top of page

La Librairie a son club lecture !

Tout les premiers vendredi du mois.

Venez nous parler du dernier livre qui vous a emporté à chaque page... Chacun des participants pourra parler librement d’un livre qu’il aura lu récemment. Faites le nous connaître, partagez votre avis en essayant de donner envie à d’autres de le lire ♥

 

Un moment d'échange et de partage, Réservation à la librairie 15/20 places.

Seulement dix présentations de 8 minutes - suivi de discutions autour du verre de l'amitié...

– en partenariat avec Partages Culturels en Provence -

20240423_100356-02.jpeg

Club lecture du 5 Avril

Animation : Miguel , Compte rendu : Michèle Robinet, Miguel Couralet,

Nous étions dix pour ce nouveau club de lecture printanier, nous avons accueilli deux nouveaux venus Myriam et Loïc. Nous avons tous présenté un livre.

 

Jacky : Le rêve du pêcheur - Hemley Boum- Gallimard

Jacky lit depuis de nombreuses années de la littérature d’auteurs africains, il en est devenu spécialiste. Ce roman retrace quelque peu une situation vécue par un de ses amis originaire de ce continent où la famille est avant tout un clan avec de grandes valeurs communautaires.

Zacharias, pêcheur comme ses ancêtres, vit dans le petit village de Campo, une vie tranquille avec sa femme Yalana et ses enfants. Du jour au lendemain, il voit son mode de vie traditionnel bouleversé par l'arrivée d'une compagnie d’exploitation forestière qui crée une coopérative de pêcheurs. Alors tout cela est riche de belles promesses et le père de famille se prend à rêver d’un autre avenir pour les siens. Mais les illusions s’effritent, les dettes s’accumulent et l’équilibre familial va être irrémédiablement rompu. Sa fille Dorothée perd son mari dans des circonstances troubles , son petit-fils devient orphelin de père … Quelques décennies plus tard, Zachary, le petit fils, dix-huit ans, après « une grosse bêtise », fuit le Cameroun abandonnant sa mère à son sort et à ses secrets. Devenu psychologue clinicien à Paris, marié, père de famille, il a cru au miracle, mais son passé le rattrape. Avec ces deux histoires savamment entrelacées, la romancière camerounaise Hemley Boum signe magistralement une fresque familiale puissante, poétique qui se poursuit sur plusieurs générations, qui aborde de nombreux thèmes : les traumatismes de l’expatriation, l’intégration, le racisme, la recherche identitaire, les effets pervers de la mondialisation... éclairant à la fois les replis de la conscience et les mystères de la transmission. Le roman, une alternance de chapitres évoquant le présent et le passé, commence et finit à l’extrême sud du pays, à l’embouchure du fleuve Ntem, cadre ambivalent et métaphore de l’intrigue.

Un très beau roman lumineux, bouleversant, authentique qui fait sens.

 

Christian : Une fleur qui ne fleurit pas- Maria Messina - Cambourakis

Encore un roman d’une autrice italienne dont Christian, nous donne quelques éléments biographiques : Maria Messina est née à Palerme en 188, elle décède à Pistoia en 1944. A travers ses nouvelles et ses romans elle s’est attachée à mettre en scène l’oppression des femmes italiennes, plus particulièrement celles de Sicile, sa région natale. Atteinte d’une sclérose en plaque,  elle cesse d’écrire en 1928, à 41 ans, seize ans avant sa mort. Maria Messina connaît une certaine notoriété de son vivant mais sa renommée commence à faiblir dès qu'elle cesse de publier. Elle sort de l’ombre dans la décennie 80, depuis lors, plusieurs de ses œuvres sont rééditées.

Une fleur qui ne fleurit pas – un fiori non fiori, a été édité en Italie 1923, réédité en France en 2022.

Aux alentours des années 1920, Franca rencontre Stefano à Florence. Franca, une jeune fille en fleur pétillante, ose la modernité sociale et vestimentaire qu’elle affiche dans son indépendance, sa coupe de cheveux, ses habits. Mais cet avant-gardisme n’est pas apprécié par la société conservatrice de l’Italie du début du XXème siècle. Il faut choisir de se fondre, d’ accepter le poids de la tradition, se soumettre ou devoir renoncer au mariage, à l’amour, à une vie de famille différente de celle vécue par ses aïeules. Franca renoncera progressivement à son amour, elle se sacrifiera, se flétrira.

