Ne vous inquiétez pas, tout va bien, enfin presque !
Après quelques jours dans le silence des livres, en dérive sur le spleen étrange
D’une soudaine inaction imposée, frôlant la dépression
Voici, vos libraires de nouveau sur le pied de guerre
Tel Sisyphe devenu notre héros tutélaire
Comme vous le savez j’ai repris la librairie récemment avec ma famille, en soutien bénévole. Prenant le relais des précédents libraires en difficulté et à la recherche de fous téméraires, au final pas si nombreux, pour reprendre et continuer à faire vivre La mémoire du monde. Après les mois de travaux difficiles nous avions renoué avec un chiffre soutenable, nous permettant peut-être d’engager une deuxième personne en septembre. Naturellement le contrecoup du Covid-19 fut rude mais comme nous avons un infirmier dans la famille, nous avons surtout pensé à la solidarité requise avec les personnels soignants à fin de soulager la pression sur l’hôpital par les mesures de confinement. Cependant comme nombres de consœurs et de confrères libraires nous aurons encore besoin de votre soutien pour pouvoir continuer l’activité de la librairie par la suite, si un jour il y a fin des mesures de confinement. Nous allons réfléchir à des actions de soutien telles que des achats de cartes cadeaux ou des promesses d’achat qui nous permettrons de passer les mois difficiles qui nous attendent. Mais en attendant nous vous proposons de détourner le confinement et de nous évader dans les livres au fil des mots de notre journal des jours confinés auquel vous êtes invité à participer.
Détournons le confinement
Échappons nous dans les livres !
Journal des jours confinés
Pensée positive
en ces jours extraordinaires
terriblement ordinaires 1
« L’homme est un animal rationnel, nous dit-on. Ma vie durant, je me suis employé à en chercher une preuve mais, j’ai eu beau visiter plusieurs pays et parcourir trois continents, je suis resté bredouille. Pis encore, j’ai constaté que le monde sombrait toujours plus profondément dans la folie. J’ai vu de grandes nations, jadis porteuses du flambeau de la civilisation, menées à leur perte par des prédicateurs de grandiloquentes balivernes. J’ai vu la cruauté, la persécution et la superstition se propager au point que les adeptes de la rationalité s’entendent taxés de vieux schnocks, tristes reliques d’une époque révolue. Tout cela est désespérant, mais le désespoir est un sentiment inutile. Afin d’y échapper, j’ai entrepris d’étudier le passé avec plus d’attention que je lui en avait prêté jusqu’alors et je me suis rendu compte à la suite d’Erasme, que la folie était pérenne mais que l’humanité y avait pourtant survécu. Confrontées aux folies qui les ont précédées, celles de notre temps semblent plus supportables. Dans les pages qui suivent, je passerai en revue les sottises de notre temps et celles du passé et, mettant ainsi notre époque en perspective, nous verrons qu’elle n’est pas pire que celles que nos ancêtres ont connues sans encourir de désastre ultime »
De la fumisterie intellectuelle, Bertrand Russel, 1943.
Détournons le confinement
Échappons nous dans les livres !
Journal des jours confinés
Pensée positive
en ces jours extraordinaires
terriblement ordinaires 2
Nous avons du temps pour lire ou relire les classiques ; précisions avec Italo Calvino
« 1) Les classiques sont ces livres dont on entend toujours dire : « Je suis en train de le relire…. » et jamais : « Je suis en train de le lire…. » (à fin de ne pas avoir à admettre ne pas avoir encore lu)
2) Sont dit classiques les livres qui constituent une richesse pour qui les a lus et aimés ; mais la richesse n’est pas moindre pour qui se réserve le bonheur de les lire une première fois dans les conditions les plus favorable pour les goûter.
3) Les classiques sont des livres qui exercent une influence particulière aussi bien en s’imposant comme inoubliables qu’en se dissimulant dans les replis de la mémoire par assimilation à l’inconscient collectif ou individuel.
4) Toute relecture d’un classique est une découverte, comme la première lecture.
5) Toute première lecture d’un classique est en réalité une relecture.
6) Un classique est un livre qui n’a jamais fini de dire ce qu’il a à dire.
7) Les classiques sont des livres qui, quand il nous parviennent, portent en eux la trace des lectures qui ont précédé la notre et trainent derrière eux la trace qu’ils ont laissée dans la ou les cultures qu’ils ont traversées ( ou, plus simplement, dans le langage et les mœurs ).
8) Un classique est une œuvre qui provoque sans cesse un nuage de discours critiques, dont elle se débarrasse continuellement.
9) Les classiques sont des livres que la lecture rend d’autant plus neufs, inattendus, inouïs, qu’on a cru les connaître par ouï dire.
10) On appelle classique un livre qui, à l’instar des anciens talismans, se présente comme un équivalent de l’univers.
11) Notre classique est celui qui ne peut pas nous être indifférent et qui nous sert à nous définir nous-même par rapport à lui, éventuellement en opposition à lui.
12) Un classique est un livre qui vient avant d’autres classiques ; mais quiconque a commencé par lire les autres et lit ensuite celui-là reconnaît aussitôt la place de ce dernier dans la généalogie.
13) Est classique ce qui tend à reléguer l’actualité au rang de rumeur de fond, sans pour autant prétendre éteindre cette rumeur.
14) Est classique ce qui persiste comme rumeur de fond, là même où l’actualité qui en est la plus éloignée règne en maître. »
Pourquoi lire les classiques, Italo Calvino, 1981
Bref, a vos classiques ! En attendant la réouverture de la librairie La mémoire du monde et pour ceux qui n’ont pas eu le temps de faire de provision de classiques. Voici, un lieu magique pour des textes classiques : site gutenberg
Lorsque la librairie pourra de nouveau ouvrir on vous commandera vos classiques découvert ou redécouvert afin d’avoir les versions papier pour les relectures…… (Pas nécessaire je présume de vous déconseiller le site A dont on ne prononcera pas le nom qui se rend actuellement coupable de concurrence déloyale en plus d’exploiter ses employés afin de tirer profit de ces folles envies de choses non-essentielles qui mettent l’humanité en entier en péril.)
Suit un texte moins classique publié par Raisons d’agir tout en étant classique en ce qui concerne la folie des hommes, si on se souvient de Bertrand Russel et d’Erasme mentionnée dans la première pensée positive en ces temps extraordinaires terriblement ordinaires :
Raisons d’agir est un éditeur que nous soutenons rappel d’un livre prémonitoire :
Partagez vos lectures avec nous dans ces jours extraordinaires terriblement ordinaires en nous adressant vos extraits de lectures et vos coups de cœurs à lamémoiredumonde@yahoo.fr
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