrée quelque temps avant dans la forêt des Ardennes où elle élève des chevaux. Auprès d’elle, il puise l’enthousiasme et se remet à l’œuvre. Ils forment le projet d’un tour du monde à la voile, s’organisent. Mais c’est la guerre : Cendrars la quitte presque sans un mot, pour s’engager à nouveau. Ils ne se reverront pas. Nul ne sait ce qu’il y a eu entre eux pendant cette année hors du temps, mais cette rencontre fugace, magique, fut importante pour tous deux. Dans des notes trouvées après sa disparition, Élisabeth Prévost écrit : « Blaise Cendrars est l’homme qui a le plus marqué mon cœur et mon esprit. »
Nathalie nous confie avoir été quelque peu déçue par cette lecture, car elle trouve que François Sureau mêle trop des considérations sur sa propre vie au détriment de Cendrars . Mais l'écriture simple reste belle.
Josée : « Oiseaux de passage » de Fernando Aramburu - Actes Sud
Ce sont les chroniques sur 365 jours d'un suicide annoncé consigné dans un journal ,du 1er août au 31 juillet de l'année suivante, par un professeur de philosophie sous le coup des vicissitudes quotidiennes . Ce diaire est le miroir de nos propres tourments et turpitudes. C'est aussi un prétexte pour nous livrer une fresque de l'Espagne contemporaine .
On a droit aux les yeux pétillants de sa chienne Pépa, aux bons mots cinglants de son ami Pattarsouille, au retour des martinets dans le ciel madrilène, à d'innombrables raisons de réenchanter sa vie.
C'est à la fois nostalgique, plein d’humour décalé. Au final, envers et contre tout reste l'amour envers et contre tout, l'amitié, la liberté.
Un très grand roman.
Daniel : « Le quatuor d'Alexandrie » de Lawrence Durrel - Buchet Chastel
Roman choral qui prend la forme de quatre tomes qui ont été publiés entre 1957 et 1960 . Les quatre tomes constituent un seul et même roman qu'il est indispensable de lire intégralement pour apprécier toute la subtilité et l'ambition du projet littéraire. Ils relatent la même histoire racontée par des personnages différents ( Justine, Balthazar, Mountolive et Cléa)
et avec des perspectives différentes qui s’enrichissent mutuellement.
L'action se situe à Alexandrie, avant et pendant la Seconde guerre mondiale.
C'est une épopée majestueuse, opulente et sensorielle, captivante. Daniel nous a fait part de son enthousiasme pour ce livre qu’il a adoré.
Et malgré ces quatre versions qui se complètent , le fin mot de l'histoire que nous délivre Daniel est que malgré ces 4 regards « on ne connaît pas tout de la vérité ».
Marlies : « Mes désirs futiles » de Bernardo Zannoni - Edition de la Table ronde
Ce roman a été honoré par deux prix italiens.
Marlies a été attirée par le graphisme de la couverture (profil d'une fouine) et le titre.
C'est une fable philosophique , un brin mystique, pour adultes, conte initiatique ayant pour personnage principal , Archy, une fouine.
Des animaux qui vivent comme des animaux dans la forêt mais qui sont mis en scène , qui se comportent comme des humains, surtout quand ils s'agit de mettre en exergue leurs défauts (cruauté, vénalité, égoïsme...). À mi-chemin entre fable et roman d'initiation, « Mes désirs futiles » mêle aventure et philosophie pour mieux interroger la nature humaine et la force de nos désirs.
C'est violent, curieux, surprenant, déconcertant parfois .
Christian : « Montedidio » de Erri De Luca - Gallimard
Un adolescent de treize ans qui habite et travaille dans un quartier populaire de Naples au début des années soixante raconte la misère, les épreuves de la vie . Mais l'amour , sous toutes ses formes, impulse, malgré tout l'envie et la joie de vivre.
Le jeune garçon deviendra jeune homme par l'entremise d'un boomerang que son père lui a offert qui sera un peu comme un objet lui permettant de franchir cette étape qu'est l'adolescence. Ce boomerang qu'il ne quitte pas est le symbole de ce passage de l'enfance à l'adolescence.
L'histoire est un mélange de tranches de vie, de fable, de moments oniriques mais aussi parfois sordides. Des chapitres courts qui rendent aisé cette lecture et impulsent le mouvement de la vie.
Erri De Luca nous livre ici encore une fois un grand roman.
Ludovic : « Inversion » de Ludovic Deblois - Édition des Offray
Ludovic Deblois est l'auteur de ce thriller d'anticipation.
Début de la décennie 2040 : dans les rues de Shenzhen, deux chercheurs chinois s’enfuient d’un laboratoire sécurisé. À Bruxelles, un fonctionnaire européen investigue sur les algorithmes du réseau social Thot, soupçonné de manipuler les citoyens à leur insu. En Sicile, une journaliste française enquête sur le devenir de migrants disparus. À Amsterdam, un entrepreneur néerlandais déploie une intelligence artificielle pour libérer les Européens du joug de leur administration. Leur combat commun : défendre leur vision de la liberté. Face à eux, l’Agence européenne de sécurité et du renseignement intérieur mobilise ses forces pour les contrer.
L'intrigue, s'articule autour de personnages, confrontés à la gestion très cadrée des individus.
Ce roman cherche à montrer les limites et les dérives d'une société excessivement contrôlée par le numérique omniprésent En dessinant un futur possible et réaliste, Ludovic nous interroge sur la portée de nos choix présents.
Jacky : « Les Sources » de Marie -Hélène Lafon- Buchet-Chastel
Livre publié à la mort du père de l'autrice.
Un récit en trois parties , bref mais intense, tout en nuances :
Nous entrons, tour à tour, dans la tête de la mère, du père et de la fille . Une famille de paysans dans le Cantal, département qui n'est toujours pas à la pointe de la modernité, à la fin des années 6O. Une ferme isolée.
Neurasthénie de la mère qui vit dans un climat d'humiliation de peur, vie à jamais saccagée, violence du père pas toujours larvée, traumatisme des enfants, souvenirs vivaces où tout est dit, avec une écriture acérée.
Cette autobiographie romancée met en exergue la condition féminine, les violences conjugales et familiales, les aléas et déclin du monde rural. « Sources » bien mieux que « Racines » pour Marie-Hélène Lafon, car l’espoir demeure et fait vivre. La racine reste en terre, la source s'écoule et ondule...
Micaela : « Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre » de Ruta Sepetys Scripto -Gallimard
Lituanie - juin 1941 - juste avant que les Allemands n'envahissent les pays baltes . Les soviétique se livrent à une épuration planifiée par Staline : on arrête les écrivains, les artistes, les enseignants, les intellectuels, enfin, toute personne qui serait susceptible d’œuvrer contre le pouvoir central. C'est dans ce contexte que Lina, jeune lituanienne de 16 ans est condamnée à être déportée avec sa famille, eux aussi dans des wagons à bestiaux, 6 semaines de voyage infernal.
C'est un très beau roman qui rend compte des conditions effroyables de vie de tous ces déportés
dont Héléna, la mère de Lina grâce à son talent de dessinatrice et à ses crayons va témoigner. C'est un beau roman bouleversant, tout en émotion qui dénonce la tragédie de cette histoire qui reste insuffisamment connue.

Étaient présents à cette soirée : André, Catherine, Claude, Christophe, Daniel, Florian, Françoise, Frédérique, Jacky, José, Marlies, Michèle, Miguel, Robert. Onze livres nous ont été présentés ( dont deux évoqués en complément). A notre tour, de les apprécier , en profitant de ces longues soirées hivernales... au coin du feu ou sous la couette en cas de coupure intempestive.
De gaz ou d'électricité .. !
( Animation : Miguel/ Compte rendu : Miguel/Michèle)
Claude : L'ombre de l'aigle - Arturo Perez-Reverte.
Arturo Perez-Reverte fut correspondant de guerre. Il nous raconte dans un court roman, un épisode de la campagne napoléonienne de Russie à Borodino (bataille de la Moskova) vue par un bataillon d'Espagnols enrôlés de force, qui cherchent par tous les moyens à déserter le champ de bataille, afin d' échapper au massacre.et à revenir au pays. Mais le commandement français se méprend sur leurs intentions, croyant à un acte de bravoure , déclenche une charge de cavalerie qui réussit à faire reculer les Russes détruisant ainsi les espoirs des Espagnols. C'est savoureux, intéressant d'un point de vue historique et ce roman fait penser à Un Jour de colère du même auteur, qui relate la révolte des Madrilènes (2 mai 18O8) qui se soulevèrent contre les troupes napoléoniennes , un récit instructif puissant , admirablement documenté.
Florian : Le magasin des suicides – Jean Teulé (adapté aussi en BD)
Dans un monde où l' homme a perdu le goût de vivre où tout est morose, les Tuvache sont des commerçants prospères mais névrosés: Ils vendent tous les ingrédients permettant de se suicider: bonbons empoisonnés, sabre pour se faire hara kiri, corde solide pour se pendre... Tout se passe pour le mieux, jusqu'à l'arrivée d'Alan, le petit dernier qui incarne la joie de vivre...
C'est une fiction originale, grinçante, à l'humour noire , c'est drôle et décalé.
Robert : La révolte à perpétuité - Notarnicola Sante (1938-2021) (Préfacé par Erri. De Luca)
Ce sont les mémoires retraçant le parcours chaotique de ce révolutionnaire, militant, poète, criminel, mais attachant.
C'est son chemin de vie, de sa terre natale la Calabre à Turin où il s' inscrit à la FGCI puis au PCI . Il s'éloigne très vite de la gauche institutionnelle pour rejoindre des groupes révolutionnaires et anarchistes En 1963, il rencontre Pietro Cavallero. De cette rencontre naîtra le groupe de braqueurs qui entrera dans l’histoire sous le nom de Banda Cavallero. Avec les braquages, la Banda Cavallero s’attaquait au pouvoir bourgeois et capitaliste. Pour Sante et les autres, c’était une façon de combattre et de saboter un système injuste, de se réapproprier la richesse que ce système volait au prolétariat et aux pauvres, sans se faire exploiter à l’usine, sur le chantier ou d’autres lieux de travail.
André : La Peste écarlate - Jack London
Récit d'anticipation. ( écrit en 1912) mais d'une actualité prégnante. Nous sommes en 2073. Une pandémie, la peste écarlate (ainsi nommée car elle provoque une coloration rouge de la peau, et une mort quasi immédiate), sévit et ravage la planète. Le fléau a totalement bouleversé l'ordre naturel, le monde est revenu à l'état sauvage. Les rares survivants se sont réunis en tribus sans passé ni culture : les mots lire, écrire, compter, parler ont disparu du vocabulaire.
Une fable qui démontre que si la nature change, l'Homme, lui, ne change pas, ne changera jamais et provoque les problèmes auxquels nous sommes confrontés, hier comme aujourd'hui ou comme demain. Un livre lu et relu, et offert, maintes fois.
Daniel : Au-dessous du volcan – Malcolm Lowry
Un cycle sans fin : L'action se situe au Mexique dans une ville dominée par deux volcans. Le roman raconte l'histoire de Geoffrey Firmin, un consul britannique toujours sous l'emprise de l'alcool ,un homme rongé par la faute commise : officier dans l'armée britannique, durant la première guerre mondiale, à bord d’un cargo dont il était le commandant, il a laissé enfourner des prisonniers allemands dans la chaudière du navire. Il a été acquitté par la justice de son pays, mais sa conscience le ronge et ne lui permet pas d'oublier. Le roman s'achèvera par la mort du consul.
C'est le chef d'œuvre de l'auteur mais ce livre a connu de nombreuses épreuves et déboires avant son édition (manuscrit perdu, en partie dévoré par un incendie, censure, détracteurs)... Ce roman, magistralement bien écrit, connaîtra enfin un plein succès et a fait l'objet d'une adaptation cinématographique.
Josée : Le dernier des siens – Sybille Grimbert
1835. Gus, un jeune zoologiste, est envoyé par le musée d’histoire naturelle de Lille pour étudier la faune du nord de l’Europe. Lors d’une traversée, il assiste au massacre d’une colonie de grands pingouins ( ils servent d'aliments ou de totems...) et sauve l’un d’eux blessé. Il le ramène chez lui aux Orcades et le nomme Prosp. Sans le savoir, Gus vient de récupérer le dernier spécimen sur terre de l’oiseau.. Roman introspectif richement documenté qui raconte la relation touchante qui s’instaure entre l’homme et l’animal et qui s'apprivoise mutuellement.
Une belle et émouvante histoire à découvrir .
Jacky : L'odyssée de Swen - Ian Miller
Un roman passionnant, d'une bouleversante humanité qui met en scène un looser , Swen, l'incompris, un jeune suédois qui se morfond dans sa vie étriquée et son travail sans intérêt. Il part en Norvège où il s'engage dans une entreprise minière. A la suite d'un accident provoqué par un glissement de neige, il est grièvement blessé, perd un œil , il est défiguré. Pour cacher cet handicap il deviendra trappeur et ermite dans le grand nord , une vie éprouvante, dans la solitude, le dénuement, dans une nature grandiose mais particulièrement hostile. trappeur, tant bien que mal. le choix d'une vie difficile, dans la solitude et le dénuement, dans une Nature aussi grandiose qu'hostile . Il vivra alors une aventure humaine exaltante truffée de nombreuses épreuves. Il aura pour compagnon, un chien, mais aussi, un bébé...
Michèle : La Baignoire de Staline - Renaud Lyautey
L'histoire se déroule en Géorgie où Renaud Salins ( qui a choisi un nom de plume : Lyautey) a été ambassadeur pendant trois ans (2012-2016). Il connait donc parfaitement le pays et ses enjeux géopolitiques : un territoire convoité par la Russie, où les services secrets russes sont omniprésents dans la province natale de Staline.
Un étudiant français Sébastien Rouvre est retrouvé mort dans des conditions suspectes à l’hôtel Marriot. Il travaillait sur une thèse. Pourquoi faisait-il de fréquents voyages dans l'ouest du pays et en Russie ? Avant qu'un scandale n'éclate, René Turpin, conseiller à l’ambassade de France , est mandaté pour assister les inspecteurs locaux et notamment Nougo Shenguelia, personnage atypique et attachant .Turpin et Shenguelia vont sympathiser et unir leurs forces, leur matière grise et leurs réseaux pour découvrir qui était ce Français et surtout quels intérêts il avait bien pu gêner pour finir étranglé. Ce roman policier a une double intrigue et de nombreux atouts. - Il nous fait découvrir cette ex-république soviétique et relate des faits historiques méconnus . Ce qui fait entre autres l'intérêt de cette enquête, c’est l’évocation d'un des personnages dont l'ombre inquiétante plane sur cette histoire. Son nom ne sera pas révélé.
Miguel : L'opticien de Lampedusa – Emma Jane Kirby
La narration d'une histoire vraie, un drame qui se répète, actuellement, à l'infini.
Nous sommes à la fin de la saison estivale, à Lampedusa, où l'opticien et sa femme vivent toute l'année.
Avec leurs amis, ils organisent une promenade en mer sur un bateau appartenant à un de leurs amis., une parenthèse pour oublier les soucis du quotidien. Cette balade va virer au cauchemar quand ils vont découvrir des migrants ayant fait naufrage et se noyant. Ils pourront n'en sauver que 47 sur les 35O qui étaient à bord de l'embarcation. Cet épisode va bouleverser leur vie, ils se sentiront coupables ne n'avoir pas pu faire plus.
C'est une lecture qui tétanise, une description très réaliste qui met en exergue la culpabilité face à cette tragédie.
Lire aussi « Eldorado » le magnifique livre de Laurent Gaudé qui porte sur ce même thème.