L’histoire tragique et bouleversante de Franca est attachante, l’écriture est fine, élégante, ce roman traduit parfaitement les choix impossibles pour les femmes en Italie, à cette époque, le poids de la société, un sujet, hélas, d’une actualité brûlante ces derniers jours.

 

Isabelle : Comment ça va pas ?Conversations après le 7 octobre- Delphine Horvilleur – Grasset

Après les attentats perpétrés par le Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, Delphine Horvilleur voit son monde s’effondrer ( Elle est rabbin). Elle dont la mission consiste à porter la souffrance des autres sur ses épaules, à la rendre moins lourde par ses mots, à consoler, se retrouve piégée, traumatisée par les fantômes ressuscités de la Shoah, ravagée, en état de sidération, impuissante, insomniaque et aphasique. Pour tenter de reprendre pied, elle rédige dix conversations réelles ou imaginaires où elle convoque la petite fille qu’elle était, la femme qu’elle est devenue, la mère, la juive qu’elle est. Par cette écriture, parce que la littérature nous aide souvent à traverser les périodes dramatiques, pour atténuer son mal être, elle tente de trouver des réponses, du sens au non-sens. Aussi pour soulager le traumatisme transgénérationnels amplifié par des siècles et des siècles de douleurs, elle s’interroge sur les ressorts de la haine, les difficultés à gérer les « mais ». Elle s’exprime avec la sincérité qui la caractérise, la gravité de ses propos se teinte d’un léger humour nécessaire ici pour tenter d’édulcorer la douleur.

 

Myriam : L’attente du soir – Tatiana Arfel- Corti

Dans ce livre, l’autrice donne la parole à ceux qui ne l’ont pas. Elle met en scène trois marginaux, trois atypiques, cabossés par la vie dont elle raconte le parcours  :

-Giacomo, le vieux clown blanc, directeur d’un petit cirque, dresseur de caniches, dont la vocation est de faire rêver, c’est un compositeur de symphonies parfumées, épris de liberté,

- Une dame grise « hors normes » mal aimée par sa famille, mal aimée par la vie, qui s’épanche dans les chiffres, les tables de multiplication ,

-Un enfant sauvage, sans langage, abandonné au milieu des détritus d’ordures, fasciné par les couleurs. Il dessine faute de savoir écrire.

Le destin va faire se rencontrer ces trois solitaires, ils vont s’écouter , et ainsi s’aider à se reconstruire.
L’autrice, psychologue de formation, s’intériorise dans ses personnages.

L’écriture est poétique, vibrante, le récit magistral, prenant, sensible, magique.

 

Daniel : Shakespeare , Le Guépard  - Giuseppe Tomasi di Lampedusa.

Giuseppe Tomasi, prince de Lampedusa, duc de Palma, baron de Montechiaro et de la Torretta, grand d'Espagne de première classe, est un gentilhomme sicilien et un écrivain italien.

Il est l'auteur d'un roman unique "Le Guépard, publié à titre posthume (1958).
Tomasi di Lampedusa, ne fut jamais un universitaire, mais sa grande culture et sa parfaite connaissance du français et de l'anglais l'amenèrent à donner des causeries devant un cercle d'intimes, principalement sur la littérature anglaise. Ce recueil consacré à Shakespeare en est tiré.

Dans une présentation originale, Daniel, qui nous a lu quelques passages du Guépard et du livret Shakespeare, qui mettent en évidence les similitudes de l’écriture de Guiseppe Tomas dans ces deux œuvres, sa grande culture, une plume spirituelle qui raconte avec une liberté de ton, humour, et sensibilité, drames et comédies en observant avec beaucoup d’acuité la société et les rituels sociaux. Manifestement l’auteur du Guépard avait une grande sensibilité à la thématique et à la poésie shakespearienne.