Livres présentés (Animation et compte rendu par Miguel) :
Claude : Nous sommes ce que nous lisons Georges ORWELL
Quatre savoureux et courts articles rédigés entre 1936 et 1946 par Georges Orwell sur la relation au(x) livre(s) et à la lecture : en tant que libraire, critique littéraire ou simple lecteur. le dernier article va même jusqu'à évaluer le coût horaire d'un loisir comme la lecture en le comparant à celui de l'achat de cigarettes. Le lecteur goûte à l'humour d'Orwell et à son sens fin de l'observation lorsqu'il décrit celles et ceux qui se rendent dans les librairies (sans toujours s'intéresser à la qualité des livres) ou ceux qui rédigent des critiques sur des livres qu'ils n'ont pas lus.
Didier : La décision Karine TUIL.
Didier nous exposé son émotion suite à la lecture et à l’écoute en audio de ce livre. Une double expérience qu’il a hautement appréciée . Nous sommes en mai 2016. La juge d’instruction doit se prononcer sur le sort d'un jeune homme suspecté d'avoir rejoint l'État islamique en Syrie. À ce dilemme professionnel s'en ajoute un autre, plus intime : ma- 2 riée, la juge entretient une liaison avec l'avocat qui représente le mis en examen. Entre raison et déraison, ses choix risquent de bouleverser sa vie et celle du pays... L’autrice nous entraîne dans le quotidien de juges d'instruction antiterroristes, au cœur de l'âme humaine, dont les replis les plus sombres n'empêchent ni l'espoir ni la beauté
Béatrice : Roman Fleuve Philibert HUMM
Béatrice nous a parlé avec enthousiasme de ce livre le plus léger, le plus drôle, le plus malicieux, de la rentrée littéraire 2022. Elle nous a décrit l’auteur comme un peu allumé, foufou qui sur le plateau TV de la Grande librairie a fait son show. L’histoire : 3 amis ont descendu la Seine de Paris à Honfleur au mois d'août 2018 dans un canoë à pagaies. À peine larguée l'amarre et quitté le quai les trois marins d'eau douce perdent l'ancre du canot ! Peu importe : la débrouille, l'improvisation, et les muscles, feront office d'expertise et de préparation. Il y aura deux chavirements, des bivouacs au milieu des immondices sous des ouvrages d'art, une mutinerie, et beaucoup de mauvaise foi, de moqueries et de drôleries. Béatrice a ri, beaucoup ri tout au long du livre et est ébahie devant cet exploit de tenir la longueur avec de l'esprit, de l'humour, et l'envie avant tout de donner du plaisir au lecteur. Un vrai bonheur dit-elle.
Catherine : La nuit des pères Gaëlle JOSSE
Appelée par son frère Olivier, Isabelle rejoint le village des Alpes où ils sont nés. La santé de leur père, ancien guide de montagne, décline, il entre dans les brumes de l'oubli. Après de longues années d'absence, elle appréhende ce retour. C’est l'ultime possibilité, peut-être, de comprendre qui était ce père si destructeur, si difficile à aimer. Entre eux trois, pendant quelques jours, l'histoire familiale va se nouer et se dénouer. C’est l’histoire d’un père très dur. Les enfants ne se sont pas sentis aimés. Dans une conversation le père se livre et ils comprennent pourquoi il a été dur. Les voix de cette famille meurtrie se succèdent pour dire l’ambivalence des sentiments filiaux et les violences invisibles, ces déchirures qui poursuivent un homme jusqu'à son crépuscule. Gaëlle Josse livre ici un roman d'une rare intensité, qui interroge nos choix, nos fragilités, et le cours de nos vies.
José : Le Pion Paco CERDA
Un livre qui emprunte au jeu d’échecs. Structurée par les 77 mouvements de la partie Fischer/ Pomar, se trame au fil de cette confrontation une histoire à la forme originale offrant une réflexion quant à l’engagement personnel et, plus largement, sur la façon dont les deux joueurs ont été instrumentalisés par leurs gouvernements respectifs. Aux portraits des deux joueurs d’échec s’ajoutent ceux de nombreux autres « pions » voués à une cause politique durant cette année 1962 faite de turbulence où, lors de la Crise des missiles de Cuba, la guerre nucléaire a failli éclater. Ils sont tous évoqués : phalangistes, Afro-Américains, pacifistes, indigènes, militants antinucléaires, gauchistes ou militaires à l’obéissance aveugle communistes, maquisards, ouvriers, socialistes, membres de l’ETA, chrétiens, républicains, étudiants, … Ils jalonnent ce texte comme autant de « mythes » fabriqués et utilisés à des fins politiques, des personnes sacrifiées et payant le prix fort ; celui de la mort, de la prison, de l’exil ou de la solitude. Ce livre fait partie de la sélection pour le prix de la ville d’AVIGNON.
Marlies : Des rêves d’or et d’acier Émilie TON
Un premier roman autobiographique puissant et intime, dans lequel l’autrice nous raconte l'histoire de son père balloté par la grande Histoire depuis le Viet Nam, le Cambodge jusqu'en Lorraine où il est devenu ouvrier dans l'acier. Émilie Tôn enquête curieuse du vécu de son père, il offre à sa fille Émilie son histoire, son identité plurielle, riche, irréductible, à cheval entre deux cultures, ce qui provoque parfois des tensions et des incompréhensions au sein de la famille. Émilie vit cela comme une chance. Rares sont les romans qui font percevoir avec une telle acuité ce que c'est que de sentir le poids de l'Histoire collective sur la destinée d'une personne. Marlies a su nous partager son émotion en présentant le livre. Ce livre fait aussi partie de la sélection pour le prix de la ville d’AVIGNON.
Jacky : Tibi la blanche Adrien BELS
C’est un livre sur la vie d’une banlieue à DAKAR , ville que connait bien Jacky pour y être allé tant de fois. Trois lycéens attendent les résultats du bac. Malgré leurs différences sociales et ethniques, ces trois-là sont amis. Il y a Tibilé, surnommée Tibi la blanche parce qu'elle a de la famille en France où elle pourra aller étudier. Puis Rigobert, surnommé Neurone, le bon élève de la bande dont le père qui a réussi vend de grosses voitures. Puis Issa, de père inconnu et de famille pauvre, il rêve de devenir styliste et gagne déjà sa vie en cousant des boubous et des pagnes en wax. Ces trois amis font des projets d'avenir, inquiets quant à leur réussite à l'examen qui conditionne la suite de leurs études. Leur vie est un mélange d'exubérance adolescente et de respect ancestral. Un livre aux chapitres courts et au récit rythmé par les dialogues. Un roman attachant qui a emballé Jacky. Jacky nous a rapidement présenté au passage le livre qu’il a écrit avec son ami Habib Kane : « Hauteurs africaines » et nous a relaté cette folle et riche aventure d’avoir édité des bandes dessinées africaines pour les enfants de DAKAR à partir des contes qui se racontent là-bas.
Miguel : Le lion d’Alexandrie Jean Philippe FABRE
C’est l’histoire romancée de Saint marc l’auteur du 2eme évangile ( dans le corpus du NT). L’auteur, spécialiste en exégèse, nous raconte dans un livre plein de rebondissements le monde méditerranéen à l’époque de l’occupation romaine. On suit la déroute des apôtres après la mort du Christ, les conflits dans la communauté, les disputes autour des choix a faire et surtout la lente élaboration de l’écriture du 1er évangile des dizaines d’années après les événements. Ce qui est raconté , certes de manière littéraire et romanesque repose sur les références aux écritures mais aussi sur les recherches historiques. Pour qui veut un peu comprendre ce qui s’est passé ce livre donne quelques clefs de compréhension.
José : Eleftheria Murielle Szac
Dans son premier roman pour adulte l’autrice met en lumière un évènement méconnu de la seconde guerre mondiale en Crête. Lors du naufrage du cargo Tanaïs en octobre 1944 meurent des centaines de juifs raflés sur l’ile, des résistants crétois et des prisonniers de guerre italiens. Le livre va redonner vie aux disparus en imaginant leurs histoires et leurs choix de vie pendant le conflit. On apprend beaucoup de choses sur l’occupation allemande en Crête. Un magnifique livre qui aide à réfléchir aux notions de liberté et de destinée choisie ou subie. Ce livre fait aussi partie de la sélection pour le prix de la ville d’AVIGNON.

Comme toujours, une soirée fort conviviale d’échanges enrichissants autour des 9 livres choisis par Claude, Évelyne, Françoise, Jacky, Josée, Marlies, Michèle, Miguel, Simone.
Livres présentés (Animation et compte rendu par Miguel et Michèle) :
Claude : Partie italienne Antoine Chapelin (Buchet-Chastel 2022)
Gaspard est un artiste sculpteur renommé. Nécessitant une pause , il se rend dans la capitale italienne. . A la terrasse de l’hôtel Campo de’ Fiori , il installe son échiquier, et propose des parties avec les passants. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Marya, une hongroise, petite-fille d’un grand maître d’échec, mort à Auschwitz . Sur cette place est érigée la statue de Giordano Bruno, un philosophe dominicain, brûlé en place publique pour hérésie. Balades romaines, idylle, parties d’échec endiablées , intrigues et suspens, émaillent ce beau roman poétique et délicat.
Evelyne : Une étincelle de vie Jody Picoul (Babel 2018)
Alors qu'il célèbre son quarantième anniversaire au poste de police, Hugh McElroy, un négociateur de crise, est appelé sur le site d'une prise d'otages. C’est un établissement gynécologique, le dernier centre pratiquant l’avortement au Mississippi.
C’est un compte à rebours qui permet de mieux comprendre la trajectoire des deux personnages, Hugh et le preneur d’otage.
C’est une belle réflexion sur la relation père-fille, une écoute sans parti pris sur les femmes en situation difficile, un policier qui traite d’une actualité socio-politique brûlante.
Françoise : Les années Annie Ernaux (Gallimard 2008)
Un roman choisi bien avant le Nobel qui honore l’écrivaine, un prix qui couronne « le courage et l’acuité clinique avec laquelle elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle ».
C’est une biographie , la vie de l’autrice, mais aussi soixante ans d’histoire commune, une analyse sociologique intéressante sans effet stylistique, écrite avec une distance empathique.
Françoise est une inconditionnelle d’ Annie, nous l’avions compris !
Simone : Margot ou le puy des illusions Marie-Noëlle Touzery-Peurière, (Nombre 7- 2021)
C’ est son premier roman édité.
Parmi les multiples productions confiées à Simone, professeur de lettres, pour qu’elle donne son avis, celle-ci , pour elle, est unique pour au moins trois raisons , l’histoire d’une petite fille, son initiation à la vie, jusqu’à sa retraite d’enseignante, la belle histoire d’amour avec l’elfe bondissant , l’hymne à une région, l’Auvergne. Il faut lire cette belle et sincère autobiographie pour en découvrir toutes les subtilités. Simone nous a transmis l’émotion qu’elle a eue à la lecture de ce livre.
Laurence : Mohican Eric Fottorino (Gallimard 2021)
Brun va mourir. Il laissera bientôt ses terres à son fils Mo. Mais avant de disparaître, pour éviter la faillite du vaste domaine agricole et tenter de corriger son image de pollueur, il décide de couvrir ses champs d’ éoliennes. Son fils est opposé à cette décision.
Un roman qui fait le portrait d’un monde agricole, celui du Jura, une description sociologique du devenir de l’agriculture qui met en exergue l’affrontement des générations.
Marlies : L’évaporée de Fanny Charello, Wendy Delorme, ( Cambourakis 2022)
C'est un roman écrit à quatre mains, avec un même écho.
Deux femmes Jenny et Eve s'aiment mais l'une d'elle décide de partir subitement, le roman s'organise alors alternativement autour des deux personnages. Celle qui est quittée qui reste, et celle qui s'est évaporée. C’est une interrogation sur la possibilité d’une relation durable, la compatibilité de modes de vie a priori opposés, la nécessité d’affronter les fantômes du passé afin de rendre le présent possible, c’est aussi la mise en exergue des pouvoirs et des limites de la création littéraire.
Elles apprendront qu’on peut vivre une même histoire de façons différentes.
Ce roman fait partie des cinq livres sélectionnés pour Le Prix littéraire des avignonnais 2022 (vous pouvez voter jusqu'au 12 novembre, remise des prix le 3 décembre), c’est le favori de notre libraire, c’est un roman très sensoriel, une belle histoire d’idylle au féminin.
José : L’invention du diable Hubert Haddad (Zulma 2022)
Un livre foisonnant, on dira même diabolique. Il faut prendre son temps et s'accrocher pour le découvrir. Mais si l’on fait cet effort c’est une immense joie qui advient lorsqu'on saisit les subtilités de cette fresque historique : le pacte faustien, celui de Papillon de Lasphrise, une écriture qui s’adapte aux différentes époques traversées par le héros de cette histoire : rabelaisienne, baroque, fleurie, classique... José, avec sa fougue a su nous faire vivre cette épopée littéraire.
Ce roman fait partie des cinq livres sélectionnés pour Le Prix littéraire des avignonnais 2022 (vous pouvez voter jusqu'au 12 novembre, remise des prix le 3 décembre) c’est le favori de notre seconde libraire.
Michèle : Le livre des chagrins - Traductions de poèmes de Florbela Espanca ( L’Escampette 2022)
Le Livre des chagrins, Sœur Saudade, Bruyère en fleur, Reliquae.
Florbela Espanca (1884-1930) est une poétesse portugaise qui a traduit son mal-être, ses désillusions, les drames multiples auxquels elle a été confrontée en écrivant des sonnets «parce que la forme est plus contraignante, l’idée jaillit plus intense » (Baudelaire).
Une féministe confrontée, heurtée par un monde machiste , dans un pays, alors, dirigé par un dictateur. « [...] et j’ai mordu les roses blanches d’Ispahan[...] avec, au fond du cœur, la même plaie béante. »
Miguel et Jacky : Un Jour sans fin Sébastien Barry ( Joëlle Losfeld éditeurs 2018)
Pour rendre un hommage paternel à son fils, Barry écrit ce roman.
Un western littéraire qui met en scène un jeune Irlandais Thomas Mc Nulty, qui s'est exilé pour échapper à la famine et qui va rencontrer John Cole , un amérindien . Ils vont traverser une époque héroïque de l’histoire des États Unis en participant aux guerres menées contre les Indiens et à la Guerre de sécession.
Couple gay sympathique et plein de vie , ils adopteront Winona, la nièce du chef indien " celui qui domptait les chevaux".
Ce roman captivant, plein de rebondissements, démontre de façon originale tout un pan de l’histoire américaine sans faire aucune impasse sur la beauté des paysages et les qualités humaines mais aussi les atrocités, les boucheries de ces guerres fratricides.
Jacky avait conseillé ce livre à Miguel et celui-ci en a acheté 7 tellement il a voulu faire partager à ses amis le bonheur de le lire.
Ps : Le mot de Simone qui tenait à faire honneur à sa lecture :
Je vous recommande la lecture de l’ouvrage écrit par Marie-Noëlle Touzery-Peurière intitulé : "Margot ou le puy des illusions".
Je lis beaucoup, par goût et par métier, des auteurs français et étrangers, anciens, modernes, et contemporains - et il m’arrive (encore) d’avoir le plaisir de la découverte – ce livre en est une, de qualité, que j’assume pleinement.
C’est un roman qui vous entraîne pendant trois cents pages (qu’on ne voit pas passer) dans la vie d’une jeune personne nommée Margot, laquelle raconte sa vie depuis la petite enfance jusqu’à l’âge des bilans, à travers une autobiographie mâtinée d’autofiction. Les événements y sont à la fois « vrais » et revisités par une plume douée, en verve, inspirée. De l’authenticité devenue littérature, avec les accommodements nécessaires du genre romanesque. Une écriture forte, charnue, drôle, qui s’engage. Et un alliage (comme au 18ème siècle) de genres différents : il y a là un roman d’apprentissage (où les vicissitudes font peu à peu l’éducation de Margot) ; une saga familiale, qui ne manque ni de pittoresque, ni de réalisme, ni de coups de patte ; un roman social (l’évolution d’une certaine bourgeoisie aisée qui garde ses codes en perdant sa fortune) ; une histoire d’amour (transgressive) ; un roman régional (enraciné dans l’Auvergne chevillée au corps et la maison familiale) ; une satire cocasse et navrante à la fois de ce qu’est devenu l’enseignement dans les collèges ; une évasion/réflexion sur le conflit des cultures, à travers le récit (très enlevé) des aventures africaines…
Dernière remarque : j’ai personnellement apprécié la maîtrise des jeux d’écriture. A côté de la narration chronologique traditionnelle, dominante, se rencontrent des « variations » qui incrustent des tons différents : on a par exemple ici la truculente chanson du grand couillon (devant le viaduc de Garabit enjambant la Truyère), et plus loin la sérieuse « Histoire de Clarisse » ; il y a l’épopée amusante de ‘Margot la Parisienne chez les cathos’ (version : « Les fioretti » !) mais aussi, ailleurs, le « Dit du Père Lambert », sobre et documentaire ; on adore la scène de genre humoristique (l’aveu crucifiant du fiancé en voiture : « Chez nous, on mange de la soupe… ») et on admire la transposition dramatique des suites de la mort du frère résistant, où la mère de l’héroïne devient une émule de Clytemnestre, réécriture saisissante et passionnée de la douleur.
A vous donc, si vous voulez, la magique « Font Dorée », et la fantastique pêche au mérou en Tunisie (où l’Éducation Nationale envoie aimablement ses enseignants se reposer), la farce du départ à la retraite au collège de C*******, et l’atelier d’écriture de la mystérieuse Eduarda… etc. !
Bref, bienvenue au Puy des Illusions.
Simone Grava-Jouve
Avignon
NB : Le seul défaut que j’ai à signaler, pour cette édition, se situe dans le fait qu’elle comporte quelques coquilles, qui n’ont pas été corrigées à la relecture.

Comme toujours, une soirée fort conviviale d’échanges enrichissants autour des livres choisis par Miguel, Claude, Françoise, Mathieu, Chantal, Denis, Christian, Michèle, José.
Livres présentés (Animation et compte rendu par Miguel et Michèle) :
1- Miguel : L’inconnu de la poste - Florence Aubenas (Points 2022)
Florence Aubenas met tout son talent de journaliste pour reprendre, à son compte, une investigation minutieuse sur cette affaire criminelle qui défraya en 2008 toute la région de l’Ain à la suite de l’assassinat de Catherine Burgot, la sympathique postière de Montréal-la-Cluse, tuée de vingt-huit coups de couteau. C’est une enquête approfondie, faite de rebondissements. L’écriture empathique met en scène un des supposés protagonistes de ce meurtre, Gérald Thomassin, ex-espoir du cinéma français ( Le petit criminel de Doillon, César du meilleur espoir en 1991 ) , devenu marginal, longtemps soupçonné, avant de bénéficier d’un non-lieu, les deux ADN retrouvés sur le lieu du crime ne correspondant pas au sien. Lui a définitivement disparu.
C’est un récit humaniste, une enquête approfondie, une affaire qui conserve, en partie, son mystère.
Miguel nous invite à découvrir les autres ouvrages de Florence Aubenas, notamment Le Quai de Ouistreham.
2- Claude : Entre toutes les femmes - John Mc Gahern ( 1934-2006) (Sabine Wespieser 2022)
Un livre qui nous plonge au cœur de l’Irlande rurale dans la famille de Michael Moran, le pater familias - deux fils, trois filles - veuf, encore bel homme, remarié à Rose douce, enjouée, bienveillante. C’est un homme autoritaire, aigri, violent, vindicatif , frustré, marqué à jamais par son implication dans les rangs de l’IRA.
Un roman magistral, réaliste qui décrit dans une atmosphère lourde , oppressante , rugueuse, les relations complexes, houleuses, les sentiments d’amour et de haine entre le père et ses enfants, les journées de labeur cadencées par les prières... Une analyse intelligente, fouillée qui met en exergue cette époque difficile (après la guerre d’Indépendance 1919-1921 et la guerre civile 1922-1923 ). Un auteur majeur de la littérature irlandaise.
3- Françoise : Profession du père - Sorj Chalandon (Le Livre De Poche 2016)
Sorj Chalandon raconte son père. Un mythomane violent qui disait qu'il avait été chanteur, footballeur, professeur de judo, parachutiste, espion, pasteur d'une Église pentecôtiste américaine et conseiller personnel du général de Gaulle jusqu’en 1958. Il disait qu’il avait été trahi par De Gaulle et qu’il voulait le tuer.
En fait Sorj ( dont le prénom est Georges mais que sa mère appelait Sorj) raconte le quotidien du jeune obéissant contraint aux folies paternelles. Une ambiance familiale sur le fil du rasoir, où la peur domine, où l'enfant somatise entre asthme et incurie scolaire. Puis devenu adulte, Sorj tente la compréhension et la découverte de vérités sur son père qui s’était fait passer pour un résistant alors qu’il a été un nazi.
Le livre fait des allers - retours entre les différents moments de cette vie compliquée. Il parle de la relation enfants-parents avec un père qui, à la fois, fascine et fait peur . L’autobiographie est forte, émouvante, dans un style d’écriture très fluide.
4- Mathieu : Patria - Fernando Aramburu (Babel 2020)
Un immense succès en Espagne, couronné par plusieurs prix. Adapté à la télévision « Patria ».
Le roman a pour cadre un village rural du Pays basque, dans la province de Guipuscoa.
Le récit se décline en analepses et prolepses (retour en arrière et en avant - au cinéma flash-back) , et raconte le quotidien des familles endeuillées durant les années de plomb, les drames familiaux (assassinat del Txato -le bavard , le garagiste…) après la mort de Franco, jusqu’en 2011 quand l’ETA (Euskadi Ta Askatasuna – Pays Basque et Liberté) annonce la fin de la lutte armée. Le retour dela veuve, Bittori va déstabiliser, un peu plus le village.
Dans un style incisif, avec de courts chapitres facilitant la lecture de cet ouvrage de plus de 600 pages , cette fresque romanesque évoque le deuil, la souffrance, le conflit des classes, la mémoire, le pardon, la rédemption.
5- Chantal : Fahrenheit 451 -Ray Bradbury (Folio 2000)
Adapté au cinéma en 1966 par François Truffaut.
Le titre fait référence au point d'auto-inflammation, en degrés Fahrenheit, du papier. Cette température équivaut à 232,8 °C .
Dans cette société totalitaire, les livres sont interdits car dangereux et doivent être brûlés car toute activité culturelle, artistique est considérée pour l’ordre social pernicieuse .Les pompiers deviennent des pyromanes. Montag en est leur chef, mais il va rencontrer Clarisse…
C’est un roman visionnaire, de nombreux parallèles peuvent être faits avec l’actualité
brûlante d’aujourd’hui, comme celle d’hier. La littérature peut être salvatrice.
Un roman culte, qu’il faut avoir lu.
6- Denis : La vie des Elfes - Mireille Barbery (Folio 2019)
Une lecture recommandée par une amie qui a été un moment de ravissement.
Un conte lent, poétique, lyrique, fantastique, drôle, philosophique, original, écrit dans le langage des elfes.
Clara est musicienne et Maria sait parler à la flore et à la faune , deux orphelines adoptées l’une en Bourgogne, l’autre dans les Abruzzes, ces fillettes dotées de nombreuses qualités, vont être initiées à rencontrer ces petits êtres à des fins perverses mais elles parviendront à être plus fortes que les forces du mal.
Il faut se laisser aller au fil des pages...
7 – Christian : Un été dans la Sierra - Jean Muir (1838-1914) (folio 2022)
Jean Muir : tout à la fois :Botaniste, géologue, explorateur, ingénieur, inventeur, essayiste, écrivain, préservationniste, alpiniste, glaciologue, écologue, philosophe, naturaliste, conservationniste... C’est un carnet de bord , une narration , jour après jour , celle de l’auteur durant l’été 1869 alors qu’il est engagé pour accompagner une transhumance vers la Yosemite Valley, aux États-Unis.
Après un début lent consacré à la botanique, l’écriture se libère, se colore, s’anime , les paysages sont sublimes. C’est une ode jubilatoire, enthousiaste à la nature sauvage . Jean Muir nous fait partager ses émotions, ses sensations, son émerveillement. Une lecture exotique, dépaysante.
8- Michèle : L’abolition des privilèges – Bertrand Guillot (Les avrils 2022)
La nuit du 4 août 1789 reste une date historique.
Cette fameuse nuit est mise en scène comme une pièce de théâtre, à la fois, tragi-comédie et farce, et respecte les trois unités : le temps : une nuit chaude au cœur de l'été 1789 , du crépuscule au petit matin, un lieu , l'Hôtel des Menus Plaisirs à Versailles , une action : L’abolition des privilèges. Nous sommes spectateurs privilégiés, assis au milieu des quelques 1000 députés membres du clergé, nobles et députés du Tiers et des gazetiers, nous allons suivre les débats et être aussi portés par l'émotion générale surexcitée de tous , les assauts de surenchère de générosité pour demander l'égalité devant l'impôt, l'admission de tous aux fonctions publiques, supprimer les abus, renoncer à certains privilèges, monopoles .Un ouvrage instructif dans les parallèles à peine déguisés avec notre époque.
9- José : Marcel Proust
José nous rappelle que cette année nous commémorons le centième anniversaire de la disparition de Marcel Proust. ( Paris- 10 juillet 1871 - 18 novembre 1922 )
A cette occasion plusieurs ouvrages ont été édités ou réédités, et la Mémoire du monde a mis à l’honneur cet écrivain avec une table qui lui est dédiée. Elle nous recommande, plus particulièrement deux nouveautés de cette rentrée littéraire Clara lit Proust de Stéphane Carlier , un roman qui raconte la découverte de Proust par une jeune coiffeuse et l'onde choc que cela produit dans sa vie. En parallèle d'Une Saison avec Luce d'Henri Raczymow, une pastiche d'Albertine disparue.
Et d’autres ouvrages sont attirants. A lire aussi Vladimir Jankélévitch (1903-1985).

Des fidèles au rendez-vous! Tous n’ont pas présenté de livre, mais tous ont été attentifs et intéressés par les livres présentés au cours de cette soirée. Ce qui a donné lieu à des échanges très riches.
( Animation: Miguel, Compte rendu: Michèle):
1- Elisabeth : Celui qui veille, de Louise Erdrich - (éditions Albin Michel 2022 - Prix Pulitzer 2021)
Inspirée par son grand-père maternel, qui a lutté pour préserver les droits de son peuple, Louise Erdrich, qui par sa mère a du sang amérindien, nous raconte une aventure humaine qui a pour décor le Dakota Nord – 1953 - , peuplée de personnages inoubliables : Thomas Wazhashk, président du conseil consultatif de la Bande d'Indiens Chippewas de Turtle Mountain, déterminé à lutter contre le projet du gouvernement fédéral censé « émanciper » les Indiens, Patrice/Pixie, la nièce de Thomas qui souhaite reprendre ses études pour être plus libre, Véra, sa sœur partie pour la grande ville, Wood Mountain et Barnes , ses prétendants…
Un roman biographique de cinq cents pages, riche, foisonnant, réaliste, profondément humain qui met en lumière la politique inique du Congrès américain envers le peuple Indien.
Une lecture passionnante.
2- Evelyne : Les Huit Montagnes, de Paolo Cognetti – (éditions Grasset 2016 - livre de poche 2018)
(Prix Médicis étranger 2017, Ce roman est devenu un film présenté en compétition au Festival de Cannes 2022.)
Pietro est un jeune milanais, Bruno un enfant des montagnes du Val d’Aoste. Ils ont 11 ans tous
les sépare mais la montagne va les rapprocher et en faire des amis. Le père de Pietro aime les longues randonnées en montagne où il entraîne son fils malgré son mal des cimes. Pietro et Bruno deviendront amis. Vingt ans plus tard, c’est dans ces mêmes montagnes et auprès de ce même ami que Pietro tentera de se réconcilier avec son passé – et son avenir.
Un roman autobiographique écrit dans une langue pure et poétique, sans longueur, un livre sur l’apprentissage de la vie, sur l’amitié , un hommage à la montagne et à la nature, un coup de cœur qu’Evelyne aime à relire. Un film a découvrir bientôt en salle.
3- Claude: L’infini dans un roseau d’Irène Vallejo - (Editions Belles lettres 2021)
- Prix national de l’essai et prix espagnol de l’Association des Librairies.
Un (imposant) essai que l’on lit comme un roman, qui raconte avec érudition, passion, lyrisme et talent l’invention des livres dans l’Antiquité, un périple historique à l’est de la Méditerranée
(Mésopotamie, Égypte, Grèce) puis à Rome.
Le titre de cet ouvrage évoque le roseau qui a constitué l'une des premières surfaces d'écriture, le papyrus mais aussi le calame qui sert à écrire… des livres! Le livre qui libère, qui diffuse des idées et qui devient pour certains, un objet dangereux.
(Un joli écho à Une histoire de la lecture d'Alberto Manguel)
4- Laurence: Just Kids de Patty Smith - (éditions Denoël 1999 - folio 2013)
Un récit autobiographique, intimiste, qui retrace ses années de jeunesse, de sa carrière chanteuse , guitariste punk rock mais aussi de poète, d’écrivaine, d’artiste peintre et de
photographe, ses joies, ses peines, elle parle de son ami Robert Mapplethorpe, de leur amitié et de leur liaison fusionnelle, qui durera de 1967 à 1969. C’est aussi la découverte d’endroits mythiques. C’est un petit bijou, joliment écrit, émouvant passionnant à lire. Voir sur Arte -replay un portrait de Patty Smith.
5- José : Marchands de mort subite de Max Izambard - (éditions du Rouerge 2021)
C’est un roman noir, une comédie tragique qui commence par un coup de fil: Pierre Marlot, est
informé par le consulat de France en Ouganda que sa fille Anne, journaliste a disparu depuis qu’elle
a passé illégalement la frontière pour se rendre en République démocratique du Congo. Sa fille enquêtait, en fait sur le commerce illégal de l’or entre les deux pays. Les personnages sont nombreux permettant ainsi à l’auteur de multiplier les points de vue de chacun pour donner au lecteur une vue plus large des évènements.
Quand la recherche de la justice, de la vérité, s’affronte à la soif de pouvoir , de richesse, de lucre, un éternel combat...
Roman choral dur, fort mais qui se lit facilement.
6- Marlies : Blackwater I, La Crue, de Michael McDowell - (éditions Monsieur Toussaint Louverture 2022)
Avant de nous parler du livre choisi, Marlies revient sur les autres présentations, celles de Claude et Elisabeth, notamment, pour mettre en exergue le pouvoir du livre, la chance d'avoir une loi du livre en France, qui rends accessible la diffusion des idées et les problèmes liés à la surproduction diffusion des idées par le livre et fait un parallèle avec la situation actuelle au Chili avec le peuple Mapuche dont les terres sont spolier pour produire de la pâte à papier internationale.
Une fresque familiale dans le sud des états-unis en 1919, en 6 tommes, le dernier à paraître prochainement: manipulation, rebondissement à foison, c’est romanesque, effrayant, fascinant, joliment illustré et peu onéreux! Michael McDowell a une écriture cinématographique qui nous plonge dans un univers que l'on ne veut plus lâcher, à l'affut des choses étranges à la Edgard Alan Poe.
7- Michèle : Une Française libre : Journal 1939-1945 de Tereska Torrès - (Editions Libretto 2022)
Tereska sort tout juste de l'adolescence quand la Seconde guerre mondiale éclate . Née de parents polonais émigrés, convertis au catholicisme, son père, Marek Szwarc, est un talentueux sculpteur qui s'engage dans l'armée polonaise et se retrouve en Angleterre. Il y sera rejoint par son épouse
Guina et sa fille. Tereska va alors s'engager pour toute la durée de la guerre dans le corps féminin des Forces françaises libres. Elle va y faire son apprentissage de la vie qu'elle va retranscrire dans son journal intime. Ce récit révèle le portrait d'une jeune diariste aventureuse, courageuse, passionnée, enthousiaste, sincère, amoureuse, c'est une narration historique intéressante.
8- Miguel: Inigo, de François Sureau .
Le livre n’a pas pu être présenté, faute de temps. Il le sera en septembre. Il s’agit du récit d’un épisode majeur de la vie d’Ignace de Loyola.

Une soirée fort conviviale d’échanges enrichissants autour des livres choisis par Fred, Christian, Francis, Jo, Angèle, Claude, Raphaël, Laurence, Nicole, Élisabeth, Évelyne, Florian, Michèle, Jacky et Miguel.
Livres présentés (Animation et compte rendu par Miguel et Michèle) :
1/ Nicole : « Anéantir » – Michel Houellebecq (janvier 2022- Flammarion)
Avec son le 8ème roman - 780 pages-, au titre provocateur, et très bien documenté, Houellebecq nous projette dans l’année 2027. Se mêlent, s’entremêlent, les drames de la vie intime, celle de Paul et Prudence, la politique, le quotidien d’une société occidentale, la fuite par le rêve, des attentats... Un grand thriller politique. Le récit ménage de nombreuses surprises, comme celle de l'apparition d'un avatar réaliste de Bruno Le Maire dont le personnage principal du roman est l'un de ses conseillers, Paul Raison, un haut fonctionnaire de 47 ans.
Le livre n’a pas de fin… On sent l’empathie de l’auteur.
Nicole a été emballée par le livre.
2/ Fred : « Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan » - Laurent Perez (Éditions les Escales octobre 2021)
Ce livre dit la puissance de l’amour d’une mère juive séfarade, très protectrice pour aider son fils Roland, handicapé (né avec un pied bot). Avec acharnement, elle parviendra à le faire opérer. L’enfant devra rester alité de longs mois au cours desquels il découvrira le monde et apprendra à lire grâce à la télévision et surtout en écoutant la star préférée de la fratrie familiale : Sylvie Vartan. C’est lumineux, c’est plein d’humour, c’est attachant. Pour Fred c’est une lettre d’amour. Il en a parlé avec grande émotion.
3/ Laurence : « Une éducation » – Tara Westover (Lattès 2019)
Roman autobiographique qui dit le combat de Tara pour échapper à sa famille qui appartient à la secte des Mormons. Comment se construire, comment évoluer , comment devenir docteur en histoire, hors de la famille sans la trahir ? Une expérience singulière, un témoignage édifiant, d’une grande force.
4/ Raphaël : « Les Guerriers nus » - Jean-Marie Lamblard (Imago 2005)
L’auteur, né à Tavel en 1938, devenu inspecteur général du Théâtre nous livre un récit épique qui oppose les Celtes, ancêtres du peuple provençal, ceux qui allaient combattre nus, aux Grecs installés à Massalia, l’antique Marseille.
Quelques colons grecs partis d'Orient fondèrent en terre ligure la ville de Massalia - la Marseille antique. Ces nouveaux venus d'une autre civilisation prospérèrent rapidement, suscitant dans la population environnante attirance et hostilité. Jusqu’au moment où les tribus alentours, gaulois ou celto-ligures ressentent cette présence comme invasive et décident de reprendre la main et de soumette la cité devenue puissante. Les Gaulois, de tradition orale imposent leur puissance par la guerre et le combat physique. Leur richesse se construit sur le pillage et la vénération de l’or. Les Grecs ont une autre approche fondée sur la littérature, le commerce.
Cette évocation romanesque nous est racontée avec une verve poétique et fait revivre avec beaucoup d’humanité ces guerriers redoutés défaits mais invaincus.
5/ Claude : « Je m’appelle Asher Lev »- Chaïm Potok (1994 Buchet Chastel; 2007 10/18 )
Roman autobiographique. Tout jeune Asher est attiré par le dessin, au grand désespoir de son père très croyant qui estime que cette expression artistique est incompatible avec la tradition religieuse juive. Le jeune homme pourra néanmoins poursuivre sa vocation, s’épanouir grâce à son talent, exposer et devenir célèbre.
Un roman magistral sur les affres du génie artistique, bien souvent synonyme de déchirements culturels, spirituels et intimes
6/ Evelyne : « Regarde les lumières mon amour » - Annie Ernaux (2014 Seuil; 2016 Folio)
C’est un journal tenu par l’autrice entre 2012 et 2013, dans lequel elle consigne ses observations quand elle fait ses courses dans un supermarché, elle nous fait part de ses sentiments, de ses interrogations. Une analyse sociétale intéressante, ludique et originale. L’hypermarché est un grand rendez-vous humain, un véritable spectacle. Sa fréquentation est très loin de se résumer à la seule corvée des courses. Dans le journal de ses visites, la romancière livre les sentiments mêlés, attirance mais aussi interrogations, que suscite en elle ce haut lieu de l’abondance. Manifestement le regard d’Evelyne a changé quand elle fait ses courses. Elle a su nous communique sa nouvelle approche.
7/ Florian : Une BD « Le château des animaux » scénarisée par Xavier Dorison et dessinée par Félix Delep, (Casterman 2018 et en cours pour les autres tomes à paraître)
Quelque part dans la France de l’entre-deux guerres, niché au cœur d’une ferme oubliée des hommes, le Château des animaux est dirigé d’un sabot de fer par le président Silvio… Secondé par une milice de chiens, le taureau dictateur exploite les autres animaux, tous contraints à des travaux de peine épuisants pour le bien de la communauté…
Miss Bengalore, chatte craintive qui ne cherche qu’à protéger ses deux petits, et César, un lapin gigolo, vont s’allier au sage et mystérieux Azélar, un rat à lunettes, pour prôner la résistance à l’injustice, la lutte contre les crocs et les griffes par la désobéissance et le rire… Une série de BD fantastique, en contrepoint à La ferme des animaux d’Orwell. Ces fables animalières nous invitent à une multitude de réflexions ... L’ironie est la réponse à la violence, la résistance fait face à l’autoritarisme, à l’injustice … Ludique et très actuel !
Manifestement Florian est un fan !
8/ Jo : « American Dirt » – Jeanine Cummins (2018 Philippe Rey; 2022 10/18)
La fuite d'une mère et de son fils, mexicains, pour fuir un cartel de la drogue d’Acapulco après le massacre de plusieurs membres de leur famille . Ils vont intégrer la horde des migrants voulant passer clandestinement aux États-Unis. American Dirt raconte l’épopée de ces femmes et de ces hommes qui ont pour seul bagage une farouche volonté d’avancer vers la frontière américaine. Un récit marqué par la force et l’instinct de survie de cette mère et de son enfant. C’est violent, réaliste fort en émotion ce que Jo a su nous transmettre avec force relayée par plusieurs participants qui avaient aussi lu le livre.
9/ Elisabeth : « L’évènement » - Annie Ernaux (2000 Gallimard; 2001 Folio)
Deuxième ouvrage de la même écrivaine cette soirée.
Un récit autobiographique. Un épisode douloureux vécu lors de ses études universitaires. Une expérience initiatique de vie et de mort, d’humiliation en cette décennie 60, ou l’avortement constituait encore un délit. Un récit qui dit le traumatisme lié au mépris, aux tabous qu’il faut affronter, aux préjugés de classe.
Elisabeth a lu plusieurs passages du livre pour en montrer le style ciselé et évocateur.
10/ Francis : « A l’orée du Verger » - Tracy Chevalier ( 2016 Table Ronde; 2018 Folio )
Au XIX -ème siècle, la saga de pionniers paysans installés dans l’Ohio, qui tentent de faire pousser des arbres fruitiers dans des terres marécageuses, insalubres, ingrates à souhait. La fiction historique est décrite avec réalisme, humanité, c’est captivant.
Francis nous a raconté qu’il lisait chaque année ce roman et qu’à chaque fois il y puisait de nouvelles choses tant le récit est fort.
11/ Angèle : « L’être et le néon » (2022 Les Editions de Labadié)
Récit plein d’humour et pudeur et d’élégance. Hymne à la vie. Fragilité de la vie, chance d’être sur terre. Combat quotidien à l’hôpital dans une lutte contre le cancer (un lymphome)
12/ Christian : « Les Rouges du Midi »- Félix Gras (1896 épuisé)
Félix Gras, fervent républicain, né à Mallemort du Comtat raconte le cheminement d’un enfant né dans le Vaucluse, Pascalet, qui pour sortir de sa condition de paysan pauvre, va s’engager aux côtés des Marseillais pour renverser « le tyran ». La version du livre présentée par Christian est double : français et provençal Li Rouge dóu Miejour . La république reprendra le chant entonné pas ces hommes valeureux et qui depuis porte leur nom : La Marseillaise. Premier roman historique écrit en langue provençale, cet ouvrage connut un immense succès outre-Atlantique, avant même sa parution en France. A découvrir ou redécouvrir pour mieux comprendre du côté du peuple cette période de l’histoire de France et de notre Provence.
13/ Michèle : « Azincourt par temps de pluie »- Jean Teulé (2022 Mialet Barrault)
Avec sa gouaille habituelle et une langue bien verte mais jamais obscène, Jean Teulé revisite une tragique et sanglante défaite historique en une pasquinade : Azincourt 1415, où la chevalerie française fut décimée. 6000 chevaliers tués ! Une lecture ludique et enrichissante car les faits historiques sont respectés. Avec la verve qu'on lui connaît et son sens du détail qui tue, Jean Teulé nous raconte ces trois jours dantesques où, sous une pluie battante, des milliers d'hommes se sont massacrés dans un affrontement sanglant d'autant plus désastreux que cette bataille était parfaitement inutile.
14/ Jacky : « Marie-Claire » – Marguerite Audoux (2019 Talents hauts)
Il y a peu d’écrivaines qui sont issues du milieu populaire, d’abord parce qu’on est une femme et puis pauvre c’est pas facile, ça semble mais c’est pas facile… il faut donc que vous lisiez Marguerite Audoux. Elle vient de nulle part et on est en 1910 !!! Orpheline, bergère, couturière, elle écrit dans un carnet sa vie… Un miracle d’intelligence et de sobriété, Son premier roman, Anne-Marie, est publié grâce à un ami d’Octave Mirbeau qui l’a présenté au maître es-découvreur de talents. (Les Impressionnistes, c’est lui mais aussi maints auteurs) Ce coup d’essai est un coup de maitresse puisqu’elle obtient le prix Fémina la même année… Vous savez ce que signifie « écrire merveilleusement » ? Ceux qui ont lu Marguerite Audoux le savent. Son biographe l’a comparée à Marguerite Duras, une autre Marguerite, précise-t-il… c’est faux … elle est incomparable. « Sœur Gabrielle était toute petite, vieille, maigre, et courbée ; elle dirigeait le dortoir et le réfectoire. Au dortoir, elle passait un bras sec et dur contre notre chemise et le drap, pour s’assurer de notre propreté, et elle fouettait à heure fixe, et avec des verges, celles dont les draps étaient humides. Au réfectoire, elle faisait la salade dans une immense terrine jaune. Les manches retroussées jusqu’aux épaules, elle plongeait et replongeait dans la salade ses deux bras noirs et noueux, qui sortaient de là tout luisants et gouttelants, et qui me faisaient penser à des branches mortes les jours de pluie » Faîte lui une place dans votre bibliothèque, elle prendra de la valeur…