Loïc : Les enfants oubliés d’Hitler -Ingrid Von Oelhafen – Fayard

Durant la Seconde Guerre mondiale, plusieurs dizaines de milliers d'enfants dont les caractéristiques physiques correspondaient au type aryen pour fabriquer les maîtres de demain : blond, yeux bleus, teint clair, furent arrachés, kidnappés à leurs parents dans les pays et territoires conquis et occupés pour être placés dans un Lebensborn (fontaine de vie) ou confiés à des familles nazis. C’est ce qui est arrivé à Ingrid von Oelhafen. victime de cette atrocité. Plus tard, quand elle découvrira qu’elle est une enfant adoptée, elle partira à la quête de ses origines. Une démarche, une enquête de plus de trente ans, qui tentera de lui permettre de comprendre les mauvaises relations avec ses parents adoptifs, notamment sa mère de substitution, mal aimante, ses difficultés personnelles, ses traumatismes, ses choix de vie, ses attirances avec d’autres adultes qui connurent le même sort.
Quand Ingrid retrouve enfin le village où elle est née, une révélation plus dure encore l’attend.

Un récit personnel émouvant, un témoignage historique saisissant sur ce programme nazi terrifiant qui reste encore peu connu.

 

Solange : Le ciel ouvert – Nicolas Mathieu – Actes Sud

 Un recueil de textes publiés au fil des années sur Instagram, illustré par Aline Zalko, graphisme et couleurs qui donnent du sens au récit. Trois parties qui égrènent un kaléidoscope de vie intime : joies, détresse, des fragments de vie où chacun peut se retrouver  :

- Une partie consacrée à une histoire d’amour fou, passion clandestine partagée avec la femme aimée qui n’est pas libre,

- Celle de l’amour du père pour son enfant, un père célibataire qui élève son fils

- Celle où l’écrivain est spectateur de la déchéance de son vieux père.

Ce livre magnifique est un petit chef d’œuvre de délicatesse, de tendresse, de poésie. Pour Solange un grand moment de bonheur.

 

Béatrice : En vérité – Typhanie Tavernier- Sabine Wespieser

C'est d’une femme ( Alice) totalement sous l’emprise d’un époux très toxique. Une femme complètement perdue mais qui ne perçoit pas la maltraitance de son mari.  Le lecteur est percuté par cette situation, s’en révolte, a envie de secouer Alice, la faire réagir.

Sa vie changera-t-elle quand elle répond à une offre d’emploi ? : « L'association diocésaine de Paris recrute un(e) assistant(e) pour le promotorat des causes des saints. », Sans aucune qualification, elle est pourtant recrutée. Entourée de collègues bienveillants, elle va alors être confrontée à la complexité sidérante de la procédure de canonisation bien compliquée.
Un roman déconcertant, qui a laissé Béatrice sur sa faim mais qui vaut , quand même assure-t-elle, d’être lu.

 

 

Michèle : Si le soleil s’en souvient Jean-Paul Enthoven – Grasset

Ce récit est en quelque sorte la confession d’un homme qui retrouve ses racines, les vraies, loin des contraintes germanopratines. A 75 ans, Jean-Paul Enthoven tombe le masque sur ses origines, une jeunesse sculptée par le soleil et la mer de son pays natal, sur fonds de guerre, dans les derniers soubresauts de l’Algérie française. Ici, les souvenirs lumineux, quelques peu enjolivés, douloureux, émouvants osent enfin se dévoiler, pour composer une autobiographique où vérité solaire et fiction ténébreuse se croisent. Voilà ce qu’en dit l'auteur :
- « Quel sera le taux de menteries dans les affirmations, insinuations, divagations ici contenues…
- Tout est ici, et sera vrai… C'est à dire presque vrai, très vraisemblablement, nuancé, historiquement avéré, hypothétique, à peine rectifié à la marge… Au départ, j'envisageais un tiers d'exactitudes, un tiers d'exactitudes malmenées par le temps, un tiers de mensonges rigoureusement véridiques [...] mais, à chacun de ces tiers, se sont ajoutées des sous-divisions réservées à l'imagination, à l'énergie narrative, à la nostalgie, à l'accentuation dramatique, à la mémoire vaniteuse ou volontairement dépréciative, à la volonté de prendre une revanche sur une réalité insuffisante. »
Le père, Edmond, grand propriétaire terrien, décide, en 1960 de construire un cinéma d'avant-garde dans sa petite ville Mascara, à quelques cent kilomètres de la préfecture Oran. Pour l'inauguration c'est Moby Dick de John Huston, film de 1956, d'après le roman éponyme d'Herman Melville qui sera projeté. Ce choix n'est pas anodin, l'acteur principal qui incarne le capitaine Achab est interprété par Gregory Peck, Edmond en est un sosie presque parfait. La lutte entre le capitaine Achab et le cachalot blanc, symbolise celle du Bien contre le Mal, l'absurde et la révolte, et après tout, aussi, quelque part, l'histoire de l'Algérie.
Le drame qui marque l'inauguration de cette salle de spectacle n'est qu'un évènement de plus dans cette guerre pour l'Indépendance de l'Algérie, un parmi tant d'autres qui poussera la famille