merci à Francis, Colette, Claude, Aline, Didier, Miguel et aux libraires Jacky et Marlies.
Petit compte rendu par Miguel Couralet :
1/ « La place » d’Annie Ernaux (Présenté par Francis)
Annie Ernaux a raconté son père issu du monde rural et devenu petit commerçant ainsi que la relation qu’elle a eu avec lui. Elle exprime le décalage entre eux du fait qu’elle a pu faire des études et s’est détachée de son milieu social.
C’est un livre de souvenirs qui a marqué Francis car il y a retrouvé les mots qui expriment ce qu’il a vécu lui-même avec ses parents et son milieu social. Pour nous l’exprimer il a lu des passages du livre et les a commentés.
Un beau moment d’émotion.
2/ « Enfant de salaud » de Sorj Chalandon (Présenté Colette)
Histoire de son père. 2 histoires en parallèle. La sienne journaliste à Libération et au Canard Enchainé et celle de son père dont il découvre le cheminement pendant la guerre où il a collaboré avec l’ennemi. C’est le grand père de l’auteur qui lui révèle : « Ton père portait l’uniforme allemand. Tu es un enfant de salaud ! »
En mai 1987, alors que s’ouvre à Lyon le procès du criminel nazi Klaus Barbie, le fils devenu journaliste apprend que le dossier judiciaire de son père sommeille aux archives départementales du Nord. Trois ans de la vie d’un « collabo », racontée par les procès-verbaux de police, les interrogatoires de justice, son procès et sa condamnation.
Il découvre l’aventure rocambolesque d’un jeune de 18 ans, sans instruction ni conviction, menteur, faussaire et manipulateur, qui a traversé la guerre comme on joue au petit soldat. Un jeune homme inconscient du danger, qui a porté cinq uniformes en quatre ans. Quatre fois déserteur de quatre armées différentes. Traître un jour, portant le brassard à croix gammée, puis patriote le lendemain, arborant fièrement la croix de Lorraine.
Son père a été jugé mais « s’en est bien sorti ». Il est décédé dans un hôpital psychiatrique.
Un livre fort comme tous ceux de Sorj Chalandon.
3/ « Les abeilles grises » - D’Andreï Kourkov (Présenté par Claude)
Nous sommes en pleine actualité : Dans un petit village abandonné de la « zone grise » dans le Donbass, coincé entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte ennemis depuis l’enfance. L’un pactise avec les Russes, Pachka non, tout à s’occuper de ses 6 ruches qu’il va emmener au printemps en Crimée pour qu’elles puissent bénéficier de la nature. Le livre raconte toutes ces scènes de vie et de voyage.
Claude nous a présenté un livre riche, plein d’humanité. Manifestement un livre à lire absolument.
4/ « Reine du réel » De Nancy Houston (Présenté par Marlies)
Nancy Huston écrit une longue lettre à Grisélidis Réal, qu’elle n’a jamais connue mais qu’elle a longtemps désapprouvé.
Grisélidis Réal, artiste, écrivaine et prostituée suisse, a fui le milieu où elle est née, bourgeois, calviniste et rigide, pour mener une vie libre. Une vie marquée par des histoires avec des hommes, des dizaines de milliers de relations tarifées, quatre enfants placés, des fausses couches, mais une vie illuminée par l’art et l’engagement militant pour la reconnaissance et les droits des travailleuses du sexe. Elle décrit la prostitution comme un art, un humanisme et une science.
Marlies nous a expliqué que dans le livre de Nancy Huston, l'autrice avec une plume personnelle et vraie nous présente un texte comme journal intime où se mêle la biographie de la Reine du Réel, au fils de ces recherches la vie qu'elle imaginait chaotique et soumise, apparaît beaucoup plus complexe manifestement l’auteur éprouve une admiration pour son combat de liberté et pour son œuvre. Pour finir c'est une lettre d’amour qu’elle écrit.
5/ « La patience des traces » De Jeanne Benameur (Présenté par Aline)
Un psychanalyste qui part à la retraite. Quelque chose se brise dans ce moment-là en lui. Conseillé par un ami il s’envole pour les îles Yaeyama. Il est hébergé dans une maison d'hôtes tenue par un couple d'artistes, elle, collectionneuse de vêtements anciens, lui, céramiste. Dans le cycle des jours et dans un monde nouveau, avec des hôtes « écoutants » c’est l’occasion pour lui de faire face à son passé et à son histoire. C’est un roman tout en délicatesse et poésie. Un très beau voyage spirituel en quête de la vérité et d'une paix avec soi-même.
6/ « Et quelquefois j’ai comme une grande idée » – De Ken Kesey (Présenté par Didier)
Didier (conforté par Jacky) nous a présenté ce livre comme un chef d’œuvre. Son auteur a aussi écrit " vol au-dessus d'un nid de coucou ".
C’est un roman sur le combat, un combat permanent, celle de deux frères dans un univers de bucherons. C'est aussi le combat de l'homme contre la nature dans cette forêt de l’Oregon. Didier nous a lu quelques passages de magnifiques descriptions qui ponctuent le récit.
Manifestement ce récit a bouleversé Didier et Jacky, ils le qualifient « d’extraordinaire »
7/ « Il n’y a pas d’arc en ciel au paradis » De Noël Néoton Ndjékéry (Présenté par Jacky)
Quel bonheur cet auteur Tchadien, il vous fait renouer avec la littérature et le plaisir de l’évocation rare d’une vérité historique. On est à la fin des années 1890, alors que la traite négrière bat de l’aile en atlantique (la guerre de sécession est passée par là) la trans-saharienne est toujours florissante et ce depuis 13 siècles. Zeïtoun, un adolescent noir s’échappe d’une caravane d’esclaves où progénitures, femelles et mâles sont conduits comme du bétail vers la péninsule arabique. Dans sa fuite vers le Tchad (grande étendue d’eau en langue locale) il va croiser un eunuque et la jeune favorite d’un harem en fuite eux aussi. Ils vont essayer de trouver refuge sur une île du grand lac pour reconstruire une société apaisée ? C’est cent ans de solitude façon Tarentino (c’est un conteur qui déconstruit la fin parce qu’il trouve que c’est mieux !) : des empires négriers jusqu’à Boko Haram, Vous allez apprendre des choses en même temps que découvrir une littérature ciselée d’or :
Plus discrète qu’une épouse infidèle rejoignant son amant, la lune rasait les nuages, impatiente d’aller retrouver le soleil qui l’avait précédée depuis longtemps au couchant. Parvenue au-dessus de la ligne d’horizon, elle parut marquer le pas, ce qui laissa entrevoir les bras tentaculaires des arbres qui essayaient de la retenir. Puis elle plongea dans les entrailles de la terre, privant d’un coup la nature de sa douce clarté. Il ne subsistait plus que la voie lactée pour contester aux ténèbres l’autorité absolue.
8/ « Le Grand Monde » De Pierre Lemaitre (Présenté par Miguel)
Le premier roman de ce qui est annoncé comme une nouvelle trilogie de Pierre Lemaitre après la précédente qui a surtout marqué avec le Livre « Au revoir là-Haut ».
On retrouve dans le « Grand Monde » un personnage de « Au revoir là-haut » qui après l’arnaque sur la construction des monuments aux morts et allé vivre à Beyrouth et a fondé une entreprise industrielle florissante et fondé une famille. On suit le devenir des 4 enfants : Jean, l’ainé qui rate tout ce qu'il entreprend et qui fuit de honte à Paris car il n’a pas été à la hauteur des espoirs de son père pour lui succéder à la tête de l’entreprise. Il y retrouve François, son frère cadet, qui démarre une carrière journalistique dans un journal à la rubrique fait divers après avoir croire à ses parents qu’il était rentré à l’école normale supérieure. Etienne, le dernier frère, qui séjourne à Saïgon pour retrouver son amoureux, légionnaire embarqué dans la guerre d'Indochine et qui au passage découvre le Traffic d’argent des piastres qui finance le vietminh et enrichit trafiquants et personnalités politiques françaises. Tandis que la petite dernière, Hélène, ne rêve que de quitter Beyrouth et ses parents.
Le livre est plein de rebondissements tous surprenants et nous enseigne sur l’après-guerre et les mœurs de l’époque.
A la fin du livre, on veut vite pouvoir lire la suite…

( Animation : José Compte rendu : Michèle)
Claude : La petite fille de Bernhard Schlink – Gallimard.
Ce livre se divise en trois parties.
À la mort par overdose de son épouse Birgit, qui vivait dans un profond mal-être, Kaspar, libraire, découvre un pan de la vie de celle qu’il a tant aimé et qu’il avait toujours ignoré : Avant qu’il ne fasse passer sa future épouse à l’Ouest, Birgit, en RDA, a connu un autre homme avec qui elle a conçu un enfant, abandonné à sa naissance. C’est son amie Paula qui a pris en charge cette démarche. Il décide d’aller à la rencontre de cette belle-fille inconnue.
Kaspar retrouve Svenja, qui a connu une vie très mouvementée avec de mauvaises fréquentations. Elle a épousé un néo-nazi et élève sa fille Sigrun dans cette mouvance « Völkisch ».
Faisant miroiter l’héritage de Birgit , il demande à ce que sa belle-petite fille passe des moments avec lui. Mais Sigrun, adolescente, endoctrinée n’adhère pas aux idéologies de cette Allemagne où le racisme fait souvent loi.
La petite- fille repart chez les siens.
Le grand-père retrouvera sa petite -fille plus tard pour partager dans l’affection de beaux moments culturels.
A travers ce roman émouvant , intéressant et bien mené, Bernhard Schlink nous immerge dans l’histoire de l’Allemagne de 1960 à nos jours, un pays scindé en deux pendant plus de trente ans, un pays où l’extrême droite refait surface .
Michèle : Les partisans Kessel et Druon, une histoire de famille Dominique Bona - Gallimard
Une triple biographie consacrée à Joseph Kessel, Maurice Druon et Germaine Sablon à travers le prisme de la création du chant des Partisans, l’hymne de la Résistance, écrit à Londres en 1943 par l’oncle et le neveu et enregistré par Germaine Sablon, chanteuse de music-hall, maîtresse de Kessel.
La paix revenue Kessel, le baroudeur, voyagera beaucoup , signant de nombreux reportages qui font exploser les ventes de France soir, il publiera de grands livres l’armée des ombres, le Lion, les Cavaliers..., Druon, passionné de mythologie et d’histoire, se consacrera aussi à la littérature : les Grandes familles, les Rois maudits ...et deviendra ministre de la culture. Tous deux seront élus , à quatre ans d’intervalle, à l’Académie française (Druon en sera le secrétaire perpétuel)
Germaine Sablon terminera la guerre, engagée dans le corps des infirmières de l’armée, ne reverra plus Kessel, et quittera la scène pour laisser place à son frère Jean, chanteur de charme aux grands succès.
Une biographie vibrante , bien documentée, agréable à lire.
JOSE : Sur le méridien de Greenwich de Shady Lewis - Sindbad
Le narrateur, un Égyptien de la communauté copte installé à Londres, est sollicité par un cousin pour gérer les obsèques d'un jeune réfugié syrien musulman Ghiyath totalement inconnu, dont la famille est restée au Caire avec toujours l’espoir d’en partir . Dans les trois jours qui séparent le moment où il accepte cette grande responsabilité de la date de l'enterrement, il sera amené à faire face aux contradictions religieuses , administratives, philosophiques et aux absurdités des autorités égyptiennes et de l'administration anglaise, à confronter les deux mondes, à revisiter le passé et à se remémorer d'autres êtres et d’autres pans de vie à jamais disparus.
L’échange téléphonique du narrateur avec son cousin est un vrai grand moment réjouissant de loufoquerie et d’humour.
Le méridien de Greenwich est la métaphore de deux mondes différents , roman rafraîchissant sur le thème de l’exil.
Jacky : Le testament caché de Sébastien Barry -Folio
L’histoire qui couvre la période allant de 1925 aux années 2000 est racontée par une centenaire ,
Roseanne Mc Nulty, de confession protestante, enfermée dans un hôpital psychiatrique depuis de très longues années.
L’institution doit fermer et un psychiatre doit évaluer si la vieille femme est en capacité de réintégrer la société. Pour cela il lui faudra découvrir les raisons de cet internement si long.
A travers l’histoire tourmentée de Roseanne et de son père c’est le pouvoir plénipotent de la religion catholique qui est mis en exergue, une société corsetée, la condition douloureuse et tragique des femmes à cette époque , l’histoire politique de l’Irlande . Les deux protagonistes du roman sont attachants, un roman émouvant, vrai.
Marlies : Suzuran (le muguet) de Aki shimazaki - Actes sud
Roman - 1er tome d’un nouveau cycle - écrit en français au Canada et racontant dans un style ciselé l’histoire d’une famille japonaise.
Ce premier tome est consacrée à Anzu, la cadette , femme célibataire, potière, effacée qui vit seule avec son fils. Sa vie consacrée à son art, va être chamboulée par le retour de sa sœur aînée, une femme moderne, séduisante, ambitieuse , son époux l’accompagne et la cadette va tomber sous le charme de son beau-frère.
C’est une histoire pleine de sensibilité , toute en douceur et en émotions.
Le roman est émaillé de mots japonais , plongeant plus avant le lecteur dans cette ambiance japonaise si particulière.(un lexique figure en fin de livre)

( Animation : Miguel/ Compte rendu : Miguel/Michèle)
Miguel: « Le silence et la colère » Pierre Lemaitre- Editions Calman Levy.
Après une première trilogie « Les enfants du désastre » (Au revoir là-haut , Miroir de nos peines, Couleurs de l'incendie, tous en poche) Lemaître a entrepris l’ écriture d’une nouvelles trilogie : Les années glorieuses. Le premier tome est déjà sorti en livre de poche et le Silence et la colère nous fait retrouver la famille Pelletier et ses trois enfants, Jean, François, Hélène ( L’ainé Etienne est décédé dans le premier tome). Le roman bien documenté est cadencé, les intrigues s’entremêlent. Les événements narrés sont foisonnants et abordent des thèmes divers : le progrès, la création de grandes surfaces commerciales, les avortements clandestins, le travail des femmes en usine, la création d’un barrage qui fait disparaitre un village le tout accompagné d’une intrigue policière glaçante. Bref un grand roman populaire.
Le style est un peu lourd, il faut dire que cette lecture vient après celles des livres de Giono où les phrases sont ciselées, pleines de poésie et d’humanité. On ne joue pas dans la même cour…
Michèle : « Camus, La Peste, et le coronavirus » de Jean-Yves Guérin. Editions Honoré Champion.
Jean-Yves Guérin, émérite camusien, s'attache à mettre en exergue, à décortiquer les analogies et les différences entre le coronavirus et les autres fléaux, dont La Peste d’Albert Camus : solidarité, solitude, trafics en tous genres, prophylaxie, statistiques, décompte des décès, stratégies des autorités, urgences et priorités (confinement, séparation, exil...), controverse du corps médical., prise en charge en fonction du niveau social ..
Cet ouvrage complet, excellemment documenté et annoté permet de comprendre encore mieux toutes les subtilités de La Peste (roman métaphorique et métonymique) et à qui le veut, d'engager une réflexion personnelle parce que chacun la porte en soi (la peste) , parce que personne au monde, non personne n'en est indemne.
Laurence : « Les enfants endormis » de Anthony Passeron. Globe
C’est un premier roman à succès couronné par le Prix Wepler, Fondation de la poste. Anthony Passeron , pendant le confinement lié au covid, décide d'interroger le passé familial. Il évoque l'ascension sociale de ses grands-parents devenus bouchers pendant les Trente Glorieuses, puis le fossé grandissant apparu entre eux et la génération de leurs enfants qui découvrent l'urbanité. Il croise deux histoires qui se font écho : celle de l'apparition du sida dans cette famille de l'arrière-pays niçois - la sienne (l'oncle Désiré toxicomane décédera du sida, on en parlera qu'à demi-mots, c'est le secret honteux de la famille ) - et celle de la lutte contre la maladie dans les hôpitaux français et américains.
C'est une lecture forte, passionnante, la partie sociale est émouvante, celle dédiée à la recherche médicale est particulièrement bien documentée, on y apprend plein de choses.
Claude : « L'autre nom du bonheur était français » De Shumona Sinha. Gallimard
Shumona, fille d'une famille d'intellectuels, originaire de l'Inde (Calcutta) , verra son enfance et son adolescence bercées par la littérature.. Elle dévore la littérature bengali, indienne, mais aussi, à travers les traductions, la littérature américaine, l’espagnole, l’anglaise et la française. A vingt-deux ans, elle découvre le français, en fera l'apprentissage et tombera amoureuse de cette langue « vitale et libératrice » . Elle en aime sa polysémie, et pour mieux s'approprier l'idiome , elle s’expatriera en France à l'âge de 28 ans. C'est son parcours , ses tribulations tantôt savoureuses, tantôt douloureuses qu'elle raconte dans cette autobiographie , puissante , vibrante , sincère. Elle décrit des expériences et un vécu souvent difficiles pour une femme qui restera malgré tout une française « étrangère ». Claude nous a lu de magnifiques extraits du livre dont un paragraphe sur « langagement » ( le langage qui se met en route dés le matin…) illustrant ainsi la façon de l’autrice de jouer avec les mots.
Évelyne : « Sans jamais atteindre le sommet, (Voyage dans l'Himalaya) » de Paolo Cognetti. Stock
Deuxième livre de Paolo Cognetti présenté par Evelyne, c'est le carnet de bord tenu par l'auteur lors de son expédition dans le Dolpo, région reculée au nord-ouest du Népal, entre hauts plateaux et vallées.
Outre les 22 membres de la caravane, le livre culte « Le Léopard des neiges » de Peter Matthiessen lui tiendra compagnie. C'est d'ailleurs cet ouvrage qui l'a incité à entreprendre ce trek - 300 kilomètres, huit cols- et à le préparer en suivant les conseils de l'écrivain.
Ici Paolo ne cherche pas à se dépasser, mais fait l'apprentissage du temps qui passe. De très belles méditations et observations.
Robert : « Le Fétiche et la plume » de Hélène Ling et Ines Sol Salas. Rivages
Robert nous a présenté avec un grand enthousiasme un « gros pavé » qui vise à analyser la place occupée aujourd'hui par la littérature à l'ère du capitalisme.
Il y est dit que la profusion de publications se fait au détriment de la qualité littéraire. Le livre très bien documenté permet de comprendre les ressorts des auteurs et comment ils écrivent ainsi que les impératifs auxquels il sont soumis. La présentation de Robert a donné lieu a un riche échange tendant à montrer qu’il y aurait un appauvrissement et un nivellement tant des styles que des productions.
José : « La vierge Néerlandaise » de Marente Moor. Les Argonautes.
Ces éditions s'attachent à publier des auteurs européens.
Dans ce roman, on suit une jeune femme de 18 ans qui quitte sa famille pour suivre des cours d'escrime.
José emploiera plusieurs fois le mot « étrange » pour dépeindre l'atmosphère, la fascination de Janna pour son maître d'arme, la maison d'Egon von Bötticher qui organise de vrais duels . Ce livre évoque aussi « Hélène Mayer » d'Hélène Mayer fleurettiste qui participa à plusieurs jeux olympiques. Sa photographie figure sur la couverture du livre.
Daniel : « Voyage au Congo, retour du Tchad » de André Gide. La pléiade.
André Gide fait un voyage en Afrique de juillet 1926 à mai 1927 accompagné de Marc Allegret . Il est aussi mandaté par le Ministère des colonies pour faire un rapport sur ce qui se passe dans les colonies. Ceci a donné lieu à la tenue d’un carnet de voyage.
Lors de ce voyage Gide découvre les méfaits de l'administration coloniale et s’en indigne. Il dénonce les conditions de vie des populations visitées. Son rapport aura de profondes répercussions dans la classe politique française. Son carnet de voyage décrit aussi les paysages et les atmosphères des régions visitées.
Daniel a su nous transmettre le plaisir qu’il a eu lors de cette lecture captivante et dépaysante.
Jacky : « On ne se baigne pas dans la Loire » de Guillaume Nail. Denoël
Jacky a vivement apprécié ce livre qui fait écho à sa propre expérience comme directeur de colonie itinérante.
Pour écrire ce roman, Guillaume Nail, s'est inspiré d'un fait divers dramatique survenu en juillet 1969 à Juigné sur Loire où 19 adolescents périrent noyés lors d’une colonie de vacances.
Le récit décrit tous les types de personnages que Jacky a lui aussi rencontré dans ces séjours qui font se côtoyer des adolescent des fois fantasques et des moniteurs parfois trop jeunes et peu expérimentés.
C'est un roman très prenant.

1O livres nous ont été présentés.
( Animation : Miguel/ Compte rendu : Miguel/Michèle)
Didier : « Le chemin des Estives » de Charles Wright – Flammarion (et j’ai lu)
L’auteur est à l’époque novice Jésuite. Pendant ce temps d’apprentissage et de discernement de la vocation religieuse qui dure 2 ans, il a été invité à vivre avec un de ses compagnon, lui aussi novice l’expérience de devoir pendant 4 semaines entreprendre une longue pérégrination de quelques 700 km dans le centre de la France sans le moindre argent en poche.
Les 2 apprentis jésuites n’ont pu miser, pour vivre, que sur les rencontres généreuses qu'ils ont faites tout au long de leur périple (sans portable, sans carte de crédit, sans bagage…)
C'est une ode à la liberté, à la désertion, au dépouillement et à l’aventure spirituelle.
Didier a été conquis par ce livre qu’il a eu du mal a quitter tellement il a été pris par la richesse du récit de cette aventure riche en rencontres et surprises.
Claude : « Le royaume désuni » de Jonathan Coe – Gallimard
Nous suivons de 1945 à 2021, sur 3 générations, la famille Lamb originaire de Bournville, une petite localité proche de Birmingham, célèbre pour sa chocolaterie. Nous suivons l'évolution de cette famille, du bonheur d'être ensemble, aux ruptures successives, avec en filigrane l'évolution d'une société qui adopte presque sans s’en rendre compte de nouveaux modes de pensées, d'autres regards sur le couple, ou des habitudes différentes au quotidien.
Tout cela est raconté en traversant 7 événements marquants qui font communion et donnent le sentiment d'appartenir à une nation commune : La Seconde guerre mondiale et les discours de Churchill ; le 27 juin 53 le couronnement d’Élisabeth II ; l'investiture du Prince de Galles ; le mariage de Charles et Diana en 1981 ; la mort de Diana en 1997 ; le sacre de l'équipe anglaise à la coupe du monde le 30 juin 1966 ...
Jonathan Coe décrit avec finesse la société anglaise , les dialogues sont justes, l'humour britannique si caractéristique illumine le roman.
Nathalie : « Un an dans la forêt » de François Sureau – Gallimard
En 1938, Blaise Cendrars qui a Cinquante et un an est en mal d’inspiration et n’arrive plus à écrire. Il rejoint Elisabeth Prévost , rencontrée quelque temps avant dans la forêt des Ardennes où elle élève des chevaux. Auprès d’elle, il puise l’enthousiasme et se remet à l’œuvre. Ils forment le projet d’un tour du monde à la voile, s’organisent. Mais c’est la guerre : Cendrars la quitte presque sans un mot, pour s’engager à nouveau. Ils ne se reverront pas. Nul ne sait ce qu’il y a eu entre eux pendant cette année hors du temps, mais cette rencontre fugace, magique, fut importante pour tous deux. Dans des notes trouvées après sa disparition, Élisabeth Prévost écrit : « Blaise Cendrars est l’homme qui a le plus marqué mon cœur et mon esprit. »
Nathalie nous confie avoir été quelque peu déçue par cette lecture, car elle trouve que François Sureau mêle trop des considérations sur sa propre vie au détriment de Cendrars . Mais l'écriture simple reste belle.
Josée : « Oiseaux de passage » de Fernando Aramburu - Actes Sud
Ce sont les chroniques sur 365 jours d'un suicide annoncé consigné dans un journal ,du 1er août au 31 juillet de l'année suivante, par un professeur de philosophie sous le coup des vicissitudes quotidiennes . Ce diaire est le miroir de nos propres tourments et turpitudes. C'est aussi un prétexte pour nous livrer une fresque de l'Espagne contemporaine .
On a droit aux les yeux pétillants de sa chienne Pépa, aux bons mots cinglants de son ami Pattarsouille, au retour des martinets dans le ciel madrilène, à d'innombrables raisons de réenchanter sa vie.
C'est à la fois nostalgique, plein d’humour décalé. Au final, envers et contre tout reste l'amour envers et contre tout, l'amitié, la liberté.
Un très grand roman.
Daniel : « Le quatuor d'Alexandrie » de Lawrence Durrel - Buchet Chastel
Roman choral qui prend la forme de quatre tomes qui ont été publiés entre 1957 et 1960 . Les quatre tomes constituent un seul et même roman qu'il est indispensable de lire intégralement pour apprécier toute la subtilité et l'ambition du projet littéraire. Ils relatent la même histoire racontée par des personnages différents ( Justine, Balthazar, Mountolive et Cléa)
et avec des perspectives différentes qui s’enrichissent mutuellement.
L'action se situe à Alexandrie, avant et pendant la Seconde guerre mondiale.
C'est une épopée majestueuse, opulente et sensorielle, captivante. Daniel nous a fait part de son enthousiasme pour ce livre qu’il a adoré.
Et malgré ces quatre versions qui se complètent , le fin mot de l'histoire que nous délivre Daniel est que malgré ces 4 regards « on ne connaît pas tout de la vérité ».
Marlies : « Mes désirs futiles » de Bernardo Zannoni - Edition de la Table ronde
Ce roman a été honoré par deux prix italiens.
Marlies a été attirée par le graphisme de la couverture (profil d'une fouine) et le titre.
C'est une fable philosophique , un brin mystique, pour adultes, conte initiatique ayant pour personnage principal , Archy, une fouine.
Des animaux qui vivent comme des animaux dans la forêt mais qui sont mis en scène , qui se comportent comme des humains, surtout quand ils s'agit de mettre en exergue leurs défauts (cruauté, vénalité, égoïsme...). À mi-chemin entre fable et roman d'initiation, « Mes désirs futiles » mêle aventure et philosophie pour mieux interroger la nature humaine et la force de nos désirs.
C'est violent, curieux, surprenant, déconcertant parfois .
Christian : « Montedidio » de Erri De Luca - Gallimard
Un adolescent de treize ans qui habite et travaille dans un quartier populaire de Naples au début des années soixante raconte la misère, les épreuves de la vie . Mais l'amour , sous toutes ses formes, impulse, malgré tout l'envie et la joie de vivre.
Le jeune garçon deviendra jeune homme par l'entremise d'un boomerang que son père lui a offert qui sera un peu comme un objet lui permettant de franchir cette étape qu'est l'adolescence. Ce boomerang qu'il ne quitte pas est le symbole de ce passage de l'enfance à l'adolescence.
L'histoire est un mélange de tranches de vie, de fable, de moments oniriques mais aussi parfois sordides. Des chapitres courts qui rendent aisé cette lecture et impulsent le mouvement de la vie.
Erri De Luca nous livre ici encore une fois un grand roman.
Ludovic : « Inversion » de Ludovic Deblois - Édition des Offray
Ludovic Deblois est l'auteur de ce thriller d'anticipation.
Début de la décennie 2040 : dans les rues de Shenzhen, deux chercheurs chinois s’enfuient d’un laboratoire sécurisé. À Bruxelles, un fonctionnaire européen investigue sur les algorithmes du réseau social Thot, soupçonné de manipuler les citoyens à leur insu. En Sicile, une journaliste française enquête sur le devenir de migrants disparus. À Amsterdam, un entrepreneur néerlandais déploie une intelligence artificielle pour libérer les Européens du joug de leur administration. Leur combat commun : défendre leur vision de la liberté. Face à eux, l’Agence européenne de sécurité et du renseignement intérieur mobilise ses forces pour les contrer.
L'intrigue, s'articule autour de personnages, confrontés à la gestion très cadrée des individus.
Ce roman cherche à montrer les limites et les dérives d'une société excessivement contrôlée par le numérique omniprésent En dessinant un futur possible et réaliste, Ludovic nous interroge sur la portée de nos choix présents.
Jacky : « Les Sources » de Marie -Hélène Lafon- Buchet-Chastel
Livre publié à la mort du père de l'autrice.
Un récit en trois parties , bref mais intense, tout en nuances :
Nous entrons, tour à tour, dans la tête de la mère, du père et de la fille . Une famille de paysans dans le Cantal, département qui n'est toujours pas à la pointe de la modernité, à la fin des années 6O. Une ferme isolée.
Neurasthénie de la mère qui vit dans un climat d'humiliation de peur, vie à jamais saccagée, violence du père pas toujours larvée, traumatisme des enfants, souvenirs vivaces où tout est dit, avec une écriture acérée.
Cette autobiographie romancée met en exergue la condition féminine, les violences conjugales et familiales, les aléas et déclin du monde rural. « Sources » bien mieux que « Racines » pour Marie-Hélène Lafon, car l’espoir demeure et fait vivre. La racine reste en terre, la source s'écoule et ondule...
Micaela : « Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre » de Ruta Sepetys Scripto -Gallimard
Lituanie - juin 1941 - juste avant que les Allemands n'envahissent les pays baltes . Les soviétique se livrent à une épuration planifiée par Staline : on arrête les écrivains, les artistes, les enseignants, les intellectuels, enfin, toute personne qui serait susceptible d’œuvrer contre le pouvoir central. C'est dans ce contexte que Lina, jeune lituanienne de 16 ans est condamnée à être déportée avec sa famille, eux aussi dans des wagons à bestiaux, 6 semaines de voyage infernal.
C'est un très beau roman qui rend compte des conditions effroyables de vie de tous ces déportés
dont Héléna, la mère de Lina grâce à son talent de dessinatrice et à ses crayons va témoigner. C'est un beau roman bouleversant, tout en émotion qui dénonce la tragédie de cette histoire qui reste insuffisamment connue.