Enthoven à l'exil. Ce film distingué par Jean-Paul Enthoven l' était aussi par le fait de vouloir rendre hommage à Albert Camus, dont le fantôme sympathique vient hanter quelques passages du livre.
Lecture émouvante , une nostalgie se dégage de ces lignes avec un l'humour acéré qui cache bien des choses : la part de courage de l'écrivain pour affronter de façon romancée ses souvenirs, pour « assumer cette part de moi que j'ai vainement tenté d'expulser, me réconciliant avec tout le tintamarre d'une enfance […]"

 

Miguel : Le mage du Kremlin – Giuliano da Empoli – Gallimard

Voilà un livre choc que la presque totalité des participants au club lecture avaient déjà lu. Tous ont indiqué combien ce livre était important pour comprendre ce qui nous arrive dans un contexte de montée des tensions extrêmes sur notre continent.

Ce livre parfaitement bien écrit et très documenté raconte de façon romanesque la rencontre de l’auteur avec Vadim Baranov ( en réalité Vladislav Sourkov) qui homme de spectacle et de télévision va devenir pendant plus de 10 ans le conseiller le plus proche de Vladimir Poutine.

Baranov se livre totalement et raconte comment il a accompagné Poutine dans la prise de pouvoir et la volonté de celui-ci de remettre de l’ordre et de l’autorité ( verticalité dit-il) dans une Russie en déshérence après les années Boris Eltsine.

On vit au fil des pages , de l’intérieur la façon dont Poutine a construit avec grand cynisme son personnage puis son autorité de fer avec sa volonté de déstabiliser l’occident. Pour rendre l’honneur à la Russie.

C’est glaçant de réalisme et éclaire tous les événements actuels ( guerre en Ukraine, agressions sur les réseaux sociaux, désinformation , liquidation des opposants…)

Écrit avant l’invasion de l’Ukraine, tout dans ce roman est prémonitoire et invite à une profonde réflexion sur la nature du pouvoir et de l’autorité. Démocratie, dictature, risques d’affrontements, rôle des nouvelles technologies…tout y est . Après avoir lu le livre on ne voit plus les choses comme avant.

Les membres du club littéraire auraient aimé que le prix Goncourt 2022 soit attribué à ce roman ( il a tout de même eu le prix de l’Académie française). Cela n’a pas empêché que ce livre soit en tête des ventes dans les librairies.

Vite si vous n’avez pas lu le livre, lisez-le, on en reparle !

 

José : Différends - Frans de Waal- Les liens qui libèrent

Ce livre, paru en 2022, a été choisi par José pour rendre hommage à Franciscus Bernardus Maria de Waal, plus connu sous le nom de Frans de Waal, un primatologue et éthologue néerlandais né le 29 octobre 1948 à Bois-le-Duc, qui vient de décéder à 75 ans, le 14 mars 2024 à Atlanta.

Ce livre est un vibrant manifeste pour l’égalité des genres. Pour établir si les préférences et les comportements humains que nous qualifions parfois de genrés ont une origine biologique, Frans de Waal les compare avec ceux d’autres primates, non affectés par nos biais culturels.

C’est un récit passionnant, riche, complet sur la vie sociale des singes, Chimpanzés, Bonobos et Gorilles, qui ébranle certaines vérités sur la masculinité et la féminité, l’autorité, le pouvoir, la coopération, la compétition, les liens filiaux et les comportements sexuels. De nombreuses questions donc, assorties de réponses pertinentes, claires, argumentées, nuancées et s'il ne conteste pas l'existence de différences entre les sexes, le scientifique affirme qu'il n'y a rien de «naturel» à ce que les hommes exercent une domination et que la biologie ne permet pas de les expliquer.

bottom of page