Étaient présents à cette soirée : André, Catherine, Claude, Christophe, Daniel, Florian, Françoise, Frédérique, Jacky, José, Marlies, Michèle, Miguel, Robert. Onze livres nous ont été présentés ( dont deux évoqués en complément). A notre tour, de les apprécier , en profitant de ces longues soirées hivernales... au coin du feu ou sous la couette en cas de coupure intempestive.
De gaz ou d'électricité .. !
( Animation : Miguel/ Compte rendu : Miguel/Michèle)
Claude : L'ombre de l'aigle - Arturo Perez-Reverte.
Arturo Perez-Reverte fut correspondant de guerre. Il nous raconte dans un court roman, un épisode de la campagne napoléonienne de Russie à Borodino (bataille de la Moskova) vue par un bataillon d'Espagnols enrôlés de force, qui cherchent par tous les moyens à déserter le champ de bataille, afin d' échapper au massacre.et à revenir au pays. Mais le commandement français se méprend sur leurs intentions, croyant à un acte de bravoure , déclenche une charge de cavalerie qui réussit à faire reculer les Russes détruisant ainsi les espoirs des Espagnols. C'est savoureux, intéressant d'un point de vue historique et ce roman fait penser à Un Jour de colère du même auteur, qui relate la révolte des Madrilènes (2 mai 18O8) qui se soulevèrent contre les troupes napoléoniennes , un récit instructif puissant , admirablement documenté.
Florian : Le magasin des suicides – Jean Teulé (adapté aussi en BD)
Dans un monde où l' homme a perdu le goût de vivre où tout est morose, les Tuvache sont des commerçants prospères mais névrosés: Ils vendent tous les ingrédients permettant de se suicider: bonbons empoisonnés, sabre pour se faire hara kiri, corde solide pour se pendre... Tout se passe pour le mieux, jusqu'à l'arrivée d'Alan, le petit dernier qui incarne la joie de vivre...
C'est une fiction originale, grinçante, à l'humour noire , c'est drôle et décalé.
Robert : La révolte à perpétuité - Notarnicola Sante (1938-2021) (Préfacé par Erri. De Luca)
Ce sont les mémoires retraçant le parcours chaotique de ce révolutionnaire, militant, poète, criminel, mais attachant.
C'est son chemin de vie, de sa terre natale la Calabre à Turin où il s' inscrit à la FGCI puis au PCI . Il s'éloigne très vite de la gauche institutionnelle pour rejoindre des groupes révolutionnaires et anarchistes En 1963, il rencontre Pietro Cavallero. De cette rencontre naîtra le groupe de braqueurs qui entrera dans l’histoire sous le nom de Banda Cavallero. Avec les braquages, la Banda Cavallero s’attaquait au pouvoir bourgeois et capitaliste. Pour Sante et les autres, c’était une façon de combattre et de saboter un système injuste, de se réapproprier la richesse que ce système volait au prolétariat et aux pauvres, sans se faire exploiter à l’usine, sur le chantier ou d’autres lieux de travail.
André : La Peste écarlate - Jack London
Récit d'anticipation. ( écrit en 1912) mais d'une actualité prégnante. Nous sommes en 2073. Une pandémie, la peste écarlate (ainsi nommée car elle provoque une coloration rouge de la peau, et une mort quasi immédiate), sévit et ravage la planète. Le fléau a totalement bouleversé l'ordre naturel, le monde est revenu à l'état sauvage. Les rares survivants se sont réunis en tribus sans passé ni culture : les mots lire, écrire, compter, parler ont disparu du vocabulaire.
Une fable qui démontre que si la nature change, l'Homme, lui, ne change pas, ne changera jamais et provoque les problèmes auxquels nous sommes confrontés, hier comme aujourd'hui ou comme demain. Un livre lu et relu, et offert, maintes fois.
Daniel : Au-dessous du volcan – Malcolm Lowry
Un cycle sans fin : L'action se situe au Mexique dans une ville dominée par deux volcans. Le roman raconte l'histoire de Geoffrey Firmin, un consul britannique toujours sous l'emprise de l'alcool ,un homme rongé par la faute commise : officier dans l'armée britannique, durant la première guerre mondiale, à bord d’un cargo dont il était le commandant, il a laissé enfourner des prisonniers allemands dans la chaudière du navire. Il a été acquitté par la justice de son pays, mais sa conscience le ronge et ne lui permet pas d'oublier. Le roman s'achèvera par la mort du consul.
C'est le chef d'œuvre de l'auteur mais ce livre a connu de nombreuses épreuves et déboires avant son édition (manuscrit perdu, en partie dévoré par un incendie, censure, détracteurs)... Ce roman, magistralement bien écrit, connaîtra enfin un plein succès et a fait l'objet d'une adaptation cinématographique.
Josée : Le dernier des siens – Sybille Grimbert
1835. Gus, un jeune zoologiste, est envoyé par le musée d’histoire naturelle de Lille pour étudier la faune du nord de l’Europe. Lors d’une traversée, il assiste au massacre d’une colonie de grands pingouins ( ils servent d'aliments ou de totems...) et sauve l’un d’eux blessé. Il le ramène chez lui aux Orcades et le nomme Prosp. Sans le savoir, Gus vient de récupérer le dernier spécimen sur terre de l’oiseau.. Roman introspectif richement documenté qui raconte la relation touchante qui s’instaure entre l’homme et l’animal et qui s'apprivoise mutuellement.
Une belle et émouvante histoire à découvrir .
Jacky : L'odyssée de Swen - Ian Miller
Un roman passionnant, d'une bouleversante humanité qui met en scène un looser , Swen, l'incompris, un jeune suédois qui se morfond dans sa vie étriquée et son travail sans intérêt. Il part en Norvège où il s'engage dans une entreprise minière. A la suite d'un accident provoqué par un glissement de neige, il est grièvement blessé, perd un œil , il est défiguré. Pour cacher cet handicap il deviendra trappeur et ermite dans le grand nord , une vie éprouvante, dans la solitude, le dénuement, dans une nature grandiose mais particulièrement hostile. trappeur, tant bien que mal. le choix d'une vie difficile, dans la solitude et le dénuement, dans une Nature aussi grandiose qu'hostile . Il vivra alors une aventure humaine exaltante truffée de nombreuses épreuves. Il aura pour compagnon, un chien, mais aussi, un bébé...
Michèle : La Baignoire de Staline - Renaud Lyautey
L'histoire se déroule en Géorgie où Renaud Salins ( qui a choisi un nom de plume : Lyautey) a été ambassadeur pendant trois ans (2012-2016). Il connait donc parfaitement le pays et ses enjeux géopolitiques : un territoire convoité par la Russie, où les services secrets russes sont omniprésents dans la province natale de Staline.
Un étudiant français Sébastien Rouvre est retrouvé mort dans des conditions suspectes à l’hôtel Marriot. Il travaillait sur une thèse. Pourquoi faisait-il de fréquents voyages dans l'ouest du pays et en Russie ? Avant qu'un scandale n'éclate, René Turpin, conseiller à l’ambassade de France , est mandaté pour assister les inspecteurs locaux et notamment Nougo Shenguelia, personnage atypique et attachant .Turpin et Shenguelia vont sympathiser et unir leurs forces, leur matière grise et leurs réseaux pour découvrir qui était ce Français et surtout quels intérêts il avait bien pu gêner pour finir étranglé. Ce roman policier a une double intrigue et de nombreux atouts. - Il nous fait découvrir cette ex-république soviétique et relate des faits historiques méconnus . Ce qui fait entre autres l'intérêt de cette enquête, c’est l’évocation d'un des personnages dont l'ombre inquiétante plane sur cette histoire. Son nom ne sera pas révélé.
Miguel : L'opticien de Lampedusa – Emma Jane Kirby
La narration d'une histoire vraie, un drame qui se répète, actuellement, à l'infini.
Nous sommes à la fin de la saison estivale, à Lampedusa, où l'opticien et sa femme vivent toute l'année.
Avec leurs amis, ils organisent une promenade en mer sur un bateau appartenant à un de leurs amis., une parenthèse pour oublier les soucis du quotidien. Cette balade va virer au cauchemar quand ils vont découvrir des migrants ayant fait naufrage et se noyant. Ils pourront n'en sauver que 47 sur les 35O qui étaient à bord de l'embarcation. Cet épisode va bouleverser leur vie, ils se sentiront coupables ne n'avoir pas pu faire plus.
C'est une lecture qui tétanise, une description très réaliste qui met en exergue la culpabilité face à cette tragédie.
Lire aussi « Eldorado » le magnifique livre de Laurent Gaudé qui porte sur ce même thème.

Livres présentés (Animation et compte rendu par Miguel) :
Claude : Nous sommes ce que nous lisons Georges ORWELL
Quatre savoureux et courts articles rédigés entre 1936 et 1946 par Georges Orwell sur la relation au(x) livre(s) et à la lecture : en tant que libraire, critique littéraire ou simple lecteur. le dernier article va même jusqu'à évaluer le coût horaire d'un loisir comme la lecture en le comparant à celui de l'achat de cigarettes. Le lecteur goûte à l'humour d'Orwell et à son sens fin de l'observation lorsqu'il décrit celles et ceux qui se rendent dans les librairies (sans toujours s'intéresser à la qualité des livres) ou ceux qui rédigent des critiques sur des livres qu'ils n'ont pas lus.
Didier : La décision Karine TUIL.
Didier nous exposé son émotion suite à la lecture et à l’écoute en audio de ce livre. Une double expérience qu’il a hautement appréciée . Nous sommes en mai 2016. La juge d’instruction doit se prononcer sur le sort d'un jeune homme suspecté d'avoir rejoint l'État islamique en Syrie. À ce dilemme professionnel s'en ajoute un autre, plus intime : ma- 2 riée, la juge entretient une liaison avec l'avocat qui représente le mis en examen. Entre raison et déraison, ses choix risquent de bouleverser sa vie et celle du pays... L’autrice nous entraîne dans le quotidien de juges d'instruction antiterroristes, au cœur de l'âme humaine, dont les replis les plus sombres n'empêchent ni l'espoir ni la beauté
Béatrice : Roman Fleuve Philibert HUMM
Béatrice nous a parlé avec enthousiasme de ce livre le plus léger, le plus drôle, le plus malicieux, de la rentrée littéraire 2022. Elle nous a décrit l’auteur comme un peu allumé, foufou qui sur le plateau TV de la Grande librairie a fait son show. L’histoire : 3 amis ont descendu la Seine de Paris à Honfleur au mois d'août 2018 dans un canoë à pagaies. À peine larguée l'amarre et quitté le quai les trois marins d'eau douce perdent l'ancre du canot ! Peu importe : la débrouille, l'improvisation, et les muscles, feront office d'expertise et de préparation. Il y aura deux chavirements, des bivouacs au milieu des immondices sous des ouvrages d'art, une mutinerie, et beaucoup de mauvaise foi, de moqueries et de drôleries. Béatrice a ri, beaucoup ri tout au long du livre et est ébahie devant cet exploit de tenir la longueur avec de l'esprit, de l'humour, et l'envie avant tout de donner du plaisir au lecteur. Un vrai bonheur dit-elle.
Catherine : La nuit des pères Gaëlle JOSSE
Appelée par son frère Olivier, Isabelle rejoint le village des Alpes où ils sont nés. La santé de leur père, ancien guide de montagne, décline, il entre dans les brumes de l'oubli. Après de longues années d'absence, elle appréhende ce retour. C’est l'ultime possibilité, peut-être, de comprendre qui était ce père si destructeur, si difficile à aimer. Entre eux trois, pendant quelques jours, l'histoire familiale va se nouer et se dénouer. C’est l’histoire d’un père très dur. Les enfants ne se sont pas sentis aimés. Dans une conversation le père se livre et ils comprennent pourquoi il a été dur. Les voix de cette famille meurtrie se succèdent pour dire l’ambivalence des sentiments filiaux et les violences invisibles, ces déchirures qui poursuivent un homme jusqu'à son crépuscule. Gaëlle Josse livre ici un roman d'une rare intensité, qui interroge nos choix, nos fragilités, et le cours de nos vies.
José : Le Pion Paco CERDA
Un livre qui emprunte au jeu d’échecs. Structurée par les 77 mouvements de la partie Fischer/ Pomar, se trame au fil de cette confrontation une histoire à la forme originale offrant une réflexion quant à l’engagement personnel et, plus largement, sur la façon dont les deux joueurs ont été instrumentalisés par leurs gouvernements respectifs. Aux portraits des deux joueurs d’échec s’ajoutent ceux de nombreux autres « pions » voués à une cause politique durant cette année 1962 faite de turbulence où, lors de la Crise des missiles de Cuba, la guerre nucléaire a failli éclater. Ils sont tous évoqués : phalangistes, Afro-Américains, pacifistes, indigènes, militants antinucléaires, gauchistes ou militaires à l’obéissance aveugle communistes, maquisards, ouvriers, socialistes, membres de l’ETA, chrétiens, républicains, étudiants, … Ils jalonnent ce texte comme autant de « mythes » fabriqués et utilisés à des fins politiques, des personnes sacrifiées et payant le prix fort ; celui de la mort, de la prison, de l’exil ou de la solitude. Ce livre fait partie de la sélection pour le prix de la ville d’AVIGNON.
Marlies : Des rêves d’or et d’acier Émilie TON
Un premier roman autobiographique puissant et intime, dans lequel l’autrice nous raconte l'histoire de son père balloté par la grande Histoire depuis le Viet Nam, le Cambodge jusqu'en Lorraine où il est devenu ouvrier dans l'acier. Émilie Tôn enquête curieuse du vécu de son père, il offre à sa fille Émilie son histoire, son identité plurielle, riche, irréductible, à cheval entre deux cultures, ce qui provoque parfois des tensions et des incompréhensions au sein de la famille. Émilie vit cela comme une chance. Rares sont les romans qui font percevoir avec une telle acuité ce que c'est que de sentir le poids de l'Histoire collective sur la destinée d'une personne. Marlies a su nous partager son émotion en présentant le livre. Ce livre fait aussi partie de la sélection pour le prix de la ville d’AVIGNON.
Jacky : Tibi la blanche Adrien BELS
C’est un livre sur la vie d’une banlieue à DAKAR , ville que connait bien Jacky pour y être allé tant de fois. Trois lycéens attendent les résultats du bac. Malgré leurs différences sociales et ethniques, ces trois-là sont amis. Il y a Tibilé, surnommée Tibi la blanche parce qu'elle a de la famille en France où elle pourra aller étudier. Puis Rigobert, surnommé Neurone, le bon élève de la bande dont le père qui a réussi vend de grosses voitures. Puis Issa, de père inconnu et de famille pauvre, il rêve de devenir styliste et gagne déjà sa vie en cousant des boubous et des pagnes en wax. Ces trois amis font des projets d'avenir, inquiets quant à leur réussite à l'examen qui conditionne la suite de leurs études. Leur vie est un mélange d'exubérance adolescente et de respect ancestral. Un livre aux chapitres courts et au récit rythmé par les dialogues. Un roman attachant qui a emballé Jacky. Jacky nous a rapidement présenté au passage le livre qu’il a écrit avec son ami Habib Kane : « Hauteurs africaines » et nous a relaté cette folle et riche aventure d’avoir édité des bandes dessinées africaines pour les enfants de DAKAR à partir des contes qui se racontent là-bas.
Miguel : Le lion d’Alexandrie Jean Philippe FABRE
C’est l’histoire romancée de Saint marc l’auteur du 2eme évangile ( dans le corpus du NT). L’auteur, spécialiste en exégèse, nous raconte dans un livre plein de rebondissements le monde méditerranéen à l’époque de l’occupation romaine. On suit la déroute des apôtres après la mort du Christ, les conflits dans la communauté, les disputes autour des choix a faire et surtout la lente élaboration de l’écriture du 1er évangile des dizaines d’années après les événements. Ce qui est raconté , certes de manière littéraire et romanesque repose sur les références aux écritures mais aussi sur les recherches historiques. Pour qui veut un peu comprendre ce qui s’est passé ce livre donne quelques clefs de compréhension.
José : Eleftheria Murielle Szac
Dans son premier roman pour adulte l’autrice met en lumière un évènement méconnu de la seconde guerre mondiale en Crête. Lors du naufrage du cargo Tanaïs en octobre 1944 meurent des centaines de juifs raflés sur l’ile, des résistants crétois et des prisonniers de guerre italiens. Le livre va redonner vie aux disparus en imaginant leurs histoires et leurs choix de vie pendant le conflit. On apprend beaucoup de choses sur l’occupation allemande en Crête. Un magnifique livre qui aide à réfléchir aux notions de liberté et de destinée choisie ou subie. Ce livre fait aussi partie de la sélection pour le prix de la ville d’AVIGNON.

Comme toujours, une soirée fort conviviale d’échanges enrichissants autour des 9 livres choisis par Claude, Évelyne, Françoise, Jacky, Josée, Marlies, Michèle, Miguel, Simone.
Livres présentés (Animation et compte rendu par Miguel et Michèle) :
Claude : Partie italienne Antoine Chapelin (Buchet-Chastel 2022)
Gaspard est un artiste sculpteur renommé. Nécessitant une pause , il se rend dans la capitale italienne. . A la terrasse de l’hôtel Campo de’ Fiori , il installe son échiquier, et propose des parties avec les passants. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Marya, une hongroise, petite-fille d’un grand maître d’échec, mort à Auschwitz . Sur cette place est érigée la statue de Giordano Bruno, un philosophe dominicain, brûlé en place publique pour hérésie. Balades romaines, idylle, parties d’échec endiablées , intrigues et suspens, émaillent ce beau roman poétique et délicat.
Evelyne : Une étincelle de vie Jody Picoul (Babel 2018)
Alors qu'il célèbre son quarantième anniversaire au poste de police, Hugh McElroy, un négociateur de crise, est appelé sur le site d'une prise d'otages. C’est un établissement gynécologique, le dernier centre pratiquant l’avortement au Mississippi.
C’est un compte à rebours qui permet de mieux comprendre la trajectoire des deux personnages, Hugh et le preneur d’otage.
C’est une belle réflexion sur la relation père-fille, une écoute sans parti pris sur les femmes en situation difficile, un policier qui traite d’une actualité socio-politique brûlante.
Françoise : Les années Annie Ernaux (Gallimard 2008)
Un roman choisi bien avant le Nobel qui honore l’écrivaine, un prix qui couronne « le courage et l’acuité clinique avec laquelle elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle ».
C’est une biographie , la vie de l’autrice, mais aussi soixante ans d’histoire commune, une analyse sociologique intéressante sans effet stylistique, écrite avec une distance empathique.
Françoise est une inconditionnelle d’ Annie, nous l’avions compris !
Simone : Margot ou le puy des illusions Marie-Noëlle Touzery-Peurière, (Nombre 7- 2021)
C’ est son premier roman édité.
Parmi les multiples productions confiées à Simone, professeur de lettres, pour qu’elle donne son avis, celle-ci , pour elle, est unique pour au moins trois raisons , l’histoire d’une petite fille, son initiation à la vie, jusqu’à sa retraite d’enseignante, la belle histoire d’amour avec l’elfe bondissant , l’hymne à une région, l’Auvergne. Il faut lire cette belle et sincère autobiographie pour en découvrir toutes les subtilités. Simone nous a transmis l’émotion qu’elle a eue à la lecture de ce livre.
Laurence : Mohican Eric Fottorino (Gallimard 2021)
Brun va mourir. Il laissera bientôt ses terres à son fils Mo. Mais avant de disparaître, pour éviter la faillite du vaste domaine agricole et tenter de corriger son image de pollueur, il décide de couvrir ses champs d’ éoliennes. Son fils est opposé à cette décision.
Un roman qui fait le portrait d’un monde agricole, celui du Jura, une description sociologique du devenir de l’agriculture qui met en exergue l’affrontement des générations.
Marlies : L’évaporée de Fanny Charello, Wendy Delorme, ( Cambourakis 2022)
C'est un roman écrit à quatre mains, avec un même écho.
Deux femmes Jenny et Eve s'aiment mais l'une d'elle décide de partir subitement, le roman s'organise alors alternativement autour des deux personnages. Celle qui est quittée qui reste, et celle qui s'est évaporée. C’est une interrogation sur la possibilité d’une relation durable, la compatibilité de modes de vie a priori opposés, la nécessité d’affronter les fantômes du passé afin de rendre le présent possible, c’est aussi la mise en exergue des pouvoirs et des limites de la création littéraire.
Elles apprendront qu’on peut vivre une même histoire de façons différentes.
Ce roman fait partie des cinq livres sélectionnés pour Le Prix littéraire des avignonnais 2022 (vous pouvez voter jusqu'au 12 novembre, remise des prix le 3 décembre), c’est le favori de notre libraire, c’est un roman très sensoriel, une belle histoire d’idylle au féminin.
José : L’invention du diable Hubert Haddad (Zulma 2022)
Un livre foisonnant, on dira même diabolique. Il faut prendre son temps et s'accrocher pour le découvrir. Mais si l’on fait cet effort c’est une immense joie qui advient lorsqu'on saisit les subtilités de cette fresque historique : le pacte faustien, celui de Papillon de Lasphrise, une écriture qui s’adapte aux différentes époques traversées par le héros de cette histoire : rabelaisienne, baroque, fleurie, classique... José, avec sa fougue a su nous faire vivre cette épopée littéraire.
Ce roman fait partie des cinq livres sélectionnés pour Le Prix littéraire des avignonnais 2022 (vous pouvez voter jusqu'au 12 novembre, remise des prix le 3 décembre) c’est le favori de notre seconde libraire.
Michèle : Le livre des chagrins - Traductions de poèmes de Florbela Espanca ( L’Escampette 2022)
Le Livre des chagrins, Sœur Saudade, Bruyère en fleur, Reliquae.
Florbela Espanca (1884-1930) est une poétesse portugaise qui a traduit son mal-être, ses désillusions, les drames multiples auxquels elle a été confrontée en écrivant des sonnets «parce que la forme est plus contraignante, l’idée jaillit plus intense » (Baudelaire).
Une féministe confrontée, heurtée par un monde machiste , dans un pays, alors, dirigé par un dictateur. « [...] et j’ai mordu les roses blanches d’Ispahan[...] avec, au fond du cœur, la même plaie béante. »
Miguel et Jacky : Un Jour sans fin Sébastien Barry ( Joëlle Losfeld éditeurs 2018)
Pour rendre un hommage paternel à son fils, Barry écrit ce roman.
Un western littéraire qui met en scène un jeune Irlandais Thomas Mc Nulty, qui s'est exilé pour échapper à la famine et qui va rencontrer John Cole , un amérindien . Ils vont traverser une époque héroïque de l’histoire des États Unis en participant aux guerres menées contre les Indiens et à la Guerre de sécession.
Couple gay sympathique et plein de vie , ils adopteront Winona, la nièce du chef indien " celui qui domptait les chevaux".
Ce roman captivant, plein de rebondissements, démontre de façon originale tout un pan de l’histoire américaine sans faire aucune impasse sur la beauté des paysages et les qualités humaines mais aussi les atrocités, les boucheries de ces guerres fratricides.
Jacky avait conseillé ce livre à Miguel et celui-ci en a acheté 7 tellement il a voulu faire partager à ses amis le bonheur de le lire.
Ps : Le mot de Simone qui tenait à faire honneur à sa lecture :
Je vous recommande la lecture de l’ouvrage écrit par Marie-Noëlle Touzery-Peurière intitulé : "Margot ou le puy des illusions".
Je lis beaucoup, par goût et par métier, des auteurs français et étrangers, anciens, modernes, et contemporains - et il m’arrive (encore) d’avoir le plaisir de la découverte – ce livre en est une, de qualité, que j’assume pleinement.
C’est un roman qui vous entraîne pendant trois cents pages (qu’on ne voit pas passer) dans la vie d’une jeune personne nommée Margot, laquelle raconte sa vie depuis la petite enfance jusqu’à l’âge des bilans, à travers une autobiographie mâtinée d’autofiction. Les événements y sont à la fois « vrais » et revisités par une plume douée, en verve, inspirée. De l’authenticité devenue littérature, avec les accommodements nécessaires du genre romanesque. Une écriture forte, charnue, drôle, qui s’engage. Et un alliage (comme au 18ème siècle) de genres différents : il y a là un roman d’apprentissage (où les vicissitudes font peu à peu l’éducation de Margot) ; une saga familiale, qui ne manque ni de pittoresque, ni de réalisme, ni de coups de patte ; un roman social (l’évolution d’une certaine bourgeoisie aisée qui garde ses codes en perdant sa fortune) ; une histoire d’amour (transgressive) ; un roman régional (enraciné dans l’Auvergne chevillée au corps et la maison familiale) ; une satire cocasse et navrante à la fois de ce qu’est devenu l’enseignement dans les collèges ; une évasion/réflexion sur le conflit des cultures, à travers le récit (très enlevé) des aventures africaines…
Dernière remarque : j’ai personnellement apprécié la maîtrise des jeux d’écriture. A côté de la narration chronologique traditionnelle, dominante, se rencontrent des « variations » qui incrustent des tons différents : on a par exemple ici la truculente chanson du grand couillon (devant le viaduc de Garabit enjambant la Truyère), et plus loin la sérieuse « Histoire de Clarisse » ; il y a l’épopée amusante de ‘Margot la Parisienne chez les cathos’ (version : « Les fioretti » !) mais aussi, ailleurs, le « Dit du Père Lambert », sobre et documentaire ; on adore la scène de genre humoristique (l’aveu crucifiant du fiancé en voiture : « Chez nous, on mange de la soupe… ») et on admire la transposition dramatique des suites de la mort du frère résistant, où la mère de l’héroïne devient une émule de Clytemnestre, réécriture saisissante et passionnée de la douleur.
A vous donc, si vous voulez, la magique « Font Dorée », et la fantastique pêche au mérou en Tunisie (où l’Éducation Nationale envoie aimablement ses enseignants se reposer), la farce du départ à la retraite au collège de C*******, et l’atelier d’écriture de la mystérieuse Eduarda… etc. !
Bref, bienvenue au Puy des Illusions.
Simone Grava-Jouve
Avignon
NB : Le seul défaut que j’ai à signaler, pour cette édition, se situe dans le fait qu’elle comporte quelques coquilles, qui n’ont pas été corrigées à la relecture.

Comme toujours, une soirée fort conviviale d’échanges enrichissants autour des livres choisis par Miguel, Claude, Françoise, Mathieu, Chantal, Denis, Christian, Michèle, José.
Livres présentés (Animation et compte rendu par Miguel et Michèle) :
1- Miguel : L’inconnu de la poste - Florence Aubenas (Points 2022)
Florence Aubenas met tout son talent de journaliste pour reprendre, à son compte, une investigation minutieuse sur cette affaire criminelle qui défraya en 2008 toute la région de l’Ain à la suite de l’assassinat de Catherine Burgot, la sympathique postière de Montréal-la-Cluse, tuée de vingt-huit coups de couteau. C’est une enquête approfondie, faite de rebondissements. L’écriture empathique met en scène un des supposés protagonistes de ce meurtre, Gérald Thomassin, ex-espoir du cinéma français ( Le petit criminel de Doillon, César du meilleur espoir en 1991 ) , devenu marginal, longtemps soupçonné, avant de bénéficier d’un non-lieu, les deux ADN retrouvés sur le lieu du crime ne correspondant pas au sien. Lui a définitivement disparu.
C’est un récit humaniste, une enquête approfondie, une affaire qui conserve, en partie, son mystère.
Miguel nous invite à découvrir les autres ouvrages de Florence Aubenas, notamment Le Quai de Ouistreham.
2- Claude : Entre toutes les femmes - John Mc Gahern ( 1934-2006) (Sabine Wespieser 2022)
Un livre qui nous plonge au cœur de l’Irlande rurale dans la famille de Michael Moran, le pater familias - deux fils, trois filles - veuf, encore bel homme, remarié à Rose douce, enjouée, bienveillante. C’est un homme autoritaire, aigri, violent, vindicatif , frustré, marqué à jamais par son implication dans les rangs de l’IRA.
Un roman magistral, réaliste qui décrit dans une atmosphère lourde , oppressante , rugueuse, les relations complexes, houleuses, les sentiments d’amour et de haine entre le père et ses enfants, les journées de labeur cadencées par les prières... Une analyse intelligente, fouillée qui met en exergue cette époque difficile (après la guerre d’Indépendance 1919-1921 et la guerre civile 1922-1923 ). Un auteur majeur de la littérature irlandaise.
3- Françoise : Profession du père - Sorj Chalandon (Le Livre De Poche 2016)
Sorj Chalandon raconte son père. Un mythomane violent qui disait qu'il avait été chanteur, footballeur, professeur de judo, parachutiste, espion, pasteur d'une Église pentecôtiste américaine et conseiller personnel du général de Gaulle jusqu’en 1958. Il disait qu’il avait été trahi par De Gaulle et qu’il voulait le tuer.
En fait Sorj ( dont le prénom est Georges mais que sa mère appelait Sorj) raconte le quotidien du jeune obéissant contraint aux folies paternelles. Une ambiance familiale sur le fil du rasoir, où la peur domine, où l'enfant somatise entre asthme et incurie scolaire. Puis devenu adulte, Sorj tente la compréhension et la découverte de vérités sur son père qui s’était fait passer pour un résistant alors qu’il a été un nazi.
Le livre fait des allers - retours entre les différents moments de cette vie compliquée. Il parle de la relation enfants-parents avec un père qui, à la fois, fascine et fait peur . L’autobiographie est forte, émouvante, dans un style d’écriture très fluide.
4- Mathieu : Patria - Fernando Aramburu (Babel 2020)
Un immense succès en Espagne, couronné par plusieurs prix. Adapté à la télévision « Patria ».
Le roman a pour cadre un village rural du Pays basque, dans la province de Guipuscoa.
Le récit se décline en analepses et prolepses (retour en arrière et en avant - au cinéma flash-back) , et raconte le quotidien des familles endeuillées durant les années de plomb, les drames familiaux (assassinat del Txato -le bavard , le garagiste…) après la mort de Franco, jusqu’en 2011 quand l’ETA (Euskadi Ta Askatasuna – Pays Basque et Liberté) annonce la fin de la lutte armée. Le retour dela veuve, Bittori va déstabiliser, un peu plus le village.
Dans un style incisif, avec de courts chapitres facilitant la lecture de cet ouvrage de plus de 600 pages , cette fresque romanesque évoque le deuil, la souffrance, le conflit des classes, la mémoire, le pardon, la rédemption.
5- Chantal : Fahrenheit 451 -Ray Bradbury (Folio 2000)
Adapté au cinéma en 1966 par François Truffaut.
Le titre fait référence au point d'auto-inflammation, en degrés Fahrenheit, du papier. Cette température équivaut à 232,8 °C .
Dans cette société totalitaire, les livres sont interdits car dangereux et doivent être brûlés car toute activité culturelle, artistique est considérée pour l’ordre social pernicieuse .Les pompiers deviennent des pyromanes. Montag en est leur chef, mais il va rencontrer Clarisse…
C’est un roman visionnaire, de nombreux parallèles peuvent être faits avec l’actualité
brûlante d’aujourd’hui, comme celle d’hier. La littérature peut être salvatrice.
Un roman culte, qu’il faut avoir lu.
6- Denis : La vie des Elfes - Mireille Barbery (Folio 2019)
Une lecture recommandée par une amie qui a été un moment de ravissement.
Un conte lent, poétique, lyrique, fantastique, drôle, philosophique, original, écrit dans le langage des elfes.
Clara est musicienne et Maria sait parler à la flore et à la faune , deux orphelines adoptées l’une en Bourgogne, l’autre dans les Abruzzes, ces fillettes dotées de nombreuses qualités, vont être initiées à rencontrer ces petits êtres à des fins perverses mais elles parviendront à être plus fortes que les forces du mal.
Il faut se laisser aller au fil des pages...
7 – Christian : Un été dans la Sierra - Jean Muir (1838-1914) (folio 2022)
Jean Muir : tout à la fois :Botaniste, géologue, explorateur, ingénieur, inventeur, essayiste, écrivain, préservationniste, alpiniste, glaciologue, écologue, philosophe, naturaliste, conservationniste... C’est un carnet de bord , une narration , jour après jour , celle de l’auteur durant l’été 1869 alors qu’il est engagé pour accompagner une transhumance vers la Yosemite Valley, aux États-Unis.
Après un début lent consacré à la botanique, l’écriture se libère, se colore, s’anime , les paysages sont sublimes. C’est une ode jubilatoire, enthousiaste à la nature sauvage . Jean Muir nous fait partager ses émotions, ses sensations, son émerveillement. Une lecture exotique, dépaysante.
8- Michèle : L’abolition des privilèges – Bertrand Guillot (Les avrils 2022)
La nuit du 4 août 1789 reste une date historique.
Cette fameuse nuit est mise en scène comme une pièce de théâtre, à la fois, tragi-comédie et farce, et respecte les trois unités : le temps : une nuit chaude au cœur de l'été 1789 , du crépuscule au petit matin, un lieu , l'Hôtel des Menus Plaisirs à Versailles , une action : L’abolition des privilèges. Nous sommes spectateurs privilégiés, assis au milieu des quelques 1000 députés membres du clergé, nobles et députés du Tiers et des gazetiers, nous allons suivre les débats et être aussi portés par l'émotion générale surexcitée de tous , les assauts de surenchère de générosité pour demander l'égalité devant l'impôt, l'admission de tous aux fonctions publiques, supprimer les abus, renoncer à certains privilèges, monopoles .Un ouvrage instructif dans les parallèles à peine déguisés avec notre époque.
9- José : Marcel Proust
José nous rappelle que cette année nous commémorons le centième anniversaire de la disparition de Marcel Proust. ( Paris- 10 juillet 1871 - 18 novembre 1922 )
A cette occasion plusieurs ouvrages ont été édités ou réédités, et la Mémoire du monde a mis à l’honneur cet écrivain avec une table qui lui est dédiée. Elle nous recommande, plus particulièrement deux nouveautés de cette rentrée littéraire Clara lit Proust de Stéphane Carlier , un roman qui raconte la découverte de Proust par une jeune coiffeuse et l'onde choc que cela produit dans sa vie. En parallèle d'Une Saison avec Luce d'Henri Raczymow, une pastiche d'Albertine disparue.
Et d’autres ouvrages sont attirants. A lire aussi Vladimir Jankélévitch (1903-1985).

Des fidèles au rendez-vous! Tous n’ont pas présenté de livre, mais tous ont été attentifs et intéressés par les livres présentés au cours de cette soirée. Ce qui a donné lieu à des échanges très riches.
( Animation: Miguel, Compte rendu: Michèle):
1- Elisabeth : Celui qui veille, de Louise Erdrich - (éditions Albin Michel 2022 - Prix Pulitzer 2021)
Inspirée par son grand-père maternel, qui a lutté pour préserver les droits de son peuple, Louise Erdrich, qui par sa mère a du sang amérindien, nous raconte une aventure humaine qui a pour décor le Dakota Nord – 1953 - , peuplée de personnages inoubliables : Thomas Wazhashk, président du conseil consultatif de la Bande d'Indiens Chippewas de Turtle Mountain, déterminé à lutter contre le projet du gouvernement fédéral censé « émanciper » les Indiens, Patrice/Pixie, la nièce de Thomas qui souhaite reprendre ses études pour être plus libre, Véra, sa sœur partie pour la grande ville, Wood Mountain et Barnes , ses prétendants…
Un roman biographique de cinq cents pages, riche, foisonnant, réaliste, profondément humain qui met en lumière la politique inique du Congrès américain envers le peuple Indien.
Une lecture passionnante.
2- Evelyne : Les Huit Montagnes, de Paolo Cognetti – (éditions Grasset 2016 - livre de poche 2018)
(Prix Médicis étranger 2017, Ce roman est devenu un film présenté en compétition au Festival de Cannes 2022.)
Pietro est un jeune milanais, Bruno un enfant des montagnes du Val d’Aoste. Ils ont 11 ans tous
les sépare mais la montagne va les rapprocher et en faire des amis. Le père de Pietro aime les longues randonnées en montagne où il entraîne son fils malgré son mal des cimes. Pietro et Bruno deviendront amis. Vingt ans plus tard, c’est dans ces mêmes montagnes et auprès de ce même ami que Pietro tentera de se réconcilier avec son passé – et son avenir.
Un roman autobiographique écrit dans une langue pure et poétique, sans longueur, un livre sur l’apprentissage de la vie, sur l’amitié , un hommage à la montagne et à la nature, un coup de cœur qu’Evelyne aime à relire. Un film a découvrir bientôt en salle.
3- Claude: L’infini dans un roseau d’Irène Vallejo - (Editions Belles lettres 2021)
- Prix national de l’essai et prix espagnol de l’Association des Librairies.
Un (imposant) essai que l’on lit comme un roman, qui raconte avec érudition, passion, lyrisme et talent l’invention des livres dans l’Antiquité, un périple historique à l’est de la Méditerranée
(Mésopotamie, Égypte, Grèce) puis à Rome.
Le titre de cet ouvrage évoque le roseau qui a constitué l'une des premières surfaces d'écriture, le papyrus mais aussi le calame qui sert à écrire… des livres! Le livre qui libère, qui diffuse des idées et qui devient pour certains, un objet dangereux.
(Un joli écho à Une histoire de la lecture d'Alberto Manguel)
4- Laurence: Just Kids de Patty Smith - (éditions Denoël 1999 - folio 2013)
Un récit autobiographique, intimiste, qui retrace ses années de jeunesse, de sa carrière chanteuse , guitariste punk rock mais aussi de poète, d’écrivaine, d’artiste peintre et de
photographe, ses joies, ses peines, elle parle de son ami Robert Mapplethorpe, de leur amitié et de leur liaison fusionnelle, qui durera de 1967 à 1969. C’est aussi la découverte d’endroits mythiques. C’est un petit bijou, joliment écrit, émouvant passionnant à lire. Voir sur Arte -replay un portrait de Patty Smith.
5- José : Marchands de mort subite de Max Izambard - (éditions du Rouerge 2021)
C’est un roman noir, une comédie tragique qui commence par un coup de fil: Pierre Marlot, est
informé par le consulat de France en Ouganda que sa fille Anne, journaliste a disparu depuis qu’elle
a passé illégalement la frontière pour se rendre en République démocratique du Congo. Sa fille enquêtait, en fait sur le commerce illégal de l’or entre les deux pays. Les personnages sont nombreux permettant ainsi à l’auteur de multiplier les points de vue de chacun pour donner au lecteur une vue plus large des évènements.
Quand la recherche de la justice, de la vérité, s’affronte à la soif de pouvoir , de richesse, de lucre, un éternel combat...
Roman choral dur, fort mais qui se lit facilement.
6- Marlies : Blackwater I, La Crue, de Michael McDowell - (éditions Monsieur Toussaint Louverture 2022)
Avant de nous parler du livre choisi, Marlies revient sur les autres présentations, celles de Claude et Elisabeth, notamment, pour mettre en exergue le pouvoir du livre, la chance d'avoir une loi du livre en France, qui rends accessible la diffusion des idées et les problèmes liés à la surproduction diffusion des idées par le livre et fait un parallèle avec la situation actuelle au Chili avec le peuple Mapuche dont les terres sont spolier pour produire de la pâte à papier internationale.
Une fresque familiale dans le sud des états-unis en 1919, en 6 tommes, le dernier à paraître prochainement: manipulation, rebondissement à foison, c’est romanesque, effrayant, fascinant, joliment illustré et peu onéreux! Michael McDowell a une écriture cinématographique qui nous plonge dans un univers que l'on ne veut plus lâcher, à l'affut des choses étranges à la Edgard Alan Poe.
7- Michèle : Une Française libre : Journal 1939-1945 de Tereska Torrès - (Editions Libretto 2022)
Tereska sort tout juste de l'adolescence quand la Seconde guerre mondiale éclate . Née de parents polonais émigrés, convertis au catholicisme, son père, Marek Szwarc, est un talentueux sculpteur qui s'engage dans l'armée polonaise et se retrouve en Angleterre. Il y sera rejoint par son épouse
Guina et sa fille. Tereska va alors s'engager pour toute la durée de la guerre dans le corps féminin des Forces françaises libres. Elle va y faire son apprentissage de la vie qu'elle va retranscrire dans son journal intime. Ce récit révèle le portrait d'une jeune diariste aventureuse, courageuse, passionnée, enthousiaste, sincère, amoureuse, c'est une narration historique intéressante.
8- Miguel: Inigo, de François Sureau .
Le livre n’a pas pu être présenté, faute de temps. Il le sera en septembre. Il s’agit du récit d’un épisode majeur de la vie d’Ignace de Loyola.

Une soirée fort conviviale d’échanges enrichissants autour des livres choisis par Fred, Christian, Francis, Jo, Angèle, Claude, Raphaël, Laurence, Nicole, Élisabeth, Évelyne, Florian, Michèle, Jacky et Miguel.
Livres présentés (Animation et compte rendu par Miguel et Michèle) :
1/ Nicole : « Anéantir » – Michel Houellebecq (janvier 2022- Flammarion)
Avec son le 8ème roman - 780 pages-, au titre provocateur, et très bien documenté, Houellebecq nous projette dans l’année 2027. Se mêlent, s’entremêlent, les drames de la vie intime, celle de Paul et Prudence, la politique, le quotidien d’une société occidentale, la fuite par le rêve, des attentats... Un grand thriller politique. Le récit ménage de nombreuses surprises, comme celle de l'apparition d'un avatar réaliste de Bruno Le Maire dont le personnage principal du roman est l'un de ses conseillers, Paul Raison, un haut fonctionnaire de 47 ans.
Le livre n’a pas de fin… On sent l’empathie de l’auteur.
Nicole a été emballée par le livre.
2/ Fred : « Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan » - Laurent Perez (Éditions les Escales octobre 2021)
Ce livre dit la puissance de l’amour d’une mère juive séfarade, très protectrice pour aider son fils Roland, handicapé (né avec un pied bot). Avec acharnement, elle parviendra à le faire opérer. L’enfant devra rester alité de longs mois au cours desquels il découvrira le monde et apprendra à lire grâce à la télévision et surtout en écoutant la star préférée de la fratrie familiale : Sylvie Vartan. C’est lumineux, c’est plein d’humour, c’est attachant. Pour Fred c’est une lettre d’amour. Il en a parlé avec grande émotion.
3/ Laurence : « Une éducation » – Tara Westover (Lattès 2019)
Roman autobiographique qui dit le combat de Tara pour échapper à sa famille qui appartient à la secte des Mormons. Comment se construire, comment évoluer , comment devenir docteur en histoire, hors de la famille sans la trahir ? Une expérience singulière, un témoignage édifiant, d’une grande force.
4/ Raphaël : « Les Guerriers nus » - Jean-Marie Lamblard (Imago 2005)
L’auteur, né à Tavel en 1938, devenu inspecteur général du Théâtre nous livre un récit épique qui oppose les Celtes, ancêtres du peuple provençal, ceux qui allaient combattre nus, aux Grecs installés à Massalia, l’antique Marseille.
Quelques colons grecs partis d'Orient fondèrent en terre ligure la ville de Massalia - la Marseille antique. Ces nouveaux venus d'une autre civilisation prospérèrent rapidement, suscitant dans la population environnante attirance et hostilité. Jusqu’au moment où les tribus alentours, gaulois ou celto-ligures ressentent cette présence comme invasive et décident de reprendre la main et de soumette la cité devenue puissante. Les Gaulois, de tradition orale imposent leur puissance par la guerre et le combat physique. Leur richesse se construit sur le pillage et la vénération de l’or. Les Grecs ont une autre approche fondée sur la littérature, le commerce.
Cette évocation romanesque nous est racontée avec une verve poétique et fait revivre avec beaucoup d’humanité ces guerriers redoutés défaits mais invaincus.
5/ Claude : « Je m’appelle Asher Lev »- Chaïm Potok (1994 Buchet Chastel; 2007 10/18 )
Roman autobiographique. Tout jeune Asher est attiré par le dessin, au grand désespoir de son père très croyant qui estime que cette expression artistique est incompatible avec la tradition religieuse juive. Le jeune homme pourra néanmoins poursuivre sa vocation, s’épanouir grâce à son talent, exposer et devenir célèbre.
Un roman magistral sur les affres du génie artistique, bien souvent synonyme de déchirements culturels, spirituels et intimes
6/ Evelyne : « Regarde les lumières mon amour » - Annie Ernaux (2014 Seuil; 2016 Folio)
C’est un journal tenu par l’autrice entre 2012 et 2013, dans lequel elle consigne ses observations quand elle fait ses courses dans un supermarché, elle nous fait part de ses sentiments, de ses interrogations. Une analyse sociétale intéressante, ludique et originale. L’hypermarché est un grand rendez-vous humain, un véritable spectacle. Sa fréquentation est très loin de se résumer à la seule corvée des courses. Dans le journal de ses visites, la romancière livre les sentiments mêlés, attirance mais aussi interrogations, que suscite en elle ce haut lieu de l’abondance. Manifestement le regard d’Evelyne a changé quand elle fait ses courses. Elle a su nous communique sa nouvelle approche.
7/ Florian : Une BD « Le château des animaux » scénarisée par Xavier Dorison et dessinée par Félix Delep, (Casterman 2018 et en cours pour les autres tomes à paraître)
Quelque part dans la France de l’entre-deux guerres, niché au cœur d’une ferme oubliée des hommes, le Château des animaux est dirigé d’un sabot de fer par le président Silvio… Secondé par une milice de chiens, le taureau dictateur exploite les autres animaux, tous contraints à des travaux de peine épuisants pour le bien de la communauté…
Miss Bengalore, chatte craintive qui ne cherche qu’à protéger ses deux petits, et César, un lapin gigolo, vont s’allier au sage et mystérieux Azélar, un rat à lunettes, pour prôner la résistance à l’injustice, la lutte contre les crocs et les griffes par la désobéissance et le rire… Une série de BD fantastique, en contrepoint à La ferme des animaux d’Orwell. Ces fables animalières nous invitent à une multitude de réflexions ... L’ironie est la réponse à la violence, la résistance fait face à l’autoritarisme, à l’injustice … Ludique et très actuel !
Manifestement Florian est un fan !
8/ Jo : « American Dirt » – Jeanine Cummins (2018 Philippe Rey; 2022 10/18)
La fuite d'une mère et de son fils, mexicains, pour fuir un cartel de la drogue d’Acapulco après le massacre de plusieurs membres de leur famille . Ils vont intégrer la horde des migrants voulant passer clandestinement aux États-Unis. American Dirt raconte l’épopée de ces femmes et de ces hommes qui ont pour seul bagage une farouche volonté d’avancer vers la frontière américaine. Un récit marqué par la force et l’instinct de survie de cette mère et de son enfant. C’est violent, réaliste fort en émotion ce que Jo a su nous transmettre avec force relayée par plusieurs participants qui avaient aussi lu le livre.
9/ Elisabeth : « L’évènement » - Annie Ernaux (2000 Gallimard; 2001 Folio)
Deuxième ouvrage de la même écrivaine cette soirée.
Un récit autobiographique. Un épisode douloureux vécu lors de ses études universitaires. Une expérience initiatique de vie et de mort, d’humiliation en cette décennie 60, ou l’avortement constituait encore un délit. Un récit qui dit le traumatisme lié au mépris, aux tabous qu’il faut affronter, aux préjugés de classe.
Elisabeth a lu plusieurs passages du livre pour en montrer le style ciselé et évocateur.
10/ Francis : « A l’orée du Verger » - Tracy Chevalier ( 2016 Table Ronde; 2018 Folio )
Au XIX -ème siècle, la saga de pionniers paysans installés dans l’Ohio, qui tentent de faire pousser des arbres fruitiers dans des terres marécageuses, insalubres, ingrates à souhait. La fiction historique est décrite avec réalisme, humanité, c’est captivant.
Francis nous a raconté qu’il lisait chaque année ce roman et qu’à chaque fois il y puisait de nouvelles choses tant le récit est fort.
11/ Angèle : « L’être et le néon » (2022 Les Editions de Labadié)
Récit plein d’humour et pudeur et d’élégance. Hymne à la vie. Fragilité de la vie, chance d’être sur terre. Combat quotidien à l’hôpital dans une lutte contre le cancer (un lymphome)
12/ Christian : « Les Rouges du Midi »- Félix Gras (1896 épuisé)
Félix Gras, fervent républicain, né à Mallemort du Comtat raconte le cheminement d’un enfant né dans le Vaucluse, Pascalet, qui pour sortir de sa condition de paysan pauvre, va s’engager aux côtés des Marseillais pour renverser « le tyran ». La version du livre présentée par Christian est double : français et provençal Li Rouge dóu Miejour . La république reprendra le chant entonné pas ces hommes valeureux et qui depuis porte leur nom : La Marseillaise. Premier roman historique écrit en langue provençale, cet ouvrage connut un immense succès outre-Atlantique, avant même sa parution en France. A découvrir ou redécouvrir pour mieux comprendre du côté du peuple cette période de l’histoire de France et de notre Provence.
13/ Michèle : « Azincourt par temps de pluie »- Jean Teulé (2022 Mialet Barrault)
Avec sa gouaille habituelle et une langue bien verte mais jamais obscène, Jean Teulé revisite une tragique et sanglante défaite historique en une pasquinade : Azincourt 1415, où la chevalerie française fut décimée. 6000 chevaliers tués ! Une lecture ludique et enrichissante car les faits historiques sont respectés. Avec la verve qu'on lui connaît et son sens du détail qui tue, Jean Teulé nous raconte ces trois jours dantesques où, sous une pluie battante, des milliers d'hommes se sont massacrés dans un affrontement sanglant d'autant plus désastreux que cette bataille était parfaitement inutile.
14/ Jacky : « Marie-Claire » – Marguerite Audoux (2019 Talents hauts)
Il y a peu d’écrivaines qui sont issues du milieu populaire, d’abord parce qu’on est une femme et puis pauvre c’est pas facile, ça semble mais c’est pas facile… il faut donc que vous lisiez Marguerite Audoux. Elle vient de nulle part et on est en 1910 !!! Orpheline, bergère, couturière, elle écrit dans un carnet sa vie… Un miracle d’intelligence et de sobriété, Son premier roman, Anne-Marie, est publié grâce à un ami d’Octave Mirbeau qui l’a présenté au maître es-découvreur de talents. (Les Impressionnistes, c’est lui mais aussi maints auteurs) Ce coup d’essai est un coup de maitresse puisqu’elle obtient le prix Fémina la même année… Vous savez ce que signifie « écrire merveilleusement » ? Ceux qui ont lu Marguerite Audoux le savent. Son biographe l’a comparée à Marguerite Duras, une autre Marguerite, précise-t-il… c’est faux … elle est incomparable. « Sœur Gabrielle était toute petite, vieille, maigre, et courbée ; elle dirigeait le dortoir et le réfectoire. Au dortoir, elle passait un bras sec et dur contre notre chemise et le drap, pour s’assurer de notre propreté, et elle fouettait à heure fixe, et avec des verges, celles dont les draps étaient humides. Au réfectoire, elle faisait la salade dans une immense terrine jaune. Les manches retroussées jusqu’aux épaules, elle plongeait et replongeait dans la salade ses deux bras noirs et noueux, qui sortaient de là tout luisants et gouttelants, et qui me faisaient penser à des branches mortes les jours de pluie » Faîte lui une place dans votre bibliothèque, elle prendra de la valeur…

merci à Francis, Colette, Claude, Aline, Didier, Miguel et aux libraires Jacky et Marlies.
Petit compte rendu par Miguel Couralet :
1/ « La place » d’Annie Ernaux (Présenté par Francis)
Annie Ernaux a raconté son père issu du monde rural et devenu petit commerçant ainsi que la relation qu’elle a eu avec lui. Elle exprime le décalage entre eux du fait qu’elle a pu faire des études et s’est détachée de son milieu social.
C’est un livre de souvenirs qui a marqué Francis car il y a retrouvé les mots qui expriment ce qu’il a vécu lui-même avec ses parents et son milieu social. Pour nous l’exprimer il a lu des passages du livre et les a commentés.
Un beau moment d’émotion.
2/ « Enfant de salaud » de Sorj Chalandon (Présenté Colette)
Histoire de son père. 2 histoires en parallèle. La sienne journaliste à Libération et au Canard Enchainé et celle de son père dont il découvre le cheminement pendant la guerre où il a collaboré avec l’ennemi. C’est le grand père de l’auteur qui lui révèle : « Ton père portait l’uniforme allemand. Tu es un enfant de salaud ! »
En mai 1987, alors que s’ouvre à Lyon le procès du criminel nazi Klaus Barbie, le fils devenu journaliste apprend que le dossier judiciaire de son père sommeille aux archives départementales du Nord. Trois ans de la vie d’un « collabo », racontée par les procès-verbaux de police, les interrogatoires de justice, son procès et sa condamnation.
Il découvre l’aventure rocambolesque d’un jeune de 18 ans, sans instruction ni conviction, menteur, faussaire et manipulateur, qui a traversé la guerre comme on joue au petit soldat. Un jeune homme inconscient du danger, qui a porté cinq uniformes en quatre ans. Quatre fois déserteur de quatre armées différentes. Traître un jour, portant le brassard à croix gammée, puis patriote le lendemain, arborant fièrement la croix de Lorraine.
Son père a été jugé mais « s’en est bien sorti ». Il est décédé dans un hôpital psychiatrique.
Un livre fort comme tous ceux de Sorj Chalandon.
3/ « Les abeilles grises » - D’Andreï Kourkov (Présenté par Claude)
Nous sommes en pleine actualité : Dans un petit village abandonné de la « zone grise » dans le Donbass, coincé entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte ennemis depuis l’enfance. L’un pactise avec les Russes, Pachka non, tout à s’occuper de ses 6 ruches qu’il va emmener au printemps en Crimée pour qu’elles puissent bénéficier de la nature. Le livre raconte toutes ces scènes de vie et de voyage.
Claude nous a présenté un livre riche, plein d’humanité. Manifestement un livre à lire absolument.
4/ « Reine du réel » De Nancy Houston (Présenté par Marlies)
Nancy Huston écrit une longue lettre à Grisélidis Réal, qu’elle n’a jamais connue mais qu’elle a longtemps désapprouvé.
Grisélidis Réal, artiste, écrivaine et prostituée suisse, a fui le milieu où elle est née, bourgeois, calviniste et rigide, pour mener une vie libre. Une vie marquée par des histoires avec des hommes, des dizaines de milliers de relations tarifées, quatre enfants placés, des fausses couches, mais une vie illuminée par l’art et l’engagement militant pour la reconnaissance et les droits des travailleuses du sexe. Elle décrit la prostitution comme un art, un humanisme et une science.
Marlies nous a expliqué que dans le livre de Nancy Huston, l'autrice avec une plume personnelle et vraie nous présente un texte comme journal intime où se mêle la biographie de la Reine du Réel, au fils de ces recherches la vie qu'elle imaginait chaotique et soumise, apparaît beaucoup plus complexe manifestement l’auteur éprouve une admiration pour son combat de liberté et pour son œuvre. Pour finir c'est une lettre d’amour qu’elle écrit.
5/ « La patience des traces » De Jeanne Benameur (Présenté par Aline)
Un psychanalyste qui part à la retraite. Quelque chose se brise dans ce moment-là en lui. Conseillé par un ami il s’envole pour les îles Yaeyama. Il est hébergé dans une maison d'hôtes tenue par un couple d'artistes, elle, collectionneuse de vêtements anciens, lui, céramiste. Dans le cycle des jours et dans un monde nouveau, avec des hôtes « écoutants » c’est l’occasion pour lui de faire face à son passé et à son histoire. C’est un roman tout en délicatesse et poésie. Un très beau voyage spirituel en quête de la vérité et d'une paix avec soi-même.
6/ « Et quelquefois j’ai comme une grande idée » – De Ken Kesey (Présenté par Didier)
Didier (conforté par Jacky) nous a présenté ce livre comme un chef d’œuvre. Son auteur a aussi écrit " vol au-dessus d'un nid de coucou ".
C’est un roman sur le combat, un combat permanent, celle de deux frères dans un univers de bucherons. C'est aussi le combat de l'homme contre la nature dans cette forêt de l’Oregon. Didier nous a lu quelques passages de magnifiques descriptions qui ponctuent le récit.
Manifestement ce récit a bouleversé Didier et Jacky, ils le qualifient « d’extraordinaire »
7/ « Il n’y a pas d’arc en ciel au paradis » De Noël Néoton Ndjékéry (Présenté par Jacky)
Quel bonheur cet auteur Tchadien, il vous fait renouer avec la littérature et le plaisir de l’évocation rare d’une vérité historique. On est à la fin des années 1890, alors que la traite négrière bat de l’aile en atlantique (la guerre de sécession est passée par là) la trans-saharienne est toujours florissante et ce depuis 13 siècles. Zeïtoun, un adolescent noir s’échappe d’une caravane d’esclaves où progénitures, femelles et mâles sont conduits comme du bétail vers la péninsule arabique. Dans sa fuite vers le Tchad (grande étendue d’eau en langue locale) il va croiser un eunuque et la jeune favorite d’un harem en fuite eux aussi. Ils vont essayer de trouver refuge sur une île du grand lac pour reconstruire une société apaisée ? C’est cent ans de solitude façon Tarentino (c’est un conteur qui déconstruit la fin parce qu’il trouve que c’est mieux !) : des empires négriers jusqu’à Boko Haram, Vous allez apprendre des choses en même temps que découvrir une littérature ciselée d’or :
Plus discrète qu’une épouse infidèle rejoignant son amant, la lune rasait les nuages, impatiente d’aller retrouver le soleil qui l’avait précédée depuis longtemps au couchant. Parvenue au-dessus de la ligne d’horizon, elle parut marquer le pas, ce qui laissa entrevoir les bras tentaculaires des arbres qui essayaient de la retenir. Puis elle plongea dans les entrailles de la terre, privant d’un coup la nature de sa douce clarté. Il ne subsistait plus que la voie lactée pour contester aux ténèbres l’autorité absolue.
8/ « Le Grand Monde » De Pierre Lemaitre (Présenté par Miguel)
Le premier roman de ce qui est annoncé comme une nouvelle trilogie de Pierre Lemaitre après la précédente qui a surtout marqué avec le Livre « Au revoir là-Haut ».
On retrouve dans le « Grand Monde » un personnage de « Au revoir là-haut » qui après l’arnaque sur la construction des monuments aux morts et allé vivre à Beyrouth et a fondé une entreprise industrielle florissante et fondé une famille. On suit le devenir des 4 enfants : Jean, l’ainé qui rate tout ce qu'il entreprend et qui fuit de honte à Paris car il n’a pas été à la hauteur des espoirs de son père pour lui succéder à la tête de l’entreprise. Il y retrouve François, son frère cadet, qui démarre une carrière journalistique dans un journal à la rubrique fait divers après avoir croire à ses parents qu’il était rentré à l’école normale supérieure. Etienne, le dernier frère, qui séjourne à Saïgon pour retrouver son amoureux, légionnaire embarqué dans la guerre d'Indochine et qui au passage découvre le Traffic d’argent des piastres qui finance le vietminh et enrichit trafiquants et personnalités politiques françaises. Tandis que la petite dernière, Hélène, ne rêve que de quitter Beyrouth et ses parents.
Le livre est plein de rebondissements tous surprenants et nous enseigne sur l’après-guerre et les mœurs de l’époque.
A la fin du livre, on veut vite pouvoir lire la suite…